vendredi 1 avril 2011

Chapitre XVIII (FINAL) : Time to Say Goodbye

Chapitre XVIII

Time to Say Goodbye

(Il est temps de dire au revoir)

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NB : Certaines chansons de la playlist pour ce chapitre sont en live (ou simplement désactivées) parce que les autres ne fonctionnaient pas, toujours ces maudit Copyrights mais écoutez les en versions originales via Deezer ou Youtube s'il vous plait. Sachez qu'un petit épilogue viendra par la suite. Bon final à vous !

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La vie est étrange …

On s'efforce dès notre plus jeune âge à faire les bons choix. D'abord pour obtenir l'approbation et l'admiration de nos parents, leurs sourires et leur tendresse, leur fierté aussi. On se lève et on fait un pas, puis deux et très vite on sait marcher. Là le monde s'ouvre à nous et chaque jour apporte avec lui son lot de surprises et de découvertes. Au début tout est nouveau, tout est simple, on nous félicite à chaque étape de notre évolution. Puis les choses deviennent plus complexes et la notion de réussite entre en jeux. On apprend qu'il faut travailler à l'école, avoir de bonnes notes. Pourquoi? Pour avoir un bon travail plus tard, quand « on sera grand ». Mais cette notion paraît encore si lointaine que l'enfant que l'on est alors n'y pense pas vraiment. Au stade suivant, on ajoute à l'équation le choix. Peut-être le facteur le plus terrifiant de tous, si large que l'on peut s'y perdre, si décisif que l'on doit s'en servir en toute connaissance de cause. Malheureusement le choix est aussi l'un des facteurs de cette équation qu’est la vie, le plus flou. En effet, à la différence de nos parents qui nous poussent à marcher parce que c'est la chose à faire, nos choix ne sont jamais précis et même les personnes plus âgées que vous ne peuvent vous assurer que vous faites le bon.

Je pensais avoir fait les miens. Je pensais avoir choisi ma voie. Je pensais que rien au monde ne pouvait plus me détourner de ce chemin. Mais la vie en avait décidé autrement. Certains appelleront ça le destin, pour moi c'était l'ironie du sort. Car malgré tout, certains choix que j'avais fait en cours de route n'était pas les bons et la vie me l'avait rappelé. Peut-être avais-je le droit à une seconde chance ou peut-être même que cette chance n'était pas la mienne. Car au-delà des choix, de la réussite et de l'avenir, il y a quelque chose de plus fort encore qui nous gouverne tous, nous pauvres humains. Une chose qui peut bouleverser nos vies au centuple des autres facteurs. L'amour. Irrationnel, parfois destructeur, parfois salvateur et parfois tout ça à la fois. Retournant notre esprit, nous faisant voir la vie de façon différente, si l'on a de la chance, celle-ci est plus brillante qu'elle ne l'était alors.

Par le passé j'avais expérimenté l'effet inverse. L'amour avait assombrit ma vie, mon âme, pour rendre tout ce qui la composait sans importance. Un voile noir avait pris possession de moi et j'avançai sans but, j'avançai pour faire comme les autres dans une pâle imitation de ce qu'était vivre. Aussi dans un élan de courage et avec beaucoup de conviction, la colère m'avait permise de rebondir et de renaître, non sans mal, de mes cendres. Mais personne ne renaît sans séquelles. Tel un prématuré réanimé à plusieurs reprises dont le corps aurait imprégné chacune de ces morts. En laissant mon passé, mon mal être et sa cause derrière moi, mon cœur s'était glacé. Pendant plusieurs années j'avais tenté de le réchauffer, parfois même ce cœur de glace fut ébranlé par des cœurs si lumineux et si chauds qu'ils avaient partagé leur force avec le mien, mais une fois leur aura éloignée le froid resurgissait plus fort que jamais. Ça n'avait pas que des désavantages. Au moins, j'étais à l'abri de cet état chaotique que j'avais fuis. Mais vivre tel un automate par peur de ressentir n'est pas une vie. Après tout, c'est notre capacité à ressentir ces émotions, aussi destructrices puissent-elles être, qui nous différencie des animaux.

Et aussi ironique que ce soit, la personne qui me sauva, fut la même que celle qui m'avait détruite.

Je l'avais fui pendant des années mais ce lien que mon cœur avait alors maladroitement imprimé avait été préservé par la glace et quand il fut libéré, il brûla d'un feu sans précédent. Il raviva mon corps, brûla mes veines, affolant mes neurones, faisant bouillir mon sang. J'avais alors la certitude que malgré toutes ces années et la distance que j'avais mis entre lui et moi, rien ne pouvait plus détruire ce sentiment d'appartenance que j'avais toujours ressenti au fond de moi. Il avait suffi qu'il me parle, qu'il m'effleure et j'étais de nouveau à lui. Comme si mon cœur avait enfin retrouvé le chemin de la maison, sa place, sa voie. Son choix.

Mais que devenait alors ces projets que j'avais construits indépendamment de tout ça ? Car il fallait admettre qu'un cœur de glace réfléchit de façon plus rationnelle qu'un cœur de feu.

J'étais alors face à deux choix. Soit je choisissais la glace et poursuivais ma route vers la réussite, soit je me fiais au feu et à l'insouciance qui le caractérisait. Lui avait toujours choisi le feu et je l'admirai pour ça. Mais en serais-je moi-même capable ? Vraiment. De façon définitive et non pas dans une recherche de fuite vers l'avant. J'avais toujours été pragmatique même si certains de mes coups de tête pouvaient faire croire au contraire. J'aurai aimé être insouciante à l'image de ma mère, les choses auraient été plus simples alors, mais je tenais malheureusement plus de mon père.

Lui, celui qui brûlait dans mon cœur, savait rêver sur le long terme et ne regrettait jamais ses décisions, même les plus insensées. Pour lui aucun choix n'était définitif et l'on pouvait toujours faire marche arrière, se relever et choisir une nouvelle route. Le temps n'était pas un facteur de son équation, il n'en perdait donc jamais. Je l'aimais pour ça. J'aurai aimé qu'il en soit autant pour moi.

Malgré tout j'étais là, prête à quitter cet appartement dans lequel je vivais depuis maintenant trois mois avec lui. Cet appartement rempli de souvenirs, celui où je m'étais tout de suite sentie en sécurité, mon refuge. Il paraissait plus grand vidé de tous ses meubles, plus lumineux aussi. Comme si on avait poussé les murs. Mais l'odeur rassurante des lieux ne changeait pas, non elle resterait la même. Un léger sourire empli de nostalgie apparaissait sur mon visage et je soupirai longuement.

Mon regard se posait ensuite sur ces personnes chères à mon cœur qui s'activaient à vider les lieux.

Jasper et Emmett affairés à descendre les cartons jusqu'au camion en bas de l'immeuble. Ils faisaient des allers retours, leur sueur pour seul indice des efforts colossaux qu'ils fournissaient depuis le début de la matinée. A chaque fois que Jasper remontait pour prendre une nouvelle charge, il se baissait vers Alice et son ventre rond assise à même le sol. Il l'embrassait et c'était comme si toute la fatigue qu'il avait accumulé lors du dernier chargement disparaissait. Une vraie décharge d'adrénaline. Je souriais à chaque fois devant cette constatation.

Alice, mon amie. Vu son état, tout ce que nous lui avions trouvé à faire c'était de fermer les cartons, préalablement répertoriés et étiquetés par Rosalie, avec un gros rouleau de ruban adhésif. En temps normal c'était Alice qui régnait en maître sur l'organisation de tous les évènements, mais elle avait dû céder cette fois-ci pour des raisons évidentes. Enceinte de près de six mois aujourd'hui, elle était chargée de fermer les cartons. Et puisque c'était tout ce qu'elle pouvait faire, elle en ferait l'une de tâche les plus importantes. Elle comptait réussir cette mission comme s'il y avait une médaille à la clé.

Puis venait le tour d'Emmett, remontant à son tour, taquinant Jasper au passage en le croisant dans le couloir, pour lui ce déménagement était un défi. C'était d'ailleurs Emmett qui nous avait assuré que nous n'avions nullement besoin de déménageurs professionnels. Vu son gabarit, ce genre d'épreuve était loin d'être effrayante. Cela se lisait sur son visage : « Boss ». Lui aussi rendait des comptes à sa moitié de temps à autre et lui demandant combien de temps il avait mis à faire l'aller-retour entre l'appartement et le camion cette fois-ci. Emmett, l'éternel adolescent, transformant tout en jeux mais d'une efficacité sans égale.

Même si Rosalie affichait un air sérieux et presque blasé devant l'enthousiasme démesuré de son homme, elle chronométrait scrupuleusement chacun de ses passages avec son IPhone, levant les yeux au ciel pour faire bonne figure quand il lui demandait le résultat. On pouvait lire cette fierté et cette admiration qu'elle tentait de dissimuler dans son regard. Il brillait d'avantage à chaque fois qu'Emmett passait la porte de l'appartement, de plus en plus vide lui. Rose, froide à l'extérieur en apparence en tout cas, fière et interdite aussi si vous ne la connaissiez pas, mais avec ceux qu'elle aimait, c'était déjà une mère. Notre mère à tous, même Emmett. Mère, aimante et confidente : Une vraie femme selon moi.

Je soupirai à nouveau quand mon regard se portait sur la dernière personne à occuper les lieux. Un soupire de contentement m'échappait. Tout en lui m'attirait. Sa simple présence, le simple fait de le voir pouvait me couper du reste du monde. Je senti mes yeux papillonner et mon être s'enflammer. C'était toujours aussi embarrassant de se mettre dans un tel état après tous ces mois, mais j'espérais sincèrement que cela ne s'arrêterait jamais. C'était enivrant. Edward était de dos, affairé à repeindre les murs en blanc, mais le fait que je ne distingue pas son visage n'enlevait en rien à son charme. Pourtant vêtu d'un vieux jean délavé et déjà tâché de peinture, et d'un t-shirt déformé par le temps, je le trouvai plus qu'irrésistible. Un détail ne m'échappait jamais. Quand il levait le rouleau vers le haut, son t-shirt se soulevait un peu laissant apparaître ses reins et me donnant une vision idyllique de son postérieur. A chaque fois je me sentais rougir comme une vierge effarouchée et je me mordais l'intérieur des joues pour ne pas sourire de façon subjective. Parfois Edward s'essuyait le front et j'avais l'impression de voir ce geste au ralenti. A cet instant, j'aurai tout donné pour qu'il n'y ait personne d'autre que nous dans cet appartement.

- Hey ! C'est pas en reluquant les miches de mon frère comme ça que les étagères vont se vider ma belle ! Me lançait Emmett sans la moindre discrétion.

Je sentis mes joues virer au rouge écarlate sous les rires pourtant étouffés des autres et leurs regards insistants, accompagnés de ce sourire plus qu'agaçant d'Emmett. Edward eu la courtoisie de faire comme s'il n'avait rien entendu, son rouleau n'ayant pas arrêté de peindre. Mais je surprenais malgré tout son petit sourire en coin quand il se baissait pour reprendre de la peinture, me donnant ainsi l'occasion de voir son profil parfait. Me sentant repartir vers la béatitude, je tournai le dos et recommençai à vider l'étagère derrière moi.

- J'arrive pas à croire que vous partez demain… Soupirait Alice avec des trémolos dans la voix.
- Je sais. Soufflai-je à mon tour sans me retourner.
- Vous allez tellement nous manquer. Continuait Alice au bord des larmes.
- Ah non hein ! Gronda Rosalie le doigt pointé dans la direction d'Alice tel un avertissement. Pas maintenant, on a pas fini alors tes hormones exacerbées tu les remballes !
- T'as raison ! Pardon. Se reprit Alice en se ventilant avec ses mains.

Fière de son effet, Rosalie reprenait son inventaire. Je glissai le dernier carton que j'avais fait à Alice pour qu'elle le ferme, Rosalie prit le relai et inscrivait en grosses lettres noires « LIVRES » dessus. Puis il partait immédiatement avec Jasper, direction le camion. De vraies petites abeilles.

- J'ai fini. Tu veux que je t'aide ? Demandai-je à Edward en arrivant jusqu'à lui, les mains dans les poches arrières de mon jean.
- Tu sais peindre ? Me demanda-t-il avec un sourire amusé.
- Je peux apprendre. Répondis-je en haussant les épaules.
- Tu sais qu'on doit finir ça avant ce soir. Me rappela-t-il en haussant les sourcils.
- Douterais-tu de ma capacité à apprendre ? Lançai-je comme un défi.
- Loin de moi cette idée mais si on veut sortir ce soir, le temps nous est compté.
- Bon, si tu ne veux pas d'aide il suffisait de dire non ! Rétorquai-je en tournant les talons avant qu'un bras puissant autour de ma taille ne m'empêche de m'enfuir.

J'aurai voulu jouer les vexées plus longtemps mais quand mon dos se retrouva plaqué contre son torse, je ne pus m'empêcher de sourire.

- Viens là petit capricieuse, souffla-t-il au creux de mon oreille m'électrisant complètement, je ne te laisserai pas t'échapper comme ça.

Un instant je fermai les yeux en sentant son souffle chaud sur ma joue. Puis ma main fut dirigée par la sienne pour saisir un des rouleaux télescopiques. J'agrippai le manche sans pour autant que sa main ne libère la mienne. Doucement je me laissai guider, pendant qu'Edward me donnait mon premier cours de peinture, parlant doucement dans mon cou.

- D'abord tu trempes ton rouleau dans la peinture, commença-t-il pendant que je suivais attentivement les gestes qu'il me faisait faire, tu l'essores et ensuite doucement tu commences à peindre.

J'appliquai mon premier coup de rouleau sur le mur, toujours guidé par Edward et sa voix sensuelle. Comment peindre un mur pouvait-il devenir si érotique? Ou étais-ce moi qui virais perverse?

- Doucement de haut en bas, puis tu alternes avec gauche, droite. Comme ça.
- C'est pas si compliqué, je vois pas pourquoi les hommes en font toute une histoire. Rétorquai-je faussement blasée pour cacher mon trouble.

« Technique Rosalie ! », pensai-je en souriant.

- Attend de faire ça pendant une heure on verra ! Lança Edward en me relâchant pour croiser les bras devant lui.
Tout de suite je ressentais un vide derrière moi.
- Ah oui mais là c'est plus possible, boudai-je, je vais pas y arriver.
- Pourquoi ça? Demanda-t-il amusé.
- Parce que tu n'es plus contre moi. Soufflai-je avec un sourire des plus subjectifs.

Alors un sourire un coin, celui qui me rendait folle, étirait son visage et Edward m'attirait jusqu'à lui.

- Il va falloir que tu arrêtes de me regarder comme ça. Riait-il sur mes lèvres.
- Pourquoi? Souris-je.
- Parce que pour faire court, je n'ai plus du tout envie de peindre.

Je riais avant de trouver ses lèvres, étouffant mon rire dans sa bouche. Toujours entravée par le rouleau de peinture, je me tortillai comme je pouvais pour le sentir au plus près, pendant qu'Edward entourait ma taille. Notre baiser s'intensifiait et je lâchai le rouleau qui tombait avec fracas par terre. Une fois libre, j'entourai sa nuque avec envie. Dans un rire, il me soulevait et j'entourais mes jambes autour de ses hanches. Je goutais allégrement à sa langue, sans la moindre retenue, quand quelqu'un se racla la gorge derrière nous. Edward et moi nous détachions pour se regarder, comme si nous avions pu tous les deux inventer ce bruit. Finalement je vérifiai derrière-nous pour constater, honteuse, qu'Edward et moi venions de nous donner en spectacle.

- Vous le dîtes si on vous dérange hum ? Lançait Rosalie derrière-nous.

Lentement, je retrouvai le sol avant de me retourner vers les quatre autres qui nous regardaient les bras croisés. Heureusement qu'Edward me soutenait d'un bras autour de mes épaules.

- Qu'ils sont mignons. Souffla Alice en se tortillant sur ses pieds comme une adolescente, un sourire béat sur le visage.
- Halte aux hormones ! Lança Rose.
- Mais c'est pas ça ! Se défendit Alice.
- Oh arrête. Pourquoi tu te dandines comme ça dans ce cas ?
- J'ai envie de faire pipi voilà ! S'énerva Alice avant de déguerpir aux toilettes.
- Ah les hormones. Soupira Rose. Je te préviens, je sais pas si je vais tenir encore trois mois comme ça !
- M'en parle pas ! Souffla Jazz' dans un clin d'œil complice.
- C'était le dernier carton ! Lança Emmett en remontant. On peut y aller.
- Je vais prendre mes affaires.
- C'est bon Ed', Jasper vient avec moi. On a pas besoin d'être trois pour aller au garde meuble. Donne-moi juste les papiers.
- Merci. Je vais pouvoir finir la peinture avant ce soir comme ça.
- D'ailleurs ne soyez pas en retard ! Prévenait Alice en récupérant ses affaires, Jasper l'aidait à se relever.
- Super ! Une soirée dans le bar que je viens de quitter ! Comment être en retard? Rétorquait Edward, cynique.
- Arrête, on me la fait pas à moi petit frère ! Lança-t-elle en embrassant la joue de son frère avant de s'éloigner. Tu adores cet endroit ! Et puis tu n'y vas pas pour travailler ce soir. C'est votre fête de départ.
- Ça sent le bizutage ça ? Grimaçait Edward.
- Désolée, commençai-je à l'intention de mon amie, mais je suis d'accord avec lui.
- Oh mais vous allez arrêter de jouer les rabat-joie tous les deux ! Gronda Rose, volant au secours de son amie. Ça va être super ! On s'y retrouve à 20h30 !

Ensuite ils nous saluaient avant que nous laisser seuls dans cet appartement vide qui sentait la peinture. Une fois la porte refermée et leurs pas éloignés dans le couloir, j'avançai lentement au milieu du salon. Mes yeux voyagèrent dans cet espace vide. Je faisais le tour de moi-même et soupirai longuement. Une seconde plus tard, mon dos retrouvait le torse rassurant d'Edward et je m'y laissais bercer.

- Demain déjà... Soufflai-je.
- Tu as peur ? Demanda-t-il doucement.
- Un peu oui. Avouai-je.
- Tout se passera bien.
- Je sais ça. Mais c'est quand même un grand changement.
- C'est vrai mais tant qu'on sera ensemble rien ne pourra nous arriver.

Cette idée me réconforta et je souri.

- J'arrive pas à croire qu'on en soit là. Soufflai-je rêveuse.
- Je sais. Répondit-il, le même sourire dans la voix.
- Si on me l'avait dit il y a deux mois, je ne l'aurai pas cru.
- Pourtant, c'était loin d'être gagné, têtue comme tu es !

Edward embrassait ma joue, son rire cristallin s'élevant en écho dans la pièce pendant qu'il retournait à sa peinture. En y réfléchissant, c'est vrai que les choses à l'époque étaient loin d'être jouée d'avance.

2 mois plus tôt …

Quand je rentrai à la maison après avoir rendu les clés de ma chambre d'étudiante, je trouvai Edward assit sur le canapé, prostré. Visiblement quelque chose l'avait contrarié. Je le sentais, c'était comme si son humeur baignait l'atmosphère de la pièce. L'air de rien, je prenais le temps de poser mes affaires et retirer mes chaussures. Quand je le regardai à nouveau, Edward tenait une lettre à la main et mon estomac se noua immédiatement. Je savais exactement ce que pouvait être cette lettre. Une fuite. C'était une fuite. Une réponse, sûrement négative qui plus est, d'une maison d'édition que je n'avais pas intercepté à temps. Faisant quelques pas dans la pièce, j'attendais que sa colère s'abatte sur moi. Mais dans le doute …

- Qu'est-ce que c'est ? Demandai-je innocente.
- Ne me prend pas pour un idiot, répondit-il durement, tu sais très bien ce que c'est.
- De quoi tu parles enfin?

« nier, nier, nier... », pensai-je, « sauve ta peau Bella. Tu es encore trop jeune pour mourir ! »

Edward baissait les yeux et soupirait avant qu'un sourire disant « si tu veux jouer à ça, allons-y ! » déforme ses trais. Lentement il venait vers moi et jouant nerveusement avec ce maudit courrier.

- Ceci, ma chère, est une lettre de chez Melting's Books grande maison d'édition de Washington, me disant qu'ils ont bien reçu mon manuscrit. Ce même manuscrit auquel tu sembles porter un intérêt démesuré ! Gronda-t-il à quelques centimètres de moi.
- Attend, je vais t'expliquer. Dis-je en faisant un pas de plus, avant qu'Edward ne m'arrête de la main.
Ce geste me coupa tous mes moyens et ma gorge se serra.
- Tu as envoyé mon manuscrit à ces gens Bella ?
- Oui mais...
- Mais quoi ? Me coupait-il. Tu as confondu le oui et le non ?!
J'allais répondre mais il ne m'en laissait pas l'occasion.
- Qu'est-ce que tu n'as pas compris dans la phrase « je ne veux pas faire publier ces écrits » ?
- J'avais compris mais je trouvais ça dommage !
- Ça n'était pas à toi d'en décider. Ce manuscrit est quelque chose de personnel, il n'avait pas été écrit pour quelqu'un d'autre que moi. Je croyais que tu l'avais compris.

Il se pinçait l'arête du nez et respirait profondément avant de continuer. Je me faisais l'effet d'une petite fille se faisant réprimander par son père.

- Je pensai pouvoir te faire confiance. Ajouta-t-il l'air sombre.
Cette remarque me déchira les entrailles.
- Tu peux me faire confiance. Lançai-je presque suppliante sous le poids de son regard noir.
- On ne doit pas avoir la même définition de la confiance dans ce cas.
- Si j'ai fait ça c'est pour toi ! Me justifiai-je. Pour que tu arrêtes de saboter ton talent juste parce que tu n'en a pas conscience.
- Mais qui t'a dit que je voulais que qui-que ce soit remarque ce pseudo talent ?

Ce déni qui le caractérisait, toute cette énergie qu'il dépensait à nier l'évidence commençait à me mettre hors de moi et je trouvais la force de lui tenir tête.

- Personne ! Répondis-je la mâchoire serrée. Mais ça ne veut pas dire que tu fais le bon choix !
- C'est encore à moi d'en décider non ?!
- Peut-être si ce choix est réfléchi mais pas si c'est juste dans le but d'occulter une chance qui pourrait bouleverser ta petite routine.

Son visage se fermait et Edward ne parla plus. Il contractait la mâchoire plusieurs fois comme s'il se retenait de dire des choses sous le coup de la colère.

- Écoute, soupirai-je en allant l'enlacer même si lui restait tendu, j'ai eu tort d'accord, je le reconnais. Mais écrire était ton rêve de gosse et je sais que ça compte encore beaucoup pour toi. Je voulais juste t'aider.
- Tu aurais dû venir m'en parler avant d'en faire qu'à ta tête. Me lançait-il en posant enfin les yeux sur moi.
- Je sais mais tu n'aurais pas accepté et je devais au moins essayer quelque chose, même si c'était maladroit de ma part.

Edward soupirait et je sentais enfin ses bras se refermer lentement autour de moi. J'éprouvais immédiatement un immense sentiment de soulagement. Au bout de quelques instants, mon regard trouvait ce courrier qu'il tenait toujours fermement.

- Ce qu'ils disent sur cette stupide lettre ne reflète en rien ton talent pour l'écriture. Lui assurai-je. Si ça se trouve, ils n'ont même pas pris le temps de le lire avant de t'envoyer leur refus.
Ma phrase se perdait dans le silence de la pièce pendant un moment.
- Ils ne l'ont pas refusé. Finissait-il par m'avouer.
- Quoi ? Demandais-je surprise en me redressant pour le regarder dans les yeux.
- Ils me proposent une publication à 1000 exemplaires pour commencer.
Je restai sans voix.
- Oh… Je… Mais… Edward c'est génial ! Lançais-je encore sous le choc. Mais pourquoi tu ne me l'as pas dit plus tôt ?!
- Parce que je ne vais pas donner suite. Répondait Edward sans le moindre doute dans la voix.
- Je te demande pardon ?!
- Pas tout de suite en tout cas. Rectifia-t-il pendant que je prenais un peu de distance pour tenter de comprendre ce qui lui passait par la tête. S'ils sont intéressés par ce livre, ils le seront encore plus tard.
- Plus tard… Répétai-je. Pourquoi attendre ?! Finis-je par demander en lui faisant de nouveau face. Je ne comprends pas ce qui peut te retenir d'accepter.
- Parce que j'ai fait d'autres projets.
- Et qu'est-ce qui peut être plus important que ça?! Lançais-je, plus acerbe que je ne l'aurai souhaité.

J'étais déçue qu'après tout ce temps et toutes ces choses que nous avions vécues, dont nous avions parlé et ce qu'on avait appris l'un de l'autre, Edward choisisse encore la facilité et l'insouciance en ignorant cette opportunité sans précédent. Je connaissant ses désirs et son idéologie, cette liberté à laquelle il s'accrochait mais dans ce cas précis il n'avait rien d'un homme libre. Il avait plutôt l'air d'un homme qui fuit devant cet avenir qui lui tendait les bras. Et moi qui avais cru avoir réussi à lui ouvrir les yeux.

Sans prendre la peine de répondre à ma question, Edward allait chercher quelque chose dans sa chambre me laissant seule, plantée au milieu de salon. Quand il revenait vers moi, il me tendait une enveloppe sans plus d'explication. Lentement je la saisissais, comme si cette petite enveloppe contenait la clé du mystère : Edward Cullen.

- Qu'est-ce que c'est ? Demandai-je presque timidement.
- Je voulais attendre ce soir pour t'en parler mais tu as toujours le don de compliquer les choses.

Je lui lançais un regard noir et Edward finissait par se résigner à faire le premier pas. Il soupirait et m'observait un bon moment avant de se décider à parler.

- Tu te souviens de ce don on a parlé il y a un mois ? Nos projets de voyage pour l'été.
- Oui… Répondis-je surprise et un peu méfiante, mon esprit étant à mille lieux de ce projet à cet instant.
- Et bien ça m'a fait réfléchir et après la mort du vieux Salvatore, je me suis que finalement on n'avait pas tant de temps que ça pour vivre ses rêves.
- Où tu veux en venir ?

Il souriait devant mon impatience et ses doigts se refermaient sur les miens autour de l'enveloppe.

- Ouvre-là, tu vas comprendre.

Un peu hésitante au départ, je finissais malgré tout par lui obéir, tiraillée par la curiosité. J'en sortais une épaisse liasse de documents et commençai à les examiner.

- Des billets d'avions ? Demandai-je surprise, mais Edward me faisait signe d'y regarder de plus près.

L'enveloppe était remplis de billets d'avion et d'itinéraires en tout genre ressemblant à un parcours de Pékin express (NB: Jeu télévisé français). D'abord le Mexique, puis le Brésil, le Pérou, l'Italie, l'Égypte ensuite, la Jordanie, l'Inde et pour finir la Chine. Un périple incroyable à travers le monde s'installait sous mes yeux sans que je ne puisse lui donner un sens.

- Edward, soufflai-je, je n'y comprends rien. C'est quoi tout ça ? Je dois choisir une seule de ces destinations pour cet été. Il y a tellement de chose à voir dans tous ces pays.
- Donne-moi des exemples ? Souffla-t-il doucement alors qu'une lueur étrange faisait briller son regard. Qu'est-ce que tu iras voir au Mexique ?
- Les pyramides Incas. Répondis-je sans hésitation.
- En Inde ?
- Le Taj Mahal. Dis-je avec toujours même conviction.
- L'Italie ? Souriait-il.
- Le Colisée.
- Hum hum. Soufflait-il alors quand un sourire éclairait son visage. Je sais qu'il y a quelque chose à voir pour toi, d'aussi évident et que tu me citerais sans hésitation, dans tous les autres pays de la liste. Tu ne vois toujours pas où je veux en venir ?

Alors je reportai mon attention sur cette liste de pays extraordinaires et lentement tout se mettait en place dans ma tête. Comme si les barrières de mon esprit rationnel au possible, cédaient enfin. Mon cœur se mit à battre plus vite à mesure que ce schéma incroyable s'expliquait par miracle sous mes yeux. Il n'était plus question de choix ici puisque je tenais entre mes mains les billets pour chaque destination. Tellement de destination que cela m'en donnais le vertige. Tant d'endroits que jamais je n'aurai cru visiter un jour par manque de temps et de moyens.

Les Sept Merveilles du monde. J'allais pouvoir découvrir de mes yeux, les Sept Merveilles du Monde. C'était si magiquement soudain que tout mon corps se mit à frissonner.

Il fallait que je m'assoie. Comme s'il l'avait deviné, Edward me laissait accéder aux tabourets de la cuisine près du comptoir.

- C'est pour nous tout ça ? Demandai-je encore sous le choc.
- Qui d'autre ? Sourit-il.
- Mais… Comment tu as su ?

Lui avais-je déjà parlé aussi précisément de ces destinations idylliques que j'avais toujours souhaité découvrir?

- C'est pas très compliqué, je t'écoute c'est tout. Ça ne te plaît pas ?

Je relevai immédiatement les yeux vers lui. Comment pouvait-il penser une chose pareille ?! C'était la chose la plus insensée que quelqu'un ait fait pour moi.

- Tu as l'air si… Calme. Finit-il par dire, son regard semblant sonder mon esprit.

[58/ Hey Now - Augustana]

Je ne savais plus où j'en étais. Toutes mes émotions en étaient chamboulées. J'étais à la fois surexcitée et terrifiée. Voir un rêve si longtemps enfoui en vous, vous être servi sur un plateau était plutôt irréel. La vie ne vous fait pas ce genre de cadeau en temps normal. A moins de connaître une personne si exceptionnelle qu'à son contact, tout devienne possible. Cette personne c'était Edward pour moi. Je n'en revenais pas. Il venait de réaliser un de mes rêves les plus fous. Si ce n'est LE plus fou. Aussi dans un élan de joie indescriptible, je me cramponnai à ces billets et lui sautait au cou. Edward m'accueillait en riant et me serrant plus fort contre lui. Très vite ses bras ne me suffisaient plus et je cherchai ses lèvres. Je le couvrais de baisers jusqu'à ce qu'enfin j'atteigne mon but ultime. M'agrippant à sa chevelure comme une damnée, j'imprimai à ce baiser toute ma joie, ma surprise, ma reconnaissante et mon amour sur ses lèvres qui répondaient avec ferveur à mon appel.

- Personne n'a jamais fait une telle chose pour moi, tu t'en rend compte ? Avouai-je émue et encore essoufflée de notre échange.
- C'est pour ça que je l'ai fait. Pour que tu t'en souviennes et pour que si, au cours du voyage un bel Égyptien te fait de l'œil, tu hésites à le suivre.

Je riais devant l'improbabilité de cette idée alors qu'Edward m'embrassait de nouveau. Je relâchai doucement mon emprise autour de son cou pour retourner m'assoir, mes jambes menaçant de lâcher. Je devais me forcer à lire et relire les documents que j'avais sous les yeux pour me convaincre de leur réalité.

- C'est... Je ne sais pas quoi dire, ça a dû te couter une fortune ! Réalisai-je au bout d'un moment.
- J'ai les moyens maintenant tu te rappelles ? Dit-il en se baissant à mon niveau, les mains sur mes genoux.
- C'est complétement dingue ! Souris-je.
- C'est toi qui me rends dingue. Comment tu fais pour dissiper en une fraction de seconde toute la colère que je pouvais ressentir ?
- Tu sais que je t'aime et que si je fais parfois des bêtises c'est pour ton bien.
- Ça, ça reste à prouver. Sourit-il alors que je le faisais taire en l'embrassant à nouveau.
- Tout ça en deux mois ? Soufflai-je. Ça va être plutôt intense. Je vais être crevée à la rentrée prochaine !

Un voile d'hésitation que je ne comprenais pas tout de suite passait dans ses deux prunelles émeraude et je savais que quelques détails me manquaient encore.

- En deux mois certes, ça aurait été intense, trop rapide aussi, bien trop commun. C'est pour ça que j'ai prévu un peu plus de temps.
- Un peu plus ?

Il riait face à mon scepticisme et me pointait à nouveau ces billets que je ne pouvais définitivement pas lâcher.

- Regarde les dates.
- Du 31 aout au 4 octobre. Dis-je en relisant les billets.
- Tu es sûre que tu as une licence en littérature toi ?! Se moquait Edward.
- Hey ! Je passe en deuxième année ! Me défendis-je.
- Regarde. Insistait-il en pointant du doigt les deux dates extrêmes des billets.
- Du 31 aout 2011 au 4 octobre …. 2012.

Mon cœur fit un bon dans ma poitrine et il sembla que mon estomac tomba dans mes chaussures.

- Il doit y avoir une erreur.
- Il n'y a pas d'erreur. Me répondit-il sérieusement.
- Mais ça fait…
- Un an un deux mois exactement. Calculait-il.
- Mais … balbutiai-je. Je reprends les cours en octobre. C'est impossible.
- C'est possible si tu le veux vraiment.
- Mais même si je le veux, je ne vais pas abandonner les cours pour aller faire le tour du monde avec toi !
- Pourquoi pas ?! Lançait-il en se relevant.
- Parce qu'après tout le travail que j'ai fourni pour avoir cette année, ça ne serait pas raisonnable enfin ! Répondis-je en me levant à mon tour.
- T'en a toujours rêvé ! Je sais que tu aspires à plus de choses que cette vie bien carrée et planifiée. C'est la peur qui t'empêche d'accepter. Personne ne t'a parlé d'arrêter les cours définitivement. Tu pourras toujours reprendre tes études quand on rentrera.
- Mais …

Il s'approcha de moi et saisit mon visage entre ses mains, si bien que j'en oubliai ce que j'allais rétorquer deux secondes plus tôt.

- Bella, une opportunité comme ça ne se représente pas deux fois dans la vie. Si tu refuses, je sais qu'une partie de toi ne sera jamais satisfaite et tu en parleras encore à tes petits-enfants le dimanche midi, telle une grand-mère aigrie !
- Mes petits-enfants ?! Grimaçai-je. Tu vas un peu loin là.
- Écoute-moi deux minutes. Dit-il en faisant abstraction de ma remarque. On est encore jeune, rien ne nous retient. C'est maintenant ou jamais. Avant de devenir vraiment adulte.
- Mais c'est ça le problème avec ta vision de choses et la mienne Edward, commençai-je en libérant doucement mon visage, gardant ses mains dans les miennes. Je me considère déjà comme une adulte.
- C'est mal. C'est mal si ça t'empêche de faire des coups de folies pendant qu'il en est encore temps.
- Mais un an ce n'est pas un coup de folie ! C'est … C'est … Une dépression nerveuse à ce niveau ! Rétorquai-je en brassant l'air avec mes bras.
- Quoi ?! Lançait-il trouvant certainement cette comparaison aussi tirée par les cheveux que moi.
- Oh tu m'as comprise !
- Tu cherches des excuses.
- Et Alice t'y a pensé ?! Tu vas rater la naissance de ton propre neveu pour ce coup de folie.

Cette fois j'avais visée juste et pour la première fois depuis le début de cette joute mentale de la raison contre la folie, je marquais un point. Et pas n'importe lequel. Malgré tout, la culpabilité que je cru déceler dans les yeux d'Edward me serra la gorge.

- Je ne serai peut-être pas là le jour de sa naissance mais je serai là pour le reste de sa vie et je crois que ça compte un tout petit peu plus.

Je soupirais de lassitude. Il avait vraiment réponse à tout. Et moi qui venais d'abattre ma meilleure carte.

- Bella, reprit-il sérieusement. Je veux faire ce voyage et je veux que tu viennes avec moi. Demain je dois déposer le préavis de l'appartement et j'ai déjà prévenu mon travail. Quoiqu'il arrive je pars.
Comment pouvait-il être si catégorique ?
- Quoiqu'il arrive je pars. Répétai-je, tristement presque écœurée. Tu serais prêt à partir sans moi ?
- Non, tu ne m'as pas compris. Tu n'as pas le choix. Si tu te permets d'envoyer mon manuscrit sans mon autorisation, pensant que c'est ce qu'il y a de mieux pour moi, laisse-moi en faire de même pour toi.

Il fit un pas vers moi et me saisit par les épaules afin de capter toute mon attention. Il m'était impossible d'échapper à la profondeur de ses yeux verts.

- C'est ton rêve pas le mien. Mais il faut que tu te donnes les moyens de les réaliser et je ne te laisserai pas refuser cette fois. Tu voulais que je pense à l'avenir ? C'est fait ! C'est mon avenir et le tien. En rentrant je recontacterai les maisons d'éditions si ça peut te faire plaisir et tu reprendras ta licence là où tu l'avais arrêter. Un an c'est rien dans une vie. Ta vie et tes projets seront encore là à notre retour. Tente cette chance, saisis-là avec moi. S'il-te-plait.

De nos jours ...

Aussi et devant de tels arguments, j'avais finis par accepter et nous y étions. Demain, l'avion de 9h55 nous emmènerait pour un mois vers notre première destination. Le Mexique. L'aventure commençait.

J'étais tiraillée entre mon envie de partir et la peur que tous ces changements allaient provoquer dans ma vie. C'était la première fois que je faisais quelque chose d'aussi insensé et parfois je me demandai si j'avais fait le bon choix. Mais dès que ce doute me gagnait, il me suffisait de plonger mon regard dans celui d'Edward et d'y lire toute cette assurance, assez pour nous deux, et je savais que ma place ne pouvait être qu'avec lui. Comme il me l'avait si souvent répété, ce voyage était mon rêve et il fallait juste que je trouve le courage de le saisir au vol. Sans lui, je n'aurai jamais été aussi téméraire mais après tout un an n'était rien à l'échelle de toute une vie. Une vie qui serait organisée et rangée par la suite. Je savais où j'allais et ce qu'il me faudrait faire pour y parvenir. L'image de la grand-mère cynique que je serais si je ne partais pas resterai à l'état imaginaire, je ne deviendrais pas cette personne pleine de regrets. J'allais vivre et profiter de cette opportunité avant qu'il ne soit trop tard. Tout ça grâce à lui et à sa façon unique de me pousser à voir plus loin que mes barrières humaines et rationnelle.

- A quoi tu penses ?
- A rien, pourquoi ? Demandai-je surprise pendant qu'Edward rangeait le matériel de peinture.
- Je te sens lointaine, sourit-il, tu t'inquiètes pour demain ?
- Si tu veux tout savoir, Monsieur Je Sais Tout, lançai-je en allant jusqu'à lui, j'étais en train de penser à quel point j'ai de la chance d'être avec toi.
- Hum, parce que tu en doutais encore ? Je sais que tu ne peux pas me résister. Minaudait-il avec ce sourire agaçant, présomptueux mais tout aussi troublant, qu'il avait quand il savait avoir raison.
Il entourait doucement ma taille pour me ramener vers lui.
- Ah tu crois ça ? Souris-je en entrant dans son jeu.
- Hum hum. Soufflait-il simplement.
- Dans ce cas, je sens que je vais me trouver un beau Mexicain qui aura les chevilles un peu moins enflées que toi, mon cher. Tu sais que j'ai un faible pour le type basané et musclé. Lançai-je lui rappelant ainsi la différence physique non négligeable entre lui et mon ex petit-ami.

Un voile sombre traversait son regard, ce voile que je reconnaissais sans mal. La jalousie. Il m'avait souvent demandé comment j'avais pu tomber amoureuse de lui et sortir plusieurs années avec Jacob alors qu'ils ne se ressemblaient en rien. Pour moi il n'y avait pas de comparaison possible entre l'attirance, l'attraction même, que je ressentais envers Edward et celle que j'avais pu avoir pour Jake, mais j'aimais laisser planer un petit doute. C'était une carte facile à abattre quand Edward pointait du doigt le pouvoir qu'il avait sur moi. Pouvoir qui était certes réel, tellement réel que ça en était embarrassant parfois, mais même si cette délicieuse faiblesse existait chez moi, je me refusai à le lui avouer. Et puis quoi encore? Autant lui dire « Vas-y mon chéri, fais ce que tu veux de moi, je ne résisterai jamais parce que tu me fais trop d'effet et tu le sais ». Quoi qu'en y réfléchissant, cette idée pouvait s'avérer utile dans certaine situation … Un sourire béat étirait déjà mes joues avant que je me reprenne, balayant toutes mes idées sulfureuses.

Malgré tout, comme à chaque fois que nous jouions à ce petit jeu, Edward gardait la tête haute, comme si mes provocations ne l'atteignait pas.

- C'est pas grave tu sais, si tu pars avec un mexicain musclé, bronzé, de ceux qui sont toujours torse nu pour que les femmes admire leur biceps …
- Hou... là tu me fais rêver continue. Insistai-je avec un air de défi.

Un sourire forcé apparaissait sur ses lèvres avant qu'Edward ne me serre encore plus fort contre lui, me coupant presque la respiration mais pour rien au monde je n'aurai bougé. Son regard changea subitement, comme si un éclair de génie l'avait frappé et avant même qu'il ne parle, je savais que j'allais être prise à mon propre jeu. Doucement il approcha son visage à quelques centimètres du mien et chuchota sur mes lèvres :

- Mon amour, souffla-t-il l'air chaud qu'il dégageait balayant mon visage, tu iras avec ton Mexicain et je consolerai ma peine dans les bras de Julia.

« Aoutch ! »

- C'est pas comme si c'était jamais arrivé par le passé. Ajoutait-il tout aussi bas.

Le regard noir que je lui lançais par la suite n'eus pour effet que de le faire sourire d'avantage et il haussa le sourcil attendant patiemment que je réplique. Mais Edward venait tout simplement de me clouer le bec et c'était l'une des choses que j'adorai détester chez lui. Sa capacité à me rendre dingue, dans tous les sens du terme. Mais pourquoi ne gagnai-je jamais à ce petit jeu?! Et vu que je ne parlai toujours pas, il en rajoutait une couche.

- Elle sera là ce soir si je ne me trompe pas.

« Échec critique ! Ne te dégonfle pas Bella. Attaque ! »

Alors je passai ma main derrière sa nuque et doucement, je léchais sa lèvre inférieure en souriant. Malgré toute l'assurance que je m'efforçai de déployer, j'étais au bord de la combustion spontanée et je pouvais dire qu'il en était de même pour lui. Je le sentis frémir avant de parler, fière de mon effet.

- Jacob aussi. Rétorquai-je. Ça fait tellement longtemps qu'on ne s'est pas vu. Peut-être que mes doutes vont se confirmer quand je vais le revoir.
Son visage se crispa une fraction de seconde avant qu'il reprenne le dessus.
- Vas-y, si tu l'oses. Mais je peux être très persuasif quand je veux et tu risques de ne plus vouloir t'échapper après.
- Après quoi ? Souris-je.

Edward capturait mes lèvres, ramenant encore d'avantage mon corps contre lui. Un rire m'échappait quand ses mains descendant lentement le long de mon dos me laissant sous-entendre ce qu'il avait dans la tête. Il sourit contre ma bouche avant d'enlacer ma nuque pour approfondir ce baiser que je lui refusai cependant. Surprit, il me regarda reculer lentement dans la pièce. Je ne le quittais pas des yeux, je voulais jouer, le rendre dingue. Edward dû le comprendre rien qu'à mon regard, car il ne fit rien pour m'en empêcher, me regardant évoluer dans cet espace vide. J'aimais sa façon de me regarder, comme si j'étais son centre d'attraction, comme s'il ne pouvait rien faire d'autre que de me voir. J'étais belle et désirable dans ses yeux et cela me donnait une force étrange, celle de le séduire et d'être sensuelle devant lui sans en éprouver la moindre gêne.

Le seul moment où nos regards se quittèrent fut quand je me baissais pour mettre en marche le vieux poste CD couvert de traces de peinture fraiche, posé sur le sol. L'album Mezzanine de Massive Attack commençait à jouer et le morceau Angel [59] se fit entendre, donnant un côté sulfureux à ce moment. Je pensais alors qu'il n'y avait pas plus parfait et la lueur dans les yeux d'Edward quand je les retrouvais à nouveau m'indiquait qu'il n'y avait plus de marche arrière possible. Quoique je fasse maintenant, il allait me posséder. A moi de rendre cet instant aussi spécial que je l'imaginais. Je me rendais compte alors que ce désir de lui plaire, cette envie qu'il me touche, m'avait habité toute la journée et maintenant que nous étions seuls, il fallait que je le laisse se consumer sous peine de devenir folle.

Mes mains, jusqu'ici le long de mon corps, remontèrent lentement jusqu'à mon chemisier dont j'entrepris de détacher les boutons un à un. La chaleur m'envahissait car à chaque millimètre de peau que je découvrais je sentais un peu plus le regard d'Edward voyager sur moi. Un regard fiévreux et presque méfiant. Je savais qu'il n'avait jamais eu l'habitude de me voir si entreprenante. Quand j'en eu fini avec les boutons, je laissais le tissu glisser le long de mes bras et trouver le sol. Un sourire en coin se formait sur son visage, mais il ne dit rien, me laissant mener la danse comme je l'endentai et comme pour m'accompagner, il retirait lui aussi son t-shirt, le jetant par terre à son tour. Une seconde je regardai le vêtement sur le sol, puis je retrouvai Edward qui semblait me défier du regard. Sans que je ne puisse le contrôler mon regard parcouru son torse et j'imaginai déjà mes mains malmener ses muscles et ma langue gouter à sa peau. Automatiquement mes joues s'enflammèrent, seule preuve de la novice que j'étais à ce genre de jeux. Bien sûr, lui aussi le remarquant et son regard n'en fut que plus victorieux. Aussi pour ne pas perdre d'avantage la face, je lui lançais un sourire entendu avant de lui tourner le dos.

Une fois coupée de son regard, je fermai les yeux et inspirai profondément. Je me recentrai sur la musique et la chaleur qui grandissait en moi. Je déboutonnai mon jean et me penchai en avant et le faisant lentement glisser le long de mes jambes pour m'en débarrasser. J'en fis de même avec mon soutien-gorge qui alla rejoindre le reste de mes vêtements sur le sol. Je me caressai doucement ensuite, mes mains remontant le long de mes cuisses, jusqu'à ma poitrine, puis dans mes cheveux que je libérai de l'élastique qui les maintenait jusqu'ici. Quand ils retombèrent dans mon dos, je frissonnai.

Ensuite, je ne bougeai plus. Edward avançait vers moi, je pouvais entendre ses pas lents dans mon dos et très vite j'en eu la confirmation. Ses mains se posèrent sur le plat de mon ventre et son souffle chaud vint balayer ma nuque. Je fermai les yeux, me laissant aller contre lui.

- A quoi tu joues ? Souffla-t-il doucement.
- A ton avis ? Répondis-je sur le même ton.
- Ça ne te ressemble pas.
- Je sais.
- Tu n'es pas obligée de faire tout ça pour que j'ai envie de toi Bella. J'ai toujours envie de toi, tu le sais.
- J'ai juste envie de marquer le coup. Quitte à changer de vie demain, autant il aller à fond et imprégner une dernière fois cet appartement de notre présence.
Comme il ne répondait pas, le doute s'emparait de moi et mon estomac se noua.
- Ça ne te plait pas ?

Pour toute réponse, sa langue vint caresser ma gorge, qu'il embrassait doucement ensuite et je me détendais immédiatement.

- Ne dis pas n'importe quoi. Chuchota Edward à mon oreille avant que je ne sente sa main dans mon cou.

Il se pressa plus contre moi et je pu constater par moi-même son désir à travers ses vêtements. Ma respiration se fit plus irrégulière encore alors qu'Edward couvrait mon épaule de baisers suaves, remontant derrière mon oreille, jouant avec mes cheveux. Puis sa main posée sur mon ventre, remonta jusqu'à ma poitrine qu'il caressa avec habileté et je cessai de respirer. Son rire satisfait résonna dans mon esprit déjà lointain et son autre main glissa jusqu'à mon sous-vêtement qu'il pénétra. Alors je perdais le contrôle et s'il n'avait pas été derrière moi, je me serrai écroulée. Sa main commença à me satisfaire de façon délicieuse, ses doigts trouvant sans mal la façon de me faire du bien. Mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine et des vagues de frissons incontrôlables prenaient possession de moi. J'étais euphorique. Ma main trouvait l'arrière de sa nuque et je ramenai sa bouche contre moi, nos langues se délectant l'une de l'autre. J'allai reculer pour reprendre ma respiration si cela m'était encore possible mais Edward en décidait autrement et quand il enclenchait ce nouveau baiser, je sentis ses doigts me pénétrer. Immédiatement je gémis et mon corps s'adapta automatiquement à cette nouvelle caresse. C'est ainsi que je laissais ma tête reposer sur son épaule, les yeux clos, pendant qu'Edward jouait avec moi et que mon bassin ondulait contre lui au même rythme que sa main. Mes gémissements résonnant de plus en plus dans la pièce, je n'y prêtai que peu d'attention. Quand je me senti partir trop loin cela-dit, je le stoppai en lui faisant face, les jambes tremblotantes.

Son regard me paralysai complétement, je ne pus m'en détacher. Edward englobait ma joue, embrassant de nouveau mes lèvres pendant que je m'apprêtai à lui rendre les faveurs qu'il venait de m'accorder. Écartant son jean et son caleçon, ma main le trouvait et je le caressais avec douceur sans interrompre notre baiser. Edward haleta sur mes lèvres et je souris, accélérant légèrement mon mouvement sur lui. Je massais ton membre tendu avec délectation, anticipant le moment où il serait enfin en moi.

- Il faut que tu arrêtes ça, sourit-il, ou je ne vais pas tenir la distance.
- Pauvre chéri. Me moquai-je.
- Ah oui, tu le prends comme ça... Très bien.

Sans que je m'y attente, mes pieds quittaient le sol, Edward me soulevait maintenant fermement mes fesses contre lui. Mes jambes se refermaient autour de sa taille et très vite mon dos se retrouva bloqué contre le mur.

- Edward la peinture ! M'exclamai-je en sentant la texture fraiche me coller à la peau.
- J'en ai rien à faire. Lançait-il avant de se ruer à nouveau sur ma bouche, son corps se pressant contre moi, son bassin écrasant le mien.

Très vite la peinture n'eut plus aucune importance à mes yeux et alors que j'agrippai ses cheveux d'une main, dévorant sa bouche, je faisais tomber son jean autour de ses chevilles. Edward se contenta t'écarter ma culotte et nos sexes se touchèrent enfin. J'ouvrai les yeux pour le voir, ma respiration était erratique et tout tournait autour de nous. Pendant quelques secondes nous ne bougions plus appréhendant la suite avec délectation. J'aimai sentir son sexe contre le mien, brûlant d'avantage mon entrée. J'en avais presque mal au ventre. Puis doucement, il se frayait un passage en moi nous faisant gémir tous les deux, l'attente ayant été trop longue. Agripper à sa nuque, j'anticipai chacun de ses allers et venues à l'intérieur de moi, les accompagnant avec mon bassin. Jamais je ne lâchais son regard brulant. Malgré tout cette position devint vite inconfortable pour lui qui me soutenait et nous glissions sur le sol.

Je m'allongeai et Edward se plaça au-dessus de moi, remontant mes jambes autour de lui de chaque côté de son corps. Il me pénétrait à nouveau et j'eus toute la liberté de sentir les muscles de son dos se contracter sous l'effort. Nos peaux étaient maintenant recouvertes d'une fine couche de sueur. J'aimais la sensation de ses muscles bandés qui bougeaient en rythme sous mes paumes. J'écartai encore plus les cuisses pour le sentir plus loin encore. Mes mains se posaient sur ses fesses, se contractant régulièrement à chacune de ses avancées en moi. C'était tellement bon et j'avais tellement envie que ce moment de symbiose parfaite ne s'arrête jamais, presque qu'autant que l'envie d'atteindre cette délivrance que je sentais naître au creux de mon ventre.

Quand Edward agrippait le radiateur au-dessus de nous, accélérant le mouvement, mon corps s’arquait contre lui et je rejetais la tête en arrière. Une vague de frisson et de chaleur remonta le long de mon corps et je me mis à bouger d'avantage contre Edward, serrant ses fesses dans mes mains, gémissant sans retenue et il comprit que j'arrivai au terme de mon voyage. Il lâchait prise également pendant que je prenais mon plaisir, arrêtant de contrôler sa frénésie pour me satisfaire et alors que je goutais aux prémices de l'orgasme, Edward accélérait encore, léchant mes seins pointés vers lui, s'occupant de son propre bien être. Se faisant du bien grâce à moi. C'était le plus beau des spectacles. Je lui faisais autant de bien qu'il m'en faisait. Alors que ma propre jouissance se dissipait lentement, je le senti se contracter une dernière fois avant de lâcher le radiateur et de tomber doucement sur mon corps humide et fébrile.

Nous ne bougions plus pendant de longues minutes après ça, et peu importe que nous soyons sur le sol, que j'ai de la peinture dans le dos et que le CD déraillait, tournant en boucle depuis tout à l'heure. La réalité nous rattraperait bien assez tôt.

***
Nous arrivions sacs à dos à l'épaule chez Rosalie et Emmett. L'appartement étant vide, ils avaient proposé de nous héberger cette nuit. De plus, ils habitaient le plus près de l'aéroport ce qui, compte-tenu de notre programme de ce soir, nous permettrai de dormir un peu plus longtemps. Quand je posais mes affaires, et après avoir sauté sur Edward, Zooka vint se frotter contre moi. Je me baissai à son niveau pour le caresser. Nom de Dieu, même ce chien allait me manquer. Alors que je plongeai mon regard dans ses grands yeux noirs, je sentis la nostalgie me gagner et pour ne pas perdre la face, je laissai Bazooka s'échapper.

- Génial, à peine les deux nymphos partis, voilà les deux autres ! S'exclamait Emmett quand j'entrai dans le salon juste derrière Edward.
- Je peux emprunter votre salle de bain ? Demandai-je à Rose alors qu'elle venait juste de frapper Emmett à l'épaule.
- Bien sûr, je vais te sortir une serviette.
- Merci, toutes les nôtres sont déjà dans les valises.
- Elles sont où d'ailleurs ?
- Dans la voiture. Répondit Edward en s'installant sur le canapé.
- T'as fini la peinture ? Demandait son frère.

Edward me lançait alors un regard des plus subjectifs et je me sentais rougir jusqu'à la pointe des cheveux, sachant que ma silhouette était incrustée dans le mur de l'appartement.

- J'ai juste deux ou trois retouches à faire demain matin avant de rendre les clés. Sourit-il en détournant les yeux, me laissant ainsi l'occasion de respirer.
- T'auras le temps ? S'étonna Emmett.
- T'inquiète pas, je gère. Je me lèverai plus tôt.
- Si jamais on se couche. Fit remarquer Rosalie en revenant avec la serviette de toilette qu'elle me tendait.
- Bon on va y aller ? Soufflait Edward à Emmett qui ramassait déjà ses affaires.
- Vous allez où ? Demandai-je surprise.
- C'est un secret. Me répondit simplement Edward en m'embrassant sur la joue, déjà sur le départ.
- Qu'est-ce que vous trafiquez tous les deux ? Demandai-je méfiante.
- C'est pas possible d'être curieuse comme ça ! Enchaînait Emmett alors qu'Edward évitait soigneusement mon regard. Va plutôt te préparer pour la soirée, t'as réussi à te mettre de la peinture sur l'épaule en plus !

J'entendais Edward pouffer de rire dans mon dos et je le maudissais. Les deux frères partaient et je remarquai le sourire en coins de Rosalie.

- Toi tu sais quelque chose !
- Mes lèvres resteront scellées. Dit-elle en minant une fermeture éclair sur sa bouche.
- C'est pas possible, je suis la seule ignorante de l'histoire ?!
- Si tu arrêtais de te torturer l'esprit et que tu allais te préparer. On part dans une petite heure.
- Parce que tu crois qu'il me faut combien de temps pour prendre une douche et enfiler un jean ? Riais-je.
- Ne m'oblige pas à endosser le rôle d'Alice s'il-te-plait, grimaçait Rose, fais un effort, c’est votre dernière soirée à Seattle !
- Je sais. Soupirai-je, ces mots me faisant mal au cœur.

Rose et moi nous regardions avec tristesse et juste comme ça, un silence chargé s'installait entre nous.

- Oh et puis zut ! Lançait-elle en m'attirant contre elle. J'avais promis qu'il n'y aurait pas de débordements émotionnels avant demain mais c'est trop dur !
- Je sais ce que tu veux dire. Soufflais-je en resserrant mes bras autour d'elle.
- Le dit pas à Alice surtout, je l'ai empêché de faire ça toute la matinée.
- Promis. Riais-je, la gorge serrée par l'émotion.
- Vous allez nous manquer.
- Vous aussi. Soupirai-je.
- Allez sauve-toi avant que je ne craque réellement.

Elle me libérait et j'allai dans la salle de bain. Même si j'avais remarqué les yeux embués de mon amie, je ne lui dis rien. Rosalie n'aimait pas que l'on pointe du doigt le fait qu'elle ait un cœur. Pourtant elle avait surement le plus gros de nous tous. C'était mon amie, elle me manquerait.

***

[60. Trading Yesterday – She's the Sunlight]

Le Can-Can était fermé ce soir-là, juste pour nous. Edward et moi entrions les derniers et la première chose qui me frappait était la banderole à l'entrée qui disait, en français « BON VOYAGE, Edward et Bella ». Nos deux noms associés me donnaient encore aujourd'hui des frissons. Combien de fois par le passer j'avais souhaité qu'ils soient associés ? Le destin vous réserve parfois de drôles de surprises. Je soupirai d'aise et me laissai entrainer par Edward qui tenait fermement ma main dans la sienne.

En rentrant de sa petite escapade secrète avec son frère, il avait pris une douche rapide et avait enfilé un jean et une chemise blanche. J'avais dû me résigner à porter la petite robe printanière que Rosalie, sur les conseils d'Alice, avait choisi pour moi. Même si j'avais rechigné à la porter au début, je devais admettre qu'en cette saison, elle était plutôt agréable.

Quand nous atteignons la salle principale, tous les invités étaient réunis au centre et nous applaudissaient façon « jeunes mariés ». Toute cette mise en scène me mettait légèrement mal à l'aise certes, mais c'était amusant de voir combien tout le monde c'était donné du mal pour nous organiser une belle soirée. En détaillant les visages dans cette masse de sourires radieux, je reconnaissais notre famille. Alice, Jasper, Emmett, Rosalie … J'en eu le souffle coupé quand je découvrais les visages radieux d'Esmée et Carlisle Cullen. Je regardai Edward comme pour vérifier si c'était bien ses parents devant nous et son sourire me répondait de lui-même.

- Tu étais au courant ?!

Il ne me répondait pas et me faisait signe de regarder devant moi. Ma première idée fut d'aller saluer Esmée et Carlisle mais, un pas plus tard, je cru avoir une attaque. Tout près d'eux, mes parents, Charlie et Renée côte à côte me fixaient le regard brillant.

- C'est pas vrai… Soufflai-je en sentant une émotion puissante remonter le long de mon ventre.

J'étais incapable de bouger, n'en croyant pas mes yeux. Heureusement pour moi, la patience de ma mère était très limitée et elle vint me serrer contre elle, les joues mouillée par les larmes.

- Maman ! Réussis-je enfin à articuler quand mes bras trouvèrent son dos.

Son odeur, celle de ma mère, cette odeur que l’on n’oublie pas et qui ne change jamais, me submergeait et je sentis une timide larme de joie couler le long de ma joue.

- Ma fille. Pleurnichait ma mère. C'est si bon de te voir ! Lançait-elle en prenant mon visage entre ses mains. Tu as encore maigrie, ça va ? Tu es si pâle, tu sais à Phoenix…

Je la reprenais contre moi en riant, la coupant ainsi dans son élan de panique et sa énième tentative de me ramener en Arizona.

- Je vais bien maman, je vais bien.
- Tu connais ta mère. Fit une voix que je connaissais par cœur juste à côté. Incapable de se tenir.
- Papa ! Lançai-je en me blottissant contre lui.
- Charlie Swan, se défendit Renée, tu n'es pas mal non plus au niveau comportement. Tu n'as pas arrêté de m'enquiquiner tout l'après-midi sur le fait que le temps ne passait pas !
Je riais devant la mine renfrognée de mon père.
- C'est bon de vous voir tous les deux dans la même pièce.
- C'est vrai que ça fait un bail. Soufflait Charlie gêné sous le regard nostalgique de ma mère.
- Phil n'a pas pu se libérer, tu connais son emploi du temps, mais il t'embrasse très fort.
- C'est gentil. Souris-je. Mais qu'est-ce que vous faites là ? Pourquoi ne pas m'avoir prévenu la semaine dernière quand je vous ai annoncé mon départ.
- Et si tu demandais ça au jeune homme derrière toi ? Sourit Charlie.

Me détournant une seconde de mes parents, je regardai Edward qui me prit par les épaules en souriant.

- C'était ton idée ?
- J'ai pensé que tu serrais heureuse de dire au revoir à tes parents, face à face.
- Je ne sais pas quoi dire… Soufflai-je émue.
- Pourquoi pas merci. Edward nous a généreusement offert les billets à ton père et moi.
- Emmett et Jasper sont allé les chercher à l'aéroport tout à l'heure après le garde meuble.
- Moi qui croyait que c'est ce que vous aviez fait avec Emmett toute à l'heure.
- Non, ça c'était pour nous ! Précisait Esmée en arrivant près de son fils. On vient juste d'arriver.
- Esmée.
J'allais la prendre contre moi.
- Je suis si contente que vous soyez tous là.
- On allait pas manquer ça quand même. Lançait Carlisle que je prenais dans mes bras à mon tour.
- C'est bon de vous revoir tous les enfants. Disait Esmée visiblement émue.
Alice approchait pour soutenir sa mère et Esmée posait immédiatement la main sur son ventre rond.
- Ma petite fille. Dit-elle la voix tremblotante.
Les yeux de mon amie se remplirent de larmes.
- Maintenant je sais d'où lui vient son hypersensibilité. Plaisantait Jasper en souriant à Esmée.
- Toi tu ferais mieux de faire attention ou je vais devenir une grand-mère possessive.

Jazz' riait et embrassait sa belle-mère sur la joue. Je me rapprochais Edward, passant ma main dans son dos. Il m'embrassait sur le crâne alors que nous observions nos deux familles faire connaissance.

- Merci. Soufflai-je à Edward qui me souriait simplement. Je t'aime.

Son sourire s'élargit et ses yeux se mirent à briller comme à chaque fois que j'osais lui dire ces mots.

- Tant mieux. Répondit simplement alors que je lui pinçai le bras en signe de représailles.
Son rire chatouilla mes oreilles et il m'embrassait alors que j'essayai de l'éviter.
- Hey ! Hey ! Hey ! Lançait Charlie.

Edward me lâchait immédiatement et laissait une distance dites « respectueuse » entre nous. Mon père s'approcha lentement de lui, les mains sur les hanches en mode « Chef Swan » et le visage presque apeuré d'Edward me donna envie de rire. Je n'en fis rien mais quand Renée me prenait par les épaules avec le même regard que le mien, nous ne pouvions nous empêcher de rire.

- Déjà que tu me l'emmènes au bout du monde, épargne-moi ça.
- Pardon. Répondait Edward penaud.
- D'ailleurs, il est temps qu'on ait une discussion toi et moi fiston.
- Papa ! Le réprimandai-je mal à l'aise.
- Quoi ? Tu m'annonce que tu vas faire le tour du monde avec lui et je ne peux même pas l'asticoter un peu ? Bouda Charlie.

Mon petit-ami me lança un SOS visuel mais son « Tant mieux » résonnait tout à coup dans la tête. Je sentis mes petites cornes de diablesse, propre à toutes les femmes, ressortir et répondis franchement :

- Vas-y fait-toi plaisir papa.
Edward me maudissait et je lui faisais un clin d'œil cruel.
- Mon cher Edward, commençait Charlie en lui tapotant l'épaule de façon condescendante, je vais te dire une chose, tu es peut-être amoureux de ma petite fille mais c'est toujours MA petite-fille, donc si tu me la perd au fin fond du Pérou, je te retrouve et je te fout en prison toi et ta petite tête de séducteur dépressif !

Carlisle qui visiblement avait entendu l'avertissement de mon père arrivait près de
nous en souriant.

- En tout bien tout honneur Docteur Cullen. Précisait Charlie.
- Ne vous inquiétez pas, je comprends tout à fait !
- Ma tête de quoi ? Bredouilla Edward.
- Mouais il n’a pas tort. Rajoutai-je en me moquant d'avantage.

Nos parents se mirent à rire devant Edward complètement dépité et s'éloignèrent en riant le bar que John approvisionnait en continu pour nous ce soir.

- Toi tu vas rester à Seattle ! Me menaçait Edward.
- Oh, sérieusement. Tu ne pourras pas vivre tout ce temps sans moi. Minaudai-je en m'enroulant autour de lui.
- Toi non plus je te signale !

[61/ James Morrisson – Call The Police]

Je riais et me levais sur la pointe de pied pour l'embrasser. Au début, il ne sembla pas contre l'idée mais très vite il cherchait quelque chose du regard.

- Qu'est-ce qui t'arrive ?
- Je cherche ton père, je ne veux pas finir dans un trou pommé à Forks moi !
- T'es bête. Riais-je.
- Tu crois ? Charlie ne plaisantait pas selon moi.
- Embrasse-moi Cullen.
- Tout de suite madame. Sourit-il avant de poser ses lèvres sur les miennes.
- C'est pas vrai ! Fit une voix féminine derrière nous. Vous en êtes encore au stade « on se lèche la poire dès qu'on en a l'occasion », c'est effarant après tout ce temps !
- Julia ! Lança Edward en souriant.
- Désolée, je suis en retard !
- C'est rien. Dit-il en la serrant dans ses bras. C'est bien que tu sois là.
- Ouais, j'ai eu un mal de chien à venir ! La fac, les cours tout ça… Tu vois de quoi je parle ?

Elle se retournait vers moi en me faisant un clin d'œil avant de se retourner vers mon petit-ami.

- Ah non, j'oubliai… T'as tout arrêté sur un coup de tête!
- Houlà ! C'est pas mon soir à moi ! Si vous me cherchez, je suis au bar. Dit-il en s'éloignant.
- Bien joué. Riais-je.
- Oui, je trouve aussi ! Lança fièrement Julia en me saluant plus correctement.
- Merci d'être venue.
- J'allais pas rater ça ! Un an hum …
- Et oui, soupirai-je, ça donne presque le tournis.
- Tu m'étonnes! Mais ne t'inquiète pas, il s'occupera bien de toi. Dit-elle en regardant vers Edward. Je suis contente que tout aille bien pour vous. C'était pas gagné !
- Je ne te le fais pas dire !

Nous nous mettions à rire toutes les deux. Je pouvais maintenant dire que 99% de la rivalité, même rationalisée, que nous ressentions l'une envers l'autre il y a encore pas si longtemps était partie. Le 1% restant étant dû au fait que nous restions des femmes et qu'apparemment, nous avions les mêmes goûts en matière d'homme. Mais Julia était une fille bien. C'était une amie d'Edward que j'avais appris à connaître avec le temps et surtout, qui ne dépassait jamais les limites. Je la respectais beaucoup pour cette capacité à toujours rester à sa place malgré ses anciennes pensées envers Edward. C'est pour ça qu'elle était là ce soir. Partir sans lui dire au revoir aurait été mal. Après tout, sans sa participation, Edward et moi n'en serions certainement pas là aujourd'hui.

- Oh mon dieu, lançait-elle soudainement, c'est qui ce beau mâle qui parle avec Edward?

Je suivais son regard et me retins de rire devant l'ironie de la situation. Décidément, nous avions vraiment les mêmes goûts en matière d'homme.

- Ça, c'est mon … Ex-petit-ami. Riais-je un peu mal à l'aise.
- Oh Bella, bredouillait-elle confuse, je suis désolée, je ne savais pas.
- Hey ! La coupai-je gentiment. Julia respire ! Tout va bien.
- T'es sure? Grimaçait-elle.
- Certaine ! Lui assurai-je. Allez-viens, dis-je en la prenant par le bras, je vais faire les présentations.

Nous nous frayons un chemin à travers nos invités pour rejoindre Edward et Jake au bar. Quand il me voyait, Jacob me prenait directement dans ses bras et je me laissai faire sans aucune gêne. Au contraire, c'était redevenu naturel et j'adorai ça.

- Comment tu vas ?
- Très bien merci. Tu es magnifique. Dit-il en me faisant tourner sur moi-même.
- Merci. Lui souris-je.

Mon regard se posait à nouveau sur Julia qui semblait toute perdue et je la tirai jusqu'à nous.

- Jake, je te présente Julia. Julia, Jacob mon plus vieil ami.
- Enchantée.
- De même, ravie de te rencontrer. Répondit-il naturellement.
Je passai entre eux deux pour retrouver Edward.
- Tu joues les entremetteuses maintenant ? Chuchota-t-il à mon oreille.
- On verra bien ! Dis-je en haussant les épaules. On vous laisse, on va rejoindre les tables, je commence à avoir faim.

« Ouais, ouais … » Nous balançaient-ils vaguement déjà en pleine discussion.

- De quoi tu parlais avec Jake ? Demandai-je curieuse.
- Oh tu sais, dit-il en haussant les épaules, de trucs de mecs.
- Mais encore ?
Il eut un petit sourire indéchiffrable avant de répondre :
- Je pense qu'on vient d'enterrer la hache de guerre.
- Voyez-vous ça. Souris-je. Quelle progression !
- Oh tu sais, entre homme c'est pas si compliqué. Arrose le tout avec un bon Whisky et c'est fini !

Je savais que je n'aurai pas plus de détails sur leur conversation ce soir mais cela m'était égal, je savais rien qu'aux regards qu'ils avaient échangé qu'Edward et Jake avaient fait table rase du passé et sans trop que je ne sache pourquoi, j'en fus soulagée.

Nous arrivions aux tables, où Rosalie, Emmett, Alice et Jasper sirotaient leurs verres en mangeant quelques petits fours. Je passais volontairement du côté des filles pendant qu'Edward allait avec les garçons. Habilement, je parvenais à poser mes petites fesses entre Alice et Rosalie, les prenant toutes les deux par le cou. Sans un mot, je leur faisais à chacune un baiser sur la joue, ce qui eus le don de les faire rire.

- Tu as l'air heureuse. Me souffla Alice à qui je souriais.
- Mais je le suis. Enfin libre.
- Tu auras finis par l'avoir ton grand amour. Ajoutait-elle rêveuse.

Je regardai rapidement vers Edward occupé à rire avec ses frères avant de retrouver les yeux de mon amie, les joues rosies par l'émotion.

- Je crois bien que oui.
- Ne le laisse plus s'échapper ! Me chuchota-t-elle dans un sourire.
- Jamais.

Alors Alice m'embrassait à son tour et passait sa main dans mes cheveux.

- Et reviens-nous d'accord. Boudait-elle.
- Alice, la réprimandai-je, on est là pour passer une bonne soirée.
- Je sais mais… J'y peux rien. Rien qu'à l'idée que je ne vais plus pouvoir vous voir quand je veux, toi ou mon frère, ça me fait mal.
- Je sais Lil'. Répondis-je en ayant de plus en plus de mal à ne pas céder à l'émotion moi aussi. Mais on reviendra toujours. C'était prévu de toute façon, tu ne vas pas te débarrasser de moi comme ça.
- Promis. Sanglota-t-elle en essuyant une larme qui lui avait échappée.
- Promis. Souris-je en sentant mes yeux se remplir également. Et puis, une fois que tu auras pondu ton petit œuf, je veux être là pour lui apprendre les meilleures façons de te mettre en rogne ! Ajoutai-je en laissant mes larmes déborder, sans perdre pourtant le sourire.
- Tu es diabolique ! Lança Alice en se jetant dans mes bras.
- Tu m'as tout appris ma belle.
- Hey ! Moi aussi câlin !
Rosalie resserra également ses bras autour de nous.

Quand [62/ S&M de Rihanna] commençait, nous nous levions toutes les trois pour aller rejoindre la piste de danse. Ça n'était généralement pas mon genre de musique, mais ce soir, porté par la fête, je m'en fichais. Je voulais simplement apprécier ce moment avec mes amies. Très vite Julia se joignait à nous trois et nous dansions comme si nous faisions ça tous les jours et qu'en plus, nous étions doués. MOI Y COMPRIS! Même Alice s'agitait comme elle pouvait avec sa « cargaison abdominale » comme le disait Emmett. Jacob arrivait derrière Julia et dansait contre elle. Au passage il me fit un clin d'œil entendu et je lui rendais ce sourire qui disait « Amuse-toi tu le mérite ».

J'aimais ce semblant de relation amicale qui renaissait entre Jacob et moi. Certes nous ne nous étions pas vu depuis plusieurs semaines et nos premiers échanges avaient été tout sauf cordiaux mais aujourd'hui j'avais vraiment l'impression de retrouver mon meilleur ami. Celui qu'il avait été dans mon enfance, mon adolescence et jusqu'à ce que l'on sorte ensemble. J'avais compris aujourd'hui qu'il n'aurait jamais fallu que l'on soit ensemble de cette façon. J'avais mis en péril ma plus vieille amitié pour des sentiments qui n'étaient pas aussi puissants que je l'avais pensé à une époque. Je pouvais le voir maintenant, le sentir même, je savais ce que cela faisait d'être amoureuse aujourd'hui, réellement amoureuse. Je n'avais jamais été consumé par mes sentiments envers Jake. Même si j'avais de l'amour pour lui, c'était celui d'une amie envers un autre, très important dans ma vie. La présence de Jacob dans ma vie serait toujours essentielle pour moi et j'étais plus que fière d'être parvenue à conserver ce lien.

Le fait que je ne ressente pas la moindre jalousie en le voyant ainsi se tortiller contre Julia, qui ne semblait pas s'en plaindre, était aussi révélateur. En temps normal, après une relation sérieuse avec quelqu'un et même si la relation prend fin, on n'aime pas voir son ex fricoter avec une autre. Cela dit cette fois, je voyais juste mon meilleur ami essayer d'obtenir sa part de bonheur. J'étais ravie pour lui et ainsi, Julia oublierai le petit pourcentage qui la poussait encore vers Edward. Car, je devais l'avouer, le pourcentage ridicule m'inquiétait légèrement et j'étais prête à sortir les griffes pour l'étouffer dans l'œuf. D'une pierre deux coups, comme on dit !

Je souriais à cette idée et face ma réaction, certes naturelle mais plus que cupide et immature. J'imagine qu'en amour, on a tous la capacité intellectuelle d'un enfant de 12 ans qui protège son jouet préféré.

Très vite Emmett rejoignit le mouvement, ainsi qu'Erica l'ancienne collègue d'Edward qui lui manquait à l'appel. Tout en continuant à danser, je le cherchai du regard mais lui et Jasper avaient disparu je ne sais où.

J'observai la grâce avec laquelle bougeait Erica. Edward m'avait dit qu'elle était mère, mais elle n'en portait aucun stigmate. Son corps était parfait et elle se mouvait sur la musique sans difficulté. C'était naturel. Elle avait un corps de danseuse. Maman le jour, serveuse et danseuse la nuit. Magnifique. J'avais vraiment de la chance qu'Edward soit amoureux de moi. Pourquoi? Parfois je me posai encore la question, face à ce genre de femmes, celles avec qui il travaillait, il n'y avait aucune comparaison possible. Elles étaient femmes là où je me cherchais encore, engoncé dans ce corps qui ne faisait pas toujours ce que je lui disais de faire. Heureusement que je n'avais pas fait cette analyse à l'époque où mon petit-ami travaillait encore ici chaque nuit. Je serais devenue folle. Comme si elle avait entendu mes réflexions, Erica vint jusqu'à moi et me sourit sans que nous cessions de danser.

- Tu es magnifique. Me sourit-elle par-dessus la musique. Cette robe te va à ravir.
- Merci. Lui répondit-je rougissante. Toi aussi.
- Arf, je suis loin d'être aussi jeune que toi ma belle ! Des heures et des heures de maquillage ! Tu devrais me voir au réveil en train de préparer les Miel Pop's de mon petit !

J'éclatai de rire avec elle et Erica me montrait quelques mouvements que j'essayai de mettre en pratique comme je pouvais. Les trois autres filles se mirent à imiter les mêmes mouvements qu'Erica et bientôt, Jake et Emmett s'écartèrent pour nous regarder. Nous nous lancions sans nous en rendre compte dans une chorégraphie énergique et à la fois sensuelle au centre de la salle, sous les applaudissements des autres invités. Moi et Alice étions celles qui peinaient le plus mais peu importe, nous nous amusions et personnellement, je ne m'étais jamais senti aussi à l'aise en public, entourée de ma famille et mes amis. Rosalie était franchement douée à ce petit jeu. Emmett la dévorait du regard. Je riais quand je manquais de tomber mais Julia me rattrapait d'une main dans le dos et j'en faisais de même pour soutenir Alice.

Soudain les lumières s'éteignirent et la musique se coupait. Tout le monde se figeait et d'un seul coup, la scène s'éclairait sur cette grande, sexy et magnifique blonde platine en bas-résilles. Je reconnaissais immédiatement la chanteuse phare du bar, Taylor. Celle que j'avais surprise avec Edward le jour où j'étais entrée ici pour la première fois. Ma première réaction avait été de la jugée sur son apparence provocatrice, mais ce soir sur scène elle était tout simplement belle et ultra sexy.

- Bonsoir tout le monde, pour ceux qui ne me connaisse pas je suis Taylor et on m'a demandé de venir ici ce soir pour un événement particulier. En effet, notre petit chouchou de barman, Eddy s'en va !

Tout le monde sifflait quand Edward entrait sur scène avec sa guitare. Il nous lançait un petit sourire gêné devant tant d'attention et en le voyant ainsi sous les projecteurs, je ne pus que me dire à quel point j'avais de la chance qu'il soit à moi. J'avais parfois tendance à oublier quel bel homme il était.

- Avec le staff on s'est dit que c'était juste normal qu'il nous montre l'étendue de ses talents avant qu'il nous quitte.
- Un peu oui ! Criait John en se rapprochant de nous. Vas y le jeune et j'espère que tu manies mieux la guitare que le shaker !
Edward riait et faisait un doigt d'honneur à son ex patron qui le lui rendit en double.
- Ce soir je serai donc accompagnée d'Edward à la guitare et Jasper à la basse.

Alice poussa un cri strident à l'évocation du père de son enfant qui faisait son apparition sur scène.

- Wooa, déjà des fans ! Plaisantait Taylor devant Alice qui se cachait derrière mon dos.

[63/ The Pretty Reckless – Light me Up]

Puis la chanson commençait, les spots bleus se focalisant d'abord sur Taylor jusqu'à ce que le morceau prenne de l'ampleur et qu'Edward à sa gauche, Jasper à sa droite et le batteur apparaissent à nos yeux. La voix cassée et rauque de Taylor allait parfaitement avec son style d'ange noir et aux paroles sulfureuses du morceau. C'était malgré tout une chanson assez calme, plus calme que ce que j'avais pu entendre jusqu'ici de la chanteuse. Mais l'énergie, cette énergie qu'elle portait quand sa voix s'élevait pour servir la chanson était toujours là. Un rapide tour d'horizon m'apprenait que tout le monde était aussi subjugué que moi. Taylor avait vraiment la présence scénique des plus grands. Très vite, tout le monde frappait dans leur main en rythme, entrainés par ses deux musiciens d'un soir. Puis le refrain s'élevait à nouveau. Je prenais un moment pour observer Edward et Jasper dans le fond de la scène, tous deux concentrés sur leur instrument sans pour autant que l'exercice leur paraisse difficile, bien au contraire.

C'était la première fois que je les voyais jouer ensemble et leur amitié, plus que ça, leur lien de sang (même si ça n'était pas réellement le cas) me sautait aux yeux. Ma mère avait toujours dit que ça n'était pas parce qu'on a le même sang que l'on était une famille, il faut gagner ce droit. Jasper avait choisi sa famille il y a bien longtemps et c'était les Cullen. Quand Jasper et Edward jouaient ensemble, quelque chose de fort semblait passer entre eux et ils étaient libres, à leur place. Sans se concerter, ils se trouvaient du regard et souriaient comme s'ils se parlaient sans avoir besoin de mots grâce à la musique. Je réalisai soudainement que je n'étais pas la seule à dire au revoir ce soir, Edward et Jasper en faisaient de même sous nos yeux, à leur façon. Ma gorge se serrait à nouveau comme à peu près toutes les demi-heures depuis le début de cette soirée, mais je souriais. Je savais, tout comme les autres, que ça n'était que des au revoir, pas des adieux. Jamais des adieux.

La fin approchait et l'énergie repartait de plus belle. Toutes les lumières de la salle firent plein feu sur la scène et ils se donnèrent tous à fond une dernière fois. Edward et Jazz' se rapprochèrent de Taylor qui jouait avec eux tour à tour. On aurait dit un groupe, comme s'ils faisaient ça depuis des années. Je n'avais jamais vu Edward autant dans son élément qu'à cet instant. C'était vraiment quelqu'un de talentueux et si seulement il se donnait les moyens d'aller jusqu'au bout des choses sans crainte, rien ne pourrait l'arrêter. J'avais l'impression que tout ce qu'il touchait ce transformait en or, moi y comprise.

- C'était Edward et Jasper ! On les applaudit s'il vous plait ! Nous criait Taylor après avoir embrassé les garçons.

Ils quittèrent la scène sous les applaudissements et fondirent la foule pour nous rejoindre. Une chanson plus populaire s'élevait alors que j'accueillais Edward à bras ouverts.

[64/ Just can't Get enough – Black Eyes Peace]

- C'était Génial ! Lançai-je en retrouvant ses prunelles comblées et encore brillantes d'excitation. Je ne t'avais jamais vu jouer sur scène avant.
- Ne t'y habitue pas ! Sourit-il. C'était exceptionnel.
- Tu as tords, tu as une très belle présence sur scène.
- Ne te fatigue pas Bella, j'essaie de l'en convaincre depuis des années mais il y a pas moyen. M'informait Jasper.
- Oui mais peut-être que j'ai un peu plus de poids que toi. Minaudai-je en me calant contre le torse d'Edward qui levait les yeux au ciel.
- Je suppose que tes méthodes sont différentes, grimaçait Jazz', mais honnêtement je ne veux pas le savoir !
Je me mettais à rire mais très vite, Jasper continuait :
- J'en ai déjà assez vu la fois où je vous ai surpris tous les deux en pleine action. Ajoutait-il en focalisant son regard sur moi pour me mettre encore plus mal à l'aise.

Rouge de honte devant ce souvenir, je le frappai à l'épaule. Edward n'émit pas un bruit mais je savais très bien qu'il se retenait de rire également, aussi il recevait le même traitement.

- Hey ! Mais j'ai rien fait ! Se défendit-il.
- Bah prend ça pour de la prévention ! M'insurgeai-je.
- Aahh Bella la Lunette. Soupirait Jasper.
- Ne m'appelle pas comme ça !
- Ces petites joues roses à la moindre contrariété vont me manquer. Lançait Jasper en me pinçant les joues comme l'aurait fait ma grand-mère.
- Je sais pas comment je dois le prendre. Répondis-je du tac-o-tac.
- Oh... Ronchonnait-il en m'attirant vers lui. Si susceptible !

Je me laissai aller dans les bras de Jasper sans mal et il finissait même par m'arracher un sourire, en chatouillant mes côtes bien sûr. La bonne humeur de Jazz' semblait toujours se répercuter sur tout le monde. On ne pouvait pas prétendre lui faire la tête bien longtemps au final. Je regardai Edward qui nous souriait gentiment, il semblait apprécier le fait que sa famille et nous soyons si proches et ça dès les premiers temps. Alice partageait son sourire en nous voyant moi et Jasper. Edward la prenait dans ses bras en la berçant lentement à son tour, faisant bien attention à son petit ventre rond. Je savais qu'Alice et Edward partageaient quelque chose de particulier et je culpabilisais un peu de devoir les séparer pour partir vivre ce rêve que l'on m'avait offert. Mais ils se retrouveront, nous nous retrouverons tous.

- Bon aller ! Le quart d'heure d'émotion c'est fini ! Lançait Jasper ! J'ai besoin de vous tous.
- C’est-à-dire ? Demandait Rose en nous rejoignant avec Emmett.
- Ed' j'ai besoin de tes performances scéniques une dernière fois ce soir.
- Deux fois en un soir c'est un peu trop.
- Tu pars pendant un an, tu me dois bien ça.
- Il n'a pas tords. Lançait Emmett.
- Toi aussi Emmett. L'informait Jasper.
- C'est ça rêve !
- Tu veux toujours être parrain de mon enfant ? Menaçait Jazz'.
La tête renfrognée d'Emmett changea subitement.
- Ok, on fait quoi ? Lançait-il enthousiaste en claquant dans ses mains.
- Vous allez tous nous rejoindre au fur et à mesure sur scène. Vous aussi les filles. Vous allez vite comprendre ! Viens Ed' !
- Arrête de m'appeler pas comme ça alors !
- Edward Cullen écoute le père de mon enfant et ramène tes fesses sur la scène bon sang !
- Ah les hormones. Soupirait Rosalie en me regardant d'un air entendu.

Jasper remontait sur scène et fit signe à Erica de couper la musique. Edward le suivit de façon plus discrète, ignorant encore ce qu'il allait devoir faire.

- Bonsoir tout le monde, c'est re-moi le plus beau gosse de la Terre !

Tout le monde pouffait de rire devant l'arrogance de ces propos qui ne lui ressemblait vraiment pas, seule Alice nous regardait tous en se demandant encore où était la blague.

- Je sais que nous passons tous une bonne soirée et loin de moi l'idée de gâcher ce moment mais je pense qu'il est temps de faire un peu de philosophie.

Des sifflements s'élevèrent dans la salle et je n'eus même pas à me retourner pour savoir qu'ils provenaient d'Emmett et Rosalie. Pendant que nous écoutions Jazz', Renée et Charlie se rapprochèrent de moi et je leur souriais tour à tour. Mon père passa sa main sur mon épaule et j'entendais ma mère soupirer longuement.

[65/ The Rolling Stone – You Can't always Get what you wan't]

- Je sais, je sais mais je serai bref promis. Sourit Jasper avant de continuer. Vous n'êtes pas sans savoir que dès demain ces deux abrutis transis l'un de l'autre, lança-t-il en nous désignant tour à tour moi et Edward, vont nous abandonner.

Même si Edward était sur l'estrade et que j'étais encore dans la fosse avec les autres, nos visages se fermèrent en même temps sous le poids de la culpabilité.

- Il faut dire les choses comme elles sont, nous souriait notre nouveau bourreau fier de lui. Mais je crois que nous sommes tous assez intelligent ici pour se rendre compte qu'ils partent pour réaliser leurs rêves. Qui leur en voudrait de faire ce que la plupart de nous n'avons pas le courage ni la force de faire?
Tout le monde méditait ces paroles pleines de raisons.
- Certainement pas nous. Ils reviendront, nous le savons et même si dire au revoir fait mal, nous serons toujours là.
Jasper se tournait vers Alice et lui faisait un clin d'œil.
- Et même plus nombreux qu'avant. Sourit-elle pour elle seule.

J'inspirai profondément pour ne pas laisser mes émotions exacerbées prendre le dessus encore une fois.

- Alors pour conclure, je vais vous chanter une chanson des Rolling Stone et si vous vous en sentez le courage, Edward et moi serons ravis de vous inviter à nous rejoindre.

Jasper passait la sangle de sa guitare autour du coup, imité par Edward qui ajustait un second micro devant lui, pour le plus grand plaisir de son mentor scénique.

- Je ne vois pas meilleures chanson pour vous dire au revoir et bon vent les amis.
Lui et Edward échangèrent un regard complice.
- « You can't always get what you wan't », on ne peut pas toujours avoir ce que l'on veut. Traduisit Jazz'. Nous ne voulons pas vous voir partir mais s'il le faut, nous vous soutiendrons. Vous allez nous manquer.

Alors Jasper et Edward commençaient à jouer et interpréter ce classique et pour la première fois, ses paroles prirent tout leur sens. Dans la vie, pour tout POUR il y a un CONTRE. Nous partions vivre notre liberté et mon rêve en laissant les gens que nous aimions derrière nous, pour un temps du moins. A mesure que la chanson progressait, et comme Jasper l'avait anticipé, nous éprouvions tous à notre rythme l'envie d'aller crier cette phrase sur scène avec eux : « You can't always get what you wan't ». Un immense sentiment de nostalgie emplissait le visage de nos parents, amis et collègues qui restèrent en bas pendant que moi, les filles et Emmett montions rejoindre Edward et Jazz'. Nos regards étaient semblables aux leurs. Nous formions un groupe tous les six. Une famille qui c'était construite et renforcée au fil des mois. Un groupe qui avait vécu ses hauts et ses bas. Ce groupe et ces gens que je ne connaissais pas avant, pas vraiment, et qui étaient tout pour moi aujourd'hui. Le groupe était aussi important que mon couple aujourd'hui. Il faisait partie de ce tout qui constituait ma vie à présent . Une vie que j'avais choisie. Une vie … Que j'aimais enfin.

Apprendre à changer de point de vue, évoluer, grandir grâce à de nouvelles rencontres et de nouvelles perspectives, faire table rase de passé. C'était peut-être ça que l'on appelait : la maturité.

Tous enlacés les uns aux autres, entrain de chanter, nous balançant lentement de droite à gauche en rythme, souriant... Tel ce symbole, celui que peu importe les kilomètres qui nous séparaient nous resterions toujours unis.

« You can't always get what you wan't »

Non. Mais on peut toujours essayer de s'en approcher.

Et au final, c'est pour cela que nous existons, nous, pauvres humains.

***

THE END.
[66/ Aqualung – Brigther then Sunshine. (Bonus Vidéo)]


 

Le Voyage de Bella et Edward









Ginie (2010/2011)

Merci.