CHAPITRE V :
TOO MUCH !
TOO MUCH !
( Trop !)
***
EDWARD POV
Bella ignorait mes appels depuis plus de trois jours maintenant. Je savais que j'étais le fautif de l'histoire et qu'essayer de l'embrasser n'était pas une des meilleures idées que j'avais eu jusqu'ici, mais tout le problème était là, je n'avais rien prémédité. Il fallait que je la vois et que je l'oblige à m'écouter. Il fallait que je puisse m'expliquer pour qu'elle comprenne que je ne prenais pas à la légère la mise en garde qu'elle m'avait faite lors de notre première sortie. Toute notre relation reposait sur ce principe : elle n'était pas libre. Depuis le départ je m'efforçais de respecter cela mais chez moi ce soir là, ma volonté avait faiblie. Une simple petite erreur, aussi stupide soit-elle, n'aurait pas du compromettre notre amitié. Ce speech tournait en boucle dans ma tête depuis des jours et aujourd'hui il fallait que ça sorte. Puisqu'elle ne répondait pas au téléphone, j'avais décidé de l'attendre à la sortie de son cours pour la confronter. Ainsi, elle n'aurait pas d'autre choix que celui de me parler. Du moins, c'était ce que j'avais espéré mais comme d'habitude, dans la vie rien ne se passe jamais comme prévu.
Adossé contre ma voiture depuis plus d'une heure maintenant, je scrutais le flot d'étudiant qui sortait maintenant du bâtiment principal de l'administration. Enfin j'aperçu Bella - son sac sur l'épaule, jouant avec les manches trop longues de son pull – sortir en compagnie de quelques personnes avec qui elle semblait entretenir une conversation amusante à en juger par son sourire. Elle souriait. Comment faisait-elle ça? Je n'avais plus souris depuis qu'elle était partie précipitamment de mon appartement ce soir là.
Elle venait droit dans ma direction sans pour autant m'avoir remarqué. A mesure que l'échéance approchait, je sentais ma gorge se resserrer. Je n'avais jamais autant préparé ce que j'avais à dire qu'à cet instant. Je devais trouver les mots justes. Aussi sincères que soit les pitoyables excuses que j'allais lui présenter, je savais que Bella ne pourrait pas ressentir mes remords comme moi je les ressentais et ces mots étaient à présent ma seule défense.
Le temps que j'ordonne pour la énième fois mes idées et Bella était déjà passée devant moi pour regagner sa station de métro. D'un bond je me redressai, comme si le fait d'avoir les pieds bien ancrés dans le sol allait pouvoir me donner la force nécessaire pour regagner sa confiance.
C'était stupide, après tout, je n'avais rien fait de si mal ! Pourquoi me donner autant de mal?
- Bella? Appelai-je, moins fort que je ne l'aurais souhaité cependant.
Elle tourna la tête une fraction de seconde dans ma direction avant d'échanger quelques mots avec son amie et de continuer sa route vers le métro. Je restais stupéfait. Ne m'avait-elle pas vu? Si, bien sûr qu'elle m'avait vu. Durant la micro seconde où j'avais croisé son regard, aussi court ce moment fut-il, elle avait perdu son sourire. Maintenant elle marchait plus vite, la tête baissée sur ses chaussures. Elle m'avait totalement ignoré. Au début j'en fus blessé et je pensais même à repartir, mais la colère ou peut-être même la frustration prenant le dessus, je m'élançais à sa suite.
- Bella !
Elle ne s'arrêtait toujours pas. Cette fois c'était sûr. C'était plus grave que prévu. Peut importe, elle allait devoir m'écouter quitte à m'envoyer balader par la suite.
- Bella attend !
Enfin j'arrivais à son niveau ce qui ne l'empêchait pas de continuer à marcher.
- Je rêve ou tu m'évites?
C'était peut-être pas la meilleure entrée en matière mais c'est tout ce que j'avais trouvé.
- Je suis pressée c'est tout. Lâcha-t-elle sans conviction en regardant droit devant elle.
Pressée. Tellement pressée que tu ne peux pas dire bonjour?!
Je commençais à m'essouffler en essayant de la faire parler tout en tentant de ne pas me faire distancer.
- Bella … Je … Tu veux bien t'arrêter une seconde et m'écouter !
J'arrêtais net de marcher, pensant que si elle partait maintenant tout serait perdu. Mais finalement, au bout de quelques pas, Bella fit demi-tour et vint jusqu'à moi. Elle jouait plus frénétiquement avec ses manches à présent et j'avais beaucoup de mal à capter son regard.
- On m'attend, j'ai pas beaucoup de temps. Souffla-t-elle.
- Ça ne prendra pas longtemps.
Elle me regardait enfin. Son regard était plus noir que dans mes souvenirs. L'entreprise allait être délicate. Il ne me restait plus qu'à jouer franc jeu.
- Tout ceci est stupide ! Lançai-je en oubliant tous mes beaux discours.
- Stupide? Répétait-elle aussi surprise que moi.
- Exactement ! Cette histoire prend une ampleur énorme alors qu'il ne s'est rien passé ! On était fatigué et il était tard, on s'est laissé un peu emporté... c'est tout ! Fin de l'histoire.
- Tu t'es laissé emporté ! Me corrigea-t-elle presque sévèrement.
- Tu n'as rien fait pour reculer non plus.
- Quoi?! Mais c'est moi qui t'ai dit d'arrêter !
- Après combien de minutes hum? Lançai-je en essayant de lui faire comprendre mon point de vue. Je ne te parle pas du pseudo baiser en lui même mais de toute la soirée. Tu l'as senti aussi, la tension était palpable ce soir là. Ça arrive, on a réagit comme il le fallait ensuite.
Agacée, elle reprenait sa course et je la rattrapai à nouveau en essayant de me recadrer sur mon plan initial : La subtilité. D'une main sur l'épaule je l'obligeai à nouveau à s'arrêter.
- Écoute, tu ne trouves pas que tout ça va un peu loin? Tu m'évites...
- Je ne t'évite pas, je suis pressée. Rectifia-t-elle.
- Tu ne me répond pas au téléphone... Continuai-je.
- Je n'ai pas eu le temps ! Se justifia-t-elle.
« Respire Edward. Subtilité et persuasion … Rappelle-toi. », j'inspirai profondément.
- Je m'excuse d'accord, je n'aurai pas dû essayer de t'embrasser l'autre soir. Je me suis laissé aller.
Elle soupira à son tour.
- Je ne veux pas qu'une stupide erreur entache notre amitié. Elle compte beaucoup pour moi.
- Je sais, souffla-t-elle, pour moi aussi.
- Bien, alors … On reprend à zéro? Lançai-je avec mon plus beau sourire.
Bella hésita un moment puis finit par sourire timidement. Déjà le sourire de la victoire, s'affichait sur mon visage. En remarquant mon air enjoué, Bella me menaça de son index pointé juste devant mes yeux.
- Mais je te préviens Cullen, à partir de maintenant garde tes hormones pour toi. Je n'ai pas d'intérêt physique pour toi. Tu ne m'attires pas. Alors, stop aux essais, même sous l'emprise de la fatigue ! Bois plus de café !
« Tu ne m'attires pas... », je grimaçais et elle le remarquait.
- Désolée, dit-elle d'un ton un peu moins dur, je n'ai pas voulu te blesser. Mais tu as compris mon point de vue.
- Je ne le prend pas mal ! Lui assurai-je, l'air décontracté.
« Aoutch !!! », à l'intérieur ces mots me brûlaient plus que je ne le laissais paraître.
- Toi non plus tu ne m'attires pas. Ajoutai-je d'un air moqueur.
- Parfait ! Comme ça tout le monde est content !
Comment pouvait-elle me croire aussi facilement après tout ce que je lui avais dit l'autre soir? A moins qu'elle n'ait décidé d'occulter totalement toute cette soirée et pas seulement la fin.
- Parfait ! Répétai-je tout sourire.
- Il faut que j'y aille. M'informait-elle.
- J'ai ton DVD, dis-je en la stoppant dans son élan, il est dans ma voiture.
Elle fixait sa montre un instant puis finit par accepter de me suivre jusqu'à ma voiture. Je lui rendai son film en silence, attendant qu'elle agisse enfin normalement avec moi.
- Il n'y a que le premier. Fit-elle remarquer.
- Je sais, lançai-je fièrement les mains dans mes poches, je garde les autres en otage.
- Tu gardes mes DVD de Die Hard en otage?
- Oui, c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour que tu reviennes un jour chez moi. Je sais que tu ne voudras pas abandonner tes bébés.
- Tu te crois malin pas vrai?
- Oui, j'avoue qu'il y a un peu de ça.
Enfin je parvenais à la faire sourire. Cette lueur dans ses yeux me réchauffait le cœur.
- T'es nul, tu sais ça ! Dit-elle en me poussant légèrement l'épaule.
- Houu attention, ce genre de geste ne va pas arranger l'état de mes hormones dysfonctionnelles. Taquinai-je.
- Oh tais-toi ! Lança-t-elle plus gênée que moi à présent.
- Quoi? Vaut mieux en rire non?
Après ça nous échangions un autre regard avant de partir en éclat de rire. Ce genre de rire qui se produit quand on relâche la pression et que tout devient plus calme et détendu par la suite.
- Il faut vraiment que j'y aille.
- D'accord. Souris-je. On se voit quand?
- Cette semaine ça va être assez compliqué.
- Pourquoi? Beaucoup de travail?
Son regard se perdit un instant sur un homme près de la station de métro, qui semblait venir vers nous. Assez baraqué, longs cheveux noirs, peau mâte… Sans intérêt pour moi. Mon attention revenait vite vers Bella.
- Non, souffla-t-elle, Jake est ici.
Et avant que je ne puisse digérer la nouvelle, ou même seulement la comprendre, elle allait à la rencontre de ce type aux cheveux longs.
« Jacob. A Seattle. La semaine»
Je retombai lourdement contre la portière de ma voiture – qui se ferma sous mon poids – en les voyant s'enlacer et s'embrasser furtivement pour se dire bonjour. Plus de doute, son petit-ami était bien à Seattle. Dans ma ville … à Seattle. Chez moi.
Ma mâchoire se contracta légèrement. C'était assez inconfortable de les voir tous les deux. Ensemble. Pour de vrai. Dans ma ville… J'inspirai en essayant de stopper mon délire psychotique et croisai les bras. Il fallait bien que je les mette quelque part...
La suite fut encore plus gênante, j'entendais légèrement leur conversation. Celle d'un couple, d'un vrai couple.
- Je t'attendais. Lui souffla-t-il près du visage, jouant avec ses cheveux.
- Je sais, s'excusa Bella, j'ai été retardée. Pardonne-moi. On rentre maintenant.
- T'es pressée tout d'un coup. Sourit-il. Qu'est-ce que c'est? Lui demanda-t-il en remarquant le DVD dans la main de Bella.
- Piège de cristal. Sourit-elle.
- Encore! Tu es insatiable ! Rit-il en la serrant d'avantage contre lui.
« Comme s'ils n'étaient pas déjà assez proche ».
- Tu prends ce film en cours maintenant?
- Non idiot, je l'avais prêté à Edward. Dit-elle d'un petit mouvement de menton dans ma direction.
J'aurai voulu partir mais mes pieds semblaient peser des tonnes et mes yeux étaient inlassablement attirés vers eux. Comme quand on passe devant un horrible accident de voiture et que l'on est obligé de regarder.
- Edward?
Mon prénom dans la bouche de ce type me mit mal à l'aise.
- Le Edward?
« Vas-y abuse-en. C'est pas comme si on ne se connaissait même pas ! », impossible de faire taire ce mépris mal placé que je ressentais pour ce gars que je ne connaissais même pas.
Et là, l'impossible se produisit. Une voiture écrase Jacob … Jacob meurt sur le coup !
Je soupirai à nouveau pour essayer de faire taire mon imagination devenue subitement très fertile. Le temps de reprendre mes esprits et Jacob arrivait d'un pas assuré dans ma direction. J'hésitais à me planquer dans ma voiture tellement il avait l'air enthousiaste à l'idée de me voir. Trop peut-être, Bella lui avait-elle parlé de mon dérapage? Allais-je me prendre un poing dans la figure … Vu la taille de ses biceps, j'allais souffrir ! Il ne restait plus qu'à attendre la sentence :
- Edward ! Je ne sais pas comment te remercier ! Lança Jacob en attrapant ma main pour la serrer vivement dans la sienne.
« Hein?! »
- Je … Quoi? De quoi? Demandai-je un peu hébété.
Bella arriva près de nous, tout en restant légèrement en retrait.
- Merci d'avoir sortit Bella des griffes de ces pauvres types. Je ne sais pas ce que je leur aurait fait si j'avais été là.
- Oh, ça.
Je récupérai doucement ma main qu'il secouait toujours.
- C'est rassurant de savoir que quelqu'un est là pour veiller sur elle pendant que je ne suis pas là. Surtout dans une grande ville comme Seattle.
Je ne savais vraiment plus quoi répondre. Bella remarqua plus vite encore que moi que je bloquais littéralement sur la situation et enchaina naturellement.
- Jake, je te présente Edward Cullen, mon sauveur ! Ajouta-t-elle ironiquement.
- Jacob Black. Se présenta formellement Jacob.
- On devrait y aller si on ne veux pas être en retard. Lui souffla Bella en le prenant par la main.
- Oui, tu as raison. Edward, je ne reste qu'une semaine à Seattle mais j'espère pouvoir te revoir, autour d'un verre par exemple. C'est pas cher payé comparé à ce que tu as fais mais sâches que tu as ma reconnaissance éternelle.
- J'en demande pas tant. Réussis-je à articuler.
- On se voit plus tard. Me sourit Bella.
Après un dernier signe de main, Jacob Black et Bella s'éloignèrent ensemble main dans la main. Cette rencontre improbable m'avait rendue nauséeux. Je n'arrivais pas à croire que ce mec sortait avec Bella, ils avaient l'air tellement opposé. Il avait l'air si … Extravagant. Il parlait trop fort et en faisait beaucoup trop. Bella était une personne tellement plus discrète. Je ne l'aimais pas, c'était définitif. Il m'agaçait.
Jacob Black était simplement : TROP.
« Ou de trop », pensai-je en m'obligeant à détourner les yeux d'eux pour rentrer dans ma voiture.
Je savais que mon comportement était immature et sans fondement. Jacob Black avait l'air d'un type sympa et en temps normal, dans des circonstances normales, je l'aurais sûrement apprécié mais là, c'était TROP. Je n'avais pas d'autres mots pour décrire ce que je ressentais.
Il fallait que je prenne mon mal en patience. Cette semaine allait être longue. Très longue. TROP longue.
Je décidai d'aller à Spadina me détendre un peu quand Jasper me téléphonait pour m'informer que tout le monde venait dîner chez nous ce soir. Depuis quand invitait-il ma famille à dîner avant que je ne sois au courant?! La suite ne m'enchantait pas d'avantage : Lui et Alice, ma petite sœur, allaient - seuls chez moi, tous les deux – préparer le dîner pour tout le monde. Parfait ! Magnifique journée … D'abord Jacob Black, ensuite Jasper qui ne lâche plus ma sœur et qui en sait plus que moi sur les projets gustatifs de ma famille … Génial !
Je raccrochais après avoir vaguement accepté ces projets qui, de toute façon, se seraient fait avec ou sans moi. Je vérifiai ma banquette arrière. Ma guitare était bien là, comme celle sur qui je pouvais toujours compter. La seule, sur qui je pourrai toujours compter. Je soupirais. Quand j'en arrivais à de telle conclusion, il fallait vraiment que je joue, histoire de me calmer les nerfs.
Enfin, Spadina. Mon havre de paix. Je m'asseyai lentement sur le sol, repliant les genoux pour permettre à mes coudes de s'y reposer. Pendant un moment je regardais le va-et-viens si régulier des passagers de la rame monter et descendre du métro.
J'aimais à penser qu'ils étaient heureux malgré les têtes d'enterrement qu'ils faisaient tous. Qui souriait ici de toute façon? J'imaginais leur vie bien remplie et allant à 100 à l'heure à l'image de leur moyen de transport. Le métro: rapide, bruyant et qui en un instant, ne laisse plus aucune trace de son passage. Comme une image choc gravée dans votre cerveau. De celle que l'on oublie pas, aussi rapide et insignifiante fût-elle. J'espérais finir ainsi un jour. C'était l'image que je voulais que l'on garde de moi. Bientôt un nouveau train arrivait dans un bruit assourdissant. Je prenais ma guitare et tout disparaissait.
[15/ Mad World– Gary Jules (Coverded by Sungha Jung)]
Je commençais à pincer les cordes pendant que la mélodie montait en moi. Tous les gens autour se mirent à marcher au ralentis, je n'entendais même plus le bruit de leurs pas sur le sol bétonné. C'était comme si une bulle d'oxygène impénétrable m'entourait. J'étais protégé ici, personne ne pouvait m'atteindre. Aucune contrariété, ni Jasper et son manège avec d'Alice, ni Jacob Black, ni même les paroles de Bella.
« Tu ne m'attire pas », avait-elle dit.
Bien, très bien, c'était mieux ainsi. Nous n'aurions pas pu être deux à contrôler cette attraction physique, celle que je ressentais auprès d'elle et qui n'allait pas s'évaporer aussi facilement que je l'aurais voulu, celle qui m'avait fait perdre pied l'autre soir. Celle qui me rendait malade au point de détester une personne que je ne connaissais même pas. Cette personne qui n'avait eu que de bons sentiments envers moi dès la première seconde. Je n'étais pas ce genre de personne, pas moi. Je n'étais ni envieux, ni malveillant et généralement j'étais plutôt de ceux qui préférait accorder le bénéfice du doute à quelqu'un plutôt que de le condamner. Il n'y avait qu'une explication rationnelle à cela : J'éprouvais de la jalousie envers Jacob Black et cette idée était encore plus difficile à admettre que la cause de tout cela.
La cause : Elle me plaisait. Bella me plaisait, inutile de le nier. Je la voulais près de moi, toujours plus et encore plus longtemps. Il y avait quelque chose chez elle, ça n'était pas seulement physique, bien que ses courbes m'obsédaient quand j'osais me laisser aller à la détailler dans mon esprit. Je ne me serais jamais permis de le faire pour de vrai, surtout pas après ce qui s'était passé. Des courbes douces et voluptueuses, harmonieuses. J'aurais aimé faire courir ma main au creux de son dos jusqu'aux prémisses de ses reins. Mais tous ces gestes m'étaient défendus et Jacob Black en était la cause. C'était donc sur lui, qu'inconsciemment, je reportais ma frustration.
L'autre vérité aurait été trop douloureuse et trop difficile à canaliser. Cette vérité qui était que même si Bella avait été célibataire, jamais rien n'aurait pu se passer entre nous, car elle n'éprouvait pas ce même désir envers moi. Bella ne sentait pas le courant électrique que moi je ressentais en sa présence.
Non, ça n'était pas que physique. Le corps humain étant fait en majeur partie d'eau, j'aimais à croire que des réactions chimiques pouvaient se produire entre deux personnes sans même qu'ils n'échangent de mots. Comme des charges d'énergies incroyablement puissantes voyageant entre deux corps. C'est ce qu'il s'était produit le soir de l'accident entre Bella et moi. Ce soir là elle l'avait sentie aussi, sinon jamais elle n'aurait accepté de me revoir ensuite. La différence majeure était que Bella avait réussi à dompter tout ça pour ne garder en mémoire qu'une belle amitié et de nouvelles rencontres. Je me rendais soudainement compte que moi, je n'avais jamais réussi à passer ce cap. Certaines personne sont plus lentes que d'autres.
En regardant tous ces gens autour de moi (ces inconnus), je me sentais plus rapide et plus fort, mais face à Bella j'étais faible. Est-ce que cela me dérangeait vraiment? Si la faiblesse était le prix à payer pour ressentir autant de chaleur au fond de moi, je signais immédiatement. Je la garderais près de moi le plus longtemps possible, je la protègerais, je l'écouterais et je l'épaulerais tant qu'elle ne m'ordonnera pas d'arrêter.
N'était-ce pas ce qu'un ami était censé faire? J'espérais juste qu'un jour, cette attraction disparaitrait.
***
Après deux bonnes heures à jouer, je me sentais plus serein et je me réjouissais maintenant de rentrer chez moi pour y retrouver ma famille. J'ouvrais la porte de l'appartement et immédiatement, des voix familières m'arrivèrent. La voix de Rosalie, le rire d'Alice, les jurons d'Emmett qui se faisait sûrement battre à la Playstation par Jasper qui lui exultait de joie, comme à chaque fois. Je souriais.
J'allais passer une bonne soirée reposante, avec les personnes que j'aimais et sans …
- Edward, regarde qui on a trouvé en allant faire les courses ! Me lançait ma sœur alors que je découvrais Jacob Black assit sur mon canapé à côté de Bella.
… problème. Mon sourire s'effaça légèrement.
- Le monde est petit pas vrai ! Me lança Jacob avec un grand sourire.
Je pouvais admettre qu'il était peut-être d'un naturel enthousiaste, mais devait-il toujours être si amical?!
- Un peu trop même. Soufflai-je en me forçant à avancer dans le salon pour les rejoindre.
Je saluai tout le monde, gardant une attention particulière pour Alice et Rosalie que j'embrassais. Je veillais à ne laisser rien paraître, mais trouver Jacob Black installé chez moi avec ma famille n'était pas des plus agréable. D'abord Seattle, le campus, puis mon appartement, s'il continuait ainsi bientôt il partagerait ma chambre.
Je m'asseyais à une distance raisonnable de Bella dont j'évitais le regard. De toute façon elle était bien trop occupée à présenter Jacob à tout le monde pour se soucier de moi. Le pire dans tout ça, c'était qu'ils semblaient tous apprécier ce type et leurs sourires accompagnaient le sien.
- Je peux jouer? Demandai-je en voyant Emmett rendre les armes devant Jasper, lui rendant la deuxième manette.
Un petit jeux de combat me distrairait.
- C'est mon tour !
Jacob me passait devant pour commencer à jouer.
- Désolé mec. Me sourit-il.
« Mec? ».
- Ya pas de soucis. Répondis-je en le laissant s'assoir sur le canapé.
- Prépare toi à mourir Black ! S'enthousiasmait Jasper.
- Tu rêves là mon vieux.
J'avais l'impression d'être dans une autre dimension, Jasper l'avait déjà adopté. Le problème venait de moi, c'était clair. Je ne supportais pas la bonne humeur permanente de Monsieur Biceps.
- Je te sers à boire? Me demandait Emmett, un shaker à la main.
- Avec grand plaisir ! Soupirai-je, soulagé.
Enfin une bonne nouvelle !
- Daïkiri?
- Ce que tu veux du moment que c'est fort !
- Sale journée? Me demandait mon frère.
- Il faut croire. Soufflai-je. Je suis fatigué.
- Boit ça, ça va te détendre frérot.
Je prenais une gorgée du verre qu'il me tendait et grimaçais.
- Trop corsé?
- Non, c'est parfait ! Perd pas la main surtout, tu es mon barman attitré ce soir.
- A ton service.
Je rejoignis le reste du groupe et en profitait pour me mêler à la conversation des filles. Bella me sourit quand je passais devant elle pour m'assoir à côté d'Alice et je lui rendais gentiment. Cela dit, quelque chose était différent. Ses sourires ne ressemblaient pas à ceux que nous avions pu échanger jusqu'ici. Ceux-la étaient crispés... Je reprenais une grande gorgée de mon Daïkiri en espérant qu'il fasse vite son effet pour que je redevienne normal.
- On a prévu des pizzas pour faire simple, m'informait Rosalie, tu aimes ça Jake au moins?
- C'est parfait !
- Bon courage pour trouver quelque chose qu'il n'aime pas. Se moqua Bella.
- J'ai entendu ça ! Lança Jake sans pour autant lâcher l'écran des yeux.
- Et alors, c'est faux?
- Non, t'as raison ! Avoua-t-il.
Les trois filles se mirent à rire et moi je buvais !
- Tiens prend ça l'indien ! Hurla Jasper en se levant d'un bon !
- Quoi?! Mais tu triches, tu frappais au sol ! C'est de l'anti-jeu !
- Appelle ça comme tu veux, moi j'appelle ça de la technique !
- Tu paie rien pour attendre, revanche !
- Hey les geek, venez plutôt avec nous ! Ordonnait Alice.
- Oh, tu as entendu la patronne. Souffla Jasper en donnant un coup d'épaule à Jacob.
- Je connais ça. Répondit celui-ci alors qu'ils partaient tous les deux en éclat de rire.
- Emmett, j'ai soif ! Dis-je en tendant mon verre à Emmett au dessus de moi.
- Tout de suite ! Répondis celui-ci. Et Jake, te fais pas de bile. Jazz est imbattable à ce jeux.
- On verra ça, répondit-il en s'asseyant à côté de Bella l'entourant d'un bras, je l'aurais ma revanche !
- Quand tu veux ! Enchaîna Jasper en se plaçant à côté d'Alice, me poussant du canapé.
« C'est pas vrai … Tuez moi ! »
- Un Daïkiri ! Un ! Lançait Emmett en me rendant mon verre.
Ensuite, il alla s'assoir sur la chaise qu'occupait Rosalie. Celle-ci se leva et s'installa sur les genoux de son mari. Et voilà, juste comme ça, tout le monde était par deux et je tenais la chandelle.
Hop, une autre gorgée. Ce verre était encore plus fort que le premier.
- Et si on mettait un peu de musique ! Lançait Alice en mettant la chaîne en marche.
[16/ One Républic – Good Life]
- Allez on trinque ! Lança Alice suivie de tous.
Je souriais en regardant Bella lever son jus d'orange.
- Moi je lève mon verre à Edward! Enchaînait Jacob.
- T'es sûr? Soufflai-je en arrêtant mon verre dans les airs pendant que les autres s'entrechoquaient entre eux.
- Si ce mec n'avait pas été là, je n'ose même pas imaginer ce qui serait arrivé à ma Bella.
- Arrête … Souffla Bella, mal à l'aise.
- Quoi? C'est vrai non?
- Attend, commença Emmett en fronçant les sourcils, c'était Bella la fille pour qui tu t'es fais tabasser?!
- Tu n'avais pas encore fait le rapprochement? Lui demanda sa femme amusée.
- Bah non.
- T'es mignon. Sourit Rosalie en l'embrassant sur le front.
- Je croyais que c'était clair pour tout le monde. Répondis-je.
- Mon frère, le héros ! S'enthousiasma Alice en m'embrassant sur la joue.
- Faut pas exagérer. Soufflai-je, gêné.
- Surtout que les héros ne se font généralement pas défoncer la tête ! Riait Emmett.
Bella me souffla un petit « désolée ». Je ne réagissais pas, trop perdu dans son regard quand je savais tout comme elle à ce moment, qu'ils ne pourraient jamais comprendre cette nuit là. Pas comme nous. J'étais rassuré que cet événement nous unisse. C'était la seule chose qui nous appartenait.
- Peut-importe, finissait Jacob, à Edward !
Après il finissait son verre d'une traite et je l'imitais.
Cette chanson, « Good Life », je commençais sérieusement à me poser la question...
Les pizzas arrivèrent et tout le monde se jetait dessus, sauf moi préférant rester au régime liquide. Je ne comptais plus les Daïkiri et les shots de Téquila que j'avais englouti. Ma tête commençait à tourner. Je n'avais pas l'habitude de boire si vite en mélangeant les alcools. Mais je me sentais mieux qu'au début de la soirée, l'alcool avait au moins le mérite d'envoyer balader les soucis.
- Et si tu nous jouais quelque chose Edward? Me demandait gentiment Bella.
- Tu joues? Me demandait Jacob.
- Il joue très bien même. Ajouta Bella avec un petit clin d'œil dans ma direction.
- Peut-être une autre fois. Répondis-je à Bella, plus sèchement que je ne l'aurais voulu.
Bella détournait immédiatement les yeux et je m'enfonçais plus dans mon fauteuil, faisant tourner mon verre entre mes doigts sans la quitter des yeux. Elle était si proche et pourtant ce soir, je construisais un mur entre nous. Impossible d'agir naturellement quand Jacob était là. Il me coupait tout mes moyens. Je détestais ça. J'accordais beaucoup trop d'importance à ce type.
- Jasper peut jouer ! Lançait Alice.
- Allez Jazz, joue-nous quelque chose ! Enchaînait Rosalie qui engloutissait une autre part de pizza.
Où mettait-elle tout ça?
- Je vais devoir me ranger aux côtés d'Edward sur ce coup là les amis.
- Oh ! Pourquoi? Bouda ma sœur.
- Je le sens pas, mais je te jouerai quelque chose rien que pour toi tout à l'heure pour me faire pardonner. Lui sourit Jasper.
- Si c'est pas de la proposition ça ! Je ne m'y connais pas ! Riait Bella.
Alice sautait au cou de Jasper en l'embrassant sur la joue. Je détournai les yeux simplement pour découvrir le regard amoureux qu'échangeaient Jacob et Bella, se chuchotant quelques mots discrètement. De retour vers Alice, je remarquai qu'elle s'était encore plus rapprochée de Jazz qui plaçait subtilement son bras autour de ses épaules. A droite, Bella avait maintenant sa main enlacée avec celle de Jake.
C'était trop !
- La bouteille de vin est vide, je vais en chercher dans la cuisine. Dis-je en me levant.
- Il en reste encore deux ou trois gorgée. M'informait Jazz avec, toujours, son bras autour de ma sœur.
D'une traite je finissais la bouteille de rouge ! Troisième mélange, je faisais fort. Vu qu'une seule partie de mon cerveau en était consciente et que l'autre baignant déjà dans les vapeurs d'alcool, je n'y prêtais pas plus attention.
- Maintenant elle est vide. Répondis-je sèchement et fusillant mon colocataire du regard.
Personne ne le remarquait à part lui. Vu son regard, il m'avait compris. Il savait que quelque chose n'allait pas. Je n'attendais pas sa réaction, m'enfonçant dans la cuisine.
Négligemment, je posais la bouteille vide dans l'évier (drôle d'endroit mais je n'en trouvais pas d'autre sur le coup) et me mis à la recherche d'une recharge. Au salon, je comprenais en entendant les rires et les différentes insistances de Rose et Alice qu'ils avaient commencé à danser. Tout en cherchant cette maudite bouteille de vin, jusque sous l'évier, j'entendais Bella insister sur le fait qu'elle ne danserait pas.
Un flash de notre soirée au bar, celle où je l'avais faite danser une fraction de seconde, m'inondait l'esprit. Son regard quand je l'avais surprise, son parfum quand j'avais été tout près d'elle, cette tension entre nous … ses lèvres … Immédiatement je dérivais vers l'autre soirée, celle où j'avais tenté d'y goûter. Je me demandais encore quelle saveur elles avaient...
- C'est pas à côté du Monsieur Propre que tu vas trouver du vin ! Lança Jazz dans mon dos.
Dans la précipitation, je me cognai la tête contre le placard sous l'évier. J'avais l'impression que mes yeux venaient de faire un tour sur eux même.
- Putain ! Tu pourrais prévenir quand t'arrives comme ça ! M'énervai-je en me relevant.
Mon colocataire resta calme et prise une bouteille de vin en hauteur sur le réfrigérateur. Lentement il me la tendit et déjà je commençais à me battre avec le tire bouffon pour pouvoir continuer à noyer ma colère dans l'alcool.
- Tu ne crois pas que tu en as eu assez pour ce soir? Me demanda calmement Jasper en s'adossant à mes côtés, les bras croisés.
- C'est pas pour moi, c'est pour les invités.
- Hum.
Il me reprit la bouteille et l'ouvrit sans difficulté.
- Jake est cool. Lança-t-il les yeux rivés sur moi.
Ma mâchoire se contracta automatiquement et Jazz sembla acquiescer à ma réaction en me tendant un verre vide, un sourire à la fois mesquin et désolé sur le visage. J'hésitais une seconde avant de le remplir pour le porter à mes lèvres une fois de plus.
- Tu sais, commença-t-il après un instant, ce n'est pas parce que Bella est avec Jacob que tu dois en vouloir au monde entier.
- De quoi tu me parles?
- Tu le sais très bien. Ça n'est pas parce que toi tu ne peux pas avoir celle que tu veux, que tu dois empêcher les autres d'y parvenir.
Je lui lançais un regard noir qu'il soutenait avec dignité. Plus de dignité que moi en tout cas. Je détournai les yeux et buvai avant de parler.
- ça n'est pas le moment que j'aurais choisi pour parler de ça, mais allons-y. Tu veux te faire ma sœur?
- Non mais tu t'entend parler là?! On est entrain de parler d'Alice alors j'aimerai que tu fasses preuve d'un peu de maturité là. Si toutefois tu en es encore capable vu tout ce que tu viens d'ingurgiter.
Je riais amèrement.
- Parce que toi tu fais preuve de maturité peut-être?
- Qu'est-ce que je suis censé comprendre là?
- C'est un jeux tout ça pour toi ! M'énervai-je. Dès le départ, à la minute même où Alice est revenue, tu as voulu me faire chier et tu savais que c'était le meilleur moyen d'y arriver ! Ne ment pas Jasper ! J'ai vu tous les regards et les pics que tu me lançais à chaque fois ! Ma sœur n'est pas un jouet ok !
- Déjà d'une, tu redescends sur terre parce que tu n'es pas le centre de l'univers et de deux, tu vas m'écouter attentivement parce que je ne te le répéterai pas deux fois. Commença-t-il assez sévèrement pour que je l'écoute. J'ose croire que c'est l'alcool qui te fait débiter autant de conneries parce que je te connais et je sais que tu n'es pas mesquin à ce point.
Je détournais les yeux pour fixer les sol. Mes mains serraient fort le bord de l'évier derrière moi, comme si j'allais pouvoir l'arracher.
- Je dois admettre que oui, au début je passais du temps avec Alice pour te faire enrager. Et ça marchait ! Sourit-il. Mais remets les choses à leur place Edward, Alice est bien loin de la gamine aux airs de garçon manqué qu'elle était à 15 ans. C'est une magnifique femme maintenant. Elle est belle, marrante, forte et complètement névrosée et c'est pour ça que je l'adore !
Il souriait en parlant d'elle, comme si Alice était juste devant nous et qu'il l'admirait en la décrivant.
- J'aime passer du temps avec elle et je dois avouer que depuis que je l'ai revu, je me demande comment j'ai fait pour ne pas me rendre compte avant à quel point elle était formidable. Elle me plait Edward. Sérieusement.
Je le regardais droit dans les yeux sans prononcer un seul mot. Le pire, c'était qu'il avait l'air sincère.
- Je vais tout faire pour être digne d'elle, pour être celui qu'il lui faut et j'espère qu'elle pourra envisager de me donner une chance par la suite. Mais dans tous les cas Edward, malgré toute l'amitié que je te porte, malgré le fait que je te considère comme un frère, ça n'est pas à toi de décider si oui ou non je dois être celui qui pourra rendre ta sœur heureuse. Si c'était le cas, personne ne sera jamais assez bien pour elle et elle finirait seule à cause de toi.
- N'exagère pas Jazz. Soufflai-je durement.
- J'y vais un peu fort mais c'est ce que je ressens. Elle est assez grande pour décider par elle-même et ça ne te regarde pas. Et si Alice voit que tu n'approuves pas, je n'aurais jamais aucune chance avec elle. Ton opinion compte beaucoup pour elle. Alors, s'il te plait, ne reporte pas tes rancœurs personnelles sur moi et laisse nous une chance à Alice et moi. C'est important pour moi.
Ensuite il ne parla plus, attendant que je réagisse. Je venais de prendre conscience de l'importance de la situation. Jamais je n'aurais cru avoir cette discution avec Jasper un jour et jamais je n'aurais cru qu'il prendrait tout ça tellement à cœur. Il était sérieux à propos de ma sœur. C'était la première fois que Jasper était sérieux à propos d'une fille et ça devait être ma petite sœur. Aussi difficile que ça l'était pour moi de l'admettre, je devais lâcher prise et accepter le fait que je ne pourrai pas la protéger éternellement. Tout ça ne me regardait plus. C'était leur histoire.
- Je vais essayer. Soufflai-je en finissant mon vin.
- C'est tout ce que je demande.
Jazz me donnait une petite claque sur l'épaule mais vu mon état physique, j'eus l'impression que sa main s'était enfoncée dans mon omoplate. Avant de quitter la pièce pour rejoindre les autres, il se retourna vers moi pour ajouter une dernière chose :
- Et pour Jake, dis-toi qu'il n'est là qu'une semaine. Toi tu es là … Tout le temps. Bella ne va pas faire des kilomètres à chaque fois qu'elle a besoin de parler à quelqu'un et elle te fait confiance. Ne gâche pas tout avec ton sale caractère.
- Seulement quand je bois.
- Bah voyons … Riait Jazz en me laissant seul à nouveau.
Il fallait que j'y retourne. Pas sans un dernier verre …
***
La soirée battait son plein et j'étais complètement à l'ouest. Plus rien ne pouvait m'atteindre, j'étais heureux. Et puis, ses biceps, j'étais certain que ça n'était que de la gonflette. Ça faisait bien dix minutes que je les observais comme pour trouver la valve pour les dégonfler. Les gens évoluaient autour de moi, mais je n'évoluais pas avec eux. Mes mouvements étaient incroyablement lents et mes membres étaient de plus en plus lourds. Il ne fallait pas non plus que je tourne la tête trop rapidement pour la simple et bonne raison que mes yeux ne suivaient pas à la même vitesse. Sachant ça, je n'avais jamais été si détendu. J'étais complètement saoul. J'avais dû mal à me concentrer sur les différentes conversations autour de moi. Je ne captai qu'un brouhaha brumeux parsemés de mots plus clairs. Parfois je riais quand ils riaient, parfois j'acquiesçais simplement, mais personne n'était dupe.
- ça va Edward? Me lança Emmett en me frappant violemment la cuisse.
Je sursautai et me redressai immédiatement sur ma chaise.
- ça va … Je suis un peu … Tu sais.
Je haussais simplement les épaules.
- Beurré?
- Fatigué. Ajoutai-je en insistant comme pour montrer que j'avais encore quelques idées claires.
Je continuais à échanger quelques mots avec mon frère alors que Jacob et Rosalie parlaient. Ils parlaient de moi, ça je ne savais, mais je n'arrivais plus à analyser le sens des mots qu'ils prononçaient. Il fallait que je me concentre sur ce qu'Emmett me disait pour ne par lui donner raison. Il me parlait de sa boutique à Tacoma. Je savais qu'il me parlait de sa boutique... La boutique pas vrai?
- Il est toujours comme ça en soirée? Riait Jacob dans mon dos.
- Non, c'est bizarre en temps normal il ne boit jamais. S'étonnait Rosalie.
- C'est ridicule de se mettre dans un état pareil. Souffla Bella comme écœurée.
Même si je n'avais que partiellement entendu cette remarque, je la ressentais. Elle était comme une aiguille enfoncée petit à petit dans ma nuque.
- C'est rare je t'assure. Me défendit Rose.
- Il faut savoir que Bella déteste les gens saoul. Lui expliquait Jacob.
- Pourquoi ça?
- Ils sont nuls et finissent toujours par vomir partout. Continuait Bella.
- Mauvaise expérience. Ajoutait simplement Jacob pour Rosalie.
- Edward ne vomira pas. Assurait Rosalie en riant. Il est joyeux c'est tout. Bon si vous me disiez plutôt ce que vous aviez prévu pour les fêtes de fin d'année?
- On ne sait pas trop encore. Répondit Jacob.
- Tu comptes revenir à Seattle d'ici 15 jours?
- Non, c'est moi qui vais aller à Forks pour les vacances je pense. Annonçait Bella.
J'aurai pu vomir là tout de suite tellement la nouvelle m'avait choqué.
- C'est chouette ça, enchaînait ma belle sœur, Emmett et moi allons essayer d'aller skier un peu.
Chouette ! Qu'est-ce qu'il y avait de chouette là dedans?! Bella allait partir dans 15 jours, c'était horrible, la fin du monde même et non !! Il fallait que j'agisse et que je lui cris de rester.
- Bella …
Je me hissais laborieusement jusqu'à eux et m'étalais entre elle et Jacob.
- Bella, tu t'en vas?
- Pour les vacances oui. Me répondit-elle en me lançant un vague regard.
- Pourquoi? Soufflai-je en laissant tomber ma tête sur le canapé derrière moi.
Elle plissait le nez. Je venais de lui envoyer mes effluves d'alcool au visage. Ensuite, Bella haussait simplement les épaules en se décalant un peu plus vers Jacob.
- Je vais passer les fêtes chez mon père c'est tout. Je ne vois pas ce qu'il y a de bizarre à ça.
- On va à Forks nous? M'informai-je en balbutiant. Alice … Hey Alice!
Elle finit par m'entendre, jusqu'ici occupée à rire avec Jasper.
- Quoi?
- On va à Forks nous?
- Quoi? Quand ça?
- Les fêtes. Tu sais, la famille.
Tout le monde me regardait comme si j'étais fou, pourtant dans ma tête, les mots qui sortaient de ma bouche semblaient très clairs. Seule Rosalie était différente. Ouais, Rosalie riait elle, mais je ne comprenais pas vraiment pourquoi.
- Je crois qu'il veut savoir si vous aller voir vos parents pour les fêtes. Expliquait Jacob en souriant à Rosalie.
- Voilà ! Criai-je. Toi, t'es un gars bien Jake … Oh, je peux t'appeler Jake hein.
- Sans problème. Riait-il.
- Ma bouche est toute pâteuse. Soufflai-je presque pour moi même en émettant des sons de bouches assez étranges.
D'ici ils avaient l'air étranges en tout cas … Rose explosa de rire.
- J'adore! C'est la première fois que je le vois comme ça depuis, depuis la fin du lycée je crois !
- Je crois qu'il y en a un qui a un peu abusé de la bouteille. Répliquait mon frère.
- Qui? Lançai-je en cherchant la personne de qui je devais me moquer.
Pourquoi les conversations semblaient incroyablement rapides ce soir? Je n'arrivais pas à suivre. Ou était-ce les autres qui n'arrêtaient pas de changer de sujet sans me prévenir? Et pourquoi ils me regardaient tous avec ce sourire niait sur le visage. Sauf Bella, hum. Non, Bella elle rigolait pas elle. « Rigoler », hum … Il y a bien longtemps que je n'avais plus entendu ce mot … Non, ce verbe.
- Pour répondre à ta question Edward, non. Nous n'allons pas à Forks cette année.
- Quoi?
J'arrêtais de bloquer sur LE VERBE « Rigoler » pour analyser la réponse de ma sœur. De quoi parlait-elle déjà ? Ah oui ! Ma question. La réponse : On ne part pas. Bien, j'ai tout compris. J'ai tout … Hein?!
- Mais pourquoi?! Boudai-je.
- Papa et maman vont dans leur chalet à Aspen tu t'en rappelles ? On les verra après. Expliquait Emmett.
- Aspen, répétai-je, la France Pfff. Je veux aller avec Bella moi.
Rosalie repartait en éclat de rire. Je ne comprenais pas pourquoi, il n'y avait vraiment rien de drôle là dedans.
- Hey man, une revanche ! Lançait Jasper à Jake en lui tendant la manette de la console.
- Ouais avec plaisir !
En se levant, Jake fit un clin d'œil à Bella qui lui sourit. Elle ne me souriait pas beaucoup à moi, non. D'un seul coup je trouvais Jake beaucoup moins cool et je n'avais plus très envie de l'appeler « Jake » en fait. Tout le monde autour de moi recommençait à parler et moi j'avais déjà perdu le fil.
Bella était toujours à mes côtés, les bras croisés, mais elle ne disait rien. C'était comme si je n'étais pas là. Mais j'étais là. Il fallait qu'elle le voit quand même. Doucement je me rapprochai d'elle et lui passai la main dans les cheveux. Elle sursautait presque et se reculait. Ses yeux lançaient comme des missiles, c'était douloureux à regarder. En même temps, ma main pesait tellement lourd, que je lui avait sûrement fait mal.
- Pourquoi tu fais ça?
- Je ne veux pas que tu t'en ailles loin.
- Mais, je ne pars que deux semaines et puis c'est pas pour tout de suite. Je comprend pas ce qui t'arrive.
- Moi non plus. Soufflai-je. Je … Je crois que j'ai trop bu.
- Tu crois? Rit-elle amèrement.
- Pourquoi tu es en colère contre moi? Qu'est-ce que j'ai fait?
- Tu es saoul, c'est tout. Tu n'es pas toi même et je n'aime pas cette personne là. On dirait un débile en manque d'amour. Tu serais capable de sauter sur n'importe qui portant une jupe en jean et un chemisier orange.
« Concentre-toi Edward, tu n'as pas le droit à l'erreur. Trouve quelque chose d'intelligent à répondre à ça ! »
- Attends, quoi?!
- Rien ! Lança-t-elle encore plus furieuse.
- Je le referais plus, promis. Lui assurai-je en essayant d'articuler du mieux que je puisse faire.
- Je ne suis pas ta mère, tu fais ce que tu veux. Répondit-elle en détournant les yeux.
Je ne comprenais pas d'où lui venait cette soudaine agressivité envers moi. Il fallait peut-être que je lui dise quelque chose de gentil …
- Tu es très jolie tu sais, soufflai-je en me rapprochant d'elle.
- Recommence pas avec ça Edward. Souffla-t-elle agacée.
- Non, c'est vrai tu … as une très belle … Bouche.
Je m'approchais encore et Bella sembla se statufier. Je passais ma main sur sa joue, elle était fraîche contre ma paume. C'était délicieusement … Attirant.
Doucement elle rejetait ma main et se levait. Ce mouvement qu'elle venait de faire en se levant, me forçant à lever les yeux vers elle, me donna encore plus le tournis. J'essayai de me lever aussi mais mes pieds refusèrent de me porter.
- Je la tête qui tourne. Annonçai-je aux autres l'air dégoûté.
- On va y aller je crois. Souffla Bella à Jasper.
Jacob lui tendait déjà son blouson. Tout ça allait tellement vite. Leurs voix me paraissaient si lointaines maintenant. Mon estomac me brûlait et tout bougeait devant moi. Comme les murs. Les murs faisaient des vagues.
- Edward est tout vert. Entendis-je Emmett dire à Jasper.
- Ne me regarde pas, je ne suis que le colocataire, pas le babysitteur. T'es son frère, tu le gères.
- Quoi? Non, j'ai jamais nettoyé son vomis, c'est pas maintenant que je vais commencer. Demande à Alice, ils ont bien partager le même liquide amniotique !
- Tu rêves là ! Se défendit ma sœur. On était dans deux poches différentes je te signale, ça compte pas !
- Allez on vous laisse ! Bye. Saluait Bella. Merci pour la soirée.
- A demain ma belle.
Alice la serra contre elle. Moi aussi j'aurai voulu faire ça. Quoique, sur l'instant, j'avais plutôt envie de …
- Je crois que je vais vomir. Annonçai-je en sentant la brûlure se rapprocher dangereusement de ma bouche.
- Oh, ça y est, il va tout sortir ! Lança Jasper. Tu nettoieras les toilettes mon vieux cette semaine !
Je rassemblai le peu de force qu'il me restait pour courir aux toilettes. J'avais le cœur au bord des lèvres. Je déparais sur le tapis de bain et m'agenouillais maladroitement par terre. Un levage de cuvette plus tard et … La descente aux enfers commençait.
Je tremblais, mes yeux pleuraient, mon nez coulait et ma gorge me brûlait... Et ce satané estomac qui ne voulait plus s'arrêter de se contracter.
« Y'a plus rien à sortir andouille, tu es vide ! »
- Je veux mourir. Pleurnichai-je au dessus de la cuvette entre deux spasmes.
Une main rassurante vint me caresser doucement le dos.
- Pas tout de suite mon grand, chuchota Rosalie derrière moi, tu vas souffrir toute la nuit et probablement demain aussi avant la mort.
- Rooo pourquoi …
Une autre vague vomitive arrivait et Rosalie répondait simplement.
- C'est ça, craches tout. T'auras le temps de répondre à ce « pourquoi » demain matin.
Une bonne demie heure plus tard, mon estomac me laissait enfin respirer et une grande fatigue m'envahissait. J'étais incapable de bouger, allongé sur le sol froid de ma salle de bain. Qu'est-ce qu'on pouvait être bien sur le carrelage après une cuite. J'aurais pu m'endormir ici si Rosalie m'avait laissé faire.
Avec l'aide d'Emmett, ils me mirent sur pieds et Rose m'obligeait à me brosser les dents. A vrai dire, la fraîcheur mentholée dans ma bouche me faisait un bien fou. Ensuite je me sentis trainer jusqu'à mon lit. On me retirait mon jean et mes chaussures, puis les couvertures s'abattaient sur moi. Une main fraîche, celle de ma belle-sœur me caressait le front. Elle était agenouillée devant moi et souriait tendrement.
- Tu es encore là? Baragouinai-je en mangeant à moitié mon oreiller tellement ma tête s'écrasait lourdement dessus.
- Bien sûr, il faut bien que quelqu'un te borde. Sourit-elle.
- Je te laisse ça là au cas où frérot. M'informait la grosse voix d'Emmett.
Mes yeux imprimèrent rapidement la cuvette laissée à côté de mon lit. Mon frère quittait lentement ma chambre en riant.
- Tout le monde va se moquer de moi après ça.
- Oui je crois bien.
- Sauf toi.
- Il te faut au moins un avocat.
- Tu es le meilleur avocat du monde Rosalie, le plus sexy aussi … Enfin, tu vois ce que je veux dire …
Elle riait. Son rire avait le même effet que celui de ma mère sur moi. Il était incroyablement relaxant et rassurant.
- Je vois oui. Repose-toi maintenant.
- Où est Jasper?
- Partit raccompagner Alice.
- Je crois qu'il est amoureux d'elle Rose.
- Tu crois? Sourit-elle. Tu es très perspicace dis-moi.
- Ne te moque pas... Me plaignis-je.
- Je ne me moque pas promis.
- Tu crois qu'elle l'est aussi?
- Alice?
Je hochais lentement la tête.
- Nous verrons bien. Souffla simplement Rosalie en ajustant mes couvertures. Ne t'inquiète pas autant pour elle. C'est une grande fille maintenant et je ne pense pas que nous ayons notre mot à dire sur la personne dont elle tombera amoureuse. Si j'étais toi, je m'occuperai moins des affaires de ma sœur et je me concentrerai plus sur les miennes.
- Ce qui veux dire?
- Bella n'avait pas l'air d'apprécier le Edward « Joyeux » de ce soir.
Le regard noir de Bella me revenait en mémoire tel un boomerang, à l'image de ma migraine. Je m'étouffais un instant dans mon oreiller.
- Je crois que j'ai été vraiment très lourd avec elle ce soir. Son copain doit me prendre pour un malade.
- En ce qui concerne Jake, je pense qu'il a plutôt trouvé ça rigolo.
- Tu sais que rigoler est un verbe.
Rosalie écrasait sa main sur mon visage en riant. Après ça, je n'arrivais plus à garder les yeux ouverts.
- Tu devrais appeler Bella demain matin pour t'assurer que tu ne lui a pas dit trop de bêtises. Tu es très transparent quand tu as un verre de trop dans la tête.
- Transparent?
- Je te laisse méditer là-dessus beau gosse. Emmett m'attend pour rentrer, il est tard.
- D'accord. Soufflai-je à bout de force.
- Je t'appelle demain abruti.
- Ok, petite pimbêche blonde...
Rosalie éteignait la lumière et tout se mettait à tourner à 200km/h dans ma tête.
- Non, Rose. Laisse allumé s'il-te plait. Suppliai-je.
Elle riait doucement, rallumait la lumière, puis ses pas s'éloignèrent lentement avant que je ne sombre dans un profond sommeil.
***
Quand j'essayai d'ouvrir les yeux ce matin là, la lumière me brûlait. Pour ne rien arranger, il y avait des travaux dans la rue et le bourdonnement des camions tambourinaient dans ma tête. Les marteaux-piqueurs auraient très bien pu percer l'intérieur de mon crâne, cela n'aurait fait aucune différence. J'avais clairement abusé hier soir et tout ça à cause d'un manque évident de confiance en moi. Je m'étais senti menacé par Jacob et par Jasper, comme s'ils allaient pouvoir m'évincer aux yeux de ses deux femmes qui prenaient tant de place dans ma vie. Je n'avais pas supporter non plus de voir Bella aussi heureuse avec son petit-ami. Ça m'avait littéralement tué. Un vrai ami aurait été heureux pour elle pourtant.
Le retrouver chez moi, entouré des gens que j'aimais et qui, en plus, semblaient l'apprécier à sa juste valeur, tout ça avait été trop dur à digérer en une seule journée. Jacob Black était apparu dans ma vie tel un ouragan, détruisant tout sur son passage et j'avais lutté toute la soirée pour trouver ma place. Ce que je n'avais pas compris alors, ou plutôt ce que j'avais refusé de comprendre, c'était que ma place n'avait jamais changé. En réalité je ne convoitais seulement pas la bonne.
Il m'avait fallu quatre alcools différents et une bonne gueule de bois pour enfin l'accepter. Je payais le prix de mon immaturité et ce matin, le réveil n'avait jamais été aussi dur. J'avais cours dans deux heures et je cherchais déjà l'excuse que j'allais sortir à mon prof. Il était clair qu'il était physiquement impossible que je sorte du lit aujourd'hui, tout essai me redonnait la nausée. Il fallait que j'y aille doucement et, à la nuit tombée, je mangerai une plâtrée de spaghetti pour me tapisser l'estomac. Jasper m'avait appris cette technique et jusqu'ici elle n'avait jamais faillie.
[17/ Ashes and Wine – A Fine Frenzy]
La seule chose qui m'inquiétait maintenant était de savoir ce que j'allais bien pouvoir dire à Bella pour expliquer ma perte de contrôle si soudaine le jour même où son copain avait débarqué en ville. Comment expliquer une dépression nerveuse pour cause de jalousie excessive, à une personne à qui vous venez de jurer une amitié éternelle? Je comprenais soudainement que ma gueule de bois n'était en réalité que le cadet de mes soucis.
- Aspirine?
Je sursautai dans mon lit en découvrant Bella dans l'encadrement de ma porte.
- Qu'est-ce que tu fais là?
- Je me suis dit que tu n'aurais pas la force d'aller jusqu'à la pharmacie après tes exploits de la nuit dernière.
Elle s'approchait doucement pour me donner le tube de cachets qu'elle venait d'acheter.
- Je ne pensais pas te revoir si tôt.
- Comment tu te sens?
- Fraîche comme une rose Bella, merci de t'en inquiéter. Lançai-je dans un sarcasme qui déguisait mal mon embarras.
- Edward... Souffla-t-elle en soupirant.
- Bella? Répétai-je sur le même ton malgré tout.
- On devrait être capable de parler d'hier soir sérieusement, on est assez proche pour ça maintenant je pense.
- Il n'y a rien de sérieux à dire, je t'assure. Je suis désolé pour hier soir, j'ai trop bu, j'ai fait une erreur et la situation m'a légèrement échappée.
- J'ai vu ça oui.
Je me redressais légèrement alors qu'elle s'asseyait au bout de mon lit.
- Merci. Lui souris-je en jouant avec le tube d'aspirine.
- Tu m'expliques ce qui t'as pris de boire autant. C'est pas toi ça.
Je riais amèrement en fuyant son regard.
- Tu crois? Pourtant je fais pas mal de connerie en ce moment non?
- Quelque chose t'as contrarié c'est ça ?
- On peut dire ça comme ça. Éludai-je.
- Edward, soupira-t-elle, je ne suis pas idiote, je sais que rencontrer Jacob juste après notre petit … dérapage...
- Qui n'a pas dérapé cependant. La coupai-je.
- Mais qui aurait très bien pu déraper. Admettait Bella.
- Ah oui?
- Ce que je veux dire c'est que je suis consciente que le timing n'était pas génial. Moi non plus je ne me sentais pas à l'aise. On venait à peine de reparler de tout ça et Jake arrive et …
- Qu'est-ce que tu essaies de me dire Bella?
- Je ne veux pas te blesser.
- Bella, soupirai-je en la regardant droit dans les yeux pour donner plus de poids à mes paroles, on est ami toi et moi. Hier j'ai mal réagi parce que, comme tu l'as si justement fait remarquer, nous venions à peine de recoller les morceaux après ma boulette et vu qu'on à pas eu le temps de parler entre temps, j'ai eu peur que tu ne changes d'avis. Je ne sais pas vraiment comment me comporter en ami avec une fille qui a son petit-ami auprès d'elle. C'est délicat, je ne voulais pas que Jacob interprète mal les choses, surtout qu'il ne me connait pas et...
- Mon dieu, je ne t'ai jamais entendu parler autant ! Tu passes beaucoup trop de temps avec moi. Sourit-elle en m'arrêtant dans mon élan.
- J'étais nerveux. Lui assurai-je. Ne me demande pas pourquoi, je ne le sais pas moi-même. C'est comme ça, c'est tout.
- Comme je te l'ai dit hier, notre amitié compte beaucoup pour moi aussi. Continuait Bella. Toi et moi, on partage quelque chose de fort depuis l'accident. C'est profond.
- Je suis d'accord.
- Mais qui dit profond peut aussi vouloir dire ambiguë et là c'est dangereux.
- Il n'y a pas d'évolution possible pour nous, je le sais ça.
- Alors pourquoi tu as essayé de m'embrasser?
Je soupirais en m'allongeant à nouveau.
- On en a déjà parlé.
- Non, je veux savoir la vérité.
- Quelle vérité?
- Ça t'a blessé de me voir avec Jake hier soir pas vrai?
- Mais non ! Soupirais-je en cachant mon visage dans mes mains un instant. Bella, rassure-toi, tout va bien! J'ai juste, trop bu point final. Je ne suis pas blessé.
- Alors la prochaine fois préviens-moi avant de redevenir un adolescent en manque de sensations fortes ! J'ai détesté cette espèce d'abruti qui te ressemblait !
- Promis. Lui souris-je.
- Bien, alors je suppose que maintenant on va devoir décider de ce qu'on va faire de ses deux semaines qui nous reste avant les vacances?
- Plutôt une semaine, rectifiai-je, tu vas consacrer celle-ci à Jacob non?
- C'est le programme, ça ne nous empêche pas de nous voir tous ensemble tu sais.
- C'est vrai, mais c'est différent. Je préfère qu'on se prévoit une semaine rien que tous les deux.
- Une semaine à deux hum? Hésita-t-elle.
- Dans le respect du code de l'amitié bien sûr. Lui assurai-je la main sur le cœur.
- Le code de l'amitié? Pff !
Elle se leva en riant et attrapa mon deuxième oreiller pour me le balancer en plein visage.
- Oh mon dieu, pleurnichai-je en gardant l'oreiller sur mon visage, ma tête ! Ça sert à rien de m'acheter de l'aspirine si c'est pour me détruire la tête après
- Je te laisse te reposer, dit-elle en ramassant son sac laissé sur le sol, appelle-moi quand tu te sentiras mieux.
- D'accord.
Bella tournait déjà le dos pour partir mais je devais savoir une chose avant de la laisser le rejoindre. Une seule chose.
- Pourquoi ça te surprend autant que j'ai voulu t'embrasser l'autre soir?
Elle se retournait lentement vers moi.
- Parce que je suis juste moi, dit-elle en haussant les épaules, juste moi, Bella.
- C'est censé être une réponse?
- Contente-toi de ça Edward. Je ne t'aurais pas rendu ton baiser de toute façon, t'as pas à t'en faire pour ça.
Elle me souriait une dernière fois et moi j'accusai le coup du mieux possible. Je la regardais s'éloigner et quitter mon appartement en saluant Jasper au passage qui venait de sortir de sa chambre. La porte se refermait sur elle et je tournais lentement la tête vers la fenêtre, me forçant à appréhender la lumière.
- Maintenant je suis blessé. Soufflai-je pour moi-même.
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