samedi 20 novembre 2010

Chapitre VIII : Valentine's Day


CHAPITRE VIII

VALENTINE'S DAY

(Saint Valentin)

***

- Salut.
- Salut. Soufflai-je, la boule au ventre.

Nous nous regardions sans rien ajouter. J'allai prendre la parole à nouveau quand Alice me devançait.

- Mais qu'est-ce que tu fais là si tôt?!
- Tu n'es pas contente de me voir? S'étonna Bella avec un léger sourire.
- Ne dis pas n'importe quoi ! Bien sûr que si.
Ma sœur se jetait dans ses bras.
- Tu nous as manqué. Souffla-t-elle.
- Vous aussi. Répondit simplement Bella en lui rendant son étreinte.
- Tout le monde est réuni, s'exclama Rosalie, c'est génial !
- Vos vacances se sont bien passées?
- Magnifique ! Lançait Emmett. Le snowboard n'a plus de secret pour moi !
- On allait se faire un ciné ce soir, commençait Rosalie, tu viens avec nous?
- Oui, si vous voulez. Je dois d'abord passer chez moi pour poser mes affaires.
- C'est pas un problème, on a la voiture. Viens avec nous.
- Merci c'est gentil.
- On y va maintenant sinon on risque de rater la séance. Fit remarquer Rose. Zooka, viens on rentre à la maison !

Le chien s'élança vers Rosalie en aboyant. Je sursautai. Avant même que je ne puisse dire ou faire quoique se soit, Bella quittait déjà l'appartement en compagnie d'Emmett et Rosalie. Bientôt je me retrouvais de nouveau seul avec Jasper et Alice, comme si rien n'avait changé. C'était surréaliste.

Ma sœur et Jazz reprirent leurs activités et moi je restai figé en plein milieu du salon, fixant désespérément la porte, en me demandant encore si je n'avais pas rêvé.

- Edward? S'étonna Alice. Est-ce que tout va bien?
- Hein?
- Ça va? Se moqua-t-elle.
- Oui, je … Hum... A quelle heure est la séance déjà?
- Dans une heure.
- Je croyais que tu ne voulais pas venir? Fit remarquer Jasper avec un petit sourire.
- J'ai changé d'avis. Répondis-je simplement en retournant m'enfermer dans ma chambre.

Une fois la porte fermée, j'y restai un moment adossé. Mon cœur battait à toute vitesse. Je fermai les yeux en essayant de respirer lentement. Revoir Bella m'avait retourné l'estomac. Je n'avais rien pu dire, rien pu faire, elle était partie aussi vite qu'elle était arrivée. Ces quelques minutes à l'observer devant moi n'avait fait qu'accentuer le malaise que j'avais tant redouté. Pourquoi n'avions-nous pas pu avancer l'un vers l'autre? Pourquoi n'avais-je pas couru vers elle pour la serrer contre moi, comme j'en avais si souvent rêvé. Pourquoi devions-nous toujours nous imposer ces barrières stupides?

Lentement je me laissai glisser sur le sol, déjà épuisé par toutes ces questions alors qu'elle n'était réapparue que depuis deux minutes. J'avais peur d'avoir perdu cette connexion qui nous liait Bella et moi. Je n'aurai plus la force de refaire tout le chemin que j'avais parcouru ces derniers mois pour réussir à l'atteindre. C'était trop difficile. Cette soirée serait décisive. Si j'avais perdu cette alchimie avec elle, je le prendrais comme un signe. Celui de l'oublier et d'aller de l'avant... Mais aurai-je seulement le courage de le faire?

Quand nous arrivions à la salle de cinéma, Emmett, Rose et Bella étaient déjà là. J'inspirai profondément en suivant Jasper et ma sœur, main dans la main (juste pour que se soit ENCORE PLUS FACILE pour moi). Il fallait que je reste calme et décontracté. Bella avait l'air de l'être elle … Pourquoi ne le serai-je pas après-tout?
Simplement parce qu'elle ne me courrait pas dans les bras après plus d'une semaine? J'imagine que pour une personne normale, et par là j'entends « non- obsédée » par Bella Swan, une dizaine de jours ça n'était pas si long finalement.

- Je hais ma vie. Soupirai-je.
- Tu disais? Demanda Alice en se retournant.
- Rien. Lui souris-je. Je parlais tout seul.
- Vous êtes là ! S'exclama Rosalie. Le film va commencer. On vous a prit vos places.

Et là encore, avant même que j'ai rejoins notre petit groupe, tout le monde entrait à l'intérieur. Bella avait suivi le mouvement, encouragée par Rosalie qui voulait être bien placée dans la salle. Je ne savais même pas quel film je m'apprêtais à voir ! Tout ça devenait ridicule !

Quand j'entrai dans la salle, les lumières étaient déjà éteintes et les bandes-annonces commençaient. Tout le monde était déjà assis et c'est péniblement, essayant de n'écraser les pieds de personne, que je me frayais un chemin jusqu'au fauteuil qu'ils m'avaient gardé. Quand je découvrais la personne assise à ma droite, j'arrêtai de respirer.

Bella était confortablement installée, ayant même retiré ses chaussures. Seule la lumière de l'écran éclairait son doux visage dont je me délectai à nouveau. Je notai qu'elle avait pris le temps de se changer et portait maintenant un léger chemisier blanc à fleurs qui découvrait légèrement ses épaules. On pouvait très subtilement distinguer son soutien gorge en dentelles noire au travers. Même si j'avais bien conscience que cela faisait de moi un pervers, je bloquai littéralement sur ce détail.

- Bon, tu te pousses oui ! S'impatienta Emmett. J'adore la pub M&M'S !

Quand elle entendit mon frère râler, Bella tourna la tête vers nous. Elle me sourit timidement en me voyant approcher.

- Pardon. Chuchotai-je à mon frère avant de passer devant Bella pour m'assoir.

Je retirais ma veste et m'asseyais à côté de Bella qui me sourit timidement. C'était un de ces sourires gêné. Je lui rendais la politesse et immédiatement elle détournait les yeux. Je remarquai ses joues rougir même si elle essayait de se cacher derrière ses cheveux. Elle semblait mal à l'aise et à vrai dire, je l'étais aussi. Je ne savais pas comment remédier à ce problème. Le fait de l'avoir de nouveau tout près de moi me rendait nerveux et à en juger par son attitude et sa façon de serrer les accoudoirs de son fauteuil, c'était pareil pour elle. Puis le film commençait.

J'aurais été incapable de dire de quoi il parlait. J'avais les yeux rivés sur l'écran mais mon attention était ailleurs. La tension était palpable entre Bella et moi. Même sans la regarder, je le sentais. L'air était chargé d'électricité, comme si nous retenions trop de choses à l'intérieur. C'était à la fois insupportable et étrangement attirant. Comme si ce courant électrique me donnait des décharges d'adrénaline. J'avais chaud, je suffoquai presque.

En essayant de trouver une position plus confortable, je bousculai légèrement ma voisine et elle sursautait à mon contact, faisant tomber son pot de popcorn à peine entamé sur le sol. Bella lança un juron à peine audible et au même moment, nous nous baissions tous les deux pour les ramasser. Dans l'action, ma main frôla la sienne et, sentant sa peau douce sous la mienne, je fus incapable de la libérer. Un moment nous regardions tous les deux nos mains l'une sur l'autre sans bouger. Je soupçonnai même que Bella ait arrêté de respirer. Sans rompre ce contact entre nous (le premier depuis des jours), nous relevions tous les deux la tête et enfin je pu la regarder dans les yeux plus de quelques secondes.

Son regard n'était pas serein, le mien ne devait pas être mieux. J'avais l'impression qu'elle s'excusait d'une faute qu'elle n'avait pas commise. Comme si elle s'attendait à ce que je lui cries dessus d'une seconde à l'autre alors que tout ce que je voulais c'était la prendre dans mes bras et lui dire à quel point elle m'avait manqué. Pour la rassurer, j'esquissais un sourire et Bella baissa les yeux, rougissant à nouveau.

Après ça, nous retournions à nos places et j'attendais patiemment que le film se termine pour pouvoir lui parler. Les lumières se rallumèrent enfin et tout le monde se levait enthousiaste, parlant déjà de ce chef-d'œuvre que nous venions de voir. Bella et moi nous regardions en nous demandant ce que ce film avaient de spécial. Pour ma part, je n'avais vu que de jolies couleurs et n'avais entendu que « bla blabla blabla », apparemment Bella avait vu le même film que moi.

Les quatre autres sortirent les premiers, bien trop occupés à parler du film pour se préoccuper de nous, marchant côtes à côtes derrière eux. L'air était glacial ce soir et malgré son blouson, Bella grelotait. Immédiatement, je retirai ma veste pour lui poser sur les épaules.

- Tu es fou ! Tu vas mourir de froid !
- Je serai bientôt dans la chaleur nauséabonde du métro rassure-toi. Souris-je. Tu rentres comment?
- Rosalie et Emmett ont proposé de me raccompagner sur le campus.
- Drôle de film hum … Enchaînai-je en regardant mes pieds, les mains enfoncées dans mes poches.
- J'ai rien compris, lança-t-elle en croisant brièvement mon regard, t'as compris quelque chose toi?
- Je t'avoue que je n'ai pas vraiment fait attention à tout ça. Soufflai-je.
- Toi non plus alors … Répondit-elle sur le même ton.

Puis ce silence pesant et cette tension oppressante reprenait sa place entre nous. Bella regardait les lumières de la ville et moi je fixai mes pieds. Cette fois c'était trop ! J'arrêtais de marcher. Bella continua pendant quelques pas avant de se retourner en fronçant les sourcils.

- Ça va? Demanda-t-elle concernée.
- Qu'est-ce qui nous arrive? Lançai-je enfin alors qu'immédiatement je lisais l'embarras dans ses yeux.
- Je sais pas. Souffla-t-elle, fixant ses pieds.
- Tu as conscience qu'on est ridicules là? On dirait deux idiots dans un rendez-vous arrangé.
- Et encore t'es gentil. Sourit-elle en osant enfin relever les yeux vers moi.

Je soupirai, relâchant toutes les tensions de mon corps et un rire nerveux m'échappait. Je levais les yeux au ciel et ce petit rire amère se transforma en fou rire incontrôlable. Je n'arrivai plus à m'arrêter surtout pas après que j'ai contaminé Bella qui se mit à rire de la même façon.

- Qu'est-ce qu'ils ont ces deux idiots? Entendis-je dans mon dos.

C'était Rosalie plus loin. Le reste du groupe nous regardait comme si nous étions deux fous échappés de l'asile.

- Bella. Tu viens ! L'appela mon frère devant sa voiture.
- J'arrive ! Cria-t-elle en essayant de se calmer.

La voir rire ainsi me réchauffait le cœur. J'avançai rapidement jusqu'à elle et la prenais contre moi sans lui laisser la possibilité de réfléchir. Bella entoura automatiquement ses bras autour de moi, son rire résonnant toujours dans mes oreilles. C'était jouissif. Je pouvais enfin retrouver son parfum enivrant (peut-être même plus qu'avant) et apprécier la douceur de ses cheveux soyeux sous ma paume.

- Tu m'as manqué. Soufflai-je au creux de son cou.

Elle se serra d'avantage contre moi et je senti sa petite main agripper doucement la base de mes cheveux. Une vague de frisson me traversait et je dû fermer les yeux pour ne pas laisser s'échapper un gémissement de plaisir.

- Toi aussi.
- Bella … S'impatientait Emmett.
Alice et Jasper vinrent à notre rencontre à ce moment là.
- Viens, sinon il va nous faire une crise.
Ma sœur entraina Bella par le bras qui me fit un signe de la main.
- On se voit demain. Me lança Bella avant de partir.
- D'accord. Souris-je.

Cette toute petite phrase avait suffit à me mettre du baume au cœur. Jasper et moi les regardions s'éloigner avant que mon colocataire me donne un coup d'épaule.

- Tu baves un peu là. Se moqua-t-il en désignant le coin de ma bouche.

En représailles, je le poussais vers le bord du trottoir et rejoignai la bouche de métro au pas de course. Malgré-tout, les rires sadiques de Jazz' me parvenaient toujours.

Peu importe, ce soir, j'étais heureux.

***

Après ça, la vie reprit son cours et ma relation avec Bella, même si elle n'avait pas spécialement évoluée, n'en fut que sublimée. Très vite arrivait le mois de février et bientôt les vitrines de magasins furent envahies de petits chérubins et autres décorations rouge vif en forme de cœur.

Les autres années, je n'y avais pas vraiment fait attention, mais cette année, la Saint-Valentin était redoutable. Tous les gens autour de moi dégoulinaient d'amour. C'était une nausée permanente dans laquelle je devais patauger. Par chance, toute cette mascarade prendrait fin demain, aujourd'hui en étant l'apothéose vomitive : le 14 février. Je n'avais aucune perspective d'amour et aucune chance de la passer « entre amis » (faute de mieux) avec Bella parce que BIEN SUR, Jacob rappliquait à Seattle.

Ce matin là, j'hésitais à sortir de mon lit, mais c'était sans compter sur la bienveillance de ma chère sœur qui déboula dans ma chambre à 8 heure du matin.

- Joyeuse Saint-Valentin ! Cria-t-elle enjouée.
Pour toute réponse, je rabattais les couvertures sur ma tête.
- Je veux mourir. Soufflai-je misérablement.
- Edward Cullen, je t'interdis de déprimer aujourd'hui. J'ai besoin de toi !
- Je te demande pardon? Grimaçai-je en ressortant la tête du trou.
Elle se jetait sur mon lit m'obligeant à me pousser sur le côté.
- J'organise une fête ici ce soir!
- Ici?! Comment ça ICI?! Genre chez moi?!
- Bah oui, c'est notre première Saint-Valentin avec Jasper. Il faut fêter ça !
- Et vous voulez pas le fêter tous les deux comme deux personnes normales?
- Mais non, ne soit pas bête ! On est un couple et cette année on est tous en couples !
J'avais encore du mal à les accepter comme tel.
- Moi et Jasper, Rosalie et Emmett, Bella et …
Je grimaçai.
- Oui enfin, sauf toi c'est vrai … Mais aussi tu fais pas d'efforts pour que ça change !
Je repassais sous la couette en bougonnant.
- Allez s'il-te-plait viens ! Pleurnicha Alice.
- Il me semble que j'ai pas trop le choix vu que …
Je rabaissai la couvertures.
- J'habite ici ! Finis-je en serrant les dents.
- Oui ! S'exclama-t-elle en claquant dans ses mains, enthousiaste. Tu vas voir ça va être génial !
- Youpi ! Lançai-je sarcastique.
Alice sautillait jusqu'à la porte de ma chambre, ravie d'avoir réussi son coup.
- Maintenant debout, j'ai besoin de toi au salon pour envoyer les invitations, j'ai passé la nuit sur Photoshop pour les préparer.
- Tu peux pas demander à Jazz', c'est lui ton copain !
- Bah non je peux pas andouille !
- Pourquoi?
- Il s'occupe déjà des décorations.
- Des quoi?! Répétai-je.
- Oh mais c'est pas grand chose, juste deux ou trois chérubins, quelques cœurs... Essaya-t-elle de négocier.
- Je crois que je vais vomir … Soufflai-je.
- Tu veux un cachet? Minauda Alice.
- Sors d'ici ! Criai-je.

Elle sortit sans se faire prier, même si je filtrai son rire à travers la porte.

Après un quart d'heure de motivation intensive je décidai de me lever, au moins par solidarité envers Jasper et ses petits cœurs rouges. J'enfilai un pantalon de jogging et un sweat et le rejoignais au salon.

Je trouvais le pauvre Jasper en pleine séance de découpage de papier crépon rouge, chapeautée par une Alice qui elle s'occupait de négocier avec un chocolatier pour qu'il lui livre 10 maxi boîtes avant midi.

- J'en ai rien à faire que se soit aujourd'hui la St-Valentin, il n'est jamais trop tard mon cher monsieur !! Je … Écoutez -moi ! S'excitait ma sœur.

Jasper me lançait un regard désolé pendant que je me servais un tasse de café brûlant. Mon ordinateur avait déjà été installé sur le comptoir de la cuisine et il n'attendait plus que je m'assoie devant.

- Oh Edward, n'oublie pas mes flyers en pièces jointes et le petit mot que j'ai préparé est sur le bureau. M'informait Alice avant de recommencer à enguirlander le chocolatier.
- Pourquoi c'est à moi de faire ça? Chuchotai-je à Jazz'. Je suis célibataire !
- Tu crois que je m'attendai à faire du découpage? C'est la première fois de ma vie que je célèbre une fête aussi commerciale que la Saint-Valentin !
- Ne quittez pas une seconde, s'excusa Alice en cachant le micro du téléphone, t'as dis quoi là? Demanda-t-elle à Jasper, au bord de la crise de nerfs.
- Heu … Moi? Je … Balbutia Jasper pendant que je me cachais derrière l'ordinateur pour rire.
- Non parce que je me démène depuis 6 heures du matin pour nous organiser la soirée la plus romantique possible et tu oses traiter mon travail de « commercial »!
- Mais non, c'est très bien ce que tu fais ma puce mais j'en demandai pas tant !
Alice virait déjà au rouge.
- Admet que c'est un peu commercial quand même. Ajouta-t-il en se noyant dans ces guirlandes.
- J'arrive au magasin dans 10 minutes. Ajoutait Alice au téléphone avant de raccrocher. Je vais passer prendre nos chocolats espèces de Grinch de l'amour ! S'énerva-t-elle.
- Espèce de quoi? Répétai Jazz en grimaçant.
- T'as très bien entendu ! Et j'espère qu'à mon retour vous serez un peu plus enthousiastes !

Après ça elle claquait la porte de l'appartement laissant Jasper bouder sur le canapé et jetant ses découpages.

- Je hais la Saint-Valentin. Soufflait-il.
- J'adore cette fête ! Admis-je, enjoué d'un seul coup. Si chaotique et désespérée ...
Jazz' me lançait un regard noir.
- Bien joué cela-dit. Dire à Alice que c'est une fête commerciale, faut du cran !
- Je ne pensais pas qu'elle le prendrait comme ça. Soupira-t-il dépité.
- Tu ne connais vraiment pas Alice toi pas vrai ...
- En attendant moi j'ai une copine et pas toi. Rétorqua Jasper avec un sourire sadique.
- Ça va être l'enfer, soupirai-je, entre vous deux, Emmett et Rose et Bella et …
- Jake. Précisa-t-il avec le même sourire.
Nouveau soupir.
- J'en ai marre de tenir la chandelle. Boudai-je.
- Invite Julia !
Je le regardais comme un demeuré.
- Je préfère encore qu'on immole sous les chandelles !
- Tu ne fais pas d'efforts !
- Pourquoi vous me dites tous ça ?!
- Et pourquoi tu profiterais pas de la Saint-Valentin pour déclarer ta flamme à Bella?
- T'as d'autres brillantes idées comme ça?
- Je suis sérieux.
Il se levait pour me rejoindre au comptoir.
- Ya pas mieux ! On sait tous les deux que vous n'êtes pas très clairs au niveau de votre pseudo « amitié ». Il y a toujours cette tension sexuelle entre vous ! Surtout depuis le jour de l'an … Tout le monde l'a vu !

Je soupirai. Le jour de l'an... Ce jour où j'avais presque senti ses lèvres sur les miennes.

« 2 mois plus tôt. Minuit.

C'était le moment fatidique. Le compte à rebours commençait. J'avais espéré ce moment toute la soirée et pour une fois, les choses tournaient en ma faveur. Bella et moi étions les deux seules personnes de la soirée à être, si ce n'est célibataire, non-accompagné. Les couples se formaient petit à petit autour de nous, obligeant Bella à se rapprocher de moi. J'étais planté au milieu de cette salle immense qui avait de plus en plus l'air d'une fosse aux lions.

Jasper et Alice roucoulaient déjà, quant à Emmett et Rosalie, ils n'avaient pas attendu les douze coups de minuit pour se rouler des pelles. Je frissonnai devant cette vision d'horreur (mon frère mangeant littéralement le visage de Rosalie, qui ne s'en plaignait pas!) et détournai les yeux vers Bella. Elle avait l'air aussi perdue que moi dans cette salle remplie de binômes. Debout, les mains jointes devant elle, elle regardait ces couples comme si elle était seule au monde. Jacob lui avait téléphoné un peu plus tôt dans la soirée et sans connaître tous les détails, je savais que leur couple n'était pas au beau fixe depuis son départ précipité de Forks une semaine plus tôt.

« 9, 8, 7 … » Continuaient à crier certaines personnes.

Comme pour la sortir de ce pétrin, et très égoïstement je devais l'admettre, je m'avançai lentement vers elle. Enfin elle croisait mon regard et m'accueillait avec un certain soulagement. Souriant, je tendais la main vers elle et elle la saisie sans hésiter. Doucement je la ramenai jusqu'à moi en entourant délicatement ses hanches. Bella passait ses bras autour de mon cou, ne faisant toujours pas abstraction de ces vrais couples autour de nous. Elle les regardait comme s'ils allaient se transformer en zombies à minuit pour la dévorer ensuite.

- Je déteste être seule dans ces moments là. Me chuchota-t-elle.
- Je sais, moi aussi.
- On va avoir l'air de deux idiots dans quelques secondes quand tout le monde sera entrain de s'embrasser.
- Tout va bien se passer. Je suis là moi.
- Oui heureusement, souffla-elle, je me sens moins seule.
- A ton service ! On met la langue ou pas? Plaisantai-je.
Elle me regarda bizarrement.
- Je rigole Bella. Respire. Souris-je. Je ne voudrai pas me consumer tout de suite.

C'était la première fois que je faisais allusion à ce mail depuis son retour. Bella remarquait tout de suite la référence et ses joues se mirent à rougir.

- Bien vu. Souffla-t-elle, confuse en détournant les yeux.
« 5, 4, 3 … »
- C'est bientôt fini. Lui assurai-je.

Elle se serrait d'avantage contre moi et calait son visage dans mon cou. Son parfum me fit chavirer. Je fermais les yeux pour rester concentré et ne pas explorer ses hanches du bout des doigts. Je me devais de rester immobile même si la tentation était forte. J'aurai aimé explorer toutes ses formes féminines et pas seulement avec mes mains.

- Je sais. Souffla-elle.

« 2, 1, BONNE ANNEE !!!!», criait tout le monde.

S'en suivait les fameuses embrassades.

Bella recula légèrement et me sourit. J'arrêtai de respirer. Nous étions si proches et si seuls d'un seul coup. Toute cette situation rendait les choses encore moins faciles. Il me suffisait de pencher la tête pour l'embrasser. Un geste si simple, que bien sûr je m'interdisais. Je me contentai de la regarder, elle, la plus belle femme du monde à mes yeux, sans pouvoir l'atteindre. Ça devenait épuisant. A contre cœur, je m'apprêtai à lui rendre sa liberté quand Bella se mit sur la pointe des pieds et approcha son visage du mien.

En une fraction de seconde, tous mes sens se figèrent. Mon sang cessa de couler dans mes veines. L'air ne pénétra plus dans mes poumons. J'aurai pu mourir et ma délivrance intervint quand, avec la délicatesse d'un papillon, la bouche de Bella vint se poser à la commissure de mes lèvres. Certes cela ressemblait plus à un baiser sur la joue mais cela n'avait rien d'amical. Un millimètre de plus et elle m'aurait embrassé. J'étais aux anges. C'était ce que j'avais eu de plus ressemblant à un baiser depuis tout ce temps.

- Bonne année. Me souffla-t-elle en reculant.

Je me contentai de sourire, incapable de dire quoi que se soit. »

De nos jours...

- Edward est demandé sur terre !! Criait Jazz en claquant des doigts devant mes yeux.
- C'était qu'un baiser amical Jazz'.
- Ouais bah je t'interdis de me transmettre ton amitié de cette façon mon petit.
- Il n'y a pas trop de risques.
- Tu vois ! Toi aussi tu l'admets ! Lance-toi !
- T'as raison ! Lançais-je déterminé.
- Ouais ! Lançait Jasper le poing levé.
- Je vais le faire !
- Vas-y fonce mon pote !

Je plaçai mes doigts sur le clavier et commençai à taper en lisant à haute voix.

« Bella,

En ce jour très particulier, je dois t'avouer quelque chose que je garde pour moi depuis bien trop longtemps. Je ne pense qu'à toi, tu me hantes jours et nuits. Je veux être celui qui te rend heureuse, je veux te protéger de tout, je te veux tout simplement. Je suis fou de toi. Je t'aime.

Edward »

- Clair et concis ! J'adore ! Commentait mon colocataire. Vas-y envoies.
Je refermai mon ordinateur portable et me levai en riant.
- Qu'est-ce que tu fais?!
- Tu crois vraiment que j'allais envoyer ça, t'es malade !
- Mais …
- Pas de mais Jazz'. Le coupais-je. T'es vraiment cinglé. Elle doit être avec Jacob à cette heure ci en plus. J'ai pas le droit de faire ça.
- Je ne suis pas d'accord.
- C'est la même chose.
J'en profitai pour m'esquiver.
- Où tu vas?
- Prendre une douche, je dois aller bosser et ensuite aller en cours … J'ai une vie tu te souviens?!
- Tu as la trouille ouais ! Sous tes grands airs, tu as la trouille ! Balançait Jasper dans mon dos.
- Ça te va bien de donner des conseils en séduction, ta copine te fait la gueule le jour de la Saint-Valentin !

Je lui coupai littéralement la chique. Jasper ne su plus quoi répondre après ça. J'allais entrer dans la salle de bain quand il m'interpellait à nouveau.

- Et je fais quoi moi maintenant avec les invitations, les flyers et photos ? ... je sais pas faire ?! Je hais les ordinateurs ! ED !
- Tu te démerdes ! Lançais-je en m'enfermant dans la salle de bain non sans entendre Jasper paniquer derrière.

L'entendre paniquer avait quelque chose d'étrangement relaxant et imaginer ma sœur le décapiter l'était encore plus.

***

POV BELLA

On frappait vivement à la porte de ma chambre. Je jetai mes écouteurs sur mon lit pour me trainer jusqu'à l'entrée. J'ouvrai sur une Alice chargée jusqu'au cou qui me jetai la moitié de ses paquets dans les bras avant d'entrer en soupirant. Déséquilibrée sous le poids des sacs, je tentai tant bien que mal de ne pas en faire tomber. Finalement je parvenais à les poser sur le sol sans trop de dégâts.

- Je suis épuisée. Soupira Alice en s'allongeant sur mon lit.
Essoufflée et des cheveux plein de visage, je me retournais vers elle.
- Bonjour à toi aussi ! Lançai-je les mains sur les hanches.
- Oh ne joue pas les donneuses de leçon ! On a encore beaucoup de travail et les garçons vont à deux à l'heure !
- ON à encore beaucoup de travail? Répétai-je.
- J'ai besoin de toi Bella, bouda Alice en revenant vers moi, j'ai encore trop à faire ! S'il-te-plait … Me supplia-t-elle en exagérant sur sa lèvre inférieure.
Comment résister? Et pourtant j'étais quasiment certaine qu'elle me manipulait.
- Ok … Soupirai-je, dépitée.
Génial ! S'écria-t-elle soudainement enjouée, en claquant dans ses mains. Où est Jake ? Ses bras de bucheron me seront d'une grande utilité.
- Sortit prendre l'air. Répondis-je l'air sombre en remuant quelques papiers sur mon bureau pour éviter de faire face au regard inquisiteur d'Alice.
- Oh oh … Qu'est-ce qui s'est passé?
- Rien. Éludai-je sans la voir.
- Bella … Insista-t-elle.
- On s'est un peu disputé d'accord, rien de grave. Répondis-je en lui faisant face de nouveau.
- A propos?
- De la fête de ce soir.
- Quoi?! Ma fête?! Comment est-ce possible?
- Jacob est un traditionaliste. Il croyait qu'on fêterait la Saint-Valentin en tête à tête comme quasiment tous les ans.
- C'est pas possible, soupira Alice presque découragée, entre Jake qui se la joue antisocial, Edward qui s'en fou royalement et Jazz qui n'y crois pas …
- Jasper?
- Oui, il a traité ma fête de commerciale. Bouda-t-elle.
- Oh mon Dieu ! Me moquai-je. Il n'a pas osé?!
- Tes sarcasmes je m'en passerai aujourd'hui ma petite ! Répliquait mon amie quand j'allais la rejoindre sur mon lit.
- On est pas aidée hein? Soupirai-je.
- Non pas vraiment, à ce rythme on ferait mieux de fêter ça toutes les deux... Lança-t-elle les yeux dans le vide.

Il y eu un petit moment de silence dans la chambre avant qu'au même moment, Alice et moi nous regardions et qu'un petit sourire sadique n'apparaissent sur nos lèvres.

- Tu penses à la même chose que moi? Me demanda-t-elle.
- Plutôt deux fois qu'une ! Lançai-je fièrement.
Nous partions en éclats de rire avant de ramasser nos affaires pour sortir.
- C'est parti ! Lança Alice en passant la porte. Quoi qu'il arrive à partir de maintenant, je te promet qu'on se souviendra de cette journée pendant longtemps !

***

POV EDWARD

Après les cours je rentrai chez moi, m'attendant à me retrouver dans une confiserie géante plutôt que l'appartement que j'avais quitté dans la matinée. Une fois de plus j'allais devoir serrer les dents ce soir, mais rester dehors n'était pas non plus une solution. La ville dégoulinait d'amour et je ne disposais d'un seuil de tolérance que très limité sur le sujet. Au café j'avais vendu plus de pommes-d'amours en forme de cœur que de café et la couleur rouge commençait à me sortir par les yeux. Je me disais que si la décoration était trop insupportable à la maison, j'allais toujours pouvoir me réfugier dans la chambre.

J'hésitai à ouvrir les yeux en poussant la porte d'entrée. Après une grande inspiration j'entrai enfin, agréablement surpris. La décoration n'était que partielle et honnêtement, l'harmonie des couleurs n'était pas franchement présente. Jazz' était au milieu de la cuisine entrain de se battre avec un rouleau de scotch double-face dont la moitié était collée sur ses vêtements et dans ses cheveux.

- Alice n'est pas revenue pas vrai? Demandai-je en posant mes affaires dans l'entrée.
- Comment tu sais? Répondit Jasper en secouant la main gauche où le scotch avait apparemment élu domicile.
- Comment dire ça délicatement … Commençai-je en approchant du comptoir. La décoration n'est pas vraiment ton domaine de prédilection ! Riai-je.
- Oh … Mais, mais … Regarde ce que tonton Jazz a pour toi !
Il me faisait un doigt que je lui rendai le même en riant encore plus.
- Jolie l'amitié ! Bravo les gars ! Lança une voix derrière nous.
J'arrêtai de rire sans effort après ça et me retournai vers notre « invité » surprise.
- Jacob, toi ici ! Lançai-je sans conviction.
- Tiens aide moi avec ça Jake. Lança mon colocataire en lui balançant son double face.
- Qu'est-ce que tu fais là? Demandai-je le plus cordialement possible.
- Je pensai que Bella serait ici, mais apparemment j'avais tord. Tu ne l'as pas vu?
- Bella? Non pas aujourd'hui, pourquoi? Demandai-je méfiant.
- Disons que … On a eu un léger accrochage. Soupirait Jacob.

« Ne sourit pas Edward ! Ne sourit pas !! Il y a peut-être une justice sur cette Terre finalement »

- Ah bon? Demandai-je faussement inquiet.
- C'est à cause de cette stupide fête …

Jacob alla s'affaler sur mon canapé suivit de très près de Jasper. Ils étaient tous les deux dans un état lamentable. Moi j'étais bien.

- Tu as essayé de lui téléphoner?
- Elle ne répond pas.
- Alice non plus. Ajouta Jasper.
- Humm quel coïncidence … Lançai-je comme une évidence, pensant qu'à ce stade ils en étaient déjà arrivé à la même conclusion.
- A quoi tu penses? Me demanda Jasper.
- Voyons voir, vos copines ne répondent pas au téléphone et il se trouve qu'elles s'entendent plutôt bien n'est-ce pas? Insistai-je.
- Et? Souffla Jacob.
- Vous ne vous êtes pas dit qu'il y avait de fortes chances pour qu'elles soient ensemble?
Leurs yeux s'écarquillèrent comme s'ils avaient eu une révélation.
- Sérieusement? Lançai-je. Et c'est moi qui suis célibataire ! C'est pas croyable …
- Ils faut qu'on mettent les bouchées doubles sur la déco. En concluait Jasper. Quand elles rentreront …
- Si elles rentrent. Précisai-je en riant.
- Et elles les feront ! Insista Jazz' le regard noir. Quand elles rentreront ça leur fera plaisir.
- T'as raison ! Admit Jacob en sautant sur ses pieds.
- Bien, moi je vous laisse galérer ! Soupirai-je. J'avoue que parfois ma vie a du bon…
- Oh la ferme ! S'énerva Jasper.
Pendant que j'allais jusqu'à ma chambre je les entendais mettre leur plan sur pied.
- Je vais voir s'il y a une astuce secrète pour accrocher ces satanées guirlandes. Je peux aller sur Internet?
- L'ordinateur est sur le comptoir de la cuisine. Lui répondait Jasper.

Une fois la porte de ma chambre refermée, je posai mon sac sur le lit pour le vider de son contenu. J'en sortai un petit sachet en plastique avant de jeter le sac par terre. Sans quitter le sachet des yeux, je m'asseyais lentement sur le matelas. Au moment où mes fesses touchaient le drap, quelque chose de gros et bombé me gênai. Je retirai cette chose pour découvrir le koala que Bella m'avait gagné à la fête foraine lors de notre première sortie. Un sourire nostalgique s'emparait de mon visage alors que je regardai cette peluche qui représentait à elle seule le début d'une aventure dont je ne connaissais pas encore la fin. Après quelques minutes je le rejetai au coin de la pièce et revenais sur mon sac en plastique.

Lentement j'en sortai le contenu. Un livre vieilli par les années que j'avais trouvé par hasard aujourd'hui chez le libraire en face du café. C'était l'une des toutes premières éditions d'Alice aux pays des Merveilles. Bella m'avait un jour dit que c'était l'un de ses livres préférés étant petite et qu'elle avait quasiment apprit à lire avec. Elle et sa mère l'avaient lu ensemble des dizaines de fois. Je pensai lui offrir ce soir même si le timing était peut-être mal choisit. Je n'avais rien trouvé de moins personnel en ce jour de Saint-Valentin. Je ne savais pas pourquoi il fallait absolument que je lui offre ce soir, il le fallait c'est tout. Je voulais lui offrir quelque chose aujourd'hui. Même si la solution du mail était un peu radicale, ça ne voulait pas obligatoirement dire que je n'avais pas le droit de faire un geste.

J'imaginai déjà la réaction de Bella en lisant ce mail comme l'avait suggéré Jasper. Ça donnait un peu un épisode de Bip-bip et le coyote. Bien sûr j'aurai été le coyote, incapable de l'attraper et elle retournerait mes pièges contre moi. Heureusement que je n'avais jamais envoyé cette stupide déclaration. Elle devait toujours trôner sur mon écran à l'heure actuelle …

« -Je vais voir s'il y a une astuce secrète pour accrocher ces satanées guirlandes. Je peux aller sur Internet?
- L'ordinateur est sur le comptoir de la cuisine...
 »

Les derniers échanges entre Jasper et Jacob me revenaient soudainement en mémoire. L'angoisse me noua l'estomac.

- Oh non … Soufflai-je avant de m'élancer dans le couloir, le cœur battant.
Arrivé au salon, Jasper fulminait toujours contre ses décorations. Seul.
- Tu tombes bien, j'ai besoin d'un coup de main là.
- Où est Jacob? Lançai-je paniqué en ignorant sa demande.
- J'en sais rien du tout. Il est parti précipitamment tout à l'heure comme s'il avait la mort au trousse.
- C'est pas vrai… Soufflai-je en passant la main dans mes cheveux. Il a touché l'ordinateur? Demandai-je en me dirigeant rapidement vers l'objet en question.
- Il cherchait un truc sur Internet … Après il s'est sauvé.

J'ouvrai l'écran et tombai directement sur ce mail non envoyé que j'avais écrit le matin même.

- C'est pas possible Jazz ! M'énervai-je. Pourquoi tu lui as laissé toucher l'ordinateur?!
- Pourquoi pas? Lança Jasper, complètement perdu.
- Le mail ! Criai-je en désignant l'écran.
- Quel mail? De quoi tu me parles?!
- Le mail Jasper, continuai-je en revenant vers lui, celui que tu m'as conseillé d'écrire ce matin et dans lequel je déclarai mes sentiments pour Bella. Jacob l'a lu ! Il était en plein sur l'écran !
Quand il réalisait ce qu'il venait de se passer sous ses yeux, Jazz' grimaça.
- Oups. Tenta-t-il avant que je parte fulminer dans ma chambre. Peut-être qu'il ne l'a pas lu ! Me lança-t-il du fond du couloir.
- Ouais et c'est pour ça qu'il est partit comme une furie ! Criai-je avant de m'enfermer.

« - Je suis foutu ... »

***

POV BELLA

Alice et moi venions de passer une après-midi entière dans un bar que nous avions vu se remplir au rythme des heures qui semblaient défiler sans nous. En ce jour dédié à l'amour, seule les âmes en peine ou les personnes aussi dépitées que nous l'étions écumaient ces sièges.

Nous avions toutes les deux choisi d'ignorer nos téléphones portable qui pourtant n'avaient pas arrêté de nous rappeler à l'ordre. C'était bien les hommes ça. Ils font une bêtises et s'attendent la minute suivante à ce qu'on les pardonne. Non, aujourd'hui Alice et moi avions décidé d'être égoïstes et d'avoir du temps pour nous, de la façon que nous aurions choisi et sans compromis. Libres de faire ce qu'il nous plaisait.

Au départ, tout allait bien. Nous étions poussées par cette rébellion contre la gente masculine. Nous avions fait des parties de billard, même si nous étions nulles au possible, personne n'était là pour jouer mieux que nous ou se moquer. Posant nos branches, j'avais ensuite battu Alice au flipper et celle-ci avait prit ça revanche au mini hockey sur table.

La propriétaire du bar avait été assez gentille de nous autoriser à camper dans son établissement tout l'après-midi sans consommer quoique se soit, mais quand le soleil commençait à disparaître derrière les bâtiments de la ville, elle nous fit gentiment comprendre qu'elle ne gérait pas une salle de jeux pour adolescentes attardées. C'est sûrement l'image que nous avions dû donner vu de l'extérieur et à vrai dire, ça m'était bien égal, je relâchai la pression.

Alice et moi prenions place au bar. Une vague de fatigue me submergeai mais j'étais bien. Je me sentais apaisée. Alice était comme une batterie ambulante, un électron libre, jamais en manque d'énergie. C'était revigorant même si je n'avais pas la même endurance qu'elle.

- Ca va? Me demanda-t-elle.
- Juste un petit coup de fatigue. Lui assurai-je.
- Tu as mangé au moins aujourd'hui?
- Un café ça compte? Grimaçai-je.
- Bella … Soupira Alice en secouant la tête.
- Oui maman? Plaisantai-je.
Déjà que tu as un tout petit corps, si tu ne manges rien tu vas te casser en deux ! Me sermonna mon amie.
- Me casser en deux? Vraiment? Riai-je.
- Tu vois ce que je veux dire … Désolée, je suis sensible à ce genre de choses.
- Je sais, répondis-je en reprenant un peu mon sérieux. En parlant de ça, tu as des nouvelles de l'agence?
- J'ai reçu une lettre incendiaire l'autre jour me demandant de reprendre du service sous peine de poursuites judiciaires. M'annonça-t-elle la plus naturellement du monde.
- Quoi? Mais Alice, c'est … C'est pas bon du tout, il faut que tu ailles les voir pour essayer de trouver un compromis ! Qu'en pense Jazz'?
Elle croisa mon regard une seconde avant de baisser les yeux honteuses.
- Alice … Grondai-je. Sérieusement?! Tu ne lui a rien dit?
- Je sais ! Soupira-t-elle en se laissant tomber sur le bar. J'ai juste envie d'oublier tout ça et qu'ils me laissent tranquille.
- C'est pas en te mettant la tête dans le sable qu'ils vont te laisser tranquille et tu le sais !
- Alice grommelait quelque chose d'incompréhensible que j'ignorait complètement.
- La seule façon pour toi d'être tranquille c'est de les affronter en face et Jasper t'aidera ! Je t'aiderai, tout le monde serait près à t'aider on sera tous derrière toi ! Même ton père !
- Mon père?
- Je l'ai vu à Forks. Tu devrais appeler tes parents, ils s'inquiètent pour toi.
- Pour leur dire quoi? Souffla-t-elle. Que ma vie part en vrille et que je ne suis plus celle dont ils étaient si fiers?
- Pour leur dire la vérité.

Sa tête retombait sur le bar. Je passai doucement ma main dans son dos pour la réconforter. Je savais d'expérience que ce genre de conversation, aussi amicale soit-elle, sur un sujet aussi délicat, était difficile à encaisser.

- Je ne comprend pas, repris-je, tu es si forte à certains moments. Rien ne semble pouvoir te faire peur et … Des fois tu redeviens cette petite fille qu'on a juste envie de protéger.
- On a tous nos points faibles. Soupira Alice en se redressant. J'ai besoin d'un verre. Tu veux un verre?
- A 18h00? Fis-je remarquer.
- Tu apprendras qu'il n'y a jamais d'heure pour la téquila ma belle.
Elle levait la main en direction du barman.
- C'est peut-être un peu fort vu mon seuil de tolérance à l'alcool.
- Oh allez Bella, nous sommes deux filles esseulée en ce soir de St Valentin. Il n'y a rien de plus pathétique ! Un verre ne te tuera pas.

Je recevais un message que je lisais en écoutant la plaidoirie d'Alice. C'était un message de Jake qui disait simplement : « Je retourne à Forks, Joyeuse ST. V ! ». Ma gorge se serra. J'étais partagée entre la peine et la colère. Je décidai de me laisser aller à ce dernier sentiment. De quel droit monsieur décidait d'instaurer une tradition inviolable? J'avais bien le droit de faire la fête avec des amis, quelque soit le jour choisi et le lieu.

Jacob se butait sur certains détails au lieu de simplement apprécier le temps qu'il nous était donné pour être ensemble. Être ensemble ne signifiait pas forcément être tous les deux. Je soupçonnais qu'il se serve de l'excuse de la Saint Valentin pour me punir encore une fois d'avoir disparue si vite de Forks il y a quelque temps. J'avais cru cette histoire derrière nous. Je m'étais suffisamment excusée d'avoir réagis aussi excessivement la dernière fois. Qui était excessif là?

- Un verre pas vrai? Lançai-je à Alice en rangeant ce maudit portable tout au fond de mon sac.
- Barman, siffla-t-elle conquise, deux Marguaritas.
- Qu'est-ce qu'il y a dans la Marguarita?
- Oh tu sais … Comme dans tous les cocktails … Me répondit-elle, évasive.
- C'est à dire? Insistai-je. Parce que je ne plaisantais pas quand j'ai dit que j'avais un seuil de tolérance zéro pour l'alcool.
- C'est à dire qu'à mon sens, il y a toujours plus de glace pillée que d'alcool dans les cocktails. Tu t'en sortiras très bien ! M'assurait-elle alors que le barman posait déjà deux verres énormes devant nous.
- Bien, soupirai-je devant cette chose qui ressemblait plus à un vase qu'à un verre, si tu le dis …
- A la nôtre et à cette Saint-Valentin hors du commun. Lança Alice en levant son verre. La nuit est à nous !

Je levai mon verre à mon tour déjà parasitée par cette bonne humeur contagieuse...

A la moitié du verre, je ne tenais déjà plus ma tête...

- Alice, soufflai-je en essayant de la regarder à travers mon verre, j'ai l'impression d'être dans du coton.
- C'est normal. Relax.
- Comment tu sais tout ça toi?
- J'ai quand même vécu à L.A. Qu'est-ce que tu crois.
- Sérieusement, y'a quoi là dedans?
- Tu sais … Téquila, triple sec, citron vert et une touche de paradis.
- Ah c'était donc ça ce petit arrière goût délicieusement enivrant...
- Je t'aime quand tu parles comme ça tu sais. Me sourit-elle en prenant une autre gorgée.

Nous nous mettions à rire quand la musique du bar changeait. Je reconnaissais immédiatement ce morceau. Elle avait souvent accompagné mes moments de déprime à Phœnix.

[25/ Nineteen - Sara And Tegan]

[I felt you in my legs
Before I even met you
And when I layed beside you
For the first time
I told you

Je t’ai senti dans mes jambes
Avant même te t’avoir rencontré
Et quand je me suis allongée à côté de toi pour la première fois
Je te l’ai dit.]

- J'aime cette chanson. Soufflai-je doucement en laissant glisser ma tête sur le comptoir.

Nous l'écoutions un instant en silence.

A l'époque, je pouvais l'écouter pendant des heures assises sur le rebord de ma fenêtre, m'enfermant dans ce petit monde qui était alors le mien. Je retraçai le cours des évènements, ceux qui m'avaient fait fuir Forks. Parfois même je finissais par en pleurer juste pour évacuer l'injustice de mon système. Une fois toutes mes larmes tombées, je coupais la musique et appelait Jake pour retrouver le sourire et chasser ces paroles de ma tête. Cette chanson semblait être écrite pour moi à l'époque et encore aujourd'hui, mais pour de nouvelles raisons. Du moins, j'osais espérer que c'était pour de nouvelles raisons.

[ I feel you in my heart,
And I don't even know you
Now we're saying
Bye, bye, bye
Now we're saying
Bye, bye, bye
I was nineteen
(Call me)
Je te ressent dans mon cœur et
Je ne te connais même pas.
Maintenant on se dit au revoir
Bye, Bye, Bye
Maintenant on se dit au revoir
Bye, Bye, Bye
J’avais 19 ans.
(appelles-moi
)]

-Alice?
- Hum?
- Tu as déjà essayé de te battre contre quelque chose que tu savais être mauvais pour toi et qui pourtant te procurait de telles sensations que tu avais l'impression d'être vivante pour la première fois de ta vie?
Elle me regardait comme si j'étais folle.
- Tu ne plaisantais pas sur ton niveau de tolérance zéro hein?
- Je suis sérieuse...
- Si tu veux vraiment avoir une discussion sérieuse, il faudrait que tu m'en donnes un peu plus que ça …
- Je vidai complètement mon verre.
- Pas si mauvais que ça en fin de compte hum? Me sourit Alice.

Je grimaçai en sentant l'acidité du citron descendre dans mon estomac et l'alcool laisser une marque brûlante dans ma gorge.

[I felt you in my life
Before I ever thought to
Felt the need to lay down
Beside you
And tell you
Je t’ai senti dans ma vie
Avant même d’y penser.
J’ai ressenti l’envie de m’allonger à tes côtés,
Et de dire,
I feel you in my heart,
And I don't even know you
Je te ressent dans mon cœur et
Je ne te connais même pas
.]

Je repensai à ces dernières semaines passées avec Edward. Je ressentais, rien qu'en fermant les yeux, cette façon qu'il avait de me tenir dans ses bras. J'entendais le rythme régulier et apaisant de son cœur quand je me reposais sur son torse. J'appréciai le son mélodieux de sa voix quand il riait ou quand il me jouait un morceau à la guitare. Souvent je m'étais endormie chez lui, souvent nous nous étions réveillés ensembles. Ces moments là étaient tellement paisibles que je devais sans cesse me forcer à me souvenir que ces choses ne m'étaient pas permises. Je n'avais pas le droit de vivre tout ça.

Pourquoi toutes les bonnes choses de la vie devaient être prohibées? Et pourquoi diable ce cocktail rendait mes défenses et ma détermination obsolète? Parce qu'à cet instant je n'avais envie que d'une seule chose … Me laisser aller.

[Back to where we met
Stayed inside
I was so upset
I cooked up a plan,
So good except
I was all alone
Je suis retournée à la maison,
Là où nous nous sommes rencontrés. Je ne suis pas sortie.
J’étais trop en colère.
J’ai élaboré un plan parfois seulement,
J’étais seule
.]

Pourtant je savais que j'avais souffert par le passé et je savais parfaitement de quoi je me protégeais. Je ne connaissais que trop bien le chemin tortueux et sombre qu'il me faudrait arpenter si jamais le passé se répétait. Mais cette nouvelle personne que j'étais maintenant serait peut-être assez forte pour supporter le vide et l'abandon cette fois. Peut-être que le plus dur à gérer serait l'humiliation et le dégoût que je pouvais inspirer aux autres … à moi-même peut-être encore plus.

[You were all I had
Love you
You were all mine
Love me
I was yours right
I was yours right
I was nineteen
(call me)
I was nineteen
(call me)

Tu étais tout ce que j’avais.
Je t’aime.
Tu étais à moi.
Aime-moi.
J’étais toute à toi.
J’étais toute à toi.
J’avais 19 ans.
(appelles-moi)
J’avais 19 ans.
(appelles-moi)]

- Bella, prononça mon amie en me sortant de mon introspection, y-a-t-il quelque chose dont tu aimerais me parler?
- Oui, répondis-je en me redressant, je crois qu'on devrait aller chez les garçons. Jasper doit être mort d'inquiétude.
- Tu crois? Répondit Alice, nostalgique.
- Je pense que tu as été un peu dure. C'est la Saint-Valentin après-tout. Le mien est parti mais il te reste encore quelque chose à sauver à toi.
- Je dois dire que j'ai bien envie de le voir … M'avoua-t-elle presque honteusement.
- On rentre? Souris-je.
- On y va oui.

Alice payait nos boissons et j'en profitai pour me lever. Quand mes pieds touchèrent le sol, je titubai et je dû me retenir au bar pour ne pas tomber.

- Wooa, ça va? Lança Alice en me retenant.
- C'est fort le triple sec?
- Tu ne rigolais vraiment pas alors? Tu ne tiens pas du tout l'alcool !
- Tu crois ?! Lançai-je en la regardant sévèrement.
- Mais pourquoi tu as bu alors?!
- Mais tu m'as dit qu'un verre de me tuerai pas ! Me défendis-je.
- Mais j'en savais rien moi ! Répondit-elle sur le même ton.
- Alice, ramène-moi. Soupirai-je.
- Oui … Attend, donne-moi ton sac. On va y aller doucement.
- J'ai la tête qui tourne. Marmonnai-je en gloussant comme une idiote.
- C'est normal … Tais-toi un peu, concentre-toi sur tes pieds.
- Tu peux me porter? Minaudai-je.
- Non mais tu m'as bien regardé? Tu vas faire un effort et marcher jusqu'à la voiture jeune fille !
- C'est pas juste. Bondai-je avant qu'Alice ne m'entraine jusqu'à la sortie.

***

POV EDWARD

Depuis que je savais que Jacob connaissait mon pseudo secret de me sentais sale, comme s'il avait violé mon intimité, comme s'il était entré dans ma tête et tout ça à cause d'une blague débile pour faire saliver Jasper. Jamais je n'aurais envoyé ce stupide message. J'avais honte aussi, même si je ne portais pas Jacob Black dans mon cœur et ça pour des raisons évidentes, je pouvais imaginer ce que ça lui avait fait de lire ça. Savoir que sa copine, celle qu'il aimait et qui vivait à plusieurs centaines de kilomètres de chez lui, vivait en permanence à côté d'un mec qui ne rêvait que d'elle. Il devait en être malade. Au moins, il savait ce que je vivais depuis des mois. Je savais que ça n'excusait en rien ce mot mais, pour ma défense, jamais personne n'aurait dû le lire.

Je soupirai longuement en m'enfonçant encore plus dans mon canapé. Bazooka vint poser sa grosse tête de toutou compatissant sur mon genoux en pleurnichant. Ces animaux ressentent tout, on ne peut rien leur cacher. J'étais transparent à ses yeux tout comme je l'étais aux yeux de Jacob à présent.

- Ça va aller mon gros. Ne t'inquiète pas. Lui assurai-je en posant une main sur sa tête pour le rassurer.

Pour toute réponse il aboyait et courrait vers la porte d'entrée, réveillant Jazz' en sursaut par la même occasion.

- Oh … Grogna Jazz'. Fais-moi taire ce foutu chien ! Ma vie est déjà assez lamentable comme ça ! Et pourquoi on joue le dog sitter d'abord?!
- Parce que d'autres fêtent vraiment la fête des amoureux contrairement à toi. Lançais-je en allant calmer le chien.

Quand j'attrapais Zooka pour le faire reculer, la porte s'ouvrait sur Alice à bout et souffle qui soutenait Bella, toute guillerette et un peu éméchée.

- Qu'est ce qui se passe? Demandai-je inquiet.
- Un petit coup de main serait le bienvenu ! Supplia Alice en me faisant tomber Bella dans les bras.
- Attention! M'exclamai-je en attrapant Bella de justesse.
Celle-ci tomba directement dans mes bras.
- Bonjour … Souffla-t-elle en me lançant des effluves d'alcool et un sourire approximatif.

En entendant la voix d'Alice, Jasper se levait immédiatement. Bazooka en profita pour m'échapper et fit la fête à Bella.

- Oh … Zooka, ça va mon gros ! Riait-elle en se tordant dans tous les sens pour le caresser.
Je tentai tant bien que mal de la retenir.
- Qu'est-ce qui lui arrive? Demandai-je sévèrement à ma sœur.
- Elle est saoule ça se voit pas?!
- Je le vois bien mais pourquoi?
- Parce qu'elle a bu une Marguarita, UNE SEULE je te jure, et que cette petite ne tient vraiment pas l'alcool.
- Ah tu crois?! Lançai-je sarcastique.
- Zooka !
Cette fois Bella m'échappait et tombait sur les fesses en riant.
- Bella ! Ça va?!
- Zooka ! Répéta-t-elle en lui ouvrant les bras.

Le chien en profita pour se ruer sur elle et la couvrir de léchouilles baveuses. Bella tombait à la renverse en secouant le chien dans tous les sens pour lui rendre ses câlins. Et plus Bella rentrait dans son jeux et plus le chien gémissait de bonheur. On aurait dit deux gosses.

- T'es beau mon gros !
- Allez ça suffit ! Lançai-je en écartant le chien pour la remettre sur pieds.
- Wooo ! S'exclama Bella quand je la ramenais jusqu'à moi. T'es fort, tu m'as soulevé à la superman !
- Bella, dans quel état tu es. Souris-je alors qu'elle me lançait un regard des plus vitreux.
- Edward? Tu es là !
- J'habite ici. Riais-je.
Elle me sautait au cou en riant et j'en profitais pour resserrer mon étreinte.
- C'est à cause du citron, me chuchota-t-elle à l'oreille, il était corsé mais chuutt tu dis rien d'accord.
- Bah voyons. Alice, où est Jacob?
- Jacob il est parti. Bouda Bella en jouant maladroitement avec mon col de chemise.
Sans la lâcher, je reculai légèrement pour la regarder.
- Comment ça parti?
- Il est parti bouder à Forks.
- Pourquoi? Demandai-je soucieux de savoir si c'était à cause de moi. Qu'est-ce qu'il t'a dit?
- Pfff, rien … Un Sms. A Forks, la Saint-Valentin, blablabla …
- Ils se sont disputés ce matin. M'informait Alice.
- Pas plus?
- Tu connais beaucoup de gens qui s'engueulent deux fois dans la même journée? Rétorqua-t-elle.

Bon, un seul problème à la fois. Je devais d'abord remettre Bella sur pieds avant de me préoccuper de ce que son petit-ami pouvait bien penser de moi.

- Alice...
Jasper allait jusqu'à elle en nous poussant presque moi et Bella.
- Je suis désolée pour ce que j'ai dit ce matin. Je sais que tu t'es donné du mal pour organiser tout ça.
- C'est rien, sourit-elle. J'aurai dû comprendre que mon Rockeur de copain n'était pas branché par tout ça.
- J'aurai dû faire un effort quand même.
Alice lui prenait doucement la main et lui sourit.
- Il nous reste encore assez de temps pour aller dîner si tu veux.
- J'en serais ravi. Sourit-il. J'ai rien avalé de la journée.
- C'est ça … Et la pizza extra-fromage que tu as commandé c'était quoi?! Rétorquai-je écœuré par tant de débordements affectifs.
- Toi occupe-toi de ça ! Lança Alice en désignant Bella étalée sur mon épaule. Nous on y va.
- Bonne soirée ! Leur cria Bella. Moi je vais rester ici je crois.
- Oh tu crois? Sourit Alice avant de l'embrasser sur le front. Occupe-toi bien d'elle. Me souffla-t-elle.
- Ne t'inquiète pas.
- Ouais, entre poivrots vous devriez vous entendre ! Se moquait Jasper.
- Allez sortez avant que je ne vous mette dehors moi-même ! Lançais-je sous leur rires quand ils passaient la porte.

Quand le silence revint je me rendais compte que finalement, j'allais réellement passer le soir de la Saint-Valentin avec Bella, seuls à seuls. C'était surréaliste. C'était vraiment une belle journée en fin de compte.

- Ça va? Soufflai-je en dégageant quelques mèches rebelles de son visage.
- Je suis fatiguée. Me répondit-elle à demi-mots.
- Tu veux regarder un film dans la chambre?
Elle hochait simplement la tête.
- Allez viens. Riais-je doucement. Je vais te faire du café.
- T'es gentil. Souffla Bella alors que je l'aidais à marcher jusqu'à ma chambre. Ta sœur est le diable !
- J'espère que tu auras un peu plus d'indulgence par rapport aux personnes ivres maintenant. Me moquai-je.
- Commence pas … Grogna-t-elle.

Elle me lançait un regard se voulant sûrement impressionnant, voir terrifiant, moi je la trouvais magnifique. Cela-dit, je me retenais de rire pour ne pas l'énerver d'avantage.

Nous entrions dans ma chambre et je l'asseyais lentement sur mon lit. J'allumai la télé sur la première chaîne musicale que je trouvai, baissant un peu le son pour ne pas qu'il agresse Bella. Je supposai, pour l'avoir vécu, que son crâne bourdonnait déjà bien assez comme ça.

- Oh, un lit ! Soupirait-elle l'air libérée en se laissant tomber dessus. J'en peux plus ! Je suis épuisée et j'ai froid.
- C'est l'alcool ma Belle.
- Comment je le saurais? C'est la première fois que je suis dans un tel état.
- Sérieusement? Demandai-je étonné. Tu vivais dans une grotte à Phœnix ou quoi?
- Tout le monde n'est pas débauché comme toi Cullen !
- Aoutch ! Touché. Souris-je.
- Et moi je coule … Gémit-elle.

J'allai m'assoir à ses côtés et elle faisait l'effort de se relever. Un gros effort à en juger par toutes les forces qu'elle avait dû puiser en elle pour se rassoir.

- Je trouve que pour une première cuite, tu t'en sors pas trop mal.
- C'est toi l'expert. Souffla-t-elle.
- Sur ces bonnes paroles … J'ai quelque chose pour toi.
- C'est vrai? Demanda-t-elle soudainement enjouée et agréable. Comme une petite fille qui voulait absolument avoir son jouet.
- Hum … Je ne suis pas sûr que tu le mérites... T'es plutôt méchante quand tu es ivre tu sais ça?
- Oh non, fais pas ça … T'en as trop dit maintenant, je veux mon cadeau ! Bouda-t-elle.
- Hum non, il va falloir faire mieux que ça. Plaisantai-je.
- S'il-te-plait Edward, me suppliait Bella en se pendant à mon cou, tu es un dieu, je ferais tout ce que tu voudras … Je ne me moquerai plus de toi vomissant dans les toilettes … Promis !
- J'en demandai pas tant, mais ça fera l'affaire ! Souris-je vainqueur.

J'attrapais le sachet qui était plus loin sur mon lit pour le lui donner. Bella s'en saisit doucement et le regarda un moment, hésitant à l'ouvrir.

- Ça ne va pas te mordre, je te le promet. Souris-je.
- Pour ma défense je t'ai apporté de l'aspirine le lendemain, je suis pas si méchante que ça … Rétorquait-elle en bougonnant.
- Ouvre ton cadeau au lieu de dire des bêtises. Riais-je.
- Pourquoi tu m'as fait un cadeau?
- J'ai besoin d'une raison? Répondis-je sincèrement.

Elle me scruta un instant comme pour trouver la faille de mon raisonnement, mais finit par abandonner.

[26/ Sleeperstar – I was Wrong]

- Je suppose que non. Sourit-elle.
Bella sortit le livre du sachet. J'étais nerveux. Je voulais vraiment lui faire plaisir.
- Ça te plait? Chuchotai-je.
Elle ne disait rien se contentant de fixer le roman entre ses mains. Sans bouger.
- C'est une édition originale. Tentai-je pour obtenir une réaction, n'importe laquelle.
Mais toujours rien. Bella semblait murée dans son silence.
- On peut toujours l'échanger si ça ne te plait pas. Dis-je à contre cœur, déçu d'avoir raté mon effet.

J'aurai vraiment aimé que ça lui plaise …

A cet instant, Bella levait les yeux vers moi et j'aurai juré quelle avait les larmes aux yeux. Mon cadeau était-il si horrible que ça? Je n'eus pas le temps de pousser plus loin mes réflexions cependant car la seconde suivante, je sentais ses lèvres chaudes s'abattre sur les miennes.

J'en eu le souffle coupé. Pendant une seconde je ne touchais plus le sol et mon monde s'écroulait. Tout ce que je comprenais c'était que par le plus grand des miracles, Bella était entrain de m'embrasser. Ses lèvres étaient brûlantes, légèrement salées mais tellement douces. Avant que je ne retrouve toutes mes facultés physiques, elle rompait ce baiser me laissant hébété sur le lit, mes lèvres réclamant encore les siennes.

Tout s'était passé tellement vite que je n'avais même pas eu le temps de goûter sa saveur. Cette saveur que j'avais trop longtemps attendue. C'était une véritable torture divine.

Elle me regardait, s'excusant presque de son geste et moi j'étais incapable de bouger.

- Merci. Souffla-t-elle timidement. C'est … Tu t'en es souvenu. Je n'en reviens pas que tu ais trouvé ce livre... Je … heu … Merci. Finit-elle émue.
- C'est rien, finis-je par articuler. De rien. Je …
Je soupirai pour reprendre mes esprits.
- Bella?
Elle relevait les yeux vers moi.
- La prochaine fois que tu fais ça … Préviens moi d'accord. Juste pour que je … participe.
Bella sourit timidement, les joues rougissantes.
- Qu'est-ce que tu aurais fait de plus?
- Je sais pas disons … Quelque chose avec ma bouche ! Lançai-je sarcastique.

J'aurais cru qu'elle aurait rit de ma remarque et que cela aurait détendu l'atmosphère, mais au lieu de ça, Bella continuait à me fixer. On aurait dit que ses yeux étaient en feux.

Elle se jetait de nouveau sur moi, me prenant de nouveau par surprise. C'était un baiser pressé et désordonné, pas vraiment ce que j'avais pu imaginer jusqu'ici mais peu importe, cette fois je ne resterai pas sur le banc de touche. Je l'embrassais moi aussi, insufflant toute ma frustration et ma fougue dans ce baiser. Ce moment que j'avais tant attendu. Ses lèvres étaient si douces et chaudes, je les aurai goûté pendant des heures.

J'aurai voulu prendre mon temps pour apprécier cet instant magique, mais Bella brûlait les étapes. Au delà de l'extase pure et simple que c'était pour moi d'être son otage, je devais me rendre à l'évidence, elle agissait sous l'emprise de l'alcool. Aussi délicieuses soient-elles, ses lèvres m'étaient interdites, surtout dans ces conditions.

Quand je sentais sa langue caresser la mienne, je perdais pied. Il fallait que j'arrête ça maintenant sous peine de ne plus pouvoir le faire, je savais où cela mènerait et j'en mourrai d'envie. Si Bella m'embrassait je voulais que se soit parce qu'elle le désirait vraiment et pas parce que l'alcool la désinhibait. Je ne voulais pas profiter de la situation, elle m'aurait haït au réveil sinon.

Je voulais que se soit réel tout simplement...

D'un bond je me levais et reprenais mes esprits en lui tournant le dos. Je ne pouvais pas réfléchir de façon raisonnable avec ses grands yeux chocolats braqués sur moi. Il fallait que je sois fort pour nous deux. Pour elle surtout.

- On ne peut pas faire ça. Pas ce soir, tu n'es pas toi même. Comprend bien que ça me tue littéralement de dire ça. Jamais je n'aurai penser le dire mais... Bella si je n'arrête pas maintenant, je sens que tu vas me détester demain matin et je ne le supporterai pas.

J'essayai de reprendre mon souffle et de respirer plus normalement.

- Bella, s'il doit se passer quelque chose entre nous ce soir … Et tu ne sais pas à quel point j'en ai envie, il faut que tu me dises que tu es sûre de toi... Que tu sais ce que tu fais parce que Bella … Il n'y a que toi qui est indécise dans l'histoire. Ce feu que tu décris si souvent m'a déjà totalement consumé si tu veux tout savoir et … Il faut que ça vienne de toi … Finis-je à bout de souffle.

Pendant quelques secondes, je n'osais me retourner, attendant simplement une réponse de sa part. Le silence était tellement puissant que j'aurai préféré qu'on me sonne un gong dans l'oreille, devant un ampli géant, ça aurait été moins gênant. Ce silence me tuait.

- Bella, il faut qu'on en parle parce que … Commençai-je en me retournant finalement vers elle.

Et là, contre tout attente, je la retrouvais profondément endormie sur mon lit. Un moment je restai sans voix, déçu et soulagé à la fois. J'avais eu raison depuis le départ. Rien de tout ça n'avait été réel. La réalité était quand même difficile à accepter. J'espérais simplement quelle s'en souvienne demain matin.

Dépité, je passais mes mains sur mon visage, puis dans mes cheveux avant d'inspirer profondément. Lentement je lui retirai ses chaussures comme je l'avais si souvent fait par le passé, pour la couvrir ensuite. Je prenais un des oreillers pour aller dormir dans le salon. Je ne pouvais pas dormir près d'elle cette nuit, pas après ça. Il me fallait quelques heures de recul pour encaisser tout ça et reprendre ma vie là où elle venait de s'arrêter. J'avais fait une sortie de route pendant quelques minutes, il me fallait maintenant reprendre le droit chemin, aussi difficile que ça l'était.

***

POV BELLA

Je me réveillai dans un lit qui n'était pas le mien. J'avais tous mes vêtements, c'était déjà ça. Un tour d'horizon suffisait à me rassurer, j'étais dans un endroit familier et rassurant. J'étais dans le lit d'Edward, mais il n'était pas là. Quand il m'arrivait de dormir ici, nous dormions toujours ensemble. J'aimais dormir près de lui, jamais il ne partait avant que je me réveille en temps normal. Pourquoi cette fois il … Ma main butta sur un objet alors que j'essayais d'attraper mon portable. Un livre : Alice aux Pays des …

« - Oh non ... »

Les évènements de la veille me revenaient en mémoire tel un boomerang, déclenchant une migraine effroyable. J'avais été affreuse. Mon comportement … Ce que j'avais osé faire, après toutes mes belles paroles, était inacceptable. Edward n'allait jamais me le pardonner. Quelque soit la tournure qu'avait pris les choses avant que je ne m'endorme, ça ne c'était pas bien fini sinon il aurait été là, allongé à côté de moi. Je ne me souvenais pas exactement de mes paroles. Je savais que son cadeau, ce magnifique roman, m'avait ému au plus haut point et je savais malheureusement que je m'étais jetée sur lui de manière éhontée. Après, c'était le trou noir. Comment avais-je pu partir aussi loin? J'avais embrassé un homme qui n'était pas le mien et en plus de ça, je l'avais très certainement blessé. J'avais mis en péril l'équilibre déjà précaire de cette amitié qui comptait tant à mes yeux, pour une Marguarita ! Si Edward m'en voulais, je ne pourrai jamais me le pardonner.

Et le pire dans tout ça, ce qui je crois me dérangeais le plus, c'était que j'étais tellement ivre alors que je ne me souvenais même pas de ce que j'avais ressenti en l'embrassant. J'avais l'impression de m'être moi-même volé un moment que j'avais fantasmé à de nombreuses reprises, sans jamais l'avouer à qui que se soit.

Je me mettais sur pied et avançai lentement dans ce couloir que j'arpentais presque tous les jours depuis des mois. Je ne pouvais m'empêcher de penser qu'à cause de ma propre stupidité, ça serait sûrement la dernière fois.

Doucement j'arrivai au coin de la cuisine, l'appartement était silencieux ce qui rajoutait à mon angoisse de ne pas l'y trouver. Il était encore tôt, il devait forcément être là. Il fallait qu'il le soit. Finalement, quelques pas plus tard, je le découvrais allongé sur ce canapé beaucoup trop petit, le yeux grands ouverts.

- Salut. Soufflais-je timidement à une distance raisonnable d'Edward.
Quand Edward s'apercevait de ma présence, il se levait immédiatement.
- Bien dormi? Me demanda-t-il la voix terne.
- Pas vraiment non, soupirai-je, je dors mieux quand … tu es là aussi.
- Ouais … Hum, soupira-t-il en cherchant comme une issue de secours dans la pièce, café? Tu dois avoir mal au crâne. Il me reste de l'aspirine de la dernière fois si tu veux. T'en veux?

Il était tellement nerveux qu'il me rendait encore plus nerveuse et je ne savais vraiment pas quelle était la réponse qu'il attendait de moi. Le café? L'aspirine? Je me fichai bien de ces choses pour le moment.

- Je vais t'en chercher ! Dit-il en s'élançant déjà vers la salle de bain.
- Non! C'est bon. Soupirai-je en essayant de capter son attention, c'est bon je …

Edward s'arrêtait enfin pour me faire face mais, à en juger par sa tête, il n'en avait pas vraiment envie.

- Edward … A propos d'hier soir je …
- Laisse tomber, c'est rien.
- Rien? Répétai-je doucement.
- Tu veux du café? Je te l'ai déjà proposé peut-être. Moi je veux du café ! Je vais prendre du café !
- Et déjà il filait dans le sens inverse, vers la cuisine.
- Edward, c'était pas rien pour moi.

Il stoppait la cafetière en plein vol une seconde, avant de continuer à remplir sa tasse. Je savais qu'il me tournait délibérément le dos.

- Je suis désolée. Soufflai-je doucement.
- C'est bon d'accord ! Lança-t-il légèrement agressif en se retournant vers moi. On oublie. Ajouta-t-il plus calmement. Un partout, la balle au centre.
Je grimaçai.
- La balle au centre? Tu veux vraiment faire une analogie au sport dans un moment pareil? Qui tu es? Emmett !
- Tu préfères qu'on rentre en détail dans les méandres tordus de notre relation, parce qu'il est encore tôt et j'ai pas encore pris mon petit déjeuner. En plus de ça, je vois pas vraiment ce que ça changerait. Répondit-il un peu sèchement.
- Je préfère largement le sport merci mais …
Je soupirai
- A quel point tu m'en veux?
Edward haussait simplement les épaules en prenant en prenant une gorgée de café.
- J'ai essayé de t'embrasser un jour, tu t'es enfuie. Ensuite tu m'embrasses et cette fois, c'est moi qui m'enfui. C'est notre schéma, on se fuit sans cesse parce qu'on s'apprécie et que, pour des raisons évidentes, il ne faut pas creuser plus loin.
- Et tu as découvert tout ça quand?
- Cette nuit, me répondit-il naturellement, j'ai pas fermé l'œil ! D'où mon état de nervosité avancé comme tu peux le constater.

Je ne pu m'empêcher de pouffer de rire. Enfin je respirai à peu près normalement depuis mon réveil.

- Toi et moi, commençai-je, on est tordus hein?
- Je crois bien que oui. Me répondit-il en souriant.
- Et qu'est-ce qu'on peut faire pour ça?
- Dès que j'aurai trouvé la réponse, je te ferai signe. En attendant, prend un petit déjeuner avec moi avant d'aller en cours.
Je le regardais me servir mes céréales et mon café sans broncher.
- C'est tout?
- C'est tout quoi? Répéta-t-il en prenant place à côté de moi sur le comptoir.
- On tourne la page?
- Et oui, il faut bien ! Un autre dossier dans l'affaire Edward et Bella ! On peut l'appeler « l'effet Saint-Valentin » si tu veux. Lait? Dit-il en me mettant la brique sous le nez.

Je m'en saisissais en secouant la tête, épatée par sa façon de voir les choses, si rationnelle. Nous partagions ce petit déjeuner en silence, nous lançant parfois des petits regards complices, jusqu'à ce qu'il aille prendre sa douche.

Et voilà, affaire classée apparemment … Tout allait bien entre Edward et moi. Alors pourquoi, au fond de moi, je me sentais si mal?

***

POV EDWARD

Une heure plus tard, Bella et moi arrivions sur le campus prêt à aller en cours. Il commençait à pleuvoir. Ils annonçaient de fortes pluies en fin de journée et toute la nuit. Nous n'avions pas beaucoup parlé sur le chemin. A vrai dire, j'étais épuisé. Les évènements de la veille avaient tourné en boucle dans ma tête toute la nuit, m'empêchant de fermer l'œil. Quand je l'avais vu devant moi ce matin, j'avais eu peur de la conversation que nous allions certainement échanger, alors j'avais pris les devant. Je lui avais assuré que tout ça était derrière nous et que ce chaos émotionnel était sûrement notre façon de fonctionner elle et moi. Mais la vérité était légèrement plus douloureuse. J'étais réellement déçu. J'avais longtemps rêvé de ce premier baiser et, dans mon esprit, il était plus romantique que ça. Dans mon imagination il était une libération et non pas une torture supplémentaire. Ce fardeau je le porterai encore un bon moment. Maudit soit la Saint-Valentin !

J'espérais que cette journée de cours allait me changer les idées et que, pour une fois, m'ennuyer ne me ferait pas de mal. J'avais besoin de calme et de « normalité ». Peut-être même que j'irai à Spadina en fin de journée. Retrouver pour quelques instant l'ermite que j'avais pu être avant ne serait pas une si mauvaise chose.

Mais en une fraction de seconde, tous mes espoirs de sérénité s'envolèrent en fumée. Une moto noire s'arrêta devant nous. Bella et moi nous arrêtions de marcher en même temps et je remarquai que son visage se fermait. Elle baissait les yeux comme si, d'un seul coup, elle se faisait horreur. L'homme sur la moto retira son casque en descendant et toutes mes craintes se confirmèrent. Jacob Black venait vers nous d'un pas assuré. Bella avança de quelques pas, je restai en retrait. Je savais que tout allait se jouer maintenant. A ce moment précis, je risquai de perdre Bella pour toujours et je pouvais m'en prendre qu'à moi même.

- Jake? Qu'est-ce que tu fais là? Je te croyais reparti à Forks?
- Quoi? T'aurais préféré? Lui balança-t-il à la figure.
Elle eu un léger mouvement de recul, se sentant agressée par ses paroles.
- Je te demande pardon? Répondit-elle surprise.

En voyant la réaction de Bella, Jacob se calma un peu mais on pouvait sentir qu'il ravalait sa colère à chaque mots.

- J'allais rentrer, mais je devais te voir avant. Tu n'es pas rentrée la nuit dernière? Dit-il d'une voix sombre.
- J'étais légèrement ivre. J'ai dormi chez Rosalie et Emmett. Répondit-elle sans se démonter.

En entendant ça, je relevai discrètement la tête vers elle. Alors elle aussi savait que parfois, la vérité n'est pas la meilleures des solutions. Jacob Black remarquait le regard que j'avais lancé à sa copine et sa mâchoire se contracta légèrement. Je l'ignorai délibérément. Mon tour viendrait bien assez tôt.

- Peu importe, souffla-t-il, j'ai bien réfléchi à tout ça et …
Son regard se portait sur moi.
- Je suis revenu pour te prévenir. Me lançait-il calmement, même si ça ressemblait plus à une menace qu'à un avertissement.
Je soutenais son regard sans me laisser impressionner.
- Jake … Souffla Bella. Qu'est-ce qui se passe?
Sa voix trahissait une certaine appréhension.
- Il le sait bien ce qu'il se passe. N'est-ce pas Edward? Me lança-t-il avec un sourire mesquin. Des problèmes en informatiques, je peux t'apprendre si tu veux.
- Mais de quoi vous parlez? Qu'est-ce que se passe? Répétait Bella, complètement perdue.
- Jacob … Commençai-je avant qu'il ne me coupe à nouveau.
- Tu as vérifié tes mails récemment Bella? Lui demanda-t-il sans pour autant me lâcher du regard.
- T'as pas fais ça … Soufflai-je en sentant la colère monter en moi.
- Non, je t'ai dit que je n'étais pas rentrée chez-moi depuis hier. Fait quoi? Me lança Bella alors que Jacob et moi nous fusillons du regard.
- Elle a le droit de savoir. Continuait Jacob.
- Savoir quoi? Vous allez m'expliquer à la fin ! S'énerva-t-elle.
- Ça aurait pu se passer autrement Jacob. Jamais je n'aurai envoyé ce message et tu le sais. Rien n'aurait changé.
- C'est ça, pour que tu restes toujours le confident qui a le bon rôle quand moi je m'efforce de sauver mon couple en passant toujours pour le bourreau de l'histoire ! Très peu pour moi.
- Ça ne va rien changer … Soufflai-je de plus en plus sombre.
- Je me retenais d'aller l'attraper par le col pour le balancer sur sa saloperie de moto.
- Nous verrons bien. Sache qu'elle n'aime vraiment pas qu'on lui cache des choses.
- J'avais mes raisons.
- J'ai les miennes aussi !
- Ok stop ! Je suis là ! Cria Bella au bord de la crise de nerf. Sincèrement, je comprend rien à tout ça !

Jacob saisissait doucement le visage de Bella entre ses mains et la regardait droit dans les yeux avant de lui parler doucement. Évidemment je préférai détourner les yeux.

- Rentre chez toi, regarde tes E-mails et on s'appelle après.
- Je comprend rien. Lui souffla-t-elle.
- Tu comprendras, je te le promets.

Ensuite il l'embrassait doucement, me laissant seul témoin de cette simplicité auquel je n'aurais jamais accès, brûlant ma poitrine, y laissant une trace indélébile. Jacob Black s'en allait, non sans un dernier regard noir dans ma direction, et une fois sa moto partit Bella me lançait un regard inquisiteur. Elle attendait des réponses que je n'étais pas près à lui donner.

- On se voit à la fin des cours.

Je me contentai de partir dans le sens inverse, enfonçant les mains dans mon blouson, les yeux sur le goudron, sentant déjà les premières gouttes annonciatrices de l'averse sur moi.

- Edward ! Attend !

Je l'entendais m'appeler mais, à cet instant, j'étais incapable de lui faire face. La paix que devait m'apporter cette journée était belle et bien compromise.

***

Pour une fois j'aurai voulu que cette journée passe lentement, mais les heures m'avaient été volées et avant même que je ne m'en rende compte, la journée était finie, le soleil s'était couché sous un ciel lourd et orageux et il était maintenant temps pour moi d'assumer les conséquences de mes erreurs.

Sans surprise, quand je sortais du bâtiment, Bella m'attendait déjà de pied ferme. Je m'arrêtai un instant, essayant d'échapper à son regard inquisiteur posé sur moi mais je savais qu'il était déjà beaucoup trop tard pour ça.

- C'était quoi ça? Tu m'as complètement ignorée toute la journée ! J'ai essayé de t'appeler ! Me lança-t-elle furieuse quand j'arrivais à son niveau.
- Viens, je te raccompagne. Lui répondis-je l'air sombre, sans osé croiser son regard.
Je commençais à marcher, sachant très bien qu'elle ne me suivrait pas si facilement.
- Edward, j'habite à 5 minutes à pieds je pense que je pourrai m'en sortir ! Dis-moi plutôt ce qui vous arrive à toi et Jake ! Je pense que j'ai le droit à quelques réponses après votre petit show de ce matin !
- Tu veux des réponses?! M'emportai-je en arrêtant de marcher pour lui faire face.

Ma réaction la laissa sans voix, c'était la première fois que je lui parlais sur ce ton. Lire cette appréhension dans ses yeux de fit mal.

- Alors viens, repris-je en essayant de rester calme. Suis-moi, S'il-te-plait. Insistai-je.

Après un moment d'hésitation elle finit pas accepter et nous marchions en silence jusqu'à chez elle. Du moins, Bella me suivait de près et moi je marchais droit vers la fin de cette belle aventure, me demandant encore comment j'allais faire pour tout lui avouer et comment les choses allaient tourner. Même si je savais que c'était peu probable, je ne pouvais faire taire cette petite voix à l'intérieur de moi qui me disait que peut-être … Bella allait m'accepter dans sa vie et qu'elle m'appartiendrait. L'espoir était un sentiment sadique.

Arrivé devant son bâtiment, Bella me devançait pour ouvrir la porte, mais je la retenais par le poignet. Sans comprendre, elle me regarda et se laissa entrainer jusqu'à moi.

[27/ Kris Allen – I need To Know]

- Il faut qu'on parle.
- Tu ne préfères pas monter d'abord? Demanda Bella, méfiante à présent. Il recommence à pleuvoir.
- Pas vraiment non. Soupirai-je.

Être le témoin privilégié de sa réaction quand elle lirait ce stupide mail était la dernière chose dont j'avais besoin.

- Bon … Souffla-t-elle. Je t'écoute...
Elle paraissait aussi anxieuse que moi à cet instant.
- Hier Jacob est passé chez nous, il te cherchait je crois et il a lu quelque chose sur mon ordinateur.
- Quelque chose?
- Quelque chose qu'il n'aurait pas dû lire. Tout est parti d'une stupide blague entre moi et Jasper...
Je soupirai encore une fois, ce qui me donna le temps d'ordonner mes idées.
- Edward …
Sa voix me ramenait à elle.
- Qu'est-ce qu'il a lu? Demanda-t-elle doucement.
- Un mail que j'ai écris et qui t'était destiné.
- Celui qu'il veut que je lise …
- Je n'avais jamais eu l'intention de l'envoyer, mais en le lisant, Jake te l'a envoyé et maintenant tu vas le lire …
- Et c'est si grave que je le lise? Demanda-t-elle en me fixant comme pour lire à travers moi.
- Ça, ça dépend de toi.
- Edward, tu commences à me faire peur. Dis-moi ce qui se passe. Qu'est-ce qu'il y a dans ce mail.

J'hésitai et fermai les yeux une seconde pour rassembler le peu de courage dont je disposai sur le moment.

- Bella, toi et moi on sait très bien que notre amitié n'est pas normale...
- Ne dis pas ça. Souffla-t-elle en baissant les yeux.
- Pourquoi, c'est la vérité. Répondis-je en haussant les épaules. Et tu me l'as encore prouvé en m'embrassant hier soir.
- J'étais ivre ! Se défendit-elle en me regardant à nouveau.
- Pas tant que ça non. Tu étais simplement plus libre. Je sais que tu es attirée par moi, malgré tout les efforts que tu fais pour me prouver le contraire, je sais maintenant que je te plais autant que tu me plais.

Bella reculait de quelques pas mais moi j'avançais pour ne plus mettre ces barrières qu'elle érigeait sans cesse entre nous.

- Arrête s'il-te-plait...
- Pourquoi? C'est trop tard maintenant. Il faut arrêter de se voiler la face. Il faut que tu entendes ce que j'ai à dire. Maintenant avant que je n'en ai plus la force.
- Je m'arrêtai tout près d'elle si bien qu'elle devait lever les yeux pour me voir.
- Tu dois juste l'entendre une seule fois.

J'aurai jurée qu'elle tremblait. Elle ne dit plus rien après ça et je compris que le grand moment était arrivé.

- Après ce mail que tu m'avais envoyé à Noël, toutes ces choses qu'on a essayé de dissimuler par l'humour, toutes ces nuits qu'on a passé enlacés, tu ne peux pas dire que notre amitié est conventionnelle. Il y a bien plus que ça mais pour une raison que j'ignore, tu te protèges derrière Jacob.
- C'est mon petit-ami. Répondit-elle.
- Je sais, mais ça t'arrange bien. Il te sert d'excuse, tu n'es pas amoureuse de lui.
- Ça tu n'en sais rien ! Rétorqua-t-elle en serrant la mâchoire.
- Bien sûr que si. Tu as passé une semaine avec lui et tu m'as dis à moi, qu'il y avait un feu brûlant entre nous qui nous consumerait si jamais il se passait quelque chose entre nous. Ce ne sont pas des choses qui se disent entre amis et surtout pas quand tu passes tes nuits dans les bras de ce petit-ami que tu dis aimer.
Bella détourna les yeux.
- Je sais qu'il y a autre chose. Qu'elle que chose que tu garde en toi et que tu n'oses pas m'avouer, mais il y a forcément quelque chose sinon nous serions déjà ensemble toi et moi.
- Et qui te dis que j'ai envie de ça? Me répondit-elle agressive tout d'un coup.
J'avais donc touché la corde sensible.
- Tout ton corps me le dit ! Ta façon de te serrer contre moi la nuit me le dit ! Arrête de te mentir à toi-même, je t'en pris Bella.
- Tu dis n'importe quoi. Tu ne sais même pas qui tu es, comment pourrais-tu savoir, mieux que moi, qui je suis?!
- Je sais au moins que …
Ces mots restèrent bloqués dans ma gorge.
- Que quoi? Lança-t-elle agressive.
- Que …
- Vas-y Edward, toi qui sait tout mieux que les autres, dis-moi ce que tu sais et que j'ignore. Tu sais, je ne suis pas la seule à occulter la vérité. Finit-elle acide.
- Je sais que …
Je soupirai longuement avant d'oser me lancer.
- Je t'aime. J'ai jamais oublié l'accident, notre rencontre et comme ça a changé ma vie ensuite.

En entendant ces mots, le visage de Bella passa de la colère à la tristesse, provoquant ainsi la même réaction chez moi. Je savais d'ors et déjà que le dénouement heureux que j'avais longtemps attendu n'aurait pas lieu. Nous nous contentions de nous fixer. J'attendais qu'elle me brise le cœur tout simplement.

Son menton trembla avant qu'elle ne décide de parler. Elle baissa les yeux un moment comme pour se reprendre. Je remarquai ses mains trembler. Au dessus de nous un coup de tonnerre éclata annonçant une averse toute proche. Quand Bella me regardait à nouveau, c'était un visage déterminé et froid que je retrouvai. Avec ce seul regard elle m'achevait, elle n'avait pas besoin de dire quoi que se soit. Tout espoir était mort.

J'eus l'impression que mon cœur venait d'imploser dans ma poitrine et que je ne tenais plus debout que grâce à des ficelles invisibles.

- Je ne veux pas que tu m'aimes. Lança-t-elle doucement en me regardant droit dans les yeux. Je t'avais prévenu dès le départ Edward. Nous ne pouvions être qu'amis, rien de plus. Je te l'avais dit. J'ai besoin de cette amitié aujourd'hui, mais il ne pourra jamais y avoir plus.
- Je ne peux plus être ton ami. Répondis-je sombrement.
- Tu connaissais les règles du jeu.

Après ça, sa voix se brisait et Bella ne dit plus rien. Malgré tout, son visage ne trahissait rien. Il était déterminé et froid.

- Peut-être que je ne veux plus jouer dans ce cas. Répondis-je simplement avant de me retourner pour partir.

Lentement je m'éloignais, les mains dans les poches. La pluie commença à tomber sur moi. Après quelques pas j'entendais la porte de son bâtiment s'ouvrir et se refermer rapidement. Maintenant elle avait disparue. Bizarrement, la vague de tristesse que j'attendais ne vint pas. J'étais simplement incapable de ressentir quoique se soit. J'étais comme anesthésié ou pire … J'étais mort à l'intérieur.


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Je sais, je sais ... Vous détestez de vous faire ça après ce premier baiser. Mais c'est aussi pour ça que vous continuez à lire Seattle Breakdown ! Si je suis sadique, vous devez être maso ... et je vous aime pour ça !

Certains se demandent quand est-ce que je vais enfin arrêter de les faire souffrir, mais il faut comprend que sans souffrance il n'y a pas de passion ! Et la passion sera grande ! Je le sais, je connaîs la suite ;) (confirmation et réclamation à ptitwam@ ;) ... ) - Certes ils vont galérer encore quelques chapitres, vous les connaissez? Le chat, la sourie et inverssement !

Plus que deux chapitres pour avoir la grande révélation sur Bella ! Prenez soins de vous, bon weekend - Reviewez bien et à la semaine prochaine !

PS: Si certain n'ont pas encore de réponse à leur review sur le chapitre précèdent, c'est normal ! Je vous répondrai en priorité ce weekend !

5 commentaires:

  1. H'lo,

    Encore une petite merveille ..... je viens de passer un super moment de lecture ....

    T'es vraiment pas tendre avec Edward ..... cette fois, je crois qu'il a le coeur brisé et quelle fin sadique ...... mais on aime cela !!!

    Review détaillée à venir (ai relu fois les lignes avec le mail car je sentais qu'il allait foutre la merde !!!!)

    Bon we

    Laurence

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  2. Quelle chapitre!

    Bella bourrée => trop marrant. Non mais faut jamais écouter les conseils d'Alice ou quoi? mdr!!!
    C'est quoi ce (pseudo-)baiser entre Bella et Edward? J'ai joué au yoyo en lisant ce passage (heureuse, déçue pour Jake, re-heureuse, trop en colère pour Jake ... mdr).
    Je déteste cette fin de chapitre. Grrr! Sadique sadique sadique!!! On va avoir le droit à un Edward mort dans les prochains chapitre. Snif! J'espère au moins qu'il va approfondir ses relations avec Julia et que ça va rendre Bella jalouse. héhé ^^!

    Vivement la semaine prochaine pour le chapitre IX! J'ai hâte!!!
    (bon ben en attendant je retourne lire Beautiful Disaster, j'ai bientôt fini et je t'envois un (gros) commentaire après)

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  3. Comme je suis allée trop vite pour reviewer sur le site, j'en rajoute ici!!
    Parce que j'ai pas parlé du baiser qu'on attendait toutes et qui a enfin eu lieu!!!
    Mais le soufflet est vite retombé quoi!!! Ah lala!!! C'étaient pas les meilleurs circonstances pour le faire!!! Et ça fait mal!!
    Après Edward, c'est au tour de Bella d'être bourrée, 1 partout!!!
    Encore bravo et vivement la suite.
    Bisous


    AuroreAthena sur FF.net

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  4. Encore un superbe moment en compagnie de Bella et Edward. Quelle fin... J'ai beaucoup de peine pour Edward mais la balle est dans le camp de Bella c'est elle qui doit avancer maintenant. En tout cas il est en morceaux notre petit Ed. Bon quand tu dis jouer au chat et à la souris , j'imagine bien l'arrivé de Julia( je crois!) dans l'équation. J'espère que le petit lutin va mettre son nez de musaraigne dans tout ce souk... Merci encore et la semaine sera longue!!! Je vais reviewer pour la forme sur FF

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  5. aahhhhhhh noooonnnnnn
    vivement la suite!!
    mais bon,finalement,merci jake,ca fait du bien de l'entendre dire^^
    gros bisous
    la video est super
    je sais,je me repète toutes les semaines ^^
    vivi

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