samedi 13 novembre 2010

Chapitre VII : When the past meets the present


CHAPITRE VII

WHEN THE PAST MEETS THE PRESENT

(Quand le passé rencontre le présent)

***

POV BELLA

Depuis que j'étais descendue de la voiture de patrouille de mon père et que j'avais retrouvé la façade de planches blanches, cette maison dans laquelle j'avais vécue plusieurs années, l'anxiété s'était emparée de mon corps et je réalisais que ça n'était plus chez moi.

J'entrais dans cette chambre qui autrefois était la mienne et dans laquelle je trouvais refuge. Aujourd'hui, même si ces odeurs et ces couleurs restaient inchangées, ça n'était plus le cas. Quelque chose avait changé depuis que Seattle était entré dans ma vie : Moi. Je ne voyais plus dans cette pièce que les réminiscences d'une autre version de ma vie qui ne me ressemblait plus. Mais comment leur faire comprendre? Eux qui n'avaient pas été témoins de ma transformation. En ce changements, verraient-ils l'abandon plutôt que l'évolution? C'était pourtant la suite logique d'une vie en devenir faites de nouvelles rencontres et de nouvelles expériences.

J'étais étrangement nostalgique en posant mon sac sur mon lit, Charlie m'expliquant qu'il avait pris grand soin de ne rien changer dans ma chambre depuis mon départ. C'était bien ça le problème. Chaque petit objet me rappelait que celle que j'étais alors avait disparue et que je voulais plus aujourd'hui que celle qui occupait cette chambre à l'époque. Phœnix avait commencé le travail et Seattle l'avait finalisé.

- Je te laisse t'installer. Je vais préparer le déjeuner.
- D'accord. Soufflai-je, détaillant toujours les lieux pour essayer d'y trouver quelque chose de réconfortant.

Il fit quelques pas dans la pièce et j'entrai plus en avant, vérifiant la vue par la fenêtre. Elle aussi restait la même, le grand chêne devant la maison me le prouvant.

- C'est bon de t'avoir ici Bells. Sourit Charlie avant de passer la porte.
- Je suis heureuse d'être avec toi papa. Répondis-je en lui faisant face, les mains dans les poches arrières de mon jeans.

Et c'était vrai. Les gens m'avaient manqué, mais pas le contexte dans lequel ils évoluaient. Dans cette sorte de routine immuable qu'était leur vie. N'avaient-ils pas besoin de plus?

Charlie descendait les escaliers et je commençais à vider ma valise. D'abord, mon ordinateur portable que je posais sur le petit bureau qui était là depuis le début de ma scolarité, bien avant que mes parents ne se séparent. Je le reliai à la connexion Internet qu'on aurait pu qualifier « d'antique », Forks n'ayant pas encore découvert les joies du haut débit.

Je mettai l'ordinateur sous tension et continuais à déballer mes affaires. Quelques jeans et des chemises que je suspendai dans l'armoire, mon pyjama que je posai sur mon oreiller, mes affaires de toilettes que j'allais directement ranger dans la salle de bain juxtaposée à ma chambre, tout ce rituel pour essayer de retrouver un semblant de repères. Il était bizarre d'avoir le mal du pays en retournant dans cette maison qui était sensée être la mienne.

En revenant dans ma chambre, je sortai le sweat que Rosalie et Alice m'avaient offert la veille et un sourire apparaissait sur mes lèvres. Immédiatement je l'enfilai. J'avais dormi avec la nuit dernière et une fois qu'il fût ajusté sur mes épaules, l'odeur qu'il dégageait me retourna l'estomac. Il sentait comme Edward... Une sensation étrange m'envahissait quand les images de cette nuit, dans ses bras, faisaient disparaître la chambre autour de moi. Je me surpris à entourer mes bras autour de moi comme pour garder cette odeur plus longtemps. Elle était enivrante. Même endormie, je n'avais sentis que lui cette nuit. Tout mon corps s'était imprégné du sien.

J'allais ranger mon sac vide en bas de mon armoire, poussant quelques vieilles chaussures laissées ici avant mon départ pour Phœnix. Quand j'eus dégagé la place suffisante pour mon sac, je me figeai et un frisson glacé me paralysait. Lentement je me baissai pour ramasser ce petit tas de vêtements soigneusement pliés que j'avais découvert. Du bout des doigts je caressai ce petit chemisier orange, posée sur cette jupe en jeans. J'étais incapable de m'en saisir, déjà la colère s'emparait de mon être. En me relevant je jetai négligemment mon sac par dessus et claquait la porte de l'armoire.

Charlie m'appelait pour venir manger. Rapidement je retirai mon sweat pour l'envoyer valser dans un coin de la chambre et en choisissai un autre avant de descendre.

La colère est une sensation étrange. C'est comme la nourriture. Ça vous donne cette soudaine énergie, comme si vous pouviez … En vivre.

- J'espère que tu as faim ! Me lançait Charlie quand j'arrivai en bas de l'escalier.

Il nous servait des spaghettis à la sauce tomate, bien décidé à faire entrer tout le contenu de sa casserole dans nos deux, et soudainement minuscules, assiettes.

- Je suis affamée! Répondis-je en ramassant discrètement les pâtes tombées à côté.

Charlie reposait sa casserole dans l'évier et la remplissait d'eau avant de me rejoindre à table.

- Je vois que tu tiens toujours compte de mes conseils ménager. Fis-je remarquer en pointant l'évier avec un petit sourire.
- Comme tu peux le voir. Je passe beaucoup moins de temps à faire la vaisselle depuis que je laisse tremper les plats.
- Comme c'est étrange. Me moquai-je.
- Mange tes spaghettis jeune fille ! Rétorquait Charlie après avoir bloqué une fraction de seconde sur ma répartie.
- Oui papa. Riais-je.
Nous mangions quelques instant en silence.
- Et si au lieu de te moquer de ton vieux père, tu me disais ce que tu comptes faire de ce premier jour?
- Je vais aller à la réserve cette après-midi.
- Bien sûr, Jake doit te manquer à Seattle.
- Tu sais, je l'ai vu il y une semaine alors … Répondis-je simplement en haussant les épaules.
- Vous les jeunes, vous ne montrez plus aucun signe d'affection.

Je lui lançai un regard signalant qu'il était préférable de changer de sujet. Charlie me lança un sourire moqueur mais n'ajouta rien.

- Je dois passer à la station aujourd'hui, je serai là tôt ce soir.
- Tu veux que je te prépare un, et ne le prend pas mal surtout, vrai repas? Proposai-je.
- Les spaghettis c'est équilibré ! Se défendit mon père.
- Oui, c'est vrai. Admis-je en examinant mon assiette. Si on fait abstraction des protéines et des légumes.
- J'aurai mis des boulettes de viande si madame n'était pas végétarienne !
Je me levai, débarrassant mon assiette au passage.
- Le tofus tu connais? Souris-je en commençant la vaisselle.
Charlie déposait ses couverts dans l'évier.
- Je t'en pris, tout ces trucs à la mode, c'est pas mon truc. Rien ne vaut un bon steak bien saignant !

Pour toute réponse, je lui tirai la langue et il allait s'installer devant la télé en riant.

***

Le chemin jusqu'à la Push n'avait pas changé, il était comme imprimé à l'intérieur de moi. Mon camion savait presque s'y rendre tout seul. Cette route était un automne permanent entouré de couleurs rousses et dorées. J'arrêtais ma Chevrolet au bord de la route pour admirer la mer et sentir son odeur iodée. Je devais admettre qu'aucun paysage, que se soit à Seattle ou Phoenix, ne valait celui-ci. L'eau était agitée aujourd'hui, les vagues venant se désintégrer violemment contre les rochers dans un fracas transporté jusqu'à moi par le vent. L'air frais me détendait un peu. Peut-être avais-je juste besoin d'un peu de temps pour apprécier de nouveau ces choses simples de mon ancienne vie. Je redémarrai et quelques minutes de route plus tard, j'apercevais la grange rouge. Celle-là même qui m'avait vu grandir.

Je me garai à la place habituelle, ce qui se résumait à stopper la voiture au milieu de nulle part sur le terrain des Black. J'entendais le bruit d'une scie à métaux dans la grange et je savais que Jake avait encore rapporté du travail à la maison. Un petit sourire se dessina sur mes lèvres quand, posant un pied à terre, je découvrai Jacob retirer ses gants de protection pour s'élancer vers moi, un sourire éclatant illuminant son visage.

Je n'eus pas le temps de dire quoique se soit car déjà, je me sentais décoller du sol, soulevée dans une ronde dans les bras de mon petit-ami. Je m'accrochai simplement à ses épaules en riant. Jacob avait toujours eu cet enthousiasme contagieux. Ses longs cheveux d'un noir de jais me chatouillèrent le visage juste avant que mes pieds ne retouchent le sol et que ses lèvres brûlantes viennent s'écraser sur les miennes.

- Tu m'as manqué. Soufflait Jake, son front contre le mien.
- Jake, riais-je, on est resté bien plus longtemps séparés tu sais.
- C'est pas grave, une semaine sans te voir, c'est déjà beaucoup trop pour moi.
Je me contentai de sourire.
- Viens, je vais te montrer ma petite merveille. Lança-t-il en me tirant par la main jusqu'à la grange.
- Déjà? Tu ne veux pas qu'on attende d'aller se coucher pour ça?
- Isabella Swan ! S'indigna Jake. Petite perverse ! Je suis choquée.
- Quoi? Parce que je suis une fille je n'ai pas le droit d'avoir l'esprit légèrement tordu parfois?
- Hum hum. Seattle te pervertit ! Dit-il, entrant avant moi dans la grange.
- Tu ne crois pas si bien dire. Soufflai-je pour moi-même, le suivant finalement.
- TADAM ! Lança Jacob en retirant la bâche qui, selon moi, cachait deux épaves de motos.
- Wow. Répondis-je en essayant d'insuffler un peu d'intérêt à ma réponse.
- Je sais qu'il y a encore beaucoup de travail, mais très bientôt ces bijoux nous offrirons de magnifiques weekends en pleine nature, rien que toi et moi.
- C'est génial.
- Tu les aimes ?
- Là comme ça, c'est dur à dire pour quelqu'un qui pensait il y a encore deux semaines qu'un joint de culasse était destiné à la partie « postérieure» de la voiture.
- Tu verras, elles seront comme neuves, me dit-il en venant me prendre par les mains, on pourra même les léguer à nos enfants plus tard.

Jacob m'embrassait rapidement et retournait vers ses engins, me débarrassant le tabouret que j'occupai toujours quand je le regardai jouer les mécaniciens.

- Nos enfants? Grimaçai-je en allant m'assoir.
- Oh, tu sais, pas tout de suite bien sûr. Mais plus tard.
- Ouais, genre beaucoup, beaucoup plus tard. Hypothétiquement plus tard, pas vrai?
- D'ici quelques années, après tes études bien sûr. Je ne suis pas fou.
Et il disait tout ça avec une telle décontraction. C'était déconcertant.
- Tu as l'air d'avoir planifié beaucoup de chose pour ton avenir dis-moi.
- Le nôtre oui. Pourquoi toi non?
- Le nôtre … Répétai-je plus doucement. J'avoue que non, je suis plutôt du genre à vivre au jour le jour tu vois.
- Je le sais ça. C'est bien pour ça que je dois penser à toutes ces choses pour toi.
- Quel honneur.
Quand Jake me regardait enfin, découvrant mon air affolé, il éclatât de rire.
- Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle. Tu as celé mon avenir sans prendre la peine de me consulter avant.
- Du calme, tu verrais ta tête. Respire Bella. Je pense à l'avenir c'est tout, j'y peux rien si tu es toujours dedans. Mais ce ne sont que les rêves d'un gars à l'imagination un peu trop fertile. On n'en est pas là !
- C'est vraiment l'image idéale que tu te fais du futur? Vraiment?
- Ça ne paraitrait pas si soudain si on se voyait plus souvent.

Je restai un instant silencieuse essayant de comprendre le sens caché de cette réponse évasive, lancée entre deux coups de clés à molette.

- C'est un reproche? Demandai-je, légèrement méfiante.
- Pas du tout, je sais que tu avais besoin de partir pour faire tes études. Seattle c'est toujours plus près que Phoenix mais, Port Angeles offrait aussi un très bon cursus.
- Port Angeles? Répétai-je dubitative. Jake, c'est toi qui m'a poussé à choisir Seattle à la base.
- Je sais... Répondit-il simplement.

De longues secondes s'écoulaient avant que je ne commence à entrevoir une toute nouvelle facette de Jacob. Une facette que je n'appréciais pas spécialement. Il m'avait testé …

- C'est pour ça que tu m'as poussé à partir pour Seattle? Tu pensais que j'allais changer d'avis?
Il prit un instant avant de répondre.
- J'avoue qu'à un moment, je l'avais espéré.

Cette révélation fût assez difficile à encaisser. Je me retrouvais au rang des petites-amies indignes. Je me levai pour faire quelques pas.

- Je dois aussi t'avouer une chose Jake. Celle-là, je ne l'avais pas vu venir !
- Hey ! Attend un peu …
Il se levait à son tour pour venir vers moi.
- Je crois qu'on est partis du mauvais pied toi et moi. Tu viens d'arriver, je ne veux pas qu'on se dispute. Dit-il gentiment. Je m'excuse d'accord. J'ai été idiot de dire ça mais parfois je suis idiot, tu le sais. Sourit-il.
- Je sais, soupirai-je à mon tour, pardon … C'est juste que je ne m'étais jamais rendue compte à quel point c'était difficile à vivre pour toi d'avoir une copine qui n'est jamais dans la même ville !
- C'est réciproque il me semble …
En relevant la tête vers lui, ses yeux étaient tellement plein d'espoir.
- Oui … Oui bien sûr. Répondis-je rapidement.

Jacob me souriait et retournait à ses motos. J'étais complètement perdue. J'aimais Jake mais pour moi, la distance n'avait pas autant d'impact. Du moins, je n'avais pas besoin de planifier mon avenir au détail près pour me rassurer. Je ne savais pas de quoi mon avenir serait fait et honnêtement, pour le moment, je n'avais pas envie de le savoir.

- Au fait, demain soir tu es invitée à la cérémonie de la Yepa.

La cérémonie de la Yepa, ou littéralement « Princesse de l'hiver » était une tradition chez les habitants de la réserve, une façon d'annoncer l'hiver. Tout le monde s'offrait des cadeaux et des prières aux anciens Dieux étaient récitées autour d'un feu, par le sage de la tribu. Chez les Quilleute, c'était ce qui se rapprochait le plus de Noël, fête chrétienne par excellence. Évidemment, le Dieu que vénérait la Bible n'était pas un des leurs. Ceux des Quilleute étaient beaucoup plus mystiques. Plus petites, j'avais passé des nuits entières à écouter les légendes contées par le vieux Harry Clearwater. Encore une tradition de mon enfance. Il y a bien longtemps que je n'avais pas assisté à la Yepa.

[21/ Last of the Mohicans - Indians Visions - Tribal Spirit]

Aussi la nuit suivante, quand la Lune fût assez haute dans le ciel, les Black, les Uley et les Clearwater se retrouvaient autour d'un grand feu de bois en tenues traditionnelles. Je m'y installai en spectatrice me laissant transporter par les chants de la tribu, dans ce dialecte qui m'était inconnu mais que je trouvais toujours aussi envoûtant.

Jacob était relié à sa famille par ces sonorités mélodieuses. Son regard, éclairé par les flammes, semblait s'animer d'une toute autre lueur. Il n'était plus Jacob Black, le gentil farceur à l'esprit têtu et rebelle que j'avais toujours connu, mais bien le digne descendant d'une lignée guerrière en communion avec tous les êtres vivants de cette planète.

Je trouvais tout ce rituel magnifique et mystérieux. Même si leur coutumes m'étaient familières à présent, je me sentais toujours comme l'étrangère qui n'avait rien à faire ici. Comme si le vrai sens de tout cela m'échappait car leur sang ne coulait pas dans mes veines.

Billy Black tenant le rôle du shaman se mit à raconter l'histoire de la Yepa, ou cette princesse maudite qui transformait en glace tout ce qu'elle touchait. Elle avait été en exil toute sa vie, rejetée par son propre clan. Malgré sa beauté, elle était condamnée à fuir tous ceux qui arrivaient à toucher son cœur. Une nuit, désespérée par sa condition, elle voulu se jeter du haut de la falaise surplombant les terres Quilleute, mettant ainsi fin à sa triste existante. C'est là qu'une meute de loup l'avaient surprise.

D'abord effrayée par les animaux géants devant elle, Yepa tenta de les toucher pour les transformer en glace, le seul moyen de défense dont elle disposait. Mais à sa grande surprise, les loups résistèrent à la malédiction. La température de ces animaux étant beaucoup plus élevée que celle des hommes, ils ne craignaient pas le froid émanant de la princesse.

Retrouvant l'espoir et échappant à une solitude éternelle, Yepa vécut parmi les loups quelques temps, appréciant pour la première fois la chaleur qui lui avait fait défaut toutes sa vie, la poussant presque au suicide. Tous les six mois, les loups migraient dans une autre contrée et l'hiver reprenaient possession de la Push. Quand la meute revenait, s'en suivait six mois de chaleur.

Ainsi s'expliquait le cycle immuable des saison chez les Quilleute.

Emily Uley, passait dans mon champ de vision. C'était la plus belle femme de la réserve. Elle et Sam étaient ensembles depuis toujours et elle était une mère admirable. Elle avait élevé leurs trois fils et s'apparentait à une sœur pour Jake et ses amis, les ayant à table aussi souvent que ses propres fils. J'allais souvent chez elle plus jeune.

A y regarder de plus près, les femmes de la tribu étaient le ciment qui gardait la réserve unie. Toutes les femmes ayant épousé un Quilleute étaient maintenant mère au foyer, les hommes ramenant l'argent à la maison. Elles avaient l'air si épanouies, mais malgré tout, j'avais beaucoup de mal à me voir dans leurs peaux. Je n'étais pas Quilleute, j'avais d'autres rêves et d'autres attentes que de passer ma vie à la réserve.

D'après le tableau idyllique que Jacob m'avait décri de son futur, c'était sûrement comme ça qu'il me voyait. A l'image des couples qui gravitaient depuis toujours autour de lui.

Cette idée me fit froid dans le dos. Je ne voyais strictement rien en pensant à mon avenir, mais j'étais certaine qu'il ne serait pas fait de ça. Ça n'était pas pour moi ...

J'entendai de nouveau la voix de Billy après cette absence, ayant complètement décroché de l'histoire cependant, et juste comme ça, sans prévenir … Je me demandai ce qu'Edward faisait à cet instant à Seattle …

« La colère hum? Aussi inconstante que toutes les autres émotions au final ... »

***

POV EDWARD

Jasper avait finalement réussi à me trainer jusqu'ici, dans ce club bondé et bruyant. Toutes ces filles qui venaient se coller à moi, juste parce que nous étions deux hommes seuls, sous-entendant directement que nous étions ouverts à ce genre d'échanges. Évidemment, quoi de plus normal? Nous étions des hommes après tout et les hommes sont toujours partant, c'est bien connu !

Ça n'était vraiment pas mon cas ce soir … Ni les autres soirs d'ailleurs. Quand allaient-elles comprendre qu'une femme qui vend aussi ouvertement ses charmes n'est pas sexy. Si vous souhaitez poser votre cerveau pour un soir, pourquoi pas? Beaucoup d'hommes ne prenaient jamais leur cerveau dans ces soirées apparemment … Le problème avec moi c'était que je réfléchissais toujours beaucoup trop.

Venir ici était une véritable perte de temps. Jasper ne jouait même pas ce soir et j'avais un milliard de chose à faire en cours cette semaine. Pour moi le semestre était loin d'être terminé. Mon manque d'assiduité ces derniers mois, combiné à mon « besoin » de payer mon loyer (en litre de café …), m'avait conduit tout droit à la case : Rattrapage.

Mais Jazz avait insisté prétextant qu'une soirée entre mecs nous permettrait de resserrer nos liens, quelques peu décousus ces derniers temps.

La discution n'avait pas été des plus agréable entre Alice, Jasper et moi, mais elle avait été nécessaire. D'abord, dans une démarche déraisonnable et puérile, je ne leur avait pas adressé la parole de la journée. Ils n'avaient pas non plus cherché à communiquer avec moi.

Puis au bout d'un moment, la confrontation fût inévitable :

La veille …

« Je n'avais pas fermé l'œil de la nuit, vérifiant mes mails tous les quarts d'heures. Bella n'était partie que depuis quelques heures et je me demandais déjà pourquoi elle ne m'avait pas écrit. La réponse était pourtant simple, elle avait beaucoup mieux à faire que de penser à moi. J'avais voulu l'appeler, mais je m'étais vite ravisé de peur de la déranger. Toute la nuit je m'étais imaginé ce qu'elle était entrain de faire. J'avais vu avec écœurement les retrouvailles de ce couple que je maudissais. Je les avait imaginé tous les deux entrain de se moquer de moi, le pauvre abruti qui lui tournait autour … Et les images n'allaient pas en s'arrangeant.

Je renonçai à trouver le sommeil quand la nuit s'éclaircissait à travers ma fenêtre.

En me levant, je savais déjà que la journée allait être éprouvante. Quand j'allais prendre mon petit déjeuner, je trouvais ma sœur dans la cuisine. Aussi bien Alice que moi avions eu un moment d'arrêt en nous retrouvant l'un en face de l'autre. Nous ne nous étions pas parlé au début. Je m'étais servi un café et elle avait préparé ses toasts. Connaissant ma sœur, je savais qu'elle ne tarderait pas à exploser.

- Tu n'es qu'un crétin !

Et je ne m'étais pas trompé...

Lentement je lui avais fait face, mon café à la main. Jasper était arrivé au moment où elle me criait dessus, me disant que je n'avais aucun droit de la juger, que ça n'était pas à moi de décider ce qu'elle devait faire de sa vie et toutes ces choses que je savais déjà.

Après une dizaine de minutes à me regarder, muré dans mon mutisme, elle avait finalement abandonné.

- Mais dis quelque chose au moins ! M'avait-elle crié.
- Je suis désolé. Avais-je simplement répondu en rendant les armes devant l'évidence de la situation.

Jasper et Alice étaient fait pour être ensemble. Il fallait être aveugle pour ne pas le voir.

Ma sœur m'avait ensuite prise dans ses bras en me répétant à quel point j'étais un imbécile, mais j'avais perçu le soulagement dans sa voix. Alors que j'avais resserré mes bras autour d'elle, j'avais surpris le sourire de Jazz, prouvant que ce sentiment était partagé. »

- Edward, je voudrai te présenter Julia. Lançait Jasper en me sortant de ma rêverie. Apparemment vous avez des cours en commun.

Il me tendait mon verre et je saluai la jeune inconnue qui se tenait timidement à côté de Jasper.

- Tu es dans le cours du professeur Grant, c'est ça? Demandai-je poliment.
- Et celui de Matthews aussi. M'informait-elle en me serrant la main.
- Le monde est petit, Julia et moi avons travaillé ensemble à la librairie l'an dernier et je n'avais aucune idée qu'elle était toujours sur le campus. Continuait Jasper. En plus, elle est en cours avec mon colocataire ! C'est fou ! S'enthousiasmait-il.
- Incroyable ! Lançai-je avec moins d'entrain.

Julia se retint de ne pas rire devant l'exubérance si soudaine de Jasper devant ces pseudo coïncidences.

- Qu'est-ce que tu étudies? Lui demandai-je.
- La psychologie. Répondit-elle.
- Et ça te plait?
- Tu veux un verre? Coupait Jazz, toujours aussi excité.
- Un martini blanc, s'il-te plait. Répondait-elle.
- Je vais te chercher ça.

Alors que Julia m'expliquait ce qu'elle aimait dans la psychologie, répondant ainsi à ma question, Jasper s'éloignait en me fixant avec un sourire malsain. Il haussa les sourcils à plusieurs reprises nous désignant tour à tour Julia et moi, et levait les pouces en signe de victoire. Alors que par pure politesse j'essayai de m'intéresser à ce que Julia racontait, ma mâchoire se contracta pour m'empêcher d'insulter mon taré de colocataire. Je venais de tomber dans un piège.

- J'aime aider les gens à connaître leurs désirs refoulés. Continuait-elle.

J'acquiesçai simplement et elle enchaînait. Apparemment cette fille était du genre bavarde. Je ne savais même pas pourquoi elle se donnait autant de mal à me raconter tout ça. Elle était nerveuse ça se voyait. Cette fille semblait masquer sa timidité par la parole. Ce trait de caractère me rappelait celui d'une autre jeune femme, celle qui ne quittait pas mes pensées. Je soupirai en essayant de chasser l'image qui me serra la gorge, celle de Bella dans les bras de Jacob.

En voyant à quel point Julia essayait d'attirer mon attention, je me pris de sympathie pour elle. Combien de fois avais-je moi même raconté n'importe quoi à Bella juste pour qu'elle s'intéresse un peu à ma personne?

C'était une fille plutôt jolie, tout le contraire de Bella physiquement. Elle était blonde, les cheveux frisés coupés au dessus des épaules, les yeux bleus clairs, assez petite et apparemment montée sur ressorts quand il s'agissait de défendre ses choix.

Jasper arrivait avec le verre de Julia et celle-ci s'excusait un instant pour aller aux toilettes.

- Qu'est-ce que tu me fais là?! Lançai-je en la regardant s'éloigner.
- Quoi? Elle est jolie. Répondit simplement Jasper en sirotant son verre.
- Et?
- Et quoi? C'est tout. Tu lui plais ! Elle m'a demandé de faire les présentations.
- Tu sais que je ne suis pas intéressé.
- Oui et bien il faudrait que tu réorientes tes intérêts au lieu de te focaliser sur quelque chose, pour ne pas dire quelqu'un, d'inaccessible. Julia est une fille géniale.
- J'en doute pas ! Me défendis-je. Seulement …
- Seulement rien du tout ! Tu vas faire quoi? Te morfondre jusqu'à ce que Bella revienne et te fasse un petit câlin?
Je détournai les yeux pour ne pas lui en coller une.
- Écoute, soupirait-il, je sais que ça n'est pas facile pour toi et que tu as sûrement beaucoup de sentiments pour Bella mais elle est avec Jacob. Tu ne vas pas l'attendre toute ta vie.
- Ok, alors laisse-moi te poser une question Jazz.
Je lui faisais face à nouveau.
- Si t'étais à ma place, et que c'était Alice qui sortait avec un autre …
Son visage se renfrognait.
- Tu abandonnerais si facilement?
Son silence répondit à sa place.
- Je rentre à la maison. On se voit demain. Dis-je en posant mon verre encore plein sur le bar.
Au moment où je m'apprêtais à partir, Julia revenait vers nous.
- Tu pars déjà? Demanda-t-elle visiblement déçue.
- Je suis fatigué, répondis-je gentiment. J'ai été ravi de faire ta connaissance.
- Oui, moi aussi. Souffla-t-elle.
- On se croisera peut-être en cours. Lançai-je en m'éloignant déjà.

Une fois le dos tourné, je relâchai ce sourire crispé que je m'étais évertué à garder en parlant à Julia. Elle n'avait pas à subir ma mauvaise humeur. Cette fille avait été très gentille avec moi et je n'avais pas voulu la mettre mal à l'aise. Cela-dit, c'était un soulagement de ne plus avoir à sourire bêtement pour montrer un semblant de sociabilité. J'allais rentrer chez moi et essayer de dormir un peu.

***

POV BELLA

Je descendais à la cuisine pour prendre un semblant de petit déjeuner même si j'avais l'estomac dans les talons. Charlie faisait la vaisselle d'hier soir. Lentement je m'installai à côté de lui.

- Tu veux que je décongèle des pancakes?
- Non, je vais prendre une barre de céréale c'est gentil.
- Et c'est toi qui viens me faire la morale sur les repas équilibrés?
- Je prendrai un jus d'orange.
- Me voilà rassuré. Se moqua-t-il.

Voyant que je ne réagissais pas, Charlie me lançait quelques regards suspicieux en frottant plus que nécessaire son assiette.

- Tu vas voir Jake aujourd'hui? Demanda-t-il méfiant.
- Je sais pas, j'ai du travail pour les cours. Répondis-je en haussant les épaules.
Après un autre instant de silence, il enchaînait.
- Tout s'est bien passé hier soir?
Je haussais de nouveau les épaules.
- Oh oh … Qu'est-ce qui se passe ?
- J'en sais rien, soupirai-je, c'est juste que …

J'hésitai mais ces mots avaient l'air bien trop lourds à porter, il fallait que je les laisse sortir. Et ils sortirent tel un boulet de canon.

- C'est toujours pareil. Jake et moi on s'enferme dans cette routine. On va chez lui, je le regarde réparer ses trucs, on mange, on se couche …
- La routine hum? Sourit mon père. C'est ce qui arrive après plusieurs années de relation, surtout avec quelqu'un qu'on connait depuis toujours.
- Je sais … C'est juste qu'il planifie tout … comme … Le mariage, les enfants …
- Les quoi?! S'étouffa mon père.
- Oh mais ne t'inquiète pas papa, répondis-je avec sarcasme, j'ai jusqu'à la fin de me études pour vivre un peu avant de me transformer en poule pondeuse !
A la fin de mon laïus j'étais essoufflée et en colère. Charlie se mit à rire.
- Jacob est un gentil garçon, c'est sa façon à lui de te prouver qu'il tient à toi.
- Et si j'avais besoin de plus que ça? Soufflai-je presque pour moi-même.
- Comme? Enchaînait Charlie, ayant entendu malgré tout.
- Et si j'avais envie de … Feu? Répondis-je les yeux dans le vague.
- De feu? Répéta-t-il. A trop chercher le feu, attention à ne pas te brûler les ailes.
- Depuis quand es tu devenu philosophe? Demandai-je en souriant, cherchant à changer de sujet.
- Écoute, commença-t-il en ignorant mes sarcasmes, tout ce que je sais c'est que quand tu avais des problèmes … Avant de retourner à Phœnix...
Je sursautais presque à l'évocation de cette époque.
- Quand tu n'avais personne à qui parler, Jake était là.
- Papa … Soufflai-je.
- D'accord, j'ai rien dit mais … Je pense simplement que c'est à prendre en considération.

Je méditai sa réponse en m'accrochant de plus en plus fort au plan de travail. Je n'avais pas l'habitude d'échanger des conversations aussi profondes avec mon père.

- Tu sais ce que dirait ta mère? Ne quitte pas quelqu'un qui t'aime pour quelqu'un qui te plait.
- Pourquoi tu crois que …
- Bella, je ne suis peut-être qu'un célibataire endurci à tes yeux, mais je ne suis pas né de la dernière pluie … Sourit-il.
Je détournai les yeux, rouge de honte.
- Qui que soit cette personne qui te tourmente … Demande-toi d'abord si elle en vaut la peine. Parce que tu ne pourras plus faire machine arrière.
Après un instant, je demandai :
- Tu crois que les gens peuvent changer?
Mon père réfléchissait une seconde pour trouver les mots justes.
- Je crois que les gens peuvent apprendre de leurs erreurs si on leur en laisse le temps.
- Merci papa. Souris-je en l'embrassant sur la joue, avant de remonter dans ma chambre.

***

Dans l'après-midi je m'arrêtai à l'épicerie pour faire les quelques courses que Charlie m'avait demandé. J'en profitai pour acheter quelques produits d'entretien (je me demandais encore comment mon père faisait le ménage vu le désert de ses placards à ce niveau là) et des produits de toilettes que je n'avais pas eu la place de prendre dans ma valise.

J'allais poser mes sacs en papier dans ma camionnette quand on m'interpellait. Cette voix je l'aurai reconnue entre milles. Un sourire apparaissait sur mes lèvres et je me retournais pour faire face à cet homme, blond, à l'approche de la cinquantaine, qui n'avait rien perdu de son charme malgré les années.

- Bella Swan? C'est bien toi? Demanda-t-il en s'approchant doucement.
- Docteur Cullen. Souris-je.
- Je t'en prie, appelles-moi Carlisle. Je ne porte pas ma blouse aujourd'hui.
Je lui serrai poliment la main.
- Je suis surprise que vous m'ayez reconnu.
- De loin, c'est ta camionnette que j'ai reconnu.
Je me retournais pour regarder l'engin.
- Oui, elle ne passe pas inaperçue effectivement.
- Tu as changé cela-dit. Si je peux me permettre, tu es devenue une très jolie jeune femme.
- Merci. Soufflai-je en rougissant légèrement.

Carlisle Cullen avait toujours eu cette étincelle de bonté et de sagesse dans le regard, la même que ses fils, qui vous mettait tout de suite à l'aise et en confiance.

- Vous n'êtes pas à Aspen?
- Je te demande pardon. Répondit-il surpris.
- Oh, excusez-moi. Je vais en cours avec Edward à Seattle. Je suis souvent chez lui et Jasper.
- Mon dieu, c'est vrai Charlie m'a dit que tu étudiais là-bas. Le monde est petit ! Et, pour répondre à ta question, nous ne partons que demain pour le Colorado.
- C'est bien, j'espère que vous passerez de bonne vacances. Il paraît que vous travaillez beaucoup.
Le Docteur fût de nouveau dérouté.
- Je côtoie également Emmett, Rosalie et Alice. Expliquai-je.
- Alice? Ma fille est à Seattle?
Je grimaçai.
- Vous ne le saviez pas hum? J'ai fais une gaffe... Soufflai-je confuse.
- Non rassure-toi, tout va bien. Sourit le Docteur. Elle aurait simplement pu passer un coup de téléphone.
- Je lui dirai.
- Les enfants, soupirait-il, vous les élevez, les nourrissez, vous leur offrez une Porshe Jaune pour l'obtention de leur diplôme et un jour ils s'envolent et vous oublie.
- Je suis sûre qu'elle ne vous a pas oublié. Le rassurai-je.
- Je sais bien. Bon et toi? Tout va bien?
- Oui, je passe les fêtes avec mon père cette année.
- C'est bien. On m'attend à l'hôpital, je vais devoir te laisser. J'ai été ravi de te revoir Bella.
- Moi aussi.
Il me donnait une rapide accolade.
- Prend soin de toi et passe le bonjour à ton père de ma part.
- Je n'y manquerai pas. Au revoir.

Le docteur me souriait une dernière fois avant de s'engouffrer dans sa Mercèdes Noire.

***

[22/ Katy Perry - Thinkin' Of You live]

Je passai cette nuit là à la réserve. J'étais allongée sur le dos, Jake profondément endormi à côté de moi. Je ne pouvais plus empêcher mes larmes de couler à présent. Comment avais-je pu faire ça? Je me dégoûtai profondément. Jacob ne méritait pas ça, il était toujours si patient et attentionné avec moi. Le petit-ami parfait …

[Comparisons are easily done
once you've had a taste of perfection
like an apple hanging from a tree
I pick the ripest on i still got the seed
Les comparaisons sont facilement faites
Une fois que tu as gouté à la perfection
Comme une pomme pendant à un arbre
J'ai choisi la plus mûre
J'ai toujours eu la graine
]

Nous venions de faire l'amour comme tous les couples normaux qui ne se sont pas vu depuis longtemps. Jake avait sorti le grand jeu ce soir: Dîner romantique, bougies et musiques douces. Mais, à mesure qu'il m'avait couverte de baisers et de caresses pour me mettre en condition, pour me détendre et apprécier ce moment fusionnel, tout ce que j'avais souhaité c'était qu'il arrête de me toucher. Bien sûr je n'avais rien dit parce qu'après tout, c'était mon rôle de coucher avec lui en tant que petite-amie.

[You said move on
where do i go ?
I guess second best is all i will know
Tu disais : Va de l'avant
Où puis-je aller?
Je suppose que le deuxième choix est le seul que je ne connaîtrai jamais
]

Il m'aurait demandé les raisons de ce refus et je n'aurais rien trouvé à dire car la vérité, c'était que je ne savais pas pourquoi à cet instant je n'avais pas eu autant envie de lui, que lui de moi.

Et alors que nous commencions, dans l'espoir de trouver un peu d'excitation, j'avais fermé les yeux en le laissant caresser mon corps et embrasser mes lèvres. J'avais pris une profonde inspiration pour me détendre et arrêter de me trouver anormale pendant quelques minutes. Je ne voulais plus penser à rien, seulement ressentir ce désir qui me manquait.

« - Tu es sûre que ça va? », avait-il demandé. « - On peut arrêter si tu veux ».

J'aurai très bien pu m'en sortir ainsi, ça aurait été plus honnête envers Jacob, mais j'avais souri et je l'avais embrassé, l'invitant à continuer. Il avait continué à préparer mon corps mais là encore, je ne ressentais rien. Je respirais encore, libérant mon imagination et ça c'était produit. Le désir était arrivé plus brûlant que jamais. Mon cœur s'était accéléré à un rythme effréné et la chaleur de mon corp avait battue des records.

J'avais eu envie de faire l'amour seulement, derrière mes paupières closes, ça n'était pas Jacob que j'avais découvert.

[Cause when im with him i am thinking of you, thinking of you
what you would do if
you were the one who was spending the night
oh i wish that i was looking into your eyes
Parce que quand je suis avec lui, je pense à toi
Je pense à toi
Que ferais-tu si tu étais le seul, avec qui je passais mes nuits
J'aimerai que se soit tes yeux que je vois
]

Edward était apparu.

J'avais imaginé ses mains remontant le long de mon ventre jusqu'à mes seins pendant qu'il me prodiguait des douceurs auxquelles je n'avais jamais osée goûter. J'avais eu envie de lui donner le même plaisir en appréciant le goût de sa peau sur ma langue. Ma tête rejetée en arrière, je le voyais entrain de me donner ce plaisir intense et brûlant entre mes cuisses. Je l'aurais senti en moi de tout son long pendant que sur lui, je lui aurais imposé mon rythme. J'avais senti ses mains entourant mes fesses et accompagnant les mouvements de mon corps. J'aurai mordu son cou pour ne pas hurler le bien qu'il me faisait. Avidement j'aurai emprisonné sa langue avec la mienne, agrippant ses cheveux, griffant ses épaules. Il aurait chuchoté mon prénom à mon oreille en allant toujours plus loin en moi. Le plaisir se sublimant, je serrai retombée dans ses bras épuisée et il m'aurait aimé encore toute la nuit de la même façon.

[He kissed my lips i taste your mouth
he pulled me in, i was disgusted with myself
Il m'a embrassé et j'ai goûté à ta bouche,
Il m'a attiré vers lui
Je me suis dégoûté moi-même
]

Par la suite une intense vague de plaisir m'avait submergée et c'était dans les bras de Jacob que je m'étais réveillée.

« - Woaaa! », s'était exclamé Jacob en roulant sur le dos. « - Je ne t'avais jamais vu aussi … Libérée ! ».

[Wont you walk through and bust down the door and take me away
no more mistakes
cause in your eyes i'd like to stay
Non tu ne défonceras pas cette porte pour m'emporter,
Oh plus jamais d'erreurs,
Parce que dans tes yeux j'aimerai rester
.]

J'aurai pu vomir tellement je m'étais faite horreur. J'avais retenu mes larmes jusqu'à se qu'il s'endorme.

Maintenant impossible de les retenir … J'étais horrible.

***

[23/ Colbie Caillat – Realize]

Après cette soirée chaotique, je m'étais enfermée chez mon père quelques jours, prétextant que j'avais du travail en retard. Personne n'avait posé de question. Quoi de plus normal pour une fille comme moi : studieuse et sans histoire, sans saveur peut-être mais au moins, on pouvait la cataloguer, elle ne pourrait jamais surprendre les autres … Invisible parfois.

C'était le soir de Noël et tout le monde était en effervescence, sauf moi. J'avais besoin de savoir si mes amis allaient bien là-bas à Seattle. J'avais envie de les entendre mais je n'avais pas la force de décrocher mon téléphone.

Assise devant mon ordinateur, je regardai ce petit curseur clignoter comme s'il me persécutait. Par où commencer? J'avais tellement de choses à dire mais ce que je ressentais était difficile à retranscrire par les mots. C'était une brûlure persistante doublée d'un vide immense à l'intérieur de mon ventre. Le manque, c'était le manque.

Il me manquait, aussi difficile que ça l'était pour moi de l'admettre, Edward me manquait. J'avais besoin d'avoir un contact avec lui, impossible de le nier, j'avais besoin de lui ce soir …

Quand j'eus réalisé ça, je posai mes doigts sur le clavier et les laissai filer.

***

POV EDWARD

Comme tous les jours j'avais ouvert mes E-mails. Aujourd'hui, à la différence des autres jours et parmi les innombrables pubs, je trouvais une ligne commençant par : « Bella Swan ».

Mon cœur s'arrêta, j'avalais difficilement ma salive, partagé entre la peur et la joie. Doucement je cliquai sur cet E-mail, prenant tout mon temps pour le lire.

Il commençait comme tous les autres et j'étais heureux d'avoir enfin un signe de sa part, apparemment tout se passait bien pour elle. Elle était heureuse de retrouver son père.

En lisant ses mots, j'entendais sa voix dans ma tête. Cette simple illusion me fit un bien fou.

***

POV BELLA

Cher Edward,

J'espère que tout va bien pour vous. Comment vont Alice et Jasper? Vous ne vous sentez pas trop seuls sans le reste de la famille en ce soir de Noël? Ici tout va bien. Je passe beaucoup de temps avec Charlie, essayant de garder un peu de temps pour réviser. A ce propos, j'espère que tu tiens le coup avec le rattrapage.

Ce soir, nous restons tranquillement à la maison, c'est moi qui cuisine bien sûr. Tu verrais Charlie aux fourneaux, ça fait peur !

Je dois t'avouer que même si être de retour à Forks me permet d'être en famille, Seattle me manque beaucoup …

***

POV EDWARD

« Seattle me manque beaucoup … »

Je relisais cette phrase à plusieurs reprises avant de poursuivre ma lecture. Que signifiait ces trois points de suspension? J'avais cru comprendre qu'elle était heureuse d'être à Forks. Je perdais peu à peu ce sourire sur mes lèvres et continuai plus sérieusement.

***

POV BELLA

Seattle me manque beaucoup …

Je réfléchissais un instant à ce que je voulais faire passer dans ces mots.

Vous me manquez tous. Nos soirées tous les deux à regarder des vieux films d'actions me manquent. Ta voix me manque …

***

POV EDWARD

J'arrêtais de respirer, relisant ces mots encore et encore. Quelque chose n'allait pas. Bella n'était peut-être pas aussi épanouie que ça là-bas finalement. Sinon elle n'aurait jamais écrit de telles choses.

Ma voix lui manquait? Tout chez elle me manquait.

***

POV BELLA

Je sais, c'est bizarre. Mais c'est comme ça … Pardonne-moi si tu trouves ça étrange. C'est juste que tout ici est tellement différent. Je ne retrouve pas toujours le cocon protecteur dans lequel j'ai grandi. J'ai l'impression de ne plus appartenir à ce lieu.

J'ai beaucoup réfléchi à cette fameuse soirée où …

Tu sais, celle-où on a regardé le premier Die Hard.

***

POV EDWARD

« Celle où j'ai voulu t'embrasser … », pensai-je.

Ma gorge se serra. Je serrai mon poing en appuie contre ma bouche pour ne pas trembler tellement j'étais nerveux et impatient de lire la suite.

***

POV BELLA

Cette soirée ... Je dois t'avouer que toute la soirée, près de toi sur ton lit, j'ai eu du mal à respirer. Je ne peux plus nier que l'atmosphère était pesante. Électrique, il y avait ce courant entre nous que je ne peux pas expliquer mais il était bien là. Nous l'avons senti tous les deux et tu as été le seul à l'admettre. Je t'en ai voulu par la suite et je m'en excuse. Tu étais le plus honnête de nous deux. Au final, tu as écouté ton désir plutôt que ta tête. Je n'aurai pas dû te juger d'agir en accord avec tes envies. Peu importe la façon dont tu les as exprimées, il est temps que tu saches que je brûlai moi aussi de la même façon.

***

POV EDWARD

Je ne pouvais plus bouger. J'avais du mal à respirer, j'avais envie de crier. Pourquoi ne pas me dire tout ça en face? Ses mots étaient si doux quand je l'imaginais entrain de les prononcer pour moi. J'aurai tout donné pour revenir en arrière et revivre cette soirée. Je n'aurai pas hésité, je l'aurai embrassé et goûté le doux parfum de ses lèvres et de sa langue. Je ne l'aurai jamais laissé partir. Elle serait avec moi ce soir...

***

POV BELLA

De ce que je connais du désir, je suis de ceux qui préfèrent le feu. Mais c'est un choix risqué et difficile à assumer. On peut s'y perdre, se brûler les ailes jusqu'à ce qui ne reste plus rien de nous …

Je sais maintenant que si ce baiser était réellement arrivé, nous ne serions plus rien ...

Tout comme le feu et la poudre, ils se rencontrent, s'embrassent et se consument.

J'appuyai sur « Envoyer», la boule au ventre et la mort dans l'âme.
Comment pouvais-je me permettre d'écrire tout ça, quand moi je le savais et lui l'ignorait …

Pourquoi devait-il l'ignorer?

***

POV EDWARD

Mon cœur battait à cent à l'heure, tambourinant dans mes tempes, quand je finissais de lire ce mot. La dernière phrase se répercutant en moi avec la violence d'un météore. Mes mains tremblaient et j'étais physiquement incapable de bouger. J'aurai voulu répondre mais je ne pouvais rien dire maintenant, c'était trop dur, trop intense et tellement injuste à la fois. Pourquoi devrait-on se consumer? La force de mes sentiments envers elle aurait dû suffir à nous faire tenir en vie tous les deux. Bella avait peur … Elle fuyait une réalité sans que je ne sache pourquoi? Elle admettait ressentir quelque chose d'intense envers moi sans pour autant être capable de l'exprimer quand j'étais près d'elle. Pire encore, elle se l'interdisait et moi je mourrai un peu plus dans chacun de ses refus. Je ne tiendrai pas la distance. A souffler le chaud et le froid, elle ne faisait que nourrir ces espoirs chimériques qui finiraient par me ronger. C'était trop dur. J'avais l'impression qu'un mur nous séparerait éternellement.

J'aurai jeté mon écran par la fenêtre si je m'étais écouté. Au lieu de ça, je me levai pour prendre ma guitare et quittai rapidement l'appartement. Sur le chemin jusqu'à Spadina, je courrai jusqu'à ce que le feu irradie mes poumons. J'avais cette rage en moi que je ne pouvais exprimer. L'injustice, l'incompréhension et la frustration aurait ma peau mais le pire de tout était de ne pas connaître toutes les règles du jeu. Il était clair maintenant qu'une pièce du puzzle me manquait.

Une fois à la station, ma musique n'avait jamais été aussi chaotique...

Aucun utilisateur de la rame n'osa s'approcher de moi. Ils avaient tous fait de grand détour et c'était très bien comme ça. Ce soir c'était moi contre le monde, j'aurai voulu appartenir à un autre univers. Un univers où j'aurai pu vivre ma vie en connaissant déjà la façon dont elle allait finir. Plus de tourmente, ni de surprise, juste des choses pragmatiques et concrètes.

Et un Joyeux Noël mon cher Edward …

Les jours suivants furent interminables. Je me faisais l'effet d'être un automate. Je connaissais cette sensation, j'étais comme ça tous les jours avant que Bella n'entre dans ma vie. Avant l'accident qui nous avait rapproché, je vivais très bien cette situation. Je ne faisais que vivre cette vie que des millions de personnes vivaient sans se poser les mêmes questions que moi. Aujourd'hui c'était différent. Grâce à elle, j'avais goûté à de nouvelles sensations et tout autour de moi paraissait plus éblouissant. La nourriture n'avait plus la même saveur, ma musique ne sonnait pas de la même façon, mes mots étaient moins sombres, tout ça grâce à Bella.

Depuis quelques jours, tout redevenait normal et c'est douloureusement que je retrouvais cette léthargie que j'avais souvent expérimenté par le passé. Il me serait impossible de faire marche arrière à présent. Tout était bien trop fade.

Ce mail ne quitterait pas mon esprit avant que je puisse en parler avec elle, ce qui n'arriverait pas de sitôt. J'allais devoir patienter et suffoquer dans cette routine qui devenait mortelle, sans couleur, ni saveur. Simplement remplit de doute et de colère.

Affalé sur ma chaise dans un auditorium plein à craquer, j'essayais de suivre mon cours d'économie (option plus fastidieuse qu'il n'y paraissait). Monsieur Grant était un homme assez énergique qui essayait tant bien que mal d'intéresser des littéraires au monde boursier. Certains s'en sortait, d'autre (comme moi) non.

- Une modification de la quantité de monnaie présente dans l’économie se traduit par un changement du niveau général des prix et n’induit pas de modifications permanentes de variables réelles telles que la production réelle ou le chômage, disait le professeur, qu'est-ce que cela engendre à long terme?
Quelques étudiants se proposèrent de répondre.
- Mademoiselle à droite?
- A long terme, la banque centrale ne peut pas influencer la croissance économique en modifiant l’offre de monnaie.
Je reconnaissais la voix de Julia et effectivement, elle était assise quelques rangs plus bas que moi.
- Exactement. Elle peut, par contre, influencer durablement les prix. Finissait-il. Ce sera tout pour aujourd'hui. Merci et à la semaine prochaine.

Tout le monde se levait pour partir et je suivais le mouvement. En passant la porte de l'auditorium, j'entendai mon prénom dans mon dos. Au début, je faisais comme si je n'avais rien entendu mais sous l'insistance de cette personne qui se rapprochait de moi, je m'arrêtai et me mettais en mode « sourire » avant de lui faire face.

- Julia !
- Tu ne m'entendais pas? Dit-elle en arrivant essoufflée jusqu'à moi.
- Excuse-moi, j'étais ailleurs.
- L'économie hum? Sourit-elle.
- Ne m'en parle pas... Tu voulais me parler?
- Pas vraiment, je … Je t'ai vu et je voulais te dire bonjour c'est tout. Alors … Bonjour. Lança-t-elle maladroitement.
- Bonjour. Souris-je.

Cette fille était toujours aussi nerveuse devant moi. Apparemment je lui plaisais vraiment. C'était plutôt agréable que se soit dans ce sens là pour une fois. La pauvre je savais combien il était difficile dans ces cas là de faire le premier pas. Je ne le savais que trop bien …

- Je me demandai, commença-t-elle nerveusement, si un soir … si tu n'as rien de prévu, on pourrait … Tu sais. On pourrait peut-être aller boire un verre ensemble.
Tout au long de sa tirade, elle n'avait cessé de regarder ses pieds.
- Oui, bien sûr pourquoi pas.
Le visage de Julia s'illumina.
- J'en parlerai à Jasper. Ajoutai-je pour ne pas qu'elle ne se fasse de fausses idées sur mes intentions.

Un voile de déception, qu'elle fit rapidement disparaître, trahissait la cruauté de ma proposition. Je soupirai en essayant de rester naturel et souriant, mais je préférai être clair maintenant et ne pas l'induire en erreur. Julia était une fille gentille et douce, je ne voulais pas nourrir des idées et des envies qui n'aboutiraient pas.

- Ok, cool … balbutia-t-elle.
Mais la voir si déçue me fit un pincement au cœur.
- Donne-moi ton numéro, je t'appelle dès que possible. Souris-je.
- D'accord. Dit-elle plus enjouée. Tiens.
Elle m'écrivait son téléphone sur un bout de papier.
- N'hésite pas.

Ensuite elle s'éloignait le sourire aux lèvres et moi je soupirai en fixant son numéro de téléphone que je rangeai dans ma poche par la suite.

***

POV BELLA

Voilà maintenant une semaine que j'étais à Forks. Je n'avais jamais eu aucune réponse de la part d'Edward et j'essayais de ne pas trop y penser, car quand il m'arrivait de repenser à ces mots que je lui avais envoyé, l'angoisse me coupait la respiration. Peut-être ne m'avait-il pas répondu car il avait trouvé mon message déplacé et complètement sortit de nulle part. Peut-être que je m'étais faite des illusions en pensant que lui aussi avait ressenti cette tension entre nous. Peut-être que je n'avais tout simplement pas le droit de lui parler aussi ouvertement de cette chose interdite qui planait entre nous à certains moments. J'avais peur qu'il ne m'en veuille aujourd'hui après toutes les barrières que je m'étais évertuée à mettre entre nous depuis deux mois.

J'étais hypocrite d'imposer ces barrières pour les abaisser quand j'avais besoin de lui près de moi. Edward n'avait malheureusement pas toutes les cartes en main pour juger cette situation comme je le faisais. Sachant la vérité, je me devais d'être forte et de résister pour nous deux. Dans le cas contraire nous souffririons tous les deux et je refusais de revivre tout ça. J'y avais survécu une fois et je n'étais pas certaine d'y survivre une seconde fois. Je ne comprenais même pas pourquoi après toutes ces années à me reconstruire et à gagner en force de caractère, je me risquais à nouveau à tout perdre. Après toutes ces promesses, je me trahissais moi même. Je ne devais pas oublier mon passé et les raisons que j'avais d'agir ainsi et de faire les choix que je faisais.

Sachant tout ça, pourquoi fréquenter Edward ? Il représentait à lui seul un danger dont il n'avait même pas conscience. Il pourrait me détruire en un éclair sans même le savoir. Il prendrait toute la confiance que j'avais durement acquise et jamais je ne la retrouverais. En contre partie, pourquoi devais-je me sentir si bien dans ses bras? Pourquoi mon cœur devait-il s'affoler à chaque fois qu'il s'approchait de moi ou que j'entendais sa voix près de mon oreille? Pourquoi frissonnais-je à chaque fois que sa main se posait sur moi? Et pourquoi ne pouvais-je plus me contenter de ce que j'avais déjà?

En regardant Jake ranger ses outils et recouvrir d'une bâche ses deux motos, la culpabilité me submergeait à nouveau. Je ne le méritai pas. Jacob était la personne la plus innocente et la plus gentille du monde. Il était droit et il n'aurait jamais trompé ou trahi qui que se soit. C'était une personne sur laquelle je pouvais entièrement me reposer sans aucun risque de m'écraser en beauté. Il représentait cette sécurité que j'avais tant cherché à une certaine époque … J'avais l'impression de me servir de lui pour me sentir protégée, à l'abri d'avoir le cœur brisé en mille morceau. Jamais Jacob ne pourrait me faire souffrir comme j'avais souffert par le passé.

En même temps, lui rendre sa liberté sous prétexte qu'il m'aimait plus que je ne l'aimais l'aurait tué. Je l'aurais fait souffrir et je savais ce qu'était cette souffrance. Je le savais trop bien, je la connaissais par cœur. Je refusai de lui faire subir ça, même si je devais souffrir à sa place. Je refusais simplement d'être cette personne pour Jake. Cette personne que vous n'oubliez jamais complètement … Comme le fantôme de votre âme.

- Je sais que j'ai un beau petit derrière mais c'est pas la peine de baver autant devant, c'est gênant. Lançait Jacob en me sortant de ma rêverie.
- T'es nul. Riais-je en me levant.
Il entourait mes hanches.
- Je sais que tu ne peux pas résister à mon corps de rêve.
- C'est ça , cause toujours ! Ricanai-je.

Je le repoussai en riant mais il me rattrapait et nous sortions en même temps de la grange pour aller jusqu'à ma camionnette. Mon portable sonnait dans ma poche, indiquant que je venais de recevoir un nouveau message. Machinalement, tout en écoutant Jake m'expliquer à quel point ses nouveaux joujoux seraient rapides, je lisais le message. Immédiatement, je perdais mon sourire et Jake le remarquait :

- Qu'est qu'il y a? C'est qui?
- C'est rien. Souriais-je en essayant de rester naturelle. Juste … Edward... Cullen, Les Cullen qui me souhaitent un joyeux Noël.
- Sérieux? Quatre jours après? Sympa tes amis.
Je haussais les épaules en relisant son message.
- Ils ont dû oublier.
- Fais voir ça? Disait Jake en me prenant le portable des mains.
- Hey ! Rend-moi ça ! Criai-je.
Jacob s'éloignait en riant.
- Jake ! Tu sais que j'ai horreur quand tu fais ça !
- Je sais. Riait-il. C'est bien pour ça que je le fais.
- Aller rend-moi mon téléphone ! Fulminai-je en essayant de me tordre en deux pour le lui reprendre des mains.
- Attention jeune fille, je vais finir par croire que tu as des choses à me cacher si tu continues.
- C'est juste un manque de respect, c'est pas parce qu'on est ensemble que j'ai plus le droit à aucune forme d'intimité !
- Qu'est-ce qu'il y a de si confidentiel dans ce message d'abord?

Je retenai mon souffle quand il se mit à le lire à voix haute :

« Joyeux Noël, rentre vite ! -E- »

- Rentre vite? Répétait Jake en fronçant les sourcils.
J'en profitai pour récupérer mon téléphone et le ranger dans ma poche.
- Quoi?
- Ce gars là …Cullen. Il a l'air de l'apprécier un peu plus qu'il ne le laisse paraître. Souriait Jacob.
- Ne dis pas n'importe quoi. Soufflai-je en montant rapidement dans ma camionnette.

Au vu de ma réaction, Jacob perdait peu à peu son sourire. Je voyais son visage soudainement concerné et son regard méfiant dans mon rétroviseur. Je choisissais de l'ignorer délibérément et démarrai la Chevrolet.

- On se voit demain. Soufflai-je avant de partir.

***

POV EDWARD

Quand j'ouvrai la porte de l'appartement, Bazzoka me sautait directement dessus en chouinant comme un bébé. Un bébé de 50 kilos assez brutal dans ses démonstrations d'affection mais un bébé quand même. Alice s'en occupait jusqu'à ce qu'Emmett et Rosalie rentrent de vacances. Vu qu'elle passait la nuit ici ce soir, elle n'avait pas voulu le laisser seul. J'adorais ce chien de toute façon, cela-dit Jazz était légèrement moins enthousiaste. Il adorait Zooka, quand Zooka était chez lui. Dormir avec un animal aussi remuant que Bazooka devait lui rappeler la surprise des ratons laveur. Je souriais à cette pensée.

- On va sortir tout à l'heure toi et moi, ok mon gros?
Le chien aboyait et faisait le beau devant moi qui lui grattouillait la tête.

J'allais rejoindre Alice et Jasper, affalés sur le canapé entrain de regarder la télé.
- Te voilà toi ! Lançait Alice. Tu étais où?
- Je suis allé directement à la bibliothèque après le boulot. On mange quoi?
- Tu m'as pris pour ta mère ou quoi?
Jasper et moi échangions un regard.
- Pizza? Demandait-il en haussant les épaules.
- Pizza ! Acquiesçai-je.
Le téléphone sonnait et vu que personne ne semblait vouloir bouger, je me dévouai :
- Vous bousculez pas surtout. Lançai-je aux deux fainéants sur mon canapé qui ne levèrent même pas les yeux vers moi.
- Allo?

Un homme que je ne connaissais pas se mit à me parler très vite au téléphone, si bien que je ne pu même pas en placer une. Plus il parlait et plus j'étais perdu. Je ne comprenais pas un strict mot de ce qu'il était entrain de me raconter. Tout ce que je savais c'est qu'il était en colère et que cela concernait Alice mais avant même que je ne puisse passer le téléphone à ma sœur, il avait raccroché.

Un moment je regardais le combiné toujours dans ma main droite puis je regardais ma sœur qui était entrain de rire sous le regard protecteur de Jasper.

- C'était qui? Demandait Jasper en voyant que je n'avais toujours pas bougé.
Finalement je raccrochai, pour m'adresser directement à ma sœur.
- Alice?
- Hum? Souffla-t-elle en levant les yeux vers moi, le sourire aux lèvres.
- Qui est Thérèsa?

Un voile noir passait sur son visage si bien que je regrettai déjà d'avoir posé la question. Alice se levait immédiatement, s'élançant vers moi en me fusillant du regard. Même dans les pires moments je n'avais jamais vu ma sœur dans un tel état de stress.

- Qui c'était?! Demanda-t-elle, subitement agressive.
- Je sais pas, il ne s'est pas présenté. Un mec de ton agence sûrement.
- Qu'est-ce qu'il a dit? Répondait-elle sur le même ton.
- Heu … Que tu devais reprendre le boulot au plus vite sinon tu allais perdre les contrats de cette Thérèsa et ta carrière au passage.
Elle recula en se passant la main dans les cheveux.
- Je ne sais pas ce que tu lui as fait à celui là, mais il avait pas l'air de plaisanter.
- Comment il a eu ce numéro? Souffla Alice visiblement apeurée.
- Alice? Est-ce que tout va bien? Demandait Jasper.
Il lui passait la main dans le dos mais celle-ci se dégageait vivement.
- Alice? Qu'est-ce qui se passe? Continuais-je.

Plus nous lui posions des questions et plus Alice tremblait. Pire encore, elle reculait pour ne pas qu'on l'approche. Jasper et moi étions complètement impuissants face à cette Alice qui se fermait comme une huitre. Je ne comprenais même pas ce qu'il était entrain de se passer, c'était surréaliste de la voir comme ça. J'aurai voulu l'aider mais comment faire sans comprendre son mal?

- Pourquoi tu as les contrats de cette Thérésa? Demandait Jasper à demi mot.
- C'est mon amie. Souffla-t-elle, éteinte.
- Et? Elle ne travaille plus avec toi? Tentai-je.
- Elle est morte ok ! Cria Alice en serrant les poings. Morte !

La rage dans sa voix nous coupa le souffle et une ambiance malsaine nous tomba sur les épaules.

- Je suis partie ! Je ne suis plus mannequin.

Une larme coula sur la joue de ma sœur et je recevais une lame acérée dans le ventre. A en juger par la tête que faisait Jasper, c'était pareil pour lui, voir pire.

- Mais … Tu … Commença Jazz'.
- Mais rien ! Hurla Alice. Je me faisais du fric sur le dos d'une morte ! De mon amie ! J'aurai pu mourir avec elle mais non, j'ai appris de son erreur et moi j'ai pu m'en sortir ! Ça a boosté ma carrière !

Elle reprit son souffle un instant en nous regardant comme si nous étions avec ces hommes qui voulaient la récupérer.

- Ils peuvent bien me faire un procès. Dit-elle entre ses dents. Je ne retournerai jamais là-bas. Qu'ils aillent tous au Diable !

Et avant que nous ayons pu faire quoique se soit Alice s'enferma dans la chambre de Jasper. Une seconde plus tard, nous l'entendions pleurer. Ni Jasper ni moi ne bougions encore choqués du tragique spectacle qui venait de se jouer sous nos yeux.

***

POV BELLA

J'étais entrain de dîner avec Charlie quand mon portable sonna. En vérifiant le numéro qui m'appelait je lisais « Alice ». Vu que Charlie me faisait les gros yeux, je décrochais rapidement.

- Hey Alice, je peux te rappeler plus tard? Je suis entrain de manger. Lançai-je en souriant.
- Bella?
En entendant le son de sa voix, je devinais que quelque chose venait de se passer.
- Alice qu'est-ce qui se passe?
- C'est l'agence, soufflait-elle la voix déformée par ses larmes, ils ont appelés chez les garçons.

Devinant que quelque chose n'allait pas, Charlie me laissa quitter la table sans émettre de commentaires. Une fois en retrait dans le salon, je reprenais la conversation.

- Calme-toi. Explique-moi ce qui s'est passé.
- Ils m'ont retrouvé, ils veulent que j'y retourne. Sanglota Alice. Mais je peux pas. C'est au dessus de mes forces Bella...
- Je comprend rassure-toi mais, je soupirai en essayant de trouver les mots justes, il va falloir que tu leur dises de vive voix. Te cacher ne fera qu'empirer la situation.
- Je ne veux pas y retourner Bella.
- Je sais bien tout ça, mais … Tu n'as pas quelqu'un sur place qui pourrait t'aider?
- Je … J'en sais rien. Souffla-t-elle, désespérée.
- Alice, ils ne vont pas te lâcher tu le sais aussi bien que moi. Je sais que tu as peur, mais tu dois reprendre ta vie en main et arrêter de laisser ces salauds la contrôler.
Pour toute réponse je l'entendai sangloter.
- Alice, calme toi. Ça me tue de t'entendre comme ça, surtout quand je ne peux pas te rejoindre. Où sont les autres? Tu es seule?
- Non.
- Alors va voir Jazz' ou ton frère. S'il-te-plait ne reste pas toute seule.
- Je ne peux pas. J'ai trop honte pour ça.
- Honte?! Mais pourquoi?
- Ils savent pour Thérésa.
- Qu'est-ce qu'ils savent?
- Rien, enfin si, qu'elle est morte.
- Alice tu dois leur en parler.
- Ils vont me prendre pour une folle.
- Arrête de dire ça ! Tu sais qu'ils ne penseraient jamais ça, mais ils ne peuvent pas te soutenir s'ils ne comprennent pas ce qui t'arrive. Laisse-les t'aider ! Ils comprendront. Jasper ferait tout pour toi et c'est pareil pour Edward et tu le sais ! Alors maintenant sors de là et va les rejoindre !
- Tu rentres quand? Souffla-t-elle timidement.
- Bientôt. Soufflai-je, une boule au ventre. J'arrive dans une semaine et on pourra en parler mais je ne veux pas que tu restes dans cet état jusque là. Alice, tu as trouvé la force de m'en parler à moi alors qu'on se connaissait à peine.
- Justement c'était plus facile.
- Il est temps de leur dire ma belle.
Elle hésitait un instant avant de répondre.
- Je sais. Tu as raison.
- Bien alors maintenant, tu raccroches et tu leur en parles. D'accord?
- Merci Bella.
- Merci à toi de m'avoir appelé. Je laisse mon portable allumé cette nuit, n'hésite pas.
- D'accord.

Puis elle raccrochait et je restais pétrifiée dans le salon. Je détestais la savoir si mal et être incapable d'aller la soutenir. J'étais coincée à Forks, impuissante. C'était insupportable. J'étais la seule à connaître toute l'histoire et je n'étais pas là pour Alice dans ce moment difficile. Celui où elle allait partager son secret avec les autres. Je savais à quel point tout révéler l'effrayait et j'aurai aimé être à ses côtés pour ça, mais la vie en avait décidé autrement. Encore une preuve que même avec toute la bonne volonté du monde, on ne peut pas toujours faire ce que l'on souhaite.

***

POV EDWARD

Alice avait appelé Jasper du fond de la chambre et celui-ci avait accouru auprès d'elle. J'avoue qu'au début j'avais été un peu frustré qu'elle ne m'appelle pas en premier. Ils s'étaient enfermés pendant au moins une heure et moi je m'étais donné l'impression d'être un lion en cage, à l'affut du moindre son qui aurait ressemblé à mon prénom.

Finalement Jasper était sorti de la chambre pour préparer une tisane à ma sœur. Il m'avait tout raconté et je restai en état de choc. Je m'en voulais de n'avoir rien vu, de ne pas avoir été là pour elle quand elle en avait eu le plus besoin. J'avais bien trop été occupé par ma petit personne et ma misérable vie pour me soucier de ce qu'avait pu faire ma sœur. Elle que j'imaginais dans une villa dorée de Los Angeles pendant qu'elle croupissait dans un hôpital psychiatrique, seule et sans personne à qui parler. Comment avait-elle pu penser que nous l'aurions jugé? S'il l'avait su, mon père aurait accouru pour la sortir de là et peu importe qu'elle ai prit ces maudits cachets. Nous l'aurions tous soutenue, je serai resté près d'elle. Je l'aurai protégé de ces vautours. Je m'en voulais d'avoir été un frère aussi lamentable.

En regardant Jasper apporter sa tasse à Alice, je savais qu'il était dans le même état que moi et d'un seul coup, je voyais en lui ce que les autres avaient vu depuis longtemps. Jasper aimait profondément ma petite sœur et il le prouvait aujourd'hui.

Une heure plus tard, il ressortait et je me levai d'un bond du canapé.

- Comment va-t-elle? Chuchotai-je.
- Elle se repose. Elle veux te voir.

Je ne répondais pas. Allait-elle me dire à quel point je l'avais déçue en l'abandonnant ainsi? Jasper me mis la main sur l'épaule comme pour m'encourager à avancer et lentement j'allais jusqu'à sa chambre. J'ouvrai doucement la porte, tout en restant dans le couloir et découvrait le visage fatigué mais plus serain d'Alice debout au milieu de la pièce. Quand elle levait les yeux vers moi elle souriait timidement et cela suffit à me rassurer un peu.

- Est-ce que ça va? Demandai-je doucement, comme pour ne pas rompre la tranquillité de la pièce.
- Je suis vraiment désolée Edward. Je suis désolée de ne vous avoir rien dit.

Je faisais simplement « non » de la tête. Elle avait l'air si fragile tout d'un coup. J'entrais dans la chambre et l'emprisonnai dans mes bras, embrassant ses cheveux.

- J'aurai dû être là pour toi petite sœur.
- Comment tu aurais pu deviner? Dit-elle contre mon épaules. J'ai tout fait pour le cacher.
- C'était stupide de faire ça.
- Je ne voulais pas que ton regard sur moi change c'est tout.
Je reculai pour englober son visage entre mes mains.
- Écoute-moi bien, tu seras toujours ma sœur quoi qu'il arrive tu m'entends? N'en doute jamais.
- Je te demande pardon d'avoir douter de mon crétin de frère. Sourit-elle.

Je la berçais encore un peu dans mes bras avant qu'elle ne se dégage doucement pour s'assoir sur le lit, les genoux repliés contre sa poitrine.

- Bella était certaine que tu comprendrai.
Mon cœur se serra.
- Bella savait? Soufflai-je.
Alice hocha la tête.
- Je lui ai téléphoné toute à l'heure.
- Oh... C'est … C'est bien.

Je ne pouvais m'empêcher de ressentir une certaine jalousie. Alice avait eu le privilège d'entendre sa voix, moi non.

- Edward, elle est toujours là. Pas très loin.
Elle me prit la main en souriant.

- Je sais. Répondis-je en me forçant pour lui rendre un semblant de sourire.
- Elle te manque pas vrai?
- C'est si évident ?
- Disons que je commence à te connaître. C'est quelqu'un de spécial, on est obligé de s'attacher à elle. Elle a comme une aura.
- Je ne sais pas pourquoi je me donne autant de mal. Je sais qu'elle est avec Jacob mais …
Je soupirai.
- Quand on est ensemble c'est tellement fort, tu comprends. J'ai du mal à l'expliquer … Il faut que je continue à y croire. J'ai besoin d'elle dans ma vie, c'est comme ça. Ce jour là dans le métro, le jour de l'accident … Je crois que quelque chose a changé en moi et maintenant, je ne peux plus faire marche arrière.
- Et elle?
- Comment le savoir? Je n'ai pas le droit de lui poser la question, ni même de lui dire ce que je ressens. Je n'ai même pas le droit de ressentir ce que je ressens alors … Mais je crois que dans d'autres circonstances, nous serions … Plus que ça. Soufflai-je, effrayé de prononcer le mot : «ensemble», de peur qu'il ne soit trop douloureux.
- Je ne t'ai jamais vu comme ça pour qui que se soit petit frère. Ça doit vouloir dire quelque chose.
- Je l'espère... Répondis-je.
- Ne perd pas espoir.
- Je t'aime, tu sais ça?

Ma sœur me tombait dans les bras et je retrouvais enfin cette complicité qui m'avait tant manqué depuis qu'Alice était de retour.

***

POV BELLA

Jacob et moi sortions, main dans la main, de la salle de cinéma. A vrai dire, je n'avais pas été très attentive au film que nous venions de voir. Alice n'avait pas quitté mon esprit. Elle m'avait renvoyé un sms quelques jours après son appel pour me dire qu'elle avait suivi mon conseil et qu'Edward et Jasper était là pour la soutenir. De plus, je savais que Rosalie et Emmett devaient être rentrés de leur voyage et qu'ils étaient également autour d'elle. Malgré tout, je ne pouvais pas m'empêcher de penser que ma place n'était pas ici en ce moment mais auprès d'eux, pour Alice.

- Bon, ok. Commença Jake en s'arrêtant au milieu du couloir. Qu'est qui se passe?
- Rien. Répondis-je en fronçant les sourcils. Pourquoi?
- Tu fais une tête d'enterrement depuis une semaine. J'avais décidé de laisser couler, mais c'est de pire en pire !

Je soupirais longuement et allais m'assoir sur les marches de l'escalier à côté de nous.

- Pardonne-moi, soufflai-je, c'est juste qu'Alice ne va pas très bien en ce moment et je m'inquiète pour elle.
- Alice? Répétait-il en s'asseyant à côté de moi.
- Tu sais, Alice Cullen. Tu l'as rencontré à Seattle.
- Alice Cullen, soupira-t-il, je ne m'étais pas rendu compte à quel point tu étais proche de cette famille.
- Ce sont mes amis.
- Tu n'en as pas d'autre? Rétorqua-t-il sèchement.
- Qu'est-ce que je dois comprendre?
- Rien du tout. Répondit Jake en serrant la mâchoire.
- Non, je t'écoute Jake. Je t'en prie, précise le fond de ta pensée. M'énervai-je.
- C'est juste que … Comment dire ça sans que tu …

Il hésitait à continuer mais je le regardais avec une telle insistance qu'il avait plutôt intérêt.

- Depuis que tu fréquentes les Cullen, je te trouve … Différente.
- Différente? Répétai-je en essayant de rester le plus calme possible. Et c'est mal?
- J'ai pas dit ça ! C'est … Différent. Tu es plus distante avec moi et ma famille, on a plus les mêmes discutions, même le sexe est différent !
- C'est pas vrai … Soupirai-je en me levant pour faire quelques pas.
- Bella, je dis simplement que j'ai l'impression que … Tu t'éloignes de moi.
Il se levait pour marcher jusqu'à moi qui lui tournais le dos.
- Et ça me fait peur, c'est tout.
- Moi aussi j'ai peur. Avouai-je en lui faisant face. Jake, j'hésitai une seconde, j'aime Seattle et j'adore ces nouvelles personnes qui m'entourent. Ils m'ont accueilli comme si j'étais moi-même de leur famille.
- Ma famille a fait ça pour toi aussi.
- C'est différent. Je les connais depuis l'enfance. Jacob, je suis entrain de changer. Je découvre de nouvelles choses et de nouveaux centres d'intérêts. C'est à ça que sert la fac ! N'essaie pas de me retenir en arrière s'il-te-plait. J'en ai besoin. J'ai besoin de me construire cette vie là-bas.
- Tu crois que c'est ce que je fais? Je te retiens?
- Tu n'acceptes pas ces changements en moi. Ils me font peur à moi aussi mais me préoccuper de tes peurs à toi, je ne pourrai pas. Je ne peux pas te gérer en même temps que moi.
- Tu n'as rien compris alors...
Il faisait un pas de plus vers moi.
- Bella, si tu as besoin de temps pour découvrir de nouveaux horizons très bien, fait-le. Nous sommes jeunes et si tu ne le fait pas maintenant, tu ne le feras jamais. Je ne te retiendrai pas, mais toi, ne me repousse pas.
Je baissais les yeux mais Jacob me relevait le menton pour que je le regarde.
- Parce que Bella, je ne te laisserai pas tomber. Je te l'ai promis il y a longtemps, bien avant que l'on soit ensemble, et je te le promet à nouveau aujourd'hui.

Je relâchai tout l'air contenu dans mes poumons et ma tête retombait automatiquement sur son épaule.

- Pourquoi tu tiens tant à me protéger?
- Parce que je t'ai vu tomber une fois et je ne veux plus jamais le revoir. Souffla-t-il simplement à mon oreille.

Je me serrai un peu plus contre lui en chassant de mon esprit l'évènement auquel il faisait référence.

- Tu verras, enchaînait-il, un jour tout ça sera loin de nous. On sera mariés, on aura de magnifiques enfants et on n'y repensera plus jamais. Tu ne seras plus jamais obligée de partir.
J'ouvrai les yeux et cette colère s'emparait de nouveau de moi.
- Tu ne t'es jamais demandé si c'est ce que je voulais moi?
- On va pas recommencer avec ça Bella … ça viendra un jour de toute façon, puisqu'on s'aime.
- Tu vis dans un conte de fée ma parole !
- Mais pourquoi tu t'énerves comme ça ?!
Je ramassais ma veste par terre et m'élançais vers la sortie.
- Bella, soupira Jake, reviens. Il faut qu'on parle de tout ça !
Je me retournai en gardant mes distances.
- Tu sais Jacob, je t'aime oui mais je ne peux pas te promettre ça pour toujours. Il y a encore trop de choses que j'ignore.
Son visage se ferma et il n'ajoutait rien. J'en profitais pour m'en aller.

***

Quand je rentrai à la maison, Charlie lisait son journal sur le canapé. Je me jetai à côté de lui en soupirant longuement.

- Bonne soirée? Souffla mon père à travers son journal.
- Pfff. Lançai-je en bougonnant.

Charlie souriait en rempliant soigneusement son quotidien pour ensuite le jeter sur la table basse.

- Vas-y raconte.
- Les hommes sont tous des nuls. Répondis-je lascivement.
- Jugement un peu hatif mais ils peuvent donner cette impression parfois. Qu'est-ce qui s'est passé?
- Jake et moi on s'est un peu disputé.
- Je m'en serais douté tout seul. A quel sujet?
- Le changement. L'avenir.
- Vous vous ne faites pas les choses à moitié quand vous allez au cinéma. Se moqua-t-il.
Je le fusillais du regard et il essayait de reprendre son sérieux.
- Il veut m'enfermer pour toujours à la réserve et prendre mon utérus pour un poulailler.
- En ce qui me concerne, tu n'auras jamais d'utérus alors évite de t'associer à cette chose … Grimaça Charlie.
- Papa, il nous voit encore ensemble dans dix ans !
- C'est une preuve d'amour.
- Oui mais moi je ne sais même pas où je serai dans un mois !
- Ne te met pas la pression comme ça, tu verras bien où ça vous mènera.
- Mais alors qu'il arrête de me mettre la pression ! J'aime pas tout planifier comme ça. Cette vie qu'il décrit ne me correspond pas, c'est la seule chose que je sais.
- Tu lui as dit?
- Maladroitement.
- Écoute, tu es jeune Bella. Ces soucis ne sont pas de ton âge et si Jacob ne peut pas le comprendre, c'est qu'il n'est peut-être pas celui qu'il te faut.
Je le dévisageai, surprise qu'il fasse preuve d'une telle franchise.
- Ne te méprend pas, Jake est comme un fils pour moi mais ma fille, mon enfant c'est toi. Je veux que tu ais la vie que tu désires.
Je restais silencieuse en fixant ce vieux journal sur la table basse.
- Tu sais des fois, tu dois apprendre à aimer ce qui est bon pour toi.
Mon père avait toujours cette facultée d'appuyer exactement là où ça faisait mal.
- Et surtout faire table rase du passé Bella. Ajouta-t-il l'air concerné. Je sais qu'on t'a fait souffrir par le passé mais regarde comment tu as rebondi par la suite.
- Tu ne sais pas tout papa. Soupirai-je en levant à nouveau les yeux vers lui.
- J'en sais assez. Je ne veux rien savoir de plus. Je t'ai vu grandir à Phœnix et je te vois évoluer à Seattle. Je le vois tu sais, même si tu penses le contraire. Je le vois dans tes yeux.
- Qu'est-ce que tu vois? Demandai-je timidement.
- Le courage et la force. Je ne vois aucunes limites à ce que tu peux accomplir et, tout comme ta mère, Forks n'est pas une ville pour toi.
Je méditai un instant ses dernières paroles.
- Je crois que je vais repartir un peu plus tôt que prévu. Tu ne m'en veux pas?
- N'as-tu pas écouté ce que je viens de te dire? Sourit-il.
Je souriais à mon tour.
- Quand? Demanda Charlie.
- Demain. J'ai juste quelque chose à faire avant de partir.
Ensuite je me levais pour embrasser Charlie et je montais dans ma chambre.

***

[24. Future of Forestry - Did You Lose Yourself]

Je garais ma Chevrolet sur le parking désert de ce bâtiment. Rien d'étonnant en période de vacances scolaires. Lentement je posai le pied sur le goudron humide laissant le moteur tourner comme si j'allais avoir besoin de m'enfuir précipitamment. Après une grande inspiration je trouvais la force en moi d'avancer plus en avant et d'observer cette masse devant moi.

Rien que de regarder cette façade de briques rouges me donnait la nausée. Forks High School, là où tout avait commencé. Là où ma vie avait débuté et d'une certaine façon, là où elle s'était arrêtée. En quelque mois je m'étais éveillée et écrasée de la plus merveilleuse et la plus brutale des façons. Jamais je n'aurais pensé remettre un jour les pieds ici.

En face de la section biologie, je comptais les fenêtres en partant d'en bas. Le rez de chaussée, le premier étage, le deuxième, le troisième et enfin … Le quatrième étage. Je connaissais par cœur cette classe derrière la fenêtre noircie par la crasse. Mon cœur se serra. J'étais nostalgique en pensant à ces quelques mois qui avaient précédé mon départ précipité pour Phœnix. Ici j'avais appris à aimer et à haïr dans un laps de temps si court qu'il m'avait laissé un arrière goût amer dans la bouche.

Je me souvenai de la solitude que j'avais pu ressentir entre ces murs, cachée derrière ma capuche et mes lunettes. Cette sensation de n'avoir personne à qui parler et personne qui puisse me comprendre, ni même me voir. Je me souvenai encore de tout ce qui me faisait tenir certains jours, c'était cette certitude de le voir alors que lui ne me remarquait jamais.

Alors en ce jour de mai, quand il m'avait enfin adressé la parole, mon monde s'était écroulé. Je n'avais plus été la même, il m'avait porté et donné la force de m'ouvrir au reste du monde. Il avait été la bénédiction que j'avais entendu pour sortir de mon trou.

Pourquoi les choses s'étaient-elle finies ainsi? Ce monde était injuste. Dans un monde parfait, il m'aurait aimé et je l'aurai aimé du plus profond de mon âme pendant de très longues années et pourquoi pas, pour toujours.

Je lui avais tout donné, il m'avait tout appris.

Tout avait commencé ici, dans ce lycée … Ce lieu que j'avais fuis volontairement, ne renfermait pas que de mauvais souvenirs. Jamais je n'aurais cru pouvoir admettre ça un jour mais, les gens pouvaient peut-être changer finalement …

***

POV EDWARD

Voilà maintenant plus d'une semaine que Bella était partie et j'avais l'impression de la perdre. Je n'avais pas entendu sa voix depuis des jours et je n'osais même pas lui téléphoner. Après son E-mail et les choses si personnelles qu'elle avait enfin osé me dire, ma réponse s'était résumée en une seule phrase dans un SMS minable. Elle devait déjà regretter de m'avoir avoué tout ça. Je connaissais ses résistances et les difficultés qu'elle avait à s'ouvrir à moi étant donnée la situation, mais sur le coup je n'avais rien pu répondre.

Après la lecture de ce mot, j'étais en colère. Une fois cette sensation dissoute, je n'avais plus eu la force de lui ouvrir mon cœur, comme elle l'avait fait … à sa façon. J'aurai tellement voulu lui parler. Ces sentiments me brûlaient un peu plus chaque jour, encore plus avec la distance et cette sensation qu'elle m'échappait. Cette impression que je n'avais pas su saisir l'occasion de tout lui avouer. Ne serait-ce que pour me libérer de ce poids. Mais même si elle se trouvait devant moi aujourd'hui, aurais-je la force de tout lui dire au risque de perdre le peu qui nous liait? Rien n'était moins sûr.

A travers la grille qui protégeait mes fenêtres, je recrachais la fumée de ma cigarette. J'entendis Jasper entrer dans ma chambre et m'observer. Moi j'attendais qu'il parle, lui attendait que j'en fasse autant. Sans tourner la tête vers lui, je savais qu'il prenait ce cadre posé sur mon bureau. Une photo de moi et Bella prise en secret par Alice, la veille de son départ. Elle riait en regardant Rosalie, elle était assise sur mes genoux.

- Elle reviendra. Souffla simplement mon colocataire.
- Je sais. Répondis-je machinalement.
- J'ai besoin de toi, le broyeur de l'évier s'est encore bouché.
- Quoi?!
Je jetai mon mégot par la fenêtre.
- Tu te fous de moi là?! C'est la troisième fois ce mois ci !
- J'y peux rien moi ! Se défendit-il en retournant au salon.
Je le suivai rapidement.
- Jazz', je t'ai déjà dit que le broyeur ne digère pas tes sales buritos ! Fulminai-je.
Quand j'arrivais dans le salon, j'arrêtai de respirer.

- Bella … Soufflai-je.

Elle tournait lentement le visage vers moi et enfin je retrouvais ses yeux chocolats et la perfection de ses traits. J'avais envie de courrir vers elle, ou peut-être même d'hurler tellement mes émotions à cet instant étaient confuses. Tout le monde me regardait avec un petit sourire, y compris Jasper qui venait de me piéger.

Au final, je ne pouvais même plus bouger. La voir ici, si tôt, était surréaliste. Elle avait l'air aussi confuse que moi. Nous nous regardions sans oser bouger alors que tous les autres étaient en effervescence autour d'elle qui n'avait même pas posé ses valises.

Bella leur répondait du mieux qu'elle pouvait sans rompre ce contact tendu entre nous. Pourquoi étions-nous aussi tendus?

- Salut. Souffla-t-elle timidement à mon attention.
- Salut. Répondis-je sur le même ton en avalant difficilement ma salive.

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Vidéo Bonus
(à retrouver également sur le page du même nom, comme toujours)
***


Un long chapitre encore une fois et ça va se poursuivre. Le prochain fait aussi une trentaine de pages, j'espère que vous n'êtes pas découragée par toutes ces lignes !

En plus de la vidéo que j'espère, vous avez apprécié, les profils personnages de Jacob et Julia ont été ajoutés dans la page Présentation des personnages (sur votre droite).

Vous être plus plus en plus nombreuses à me demander "Quand est-ce que le secret de Bella sera révélé ?!" et les théories se multiplient également - Je peux vous dire pour le moment que parmis toutes vos reviews, seulement une personne a trouvé (bien sûr elle n'est pas au courant ^^ ) ! La grande révélation arrivera bientôt, plus que quelques chapitres de tyranie !

Quant à la question des Lemon : Je pense qu'il faut d'abord que j'arrive à les mettre ensemble avant de penser à ça non ? Si certaines sont frustrées je vous conseil de lire ma précédente fiction BEAUTIFUL DISASTER (le lien est en haut à droite !).

Voilà pour cette semaine, merci de faire vivre SB ! - Biz tout le monde et à la semaine prochaine !

7 commentaires:

  1. WOW!!! Je viens tout juste de terminer le chapitre et comme à chaque je l'ai dévoré.
    La fin est assez frustrante. Vivement la semaine prochaine! Je trépigne d'impatience!

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  2. chapitre devoré ici aussi!!
    comme d'hab!
    vivement le prochain !!!
    trop bonne idée bella,de rentrer !!lol
    merci pour la video!!!
    vivi

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  3. bah moi je trouve qu'elle passent bien toutes ces pages!!!!! Je suis très mal à l'aise pour Jacob même si c'est un empécheur de tourner en rond pour notre couple, ce qui lui arrive est triste. Charlie est fabuleux avec Bella, j'espère que la visite au lycée a aidé Bella a avancé. En tout cas celui qui a brisé son coeur et l'a rendu si insécure semble s'y trouver... Mais alors si il il y est encore c'est que c'est un prof???? Oh là je pars loin là, sans doute parce que ton histoire m'embarque bien!!! Vivement samedi prochain!!!! Je vais essayer de trouver le courage de poster sur FF aussi. Merci encore!

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  4. Salut!

    Je trouve enfin un peu de temps pour te laisser une review! Alors déjà, le chapitre d'avant j'avais beaucoup aimé. On voit la complicité s'installer entre Ed/Bel et c'est assez cute en fait. Le pauvre, lui n'en peut plus alors qu'elle fait genre "on est potes et tous les potes se comportent comme ça" GENRE!!!! Faut lui dire a la Bella que ça ne se passe pas comme ca! Mais bon, elle le sait bien c'est juste qu'elle ne veut pas prendre de décision qui risquerait de l’éloigner de son tEddy. Je le plains! C'est limite profiteuse :P

    Pour ce qui est de ce chapitre, j'ai aimé découvrir un peu l'ancien quotidien de Bella. Pour ce secret qu'elle garde, je ne dirai rien parce que j’hésite! Donc wait and see...

    Pour ce qui est d'Alice, je la trouve attachante malgré ses erreurs et son besoin de retrouver sa famille, ses frères est tout a fait compréhensible après une telle histoire!

    Je suis triste pour Jacob et ton histoire me rappelle vraiment la mienne! lol Tu le sais en plus, les relations a distance... it sucks!!!

    Bref! Beaucoup de plaisir a lire cette histoire et en passant, la vidéo est super! Simple et en même temps, elle illustre bien le chapitre!

    Hate d’être a samedi!

    Bis Miss

    Eva

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  5. chtitejuju50 : Je l’ai fais exprès pour la fin , mais le prochain chapitre reprend là donc tu auras la suite dès samedi !

    Vivi : Merci beaucoup ! 

    lolalililulu : Non je te rassure, se n’est pas un prof ! (ni Carlisle , parce qu’on m’a déjà posé la question). Moi aussi j’ai de la sympathie pour Jacob et je suis contente de voir qu’il y en a qui sont comme moi !

    Eva : Je sais, Bella profite un peu de la situation c’est vrai ! Disons qu’elle fais l’autruche et ça l’arrange bien ! Aucun choix à faire tant qu’on ne se dit pas qu’il y a possibilité … J’imagine bien que la relation Jacob / Bella te touche, j’y pensai la dernière fois justement. Dans les chapitres à venir d’autre raison, plus du point de vu de Bella, j’ai retrouvé des similitudes de mon côté aussi mais vu qu’on a des avis qui se recoupent parfois sur la question, peut-être que ça te parlera à toi aussi ! ! Je serai gentille avec lui promis !

    Merci et dès que j’ai fini l’écriture de SB, je me jette sur Soulmates ! ça m’énerve d’avoir déjà 4 chapitres de retard !

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  6. H'lo Ginie,

    Bon, pour ce chapitre, ce ne sera pas super argumenté comme commentaire car je cours après le temps ......

    Mais sache qu'encore une fois ce chapitre est plus que très plaisant à lire .... On n'a pas envie que cela s'arrête. On aimerait bien avoir tous les chapitres qui s'enchaînent car on a tellement hâte de savoir ce qui va arriver....
    Non seulement à Edward et Bella mais aussi à Alice, aux autres .....

    Mes points forts pour ce chapitre:
    - l'acceptation par Bella de ses sentiments naissants pour Edward ...Il ne la laisse clairement pas indifférente ....(de toute façon, y a rien à faire, Jacob/Bella, c'est pas possible! )
    - l'aveu d'Alice à son frère et à Jasper ...

    Mais bon le Ed/Bella n'est à mon avis pas pour tout de suite car Bella me parait quand même très versatile dans ses choix .... Ne crions pas victoire trop vite ......

    Tout est si bien détaillé ..... Ton histoire est un vrai coup de coeur pour moi ....

    Vivement samedi prochain ......

    Laurence

    PS: ne change rien à la longueur des chapitres !!! et effectivement, avant de faire des lemons, faudrait déjà qu'ils soient ensemble !!! T'inquiète, ce n'est pas cela le plus important, c'est tout le reste .....

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  7. Demain, demain, demain!!!!

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