CHAPITRE VI
THE WEEK
THE WEEK
(La semaine)
***
Lundi, troisième jour,
Après un merveilleux weekend passé avec elle, c'était le premier jour d'une semaine qui, contrairement à celles que je vivais généralement, allait passer en un éclair.
Je savais que quand elle s'achèverait, elle me laisserait un goût amer au fond de la gorge. Cette semaine aboutirait sur un départ et en conséquence, une longue absence. J'entendais vivre pleinement chaque instant qu'il allait m'être donné de passer avec elle. J'avais sagement patienté jusqu'à ce que son petit-ami me laisse l'opportunité de retrouver la complicité que je partageais avec elle avant qu'il arrive à Seattle. Les jours étaient passés et je n'avais que très rarement croisé Bella durant cette période. J'ai patienté en silence et je n'avais pas empiété sur son temps, maintenant c'était mon tour. Sans vouloir comparer Bella à un jouet que deux enfants convoitaient en même temps, j'aimais l'avoir à moi seul et par « avoir » j'entendais seulement « voir ». C'est tout ce que je pouvais espérer et je m'en contentais. Cette solution était toujours préférable à l'absence.
Tous les soirs de cette semaine, Bella passerait chez nous après les cours. C'était son idée et je n'avais pu que la trouver judicieuse. Ainsi je n'avais pas à trouver de stratagème pour l'inviter chaque soir. Vendredi matin je l'accompagnerai à la gare et je lui dirai au revoir pour les quinze jours suivant. Depuis notre rencontre, jamais je n'avais passé autant de temps sans la voir. Je me demandais encore comment j'allais réagir. De plus, savoir qu'elle serait avec lui, même si c'était la suite logique des choses, me rendais dingue. En l'absence de Jacob, Bella m'avait fait une petite place dans sa vie, je ne voulais pas qu'il m'évince par le simple fait de sa présence autour d'elle. Là où était la place d'un petit-ami, ce que je n'étais pas. Je devenais parano.
Finalement peut-être qu'un peu de séparation, aussi douloureuse soit-elle pour moi, ne me ferais pas de mal. Il fallait que je remette les choses en perspectives et que j'arrête de me focaliser ainsi sur Bella Swan, c'était insensé. C'était la première fois que je réagissais ainsi à cause d'une fille. Je n'étais pas habitué à de tels états d'âmes. Bella me rendait fou. Tout ça tournait à l'obsession et il fallait que j'arrête d'occulter le reste de ma vie. Pendant ces quinze jours je redeviendrais moi-même, il le fallait pour ma propre santé mentale. Je devais me ressaisir, après-tout Bella Swan n'était pas le centre de mon univers, c'était ridicule. Comme elle l'avait si bien dit : Elle n'était que Bella. C'était simple ! Aucun problème. J'avais donc trouvé ma nouvelle ligne de conduite.
Allongé sur mon lit, j'en était là dans mes réflexions quand Bella pénétra - tel un boulet de canon - dans ma chambre. Elle jeta son sac par terre, à côté des quelques affaires à elle qui trainaient chez moi, retira ses chaussures et vint s'allonger avec moi prenant appui sur ses coudes. Doucement je tournai la tête vers elle alors qu'elle me dévisageait en souriant. Ses cheveux tombaient le long de ses joues, entourant son joli visage en forme de cœur. Son parfum me submergeai et juste comme ça, j'oubliai toutes mes bonnes résolutions. Impossible de réfléchir avec cohérence quand elle était si près de moi.
« Elle n'était que Bella », il fallait vraiment être aveugle ou complètement stupide pour la qualifier de telle banalité.
- Qu'est-ce qui te met de si bonne humeur mademoiselle Swan? Souris-je en calant mon bras derrière ma tête.
- Rien. Pleins de choses en fait. M'informa-t-elle, l'air enjoué.
- Cites-en une pour voir.
Elle roulait sur le côté pour se retrouver sur le dos, comme moi. Nous fixons tous les deux le plafond.
- J'aime cette période de l'année. L'approche des fêtes, l'effervescence dans les rues, les décorations et le semestre qui se termine.
- Surtout le semestre qui se termine. Insistai-je.
Son rire me chatouilla les oreilles. Je souriais à mon tour sans pour autant oser la regarder. Un moment nous restions silencieux, juste l'un à côté de l'autre. Personnellement, je n'avais pas besoin de plus pour me sentir bien.
- J'aime venir ici chaque soir. Ce petit rituel commence à me plaire. Je l'attend toute la journée. M'avoua Bella en tournant la tête vers moi.
Mon cœur se serra comme à chaque fois que ses paroles pouvaient être interprétées comme plus qu'un sentiment d'amitié. Il aurait été si facile et si agréable d'ici croire. Ces mots, si je m'étais laissé aller à les entendre de cette façon auraient eu une saveur si exquises que plus rien autour n'aurait pu m'atteindre. Je devais me forcer à les appréhender autrement cela dit. Je devais garder le point de vue de la réalité.
- Moi aussi. Souris-je.
- Je me sens tellement mieux ici avec vous que toute seule dans ma petite chambre. On dirait la chaleur d'un vrai foyer, avec de la vie et des odeurs … Des objets qui ne font pas partis de mon paysage quotidien, si bien que j'arrive encore à les voir.
- Quoique ça commence … Il y a pas mal de chose à toi ici, lui fis-je remarquer, livres, CD, vêtements... Tu as même oublié ton portable ici hier soir. Dis-je en lui montrant le téléphone sur ma table de chevet.
- C'est vrai?! Je l'ai cherché partout ! Je croyais l'avoir perdu.
Bella se pencha au-dessus de moi pour attraper son téléphone de mon côté du lit. Ses cheveux vinrent me caresser le visage et le cou. Je sentais son ventre frôler mon estomac. Quand elle tendit le bras, son t-shirt se souleva légèrement laissant apparaître son nombril et le bas de ses reins. Je perdai pied.
Pour ne rien arranger, Bella ne se contenta pas d'attraper son portable pour ensuite se remettre dans sa position initiale, elle resta installée en travers de mon corps tout en vérifiant ses messages. Je restai immobile, attendant que la torture s'arrête mais ma tentation devint très vite insoutenable. Subtilement je saisissai délicatement une mèche de ses cheveux et la faisais glisser entre mes doigts. Elle avait les cheveux incroyablement doux. Mon autre main allait se poser sur son dos. Je pouvais sentir sa chaleur au creux de ma paume, c'était grisant. Ça ne sembla pas perturber d'avantage Bella qui continuait à tripoter son portable.
- Tu as dit que ça ne te dérangeait pas que je laisse des affaires chez toi. Souffla-t-elle à demi absorbée par son écran tactile.
- Je te taquine. Ramène toute ta chambre si tu veux. Répondis-je, absorbé quant à moi par sa peau sous mes doigts.
Bella se remettait en place sur le lit, vite, trop vite peut-être. Là où elle était quelque seconde plus tôt, je plaçais mon oreiller.
- Je suis tête en l'air, je ne fais pas exprès d'oublier tout ça chez toi.
- Ne t'inquiète pas pour ça. Souris-je.
- J'ai soif, je vais me chercher de l'eau. Tu veux quelques chose?
- Non, non ça va merci. Répondis-je précipitamment.
Elle se leva et quitta la pièce, non pas sans trébucher sur ses chaussures au passage. Une fois que je l'entendis dans la cuisine, je soulevais l'oreiller pour vérifier les dégâts. Je m'étais peut-être un peu plus laisser emporté que ce que je croyais. Pour faire simple, j'étais « légèrement » à l'étroit dans mon jean à présent... L'image de Bella allongée sur moi n'avait pas encore quitté mon esprit pervers, je dirais même qu'elle était embellie par mon état.
Je me mettai sur pied d'un bond et commençai à faire les cents pas dans la chambre en essayant de penser à des choses répugnantes. La condition d'homme n'était vraiment pas facile parfois. J'entendai encore Bella farfouiller dans le frigo mais bientôt elle serait de retour et il fallait absolument que j'ai retrouvé mes esprits d'ici là. Sans mauvais jeu de mot, il fallait que la pression RETOMBE maintenant !
De l'air, j'avais besoin d'air. J'ouvrai alors la fenêtre en grand et l'air glacial de l'hiver pénétra immédiatement à l'intérieur. Je me penchai délibérément dans le courant d'air mais l'effet tardait à venir. Il me fallait un choc, non, une image choc !
- Je n'en reviens pas de ce que je m'apprête à faire. Soupirai-je en puisant de la force en moi pour faire ce que je devais faire.
Lentement et la mort dans l'âme je me dirigeai vers la salle de bain dans laquelle l'eau coulait depuis une dizaine de minutes. Arrivé devant la porte, j'eus un instant d'hésitation. Après-tout, je commençai à reprendre le contrôle, d'ici quelque minute tout sera de nouveau en place et …
- J'ai pris le dernier yaourt non périmé de votre frigo, ça ne te dérange pas?
Je faisais volte-face dans le couloir pour me retrouver nez à nez avec Bella qui dégustait déjà son yaourt en plongeant le bout de son doigt dans le chocolat pour le porter délicatement à sa bouche après. Déjà tous mes efforts partaient en fumée.
- Non, aucun problème ! Lançai-je précipitamment avant de m'engouffrer dans la salle de bain.
Rapidement j'ouvrai le rideau de douche et tombai sur Jasper qui prenait sa douche.
- Hey mais ça va pas t'es malade !!?? Hurla-t-il.
Le vision de lui nu comme un ver me donna instantanément un haut le cœur et c'est dégoûté que je gagnais cette bataille contre moi-même. Je ressortai rapidement en inspirant un grand coup, sous les injures de Jasper.
- Tout est sous contrôle !
Pitoyable, j'allai rejoindre Bella dans ma chambre.
- Tu es en chaleur ou quoi? Il fait trop froid pour ouvrir en grand ! Dit-elle en refermant la fenêtre.
- Il faut bien que j'aère un peu des fois ! Tu es tellement souvent fourrée dans ma chambre que ça commence à sentir la fille ici. Lançai-je en restant à l'entrée de la chambre les bras croisés.
Lentement et avec un petit sourire malicieux, Bella faisait le chemin jusqu'à moi sans me quitter des yeux. Ce genre de regard était devenu une sorte de petit jeu entre nous, jeu que nous n'avions pas vu arriver. Nous nous lancions des piques et des sous entendus dans les conversations les plus anodines. Nous n'en parlions jamais et nous faisons comme si n'importe quels amis se comporteraient ainsi mais la vérité était que depuis ce fameux soir où j'avais failli atteindre ses lèvres, une certaine tension existait entre nous. J'essayais de ne pas trop me focaliser dessus en temps normal mais parfois, Bella ne me rendait pas les choses très faciles. Je n'étais même pas sûr qu'elle en était consciente.
- Tu as peur de ce que pourraient penser tes conquêtes?
- Exactement mademoiselle. Je n'aimerais pas passer pour un coureur.
- Je suis sûre que ton pouvoir de séduction est sans limite. Se moqua-t-elle en s'arrêtant juste en face de moi, les bras croisés également.
Lentement, je décollais mon épaule de la porte pour ainsi la dominer de toute ma hauteur.
- Tu n'as encore rien vu. Soufflai-je près de son visage avant de me détourner d'elle pour ne pas trop me prendre au jeu.
Malgré tout, Bella sembla bloquer légèrement prouvant que je remportais cette manche. Après le coup du téléphone, même si celui-ci n'était pas intentionnel, ça n'était que justice.
- Tu veux regarder la télé? Demandai-je en m'allongeant sur mon lit.
- Si tu veux. J'ai un peu froid, je peux t'emprunter un pull?
J'attrapais le premier sweat qui trainait par terre pour lui lancer à travers la pièce. Bella le rattrapait de justesse.
- Très galant ! Fit-elle remarquer.
- C'est ça le truc, toi et moi on en est plus là maintenant. Répondis-je en haussant les épaules. T'es ma pote Bella pas vrai? Insistai-je.
Tandis qu'elle enfilait mon pull dix fois trop grand pour elle, essayant désespérément de trouver le trou de sortie de la tête, je pouvais l'entendre ronchonner à travers le tissu. Elle avait les bras en l'air et se tortillait dans tous les sens pour mettre le vêtement. Une fois cette opération délicate achevée, la tête de Bella refaisait surface toute décoiffée. Elle en était même essoufflée. Bella me fixait d'un regard noir quand elle remarqua que je me retenais de rire. Je n'avais jamais rien vu d'aussi adorable. Si j'avais pu, je me serai levé pour aller l'embrasser immédiatement. Bien sûr je ne bougeai pas et elle prenait pour de la moquerie ce qui était en fait, de l'adoration.
- Viens-là au lieu de bouder. Lui souris-je en tendant la main vers elle.
Après une seconde d'hésitation, elle se déridait enfin et me rejoignait sur le lit. Au départ Bella se contenta de croiser les bras en fixant la télé devant elle, comme si je n'étais pas là. Bien sûr elle était consciente que je la fixais en souriant et ça ne faisais que l'énerver d'avantage.
- Tu boudes encore je te signale. Soufflai-je sans la lâcher du regard.
- Non.
- Je sais que tu as envie de rire.
- Laisse-moi tranquille. Regarde la télé.
Je me rapprochais d'elle et, du bout de mon index, je lui remontais le coin de la bouche pour imiter un sourire. Bella repoussa ma main mais elle avait de plus en plus de mal à ne pas rire. Finalement, elle explosait de rire et je la ramenais automatiquement contre moi en riant à mon tour.
- J'ai gagné. Soufflai-je pour la faire enrager encore plus.
- Tu es un idiot.
Elle tenta de s'éloigner à nouveau mais je la maintenais fermement contre moi d'un bras autour de sa taille.
- Chut, bouge-pas. Regarde la télé. Lançai-je sur le ton de l'humour pour ne pas que ça devienne trop ambigüe dans son esprit. Car dans le mien, il était clair que ça l'était mais elle n'était pas obligée de le savoir. Le tout était de rester naturel.
Finalement Bella se détendait. J'étais allongé sur le dos, le bras autour d'elle. Bella avait la tête posée sur mon épaule, ses cheveux me chatouillant le cou, et sa petit main reposant sur mon torse. J'avais peur de respirer au risque qu'elle ne se rende compte qu'une telle complicité n'avait rien d'anodin et qu'elle ne décide de prendre ses distances.
- Je peux avoir la télécommande?
Je lui tendais et Bella commençait à zapper inlassablement sur toutes les chaînes à travers les différentes inepties qui passaient à la télévision de nos jours. Elle faisait toujours ça quand elle avait la télécommande, elle zappait encore et encore jusqu'à ce que je lui reprenne des mains pour choisir une chaîne qu'au final nous ne regarderions que pendant deux minutes avant de passer à autre chose. Cette fois je ne bronchais pas. A vrai dire, j'étais tellement bien à ce moment que peut m'importait les images qui défilaient devant mes yeux.
Soudain, Jasper faisait irruption dans la chambre avec une serviette autour de la taille.
- La prochaine fois que t'auras envie de me violer sous la douche, RETIENS-TOI ! Hurla-t-il avant de repartir aussi sec en claquant la porte.
- Qu'est-ce qui lui prend? S'étonna Bella en se redressant légèrement.
- Chut, fais pas gaffe, lançai-je en l'attirant de nouveau vers moi. Tu connais les musiciens et leurs humeurs. C'est des fous ces artistes !
A mon grand bonheur, cette excuse minable sembla lui suffir.
***
Mardi,
Le soir suivant nous nous retrouvions tous chez Rosalie et Emmett autour de cuisine Japonaise dans une ambiance plutôt détendue. A peine arrivés et en guise de « Bonjour », mon frère s'était écrié : « Tiens, voilà le Cuiteux ! » sous les rires des autres (y compris Bella), alors que moi j'essayais de faire oublier cette triste soirée depuis plus de 8 jours. Apparemment, il y avait encore beaucoup de travail. Mais c'était Emmett, sans ça Emmett ne serait plus Emmett et dieu seul sait que parfois ça nous soulagerait !
Sitôt arrivé, Alice s'était accaparée Bella en me lançant un regard qui m'ordonnait de ne pas protester. Quand je m'étais résigné à lui obéir sans broncher, ma sœur m'avais simplement embrassé sur la joue et j'avais vu Bella disparaître avec elle, quasiment trainé par le bras dans la chambre du fond. Alice faisait également signe à Rosalie de les rejoindre. Au départ, ma belle sœur ne broncha pas comme si elle était complètement hermétique à ces « discutions de filles » comme elle les appelait, mais très vite, le naturel reprenant le dessus, Rosalie prétexta aller aux toilettes pour s'enfermer avec les filles dans sa chambre.
Jasper, Emmett et moi restions un moment hébétés dans le salon devant cette désertion plutôt organisée de la gente féminine. J'allais rejoindre les deux autres sur le canapé. Rosalie absente, nous en profitions immédiatement pour mettre les pieds sur la table basse. Emmett nous proposa une bière tandis que le match des Redskins commençait.
Emmett était aux anges à cette période de l'année, non pas pour le côté festif des fêtes mais plutôt grâce au démarrage de la saison du Super Bowl. Mise à part le fait que mon frère était amateur de football, c'était durant cette période que ses boutiques faisaient le plus de bénéfices.
Chaque année à Noël, Jasper et moi recevions un nouveau ballon en cuir ovale de la part d'Emmett et chaque année, nous les échangions contre autre chose au magasin. Qui ferait la collection de ballon de foot? Surtout dans un appartement où la guitare était reine. Mais pour Emmett, c'était une tradition et il pensait que s'il ne nous offrait pas ce ballon tous les ans, il ferait moins de profits l'année d'après.
Cela dit, à cet instant, mon frère était plutôt concentré sur ce que complotait les filles et à vrai dire, moi aussi …
- Pourquoi elles ne me disent jamais de venir à moi? Soupira Emmett après une gorgée de bière.
- Humm attend voir, commençai-je, depuis quand as-tu un vagin?
- Je veux savoir c'est tout. C'est jamais bon pour nous de les laisser trop longtemps ensemble ces trois là. On va souffrir.
- T'es parano !
- Dis tout de suite que tu n'aimerais pas savoir ce qu'elles sont entrain de se dire.
- Pas du tout. Mentis-je.
- Ah oui? Peut-être qu'elles parlent de toi et de la façon pathétiquement mielleuse dont tu essais de séduire Bella...
- Dis pas n'importe quoi !
Un instant je fixais la porte à mon tour.
- Ok je veux savoir. Admis-je.
Emmett et moi nous apprêtions à aller écouter aux portes quand après deux ou trois pas, nous nous rendions compte que Jasper était resté étrangement silencieux. Il n'avait pas bougé du canapé et faisait semblant de s'intéresser au match. Jasper avait toujours détesté le football.
- Tu ne viens pas? Lui demandai mon frère.
- Toi, tu sais quelque chose ! Lançai-je.
- Quoi? Non... Pourquoi? Répondit-il visiblement nerveux.
- Jazz tu mens comme un pied. Insistai-je.
- Ça c'est vrai. Il a toujours menti comme un nul. Même au lycée tes excuses étaient bidons ! Insistait Emmett à son tour.
Après un regard furtif entre moi et mon frère nous retournions encercler Jasper sur le canapé. Au départ il ne bronchait pas mais sous l'insistance de nos regards sadiques, il finit par craquer.
- Ok, soupira ce dernier, peut-être que j'ai une vague idée de ce dont elles parlent là-bas.
- Peut-être? Insistai-je.
- Ça ne va pas vous plaire ...
- Qu'est-ce qu'on a fait ?! S'indigna Emmett déjà sur la défensive.
Mais un regard à mon colocataire suffit pour que je comprenne le sujet de la polémique. Immédiatement je soupirais en m'enfonçant dans le canapé comme pour me préparer au choc.
- J'ai embrassé Alice. Souffla Jazz.
CE CHOC LA !
- Tu as quoi?! Répéta Emmett.
- Emmett … Soufflai-je pour qu'il se calme.
- Alice? Genre Alice ma sœur?!
- Tu connais d'autre Alice?! S'énerva Jasper.
- Alice ma toute petite … petite et innocente … Petite sœur ?!
- Oh c'est bon, Alice n'est plus une petite fille et tu le sais ! Et Edward était au courant ! Lança-t-il en me montrant du doigt.
Mon frère me lança un regard noir.
- Quoi? Mais non?! Me défendis-je.
- Tu le savais et tu ne m'as rien dit?! S'énerva à son tour Emmett.
- Mais je savais rien moi ! Je savais juste qu'il avait des vues sur Alice et moi aussi j'ai été en colère au début mais après Jazz m'a fait son discours et … Pfff ...
Emmett restait planté debout devant nous, rouge comme une écrevisse, alors que Jasper et moi baissions les yeux comme deux petits garçons ayant fait une bêtise. De longues secondes s'écoulèrent sans qu'Emmett ne disent un mot si bien que nous commencions à nous inquiéter.
- Tu crois qu'il respire encore? Me chuchota Jasper en essayant de ne pas trop bouger les lèvres.
- J'en sais rien, répondis-je sur le même ton, je crois qu'on devrait aller vérifier.
- Vas-y toi, j'ai peur qu'il me morde.
- Bien! Lança soudainement mon frère en se plaçant entre moi et Jazz (qu'Emmett prenait fermement par le cou) sur le canapé. Très bien. J'imagine que je devrais au moins me réjouir de savoir que je pourrais t'avoir à l'œil à chaque instant …
- Génial... Souffla le pauvre Jasper.
- Mais je te préviens ! N'essaie même pas de lui faire autre chose que des bisous avant le mariage mon vieux, sinon tu auras de mes nouvelles.
- Tu sais, je ne suis pas tout à fait certain qu'elle soit encore vierge. Lâcha subitement Jasper.
- Répète un peu! Le menaça Emmett.
Jazz se leva d'un bon pour sortir de l'emprise d'Emmett.
- Non, j'ai rien dit ! Rectifia Jasper les mains en l'air. Elle l'est c'est sûr ! Pure comme un nourrisson.
- Je préfère ça. Bougonna mon frère.
- Bon et concrètement, qu'est-ce qui s'est passé ensuite? Demandai-je sans pour autant être sûr de vouloir connaître la réponse.
- Bah rien !
- Comment ça « Rien »? Répétai-je.
- Vous êtes arrivez, Alice à empoignée Bella et on en arrive là !
- Quoi? Mais t'as fais ça maintenant là?! S'écria Emmett.
- Pendant que tu commandais à manger. Avoua Jazz.
D'un mouvement commun et sans se concerter, Emmett et moi nous enfoncions dans le fauteuil en grimaçant.
- Sur le canapé. Souffla Jasper.
Dans un couinement de douleur nous nous levions d'un bond encore plus écœurés.
- Nan je plaisante ! Ça c'est pas passé sur le canapé mais vous auriez vu vos têtes ça valait le coup !
- Je vais l'étrangler !
Je retenais mon frère de justesse avant qu'il ne se jette sur Jasper qui riait aux éclats en dégustant sa bière.
***
BELLA POV
Assises toutes les deux sur le lit de Rosalie, j'essayais tant bien que mal de suivre le récit complètement désordonné d'une Alice en panique totale. Un coup d'œil à Rosalie m'informait que celle-ci était dans le même cas que moi. Alice faisait les cents pas depuis un bon quart d'heure en faisant de grand gestes désespérés pour accompagner ses paroles. La suivre donnait la même impression que celle d'assister à un match de tennis : gauche, droite, gauche … J'avais presque mal aux cervicales !
- Et comme ça sans prévenir, Jasper m'a embrassé !
Enfin elle nous faisait face en attendant une réaction qui ne venait pas.
- Bah alors?! Vous n'avez pas compris ce que je viens de vous dire !!? Jazz m'a embrassé ! Insista-t-elle.
Rosalie et moi échangions un regard entendu avant de revenir sur Alice. Nous nous levions et la prenions chacune par la main pour l'assoir entre nous deux. Rose et moi l'entourions par les épaules et doucement, nous tentions de retirer l'énorme bandeau invisible qui jusqu'ici avait rendue la pauvre Alice complètement aveugle.
- Bien, respire. Chuchota Rosalie.
Alice s'exécuta.
- Voilà, doucement. Ajoutai-je. Maintenant écoute, je vais te poser une question toute simple d'accord?
- D'accord. Pleurnicha Alice.
- A quoi tu t'attendais?
- Hein?
- Bah oui quoi, continua Rosalie, ça crevait les yeux que tu lui plaisais !
- Et vous étiez toujours fourrés ensemble ! Ajoutai-je à mon tour.
- Et alors? Répondait Alice. T'es toujours fourrée avec Edward et il t'a pas embrassé !
« Trouve quelque chose Bella ! Parle ! Et pourquoi tu paniques à cause de ça?»
- C'est différent ! Me défendis-je.
- Ouais, ça ça reste à prouver. Souffla Rosalie à demi mot sans que je ne comprenne vraiment pourquoi. La vrai question ici Alice c'est … ça t'a plus?
- Je sais pas, répondit Alice en haussant les épaules, c'était bizarre...
- C'est toujours bizarre quand on est prise par surprise. La rassurai-je.
- Tu te verrais recommencer? Continua Rose.
- Bah … Hésitait Alice.
Un petit sourire apparaissait sur ses lèvres.
- C'était assez agréable dans un sens, mais je sais pas trop ce que ça veux dire … Enfin, pour Jazz. J'ai vraiment du mal à nous imaginer en « couple» vous savez. Quand on connait quelqu'un depuis trop longtemps, ça peut aussi casser une amitié.
- Demande à Bella, c'est elle qui sort depuis des années avec son meilleur ami.
- Ancien meilleur ami. Rectifiai-je. Alice a raison, on perd un ami en sortant avec cette personne. On ne peut pas cumuler les titres de petit-ami et meilleur ami.
- Pourquoi? Bouda Alice, désespérée.
- Exemple simple : Quand ton copain t'agace profondément, c'est pas vers lui que tu vas courir pour te défouler en lui en mettant plein de la tête ! Tu imagines : « Hey chéri, tu m'as gonflé ! Met-toi en mode Best Friend pour que je t'en foute plein la tronche ! ».
Je parvenai à la faire rire.
- Mais parfois, ajoutai-je, l'amitié en est aussi sublimée. Il faut juste trouver un juste milieu.
- Merci Bella. Souffla-t-elle en me prenant dans ses bras.
- En attendant, il faut que tu parles de tout ça à Jasper. Conclut Rosalie.
- Je sais, répondis Alice en se levant, je vais le faire. Merci les filles.
- Tu vas en parler à tes frères? Demandait Rosalie avec un petit sourire narquois sur le visage.
- Surtout pas à mes frères. Soupira Alice en enfonçant ses mains dans ses cheveux.
- Pourtant il va falloir. Plaçai-je avec tact.
- Il faut que je trouve un moyen délicat de leur faire comprendre que c'est pas la première fois que j'embrasse un garçon.
Rose pouffait de rire.
- C'est ça rigole, c'est pas tous les jours facile d'être la petite protégée!
Elle embrassait Rosalie et s'apprêtait à sortir rejoindre les trois autres au salon mais se ravisait au dernier moment. Alice était surexcitée. C'était difficile de rester sérieuse devant cette rechute vers l'adolescence.
- En attendant, pas un mot aux garçons !
- Juré ! Affirmions-nous en chœur.
***
EDWARD POV
En entendant la porte de la chambre s'ouvrir, Jasper nous donnait ses dernières recommandations à voix basse.
- Pas un mot aux filles !
- Promis. Répondions-nous avec beaucoup moins d'entrain que lui.
***
[18/ Stateless - Bloodstream]
En fin de soirée je raccompagnais Bella à son dortoir. Nous avions décidé d'y aller à pied. La nuit, bien que très fraîche, était claire et la Lune éclairait nos pas. Nous n'avions pas vraiment eu le temps d'être ensemble ce soir mais le repas avait été agréable. De plus, voir Bella graviter dans ma sphère familiale me rendait toujours aussi extatique. Cela-dit et même si je savais que je la reverrai le lendemain soir, l'avoir pour quelques minutes à moi seul m'était nécessaire, l'échéance de son départ me hantant un peu plus chaque jour.
Arrivé devant sa porte, Bella chercha ses clés dans son sac et j'en profitais pour l'observer, pendant ce court instant où elle faisait autre chose. C'était les seuls moments où il m'était donné de le faire. La légère brise qui flottait dans l'air balayait parfois ses cheveux qui allaient lui caresser le visage, la fraîcheur rosissait ses joues couleur nacre et faisait briller ses yeux, mais le plus adorable de tout, c'était le bout de son nez qui rougissait sous l'effet du froid. J'imprimais tous ces détails sans efforts. Ces détails que je remarquais pour la première fois chez quelqu'un.
Enfin, j'entendais le cliquetis de son trousseau ce qui annonçait que j'allais bientôt devoir la laisser s'en aller et rentrer chez moi. J'aurai voulu m'endormir près d'elle. C'est ce que j'imaginais chaque soir en cherchant le sommeil.
- On a passé une bonne soirée.
- Comme toujours oui.
- Donc, hésita-t-elle avec un petit sourire, j'imagine que tu es au courant pour Jasper et Alice …
J'enfonçai mes mains dans mes poches, essayant de m'habituer à ses deux prénoms mis l'un à côté de l'autre.
- Pour le moment il n'y a pas de Jasper et Alice.
- Oh, le grand frère est tout chiffonné à l'idée que sa petite sœur, qui en fait à exactement le même âge que lui, soit devenue une femme sans lui demander l'autorisation. Se moqua-t-elle.
- Je vois que mon désarroi te touche, c'est gentil.
- Arrête un peu ce cinéma. C'était sûr que ça arriverait un jour. Tu ne pouvais pas garder Alice pour toi tout seul, pour toujours.
- C'est injuste.
- La vie est injuste. Me sourit-elle.
- Je ne peux qu'être d'accord avec toi sur ce point. Admis-je en levant les yeux vers elle.
Ma remarque sembla la troubler un instant car Bella baissa les yeux et mis un moment avant de reprendre la parole.
- Je trouve que c'est une bonne chose. Commençait-elle légèrement rêveuse. Ils se connaissent par cœur et on voit déjà à sa façon de la regarder que Jasper ferait n'importe quoi pour elle.
- Tu vois tout ça rien qu'en regardant dans les yeux de quelqu'un?
- Bien sûr, il y a certain cas où ça n'est pas si difficile tu sais.
Je faisais un pas de plus vers Bella de sorte que nous soyons très proche l'un de l'autre.
- Qu'est-ce que tu vois dans mes yeux?
- Avec toi c'est plus difficile. Souffla-t-elle en balayant mon visage de ses mots.
- Pourquoi? Demandai-je, ma voix presque éteinte.
- Parce que tu es en conflit perpétuel avec toi-même et parce que je ne suis pas sûre d'avoir réellement envie de lire en toi.
- Je suis si répugnant que ça à tes yeux alors?
Sa mâchoire se contracta légèrement et elle détourna les yeux avant de me répondre. C'est un regard déterminé et sévère que je retrouvais.
- C'est tout le contraire en fait. Avoua-t-elle alors que déjà sa voix se bloquait, peut-être sous l'effet d'une colère dont elle ne connaissait pas l'origine.
Que répondre à ça? Qu'est-ce que je devais comprendre à cela? Qu'elle m'appréciait plus que ce qu'elle ne l'aurait souhaité? Et pourquoi devait-elle être si énigmatique à ce sujet? Sur certain sujet, Bella et moi pouvions échanger pendant des heures mais pour d'autres comme notre relation ou cette chose qui nous liait, c'était comme si nous nous parlions à travers un mur de pierre quasiment hermétique. Ça me rendait fou.
Je ne savais vraiment pas quoi ajouter de plus. J'aurais très bien pu tourner les talons et partir mais j'en étais incapable. Bella me fixait avec une certaine frustration dans le regard, comme si elle se retenait de me dire quelque chose d'important. Tout son corps semblait me crier ces mots tellement elle paraissait tendue à ce moment, mais c'était comme si sa propre bouche refusait de la laisser parler librement. Comme si tout ça nous était interdit et que l'univers lui-même nous empêchait d'agir. Jamais je ne m'étais senti aussi proche et aussi éloigné d'elle à la fois. Comment faisait-elle pour prendre tout ce que j'étais et de le chambouler d'un battement de cils.
Maintenant nous étions tous les deux frustrés et en colère contre ces tabous qui nous pourrissaient la vie. Pourquoi ne pouvions-nous pas parler simplement de ces sentiments contradictoires qui finissaient toujours par nous éloigner?
J'aurai tellement aimer connaître le vrai sens des ces paroles, mais j'en était incapable. Bella ne m'en donnait pas la possibilité. Je voulais m'en aller, je voulais vraiment partir. Mes poings se serrèrent comme deux blocs de glaces, ma respiration s'accéléra, ma mâchoire se contracta et à mesure que je réalisais les changements qui s'opéraient en moi, je ne voyai plus qu'elle.
Au lieu de tourner les talons pour de bon, je la ramenai vivement contre moi pour l'entourer dans l'étau de mes bras. Un instant je la sentie se raidir mais je ne lâchai pas prise. Sa respiration saccadée venait s'échouer dans mon cou et d'un seul coup, ni elle ni moi ne sentions le froid. Une fois que je fus certain qu'elle ne s'échapperait pas, je relâchai un peu la pression de mes bras autour d'elle. Automatiquement, ma main remonta le long de son dos jusqu'à sa nuque tout en caressant doucement la base de ses cheveux, dont j'humais profondément l'odeur en fermant les yeux pour la laisser m'envahir.
Bella ne bougeait plus, ses deux mains en barrière protectrice contre mon torse. Elle se laissait bercer contre moi.
J'aurai pu rester ainsi toute la vie...
***
BELLA POV
Blottie contre lui, je perdai peu à peu conscience de la réalité. Pourquoi avait-il un tel pouvoir sur moi? C'était plus qu'injuste, c'était tragique. Je n'avais aucun droit de ressentir ces choses, ni d'apprécier sa main chaude sur ma nuque. Je n'avais pas non plus le droit de trouver son parfum attirant et rassurant. Toutes ces sensations représentaient à elles seules toutes les erreurs de jeunesse que je m'étais promise de ne plus jamais refaire. En réalité je n'avais jamais évolué, j'avais juste dissimulé la vérité. Ma grande maturité, celle dont je me ventais parfois, n'était qu'une vaste farce entourée de fumée.
« - Je suis si répugnant que ça à tes yeux alors? », cette remarque tournait en boucle dans la tête. Comment pouvait-il être aussi cruel envers moi. S'il avait su ce qui me hantait ...
J'étais en colère. Tout mon corps hurlait de rage contre ce désir d'être près de lui que je ne contrôlais plus et que je n'avais plus envie de contrôler, aussi malsain soit-il. Mais le pire dans tout ça, c'est que pour la première fois depuis très longtemps, les deux personnes qui était en perpétuelle dualité à l'intérieur de moi était en symbiose parfaite. Elles le voulaient lui et maintenant. Impossible de faire taire cette envie de le posséder et de le garder près de moi.
Depuis le début de cette semaine, j'avais remarqué que nous nous étions rapprochés et que parfois les situations que nous nous autorisions à vivre n'étaient pas très claires. L'amitié laissait parfois sa place à l'attraction. Jusqu'à ce soir, j'avais toujours réussi à les contrôler pour ne pas dépasser certaines limites, aussi bien physiques qu'émotionnelles. Mais ce soir, dans ses bras, si proche, tout se mélangeait en moi. Je n'arrivais plus à penser de manière réfléchie. Tout ça était tellement vrai et naturel, instinctif même, que je ne voyais vraiment plus pourquoi je devais m'en défaire.
Sa chaleur irradiait contre moi à travers son tee-shirt. Je voulais plus, plus de chaleur. Je voulais sa peau contre moi. Je voulais qu'il m'imprègne de sa chaleur.
Lentement, mon visage remonta la ligne de son cou et mes lèvres vinrent se poser là où je sentais les palpitations de son cœur. Ce rythme régulier et fort contre mes lèvres tremblantes m'électrisa au plus profond de moi, m'envoyant une vague de frissons incontrôlables.
Comment avais-je pu en arriver là? Moi qui m'étais faite une promesse un matin, il y a plusieurs années de cela.
Croyant peut-être que je souffrais du froid, Edward resserra son emprise autour de moi et je senti ses lèvres, aussi chaudes que les miennes, se poser d'abord sur mon front, puis plus longtemps sur ma joue. Sa main entoura mon autre joue comme pour m'empêcher de m'éloigner mais là était tout le problème, je ne voulais plus bouger - même si, inévitablement, l'un de nous allais devoir rompre cet instant et vite, avant que les choses n'aillent plus loin.
***
EDWARD POV
Cette douce pression dans mon cou m'avait directement envoyé en enfer et si le paradis existait, je n'en étais pas loin non plus. Je voulais la sentir. Son front, cette joue si douce sous ma peau, ses lèvres si proches et pourtant tellement inaccessibles. J'aurai vendu mon âme ne serait-ce que pour les effleurer.
Tremblante, Bella recula pour me regarder. Je ne pu qu'admirer les lignes parfaites de son visage. Ses petites mains glissèrent jusqu'à mes hanches, j'entourai délicatement son visage entre mes mains et jurai devant Dieu qui si elle ne parlait pas maintenant, je l'embrasserais et au Diable ma bonne conscience.
- Il faut que je rentre. Souffla-t-elle péniblement, ses mains dégageant les miennes.
- Je sais. Chuchotai-je en essayant de calmer l'émotion que ma voix trahissait.
Bella reculait de quelques pas en gardant les yeux sur ses chaussures.
- Je te vois demain. Dit-elle avant de passer précipitamment la porte du dortoir.
J'avais été incapable de répondre quoique se soit. J'étais mentalement vidé et physiquement épuisé. Il ne me restait plus qu'à rentrer et à dormir jusqu'à demain, quand elle reviendrait … Si elle revenait vraiment.
***
Mercredi,
Essoufflés nous arrivions enfin sur le campus après une heure de course acharnée, en tout cas pour moi elle l'avait été. Je me reposai quelques secondes en appui sur mes genoux pour reprendre mon souffle alors que Bella piétinait encore habillement devant moi avec un sourire qui en disait long sur ce qu'elle pensait de ma condition physique pitoyable.
- Après ça tu oses dire que tu n'es pas bonne au footing? Lançai-je à bout de souffle.
- Oh je suis très mauvaise, admit-elle à peine décoiffée, mais il y a une grande différence entre toi et moi...
- Ah oui ? Laquelle?
- Tu devrais arrêter de fumer. Dit-elle en revenant vers moi pour me toiser.
- Après ça, c'est sur. Tu m'as dominé pendant toute la course.
- Je t'ai même attendu à certains moments.
- C'est ça, continues. Tue-moi tout de suite si tu préfères.
- Pourquoi tu fumes d'abord? Pour jouer les mecs « cool ». Se moqua-t-elle en minant les guillemets.
- Nan, tu n'y es pas du tout.
- Oh, dans ce cas éclaires-moi.
Je me redressais et nous avancions vers l'entrée du bâtiment.
- Ça fait partit de mon personnage de musicien torturé.
- C'est donc ça, riait-elle, allez viens je vais te faire un café pour te retaper. Et moi qui avait des complexes à propos de mes performances sportives !
Elle ouvrait la grande porte et avançait dans le hall quand moi je restais dehors, figé.
- Un problème? Demanda-t-elle voyant que je ne la suivais pas.
- Non, si ce n'est que je viens de prendre conscience que tu m'invites à découvrir le carnage de ta chambre. Depuis le temps que j'en attend parler, c'est un grand moment.
- Oui et bien dépêche-toi d'entrer avant que je ne change d'avis.
- Tout de suite ! Je m'en voudrais de rater une occasion pareille.
Je la suivais en silence dans les escaliers jusqu'à ce que Bella s'arrête devant la porte et mette la clé dans la serrure. Elle avait l'air anormalement calme comparée aux nombreuses fois où j'avais tenté de monter jusqu'ici et qu'elle avait gentiment esquivé ma demande en inventant toutes sortes d'excuses.
Elle entra la première et je la suivais prudemment, m'attendant à trébucher sur quelque chose. A force de me répéter à quel point sa chambre était en désordre, cette pièce était devenu un vrai mythe pour moi. Le désordre qu'elle décrivait ne lui ressemblait tellement pas, qu'il me fallait le découvrir pour connaître cette nouvelle facette que Bella tenait tant à me cacher.
Je m'apprêtais à découvrir un capharnaüm monumental mais à lieu de ça, je découvrais une chambre tout à fait normale. Le lit était fait, les vêtements étaient pendu dans le placard, la salle de bain paraissait ordonnée vu d'ici. Je devais avouer que j'étais légèrement déçu.
- Tu avais prévu ton coup pas vrai?
- Qu'est-ce tu crois, sourit-elle, j'ai passé la matinée à ranger.
- Tu voulais m'attirer dans ta chambre petite coquine.
- Désolé de casser tes fantasmes mais on avait dit que ce soir on resterait sûrement chez moi donc …
- Peut-être mais je croyais que tu allais esquiver au dernier moment moi.
- Déçu?
- Oui, je me sent trahi si tu veux tout savoir.
- Oh mon pauvre … Minauda-t-elle en retirant ses chaussures qu'elle balança dans la pièce.
Je souriais en remarquant la négligence dont elle faisait preuve avec ses pauvres tennis.
- Je sais, souffla-t-elle en regardant ses chaussures au coin de la pièce, les habitudes ont la vie dure.
- Je suis le plus heureux des hommes. Être témoin de ça … Très féminin bravo !
- C'est ça moque toi, en attendant je vais prendre une douche, fais comme chez toi. J'en ai pas pour longtemps.
Bella filait sous la douche, fermant soigneusement la porte à clé (comme si j'allais entrer !) et je faisais quelques pas dans cette pièce qui regorgeait d'informations et de détails que je brûlais de connaître.
L'eau commençait à couler dans la salle de bain et déjà le parfum des produits qu'elle utilisait envahissait la pièce. Toujours ce parfum fruité et acidulé qui me rendait fou. Je souriais à l'idée que quand Bella ressortirait, cette odeur allait être encore plus forte.
D'abord j'approchai du bureau où ses affaires de cours et ses livres étaient éparpillés. Un livre en particulier attira mon attention, il était retourné sur la tranche, marquant sûrement la page où elle avait arrêté sa lecture : Anne Frank. Le journal de cette jeune fille juive dans les camps de concentration Allemand durant la seconde guerre mondiale. Un classique.
Je continuais mon exploration en examinant les photos accrochées sur son mur. Celle de son père Charlie (qui n'avait pas pris une ride) devant leur maison de Forks. J'avais parfois du mal à réaliser que Bella et moi avions grandis si proches l'un de l'autre. Je poursuivai mon examen du mur : quelques photos d'elle et Jacob sur lesquelles j'évitais de m'attarder, des photos de Phoenix à en juger par les cactus avec une jolie femme souriante qui devait être sa mère. J'aimais découvrir le roman photo de la vie de Bella Swan, c'était comme si d'un seul coup, elle devenait plus accessible.
Lentement je m'asseyais sur son lit en faisant un dernier tour d'horizon quand je tombais sur son Ipod, posé sur la table de chevet. Le petit appareil était branché sur des hauts-parleurs. Machinalement j'appuyai sur Play pour voir qu'elle était le style musical qu'elle écoutait en ce moment. « Feeling Good» de Nina Simone commençait.
[19/ Nina Simone – Feeling Good]
Agréablement surpris, je me laissai tomber sur le lit, les mains derrières la tête, me laissant envahir par les notes et la voix grave de la chanteuse à la voix rauque, presque masculine.
La porte de la salle de bain s'ouvrait et une vague de chaleur moite s'empara de la pièce. Comme prévu ce parfum m'entoura en je me laissai porter par cette vague des plus envoutante. Bella arrivait vêtue d'un pantalon ample en velours noir et d'un petit débardeur de la même couleur. Ses cheveux mouillés tombaient en cascade sur ses épaules et dans son dos. Les parties apparentes de son corps luisaient de l'humidité de la douche qui recouvrait encore sa peau d'une fine pellicule. Elle était magnifique.
- Je ne savais pas que tu aimais le Jazz.
- Ça dépend des moments. Je suis dans ma période Jazz et Soul ces temps-ci.
- Très bon choix. Souri-je.
- Tu aimes? Demanda-t-elle en s'asseyant près de moi.
- Ça me détend... la musique m'a toujours fait cet effet, mais je ne m'en suis vraiment rendu compte qu'au lycée. C'était mon refuge. On en a tous un à cette période de nos vies. C'était quoi le tien au lycée?
Son visage se fermait et elle détournait les yeux.
- Ne me dit pas que c'était ta capuche? Plaisantai-je.
Mais visiblement, ça ne fit rire que moi.
- On pourrait parler d'autre chose? Demandait-elle nerveusement.
- Oui... Oui bien sûr. Répondis-je, surpris par ce changement d'attitude soudain.
Je savais que la période du lycée avait été délicate pour elle, mais pas à ce point... Cependant, je décidais de ne pas insister et immédiatement Bella se détendait.
- Je pourrais utiliser ta salle de bain?
- Bien sûr. Tu as des serviettes propre sur le côté.
Je me levai, retirai mes chaussure puis ma chemise. Une violente douleur me brûla l'épaule quand le vêtement glissait le long de mes bras.
- Tu as mal au dos? Demanda Bella, visiblement concernée.
- Oui, des courbatures. Tu vois à quel point mes capacités physiques sont développées. Ça passera …
J'essayais de bouger mon épaule avec précaution pour la dégourdir mais rien n'y faisait. La douleur était persistante.
- Je peux te masser si tu veux. Souffla timidement Bella.
Un moment je cru mal comprendre. Lentement je me retournais pour lui faire face.
- Il paraît que je suis douée pour ça tu sais. Ajouta-t-elle, interprétant mon silence comme de la méfiance.
- D'accord, je veux dire … Si tu veux, ça serait gentil. Répondis-je, hébété.
Elle me souriait, se levait et me faisait signe de m'allonger sur le lit. Encore une fois, je me demandais si sa proposition était réelle. Je m'allongeais donc sur le ventre et je sentai ensuite Bella monter à califourchon sur mes hanches, les genoux de chaque côté de mon corps. J'avalais difficilement ma salive en essayant d'imaginer l'effet que j'allais ressentir quand ses mains caresseraient mon dos.
- Surtout dis-moi si je te fais mal.
- Compte sur moi. Souri-je.
Puis lentement, ses mains fraîches et délicates vinrent se poser sur moi. D'abord sur les omoplates, puis à la base de mon cou. Un long frisson me parcourait et j'avais la chair de poule, mais Bella fut assez compréhensive pour ne pas me le faire remarquer. J'étais déjà assez mal à l'aise comme ça à cause des réactions incontrôlables de mon corps quand il s'agissait de Bella. Ses mouvements étaient lents et fermes à la fois. Elle y mettait juste la force qu'il fallait pour que je sente toutes les tensions de mon corps se plier à ses caresses. C'était tout simplement divin. Dire qu'elle était douée pour ça était un euphémisme.
Quand ses mains descendirent doucement vers le bas de mes reins, traçant subtilement ma colonne vertébrale, j'étais perdu. C'était parfait. Les pressions qu'elle exerçait sur moi me faisait non seulement du bien, mais en plus elles m'envoyaient au 7ème ciel. C'était la première fois que Bella et moi partagions un moment aussi intime et sensuel. Heureusement pour moi que j'étais sur le ventre et que, de ce fait, je ne pouvais pas la voir. Si j'avais pu la voir, assise sur moi, j'aurai trop été tenté de la toucher. J'aurai voulu lui rendre les mêmes faveurs et certainement plus. Tenir ses fines hanches entre mes mains et la serrer contre moi en respirant l'odeur de son ventre plat. Rien que d'y penser …
Je ne savais pas comment je faisais pour rester aussi calme. Tout mon être se consumait de l'intérieur.
***
BELLA POV
- Je pourrais utiliser ta salle de bain? Demanda Edward.
- Bien sûr. Tu as des serviettes propre sur le côté.
Ce fût à ce moment précis que je perdais la raison. Edward se leva et entreprit de retirer sa chemise. Jusqu'ici rien d'anormal pour quelqu'un qui s'apprêtait à prendre une douche, mais quand il découvrait ses épaules, puis son dos, exposant un peu plus sa peau et ses muscles saillants, je ne pu m'empêcher de me délecter de ce spectacle alléchant.
Aussi coupable que j'étais de ressentir un tel désir, je détaillais avec envie chacun des muscles qui se bandaient sous sa peau alors qu'il faisait lentement glisser sa chemise le long de ses épaules. Ce simple geste ne m'était jamais apparu aussi érotique. J'aurai aimé juste une fois, avoir le droit de sentir ses muscles se contracter sous mes doigts.
C'était incroyable de voir à quelle vitesse mon imagination voyageait à cause d'une seule petite chemise qui allait bientôt (trop lentement même) tomber par terre.
Puis Edward grimaça de douleur, accusant son épaule.
- Je peux te masser si tu veux...
Je n'en revenais pas d'avoir dit ça. C'était sortit tout seul... J'allais me ridiculiser.
- Il paraît que je suis douée pour ça tu sais. Ajoutai-je avec le plus de détachement possible vu le regard qu'il venait de me lancer.
« Quelle idiote ! »
- D'accord, je veux dire … Si tu veux, ça serait gentil.
Dans quoi je venais de me fourrer? Je savais déjà que c'était déplacé de proposer ça, mal même ! Très mal ! Le pire dans tout ça, c'était qu'une partie de moi se réjouissait d'avoir réussi mon coup. J'allais poser mes mains sur ses muscles qui me faisaient tellement envie. Juste une fois … Après tout, Edward souffrait, en bonne amie j'allais l'aider. Il n'y avait rien de mal à ça. Si?
« C'est ça Bella, continue à t'inventer des excuses pour cacher le fait que tu t'apprêtes à faire une grosse bêtise, que ton copain n'approuverait certainement pas !»
Déjà il s'allongeait sur mon lit et je faisais taire cette saloperie de conscience et sans trop d'efforts en plus ! Je montais sur lui, admirant de plus près ses formes masculines sous moi. Le cœur battant de façon irrégulière, je posais les mains sur ses omoplates. Sa peau était toujours plus chaude que la mienne. Edward irradiait de chaleur. Je voulais découvrir son corps, du moins une infime partie, du bout des doigts.
En évoluant sur lui, je n'imprégnai de toutes ses formes, des imperfections et des irrégularités de sa peau. J'entourais ses larges épaules, essayant de détendre ses muscles et parfois, il me soufflait du bout des lèvres à quel point je lui faisais du bien. Je devais fermer les yeux pour rester concentrer et ne pas extrapoler ses paroles et détourner leurs sens.
Maintenant j'avais chaud, ma peau s'adaptait à la sienne à l'image d'un caméléon. Mon cœur battait dans mes tempes quand je descendais jusqu'à ses reins, butant sur la ceinture de son pantalon. Avec les pouces j'insistais sur certains points stratégiques et mes mains entourait ses hanches.
Je sentais son ventre se contracter sous la proximité de mes doigts. A cet instant, j'aurais aimer parcourir tout son corps, pas seulement ce dos musclés. J'aurais aimé sentir l'odeur de sa peau. Encore une fois, comme la veille, je perdais le contrôle. Jusqu'ici, j'avais toujours réussi à m'en sortir mais à mesure que je passais du temps avec Edward, cette volonté s'amoindrissait.
J'avais surtout peur d'une chose. J'avais peur qu'il ne fasse une remarque sur l'ambiguïté de notre amitié parce qu'à cet instant, je n'aurais plus eu d'autre choix que de l'accepter. S'il jamais il pointait cette petite chose du doigt, tout ça deviendrai réel et tout serait fini. Je ne pourrais plus me cacher derrière cette inconscience que je fabriquais pour me donner le droit de continuer à le fréquenter en toute impunité. Mais au fond de moi je savais que je n'étais pas si innocente que ça quand il s'agissait d'Edward.
Je ne comprenais toujours pas pourquoi je m'évertuais à jouer le jeux sachant que la partie ne se terminerait pas bien. J'allais perdre, nous allions perdre tous les deux. Le passé ne m'avait-il donc rien appris? Étions-nous constamment destinés à retomber dans les mêmes schémas pour sentir cette adrénaline courir dans nos veines? Et pourquoi devais-je me sentir si vivante avec lui?
Enfin, le plus important, comment allait finir cette soirée?
Toute cette semaine même …
***
EDWARD POV
J'étouffais de devoir rester passif dans une telle situation. Je ne pouvais ni parler, ni bouger, ni même penser. Tout mon corps était rythmé par ces caresses qu'elle me prodiguait. C'était à la fois jouissif et carrément insupportable. Je priais pour qu'elle ne s'arrête jamais et que nous puissions passer la nuit ainsi.
Dans la chambre, nous n'entendions que la musique et nos respirations un peu plus bruyantes que d'habitude. J'avais l'impression d'être endormi, en plein rêve. J'aurai voulu ne jamais me réveiller mais la réalité s'imposa à nous sous la forme d'une sonnerie de téléphone.
Bella sursautait et se jetait sur son portable, se relevant par la même occasion. Alors qu'elle était déjà passée à autre chose, je restais immobile sentant encore les sensations de ses mains sur ma peau. Ces sensations qui s'évaporaient trop vite laissant un grand vide à la place.
Je maudissais déjà la personne qui l'avait appelée.
- Jake ! Répondit-elle.
« Évidemment» pensai-je en enfonçant la tête dans son oreiller. Mauvaise idée cela-dit, il sentait trop bon.
- Ça va? Non, tu ne me déranges pas du tout …
«Tout est relatif ...», pensai-je.
Je m'asseyai lentement sur la lit en remettant ma chemise. J'essayai de ne pas prêter attention à cette conversation. Maintenant j'avais besoin de partir, de quitter cette pièce pour respirer de l'air frais et retrouver mes esprits.
- Moi aussi, souffla-t-elle, on se voit dans deux jours de toute façon.
Je me figeai. Seulement deux jours … Je n'avais pas vu la semaine passer. Plus que deux jours …
Une boule se formait dans ma gorge, je ne voulais pas qu'elle parte. Demain soir serait notre dernière soirée, je ne voulais pas non plus que le jour se lève demain matin. Je voulais simplement que le temps se fige pour toujours. Était-ce trop demandé?
J'enfilai mes chaussures et me dirigeai vers la porte en faisant un signe de main discret à Bella, mais avant que je ne puisse m'enfuir, elle attrapait mon poignet. J'aurai voulu lui prendre la main ...
- Attend, quitte pas un instant s'il-te-plait, dit-elle au téléphone pour ensuite cacher le micro avec sa main. Où tu vas? Me chuchota-t-elle ensuite.
- Il faut que je rentre bosser un peu, mentis-je, en plus je travaille tôt demain matin donc ...
- Bon ok, souffla-t-elle confuse, on se voit après les cours alors?
- Oui, bien sûr. Souri-je.
Ensuite elle reprenait le téléphone et je partai.
***
BELLA POV
- Allo? Soufflai-je une fois la porte refermée.
- Jake ? C'était quoi ça?! S'étonna Alice à l'autre bout du téléphone.
- Rien, écoute ne me pose aucune question s'il-te-plait. Tu viens juste de me sortir d'une situation délicate. Répondis-je nerveusement.
- Bon ok … Pour le moment en tout cas … Tu es sûre que ça va?
- Oui ne t'inquiète pas.
- Bon. Je t'appelai pour avoir un petit renseignement. Tu fais quoi demain soir?
- Je serai probablement chez ton frère et Jazz, pourquoi?
- Je suppose qu'ils n'ont pas encore décoré leur appartement?
- Décoré? Répétai-je.
- Bah oui, pour Noël idiote !
- Oh ça. Répondis-je à mille lieux de là. Non, ils n'ont rien décoré Alice.
- Je m'en doutai ! Je pars quelques années et les traditions partent en fumée ! Il faut que je m'occupe de tout ici.
- Et tu me dis tout ça parce que … ?
- Tu vas m'aider !
- Question idiote …
- On se retrouve là-bas demain à 17h30 !, lançait-elle avec un enthousiasme qui était loin d'être partagé. Et soit à l'heure, on a du travail ! Bye !
Puis aussi simplement que ça elle raccrochait et je m'écroulais sur mon lit.
***
Jeudi,
Comme prévu, j'arrivais chez les garçons à 17h30 et Alice piétinait déjà devant la porte comme si j'étais en retard. Elle m'ouvrait la porte en soupirant et je découvrais que Rosalie – elle aussi mise à contribution – était déjà au boulot. Perchée sur un escabeau, elle s'évertuait à décorer un sapin de Noël artificiel qu'elles avaient monté dans l'après-midi. Mise à part le manque d'odeur, on aurait dit un vrai arbre.
- Vous avez mis le paquet à ce que je vois.
- Je fais les choses bien moi, me rétorqua Alice, enlève ton manteau et accroche ces guirlandes. Vu que tu as le vertige, je t'ai gardé les choses à accrocher à ton niveau. Bien que vu ta taille, tu devras lever un peu les bras je pense.
- Trop aimable ! Soufflai-je en serrant les dents.
- Non Rose, plus à gauche la boule rouge s'il-te-plait.
Sous la direction d'Alice, la pauvre Rosalie ne pouvait se permettre aucune « fantaisies artistiques » comme disait notre bourreau. J'approchai de la table où se trouvaient les guirlandes et découvrai des créations originales de papiers brillants rouges et verts, sur lesquelles les photos de la famille Cullen avaient-été imprimées.
- C'est toi qui à fait ça?
- Oui, j'ai trouvé que c'était une idée intéressante, m'expliqua Alice. J'ai trouvé ça sur le net. Tu envois tes photos et ils de les sortent en guirlandes !
- C'est une bonne idée, un peu kitch mais …
Alice me fusilla du regard.
- J'ai rien dit ! M'excusai-je en levant les mains, me retenant de rire.
- Regarde, toi aussi tu y es.
En y regardant de plus près, je découvrai une photo d'Eward et moi prise pendant une de nos soirée DVD chez Rosalie et Emmett.
- C'est pas vrai, j'y suis … Mais pourquoi?
- Pourquoi à ton avis andouille, tu fais partie de la famille aussi.
- Mais je ne serai même pas avec vous à Noël Alice. Fis-je remarquer, toutefois très touchée par cette attention.
- Je sais, ça n'est pas pour ça qu'on t'a oublié. Rose?
Rosalie arrivait derrière nous avec un paquet dans les mains.
- Tiens. Joyeux Noël !
- De la part d'Alice et moi. Me sourit Rosalie.
Elle me tendait le cadeau que je prennai timidement.
- C'est … Je … Vous n'auriez jamais dû. J'ai rien prévu encore, Noël n'est que dans 10 jours !
- On n'a pas pu attendre. On l'a vu en vitrine l'autre jours en faisant du shopping et on a tout de suite pensée à toi. M'expliqua Rosalie.
- C'est pas raisonnable … Soufflai-je. Vous n'étiez pas obligées.
- Ouvre-le au lieu de bavasser ! S'excita Alice.
Je lançai un regard entendu à Rosalie qui partageait le même avis que moi sur les exubérances d'Alice. Pour ne pas la faire attendre plus longtemps, j'ouvrais soigneusement le paquet et découvrai un sweat à capuche sur lequel était marqué : « Je me cache, mais si tu savais ce qu'il y a en dessous ! » - Je restais sans voix, ne sachant pas trop si je devais leur crier dessus ou rire.
- C'est au lycée que vous auriez dû m'offrir ça !
- Je sais, mais vu que nous étions deux idiotes au lycée et qu'on n'a pas pris le temps de te connaître … Répondit Alice. Mais crois-moi, ça me tue de t'offrir un hoodie!
- Je l'ai un peu forcé. Ajoutai Rosalie avec un clin d'œil.
- Vous êtes les meilleures !
Je les prenai toutes les deux contre moi et nous restions un petit moment à nous serrer les unes contre les autres en riant.
- Vous allez me manquer pendant ces 15 jours. Boudai-je.
- Alors ne part pas. Me répondait Rosalie.
- C'est pas si simple, j'ai une autre famille vous savez.
- Allez, quart d'heure d'émotion terminé. Moi ça me rend triste ! Lançait Alice en reculant. En plus on a du travail. Jasper va bientôt arriver.
- Jasper hum? Fis-je remarquer avec un petit clin d'œil subtilement placé.
- Garde ton esprit pervers pour toi jeune fille, pour une fois ça n'a rien à voir avec … tout ce que tu essaies d'insinuer.
- C'est à dire?
- Jazz n'a jamais vraiment fêté Noël avec sa famille, m'expliquait Rosalie, la plupart du temps il était chez les Cullen, mais pas toujours …
- Ses parents n'étaient pas du genre à fêter Noël et avant son adolescence, avant qu'il soit avec nous, c'était pas la joie à cette période. Ajoutait Alice. C'est pour ça que j'ai voulu faire ça pour lui cette année.
Nous nous remettions à la décoration en même temps qu'Alice m'expliquait toutes ces choses sur Jasper. J'avais du mal à saisir certaines nuances cela-dit, je ne connaissais pas Jazz aussi bien qu'elles et j'avais peur de demander plus d'informations. Heureusement pour moi, Rosalie enchaînait.
- Ses parents biologiques ont disparu quand il avait 15 ans.
- Disparu? Demandai-je.
- Ils sont simplement partis.
- Un soir, il est venu frapper chez nous son sac sur le dos, depuis on ne l'a plus quitté.
- C'est horrible de faire ça !
- Je suppose que certaines personnes ne sont simplement pas faites pour être parents. Soupira Rosalie.
- Ça n'excuse rien ! Fit remarquer Alice. Il ne méritait pas ça.
- Je sais. Admit Rose.
- Il a eu de la chance de vous trouver. Soufflai-je en accrochant une des guirlandes, la photo du jeune Jasper de l'époque étant plus présente que les autres à cet instant devant mes yeux.
Je ne pouvais que me trouver aussi chanceuse que lui sur le moment. Les Cullen étaient vraiment une famille admirable.
- Au fait, comment ça se passe pour vous deux. Demanda Rosalie à Alice après quelques minutes. Vous avez reparlé du fameux baiser?
Alice arrêtait ce qu'elle était entrain de faire, les yeux dans le vague une courte seconde.
- Elle rougie ! Souri-je en la pointant du doigt suivie de Rosalie.
- Ça suffit ! Criait Alice en nous tournant le dos pour se reprendre. Bande de commères ! Ça ne vous regarde pas d'abord !
- Houuu mais c'est qu'elle est susceptible la petite. Rajouta Rosalie en me donnant un coup d'épaule.
- Allez, donne-nous quelque chose à nous mettre sous la dent ! Insistai-je.
- Sinon on va te harceler jusqu'à ce que tu craques ! Ajoutait Rose.
- C'est pas vrai ! S'écria Alice en rendant les armes. Vous n'êtes qu'une bande de petites pestes perfides !
- Rien que ça ! Riais-je.
- On n'y va doucement d'accord ! Ça vous va?!
- Pas tout à fait, vous êtes en couple? Demandait Rosalie les bras croisés.
- Quoi, non … J'en sais rien encore !
- Vous avez couché ensemble?
- Rosalie ! S'exclama Alice encore plus rouge.
- Bah quoi? Ça peut arriver.
- On s'est juste embrassé … encore … Hier … Et aussi avant hier, mais ça ne veux rien dire de plus !
- C'est ça, c'est pour ça que tu redécores son appartement en cachette ! Si tu veux mon avis Bella, ces deux là vont finir mariés !
- Tu m'étonnes !
- S'il-vous plait les filles, Jazz et moi on ne veux rien décider tant que je n'en ai pas parlé avec Emmett et Edward. C'est peut-être ridicule mais ils sont très protecteurs envers moi. J'ai pas envie qu'ils se fassent de fausses idées. Je leur dirai à ma façon que nous sommes …
- Que vous êtes? Insistai-je en souriant.
Alice réfléchit un instant.
- En instance d'accouplement ! Lançait-elle fièrement.
Après une seconde à rester dubitatives, Rosalie et moi explosions de rire et peu de temps après Alice se joignait à nous.
Ensuite nous avions mis les bouchées doubles avant que les garçons ne rentrent et l'appartement était méconnaissable. Avec ce somptueux sapin et toutes les petites touches de couleurs (guirlandes et autres décorations) qu'Alice nous avait fait ajouter, l'atmosphère était chaleureuse et accueillante. C'était l'ambiance d'un vrai foyer, plus celle de deux étudiants fan de bières et de rock'n roll. Il ne restait plus qu'à savoir s'ils allaient apprécier. Cela-dit avec Alice ils n'auraient pas trop le choix ! Nous n'allions pas tarder à la savoir car déjà nous entendions des clés dans la serrure et la grosse voix d'Emmett nous confirmait le tout.
Je surprenais Alice à retenir son souffle quand la porte s'ouvrit. C'était un spectacle assez irréaliste : Alice anxieuse. Je lui passai main dans le dos pour la rassurer.
Ils entrèrent et nous crions toutes les trois en chœur :
« SURPRISE !! »
***
EDWARD POV
Quand nous arrivions, mon cœur manquait un battement sous l'effet du cri qui nous arrivait en pleine tête et surtout parce que mon appartement irradiait de lumière. Il scintillait de milles feux. En découvrant ma sœur dans mon salon je souriai. Il n'y avait qu'Alice pour être derrière tout ça.
Très vite pourtant, j'oubliai mon sentiment personnel devant tout ça pour me tourner vers Jazz juste derrière moi. Je savais, tout comme Alice et les autres, ce que ce spectacle – dans son appartement, sa maison – pouvait représenter pour lui.
Il avançait prudemment à l'intérieur, les yeux rivés sur les décorations et restait sans voix. Tout le monde retenait son souffle, même Emmett, devant l'ampleur de l'évènement. Je n'avais plus vu ce regard là chez Jasper, depuis que nous l'avions emmené avec nous à DisneyWorld quand nous n'avions que 10 ans. Ce regard se remplissait ensuite en une émotion que je n'arrivais pas vraiment à cerner et il découvrait Alice. Contre toute attente, je souriais.
Il s'élança vers elle pour la prendre dans ses bras. Bella s'écarta vers Rosalie pour leur laisser un peu d'intimité s'il on peut dire et pendant une minute, personne n'osa parler. Nous étions presque gênés d'être là, devant eux, à les admirer. Comme si ce moment ne nous appartenait pas.
- Merci. Souffla simplement Jazz, perdu dans le cou d'Alice.
Pour toute réponse, elle le serra plus fort. Même Emmett ne trouva rien à redire, préférant se rapprocher de Rose plutôt que de dire une bêtise que même lui n'aurait pas trouvé drôle. Alors, comme nous étions les deux seuls plantés au milieu de la pièce comme des idiots, Bella se rapprocha doucement de moi en souriant et j'entourai simplement ses épaules.
Jasper reculait, regardait encore une fois les décorations et alla embrasser bruyamment la joue de Rosalie qui explosa de rire, détendant l'atmosphère par la même occasion.
- Merci.
- Joyeux Noël gros nul ! Sourit Rose.
Ce fût ensuite au tour de Bella qui faillit décoller du sol devant l'enthousiasme de Jazz qui me l'arrachait sans le vouloir. Je ne lui en tenait pas rigueur, c'était juste un de ces détails que j'avais tendance à remarquer. Comme le vide de sa présence, même si je n'étais près d'elle que depuis trois minutes.
- Merci Bella.
- De rien. Répondait-elle timidement.
- On mange maintenant? Lançait Emmett en ruinant l'ambiance.
Tout le monde le hua.
- Quoi encore ?!
Alice lui lançait un regard blasé et se détourna pour aller chercher les plateaux qu'elle nous avait préparé.
- Ah tu vois qu'on va manger ! Qu'est-ce que je disais !
- J'avais simplement prévu que ton estomac serait plus fort que tout ! Rétorqua-t-elle.
- Alors, vous avez des beignets à la framboise et à l'abricot, des tartes aux fruits, des éclairs au café et des biscuits salés pour toi Rosalie vu que je sais que tu préfères ça …
- Merci t'es la meilleure.
- Tu nous gâtes Alice. Disait Bella en prenant place sur le dernier fauteuil libre.
- Bah je me suis dit que vu que nous ne passerions pas les fêtes ensemble, j'allais préparer un petit goûté spécial départ en vacances.
En regardant encore une fois l'appartement, je remarquais quelque chose de différent. Quelque chose qui n'avait rien à voir avec la décoration intérieure.
- Vous avez fait le ménage?!
- Bah oui, qu'est-ce tu crois? Rétorqua Alice comme si j'étais stupide
- Qui veux du café? Demanda Rosalie la cafetière bouillante à la main.
- Vous partez finalement? Demandai-je à Rose, lui tendant ma tasse au passage.
- Oui on part skier quelques jours.
- Parle pour toi bébé, moi je vais Snowboarder ! Lança mon frère en imitant sa position de surf, avant de reprendre un gâteau.
- Ouais enfin si tu tiens encore sur la planche avec tout ce que tu avales ! Rétorqua-t-elle.
- J'imagine que cette année nous ne serons que tous les trois. Souffla Alice en s'asseyant à côté de Jasper. Je vous préviens les gars, je ne me taperai pas toute la cuisine. Si vous voulez manger, il va falloir m'aider!
- Promis. Lui répondit gentiment Jazz. Pas vrai Edward ? On va cuisiner comme des pros toi et moi !
- Ouais si tu le dis. Répondis-je sans enthousiasme.
- Oh, oh … Qu'est-ce qui se passe? Me demandait Rosalie.
- Rien, je trouve simplement dommage que nous soyons tous éparpillés cette année. D'habitude on va toujours chez maman et papa pour le réveillon de Noël.
- Laisse-les un peu prendre du bon temps ! Ce sont les premières vacances que papa peu prendre depuis des mois. Me fit remarquer Emmett.
- Je sais. Admis-je à contre cœur.
- Mais c'est qu'il déprimerait le petit Edward. Se moqua Jazz. Il pourra pas voir son Poopa et sa Mooman à Noël … Ohhh !
Je lui balançai un beignet en plein visage.
- Hey ! Cria Alice ! J'ai fais trois pâtisseries pour les trouver ceux-là !
- Pardon. M'excusai-je pour la forme alors que je fusillai toujours Jazz du regard. Lui qui me regardait avec un sourire idiot.
- Je te ramènerais un morceau de sapin si Forks te manque à ce point. Me sourit Bella.
- Toi aussi tu t'en va, je te cause plus ! Boudai-je.
Bella partit en éclat de rire devant ma petite crise. Dieu que ce rire allait me manquer.
- Et lève-toi de ce fauteuil, j'en ai marre de rester debout.
- Et je m'assoie où après moi?! S'exclamait-elle en essayant d'arrêter de rire.
Je la tirai par la main pour la forcer à se lever et je prennai sa place sans pour autant la lâcher.
- Sur mes genoux.
Et sans attendre de réponse, je l'attirais à moi pour qu'elle s'assoie sur moi.
- Ca va mieux comme ça, la crise est finie? Me demanda Rosalie avec un regard des plus subjectifs.
Je ne relevai pas.
- Non parce que là je comprend mieux cette soudaine envie de partir à Forks. Enchaînait Jasper qui se reçu un coup de coude dans les côtes par ma sœur, que je gratifiai d'un sourire.
Heureusement que Bella ne remarquait pas leurs allusions douteuses, trop occupée à se faire asticoter par Emmett.
- Et puis d'abord, pourquoi on t'appelle « Bella » et pas « Isa », hum? Si j'ai envie de t'appeler Isa moi hum? T'y a pensé à ça?
- Pas vraiment non. Ajouta-t-elle perplexe.
- Tais-toi un peu ! Rétorquait Alice, volant au secours de Bella.
Moi je n'avais jamais trouvé ce fauteuil aussi confortable. Je discutais avec les autres comme si de rien n'était mais en réalité, tout ce à quoi je pensais à cet instant c'était ma main posée sur la hanche de Bella. J'imprimais la façon dont ses cheveux retombaient dans son dos, son profil quand elle souriait à Rosalie à notre gauche, le bas de son dos qui se découvrait légèrement quand elle se penchait pour prendre quelque chose sur la table basse, ou encore sa façon de bouger sur moi quand elle s'installait plus confortablement sur mes genoux. Pour quelques heures j'oubliais que demain matin, j'allais devoir l'accompagner à la gare et la laisser partir sans sourciller.
***
L'après-midi s'acheva paisiblement. Emmett et Rosalie furent les premiers à partir. Tout le monde leur disait au revoir car nous ne le reverrions certainement pas avant une semaine. Alice et Jasper décidaient ensuite d'aller diner au restaurant. Ils nous proposaient à Bella et moi de se joindre à eux mais nous refusions, préférant les laisser en tête à tête. Personnellement, je préférais rester seul avec Bella mais ça, elle n'était pas obligée de le savoir.
Une fois seuls, nous avions rangé l'appartement et regardé Die Hard 4, le dernier que nous avions à regarder pour finir cette quadrilogie ensemble. Une fois le film terminé, il était déjà minuit. Nous étions déjà vendredi et dans 8 heures exactement, Bella partait pour Forks. Ma gorge se serra à nouveau, je ne pouvais plus nier l'évidence, j'allais devoir lui dire au revoir.
Le générique de fin défilait devant mes yeux, Bella était allongée contre moi, la tête sur mon épaule et je l'entourai d'un bras. C'était devenu une habitude entre-nous, nous regardions toujours la télévision dans cette position, l'un contre l'autre. Encore un détail qui allait me manquer.
Lentement je tournais la tête vers Bella vu qu'elle n'avait toujours pas bougé (pas que je m'en plaigne bien au contraire) et je me rendais compte qu'elle dormait. Pendant un instant, je ne su pas vraiment ce que je devais faire. La réveiller? Hors de question, elle était bien trop belle endormie contre moi. Me lever lentement et aller dormir sur le canapé? Solution la plus raisonnable mais absolument … Insupportable. Alors je me contentais de la regarder. Son ventre qui se soulevait doucement alors qu'elle respirait lentement, son air paisible et le sourire apaisée qui dessinait ses lèvres … Un moment suspendu dans le temps dont j'étais le témoin privilégié. C'était parfait.
Une mèche de cheveux lui tombait devant les yeux me donnant une excuse pour toucher son visage. Lentement je ramenai la mèche derrière son oreille. Un moment elle bougea en gémissant quelque chose d'incompréhensible et je retirai ma main de peur de l'avoir réveillé mais finalement elle se calmait et la tentation était trop forte. Je recommençai à lui caresser la joue, le plus doucement possible et sentai à mon tour la fatigue s'emparer de moi.
J'allais sombrer quand deux coups discrets frappaient à ma porte. Jasper passait la tête à l'intérieur et je lui faisais signe d'entrer. Il fit quelques pas dans la chambre, les mains dans les poches et sourit en découvrant Bella endormie contre moi.
- Tu ne vas pas la réveiller? Chuchota-t-il.
Je faisais simplement non de la tête.
- J'ai raccompagné ta sœur chez Rosalie et Emmett …
- C'est bien. Répondis-je sur le même ton.
- Je veux juste que tu saches que … Qu'on y va doucement elle et moi et que je la respecte.
- Je sais.
- Elle est différente des autres.
- Ça aussi je le sais.
- Je m'occuperai bien d'elle Edward. Tu es mon meilleur ami et ton opinion compte beaucoup pour moi, je veux juste savoir que tu approuves tout ça …
Je prenai un instant avant de répondre.
- Laisse-moi encore un peu de temps pour m'y habituer d'accord. Je sais que ça n'est pas raisonnable et que vos histoires ne me regarde pas mais … j'y peux rien, Alice sera toujours ma petite sœur …
- Je sais...
Il regardait de nouveau Bella.
- Elle va nous manquer. Sourit-il, sous entendant : « Elle va TE manquer, encore plus qu'à nous ».
- Tu n'imagines même pas à quel point. Soufflai-je.
- Bonne nuit Ed.
- Bonne nuit. Répondis-je, ne quittant pas Bella des yeux.
Jasper refermait la porte derrière lui. Doucement, prenant soin de ne pas trop faire bouger le lit, je me levais pour me changer. Je retirai ma chemise et mon jean pour enfiler un pantalon de jogging, plus confortable pour dormir. Je regardais Bella endormie sur mon lit et je ne savais vraiment pas quoi faire. Délicatement, je lui retirai ses chaussures et levai légèrement ses jambes pour tirer les couvertures en dessous d'elle. Je les rabattais ensuite sur elle pour ne pas qu'elle ait froid pendant la nuit, j'éteignai la télé et la lumière pour enfin retourner me coucher près d'elle.
Je me glissais délicatement dans le lit, déjà envahi par sa chaleur, et roulai sur le côté, le visage près du sien. Je sentai sa respiration régulière sur mon visage, c'était la meilleure des sensations qu'il soit au monde. Pouvoir m'endormir en regardant son visage.
Mes yeux se fermaient déjà quand, contre toute attente, Bella se rapprochait encore plus de moi. Ses mains s'abattirent sur mon torse nu et son visage se cala au creux de ma gorge. Je me statufiais dans ma propre surprise. Pourtant Bella dormait toujours profondément.
La joie prenant la place de ma conscience, je la ramenai encore d'avantage contre moi, plongeant moi aussi dans son cou parfumé. Le paradis sur terre...
- Bonne nuit Edward. Souffla-t-elle à moitié dans ses rêves.
- Bonne nuit. Chuchotai-je, le sourire aux lèvres.
En m'endormant de la meilleure façon qui soit, je savais déjà que le réveil allait être d'une brutalité sans précédent, mais pour le moment, je m'en fichais. J'étais bien, tout simplement.
***
Vendredi,
La matinée tant redoutée était arrivée. Quand je me réveillais Bella n'était plus à mes côtés et je flippais littéralement. Elle était partie sans même me dire au revoir?! Non pas ça!
- Bien dormi ? Lançait Bella en entrant dans la chambre, les cheveux mouillés et des cafés à la main.
Je relâchais tout l'air bloquée dans mes poumons.
- J'ai cru que tu étais déjà partie !
- Sans toi? Sourit-elle.
- Qu'elle heure il est?
- 6h00. Ne t'inquiète pas, tu as encore une heure pour te réveiller. Tiens, je t'en ai pris un grand. Bois-le pendant qu'il est chaud.
- Merci.
Je regardai le gobelet à l'effigie du Seattle's Best Coffee. Elle s'installait à côté de moi en buvant le sien.
- Sérieusement? Souris-je en le montrant le gobelet. Pendant mon jour de congé?
- Quoi? C'est pas grâce à toi qu'ils font du bon café !
- Gentil, très gentil. Rétorquai-je.
- Allez dépêche-toi un peu. Il faut qu'on passe chez moi prendre ma valise avant d'aller à la gare. J'avais pas prévu de dormir ici cette nuit.
- J'aurai dû te réveiller? Demandai-je timidement.
- Non … Non, ne t'inquiète pas, j'ai très bien dormi.
- Moi aussi. Souris-je.
Nous échangions en court regard avant que Bella, certainement mal à l'aise, ne me donne un petit coup d'épaule en détournant les yeux. Je buvais quelques gorgées de café et filai rapidement sous la douche. Si je gardais un rythme constant toute la journée, passant d'étape en étape, d'abord le café, puis la douche, ensuite … la gare, j'éviterai de penser. J'aurai besoin de mouvement, je savais déjà que je ne devrais pas m'arrêter sous peine de sombrer.
Trente minutes plus tard nous étions prêt à partir. Bella passait la porte quand je réalisais que je n'avais pas pris mes clés.
- Descend je te rejoins à la voiture.
- D'accord.
Je revenai rapidement sur mes pas et récupérai mes clés laissées sur mon bureau. Je m'élançais déjà dans le couloir pour descendre quand je tombai nez à nez avec Alice, portant pour seul vêtement la chemise que Jasper portait la veille. Mon sang se glaça une seconde. Nous étions aussi choqués l'un que l'autre.
- Edward, je … Commença-t-elle, gênée.
- Non. Coupai-je sévèrement. Tu sais quoi, j'ai vraiment pas le temps pour ça maintenant.
Jasper arrivait derrière elle à ce moment là, un grand sourire sur le visage, entourant Alice par la taille. Celle-ci se dégagea immédiatement. Quand Jasper s'apercevait de ma présence, son visage se ferma.
- C'est ça que t'appelles « y aller doucement »?!
- Edward … Je peux t'expliquer.
- Je croyais que tu l'avais ramené hier soir ! M'énervai-je.
- Je l'ai fait ! Répondit-il en haussant le ton à son tour.
- Tu m'as menti... Soufflai-je écœuré en le regardant droit dans les yeux.
- Edward Stop ! Cria Alice tremblante. Laisse-le tranquille ! Je suis une grande fille, je suis revenue toute seule hier parce que je le voulais et tu n'as rien à dire là dessus ! C'est ma vie ! Finit-elle en insistant plus sur cette dernière phrase.
- Tu as raison, admis-je en serrant la mâchoire, et bien maintenant je vais partir vivre la mienne. Je n'ai pas à supporter ça !
- Mais supporter quoi enfin?! S'énerva Alice.
- Me lever un matin pour trouver ma sœur à moitié à poil dans mon salon ! Voilà quoi !
Elle restait sans voix.
- Vous deux, avec vos beaux discours sur « prendre son temps … y aller doucement », vous demandez la permission et l'approbation des autres … Vous paraissez si matures, ricanai-je, en faite vous n'en avez rien à foutre ! Vous n'êtes que deux hypocrites.
La lueur terne dans le regard de ma sœur me fit sûrement plus mal qu'à elle, mais je me sentais trahi. J'avais l'impression qu'ils avaient mené tout le monde en bateau depuis le début …
J'étais irrationnel mais j'avais mal. Mal de ne plus être celui vers qui Alice se tournerait maintenant, peur qu'elle n'ait plus besoin de moi, peur qu'elle ne reparte et que je reste là …
Tout comme Bella d'une certaine façon ...
Je tournai les talons et quittai l'appartement.
***
Bella et moi arrivions à la gare et le moment tant attendu était là. Son train était en approche, il était temps de se dire au revoir.
[20/ Sea Of Love - Cat Power]
Nous restions un moment hébétés l'un en face de l'autre sur ce quai brassé par le vent de l'hiver. C'était ridicule vu que nous venions de passer la nuit enlacé l'un et l'autre mais c'était ainsi, nous n'étions plus dans notre bulle. Elle venait d'exploser et dans quelques minutes, Bella en emporterait la moitié avec elle.
Déjà le train arrivait au loin et nous n'avions toujours rien dit. J'avais pourtant tellement de choses à lui dire. Trop de choses, tout se bousculait dans ma tête, si bien que j'étais incapable de dire quoique se soit.
Elle fit quelques pas vers moi et je restai bêtement immobile à la fixer.
- Je t'écrirai. Surveille ta boîte mail pour une fois. Sourit-elle, cachant mal sa nervosité.
Je rabattais la capuche de son sweat sur la tête pour la protéger du froid. J'aurai trouvé n'importe qu'elle excuse pour la toucher.
- Prend soin de toi là bas d'accord.
- Ne t'inquiète pas, il y aura du monde autour pour éviter les catastrophes. Plaisanta-t-elle.
- Je suis sérieux. Insistai-je.
Elle se contenta de me regarder dans les yeux et de sourire faiblement.
- Passe de bonne fêtes Edward. Me dit-elle après un moment.
- J'essaierais.
- On se revoit dans deux semaines.
- Deux semaines oui.
Ma gorge me faisait mal tellement elle était serrée.
Le train s'arrêta en face du quai et Bella ramassait sa valise. Elle me fit un petit signe de main avant de me tourner le dos pour monter à bord. Mon cœur s'arrêta de battre une seconde. Ça avait été les « au revoir» les plus minables du monde. Il y a tellement de chose que j'aurai pu dire, comme la plus importante : Qu'elle me manquerait.
Je soupirai pour calmer mes nerfs à fleur de peau depuis le début de la journée. Quand je m'apprêtais à partir, Bella revenait rapidement vers moi et se jetait littéralement dans mes bras. Comme un automatisme encré dans mon ADN, je l'entourais pour la serrer fort contre moi la décollant légèrement du sol.
- Tu vas me manquer. Souffla-t-elle dans mon cou.
Ces paroles me firent autant de bien que de mal.
- Toi aussi.
Et aussi vite qu'elle était arrivée dans mes bras, elle les quittait et montait dans son train qui démarra une minute plus tard. Je restais sur le quai jusqu'à ce qu'il disparaisse à l'horizon, puis le compte à rebours commençait et la longue attente avec.
Quinze jours …
Je ne savais même pas si les choses seraient les mêmes à son retour …
Retrouverions nous notre bulle? Rien n'était moins sûr.
Comme on dit, loin des yeux …
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Les bonnes habitudes se perpétuent !!! Encore une fois la première .....
RépondreSupprimerMagique ce chapitre .... Rires, émotion.... Tu décris ces scènes de la vie quotidienne de façon admirables..... ainsi que les sentiments entre les personnages ....
C'est un bonheur immense de lire chaque semaine...
Je passerais sur FF ou TF pour reviewer plus précisement..
La semaine va être longue en attendant le prochain
Laurence
Encore un chapitre de dévoré.
RépondreSupprimerça va être long une semaine pour connaître la suite... je l'attends avec impatience!
Dis moi qu'il va partir à Forks pour la voir... J'ne suis persuadée.Ils sont déjà tellement dépendants l'un de l'autre.... vivement que la semaine passe.
RépondreSupprimervivement la semaine prochaine aussi!!!
RépondreSupprimerj'adore tjrs autant de te lire ici,ce blog est superbe,dailleurs je te fais la pub aupres de certaines copines!:))
tjrs super bien ecrit,on s'ennuie jamais,chaque chapitre se lit avec gd plaisir,y a rien à jeter!!
pas de broderie pour compbler ou des paragraphes quis ervent à rien et ralentissent l'histoire
merciiiiiiiiii
:))
vivi (vivibatta sur ff)
Encore un magnifique chapitre ^^
RépondreSupprimerTu décris merveilleusement bien les émotions et sentiments des personnages.
Je dis vivement le prochain chapitre :)
Merci beaucoup tout le monde de votre soutiens et de venir admirer le blog qui fais partit de mon "travail" même si j'adore le faire évoluer !
RépondreSupprimerQu'est-ce que j'ai aimé ce chapitre!
RépondreSupprimerTous ces petits moments entre Bella et Edward sont si délicieux et...frustrants. (Mon favori, quand il sont devant l'immeuble de Bella enlacés).
Pourquoi cela n'arrive pas dans la vie réelle?
Enfin pourquoi cela n'arrive pas à MOI, POURQUOI??? *Mode Caliméro: "c'est pô juste!")
Je prends un malin plaisir à lire et relire ce chapitre, ça fait rêver.
Et qu'est-il arrivée à Bella par le passé? A t'elle etait le jouet d'un homme ou un truc dans le genre?
Dison que même dans une fiction, des choses de la vie réelle peuvent arriver et c'est beaucoup moins enchanteur ! ;) - ça t'avance humm !? :p
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