samedi 23 octobre 2010

Chapitre IV : A Day To Remember



CHAPITRE IV :
A DAY TO REMEMBER

(Une journée Mémorable)

***
POV BELLA


La journée commençait à peine et déjà les minutes s'allongeaient. Ou était-ce cette stupide horloge au dessus de ma tête? Le rythme régulier de la petite aiguille semblait réguler les battements de mon propre cœur. Commencer par un cours de sociologie à 8h00 du matin, un lundi, c'était inhumain, surtout avec un prof qui semblait être la doublure cascade du père Noël. Comme ma joue paraissait lourde sur ma main, je me tordais le poignet mais il m'était impossible de me redresser.

Je n'avais pas fermé l'œil de la nuit. Jacob et moi avions eu une de nos discutions interminables sur le fait que, pour nous, les relations longues distances étaient possibles. Ça nous arrivait de temps à autres de douter et en général, une de ces nuits s'en suivait. Une nuit durant laquelle nous nous disions à quel point nous nous aimions et à quel point nous nous manquions l'un à l'autre. Après ça, rassurés, nous allions nous coucher. Mais la nuit dernière je n'avais pas dormi. Après avoir raccroché, une foule de questions avaient bousculées mon esprit, capturant mon sommeil par la même occasion.

C'était la première fois depuis des mois, que je m'étais plus évertuée à rassurer Jake, que de me rassurer moi-même. Je lui avait dit ce qu'il avait voulu entendre car la vérité était qu'hier soir, je ne ressentais pas le besoin de partager une de ces discussions avec lui. J'étais bien ici à Seattle, j'aimais ma nouvelle vie et mon indépendance. Au contraire de Jacob, je ne m'ennuyais pas. J'aurai voulu lui dire toutes ces choses mais je n'avais trouvé pas ça judicieux de lui balancer ma bonne humeur en plein visage alors que, vraisemblablement, lui n'était pas au mieux de sa forme. J'avais même prétendu être dans le même état que lui et aussi improbable que cela puisse paraître, j'avais assuré mon rôle à merveille.

Je ne lui avais pas non plus parlé de ma petite crise existentielle, de cette impression que j'avais de changer un peu plus chaque jour, ni de ces questions qui m'empêchaient de dormir la nuit. Je changeais, j'en étais consciente, mais malheureusement je ne pouvais partager ce sentiment avec personne, même pas Jacob. Depuis quand ne me sentais-je plus libre de parler de n'importe quoi avec lui? Je n'aurai su le dire mais la preuve était là : Je changeais. La question était : en quoi? Je n'avais pas encore la réponse mais je savais que je voulais plus, je voulais découvrir, apprendre, voir et sentir autre chose … N'est-ce pas ce à quoi servait université après tout?

- L'hypothèse de Henri Lefebvre, qui envisageait en 1970 une urbanisation totale de la planète, se vérifie de plus en plus. En un siècle, le nombre de citadins au niveau planétaire a en effet été multiplié par douze. La moitié de la population mondiale réside dans une ville, soit près de trois milliards de personnes. Les raisons de ces changements? Interrogeait le professeur.
- L'ennui … Soufflai-je en mitraillant cette maudite horloge.
- C'est censé être drôle mademoiselle Swan?
Je me redressai d'un bon sous l'œil réprobateur de mon professeur.
- Je … Non … Humm …
« Réfléchi … Réfléchi ... »
- Si vous développez peut-être comprendrions-nous votre point de vue. A moins que vous n'en ayez aucun d'utile à faire partager à cette classe.

Je grimaçais. Était-ce une insulte à mon intelligence? Lui restait là, à me dévisager avec ses yeux de merlan frit … Incroyable, le père Noël me passait un savon … Je refrénai un sourire en imaginant le tableau.

- Bien continuons. Finit-il par dire en retournant à son cours.

Je soupirai et décidais de me mettre au travail malgré le manque d'intérêt flagrant que j'avais pour ce cours.

- Jolie performance. Souffla quelqu'un à mes côtés.
Je sursautais en découvrant cette personne.
- Edward, qu'est-ce que tu fiches ici ?!!
- Je viens t'enlever.
- Je te demande pardon?! Chuchotai-je.
- Prend tes affaires, on s'en va.
- Humm, je m'éclaircissais la gorge, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, je suis légèrement occupée là.
- Oh si peu … Répondit-il en secouant la tête avec un petit air faussement sérieux.

Je ne pu m'empêcher de sourire. Quand il me regardait ainsi, aussi intensément, c'était comme s'il essayait de me persuader de faire ce qu'il disait sans que je puisse faire quoique se soit pour l'en empêcher, comme s'il m'hypnotisait d'un simple regard. Bien sûr il me sourit juste après, me voyant hésiter à sa proposition et déjà je sentais mes barrières céder. Pourquoi étais-je si sensible à ce genre de détails s'agissant d'Edward? J'étais une adulte maintenant et j'espérai avoir dépassé le stade des hormones en feu à présent. Il faut croire qu'il y avait toujours une exception à la règle, mais pourquoi fallait-il que cette exception se soit personnifié d'une façon si délicieuse.

- C'est un cours important … Tentai-je.
- Oui très, tu le rattraperas. Me lançait-il calmement avec toujours ce même sourire craquant qui aurait bientôt raison de ma volonté, déjà précaire, d'étudier à sociologie.
- Où on va?
- Tu le sauras si tu quittes cet amphi immédiatement.
- Pourquoi je le ferais humm? Sourirai-je en me prenant au jeu.

Et à cet instant, il rapprocha son visage du mien si bien que j'eus un petit mouvement de recul instinctif. Il était si près que ses lèvres paraissaient occuper la moitié de son visage. Je n'avais jamais remarqué jusqu'à présent la ligne parfaite de sa bouche, si fine mais tellement … Délicate …

- Parce qu'Alice attend depuis 5 bonnes minutes maintenant et que si tu ne viens pas avec nous, elle viendra te chercher en personne et je t'assure qu'elle sera beaucoup moins discrète que moi.

Son souffle frais avait balayé mon visage quand il avait parlé... C'est la dernière sensation agréable que j'eus avant d'imaginer Alice débarquer tel un ouragan en plein milieu de mon cours … Je grimaçais et comme s'il avait vu la même chose que moi à travers mes yeux, Edward se mit à rire. Sans plus attendre, je ramassais mes affaires et nous quittions discrètement l'amphithéâtre.

Une fois dehors, je prenais conscience qu'il faisait un temps magnifique dehors, même s'il faisait toujours un peu frais.

- Je ne connais personne dans ce cours, réalisai-je, comment je vais faire pour le rattraper?! Lançais-je en suivant Edward qui marchait d'un pas rapide vers l'entrée du campus.
- J'ai eu le père Noël aussi l'année passée, je te passerai mes notes.
- Toi aussi tu trouves?! M'exclamais-je en protégeant mon visage du soleil.
- Tu plaisantes ! T'as vu sa barbe?!
- C'est exactement ça ! Riais-je.

Après s'être découvert cette passion commune pour ce pauvre prof de sociologie, Edward et moi échangions un regard, celui de deux personnes qui apprennent encore à se connaître et qui se découvrent les points communs les plus improbables du monde. Celui de deux amis en devenir, même si je n'avais plus aucun doute là dessus, tant que nous restions amis et que j'arrivais à faire taire mon cerveau. Chose qui n'était pas si facile quand il me regardait ainsi, avec une telle sincérité dans le regard. Je me sentais en sécurité quand il me couvait ainsi du regard, protégée. Ce regard chaleureux était souvent accompagné d'un petit sourire qui entrainait le mien. Encore une des réactions incontrôlables de mon corps.

Nous nous rendions compte au même moment que nous n'avions plus rien dit depuis de longues secondes et, aussi naturellement que ça, nous nous mettions à rire.

- Et bien je vois qu'on s'amuse bien pendant que d'autres rôtissent au soleil ! Marmonna Alice devant nous. Je t'avais dit qu'elle viendrait. Lança-t-elle fièrement à Edward qui ignorait la remarque de sa sœur.

Alice et Jasper nous attendaient à l'avant d'un cabriolet rouge rutilant devant lequel je restai sans voix. Même si je n'étais pas amatrice de belles voitures, il fallait bien admettre que celle-ci était à couper le souffle.

- A qui vous avez volé cette voiture?
- Rose nous la prête. Montez ! Nous ordonna Alice qui faisait déjà rugir le moteur. Mon dieu, j'adore cette voiture ! S'exclama-t-elle.

Jasper abaissa son siège pour qu'Edward et moi puissions passer derrière. Prévenant, Edward m'avait tendu la main au moment où je me hissais à l'arrière.

- Après je prend le volant. Bouda Jasper qui avait autant envie de conduire le bolide qu'Alice.
- On a dit au 40ème kilomètres !
- 40 kilomètres?! M'exclamai-je.
- Jazz ferme ta portière ! Lui commanda Alice qui fermait automatiquement les portes comme pour m'empêcher de m'enfuir.
Elle s'engageait aussitôt dans la circulation.
- Vous comptez m'emmenez où comme ça ?
- On part en randonnée ma belle ! Lança fièrement Alice.
- Tu rigoles j'espère. J'ai l'endurance d'une cacahuète quand il s'agit de marcher Alice !
- Bella Relax !
Jasper se retournait vers moi pour me sourire.
- Tu vas voir tu vas adorer.
- Oui, fais pas la rabat-joie. Surenchérissait Alice. On a une heure de route, profite de la balade.

Je soupirais en me calant au fond de mon siège quand je remarquai Edward à côté de moi qui se retenait de rire. Je lui donnai un violent coup de coude qui ne fit que déclencher son hilarité.

- Tu veux bien me dire où on va au moins? Mendiai-je.
- Au Northwest Trek Park à 80 kilomètres d'ici, près de Tacoma. C'est une sorte de réserve naturelle dans laquelle on peut se balader, profiter du lac ou voir des bisons.
- T'es sérieux là ?!
- Oh, il y a des lynx aussi... Sourit-il en lisant la méfiance dans mes yeux.
- Moi tout ce que j'y ais vu, se sont ces satanés ratons-laveurs ! Ajoutait Jasper.
- Pardonne Jazz, il a peur des mignons petits ratons ! Se moquait Alice.
- Hey ! Ils ne m'aiment pas non plus ! Se défendit ce dernier.
- C'est un endroit magnifique. Plus jeunes, on n'y allait souvent en famille avec mes parents. Continua Edward.
- Je viens de passer les 3 derniers étés de ma vie à Forks et vous me trainez en forêt?!
Edward se mit à rire.
- Garde l'esprit ouvert jeune citadine, une fois que tu auras vu le parc, tu ne voudras plus jamais repartir.
- Je pense que je viens de trouver la réponse à la question que le prof m'a posée tout à l'heure … Soufflai-je en croisant les bras, regardant les voitures défiler sur la route.

Je prenai un air blasé mais intérieurement je souriais. J'étais heureuse qu'ils m'emmènent avec eux dans ce parc qu'ils aimaient tant. Le simple fait d'entendre le rire amusé d'Edward derrière mon épaule, me donnait envie de sourire à cette journée qui n'avait rien de ce que j'aurais pu imaginer en me levant ce matin. J'allais de surprises en surprises depuis que les Cullen avaient décidé de me sortir de mon train train quotidien et ça n'était pas pour me déplaire.

***

POV EDWARD

Bella paraissait perdue dans ses pensées. Elle regardait les voitures défiler à côté de nous, une main dans ses cheveux, avec ses lunettes de soleil sur le nez. Nous ne parlions pas, bien que j'entende vaguement les voix de Jazz et Alice discutant entre eux à l'avant. A vrai dire en regardant ma voisine de droite, je ne pouvais me concentrer sur rien d'autre que sur les reflets roux et caramel que ses cheveux prenaient quand les rayons de soleil les balayaient. Le vent les secouaient dans tous les sens et Bella repoussait régulièrement les mèches qui lui entravaient le visage. Ce geste, je le décomposait comme s'il était au ralenti. D'abord ses cheveux caressaient ses joues, puis sa bouche, elle levait lentement la main pour s'en saisir et les ramener en arrière. Enfin, sa main retraçait la courbe de son cou.

J'aurai tracé le même parcours si j'avais souhaité l'embrasser...

Quand cette pensée traversait mon esprit, je détournai les yeux. A chaque fois que je me rendais compte des erreurs que je commettais, même si elles n'appartenaient qu'à mon imagination, je ne pouvais m'empêcher d'en ressentir de la culpabilité et une certaine honte. Je ne posais plus les yeux sur elle de tout le voyage...

Je pense m'être assoupi un moment car en reprenant mes esprits, Jasper était au volant et nous arrivions au parc. Déjà Jasper se garait et les filles sortaient de la voiture en s'étirant.

- Tu comptes rester là toute la journée ?! Se moqua Jasper alors que je me décidai à sortir de la voiture.

Mon colocataire me lançait un drôle de regard que je ne soutenais pas, préférant rejoindre Alice et Bella.

- Bienvenue à Northwest Trek Park, nous annonça la femme à l'entrée, profitez-bien de votre journée et rappelez-vous, il est interdit de nourrir les animaux.

Je nous prenais 4 billets. Bella et moi entrions les premiers dans l'enceinte du parc, les deux autres sur nos talons.

- Attend, c'était pas des blagues? S'inquiétait Bella. Il y a vraiment toutes sortes de bestioles ici?!
- Seulement celles qui dévorent les humains ! Plaisantai-je.

Bella me faisait un sourire pincé, les mains enfoncées dans les poches arrières de son jeans. Elle regardait autour d'elle comme si elle s'attendait à ce qu'un bison la charge à tout moment. Je ne pu me retenir d'exploser de rire.

- Profites Bella, ce parc est immense. On aura déjà de la chance si on voit un écureuil !
- Tant que c'est pas un raton-laveur ! Ajoutait Jasper en arrivant entre nous, nous prenant tous les deux par les épaules.
- Il faut que te me racontes cette histoire de raton. Lui dit Bella en essayant de ne pas rire.
- Mouais, hésitait Jasper, un jour peut-être.

Alice et moi, au courant de l'histoire, rions doucement alors que Jasper nous fusillait du regard. Jasper partait quelque pas devant nous en soupirant et je captais le regard qu'échangeaient ma sœur et Bella. Alice lui souffla doucement : « je t'expliquerais tout à l'heure » et Bella acquiesçait discrètement.

- On fait le circuit en tram? Lançait Jasper en se retournant vers notre trio, marchant à reculons.
- Non ! Souffla Alice comme une petite fille boudeuse. Je vais faire le tour à pied moi !
- Oh vous les filles et vos envies de marcher …. Soupira Jasper.
- Elle a raison, on est là pour la journée, autant faire le grand tour. Dis-je en me rangeant du côté de ma sœur. Bella n'a jamais vu le parc en plus.
- Génial ! S'exclamait ma sœur en me prenant par le bras (pour une fois qu'elle ne se rangeait pas du côté de Jasper).
- Comme vous voulez, commença Jasper en haussant les épaules, mais je vous préviens, arrivé au lac, je m'étale par terre et je bouge plus !
- Fais pas le bébé ! Lança ma sœur.
- Oh toi la boudeuse tais-toi.
Alice lui tira la langue.
- Ça te va à toi Bella? M'enquis-je.
- C'est vous les guides, je vous suis. Sourit-elle.

Ma sœur la saisie par le bras de l'autre côté et nous empruntions le sentier de gauche indiqué : « Walking Tour ».

Le parc offrait près de neuf kilomètres de balade à travers la nature où les sentiers pédestres se disputait l'espace avec les cours d'eau qui coulaient tous vers leur point culminant : le lac. La brochure disait que les visiteurs pouvaient y rencontrer des ours, des loups, des loutres ou encore des lynx mais en vérité, tout était si grand que les animaux avaient mieux à faire que de longer les sentiers touristiques. Il y avait beaucoup d'oiseaux que nous n'avions pas l'habitude de croiser en ville, pourtant pas si éloignée que ça. On avait vraiment l'impression d'être dans un autre monde ici.

Bella s'arrêta un instant pour admirer cette prairie entourée de la montagne, ce petit coin de paradis inondé de soleil, jonché de violettes et d'herbe verte. J'arrivais derrière elle et admirait aussi le paysage.

- C'est magnifique. Souffla-t-elle.
- Ça l'est c'est vrai. Répondis-je en posant les yeux sur elle.

Son regard croisa le mien et nous nous sourions. Elle me tendit sa bouteille d'eau et nous rejoignons doucement les deux autres plus en avant.

Un peu plus loin, Bella s'arrêta à nouveau, pivotant sur elle même.

- Tu veux faire une pause. M'enquis-je.
- Tu as entendu?! Dit-elle en regardant dans les buissons, retenant ses cheveux comme pour y voir plus clair.
- Entendu quoi?
Un léger craquement se fit entendre.
- Ça ! Souffla-t-t-elle. C'était quoi?
- C'est rien, c'est sûrement le vent.
- Non, c'est autre chose. J'en suis sur.
Le craquement recommença.
- T'essaies de me faire peur là?! Demandais-je en souriant. Il faut plus que des craquements de bois pour que je ...
- Chuuttt !

Et juste comme ça, alors que je me demandais quel tour elle essayait de me jouer, une petite boule de poils grise et noire avec de petits yeux ronds, sortit des buissons pour s'aventurer sur le sentier. Bella et moi restions sans voix, arrêtant presque de respirer. Je me rapprochais doucement d'elle alors qu'elle mettait un genoux à terre comme pour ne pas effrayer l'animal qui grattait et reniflait le sol à la recherche de nourriture.

- C'est pas croyable, chuchota-t-elle le sourire aux lèvres, il est trop mignon. T'as vu ça.

Automatiquement, je me mettais au même niveau qu'elle pour observer l'animal. Elle s'empara lentement de son sac et en sortit en paquet de biscuits. Je la regardai faire amusé.

- Tu avais tout prévu?
- Quoi ça? C'est mon déjeuner.
- Très équilibré, bravo. La taquinai-je.
- Tais-toi un peu tu veux.

Elle émiettait quelques biscuits et les lançait sur le sol. D'abord effrayé l'animal eu un mouvement de recul puis, la curiosité l'emportant sur la prudence, il commença à manger. Bella regardait ce spectacle telle une petite fille émerveillée devant le raton-laveur. Je ne pu m'empêcher de la trouver adorable.

- Tu sais qu'on a pas le droit de donner à manger aux animaux. Lui rappelai-je.
- Tu vas me dénoncer?
Je me répondais pas, me contentant de lui sourire.
- C'est ce que je pensais. Lança-t-elle fièrement avec un petit sourire.
Lentement elle tendit la main vers le raton qui continuait à s'approcher de nous.
- Fais attention.

Au bout de quelques instants, le raton visiblement habitué à la présence de l'homme, vint lui manger dans la main. Bella en profita pour l'attraper. Le petit raton se débattit légèrement pour s'enfuir mais Bella en avait décidé autrement et l'embarquait rapidement avec elle.

- Qu'est-ce que tu vas faire? Lançai-je en la suivant. Le cacher sous ton lit?!
- Dis pas n'importe quoi Cullen ! Il faut seulement que je trouve Jasper !
J'arrêtais un instant de marcher en découvrant son plan diabolique.
- Oh, tu es forte ! Très forte. Riais-je.

Elle se contenta de me sourire, tenant l'animal à bout de bras pour ne pas se faire griffer et bientôt nous retrouvions les deux autres. Alice fut la première à découvrir l'animal. Elle poussa un petit cri à mi chemin entre la surprise et l'adoration mais je lui faisais signe de se taire, ce qu'elle fit en plaquant ses mains sur sa bouche. Alice avait également compris où Bella voulait en venir quand elle la vit se diriger droit vers Jasper qui observait tranquillement le paysage. Je restais en arrière avec Alice, me retenant tout comme elle de ne pas rire. Fièrement Bella fonçait vers Jasper sans aucune hésitation.

- Hey Jazz ! Lança-t-elle une fois juste derrière lui.
- Hum?

Quand il se retourna pour tomber nez à nez avec le raton, son visage se décomposa et il hurla comme une fillette, déclenchant nos rires sadiques par la même occasion.

- Bon sang! Bella ! Hurla-t-il.

Le pauvre raton réussi à se libérer de l'emprise de Bella et couru se réfugier de l'autre côté alors que Jasper lui, était déjà à cent mètres devant nous, encore sous le choc.

- C'est malin, tu lui as fait peur ! Constata Bella.
- C'est moi qui lui ais fait peur à ta bestiole de l'enfer !!?
- Ma quoi? Riait Bella.
- Oh Jazz' ça va? Demanda Alice soucieuse, riant toujours.
- Oh non, ça ne marchera pas la petite voix compatissante miss Cullen, je sais que tu marches avec elle ! Fit-il en désignant méchamment Bella.
- Pardon Jasper ! S'excusa Bella, plus pour la forme que pour autre chose.
- Essaies sans rire aux larmes la prochaine fois que tu fais des excuses à quelqu'un ça sera plus convainquant peut-être ! Rétorqua celui-ci. Je m'en vais bande de traitres !

Jasper partit loin devant nous, sans pour autant que ça ne nous donne envie d'arrêter de rire, bien au contraire.

- Oh allez pardon, cria Bella en le suivant, raconte moi l'histoire du raton aller !
- Tu peux toujours courir !
- Oh allez Jasper, s'il-te-plait !!

Alice et moi nous regardions d'un air entendu. Je passais mon bras autour de ses épaules et nous les rejoignions à notre rythme. Bizarrement au bout de quelques mètres, nous n'entendions plus ni les jurons de Jasper, ni les supplications de Bella. Les deux venaient de disparaître derrière une rangée de sapins. Quand ma sœur et moi réussissions à nous frayer un chemin au travers, nous restions scotchés devant la beauté que nous avions devant nous : Le lac.

- Les amis, lança Jasper en prenant Bella par les épaules, bienvenue au paradis.

[11/ The Cranberries – Dreams ]

Et ça l'était ...

Alice partit devant pour rejoindre les deux autres qui s'aventuraient déjà sur la pelouse verte spécialement aménagé devant le lac. Des dizaines de personnes profitaient déjà du soleil, étalant leurs serviettes au bord de l'eau. Les enfants jouaient au ballon, les chiens courraient après le bâton que leur maitre leur avait lancé, tout avait l'air si paisible ici.

L'eau reflétait la couleur des montagnes devant nous, le soleil était au zénith jouant sur la vaguelette, même si la température ne dépassait pas les 20° dehors, tout le monde aurait été tenté de s'y baigner.

J'allais les rejoindre pour pic-niquer, évidement Alice avait tout prévu : Couverture, sandwichs, bouteilles d'eau fraiches et soda. Je ne l'avais même pas vu transporter tout ça. Je m'asseyais à côté de Bella qui discutait déjà avec ma sœur en dégustant son sandwich végétarien. Comment diable Alice savait ça? Même moi je ne savais pas que Bella était végétarienne ! Je commençais à comprendre que le plan « Amies pour la vie » avait bel et bien démarrer et j'essayai de ne pas trop penser que, comme toujours, Alice avait toujours une longueur d'avance sur moi.

« Arrête ta jalousie … C'est ta sœur ... »

Après avoir manger, Jasper et moi faisions une partie de frisbee dans l'herbe pendant que ces dames digéraient tranquillement au soleil. C'était une journée idéale, parfaite même. J'espérai secrètement qu'elle plaise à Bella.

***
POV BELLA

Qui aurait cru qu'à l'approche du mois de décembre le soleil puisse vous réchauffer à ce point. Ça n'était ni étouffant ni trop brulant, ça faisait simplement du bien. C'était dans ces moments là que je me rendais compte que parfois, la chaleur de Phoenix avait du bon.

- Arf, j'ai trop mangé ! Se plaignit Alice allongée à côté de moi.
- Tu plaisantes? Tu n'as même pas fini ton sandwich.
- J'ai plus l'habitude de manger le midi...
- Oh, j'oubliais …. Tu es mannequin …
- C'est ce qu'on dit. Souffla lascivement Alice.

Je fronçais les sourcils, surprise de sa réponse sans pour autant savoir si j'étais en droit de poser plus de questions.

- Alors, je vais avoir le droit de connaître la fameuse histoire du raton-laveur ou pas?
Alice rit, nostalgique, revivant certainement l'histoire à travers ses paupières closes.
- Ça s'est passé il y a longtemps, quand on était gamin. Nous étions tous les trois en camp de vacances un été, « le Raccoons ». C'était un endroit en pleine nature un peu comme ici, où il y avait des élevages de ratons. La région en était infestée. Le principe du camp était de nous responsabiliser en nous chargeant de s'occuper des animaux à tour de rôle, selon les groupes.
Elle secoua légèrement la tête en souriant d'avantage.
- Edward et moi étions de vraies têtes de mules à cette époque et toutes les occasions étaient bonnes pour faire souffrir ce pauvre Jasper. Il était tout timide à l'époque et il avait beaucoup de mal à se retrouver avec des gens qu'il ne connaissait pas.
- J'ai du mal à l'imaginer comme ça. M'étonnai-je.
- Il n'a pas eu une enfance très facile tu sais. Il n'y pas eu la chance de grandir dans une famille comme la nôtre, même s'il était à maison dès que possible. Il s'est bien rattrapé cela-dit. Riait-elle.

Je méditais un instant ces nouvelles informations et Alice en profitait pour continuer son histoire.

- Un soir, Edward et moi avions voulu piégé Jasper dans son sommeil. On s'était rejoint après le couvre-feu pour capturer trois ratons dans les enclos et nous les avions mis dans le lit de Jasper qui ne s'est même pas réveillé. Le lendemain matin, quand il a levé les couvertures, il a découvert les ratons-laveurs, deux d'entre eux en tout cas – on a jamais su où était partit le troisième - enroulés autour de ses jambes entrain de faire leur petites affaires, si tu vois ce que je veux dire …
Nous partions d'un rire franc toutes les deux.
- Depuis ce jour, Jasper déteste les ratons, il dit que se sont les animaux les plus pervers du monde !
- C'est horrible cette histoire, riais-je, qu'est-ce qu'il a dit quand il a découvert que c'était vous?
- Oh, ça il ne le sait pas !
- Quoi?!
- Et tu es tenue au secret Mademoiselle Swan ! S'il apprend ça, il va m'en vouloir à mort !
- Et ça serait un gros problème pour toi humm? Lançai-je subtilement.
- Qu'est-ce que tu veux dire?
- Bah, je haussais les épaules, toi et Jasper vous êtes … Tu sais, proches.
Je plaçais un sourire plein de sous-entendus qu'Alice ignora complètement.

- Hey, ça te dirai de marcher un peu, me demanda-t-elle en se remettant sur ses pieds, ça nous fera digérer.
- Si tu veux.
Je regardais vers Edward et Jasper.
- Oh, ne t'inquiètes pas pour eux, ils sont trop absorbés par leur match pour se rendre compte que nous ne sommes plus là.

C'est ainsi que nous partions marcher elle et moi autour du lac, à l'abri des arbres. Je prenais conscience que c'était la première fois qu'Alice et moi étions seules. Je ne la connaissais pas depuis très longtemps, mais elle faisait partie de ces gens avec qui vous êtes toujours à l'aise. C'était rassurant d'une certaine façon. Malgré tout, je ne pouvais me sortir sa remarque de tout à l'heure de l'esprit.

- Alice?
- Hum? Souffla-t-elle avec un sourire chaleureux.
- Peut-être que je me mêle un peu de ce qui ne me regarde pas mais, j'ai pas vraiment l'impression que tu t'épanouisses dans ton travail.

Elle perdait immédiatement son sourire. C'était la première fois que je voyais Alice … Ne pas sourire.

- Peut-être que je me trompe ! Ajoutai-je rapidement comme une excuse. Désolée, ça ne me regarde pas.
- Non, non ne t'excuse pas.
Elle soupirait en regardant droit devant elle, tout en continuant à marcher.
- Si tu as cette impression c'est que je ne suis pas exactement certaine d'avoir encore un travail.
Je m'arrêtais de marcher.
- Comment ça?

Elle alla s'assoir sur une pierre à l'ombre des feuilles et je l'accompagnais, attendant qu'elle s'explique, si toutefois elle comptait le faire.

- Tu sais Bella, le monde du mannequinat est bien moins glamour que tout ce que j'avais pu imaginer. Les palettes et les flashs … Tout ça, disons que ce n'est que la partie émergée de l'iceberg.
- Et la partie immergée? Demandai-je timidement.
Alice hésita quelques secondes.
- Elle n'est pas jolie à voir. Souffla-t-elle en levant les yeux vers moi.

Elle avait l'air si triste sur l'instant que j'aurai voulu la prendre dans mes bras, mais je n'en fit rien. Son regard scruta de nouveau l'horizon et elle continua :

- J'étais tellement heureuse au début d'avoir décroché ce contrat, se souvint-elle rêveuse, j'ai toujours été une accroc de la mode tu sais.
- J'avais deviné. Soufflai-je en souriant légèrement, me souvenant de celle que j'avais croisé à l'époque du lycée.
- Alors quand ils sont venus me chercher après le lycée, c'était un rêve qui devenait réalité. J'avais 18 ans, j'étais naïve … Ils m'avaient promis tant de choses. La fortune, la célébrité, les magazines et tout ça en un claquement de doigts.
- Et ça n'était pas le cas, n'est-ce pas?
- Oh si, c'était vrai …
- Alors, qu'est-ce que …
- Il y a toujours un revers à la médailles, je suppose. J'ai découvert un monde tellement chaotique également. Un monde où la dictature des calories est la reine. J'avais sans arrêt des remarques sur mon poids, comme quoi j'étais trop ronde.
- Trop ronde?! M'exclamai-je. Excuse-moi Alice mais tu es loin de l'être.
- Je sais ça. Maintenant en tout cas, mais à l'époque … Je voyais toutes ces filles autour de moi, qui avaient eu exactement la même chance et qui faisait tout pour la garder. Elles ne semblaient pas souffrir de tout ça. Je faisais des régimes à répétition, je ne mangeais plus que de la salade et je buvais trois litres d'eau citronnée par jour parce qu'un médecin de l'agence m'avait dit que ça brulait les colories plus vite.

Il y avait un certain dégoût dans sa voix quand elle parlait des personnes de cette agence.

- Je maigrissais, mais pour eux, ça n'était jamais assez. A la fin, je passais des journées entières sans rien avaler et évidement, il m'arrivait de m'évanouir. Personne ne s'en inquiétait bien sûr, quoi de plus normal dans une agence de mannequins, ça arrivait sans arrêt. Un verre d'eau, un peu plus d'air frais sur le shooting et on retournait au travail.

Au fur et à mesure de son histoire, une boule me serrait la gorge. Je n'imaginais pas Alice, celle que je connaissais aujourd'hui, ayant accepté tout ça. Elle était si forte … Du moins, en apparence … Elle faisait preuve d'un tel détachement en me racontant tout ça.

- Un jour en pleine séance d'essayages, j'ai fondu en larmes, continuait-elle avec un sourire presque nostalgique. Quoique je fasse, je n'étais jamais au niveau. C'est là qu'elle m'a trouvé, Thérésa. Elle était dans le métier depuis bien plus longtemps que moi et comparée aux autres, elle paraissait... humaine je pense que c'est le mot approprié …
Alice prit un instant avant de continuer.
- Alors je lui ai tout raconté, elle m'a écouté et m'a réconforté. On est devenue amies. Je lui ai demandé conseil. Je voulais connaître son secret pour être si mince et, qui plus est, en bonne santé. C'était mon modèle, cette fille avait toujours la pêche, elle n'était jamais à cours d'énergie, une vraie pile électrique.
- C'est l'effet que tu me fais souvent. Soufflai-je avec un petit sourire.
Alice me sourit tristement et poursuivit.
- Elle m'a donné la recette de son bonheur, ses pilules miracles qui, selon elle, coupaient la faim et qui brûlaient les calories en même temps. D'après elle on pouvait passer deux jours sans manger, sans que cela ne pose aucun problème.
Au début j'ai refusé de la prendre mais voyant que je n'y arrivais pas, j'ai fini par accepter.
- Et qu'est-ce qui s'est passé ensuite?
- Ensuite tout était parfait ! Souriait-elle, complètement perdue dans ses pensées. Je n'avais plus de problèmes avec la nourriture, les contrats pleuvaient, je me sentais bien, en forme et pleine d'énergie, tout à l'image de Thérésa. On a fait le tour du monde toutes les deux, C'était parfait, la carrière que j'avais toujours voulu … Mon rêve grâce à de petites gélules. Que demander de plus?
- C'était quoi ces gélules? Demandai-je inquiète.
- Un dérivé moins agressif d'amphétamines.
- De la drogue?!
- En gros oui.
- Comment tu t'en es rendue compte?

Alice s'arrêta de parler. Je voyais sa mâchoire se contracter comme si elle retenait quelque chose de douloureux à l'intérieur d'elle-même. J'avalai doucement ma salive, contractant automatiquement mes muscles, comme si je savais que la fin de l'histoire allait être tragique.

- Deux ans après avoir commencé à en prendre régulièrement. Je suis rentrée chez Thérésa, elle m'hébergeait à ce moment là, même si j'avais déjà les moyens d'acheter n'importe quelle villa prisée dans les hauteurs de la ville. Nous étions inséparables. La police était là...

Je vis son petit poing délicat se refermer sur son jean, traduisant la peine qu'elle avait. Machinalement, je me rapprochai d'elle alors qu'elle continuait son récit :

- Au début, ils m'ont empêché d'entrer mais un des directeurs de l'agence qui était là m'a reconnu et je suis entrée. Thérésa venait de faire une overdose. Il s'est avéré qu'elle prenait ce poison depuis bien plus longtemps et en plus grosse quantité que ce que je pensais. Ma seule véritable amie là bas venait de mourir.
- Alice, soufflai-je tremblante, c'est …
- C'était la réalité de Hollywood, me coupa-t-elle sévèrement, je me suis effondrée. Le directeur m'a remise sur pied en me priant sans ménagement de retourner travailler. Je venais d'obtenir les contrats de Thérésa.

Elle me regardait dans les yeux et je pouvais y lire toute la colère qu'elle ressentait. Elle en tremblait encore.

- Tu te rends compte? J'ai obtenu une promotion sur le dos de mon amie décédée... Je me suis faite horreur … J'ai refusé de continuer mais j'avais signé un contrat. Dans le business, un contrat c'est l'équivalent de ta propre vie. Si tu le casses, tu es finie. Toujours est-il qu'après la mort de Thérésa, j'étais physiquement incapable de travailler. Je pleurais tout le temps, j'avais même du mal à me lever le matin.
- C'est normal, la rassurai-je, qui n'aurait pas réagi ainsi?
- Eux. Ils m'ont faite interner dans un hôpital pendant un mois pour dépression nerveuse.
- Pardon? Mais, ils n'ont pas le droit de t'obliger à …
- Ils ne m'ont pas obligé Bella,me coupa-t-elle gentiment, j'étais d'accord. Je devais me reposer, j'étais à bout de force et ça m'a aussi permis de me sevrer de cette pourriture de cachets.
Je restais sans voix devant le courage dont elle avait fait preuve.
- Et ensuite?
- J'étais perdue et j'avais trop honte pour retourner chez mes parents, alors je suis retourné travailler. Mais après Thérésa, tout ce que je voyais autour de moi c'était la mort. Je voyais ces adolescentes d'à peine 15 ans qui se nourrissaient à la cocaïne et ses dirigeants que se faisaient de l'argent sur leurs vies … Alors il y a quelques semaines, je me suis enfuie. J'ai tout plaqué et je suis arrivée à Seattle.

Un grand silence s'installa autour de nous ensuite, j'avais l'impression que même les oiseaux avaient arrêté de chanter. Alice essuya rapidement la larme qui coulait sur sa joue. J'étais tétanisée. Nous ne bougions plus, regardant fixement le lac. C'est tout naturellement que je pris la main d'Alice, posée sur son genoux, dans la mienne. Elle la serra fort et je lui rendais la même étreinte. Elle venait de partager un de ses plus lourds secrets avec moi sans trop que je sache pourquoi elle m'avait choisie. A cet instant, elle et moi étions liées, j'avais de l'empathie pour Alice et l'horreur qu'elle avait dû vivre.

- Hey ! Vous êtes là ! Lança Jasper en arrivant au loin accompagné d'Edward.
- Ne dis rien à Edward d'accord. Me chuchota Alice en m'embrassant sur la joue avant de rejoindre les garçons.
- C'est pas possible ! On vous laisse 5 petites minutes et vous êtes perdus ! S'exclama Alice qui avait retrouvé sa bonne humeur habituelle.

Comment faisait-elle ça? Avait-elle un bouton sur lequel appuyer pour passer, en un éclair, d'un extrême à l'autre? Moi j'étais encore complètement retournée. Je me levais à mon tour quand Edward venait jusqu'à moi.

- ça va? Me demanda-t-il légèrement suspicieux en voyant ma tête.
- Oui, bien sûr. Pourquoi?
- Qu'est-ce que ma sœur a bien pu te raconter de honteux sur moi pour que tu fasses cette tête ?! Plaisanta-t-il.
- Rien du tout, rassure-toi, on discutait entre filles c'est tout.
- N'en dis pas plus, ça ne me regarde pas. Sourit-il.

Je devais admettre que sa bonne humeur me réconfortait un peu. Alice elle semblait déjà avoir tout évacué de son organisme. Elle riait avec Jasper, juste devant nous. Son histoire planait encore autour de moi comme les restes d'un cauchemar qui m'aurait réveillé en sursaut.

- Dis, si tu n'en as pas marre du clan Cullen, on va manger chez Rosalie et Emmett ce soir. Tu es invitée si tu le souhaites.
- Oh je sais pas, vous êtes tous en famille, je ne voudrais pas m'imposer.
- Ne dis pas n'importe quoi, lança Alice en revenant vers nous, tu fais partie de la bande maintenant. Viens.
J'hésitais encore.
- J'insiste. Dit-elle en me prenant par la main, la serrant dans la sienne.
Son regard fixé dans le mien ne me laissait pas d'autre choix.
- Bien d'accord. Souriais-je.
- Parfait. Répondit Edward.

***
POV EDWARD

Le soir venu, après le diner, j'étais de corvée de vaisselle. Nous venions de passer une superbe journée tous ensemble et au retour, Bella s'était endormie sur mon épaule. Son parfum m'avait chatouillé les narines tout le long du trajet et pour faire simple, cette fragrance me mettait dans tout mes états. J'avais de plus en plus de mal à stopper mon esprit quand il s'agissait de Bella et il fallait bien admettre maintenant que j'éprouvais une certaines attirance envers elle. Attirance que je me gardais bien de divulguer à qui que se soit. C'était mon obsession personnelle et passagère que je m'efforçais de contrôler au mieux. Avec un peu de persévérance, je comptais bien la faire disparaître.

- Alors ça frotte?

Rosalie vint se placer dos au plan de travail, un verre de vin rouge à la main, pendant que je finissais ma corvée.

- Comme tu peux le voir.
- Depuis quand tu craques sur Bella?
L'assiette que j'étais entrain de laver faillit me glisser des mains.
- Quoi? Qu'est-ce que tu racontes?
- Bah voyons …
- Je t'assure Rosalie, Bella et moi nous sommes juste amis et ça restera comme ça.
- Par la force des choses oui...
- Qu'est-ce que tu veux dire?
Elle buvait une gorgée avant de continuer.
- Elle ne parle pas souvent de son copain … Jacob c'est ça?
- Arrête Rose, soufflai-je, je sais où tu veux en venir mais c'est pas la peine.
- Hum hum.
- Je t'assure, je prenais un chiffon pour m'essuyer les mains. Elle est heureuse dans son couple, tant mieux pour elle, ça me va ! J'en suis heureux.

Rosalie eu un petit rictus disant « C'est ça, prend moi pour une débile », mais elle n'ajouta rien cependant. Elle finit son verre d'une traite et me le posa dans l'évier avec un petit sourire.

- T'en a oublié un.
Elle me fit un clin d'œil avant de quitter la pièce.
- Sympa … Très sympa … Soupirai-je en la fusillant du regard.
Je me retournais en soupirant vers l'évier.
- T'aurai au moins pu rincer ton verre avant de me le poser dans l'évier !
- Oh pardon, je suis désolée.

Je faisais volte-face en reconnaissant la voix de Bella dans mon dos. Elle faisait déjà demi-tour.

- Non non, c'est pas à toi que je disais ça. Reviens, je t'en prie. Dis-je poliment.
- T'es sûr? Parce que je peux quand même le rincer. Dit-elle avec un petit sourire moqueur.
- Donne moi ça ! Répondis-je en le prenant le verre des mains, encore embarrassé qu'elle m'ait surpris entrain de râler.

Je commençai à nettoyer son verre et Bella s'adossait au plan de travail à côté de moi. Pendant un moment nous ne disions rien et j'en profitais pour l'observer du coin de l'œil.

- Ça va? Tu passes une bonne soirée?
- Oui, je suis juste un peu fatiguée. Tu sais avec la balade et le reste.
- Le reste.
Je m'essuyais à nouveau les mains.
- Je suis restée une bonne partie de la nuit au téléphone avec Jake alors …

Elle finissait sa phrase en haussant les épaules comme si elle était mal à l'aise d'aborder le sujet avec moi. Pour faire disparaître cette impression, je me forçais à demander plus de détails.

- Dispute?
- Non, pas du tout. Il avait juste besoin de m'entendre. Ça lui a fait du bien.
- Pas à toi?
- Pourquoi tu dis ça?
- Je sais pas, dis-je en haussant les épaules à mon tour, tu ne parles que de ce que Jacob ressentait, pas de ce que toi tu ressentais donc … Je me posais juste la question.

Bella me fixa un instant comme si la réponse à ma question pouvait être écrite sur mon front.

- Pardon, ça ne me regarde pas. M'excusai-je.
- C'est rien …
Elle prit un moment avant de continuer.
- Pour être franche, sur le moment … Je ne me suis pas posée la question.
- Tu fais souvent ça?
- De quoi?
- T'oublier.

Une fois de plus, elle restait sans voix. Comme coupée dans son élan. J'aurai pu m'excuser de ma franchise encore une fois mais je n'en fis rien. Je trouvais ça injuste de ne jamais savoir ce que Bella pensait réellement. Elle semblait toujours se soucier de savoir ce que les gens autour d'elle voulaient ou ressentaient, mais je commençais à me demander si quelqu'un s'en était déjà soucié d'elle.

Nous nous regardions en silence pendant quelques secondes avant qu'un gros bruit sourd nous fasse sursauter tous les deux. Emmett venait de donner un coup dans la porte pour nous interpeller.

- Le film va commencer.

Il repartait aussitôt. Bella et moi échangions un rapide sourire avant de rejoindre le salon.

Tout le monde était déjà installé sur les canapés autour de la télé. Seul l'éclairage bleuté de l'écran éclairait la pièce. Je remarquais qu'Alice était déjà près de Jasper. Je ne pu m'empêcher de grincer des dents. Cette fois, Jasper n'avait même pas essayé de me faire enrager. Ils étaient simplement naturel. Il avait son bras sur l'accoudoir derrière Alice qui faisait tranquillement passer le saladier de pop-corn à Rosalie. Personne ne semblait se formaliser de leur étrange proximité à part moi. J'allais m'assoir à côté de Rosalie et Bella s'installait à ma suite.

- Ce soir c'est un classique. Piège de Cristal ! S'exclamait mon frère en brandissant la jaquette du DVD.
- Non ! Criaient Rose et Alice en chœur.
- Quoi?!
- Chéri, on l'a déjà vu 50 fois !
- Je m'en fiche, c'est un classique !
- Non ! S'exclamaient-t-elles encore une fois, suivit des aboiements de Bazooka.
- Tu vois, même Zooka n'en veux pas de ton film ! Lança Alice.
- Ce chien est contre moi, c'est pas nouveau !
- Emmett trouve autre chose. Souffla Rosalie en papouillant son chien.
- Bon, il soupira longuement, j'imagine que pour les films d'action c'est mort... Que pensez-vous de Fight Club?
- NON!!

Et le débat sur le film que nous devions voir, ou non, ce soir s'éternisait encore pendant de longues minutes sous le regard amusé de Bella qui, comme à son habitude restait discrète. Cette soirée « DVD » se transformait petit à petit en joute homme / femme. Il y avait d'un côté Jazz et Emmett qui me demandaient de prendre leur défense et de l'autre, Rosalie et Alice, expertes en films d'auteur plein de poésie qui demandaient l'appui de Bella. Autant dire que même si elle et moi nous rallions à une des deux causes, c'était peine perdue. Ça allait finir comme à chaque fois dans ces cas là, nous allions tous regarder une émission débile sur le nouveau cas social du jour à la télévision.

L'heure tournait vite et je remarquais que Bella commençait à fatiguer.

- Tu veux y aller? Chuchotai-je à son oreille.
- Mais … Dit-elle en désignant les autres, toujours entrain de se chamailler.
- Ne t'inquiète pas, quand ces quatre là entre en compétition, il est impossible de les mettre d'accord. Souris-je.
- Il faut que je t'avoue un truc, souffla-t-elle timidement, j'aurai aimé revoir Piège de Cristal moi. J'adore les vieux films des années 90 !

Elle était tellement gênée de m'avouer ça, comme si c'était un crime de vouloir regarder un film d'action et ainsi faire perdre le clan féminin. En fait, depuis le départ elle s'était retenue de ne pas rejoindre l'équipe Emmett. J'éclatais de rire en coupant cours à leur chamailleries. Les joues de Bella viraient déjà au rouge. C'était la couleur la plus fascinante que je n'avais jamais vu, les pigments roses de sa peau sous l'effet de la gêne étaient irrésistibles.

- Excuse-moi mais, y-a-t-il quelque chose de drôle dans tout ça, Monsieur « je ne trancherai pas et ruinerai la soirée de tout le monde » !? Me lançait ma sœur en croisant les bras.
- Rien du tout mais, je me levais d'un bond, Bella et moi on va vous laisser à votre débat.
- Quoi, vous partez déjà? S'étonna Rosalie, un peu déçue.
- Bella est fatiguée. Répondis-je.
- Et depuis quand tu es son père? Rétorqua Jasper que de frappai à la tête
- Pardon, s'excusa Bella, la prochaine fois promis. Vous avez une très jolie maison. Dit-elle à Rosalie en mettant son manteau. Merci pour l'invitation.
- Quand tu veux ma belle. Sourit ma belle-sœur.

Bella saluait les filles pendant que je récupérais nos affaires. Je surprenais Alice lui chuchoter quelque chose à l'oreille et Bella lui sourire en retour. Malgré toute la beauté que je voyais dans cette image, je commençais à penser qu'en ce moment, tout le monde était plus complice avec Alice que moi. Nous n'avions presque pas eu de moment seul à seul depuis son arrivé à Seattle …

Jasper en avait eu, j'avais vu Bella et Alice s'isoler au parc dans la journée, mais moi rien... De plus, elle avait jusqu'à présent évité toutes les conversations sérieuses que j'avais essayé d'entreprendre avec elle. C'était comme si elle cherchait à tout prix à me cacher quelque chose.

J'étais sûrement parano, Alice ne me ferait jamais ça. Alice me disait toujours tout...

- On y va? Me souffla Bella.
Je lui souriai en revenant à elle.
- On y va.
Elle sortait la première de la maison et juste avant de sortir, je lançais :
- Bonne soirée, nous on va se faire Piège de Cristal !
En refermant la porte, j'entendais mon frère vociférer.
- C'était un coup bas. Me sourit Bella.
- Je sais mais j'aime bien le faire enrager un peu. Au fait, tu as le film parce que maintenant je ne peux plus retourner le chercher sans me faire mordre!
- Par Bazooka? S'étonnait Bella.
- Tu plaisantes, par Emmett !

Elle riait alors que je lui ouvrais la portière de la voiture, fière de mon effet il fallait l'admettre.

- J'ai le DVD chez moi, m'informait-elle, mais mon lecteur est cassé.
- On passe le prendre et on va chez moi si tu veux. A moins que se soit une ruse pour ne pas que je découvre dans quelle pagaille tu vis. Plaisantai-je.
- Il y a de ça aussi. Me sourit-elle. Tu attendras dans la voiture !

***

[12/ Nine Inch Nails - Something I can never have]

Nous arrivions à l'appartement avec le coffret de la quadrilogie des DIE HARD en ayant décidé de nous faire un marathon cinématographique. Il était déjà tard, mais Bella et moi n'avions par cours avant l'après-midi le lendemain, je ne travaillais pas et j'avais promis de la raccompagner quelque soit l'heure.

Nous allions dans ma chambre et nous installions sur mon lit pour regarder le premier film. Au départ Bella était un peu distante et je décelais une légère inquiétude dans son regard, du fait de se retrouver seule avec moi dans ma chambre et qui plus est, sur mon lit.

- La télé est plus grande ici, mais si tu préfères, on va dans le salon. Proposai-je.
- Non, ça va. Mentais-t-elle. J'espère simplement que je ne vais pas m'endormir.
- Je te réveillerais en fanfare promis !
Elle riait et se détendait un peu.

[ I still recall the taste of your tears
Je me souviens encore du goût de tes larmes
echoing your voice just like the ringing in my ears
L'écho de ta voix est comme une sonnerie dans mes oreilles
my favorite dreams of you still wash ashore
Mes rêves te concernant sont encore en moi
scraping through my head 'till I don't want to sleep anymore
tournant dans ma tête jusqu'à ce que je ne veuille plus dormir]

Le film commençait. Je ne sais pas si elle en était consciente mais une partie de sa manche frôlait mon bras. Je ne pouvais me concentrer sur rien d'autre que ça, ces quelques centimètres de tissus qui caressaient mon bras. Comme si ce petit contact était devenu mon monde …

[You make this all go away
Tu fais tout disparaître]

Après une bonne demie heure de film, Bella se mettait plus à l'aise, ajustant l'oreiller derrière son dos et s'allongeant un peu plus sur mon lit. Moi je ne bougeais pas gardant les yeux droit sur l'écran. Sa chaleur commençait à envahir mon lit, je sentais la chaleur quelle dégageait naturellement. Je ne pensais qu'à ça, sa présence juste à côté de moi. A chaque fois qu'elle bougeait, même d'un centimètre je frissonnais en priant pour que le contact de son bras près du mien de s'efface pas.

[I'm starting to scare myself
Je commence à me faire peur]

Automatiquement, j'ajustai ma position à la sienne et bientôt, se fut tout mon côté gauche qui la frôlait, de l'épaule à la cheville. Un instant j'arrêtais de respirer en pensant qu'elle se pousserait légèrement mais elle n'en fit rien, bien trop absorbée par le film je suppose. Je me faisais l'effet d'un adolescent en manque d'affection. J'étais complètement retourné par le simple fait de la frôler, c'était minable. Il fallait arrêter les frais. A contre cœur, je me décalais sur le côté. J'aurais cru reprendre mes esprits après ça mais son parfum, si délicieusement sucré, me submergeait embaumant toute la pièce, s'insufflant dans mon cœur. La nervosité que je ressentais faisait pulser mon sang plus fort dans mes veines, ma respiration s'accélérait, j'avais chaud. Je perdais complètement le contrôle.

***
POV BELLA

Il avait finit par se décaler. Pourquoi? Avais-je fais quelque chose de mal? Je ne comprenais pas ce qu'il m'arrivait. J'étais tellement bien, tellement plus vivante. Comme si j'avais dormi toute la première partie de ma vie. Je craignais que cela vienne de sa présence à côté de moi. Je n'avais aucun droit de ressentir du bien être auprès d'Edward, surtout pas Edward. C'était juste Edward. Pourquoi lui? D'accord il m'était venu en aide et il était vrai que j'adorais passer du temps avec lui et sa famille maintenant mais, pourquoi?! Pourquoi mon cœur devait-il s'affoler ce soir juste parce qu'il était juste à côté de moi sur ce lit.

En y réfléchissant, j'aurai dû accepter le choix du plus petit écran dans le salon. Mais avais-je vraiment fait ce choix de façon désintéressée?

J'étais vraiment une personne horriblement perverse. Il suffisait de deux ou trois sourires, de gentilles attentions et d'activités qui sortent de l'ordinaire, pour que je craque et perde pied. Tout ça n'était pas ma réalité, c'était la sienne. C'était de la vie d'Edward dont j'abusais, de sa famille et de ses habitudes. Pourquoi tout chez lui, de son regard à son style de vie m'attirait? Tout paraissait tellement moins ennuyeux de son côté. J'avais même l'impression de faire partie de son monde maintenant, en tout cas Edward faisait tout pour m'y intégrer. Tout allait si vite. Je m'habituais tellement vite à sa présence. Il fallait admettre qu'il était difficile de lui refuser quoi que se soit, il était si prévenant et drôle... Charmant également avec ses yeux verts émeraudes et ce truc avec ses cheveux qui donnait toujours l'impression qu'il sortait du lit … Ce lit. Ce lit sur lequel je me trouvais avec lui, si proche.

Ma poitrine me faisait mal, j'avais du mal à respirer. Pourtant je n'avais jamais été claustrophobe. Je devais donner l'impression d'une poupée de cire, j'étais incapable de bouger de peur qu'il ne bouge à son tour et qu'il se rapproche encore de moi. Il ne fallait pas qu'il s'approche de moi. J'étais incapable de contrôler mes émotions quand il était trop proche de moi. C'était épidermique. Je n'aurais su expliquer les raisons de ces changements en moi. Peut-être parce qu'Edward représentait à lui seul tout ce qui m'étais défendu, tout ce que je ne pourrais jamais avoir. Je ne devais pas refaire les mêmes erreurs que dans le passé.

La difficulté était qu'il n'avait aucun préjugé sur moi, il acceptait donc les choses que les autres auraient qualifié de différent chez moi, il me poussait même à faire des choses que je n'avais pas l'habitude de faire. Il était le mentor de cette nouvelle Bella qui hurlait et grandissait un peu plus chaque jour à l'intérieur de moi. Je n'étais pas encore sûre de vouloir la laisser s'exprimer, elle était trop imprévisible et je ne suis pas sûre qu'elle s'entendrait avec les autres … Ceux qui chérissaient cette version bien épurée de moi même. Celle qui filait droit et qui ne disparaissait pas d'un cours de sociologie pour aller pique-niquer dans une réserve naturelle en capturant des ratons-laveurs.

Edward n'était que tentation, avec toutes les ramifications que ça impliquait. Tentation physique, mentale, frustration, envie et surtout curiosité. Pourtant une troisième voix en moi hurlait, très fort même : Elle me disait de courir et de m'éloigner de lui et de tous ses bienfaits au plus vite si je tenais à ma santé mentale. Bizarrement dans mon esprit, j'avais personnifié cette voix en Jacob. Jake me disait de courir et à chaque fois que je l'entendais je me sentais coupable. Pourtant je n'avais rien fait de mal, je constatais simplement les réactions physiologiques et chimiques qu'Eward produisait chez moi. Constater n'avait jamais été une mauvaise chose.

Constater permettait de se préparer … A fuir.

Toute cette activité cérébrale m'avait coupé de mon film préféré. Le générique défilait lentement sur l'écran quand il se tournait vers moi. J'inspirais profondément et lui rendait un pauvre sourire comparé à celui qu'il m'envoyait. Une petite mèche de ses cheveux au reflets dorés lui retombait sur le front. J'aurais aimé pouvoir la remettre en place. Je me surprenais à me demander ce que ça faisait de passer la main dans ses cheveux.

- Alors, prête? Souffla-t-il.
- Prête à quoi? Soufflai-je encore plus doucement.
- Pour la suite. Le deuxième.
- Oh, riais-je nerveusement, ça. Je sais pas trop, je ne voudrais pas abuser tu t'es déjà fait le premier par ma faute.
- Si je n'avais pas voulu que tu sois là ce soir, je ne t'aurais pas proposé de venir. Dit-il sincèrement en me regardant droit dans les yeux.

Je me redressais sur le lit pour éviter de me noyer dans son regard et surtout pour que son souffle chaud arrête de balayer mon visage. C'était trop perturbant. Il suivait le mouvement et nous nous retrouvions tous les deux assis sur son lit dans un silence assez pesant.

- Tu veux boire quelque chose peut-être?
- Non merci ça ira. Refusai-je poliment.
- Bien.

C'est moi ou la pièce rétrécissait à vue d'œil? Je n'échappais pas à son souffle sur mon visage. C'était tiède et presque rassurant. Je me détestais parce qu'à cet instant, je n'entendais plus la voix de Jacob, l'autre Bella me criait trop fort de me rapprocher encore... Et encore...


***
POV EDWARD

Son visage était si fin, ses traits si délicats, c'était dur de la regarder. J'aurais aimé explorer son visage d'une autre façon : D'une main sur sa joue, de mes lèvres … Sur les siennes... Cette pièce était définitivement trop petite pour nous deux, je perdais l'esprit. Il était tard, c'était la fatigue et le vin bu au repas qui parlait, c'était ça … Juste la fatigue qui m'embrouillait l'esprit.

« PARLE ! »

- Tu veux que je te ramènes?
- J'ai le temps. Répondit-elle simplement.
- Je vais mettre un peu de musique. Enfin, si tu veux …
- D'accord.

J'allumais la chaîne Hifi pour faire un fond sonore dans l'espoir que cela m'empêcherait de penser.

[13/ Trading Yesterday - Love Song Requiem]

- Alors Bella, dis-moi en dehors de Jacob, tu as eu beaucoup de conquêtes?
« Choix intéressant, BRAVO CRETIN ! Comme si tu voulais vraiment le savoir ! »
- C'est une drôle de question ! Se braqua-t-elle immédiatement.
- C'est une question comme les autres, je dis juste ça parce que tu es … Très mignonne et que tu dois probablement faire tourner pas mal de têtes.
- Moi?! S'étonna-t-elle. Tu m'as bien regardé?
- Oui justement, m'étonnai-je, pourquoi tu dis ça?
- Je suis tout ce qu'il y a de plus classique.
- Je ne suis pas d'accord. Répondis-je sincèrement.
Elle se tut un instant comme si elle croyait que je me moquais d'elle.
- Je t'ai offensé?
- Non. Je trouve ça étrange c'est tout …
- Pourquoi?
- Je … Ne le prend pas mal d'accord, mais on pourrait changer de sujet...
- Pardon comme tu veux, c'est juste que … Bella, en tant qu'homme je te le dis sincèrement … Jacob a beaucoup de chance.
- Je ne suis pas sûre … Marmonna-t-elle.
- C'est impressionnant l'image déformée que tu as de toi-même.
- Je ne suis pas certaine que tu me connaisses assez pour juger de ça Edward. S'énerva-t-elle légèrement.
- Je n'ai pas besoin de te connaître depuis des années pour te trouver jolie.

Elle n'arriverait pas à me convaincre du contraire malgré son acharnement. Je savais que je l'agaçais et peut-être que ce que je faisais n'était pas très courtois mais, à vrai dire, l'entendre se dénigrer ainsi m'énervait aussi. Son copain ne faisait-il pas bien son boulot? Si elle était ma petite-amie, je n'arrêterais pas de la couvrir de compliments.

- Je finirai par te convaincre, lançai-je sur le ton du défi, tu verras.
- C'est pas près d'arriver ! Cette conversation est stupide, tu le sais ça?
- Stupide... pour toi peut-être …
- Pourquoi parle-t-on de ça en plus? Je vois pas l'intérêt.
- De quoi veux-tu qu'on parle dans ce cas? Souris-je.
- J'en sais rien ! Soupira-t-elle en se retenant de m'envoyer balader. Mais PAS ça. S'il-te-plait.
- Bon, d'accord, mes lèvres sont scellées à toi de trouver un sujet de conversation à ton goût.

Elle resta bouché bée alors que je l'observai dans un silence religieux. Bella finissait par soutenir mon regard attendant que je daigne reprendre la parole, mais je ne flanchai pas. Elle agissait comme si tout allait bien mais je voyais bien que notre petite conversation l'avait un peu secouée. Elle semblait pensive. J'aurais tout donné pour savoir ce qu'elle pensait. Je savais encore si peu de choses sur elle, sur son passé, elle lâchait les informations au compte-goutte et se braquait dès que les sujets devenaient un peu trop personnels.

Je pensais tout ce que je lui avait dit. Elle était ravissante … Comment pouvait-elle penser le contraire? Elle avait l'air si fragile, là assise sur mon lit, les genoux rempliés sur sa poitrine. Nous ne parlions pas, mais ça n'était pas grave. J'étais bien.

Et cette idée qui revenait … Celle de son visage … ses traits fin, ses lèvres ourlées … Je me demandais le goût qu'elles pouvaient avoir, la sensation que je sentirai si seulement … J'étais certain qu'elles étaient incroyablement douces et délicates, tout à son image.

Mon sang battait dans mes tempes, ma gorge était sèche. J'étouffais, je brûlais de l'intérieur. Elle ne bougeait pas, elle ne parlait pas, elle ne voulait pas non plus s'en aller. Que voulait-elle et pourquoi étais-je dans l'incapacité de lui demander sur le moment ?

Il fallait que je m'approche … Il fallait que … J'effleure ses lèvres … Juste un peu. Avant que je ne m'en rende compte je fermai lentement les yeux et m'approchai d'elle, sentant déjà sa chaleur m'envahir et son souffle saccadé sur mon visage. Tout chez elle m'électrisait. Je n'étais plus capable de réfléchir.

- Ne fait pas ça... Souffla-t-elle sur mes lèvres.
Je n'étais plus capable de réfléchir.
- Pourquoi?
- Parce que tu vas tout gâcher. Répondit-elle presque sévèrement.

Je reprenai mes esprits et ouvrai les yeux. Bella me fusillait du regard. Je me prenai la réalité telle une claque en plein visage et reculai immédiatement pour me mettre debout.

- Pardon, je suis désolé, je ne sais pas ce qui m'a prit.

Bella se levait à son tour et ramassait ses affaires. J'avais été trop loin, je n'avais pas réfléchi et j'avais tout gâché. Une seconde d'absence et j'avais ruiné toute la confiance que Bella avait en moi … Si toutefois elle en avait.

- Je vais rentrer. Souffla-t-elle en me tournant le dos.
- Je te raccompagne.
- Non ! Lança-t-elle en me faisant face. Ça va aller, je vais prendre un taxi ne t'inquiète pas.
- Bella, pardonne-moi, je … Je ne voulais pas.
- Je sais que tu ne voulais pas. Répondit-elle sèchement.
- Je ne sais pas ce qui m'a prit …
- Je sais, tu l'as déjà dit. Écoute, on est fatigués tous les deux... Je t'appellerai plus tard.

Bella s'élançait rapidement dans le couloir et bientôt j'entendai la porte de mon appartement claquer. Je m'écroulai sur mon lit en relâchant tout l'air contenu dans mes poumons. Mes mains allèrent s'écraser sur mon visage. J'aurais voulu disparaître.

- Quel abruti ! Crachai-je entre mes dents.


***
POV BELLA
[14/ Flyleaf - Something I Can Never Have (Nine Inch Nails cover) ]

Je rentrai dans ma chambre sans même prendre la peine d'allumer la lumière. Je jetai mes chaussures et balançai mon sac dans un coin de la chambre avant de me précipiter vers la salle de bain. Mon cœur battait à tout rompre dans mes tempes et ça depuis que j'avais quitté l'appartement.
 
[ I still recall the taste of your tears
Je me souviens encore du goût de tes larmes
echoing your voice just like the ringing in my ears
L'écho de ta voix est comme une sonnerie dans mes oreilles
my favorite dreams of you still wash ashore
Mes rêves te concernant sont encore en moi
scraping through my head 'till I don't want to sleep anymore
tournant dans ma tête jusqu'à ce que je ne veuille plus dormir]

La lumière crue de la salle de bain me brûla les yeux. Je faisais couler à flot l'eau froide et m'en arrosait rapidement le visage à plusieurs reprises. Quand ma respiration se calmait un peu, je fermais le robinet et relevai lentement les yeux vers mon reflet dans le miroir. Je me faisais horreur. J'avais cherché tout ça, c'était de ma faute. Jamais je n'aurais dû accepter de le revoir, jamais. Si mon passé m'avait appris quelque chose, c'était bien de ne jamais faire confiance à quelqu'un aussi facilement. J'étais bien trop naïve s'agissant d'Edward. Je bouillonnais intérieurement. Ma faiblesse face à lui me rendait folle de rage.

[You make this all go away
Tu fais tout disparaître]


Qu'est-ce qu'il venait de se passer? Qu'est-ce qui se serait passé si je n'étais pas partie, si je ne lui avait pas dit d'arrêter? Je n'osais même pas imaginer ma réaction s'il m'avait embrassé? Et puis pourquoi Diable avait-il fait ça? Pour prouver qu'il avait raison, pour me le faire dire? Tout ça n'était-il qu'un jeu pour lui?


Je fermais fortement les yeux pour faire taire cette multitude de questions qui me martelaient le cerveau. Je ne voulais simplement plus penser à tout ça ! Ne plus penser à la façon dont mon cœur s'était emballé quand Edward avait approché son visage du mien ! Ne plus penser à cette sensation de liberté … Cette sensation d'être vivante.
Je m'essuyai le visage et retournai lentement dans ma chambre en trainant les pieds. Il fallait que je dorme, demain tout ça ne serait qu'un mauvais souvenir. Edward devait me prendre pour une folle à présent, bien, très bien, c'était parfait !

Lentement je m'asseyais sur mon lit et prenais mon portable.


[I'm starting to scare myself
Je commence à me faire peur]

Cette histoire avait assez duré …

- C'est moi, je sais qu'il est tard. Écoute, il s'est passé quelque chose … Jacob, je t'ai caché quelque chose d'important. C'était il y a presque un mois maintenant, je rentrais après les cours et, c'était la grève ce soir là alors j'ai décidé de rentrer à pied … Ces types ont commencé à me suivre …

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Vidéo Bonus
(à retrouver également sur le page du même nom)
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8 commentaires:

  1. Quelle merveille, ce chapitre, l'histoire est véritablement lancé maintenant !!!!!

    J'adore ..... Je te ferais une review plus longue dès que tu auras publié sur Fanfic ......

    alias yellowstone69 sur FF

    Laurence

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  2. Enocre un superbe chapitre. Je me languis de voir dans quel état le départ de Bella a laissé Edward et surtout comment va évoluer leur relation.

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  3. Comme je le dis toujours, Lentement mais sûrement ;)

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  4. Beau chapitre et belle vidéo! Comme le dit Laurence, l'histoire est véritablement lancée! Pauvre Eddy qui ne contrôle pas ses petites émotions... ralala! Et Alice aussi m'a touchée, on comprend qu'elle ait besoin de retrouver les siens! Bonne continuation Miss, hâte de lire le prochain chapitre!

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  5. Merci !!! Et bon courage à vous pour le grand lancement ! Je lis ça dès que possible !

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  6. Oh lala magnifique chapitre, c'est vraiment horrible ce qui est arriver a Alice..
    Heeuuuuu il a failli ce passer quoi la entre Edward et Bella hihihi, on dirai qu'elle culpabilise c'est pour ça qu'elle parle de ça à Jacob pfffff!!
    J'ai bien aimée ce chapitre et hâte de lire la suite qui est deja en ligne cool ;)))))
    Bisous ma belle!!

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  7. Je viens tout juste de commencer à lire ta fiction...et je suis accro !!! j'adore...

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