vendredi 8 octobre 2010

Chapitre II : BUMPER'S Night


Chapitre II

BUMPER'S Night
(La nuit des auto-tamponneuses)

***

A la fin de la journée, le téléphone n’avait toujours pas sonné. Bizarrement, je n’en étais pas surpris. Bella n’avait pas l’air de ce genre de fille, celles qui se jettent sur leurs téléphones en attendant trois sonneries avant de répondre, juste pour donner l’impression qu’elles étaient occupées. Elle n’avait pas l’air non plus du genre de filles qui acceptent d’aller dîner avec de parfaits inconnus, ce qui était mon cas. En réalité, je ne savais pas à quel genre elle appartenait, aucun peut-être.

Sans aller jusqu’à désespérer, je commençais à penser que cette fois mon culot ne paierait pas. Je n’aurais pas dû partir sans avoir de réelle confirmation. Je me rendais compte qu’elle n’avait pas quitté mon esprit depuis la fin de la matinée.

Avant que je puisse lâcher prise, la journée était finie et je m’éveillais dans le métro entrain de jouer tel un automate. Cette violente redescende me fit perdre le fil de la mélodie. Je ne reconnaissais même pas celle que je jouais. Peut-être jouais-je le même morceau depuis des heures, peut-être venais-je simplement de commencer, je n’aurai su le dire.

Toute cette histoire devait prendre fin et j’espérais sincèrement que ce dîner, si toutefois dîner il y avait, allait lever le voile de mystère qui entourait cette fille et qui m’embrumait l’esprit. C’était la première fois qu’une simple rencontre me perturbait autant et je n’aimais pas cette sensation. Cette certitude de ne rien pouvoir contrôler. Il me fallait des réponses, c’était vital. Pourquoi elle ? Et dans quel but ? Connaître son prénom était loin d’être suffisant. Je voulais arrêter de penser à ce soir là, à cet accident, à ma propre stupidité. Je voulais tourner la page et reprendre ma vie là où je l’avais laissée, là où j’avais encore toutes les réponses.

- Une petite mélodie pour une étrangère ?
Je souris avant de lever les yeux vers celle qui se trouvait devant moi.
- Je ne sais pas trop, en général j’ai mes habitués.
- Je suis sûre que tu feras une exception pour moi. Me répondait Alice en s’installant à côté de moi.
Alors je repris la musique.
- Qu’est-ce que tu fais là ?
- J’avais envie de te voir. Je savais où te trouver.
- Les choses n’ont pas vraiment changé depuis ton départ.
- C’est bien, souffla-t-elle mélancolique, c’est rassurant.
Elle posa sa tête sur mon épaule en soupirant.
- Alice, tu es sûre que te ne me caches rien ?
- Pourquoi est-ce que tu me demandes ça ?
- J’en sais rien, tu as l’air … différente.
Alors Alice se relevait d’un bond, retrouvant sa bonne humeur habituelle.
- Ne dis pas n’importe quoi ! Je suis juste un peu fatiguée. Tu comptes rester là longtemps où tu vas te décider à venir avec moi ? !
- Où ça?
- On va rejoindre Emmett et Rosalie.
- D'habitude je joue plus longtemps.
- C'est pas comme-ci une pointeuse t'attendait non plus. Tu peux bien quitter ces quais un peu plus tôt aujourd'hui non?

Je regardai une énième rame passer et le son du métal me retourna l'estomac. Il était 18h30. Même si je savais qu'elle ne descendrait certainement pas de ce métro aujourd'hui, je ne pu m'empêcher d'espérer. Des réponses, c'était tout ce qui importait.

Puis je retrouvais le regard inquisiteur de ma sœur et le ridicule de la situation s'imposait à moi. Alice était là, devant moi, ma sœur était là et j'hésitais à la suivre à cause d'une fille qui ne me rappellerait sûrement jamais.

Elle fit un pas de plus vers moi, les mains sur les hanches, pour scruter mes iris.

- T'es défoncé ou quoi ? Ne me dis pas que toi et Emmett avez recommencé vos bêtises d'adolescents débiles?!
J'éclatais de rire en la prenant par les épaules et nous sortions de la station.
- La dernière fois que j'ai fumé un pétard, j'avais 16 ans Alice.
- Oui je m'en rappelle, tu as vomis sur mes chaussettes ce jour là. Dit-elle encore écœurée.
- Seulement parce que tu prenais toute la place dans la cuvette petite sœur !
- Humm … C'est aussi la première fois que les toilettes me parlaient. Je me devais de les écouter.
- Je suis sûr qu'Emmett a encore cette photo de toi et moi penchés au dessus des toilettes, avec nos deux paires de chaussettes en dehors de la pièce.
- On avait même fini par apporter nos oreillers dans les cabinets.
- Quitte à vomir toute la nuit, autant être bien installé n'est-ce pas?
- Je ne suis pas sûr qu'Emmett était dans le même état que nous ce soir là.
- Non, il a voulu nous donner une bonne leçon surtout.
- Comment cette histoire sordide de vomis a pu se transformer en un souvenir agréable aujourd'hui?
- Parce qu'on est tous nostalgiques de l'époque ou nous vivions encore tous sous le même toit.
- La belle époque. Soupira-t-elle.

Je l'embrassai sur le haut du crâne et nous passions le reste du chemin à nous remémorer d'autres souvenirs d'enfance.

Je reposais lourdement ma petite cuillère dans mon assiette après avoir péniblement finis mon muffin au chocolat et sa crème anglaise. Comme d'habitude, Rosalie avait fait à manger pour quinze personnes. Un rapide coup d'œil sur le côté m'informait qu'Alice était dans le même cas que moi. Elle donnait discrètement les restes de son gâteau à Bazooka, dont grosse tête dépassait de sous la table. La nappe formait un voile sur sa tête noire, ce chien ressemblait à une bonne sœur tout d'un coup.

S'il avait bien deux choses que dame Rosalie ne supportait pas c'était que l'on ne finisse pas son assiette et que l'on nourrisse son chien avec autre chose que des croquettes light. Alice enfreignait ces deux règles en même temps, si Rose s'en apercevait elle serait perdue et à en juger par la mine déconfite de ma sœur, elle le savait. Je cachais péniblement mon sourire mais heureusement pour moi, Emmett était là pour faire diversion.

- Oui, la photo ! Les chaussettes ! S'exclama Emmett dont le bras reposait sur le dossier de Rosalie. Chérie, où est donc passé cette œuvre d'art?
- Elle doit sûrement être dans les cartons en haut. J'ai pas mal de photos en attente de classement.
- Parce que tu fais du classement toi maintenant? S'étonnait ma sœur.
- Qu'est-ce tu crois, depuis le déménagement je suis devenue une vraie petite femme d'intérieur.
- Woa je suis impressionnée !
- Oui, enfin « femme d'intérieur », faut le dire vite ! M'exclamai-je.
- Cullen surveille ton langage. Gronda Rosalie en me pointant du doigt.
- Quoi? Tu connais beaucoup de soit-disant « Desperate Housewives » qui peuvent te changer un carburateur les yeux fermés ?
Emmett, Alice et moi nous retenions de rire devant l'air furax de Rose.
- Ou une qui a une cicatrice sur le genoux gauche parce qu'elle est tombée de moto en essayant de cabrer. Enchaînait mon frère.
- Hey ! J'avais 17 ans ! Et puis tu dis toujours que tu trouves cette cicatrice sexy. Bouda-t-elle.
- J'adore tes genoux mon amour. Roucoula Emmett en déposant un baiser sur les lèvres de sa compagne.
- Oh je vous en pris, s'exclama Alice en se cachant les yeux, un peu de compassion pour les personnes célibataires !
- Oui d'ailleurs, c'est quand que tu te cases toi? Lui lança Rosalie.
- Jamais ! Répliqua Immédiatement Emmett. Les hommes sont tous des mufles.
- Oh, c'est vrai? Tu as pris ta pilule contraceptive ce soir au fait EmmettEUU? Rétorquait Alice que mon frère fusillait du regard.

J'aimais assister à ces moments de détentes. Être ici, après un bon repas entrain de regarder mon frère et ma sœur se chamailler, c'était apaisant.

- Tu ne dis pas grand chose aujourd'hui toi? Me soufflait Rose qui c'était rapprocher de moi.
- Ça va. Lui assurai-je. Je suis fatigué c'est tout.

Elle me lançait un regard suspicieux. Comme par miracle, le bruit de la porte d'entrée se fit entendre et détourna l'attention de Rosalie sur moi. Je n'avais pas plus envie que ça de m'étendre sur le sujet.

- Bonsoir. Je suis en retard je sais.
Jasper venait se joindre à nous, chaleureusement accueillit par Zooka.
- Wooa ! Coucou le chien !
- Comme toujours, l'artiste se fait attendre ! Lâcha Rosalie en croisant les bras, le regard sévère.

Celui-ci me donna un tape sur l'épaule et guise de « bonjour » et se pencha directement vers Rose pour l'embrasser, alors qu'elle feignait toujours la colère.

- Tu m'as gardé du dessert? Lui souffla Jazz.
- Bien sûr gros nul. Marmonna-t-elle.
- Je t'adore !

Malgré tous les efforts que Rosalie faisait pour rester sérieuse, un sourire étira le coin de ses lèvres.

- Maintenant pousse-toi que je m'assoie ! Taquina Jasper qui reçu le poing de Rosalie sur l'épaule.
- Tu faisais quoi de si important ce soir pour que tu rates le dîner et par la même occasion, l'opportunité de passer du temps avec ta vieille amie Alice?
- Je suis confus très chère amie, je devais faire travailler mes cellules grises ce soir. Une disserte. M'indiquait-t-il sans que je lui demande quoi que se soit.
- Parce que tu en as? Répliqua ma sœur. Des cellules grises?
- Certainement plus que toi, tu sais ce qu'on dit des mannequins. Enchaîna Jasper.

Alice lui renvoya un sourire forcé. Coincé entre les deux, je commençais à me sentir vraiment à l'étroit. Je profitais du break que Rosalie m'offrait en apportant son dessert à Jasper, pour sortir de table.

- Tu t'en vas déjà? Me demanda Rose.
- Il commence à être tard. Je travaille demain.
Elle me sourit gentiment.
- Oui et tu n'es pas le seul. Et moi qui doit encore sortir ce maudit chien. Soupira Emmett.
- Hey ! Ne parle pas de mon bébé comme ça toi !
Mon frère levait les mains en l'air.
- Pardon mon ange.
- Et ils n'en ont pas encore de bébé. Souffla Jazz aux oreilles d'Alice qui pouffait de rire.
Maintenant c'était sûr, il fallait que je prenne l'air.
- Je vais le faire si tu veux.
- Tu ferais ça? Me lança Emmett, les yeux plein d'espoir.
- Bien sûr, ça me fera digérer. Merci Rosie, c'était parfait comme toujours. Lui dis-je en l'embrassant sur la joue.
- Tu es gentil. Fais attention à toi en rentrant, envois-moi un message quand tu es chez toi.
- Promis.

Je posais mes mains sur les épaules d'Alice, toujours à table. Elle rejeta la tête en arrière pour pouvoir me voir.

- Je te vois demain.
- Tu finis à quel heure?
- 14h. Tu n'as qu'à venir me chercher au café.
- D'accord, je l'embrassai sur le front, bonne nuit.

Je saluai Emmett et Jasper d'un signe de main. Mon frère me lança la laisse du chien, qui accouru immédiatement vers moi en reconnaissant le bruit des chaînes.

- Tu n'as qu'à laisser le monstre dans le jardin quand vous aurez fini votre balade.
- D'accord. Bonsoir tout le monde !
« Salut!! », « Rentre bien! », « Pas de bêtises ! ».
- Allez Zooka, viens on va promener.

En sortant j'inhalais une grande bouffée d'air frais, prenant le temps de regarder un instant le ciel étoilé. La nuit était claire, chose rare à Seattle. Bazooka me rappelait à l'ordre en tirant sur sa laisse, m'obligeant ainsi à avancer plus vite.

Pendant qu'il faisait ses petites affaires, reniflant les troncs d'arbres ici et là, je laissais mon esprit vagabonder. La rue était calme, pas un bruit, pas une voiture, Rosalie et Emmett vivaient vraiment dans un quartier en or. Je retraçais le cours de ma journée, ce repas m'avait apaisé. N'est-ce pas ce que la famille était censée faire ?

Les vibrations dans la poche de mon jean me firent l'effet d'une décharge, m'arrachant à ma rêverie. Mon téléphone, l'objet de tous mes fantasmes encore quelques heures auparavant, je l'avais presque oublié. Je m'arrêtais pour le sortir de mon jean, le chien tirant toujours sur ma main gauche pour m'inciter à avancer.

« Appel Inconnu », affichait l'écran de mon portable. J'avalai difficilement ma salive. Je mis un moment à analyser ces deux mots : « Appel - Inconnu ». Je pris peur que l'appel soit renvoyé sur ma messagerie. Mon estomac tomba dans mes talons. J'inspirais et répondais en essayant d'avoir l'air décontracté.

- Allo?
- …
- Allo?

Je vérifiais l'écran encore une fois pour être sur d'être en communication. Les secondes défilaient toujours.

- Bonsoir, fit tout doucement une voix au téléphone, j'espère que je ne te dérange pas. Je sais qu'il est tard.
Un sourire apparu sur mon visage.
- Non, tu ne me déranges pas du tout.
- C'est Bella au fait, ajoutait-elle rapidement, tu sais à la cafétéria, à midi.
Je ris intérieurement.
- Oui, j'avais deviné.
- Oh …

Il y eu un léger silence et j'en profitais pour reprendre la marche, vivement encouragé par Bazooka.

- Alors, ce dîner ? C'est bien l'objet de ton appel non?
- Oui, oui je suppose. Bien que je trouve ça légèrement surprenant.
- Comment ça?
- Le fait que tu veuilles dîner avec la fille qui t'as abandonné inconscient sur le bord de la route, c'est pas courant.
- Elle a quand même appelé une ambulance alors …
- C'est pas une excuse.
- Honnêtement je préfère que tu te sois enfuie. J'aurai pris des coups pour rien si jamais ces salauds t'avaient rattrapé après m'avoir mis K.O.
- Si tu le dis, tu es sûre que je ne peux rien faire d'autre pour toi?
- Commence déjà par accepter mon invitation, ça sera un bon début.
Elle hésitait puis finalement :
- Dis-moi où et quand?
- Demain soir, 20h00, au « Bella Italia ». ça ira?
- Au Bella Italia?
Elle rit légèrement.
- Ça ne devrait pas être trop difficile à retenir.
Décidément, ce sourire ne quitterait jamais mes lèvres.
- Tu veux que je passe te chercher en voiture peut-être? Tu vis sur le campus?
- Ça va aller je te remercie, je te rejoindrais là bas. Je sais où il se trouve.
- Bien …
- Oui donc … A demain dans ce cas.

Je mis un instant avant de répondre. J'avais vraiment réussi à la convaincre alors. J'allais la revoir demain, apprendre tout ce que j'avais besoin d'apprendre sur elle et enfin, je passerais à autre chose.

- A demain. Soufflais-je.
Puis elle raccrochait.

Doucement je refermais le clapet de mon téléphone, que je remis dans ma poche, encore à côté de la plaque. Je n'arrivais pas à croire qu'elle avait accepté. Elle devait vraiment se sentir coupable. Peu importe ses motivations, Bella avait accepté et sur le moment, c'était tout ce que m'importais.

- Aller on rentre mon vieux, lançais-je à Zooka, je te ramène à la maison.

J'entrainais le chien dans le sens inverse, lui me suivait tout aussi réjoui qu'à l'aller. La courte conversation téléphonique que je venais d'échanger avec Bella résonnait encore dans mes oreilles. Le son de sa voix était doux, je sentais un profonde pudeur en elle, de la timidité certainement. Elle paraissait s'excuser à chacun des mots qu'elle prononçait.

Je ne compris pas pourquoi, mais j'eus envie de la protéger ...

Je secouais la tête pour chasser ces drôles de sensations de mon esprit et branchait mon Ipod dans l'espoir que la musique me ferait penser à autre chose. Demain serait un autre jour, demain serait sûrement la seule et unique fois où je la reverrais.

***

J'arrivais devant le restaurant avec un quart d'heure d'avance et Dieu seul sait que je m'étais pourtant retenu de partir trop tôt. J'étais nerveux. Je me demandais si je n'avais pas rêvé hier soir, le trop plein de mon ventre m'ayant provoqué des hallucinations. Je me demandais si Bella allait réellement venir. Un vent frais balayait la rue et j'enfonçais mes mains dans mon blouson pour m'en protéger. Encore une nuit étoilée, il y avait quelque chose de bizarre dans l'air de Seattle depuis quelques temps. Où les nuages étaient-ils passés ?

Je faisais les cents pas devant la façade du bâtiment pour me donner une constance. Le groom à l'entrée avait bien tenté de me faire entrer mais j'avais refusé. J'avais peur que si Bella arrivait et qu'elle ne me voyait pas, elle repartirait. Mon habitude me faisait penser à celle d'un adolescent avant son premier rendez-vous, après qu'on lui ait retiré son appareil dentaire. C'était pathétique. J'entretenais une réelle obsession pour cette fille.

Elle n'avait pourtant rien de spécial mis à part son incroyable sourire, la profondeur de son regard, la façon dont ses cheveux entourent délicatement ses joues, la blancheur de sa peau et ce parfum délicieux …. Mon dieu, c'était de pire en pire ! Il était temps que ce repas se termine, que ce mystère se dissipe et que tout redevienne comme avant.

- Salut.

Je me retournais vivement, cette voix m'arrachant à mes pensées. Bella était là, les bras croisés devant elle. Elle portait un jean, une chemise à carreaux, cintrée au niveau de sa taille et pour seul accessoire, un sac en bandoulière sur l'épaule, un sac pratique plutôt qu'à la mode. Ses cheveux étaient relâchés, elle les remettait régulièrement derrière ses oreilles à cause du vent. Je détectais une légère touche de rouge à lèvre couleur pèche sur sa bouche. C'était discret, cela sublimait simplement la forme délicate de ses lèvres.

Bella fronça les sourcils, légèrement déconcertée alors je m'aperçus que je ne l'avais toujours pas salué.

- Bella … M'indiqua-t-elle comme s'il avait été possible que je ne la reconnaisse pas.
- Je sais, souris-je, excuse-moi. Je ne pensais pas que tu viendrais.
- C'est ce qui était convenu non?
- C'est vrai, mais en repensant à tout ça, je trouve ça étrange. Je ne t'en aurais pas tenu rigueur si tu n'étais pas venue.
- Sache que je fais toujours ce que je dis, et puis, la façon dont on s'est rencontré est tellement peu commune que je suppose que c'est dans la continuité des choses non?
- Je suppose oui. Tu es très jolie en tout cas.

Elle fronçait les sourcils, baissant les yeux sur elle un instant, avant de me regarder légèrement incrédule.

- Tu n'es pas obligé de faire ça. M'indiqua-t-elle.
- Faire quoi?
- Les compliments et tout ça, tu m'as déjà sauvé la vie, je pense que ça suffit déjà amplement.

Je ne su comment interpréter ses paroles. Pensait-elle que ce compliment était forcé? Je ne poussais pas plus longtemps la réflexion et lui ouvrais la porte du restaurant. Elle me souriait poliment avant d'entrer à l'intérieur. Immédiatement, la musique diffusée subtilement à l'intérieur nous entourait.

[6/ Sia - Day Too Soon ]

Un serveur nous plaçait et nous tendait les menus, ces maudits menus. J'avais l'impression que Bella se noyait littéralement dedans. Elle semblait mal à l'aise de se retrouver en tête à tête avec moi. Après tout, nous nous connaissions à peine. Il fallait détendre l'atmosphère.

- Il paraît que les raviolis aux champignons sont très bon. Lançai-je en regardant mon menu également.
- Ils sont délicieux. M'indiqua-t-elle.
- Tu es déjà venu ici?
- Pas vraiment ici, mais il y a aussi un autre « Bella Italia » à Port Angeles.
- Tu connais Port Angeles? Demandai-je, surpris.

Enfin elle éloignait son menu de son visage pour me laisser l'occasion de la regarder.

- Oui, j'y retourne régulièrement l'été. Mon père n'habite pas très loin, dans une petite ville.
- Une petite ville? Près de Port Angeles? Répétai-je, amusé.
- Oui pourquoi?
- Ton père habite à Forks?
Elle acquiesçait doucement.
- Mes parents vivent à Forks, lançai-je en souriant, on a peut-être plus de points communs que prévu finalement.

Bella se contenta de baisser les yeux sur son assiette, ce qu'elle faisait à chaque fois que je la mettais mal à l'aise apparemment. J'enchaînais :

- Les Cullen. Peut-être que ton père les connait. C'est une petite ville. Comment s'appelle-t-il ?
- Charlie, Charlie Swan.
« Swan? », vraiment?
- Tu es Isabella Swan? La fille du chef de police ?
- Je suis démasquée apparemment. Sourit-elle.
- C'est dingue. On a été dans le même lycée toi et moi !
Elle détourna les yeux en soupirant. Un serveur vint prendre notre commande.
- Forks High School, ce n'est pas les années les plus glorieuses de ma courte vie !
- Pourquoi ça? Je m'en souviens on t'appelait … Ah comment c'était déjà ... Commençai-je enthousiaste avant de me souvenir du sobriquet en question, Oh …

Je me calais sur le dossier de ma chaise alors qu'elle me regardait avec un certain agacement dans le regard.

- « Bella la Lunette », tu peux le dire. J'ai eu le temps de digérer tout ça depuis tu sais.
- Qu'est-ce qu'on peut être stupide à cet âge là. Je suis désolé.
- Oh, c'est pas grave, tu sais en même temps avec mes lunettes à doubles foyers et mon éternel sweet-shirt à capuche.
- Je m'en souviens, on aurait dit que cette capuche était ta deuxième maison. Plaisantai-je. C'est fou ce que tu as changé !
- Les années passent, les look improbables également. Tu as changé toi aussi.
- Attend une minute, tu m'avais reconnu? Lui demandai-je en me rapprochant de la table.
- Les Cullen étaient la famille la plus populaire du lycée à l'époque. Qui ne les connaissait pas ? Tu suivais toujours ton frère … Attend ça va me revenir … Le Quaterback géant.
- Emmett.
- Voilà Emmett, tu le suivais comme un toutou, tu n'avais aucune personnalité. Tu étais également toujours suivi par une petite brune fofolle qui voulait mordre les nombreuses admiratrices féminines que tu avais.
Je riais.
- Elle c'était Alice, ma sœur jumelle, et je dois dire que la description lui correspond encore plutôt bien.
- Alice … Répéta Bella avec une certaine nostalgie dans le regard. Je ne lui parlais jamais mais je l'aimais bien. Elle avait l'air aussi perchée que moi dans un sens, en plus populaire.
- C'est vrai qu'elle a eu des périodes assez excentriques. Admis-je. Et ensuite, Bella la Lunette a simplement disparue. Tu es passée où en deuxième année?
- Je suis retournée vivre à Phoenix avec ma mère. J'adore Charlie, mais la pluie et le froid … ça m'a suffit une année.
- C'est pour ça que tu étudies à Seattle? Lui fis-je remarquer, un peu surpris.
Elle haussait les épaules.
- Les frais scolaires y sont moins chers qu'à Phoenix et ça me permet d'être plus près de mon père et de Jake.
- Jake?
- Mon copain. Jacob, il vit dans la réserve de La Push. Tu connais les Quilleute?
Mon cerveau c'était arrêté à « copain ».
- Pardon?
- Les Quilleute.
- Ah oui, oui je connais leur clan, de nom.

« Allez, reprend-toi Edward. C'était une chose à prévoir. C'est toi qui a présumé qu'elle était célibataire. »

Nos plats arrivaient et je pouvais ainsi fixer mon regard sur la nourriture, le temps de retrouver mon état normal. Je parlais le plus naturellement possible après le coup que j'avais reçu à l'estomac. J'étais déçu, je n'y pouvais rien.

- Comme ça se fait que tu sortes avec un Quilleute en vivant à Phoenix?

J'avalais difficilement la première bouchée de mon plat. Une fois le nœud dans ma gorge passé, je me détendais un peu. Je n'avais plus vraiment le choix de toute façon et puis, ce n'était pas comme si j'avais vraiment des vues sur Bella. Elle m'intriguait simplement.

- Jake et moi nous connaissons depuis l'enfance, à l'époque où nous faisions encore des combats de boues. Il a d'abord été mon meilleur ami avant d'être mon petit-ami. Quand j'ai déménagé, on est bien sûr resté en contact. Il venait passer tous les étés chez nous à Phoenix et un été … C'est arrivé. C'était il y a 2 ans.
- 2 ans … Répétais-je pensif.
- La distance n'est pas toujours facile à gérer alors je me suis rapprochée.
- Il est étudiant également?
- Non, il travaille dans l'atelier de son père, à la réserve.
- C'est une belle histoire …
- Il paraît oui.
- On a pas tous la chance de sortir avec son meilleur ami.
- J'en sais trop rien. Je ne suis pas du genre à voir tous ces trucs « Romantiques » à l'eau de rose.

Je souriais. Plus elle parlait et plus je l'appréciais. Je n'en revenais toujours pas, nous avions fréquenté le même lycée. Dire que je ne l'avais jamais remarqué avant.

Elle reposait sa fourchette sur le coin de son assiette et me regardait un instant avant de reprendre la parole.

- Passons aux choses sérieuses.
Je la regardais en me préparant à tout. Qu'appelait-elle « choses sérieuses ».
- Comment tu m'as trouvé ce soir là?
- On venait de se croiser dans le métro.
- Oui mais je suis partie après.
- Moi aussi. Répondis-je simplement.
- Donc … Tu m'as suivi?
- Je ne sais pas vraiment. Je suis sorti et j'ai vu ces gars …
Tous mes muscles se contractèrent à l'évocation de ces connards.
- Je savais que tu étais seule alors j'ai marché … et j'ai fini par les trouver, autour de toi. Je n'ai pas réfléchi.
- Tu fais ça souvent? Me demanda-t-elle, légèrement méfiante.
- Si je fais ça souvent? Riais-je. Je ne pense pas que quelqu'un d'autre ici puisse correspondre aux critères.

Bella continua à m'observer en silence, comme si elle cherchait à déceler le mensonge dans mes yeux.

- Et quels sont ces critères?
- Premièrement, il faut que la personne que je secours vienne régulièrement m'écouter jouer.
Elle me sourit et reportant son regard sur son plat.
- Je te vois régulièrement.
- Je passe tous les jours par là pour rentrer sur le campus.
- Je sais.
- Merci en tout cas. Souffla-t-elle doucement.
- C'était normal.
- Pourquoi as-tu voulu me revoir? Ici en plus? Je ne comprend pas.
- Il n'y a rien à comprendre. Je le voulais c'est tout, je voulais juste m'assurer que tout allait bien pour toi. Ça ne m'arrive pas souvent de jouer les héros tu sais.
- Je vais bien.
- J'en suis heureux.
Nous nous sourions quelques secondes avant qu'elle ne détourne les yeux.

En sortant du restaurant, nous nous retrouvions tous les deux face à face, sans vraiment savoir quoi dire, elle comme moi.

- Bien, c'était sympa merci.
- De rien.
- Je vais rentrer.
- Tu veux que je te raccompagne?
- Non merci, ça va aller. J'habite à la cité universitaire, c'est pas loin je vais marcher.
- La dernière fois que tu as marché on sait tous les deux comment ça s'est terminé. Lui fis-je remarquer.
Elle me fusilla du regard.
- Pardon. M'excusai-je en cachant mal le sourire qui étirait le coin de ma bouche.
- Tu crois que je ne peux pas m'occuper de moi toute seule?
- De ce que j'en ai vu, je sais que tu ne peux pas.
- Tu es toujours aussi agaçant?
- Tu refuses toujours l'aide que l'on peut te proposer?
- Tu essais toujours d'avoir le dernier mot pas vrai, Edward Cullen?
- En général oui, je l'admets.
- C'est grossier.
- Disons alors simplement que je prend le même chemin que toi pour rentrer. C'est pas comme si je te raccompagnais.

Bella soupira longuement. Je vis sa mâchoire se contracter sous l'effet de son irritation. Je ne pu m'empêcher de sourire, elle était encore plus adorable quand elle était en colère.

Ensuite, elle me fit signe de la suivre. Au début, elle marcha quelques pas devant moi. Je marchais lentement, les mains dans les poches. De temps en temps, Bella vérifiait si j'étais toujours là, alors je lui faisais mon plus beau sourire et elle soupirait à nouveau. Au bout de quelques minutes je vis un sourire discret se dessiner sur son visage et elle ralentit afin que nous marchions au même niveau elle et moi.

- Tu vois, lui soufflais-je, c'est pas si désagréable.

Elle ne répondit pas, détournant la tête pour cacher son sourire. Sur le chemin la conversation reprit naturellement et j'eus l'occasion d'en apprendre encore un peu plus sur elle.

- Qu'est-ce que tu étudies ?
- Je suis assez indécise. Mon cœur balance entre l'histoire et la psycho. Je prépare deux licences.
- Deux? Déjà que j'ai du mal à finir la mienne.
- Tu es en quoi?
- Littérature. Deuxième année.
- Ça se passe bien?
Je haussais les épaules en souriant.
- Je fais tout pour en tout cas.
- Oui, on en est tous là au final. Rit-elle.
- Parfois je suis obligé de manquer certains cours à cause du boulot, j'essaie de les rattraper mais certains profs ne sont pas très compréhensifs.
- Tu travailles où?
- Au Seattle's Best Coffee. Je suis à mi-temps mais ça me permet de payer ma part du loyer.
- Tu as un appartement?
- En collocation oui.
- Tu vas me dire que le grand Docteur Cullen ne t'envoie pas un peu d'argent de poche pour t'aider ?
- Je ne suis pas du genre à accepter ce genre de faveur. Lui souris-je.
- Pardon, je ne voulais pas insinuer quoi que se soit … S'excusa-t-elle rapidement.
- Je ne le prend pas mal rassure-toi.
- C'est pour ça que tu n'acceptes pas d'argent dans le métro?
- Peut-être un peu. C'est surtout que je n'en ais pas besoin, je préfère qu'ils gardent leurs pièces pour quelqu'un qui en a vraiment besoin. Je joue par plaisir, d'autres jouent pour vivre.
- Et après tu dis ne pas jouer les héros?

Je méditais un instant sa réflexion, sans être vraiment sûr de la comprendre. Mon regard accrochait alors les lumières de la fête foraine devant nous.

- ça te dis?
Elle se retournait pour regarder dans la même direction que moi.
- Quoi, maintenant?
- T'as autre chose de prévu?
Elle hésitait.
- Oh allez Bella, rien de mieux pour bien dormir qu'une bonne partie de pêche aux canards non?
- T'es un gars bizarre, on te l'a déjà dis?
- Dis « Bella la Lunette ». Plaisantai-je.
Bella me donna un coup sur l'épaule que je faisais semblant d'avoir senti.
- Allez viens, que je te mette une raclée au tir à la carabine.
- J'aimerai bien voir ça. Lançai-je alors qu'elle ouvrait la marche.
- Et ne m'appelle plus jamais comme ça. M'ordonnait-elle.
- Promis. Riais-je.

Nous continuions notre balade dans les allées agitées et éblouissantes de la fête foraine de Seattle, située au pied du Space Needle la tour la plus emblématique de la ville.

- Tu y es déjà monté?
- Où?
Je lui montrais la tour à la tête ronde.
- Oh non, ces trucs ne sont pas pour moi, j'ai le vertige.
- C'est vrai? Souris-je. On a pourtant un point de vue incroyable sur la ville tout en haut.
- Je préfère la découvrir d'en bas merci.
- Une peluche pour la petite dame ! 5$ la partie seulement ! Nous interpelait un forain alors que nous passions devant son stand.
- Tu veux jouer? Demandais-je à Bella.
- Tu crois pouvoir y arriver?
Je la regardais comme si elle venait de bafouer mon honneur.
- Une partie. S'il vous plait. Dis-je au forain en lui tendant un billet.
- Voilà monsieur, 5 balles pour 3 vases brisés et le koala est à vous !
- Qu'est-ce qu'on ferait pas pour un Koala en peluche. Soufflai-je à Bella qui riait, juste à côté de moi. Tiens, prend ma veste.
- Que de préparation.
- Chutt, regarde l'expert.
- Je suis en pleine admiration, ça se voit non? Se moqua-t-elle.

Je me concentrai sur le premier vase et lançai une balle dessus.

- Manqué ! Cria le forain. Deuxième essai.

Je retentais ma chance et loupais mon coup à nouveau. Décidément, ces vases auraient ma peau. Je sentais que Bella se retenait de rire à côté.

- Manqué ! Cria-t-il à nouveau.

Je lui lançais un regard, l'air de dire « J'avais pas remarqué !»

- Wooa très impressionnant. Railla Bella.
- C'est la faute des balles, elles sont trop légères.
- Voyez-vous ça. Pousse-toi de là. Fit-elle en passant devant moi.
- Parce que tu crois que tu peux faire mieux avec tes petits bras ?!
- Regarde et apprend. Me dit-elle simplement alors que j'attendais la démonstration.

Bella se saisit de la première balle et tira de toutes ses forces. C'était un tire maladroit. Elle ne prit même pas la peine de viser avant de tirer. Je m'apprêtais déjà à rire avant de voir qu'elle avait brisé plus de vase que nécessaire, en une seule balle.

- Comment t'as fais ça?!
- Casser des trucs c'est un peu ma spécialité en réalité. Je suis une véritable catastrophe.
Je restais sans voix.
- Voilà votre peluche mademoiselle. S'il vous plait, ne venez pas jouer trop souvent sur mon stand. Si tout le monde tirait comme vous, je mettrais la clé sous la porte.
- Merci et ne vous inquiétez pas, je me devais juste d'apprendre la vie à ce jeune homme ici présent.

Nous nous éloignions du stand avec ce Koala qui m'avait valu un castration publique.

- Oh tu vas pas bouder, riais Bella, tiens je t'offre mon koala. Tu l'as bien mérité.
- Ouais je crois bien ! Soufflais-je en acceptant la peluche. Saleté de bestiole.

Bella éclata de rire. J'aimais déjà ce son. La regarder se moquer de moi était un réel plaisir. Elle irradiait de lumière quand elle riait. Son rire était contagieux qui plus est.

- C'est définitivement sans moi pour le tir à la carabine, lançai-je, tu serais capable de tuer quelqu'un.
- Ce sont des carabines à plomb, ça ne peux pas faire bien mal !
- C'est quand même sans moi !
- Trouillard !
- Je sais quoi faire pour retrouver mon honneur.
- Dis-moi.
- Tu as ton permis?
- Je te demande pardon?

[7/ Feels Like Tonight- Daughtry ]

Je lui désignais les auto-tamponneuses derrière nous et d'un haussement de sourcils, je la mettais ainsi au défi.

- T'es pas sérieux? Se méfia-t-elle.
- C'est qui la trouillarde maintenant hum ?

Déjà je prenais de l'avance pour acheter un tour. Bella traina les pieds jusqu'à moi.

- Bonne chance pour me battre à ce jeux là Swan, Emmett et moi détenons le record du monde.
- Et le record de la débilité non ?
- Arrêtes de gagner du temps et choisis ton cheval.

Je sautais dans une voiturette jaune raillée de bleu et elle en prenait une jaune et rouge. La partie allait bientôt débuter. Pour le moment, nous étions côte à côte. Bella n'avait pas l'air franchement rassurée.

- Tu as déjà conduit un de ces engins ?
- Pas vraiment non.
- C'est simple, il suffit de rentrer dans tout ce qui bouge. Vu ton score de tout à l'heure, ça ne devrait pas être trop difficile.
- Tu veux dire que la maladresse est le moteur du jeu?
- On peut dire ça oui. Admis-je.
- Bien … Souffla-t-elle en saisissant le volant de son auto. Accroche-toi bien.
« Madames et messieurs ! Que le carambolage commence ! »
- Je te retourne le compliment.

« Driiiingg !!! », l'alarme sonna le début de la partie et toutes les petites voitures se mirent en mouvement. Pour ma part, mes premières minutes de jeu furent consacrées à l'esquive des gros bourrins qui étaient là pour rentrer dans tout et n'importe qui, seule Bella était mon adversaire ce soir. Un rapide coup d'œil de son côté m'informait que son adversaire à elle était la glissière de sécurité pour le moment. Je souriais et roulais jusqu'à elle.

- Ces pauvres pneus t'ont vraiment énervés apparemment. La taquinai-je.
- Comment fait-on fonctionner cette machine de torture !?
- A droite l'accélérateur, à gauche le frein !

Le temps de finir ma phrase, une auto m'avait emboutie sur le côté et je ne pu que voir Bella s'éloigner à toute vitesse du côté opposé. Elle ne semblait rien contrôler. L'auto-tamponneuse semblait habitée d'une conscience quand Bella pilotait. On aurait dit qu'elle était prise en otage par le bolide. Rajoutez à ça qu'un petit garçon d'une dizaine d'année semblait l'avoir prise pour cible et la pauvre ne savait plus où donner de la tête.

Je m'élançais vers elle en slalomant entre les voitures, ce qui en soit n'était déjà pas facile. Les autres participant étaient de vrais chasseurs ce soir. Je commençais à regretter de l'avoir entrainée là dedans.

Il ne me restait que quelques centimètres pour l'atteindre quand le garçon la percutait à nouveau. Je vis sa nuque tirée vers l'arrière et le visage de Bella se déforma un instant en grimace douloureuse.

- Bella !

Sa voiture glissa à nouveau vers le mur de pneus qui nous entourait. J'allais volontairement me jeter dans le mur pour aller l'aider.

- Bella, ça va? Tu n'as rien? Lui demandai-je, inquiet.

Pendant une seconde elle ne bougea pas, les yeux rivés sur le volant. Pendant une seconde, je ne respirais plus.

- Bella, je suis sincèrement dés...

Alors elle me regardait et je pu constater qu'elle était au bord des larmes, puis très vite elle éclata de rire. On aurait dit le rire d'une petite fille de 5 ans. Elle riait aux larmes. Je ne pu m'empêcher de rire à mon tour, comme je l'ai dit, son rire était contagieux.

- Relax Edward ! Tu verrais ta tête !
- Tu m'as fais peur, tu es vraiment nulle à ce jeu tu sais.
- Peut-être, mais j'apprends vite !

Elle réussissait à décaler sa voiture du mur et s'élançait rapidement à l'autre bout de la piste. Je la suivais en me prenant au jeu de cette petite course poursuite. Régulièrement elle vérifiait derrière elle pour voir à quelle distance je me trouvais. Je devinais qu'elle riait toujours. Je lui laissais volontairement de l'avance, bizarrement avec elle, je n'avais pas la même envie de victoire qu'avec mon frère. La regarder s'amuser était amplement suffisant.

Finalement et juste avant la sonnerie annonçant la fin de la partie, Bella me percutait de plein fouet et m'envoyait valser dans le décor.

« Driiiingg !!! »

Je sortais rapidement de ma voiture et allais aider Bella à s'extirper de la sienne. Je lui tendais la main qu'elle saisissait pour appuyer l'autre sur mon épaule. Je la soulevais légèrement – Elle était légère comme une plume - et quand ses pieds retrouvèrent la terre ferme, nous nous séparions.

- Je n'avais pas ri comme ça depuis des mois ! S'exclama Bella alors que nous regagnions la sortie.
- Comment ça se fait ? Tout le monde devrait rire au moins une fois par jour, c'est bon pour la santé.
- Tu es docteur maintenant?
- Mon père l'est, tu te souviens?
- Oh pardon, c'est vrai, je suis en présence du fils du grand Dr. Carlisle Cullen.
- Et tu connais aussi le prénom de mon père !
- Ton père était mon médecin quand j'étais petite.
- J'ai encore du mal à me faire à l'idée que l'on ait grandi si près l'un de l'autre. Le monde est petit. Réalisai-je.

Le silence s'installa entre nous et quand le bruit synchronisé de nos pas sur le bitume se fit trop présent, je disais la première chose qui me venait à l'esprit. Arrêtant de marcher, je me plaçais devant elle pour lui proposer une dernière alternative pour prolonger cette soirée. Je ne voulais pas qu'elle se termine. Je savais que c'était inévitable et que nous ne nous reverrions certainement plus après ça. Avec un peu de chance, nous nous croiserions sur le campus et nous nous saluerions poliment. Mais pas maintenant, c'était trop tôt.

- Tu veux aller boire une bière? Ou autre chose? Ce que tu veux … Lançai-je rapidement.

Elle me sourit gentiment. Cette proposition était sortie de façon très anarchique. Je me fit l'effet d'un névrosé compulsif.

- Pardon, les auto-tamponneuses m'ont certainement rendu un peu trop enthousiaste.
- Je vois ça …
Nous nous fixions quelques secondes, moi attendant patiemment sa réponse.
- Il se fait tard alors je vais peut-être …
- N'en dis pas plus, la rassurai-je, je te raccompagne.

Nous reprenions notre chemin et je ne pu que constater que la soirée, cette excellente soirée, était belle et bien finie. Je n'éprouvais pas le sentiment de soulagement que j'avais pourtant imaginé depuis que ce rendez-vous avait été programmé. Bien au contraire, cette échéance me rendant anxieux.

Arrivé devant la porte de son dortoir, nous étions tous les deux mal à l'aise. Cette soirée n'était pas un rendez-vous officiel, je lui avais forcé la main pour qu'elle accepte de venir en premiers lieux, mais il avait pris une tournure qui c'était dangereusement rapprochée d'un premier rendez-vous, réussi qui plus est, en tout cas à mon sens. Quelle ironie, combien de fois pouvons-nous nous venter de réussir un premier rendez-vous ? L'une des rares fois où j'aurais pu le faire, ça n'était pas réel.

- Bon, souffla Bella, voilà c'est mon arrêt.
Je me contentais de lui sourire.
- J'ai passé une très bonne soirée.
- Moi aussi. Lui assurai-je. Une excellente soirée.
- Je suis ravie de voir que tu as une personnalité aujourd'hui.
- Je suis ravi de voir que tu es sortie de ta capuche.
Elle me jeta un regard sombre.
- Pardon.
- Tu avais promis.
- Ce n'est pas exactement ça que j'avais promis non, j'ai promis de ne plus t'appeler Bella La …

La paume de sa main atterri directement sur ma bouche pour m'empêcher de parler. Elle était plus fraîche que je l'aurais imaginé, mais toute aussi douce. En tout cas, quand Bella retirait sa main, tout humour en moi s'était envolé.

- Bonne nuit Edward.
- Bonne nuit. Soufflai-je simplement alors que Bella se retournait vers la porte et cherchant ses clés dans son sac.

Tout ce qu'il me restait à faire maintenant, c'était partir. Reprendre ma vie, comme prévu. Je reculais d'un pas, puis de deux, je pivotais sur moi-même et descendais les quelques marches que nous avions gravis ensemble il y a quelques minutes. Les mains dans les poches, je m'éloignais lentement en entendant toujours Bella farfouiller dans son sac, dans mon dos. Je décidais de ne pas me retourner. Ça n'était pas ce qui était prévu …

Un objet brillant par terre attira mon attention cependant.

- Saletés de clés ! Bougonna Bella.
- C'est ça que tu cherches?

Bella sursauta en faisant un grand pas en arrière avant de se retourner vers moi, la main sur le cœur.

- Pardon, je ne voulais pas te surprendre.
- Ne t'en fais pas, ça m'arrive souvent.
Elle se saisit rapidement du trousseau de clés que je lui tendais.
- Tu me les avait pris? M'accusa-t-elle.
- Quoi? Non ! Me défendis-je immédiatement. Elles étaient par terre sur le chemin.
- Oh … Excuse-moi, j'ai encore dû les laisser tomber.
- Encore? Répétai-je, amusé.
- Ça aussi ça m'arrive souvent, m'informait-elle désabusée, merci encore. Décidément, heureusement que tu es là !

Je me contentais de lui sourire alors qu'elle ramassait toutes les affaires qu'elle avait posé sur le perron en cherchant ses clés un peu plus tôt. Ses dernières paroles résonnaient encore en moi.

« - heureusement que tu es là ! », j'aurais aimé pouvoir lui avouer la même chose. Mais ça non plus ça n'était pas prévu …

N'est-ce pas ?

- Tu voudrais bien qu'on se revoit de temps en temps ?

Quand elle relevait les yeux vers moi, je savais qu'elle se méfiait à nouveau. Je savais qu'elle me prenait pour le dragueur en puissance qui veux toujours plus. Je me souvenais également de sa première réponse quand je lui avait proposé ce dîner : « - Un dîner, rien de plus? », je lui avais alors affirmé que se serait le cas. Je me l'étais affirmé à moi même également. Je n'avais pas voulu lui mentir, je n'aurais jamais dû dire ça et je le savais. Elle n'était pas seule, je le savais aussi.

Malgré tout ça, il m'était simplement impossible de la laisser partir maintenant.

- Je sais que ça doit te paraître bizarre, continuai-je, tu dois croire à une pathétique technique d'approche pour te soutirer un autre rendez-vous …
- C'est pas le cas?
Elle était sur la défensive.
- Non. Je t'assure que non. C'est juste que …

Je soupirais en me passant la main sur le visage. Je n'avais jamais rien ressenti d'aussi compliqué, alors l'expliquer objectivement avec des mots …

- Que quoi?
- J'en sais rien. Depuis l'autre soir, depuis l'accident …
Un voile noire passait sur le visage de Bella, qui pâlit d'un coup.
- J'ai vraiment vécu quelque chose de fort ce soir là. C'était peut-être simplement l'adrénaline mais j'ai vraiment ressenti quelque chose d'étrange, j'ai eu peur également. Peur pour toi alors que je ne savais rien de toi, mais peur pour moi aussi. J'ai cru que je ne me relèverai pas. Je ne peux partager ça avec personne d'autre que toi, nous étions seuls. Tu vas peut-être trouver ça flippant mais, pour le moment, quelque chose me ramène à toi et quand tu es là … je … Je …
- Tu arrives à oublier ? Finit-elle.
- Exactement.

J'étais heureux de voir qu'elle comprenait et qu'elle ne me prenait pas pour un pervers.

- J'ai juste besoin de comprendre ce qui m'a poussé vers toi ce soir là, c'est tout.
- Je comprend. Soufflait-elle sans oser me regarder. Je crois que c'est pareil pour moi. Ce soir, ça a rendu toute cette histoire moins surréaliste.
- Plus réel. Ajoutai-je.
- Moins flippant. Finit-elle.
- Alors on se reverra? Demandai-je doucement.
- Je pense que oui.

Un sourire apparu sur mes lèvres. Voilà le soulagement tant attendu, sauf qu'il ne résultait pas de la même chose. C'était tout l'inverse en fait. Il provenait de l'éventualité de la revoir, non pas celle de lui dire au revoir.

- Mais Edward, commença-t-elle, je suis avec Jacob.
- Je sais. Ça n'est pas ce que je cherche. La rassurai-je.
- Je sais. Je voulais juste que ça soit clair pour qu'il n'y ait aucune ambiguïté là dessous.
- Tu as raison, autant partir sur de bonnes bases.
- J'ai du mal à croire à l'amitié homme / femme purement platonique, avoua-t-elle, c'est pour ça que je me méfis un peu.
- Pourtant, d'après ce que tu m'en a dis, ta relation avec Jacob en est le parfait exemple.
- On est ensemble aujourd'hui. La preuve que ça n'a jamais été purement platonique entre nous.
- Nous c'est différent. On se connait à peine. Nous sommes lié par une expérience un peu particulière c'est tout.
Elle hésitait un instant avant de répondre,
- A peine, souffla-t-elle, une fois que l'on aura évacué tout ça de notre système, on pourra reprendre le cours normal de nos vies alors?
- Voilà c'est ça.
- Bien.
- Bien. Répétai-je. Amis?
Je lui tendis la main qu'elle saisit dans la sienne.
- Amis. Conclut Bella.
Je la libérais et reculais de quelques pas.
- Au risque que tu te méfies encore de moi, il me faudrait ton numéro de téléphone. C'est plus pratique pour garder le contact.
Elle réfléchit un instant.
- ça me paraît raisonnable. Sourit-elle.
- Ouf ! Quel soulagement ! Plaisantai-je.
Je me félicitais de la faire rire encore une fois.
- Donne-moi ta main.
- Pourquoi? M'étonnai-je.
- J'ai pas de papier andouille.
Elle sortit un stylo de son sac et m'écrivit son numéro dans la paume de la main.
- Voilà. On est à égalité maintenant.
- Non, moi je sais où tu vis.
- Je suis sûre qu'on aura le temps de remédier à ça bientôt.
- Je pense oui.
- Et puis, ajouta Bella en ouvrant la porte du dortoir, moi je sais où tu travailles. Je te retrouverai Edward Cullen.
- Je ne chercherais pas à m'enfuir, rassure-toi. Souris-je.

Bella m'adressa un dernier sourire avant de rentrer à l'intérieur. Je restai un moment à observer cette porte qui venait de se refermer sur elle. Ce soir avait été une des soirées les plus agréables que j'avais passé depuis très longtemps, hormis celles passées chez mon frère.

Je me sentais bien. Plus léger. Je ne trainais plus cette boule au ventre qui ne m'avait plus lâchée depuis l'accident. C'était une sensation tellement reposante. Enfin un peu de paix et de tranquillité.

Sur le chemin de retour, mon koala sous le bras, je marchais la main ouverte de peur que l'encre ne bave et que les chiffres inscrits sur ma peau ne deviennent illisibles.

Simple précaution.





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Voilà pour le second Chapitre ! J'espère qu'il a été à la hauteur de vos espèrances.

Les prochaines publications se feront le weekend, samedi ou dimanche, pour des raisons de disponibilité. Donc, le chapitre 3 est prévu pour le weekend du 16 oct.

Je tiens également à toutes vous remercier pour l'accueil chaleureux que vous avez fait à Seattle Breakdown dès le premier chapitre.

Merci aussi à celles qui prennent la peine de lire le chapitre sur le blog et qui poste les reviews sur Fanfic.net, ou inversement !

En espèrant que cela continu ...

@ + Ginie.




4 commentaires:

  1. toujours aussi agreable a lire!
    A bientot
    Leausy.

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  2. J'ai lu le premier chapitre. Je voulais attendre demain pour lire le deuxième ... j'ai pas pu résister! Je crois que je deviens accro!
    Continue comme ça! j'adore ta fanfic

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  3. Merci beaucoup ! en espérant que ça continue

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