(Ce que tu as fait.)
***
Il devait être 15h00 ce jour là quand je rentrais. Ce weekend passé chez mes parents m'avait fait le plus grand bien. J'avais l'impression de respirer à nouveau. Ces dernières semaines n'avaient été que chaos et confusion. A Forks, entouré des gens que j'aimais, je m'étais retrouvé. Le trou dans ma poitrine était gérable à présent. Je n'avais plus l'impression d'être une enveloppe vide en ouvrant les yeux le matin.
A partir de maintenant, je refuserais de laisser mes sentiments me démolir, m'affaiblir, j'allais remonter la pente. J'allais reprendre ma vie là où je l'avais laissé quelques mois plus tôt, quand elle était arrivée. Quand elle avait envahie mon horizon, traversant mon ciel tel un météore, éblouissante, enivrante, tellement belle que tout autour me semblait banale et sans saveur. J'aillais redevenir moi-même, je m'en faisais la promesse. Il le fallait, c'était une question de survie.
Je déposai mon sac dans le salon et me dirigeai vers le téléphone. Le répondeur affichait 20 messages. Qui avait bien pu essayer de nous joindre 20 fois en deux jours?!
J'appuyai sur le bouton pour les écouter et me dirigeai machinalement vers le réfrigérateur. Bien sûr il était vide, mis à part quelques bières et une vieille bouteille de ketchup. Malgré tout je l'étudiai, comme si la nourriture allait apparaître toute seule sur les étagères. Les messages défilaient derrière moi mais bizarrement, personne ne parlait. Messages après messages, j'entendais toujours le même « clic » - Cette personne raccrochait sans arrêt sans dire un mot. Je refermai la porte du frigo et retournai vers le répondeur et ces « clics » qui n'en finissaient pas.
En regardant les chiffres défiler, toujours accompagnés de ce même silence pesant, j'eus une drôle de sensation au fond de moi. Comme si je savais … Comme si je reconnaissais la personne qui me laissait ces messages muets, même si elle ne parlait pas. Mon estomac me fit souffrir instantanément, le trou s'étirait à mesure que je l'imaginai composer mon numéro et raccrocher ensuite.
Non. J'appuyai rapidement sur « Effacer », la main tremblante et le cœur palpitant. Non, il fallait que j'arrête de m'infliger de telles tortures. Ça ne pouvait plus durer. Je m'étais fait une promesse et je comptais bien m'y tenir.
Je travaillais dans trois heures, j'avais le temps de m'allonger un peu. J'étais déjà dans le couloir quand on frappait. Qui pouvait bien être là? Tous les gens qui savaient que j'étais rentré étaient encore à Forks.
Quand j'ouvrai la porte, je me figeai. Pourquoi? Pourquoi maintenant? Bella était là, sur mon palier. Au début, ni elle ni moi ne disions quoique se soit. Et là, juste comme ça, juste en croisant de nouveau son regard chocolat, je replongeai. Je m'accrochai tant bien que mal à mes résolutions mais elle était tellement … Bella.
J'avais mal, très mal en la voyant, elle me renvoyait aux souvenirs douloureux de cette nuit où je lui avait dit ce que je n'avais jamais dit à personne d'autre avant elle. J'entendais de nouveau son rejet dans ma tête, le moment où quelques chose en moi s'était brisé à cause de ses paroles. Tant de cruauté sortie d'une si belle créature ...
J'aurais pu crier mais ma voix s'était éteinte, j'étais paralysé.
- Alice m'a dit que tu rentrais aujourd'hui. Me dit-elle simplement.
Encore une fois, j'aurais voulu dire quelque chose pour paraître moins idiot mais j'en était incapable. Je ne pouvais que la fixer. Sa voix était plus sombre que dans mes souvenirs, ses traits étaient tirés, elle avait des cernes sous les yeux comme si elle n'avait pas dormi depuis plusieurs jours. Je ne voulais pas m'en inquiéter, c'était la réaction que j'aurai dû avoir, j'aurais dû ne rien avoir a en faire… Mais ça n'était pas le cas. Elle avait l'air triste, blessée, presque trahie...
Comme je comprenais ce sentiment.
Le temps que je pousse plus loin ma réflexion, Bella avait pénétré dans mon appartement. Quand elle passait devant moi, son parfum me frappa et me fit l'effet d'une bombe. Comme j'aurais voulu ne plus aimer ce parfum, mais il éveillait encore tellement de chose en moi. Je fermai les yeux un instant pour essayer de ne plus penser à ça, pour me focaliser sur mon objectif premier, l'oublier.
Bella s'était rapidement dirigée vers les chambres et moi j'étais toujours planté devant la porte. Quand j'arrivai enfin à la refermer, je me senti oppressé. Nous étions seuls dans mon appartement, ça n'était pas la première fois et il y a encore quelques semaines, je m'en serais réjouis mais aujourd'hui, j'avais peur, je n'arrivai plus à respirer normalement. Tout mon corps me hurlait de partir, de m'enfuir, mais ma tête m'ordonnait d'avancer dans ce couloir.
Doucement je m'y avançais. Je l'entendais s'activer dans ma chambre, comme si elle était pressée. Parfois des objets tombaient sur le sol et elle jurait. A mesure que j'avançai jusqu'à ma chambre ma gorge se nouait, quoiqu'elle soit entrain de faire, je savais déjà que ça n'allait pas me plaire. On le sait toujours quand les choses sont sur le point de dégénérer, on peut le sentir au fond de nous comme une brulure qui vous prend aux tripes.
Et je ne me trompais pas …
Quand j'arrivai devant la porte de ma chambre, je constatai que Bella s'activait à ramasser tout ce qu'il lui appartenait dans la pièce. Elle rangeait tout de manière désordonné dans un gros sac de voyage qu'elle avait apporté avec elle. Cet indice aurait dû me sauter aux yeux, mais certaines évidences sont trop douloureuses à voir.
Je dû m'adosser à la chambranle de la porte pour ne pas tomber. N'étais-ce pas une bonne chose? Elle reprenait ses affaires et bientôt ça serait comme si elle n'avait jamais existé. C'était bien ce que je voulais non? Elle allait disparaître … Pour toujours.
Maintenant j'étais terrifié … Pour toujours. Jamais de ne reverrai son visage, plus jamais je ne l'entendrai rire. Je n'aurai plus aucun souvenir de son passage éclair dans ma vie. Cette révélation me fit plus mal encore que le fait qu'elle ne partageait pas mes sentiments. Je voulais l'oublier oui, mais aussi brutalement? J'en étais incapable. J'étais faible, minable même, j'étais un lâche … Si cette histoire finissait ici, de cette façon, jamais je ne serais capable de m'en remettre. Jamais.
Tel un drogué, je devais diminuer les doses progressivement ...
- Qu'est-ce que tu fais? Demandai-je doucement.
- A quoi ça ressemble à ton avis? Me répondit-elle sèchement sans s'arrêter pour autant.
Le ton de sa voix, dur et agressif, chose que je n'avais jamais entendu venant d'elle, me coupa les jambes. Elle était tellement … En colère. N'était-ce pas moi qui était censé l'être? Il y a encore deux jours, j'ignorais ses appels qui m'imploraient de la laisser s'expliquer. Pourquoi aujourd'hui j'avais l'impression d'avoir fait quelque chose de mal ? J'étais dans l'incompréhension la plus totale.
Alors je retrouvais l'usage de la parole. Elle n'avait pas le droit de se poser en victime, pas maintenant, pas après ce que j'avais enduré par sa faute.
- Pourquoi es-tu aussi en colère ?!
Bella fermait énergiquement la fermeture éclair de son sac et passait devant moi avec hâte. J'arrêtai de respirer histoire de garder les idées claires et que son odeur ne pollue pas ma détermination.
- Parce que c'est ce que tu fais ! Tu m'énerves ! Me cracha-t-elle au visage au passage.
J'avais lu tant de haine dans son regard. Le temps que je reprenne ma respiration et que je chasse cette image affreuse de mon esprit, Bella balayait déjà le salon prête à me voler mes derniers souvenirs.
- Bella, tu n'as pas besoin de faire ça …
- Oh si, je crois que justement je dois le faire. Il y a bien longtemps que j'aurai dû le faire d'ailleurs. C'est n'importe quoi. J'aurais jamais dû laisser autant de chose chez toi. T'es qui après tout hein ?!
Elle s'était figée pour me fixer méchamment. Je venais de prendre une grande claque en pleine tête.
- Mais qu'est-ce qui te prend à la fin?! La semaine dernière tu voulais essayer d'arranger les choses, tu disais que notre amitié comptait pour toi et aujourd'hui je suis le roi des cons?! C'est quoi ton problème?! M'emportai-je.
- C'est toi mon problème ! Ça a toujours été toi mon problème Edward.
Je sentais ma propre colère battre dans mes veines, boostée par son animosité envers moi. Boostée par les yeux haineux de cette fille que je ne reconnaissais plus.
- Si je suis un tel fardeaux pour toi, pourquoi t'es tu donné autant de mal pour me voir ?! Après tout c'est pas moi qui t'ai harcelé de coups de téléphone pendant deux semaines !
Sa mâchoire se contracta, je me raidissais, me préparant à de nouvelles paroles blessantes mais au lieu de ça, elle tourna les talons pour partir.
- Oh non, je ne te laisserai pas faire ça ! Lançai-je en voyant clair dans son jeu.
J'attrapai son sac et le balançait violemment dans la pièce. Dans sa chute il fit basculer une lampe qui se brisa. Bella fit volte face.
- Tu restes là et tu m'expliques ! Grondai-je. Je ne te laisserai pas fuir à nouveau.
- Tu sais très bien ce que tu as fait ! Crachait Bella.
- Si je dois passer pour le méchant de l'histoire j'aimerai au moins savoir ce que tu me reproches, mis à part le fait d'avoir dit que je t'aimais et de m'être royalement fait jeter ! Hurlai-je à mon tour.
Je commençai à trembler. Je ne pense pas qu'elle était consciente de l'effet que ça me faisait de lui balancer tout ça au visage et de lire cette douleur dans ses yeux. Elle était au bord des larmes mais je ne pouvais rien faire. En temps normal, je l'aurais serrée contre moi, je l'aurai protégée de tout, j'aurai tout prit pour elle, mais je ne pouvais pas lutter contre cette douleur là. Cette souffrance là, c'était moi.
Comment en étions-nous arrivé là?
- Tu dis m'aimer mais tu ne sais même pas ce que ça veux dire. Cracha-t-elle plus doucement avec une telle intensité que je dû reculer d'un pas.
On aurait cru qu'elle allait exploser tellement elle semblait me haïr à cet instant.
- Ça tu ne peux pas le savoir. Répondis-je sur le même ton.
- Alors admet-le !
- Admettre quoi?!
- Que tout ça n'était qu'une grosse farce pour toi, juste pour me torturer d'avantage !
- Te torturer ! Te torturer, répétai-je sans y croire, toi ! Comment tu peux dire ça après tout ce qu'on a vécu ?! Tu es tellement égoïste, c'est incroyable ! Tu penses à moi un peu, tu crois que ça ne m'a pas tué de savoir que chaque jour et malgré le fait que tu étais proche de moi, de plus en plus proche, tu appartenais à quelqu'un d'autre ?! Tu crois que ça ne m'a pas tué de savoir que jamais, jamais je ne pourrais te toucher comme lui te touche ?! Tu crois que …
- Mais bon sang , admet-le ! Hurla-t-elle en me coupant dans mon élan.
Une larme roula sur sa joue qu'elle effaça rapidement du revers de sa main comme pour masquer toute marque de faiblesse. Moi je mourrais lentement.
- Non je refuse d'admettre quelque chose de totalement faux juste pour que tu te sentes mieux dans ta tête !
- Est-ce que tu réalises au moins ce que tu as fais?! Tu n'as même pas voulu admettre qu'elle existait !
- Quoi? Qui elle?
Là, j'étais perdu. Visiblement elle aussi.
- Oh je t'en prie, arrête ce petit jeu ! Je t'ai vu avec elle, vendredi soir devant le cinéma. Je vous ai vu vous embrasser !
J'eus l'impression que mon cœur s'arrêtait de battre. Bella serrait ses bras autour de sa poitrine comme si son cœur allait sortir d'elle. Alors c'était ça? Elle m'avait vu avec Julia et s'était sentie trahie. Comme les nombreuses fois où je l'avais vu embrasser Jacob et qu'une partie de moi mourrait à chaque fois.
- Au moins tu sauras ce que ça fait... Soufflai-je avec amertume.
C'était sorti tout seul, je n'avais rien pu faire pour l'empêcher, mais je le regrettais déjà. J'étais incapable de la regarder en face.
- Tu es tellement immature. Je me demande comment j'ai pu te faire confiance.
Je faisais rapidement un pas vers elle.
- C'est moi qui suis immature?! Qu'est-ce que j'ai fait de mal Bella? Dis-moi ! Qu'est-ce que tu voulais que je fasse?! Que je t'attende éternellement jusqu'à ma mort?! On n'est pas ensemble alors je n'ai pas à me justifier sur quoique se soit il me semble ! J'embrasse qui je veux !
Bella semblait absorber ma réponse avec beaucoup de difficulté. Maintenant elle aussi baissait les yeux. C'était affligeant de voir à quel point nous cherchions à nous blesser mutuellement aujourd'hui. J'avais l'impression de cauchemarder, tout ça ne pouvait-être réel.
- Tu as raison … Souffla-t-elle péniblement. Tu as entièrement raison.
Elle releva les yeux vers moi et cette fois j'y lu de la détermination. Bella était calme et réfléchie à présent et moi j'avais peur qu'elle prenne des décisions trop hâtives. J'aurai préféré qu'elle s'énerve encore contre moi, ça j'aurai su le gérer.
- C'est la différence entre toi et moi Edward. Moi quand j'aime quelqu'un comme tu dis m'aimer, je n'en vois pas d'autre. Je ne peux embrasser personne d'autre.
J'accusais le coup. Elle avait raison. Même si je n'avais rien ressenti du tout en embrassant Julia, jamais je n'aurais dû le faire. Cette tentative désespérée d'aller mieux ne m'avait laissé qu'un goût amer dans la bouche et aujourd'hui j'en payais le prix. Il avait fallu que Bella se trouve là, pendant ce baiser lamentable. Ce baiser qui m'avait entrainé encore plus dans cette solitude, cette prison que je m'étais créée et dont seule Bella avait la clé.
- C'était rien, soufflai-je comme pour me justifier, ça ne voulais rien dire ...
Je trouvais enfin la force de regarder son visage calme et tellement froid. Je me justifiais … Je n'en revenais pas d'être celui qui se justifiait. Mais ça me semblait être la chose la plus juste à faire.
- Je n'ai pas cherché à te blesser.
- C'est exactement ce que tu cherchais à faire ! Tu voulais me punir. Rétorqua-t-elle, sûre d'elle.
Je ne répondais rien mais je savais qu'elle avait raison. Inconsciemment c'était sûrement ce que j'avais voulu faire. Elle le savait aussi bien que moi.
- Mais je te dois des excuses également Edward.
- Bizarrement, cela ne me soulageait en rien.
- J'aurai dû le savoir. Je n'aurai jamais dû accepter ta première invitation, ni les suivantes. J'avais bon espoir que tu avais changé depuis le lycée, je voulais y croire. Mais personne ne change jamais dans ce monde pas vrai? Tu es toujours le sale égoïste manipulateur que tu étais il y a 5 ans.
- Attend, je suis perdu là. Pourquoi tu me parles du lycée? On ne se connaissait même pas au lycée !
- Tu es sûr de ça Edward?
Elle approchait d'un pas, je ne bougeai pas. Je m'attendais à tout, je me méfiais de tout.
- Tu es sûr? Répétait-elle. Réfléchis bien. Le cours de Biologie au dernier semestre … Celui de Monsieur Molina.
Des images, comme des flashs… Des couleurs, des sensations … Toute cette période du lycée qui m'était si lointaine et si confuse.
Tous ces souvenirs refirent lentement surface pendant que Bella me contait son histoire …
***
POV Bella
Mai 2005 – Forks High School
C'était le début du printemps, mais il pleuvait toujours. A cette époque à Phoenix, il faisait déjà 30° à l'ombre. La chaleur me manquait parfois, mais les cours seraient bientôt terminés et j'allais passer l'été avec mon père Charlie. Nous allions pêcher et passer un peu de temps ensemble.
J'étais soulagée que l'année se termine enfin. Elle n'avait pas été de tout repos pour moi. En effet, je me sentais légèrement exclue ici. A Phoenix cela n'avait jamais été un problème pour moi de me faire des amis mais ici, dans cette petite ville où tout le monde se connaissait, je n'avais pas réussi à trouver ma place. Je n'avais réussi à m'intégrer dans aucun groupe, même pas celui des intellos. Pourtant ce trait de caractère me correspondait plutôt bien. A défaut d'avoir une vie sociale, j'avais au moins de bons résultats scolaires.
On m'appelait « Bella La Lunette » ici, à cause de mes grosses binocles. C'était quand même pas ma faute si j'étais myope si?! J'aurai pu porter des lentilles mais à quoi bon? Et si les lunettes me convenaient à moi? Peu importait le surnom qu'ils me donnaient, s'ils étaient de ceux qui jugeaient sur les apparences, nous n'étions pas fait pour nous entendre de toute façon.
Certes j'étais banale, je n'étais pas grande, je n'avais pas encore ce corps de femme qui faisait rêver les garçons, ma poitrine peinait à se développer et mes cheveux étaient toujours décoiffés (mais avec cette humidité, qui aurait réussi à les coiffer?). Ma capuche faisait beaucoup parler d'elle aussi, pour ma défense on était toujours sous la pluie alors à quoi bon l'enlever. Être seule ne me dérangeait pas, j'étais un peu comme Charlie de ce côté là. Je n'étais pas asociale, je n'étais simplement pas comme Rosalie Hale, j'étais même tout son contraire.
C'était la pom-pom girl la plus populaire du lycée. Elle était blonde, grande, magnifique, parfaite et elle sortait avec Emmett Cullen, le quarterback de l'équipe de foot, pour en rajouter dans le cliché. Tout le monde l'aimait. Les filles voulaient être elle et les garçons voulaient sortir avec elle. Elle parlait de tout, avait une opinion sur tout et d'après ce qu'on en disait elle pouvait aussi bien secouer ses pompons que bricoler un moteur. Je m'étais souvent demandé ce que c'était de vivre dans sa peau.
Rosalie et Emmett étaient toujours ensemble. D'ailleurs la famille d'Emmett, les Cullen, était très respectée en ville et au lycée bien sûr. Si vous vouliez évoluer dans ce lycée il fallait connaître un des Cullen. Là les portes de toutes les soirées où il fallait être vu, vous étaient ouvertes. La parfaite micro-monarchie.
Il y avait aussi les jumeaux Alice et Edward - et ce gars là Jasper, encore inconnu quelques mois plus tôt jusqu'à ce que d'un seul coup, en tournant dans la sphère Cullen, il était devenu le gars cool et loufoque que les Cullen avaient adopté. L'étiquette « Populaire » lui avait été donné. Comme quoi tout ça tenait à très peu de chose en fait.
Quelque chose devait clocher chez moi. Je découvrais la personnalité de quelqu'un avant de porter le moindre jugement de valeur sur cette personne. Ça paraît fou pas vrai?
Non, ils avaient tous un problème. C'était tous des moutons. Je refusais de me formater et donc j'étais seule. Heureusement, j'avais Jake.
Pour en revenir aux jumeaux Cullen, oui je les observais beaucoup comme pour comprendre ce mystère, Alice semblait douce et toujours enjouée. Rien à voir avec Rosalie qui regardait toujours les gens de haut. Alice semblait très différente, presque normale. Elle était à la fois magnifique, avec ses cheveux en bataille, et brillante. Elle sautait toujours dans tous les sens, la vie semblait être un terrain de jeu constant pour elle. Jamais je ne l'avais vu se taire, elle parlait tout le temps. C'était une hyperactive, maniaque de la mode qui avait un cœur énorme. En tout cas, c'est ce qui transparaissait d'elle.
Une fois elle avait prit ma défense dans les couloirs. Une bande de débiles m'avaient cassé mes lunettes, elle les avait fait déguerpir (j'avais alors appris qu'il ne fallait jamais, Oh Grand Jamais, énerver Alice Cullen – elle cachait un tigre en dessous sa petite jupe d'écolière toute sage) et elle m'avait gentiment proposé de me raccompagner chez Charlie. Vu que je n'y voyais plus rien pour conduire, j'avais accepté.
Elle avait parlé tout le long du chemin et moi, j'essayais de placer péniblement un « oui », ou un « non », ou encore un « peut-être » par ci par là. C'était à se demander quand elle reprenait sa respiration ! Nous avions parlé mode, ou plutôt elle avait parlé et j'avais acquiescé. C'est là que j'avais découvert sa passion pour les vêtements. En me déposant devant chez moi, elle m'avait dit « à demain » avec son grand sourire chaleureux, mais malheureusement, l'occasion de se reparler ne s'était jamais représentée. Elle était toujours avec les autres et jamais je ne me serais approché de Rosalie Hale sans protection et sans qu'elle ne porte de muselière. Cette fille me faisait froid dans le dos.
Toujours est-il que, de toute mon année à Forks, Alice Cullen fut ce que j'eus de plus ressemblant à une amie.
Enfin, comme si au lycée je n'étais pas suffisamment malchanceuse et « looseuse » comme ça, je m'étais bien sûr amouraché du garçon le plus mignon du lycée (Parlons cliché !) : Edward Cullen, le frère d'Alice.
Il y avait quelque chose de particulier chez lui. Il était tout le contraire de sa jumelle. Il était discret, parlait peu, il séchait souvent les cours et, en dehors de sa famille, il ne semblait pas avoir beaucoup d'amis. C'était bien la seule chose que nous avions en commun. Toutes les filles ne juraient que par lui, comment leur en vouloir : Il était très beau, c'était un fait.
Il avait les yeux verts clairs, les cheveux toujours en bataille (comme moi, sauf que à lui, ça lui allait!), une mâchoire carrée, une fine bouche et des sourcils prononcés qui contrastait avec son regard. Il semblait toujours à des milliers de kilomètres de nous tous, dans son monde. C'était ce côté mystérieux qui m'attirait, même si je ne l'avais jamais avoué à personne (de toute façon personne ne me l'avait jamais demandé!).
J'étais toujours curieuse de savoir à quoi il pensait. Nous avions Histoire ensemble, il suivait des cours supplémentaires dans cette matière pour les avoir ratés l'année précédente, alors il se retrouvait avec nous, les « Freshmen » : les première année.
Edward était toujours assis en face de moi, moi je passais toute l'heure à le regarder en m'imaginant qu'un jour peut-être il me verrait aussi. Comment rivaliser, moi Bella La Lunette, avec toutes les autres ? Edward Cullen était et resterait un pure fantasme, mais j'étais bel et bien amoureuse de lui – qui ne m'avait jamais parlé – amoureuse comme on peut l'être à 16 ans : passionnément et irrévocablement.
J'étais amoureuse d'une illusion, mais ça passait le temps et ça me donnait une raison de ne pas déprimer dans ce lycée où tout le monde m'ignorait. Je n'aurais jamais imaginer qu'un jour, il me remarquerait …
Au début du mois de mai, Monsieur Molina mon professeur de Biologie, me demandait si j'étais intéressée par son projet de soutien scolaire. Il disait que, vu mes notes, j'étais capable d'aider d'autres élèves qui avaient plus de difficultés. J'acceptais. Qui aurait refusé des crédits supplémentaires ? C'est ainsi que deux fois par semaine, après les cours, je donnais des cours de rattrapages à d'autres élèves. Rapidement je me prenais au jeu de ce tutorat. J'aimais aider les autres et c'était l'un des rares moment ici où je me sentais utile.
Au bout de quelques semaines, Monsieur Molina, ravi de mon engagement, me proposait de relever un défit qui, selon lui, ne pouvait être relevé par personne d'autre. Un élève précis allait m'être confié jusqu'à la fin de l'année. Apparemment, c'était un élève de deuxième année.
Ce jour là, quand j'étais entrée dans la classe, j'avais cru rêver. J'avais failli repartir aussi. Edward était là, dans cette classe. Il m'attendait. Pour la première fois il posait les yeux sur moi et je me sentais rougir de la tête au pieds. Mon cœur battait la chamade, je ne savais plus où me mettre. J'aurais voulu hurler, j'aurais voulu me réveiller de ce rêve trop beau pour être vrai. J'allais passer deux heures par semaine en tête à tête avec Edward Cullen, pendant deux mois entiers. Finalement, ce que j'endurais depuis le début de l'année, toutes ses moqueries, tout ça avait peut-être servi à quelque chose. Je repenserai peut-être à cette année positivement un jour.
- Bella, m'interpella le professeur, viens entre, ne reste pas à la porte.
Doucement je m'approchai en serrant les bretelles de mon sac à dos délavé, évitant soigneusement de croiser le regard d'Edward.
- Monsieur Cullen, je vous présente Bella Swan. Elle sera votre tuteur.
- Bonjour. Soufflait-il simplement.
Mon dieu, le son de sa voix. Ce petit « bonjour » se répercuta en moi adoucissant toutes mes peines. Je sentais les petits papillons dans mon ventre se réveiller, bourdonner en moi en me criant qu'enfin, j'allais me sentir bien dans ma peau. Me criant qu'il y avait une justice sur cette terre. Me criant que parfois, parfois seulement, les rêves se réalisent, même les plus fous.
Je souriais faiblement à Edward en croisant son regard une fraction de seconde. J'étais incapable de lui répondre quoique se soit cependant.
- Bien, je vous laisse. Travaillez-bien.
Et Monsieur Molina nous avait laissé seuls. Quand la porte de la salle de classe s'était refermée sur lui, j'avais sursauté en faisant volte face vers elle.
- Peut-être qu'on peut aller s'assoir? Entendis-je derrière moi.
Alors je prenais une profonde inspiration et me retournai pour voir Edward me désigner la paillasse. Je passai péniblement devant lui et allais m'assoir. Je sortais nerveusement mes affaires de mon sac et me figeai quand il passait derrière moi pour s'installer à ma gauche.
- Alors … Tu … Heu … Tu veux commencer par quelque chose de précis ou …
C'était la première fois de ma vie que je bégayais à ce point.
- Tu peux me regarder tu sais. Je ne mord pas. Sourit Edward.
Ma respiration se bloqua un instant. J'étais tellement stupide ! Et ce cœur qui m'assourdissait. Je tournai lentement la tête vers lui, il me souriait gentiment et quel sourire ! Heureusement qu'il reprit la parole car à cet instant, devant sa grâce, j'avais tout oublié et même l'usage de la parole.
- Tu n'as qu'à commencer par les bases, tu vois et même si ça te semble trop basique … Commences par là.
Cette fois je souriais à mon tour. Il n'avait vraiment pas l'air à l'aise avec la biologie.
- Je sais que tu dois me prendre pour un idiot … Soupirait-il.
- Non, je ne … Je suis là pour t'aider … Réussis-je à articuler.
Il me sourit encore une fois et je fis quelque chose d'étrange, même pour moi Bella La Lunette : Je retirai ma capuche.
Ce fut le tout premier changement qu'Edward Cullen provoqua chez moi.
- Bien, soufflai-je, commençons.
Ce jour là en rentrant à la maison, je ne mangeais pas prétextant que j'avais beaucoup de travail à mon père. Je montais directement dans ma chambre, posais lentement mes affaires sur le sol et m'allongeais sur mon lit. Je n'étais toujours pas redescendue de mon petit nuage, je flottais. C'était tellement bon de ne plus sentir ce poids sur mes épaules. Le poids de mes lunettes et de ma capuche, le poids de Bella La Lunette. Aujourd'hui, pendant une heure, j'avais simplement été Bella … J'avais souri.
Les semaines qui suivirent furent divisées en deux. Il y avait les moments où j'étais Bella La Lunette et ceux où j'étais simplement Bella, où j'étais moi. J'attendais avec impatience les lundi et vendredi, la toute dernière heure où j'allais rejoindre Edward. Lui et moi ne nous parlions jamais en dehors de nos heures de tutorat mais, la différence maintenant, c'était que l'on se souriait en entrant à la cafétéria. J'aimais plus que tout ces sourires qui nous liaient, discrets et à l'abri des regards. En plus de tout ça, Edward améliorait ses résultats. Mon travail était efficace, je l'aidais réellement.
Il me remerciait sans arrêt de « perdre mon temps » avec lui pour l'aider. Si seulement lui savait à quel point il m'aidait en retour.
Un jour, pendant une de nos heures, Mike Newton était entré dans la classe pour donner un message à Monsieur Molina, resté travailler avec nous ce soir là. Je ne fis pas attention à lui, comment le pouvais-je avec Edward à côté de moi.
- Excuse-moi.
Edward et moi détournions la tête de notre travail au même moment pour voir Mike.
- Oui? Répondis-je surprise qu'il m'adresse la parole.
- Tu aurais un stylo? Le mien ne marche plus et Monsieur Molina en a besoin pour signer un papier.
- Il n'en a pas lui ?! Répondis-je du tac au tac.
Après tout, c'était un prof !
- Je … Heu … Bégaya Mike.
C'est quoi son problème à celui là?
- Tiens prend le mien. Intervint Edward en donnant son stylo Mike.
Mike le pris d'un air renfrogné en allant le donner au professeur.
- Il faut que tu laisses sa chance à ce pauvre garçon, chuchota Edward à mon oreille, il ne sait plus quoi inventer pour venir te parler.
Ses lèvres près de mon oreille … Je du me forcer à ravaler ma salive qui menaçait déjà de couler le long de ma bouche.
- De quoi est-ce que tu parles?
Je m'étais retournée vers Edward. Son visage était tout près du mien et tout ce que je pouvais faire alors, c'était contempler ses lèvres pendant qu'il parlait. Ses délicieuses lèvres …
- Bella, Mike Newton traine dans cette salle depuis qu'on a commencé à travailler ensemble toi et moi ! Il ne prend même pas de cours de rattrapage enfin ! C'est évident, tu lui plais.
- Ne dis pas n'importe quoi. Chuchotai-je en me reportant sur mon cahier.
- Toi arrêtes de mordre tous les gens qui s'approche de toi. Chuchota-t-il à son tour.
Oh oui, chuchote encore !
- Toi je ne t'ai pas mordue !
- On t'a obligé à rester avec moi, ça ne compte pas.
- C'est faux ! Me défendis-je.
- Bella, ce garçon est raide dingue de toi.
- C'est ridicule.
- Et pourquoi ça?
- Regarde moi ! Lançai-je amère. C'est moi Bella La Lunette !
Alors Edward fit le geste le plus doux que l'on avait jamais eu envers moi. Il leva les mains vers mon visage. Je n'osai même plus respirer. Délicatement, il me retirait mes lunettes et les regardait avec curiosité.
- Voilà, lança-t-il, maintenant tu es juste Bella.
Dans sa bouche, ça sonnait comme quelque chose de joli.
- Si ces lunettes te gênent autant, enlève-les.
- J'y vois rien sans. Dis-je en les remettant rapidement au bout de mon nez.
Edward rit doucement à côté de moi.
- C'est pas grave. Moi je te trouve très mignonne, avec ou sans lunettes.
MIRACLE ! EXPLOSION DE JOIE ! FEUX D'ARTIFICE ! - C'est ce que j'ai ressenti.
- Ah.
C'est ce qui j'ai dis … * soupir *
- Donne-lui ton numéro.
- Quoi, comme ça, sans prévenir?
- Tu veux pas lui envoyer un recommandé non plus !
- Non, je pourrais jamais, avouai-je. En plus, il ne m'intéresse même pas !
- C'est ça le problème? Qui t'intéresse alors, ya bien quelqu'un?
Toi, accessoirement …
- Non. Répondis-je rapidement.
Et il me faisait son sourire ravageur.
- Bon, on peux s'y remettre là. Lançai-je pour changer de sujet.
- Bella, Bella, Bella, soupira Edward, qu'est ce que je vais faire de toi?
- Qu'est-ce que TU vas faire de moi?! Répétai-je en cachant mal mon sourire. C'est plutôt à moi de dire ça ! Maintenant apprend !
- Oui Madame, dit-il en riant, à vos ordres.
- Je ne plaisante pas Edward.
- Détend-toi un peu, on peut apprendre et rigoler un peu …
- Je suis pas sûre… Répondis-je, méfiance.
- T'inquiète Bell's, il me tapait doucement dans le dos et je frissonnai de plaisir, je t'apprendrais !
Alors je riais à mon tour. La vie était douce dans ces moments là.
Et puis un jour, ce fut la fin de l'année et notre dernière heure ensemble. Ce jour, là, j'entrais dans la salle avec ma capuche sur la tête, la boule au ventre. Je m'installais en silence alors qu'Edward était déjà là.
J'avais l'impression de vivre un flash back, j'étais redevenue moi : Bella la Lunette, celle qui avait peur de le regarder dans les yeux, peur de lui adresser la parole, tout simplement peur de ce qu'il provoquait chez moi. Bella la Lunette. Mais l'étais-je vraiment? Qui étais-je à présent? Elle ou simplement Bella? Je ne le savais même plus. Je ne n'étais plus sûre de rien.
J'étais perdue et je n'avais personne à qui en parler, même pas Jake. Il m'aurait ri au nez, lui qui me voyait toujours comme le garçon manqué qui faisait de la moto avec lui le weekend. Il ne m'avait pas vu grandir. Il ne voyait pas la femme en moi. Après tout, qui la voyait?
- Quelque chose ne va pas? Me demanda Edward, me sortant de mes obscures pensées.
- Non, tout va bien pourquoi? Répondis-je sans conviction.
- Quand ça va pas, tu remets ta capuche.
- Quand est-ce que tu m'as vu faire ça?
- A l'instant. Me répondit-il sérieusement.
Cette fois j'étais troublée. J'étais triste. Je ne voulais plus que l'année s'arrête. Je ne voulais pas qu'il s'en aille. Je savais que ces heures passées ensemble étaient une excuse valable pour se parler et rester en contact. Une fois qu'ils quitteraient cette salle de classe, d'ici 50 minutes, il ne se souviendrait plus de moi.
Je serrai les pages de mon cahier en regardant fixement devant moi pour éviter de hurler et faire disparaître la douleur qui m'obstruait la gorge. Pourquoi fallait-il que je tombe amoureuse d'une relation imaginaire? Je me croyais pourtant au dessus de tous ces rêves de jeunes filles trop fleur bleue. Pourquoi lui et pourquoi maintenant? Pourquoi fallait-il que tout s'arrête?
- Tu veux qu'on commence par quoi? Souffla-t-il timidement.
- Ce que tu veux. Répondis-je, regardant toujours aussi fixement le mur devant moi.
- Bon … je vois. Je ne pense pas que ça serve à grand chose de travailler aujourd'hui. Après tout, c'est notre dernière heure.
« Continu à remuer le couteau dans la plaie, vas-y! »
- Si tu préfères t'en aller vas-y te gène pas. Lançai-je sèchement.
- J'ai jamais dis ça. Me répondait-il en essayant toujours de capter mon regard.
Cette fois, j'osai le regarder. Il me souriait gentiment, comme à son habitude. Au contraire de moi, Edward semblait toujours très calme.
- Qu'est-ce que tu veux faire alors ? Demandai-je, à la fois méfiante et curieuse.
- Viens avec moi.
Il se levait et me prenait rapidement par la main pour m'entrainer avec lui. Sa peau était très fraîche, en tout cas plus que la mienne.
- Attend !
- Attendre quoi?
- On n'est pas censé bouger d'ici !
- Qui le verra ? Le lycée est désert de tout façon !
Je me laissai guider jusqu'au centre de la salle. Là il me lâchait et je ressentais déjà le vide de sa présence au creux de ma paume. Edward ouvrait la fenêtre et me tendait la main pour que j'approche. La tentation était trop forte et c'était sans hésitation que je reposai la main dans la sienne.
- Qu'est-ce que tu fais?
- Tu vas voir.
C'est horrifiée que je voyais Edward passer une jambe de l'autre côté de la vitre.
- Tu es fou ! On est au quatrième étage tu vas te tuer !
- Mais non ! Sois pas aussi prudente, tu vas vieillir avant l'âge !
Il passait l'autre jambe et je récupérai ma main pour reculer.
- Bella, viens avec moi. Gronda-t-il en me voyant faire marche arrière. C'est génial d'avoir les jambes dans le vide. On se sent libre comme l'air.
Je faisais non de la tête.
- C'est hors de question. Je m'approcherai pas de cette fenêtre.
- Fais pas l'enfant !
- C'est moi qui fais l'enfant?! Répétai-je, outrée.
- Bon … Très bien …
Nous ne disions plus rien pendant quelques secondes.
- Et c'est tout? Demandai-je, méfiante.
Edward se contentait de hausser les épaules.
- Tu n'abandonnes jamais aussi facilement Edward …
- C'est juste que, commençait-il, seul ici …
Je poussai un hurlement de terreur quand je le vis glisser volontairement vers le bord.
- Arrêtes ça tout de suite !
- Je pourrais tomber. Finit-il avec un sourire narquois collé sur le visage.
- Edward je ne plaisante pas! Reviens tout de suite à l'intérieur !
- Alors viens me rejoindre.
Lui s'amusait comme un fou.
- Non !
- 5 minutes, s'il-te-plait Bella. Pour moi.
- J'ai dis non !
Alors il recommençait à glisser vers l'avant. Après un autre cri, je m'approchai lentement de la fenêtre à contre cœur et déjà Edward se rasseyait correctement sur le bord, avec toujours ce petit sourire. Il me tendait la main, que je prenais timidement en fixant le vide.
- Passe ta jambe de l'autre côté. Me disait-il gentiment.
- Je vais pas pouvoir.
- Je suis là. Ais confiance.
- Mais, tu ne comprends pas, j'ai le vertige.
- Je te tiendrai fermement contre moi dans ce cas.
Je prenais alors un instant pour imaginer la scène. Je ne sais pas s'il avait pensé ça au sens propre du terme, mais une vague de frissons parcourue ma colonne vertébrale. Je le regardai dans les yeux et n'y voyais que douceur. Mon cœur s'affolait sans raison apparente dans ma poitrine.
- Bella, je ne te lâcherai pas.
- Je sais.
- Maintenant, passe ta jambe de l'autre côté.
Je m'exécutai.
- Puis l'autre. Voilà comme ça. Doucement …
Une fois que j'avais la deuxième jambe ballotée dans le vide, je réalisai la hauteur à laquelle je me trouvai et m'accrochai automatiquement autour de son cou. Edward riait doucement en passant son bras autour de ma taille, plus pour me rassurer que pour me tenir en réalité. Son visage était très proche du mien, c'était la première fois que je sentais son souffle frais balayer mon visage. C'était une sensation prodigieuse, j'en oubliai presque le vide en dessous.
- Alors tu vois, ça valait le coup de voir ça. Sourit-il.
- Tu as raison. Soufflai-je subjuguée.
A ceci près que nous ne parlions pas du même « ça ».
- Je suis content que tu m'ais fait confiance.
Que répondre à cela? Je me contentai de prendre une grande inspiration et desserrai mon étreinte autour de lui en évitant de regarder en bas. Au final, le seul contact que nous gardions entre nous était celui de nos deux mains entrelacées. Mais rien que pour ça, seulement pour ça … J'étais aux anges.
- Tu vas à la soirée de Rosalie ce soir? Lançait-il soudainement. Pour fêter la fin de l'année.
- Je ne pense pas que les premières années y soient conviés. Répondis-je avec une pointe de sarcasme.
- Oh c'est vrai j'oubliai. Tu es tellement intelligente que j'en oublie parfois que tu n'es qu'en première année.
- C'est pas grave, de toute façon c'est pas trop mon truc les fêtes …
- C'est dommage. Tu pourrais venir avec moi …
Je le regardais comme-si j'étais purement et simplement entrain d'halluciner.
- Pourquoi voudrais-tu aller à cette soirée bourrée de gens beaux, riche et populaire avec moi?
- Parce que tu es mon amie Bella et que je n'ai pas envie de te dire au revoir à la fin de cette heure de cours.
Il avait semblé sincère. Je ne savais plus quoi penser. Se pourrait-il que parfois, les fantasmes prennent vie ?
- Rosalie Hale me terrifie. Avouai-je.
Son rire vint caresser mon visage encore une fois. J'inspirai profondément.
- Avec le monde qu'il y aura, je te promets que tu ne la croiseras même pas. Mais tu te trompe sur elle, elle est adorable quand tu la connais un peu.
- Ce qui n'est pas mon cas …
- Je te protègerai. Tu veux bien venir avec moi ce soir?
Comme si je pouvais encore refuser?
- D'accord.
- Génial ! Je passerai te chercher à 19h.
- Génial ! Répétai-je en souriant, non sans une certaine appréhension – que je ne montrai pas cependant.
- Allez viens, je t'aide à rentrer à l'intérieur.
Je n'aurais jamais dû dire oui ...
***
POV Edward
2010 …
J'étais abasourdi. Comment avais-je pu oublier ces quelques mois où Bella et moi étions devenus amis ? Il y a encore quelques minutes, j'aurais juré sur mon sang ne jamais avoir parlé à Bella Swan à l'époque du lycée et maintenant j'apprenais tout ça.
Ces choses que j'avais vécu et dont je n'avais plus aucun souvenir.
Le pire dans tout ça, la chose qui était sur le point de me rendre dingue et qui m'empêchait de parler c'était qu'à cette époque, Bella Swan était amoureuse de moi... J'aurai voulu mourir.
Elle avait eu des sentiments pour moi au lycée et je n'avais rien vu, je ne m'en souvenais même plus, je l'avais complètement ignorée. Finalement, elle comprenait parfaitement ce que je vivais en ce moment, parce qu'elle l'avait vécu aussi.
J'étais fou de rage. Si j'avais pu retourner en arrière pour baffer cet adolescent aveugle que j'étais à l'époque je l'aurais fait... Je lui aurais crié de saisir sa chance, je lui aurais hurlé de se rendre compte de ce qu'il laissait filer et que jamais il ne rattraperait. Je lui aurais dit qu'il ne connaissait pas sa chance. Mais c'était impossible et aujourd'hui j'étais là, devant un échec de plus, devant elle. Perdu et dans l'incompréhension la plus totale.
Bella tremblait de la tête aux pieds. Je réalisai alors combien ça lui coûtait de m'avouer tout ça. Je savais à quel point la période du lycée l'avais marqué et de savoir maintenant que j'en étais en partie responsable me rendait dingue. Je m'étais mis des bâtons dans les roues tout seul. Mon triste sort était scellé depuis déjà cinq ans ! C'était une fatalité à laquelle je n'étais pas préparé, à laquelle je ne m'attendais pas.
L'ironie de cette histoire était des plus affreuse. J'étais face à ma royale et maintenant, légendaire stupidité.
Malgré tout, un détail m'échappait encore. Je ne comprenais pas pourquoi elle ne m'en avait pas parlé avant et ce que j'avais bien pu faire pour la mettre dans cette état. Pourquoi était-elle si en colère contre moi? Que me cachait-elle encore? En quoi le fait d'avoir été son ami pendant deux mois était-il répréhensible? Mis à part le fait que je ne savais rien de ses sentiments à mon égard.
- Je … Je ne savais pas. Je suis désolé Bella. Je ne me souviens de rien de tout ça …
- Je sais. Je l'ai remarqué la première fois, au restaurant. C'était tellement flagrant …
- Pourquoi tu n'as rien dit?
- A quoi bon? Je ne pensais pas que nous nous reverrions et puis, c'était il y a 5 ans.
- Et ensuite, pourquoi n'avoir rien dit?! Qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour que tu ne me fasses toujours pas confiance?! M'emportai-je. Je croyais que ce que nous avions était plus important que ça. Lançai-je déçu.
- Je t'en prie Edward, me coupa-t-elle, ne viens pas me faire la morale à moi sur ce qui est important ou pas. Tu ne sais pas tout ! Tu as choisi de tout oublier, moi je ne peux pas, alors ne me fais surtout aucun reproche. Pas maintenant. Pas après …
- Après quoi? Dis-le moi ! L'incitai-je, frustré de ne pas avoir toutes les cartes en main.
Elle restait muette. J'étais pris entre la colère et la peine. Je m'en voulais déjà de l'avoir blessé alors que je n'avais aucun souvenir de l'avoir fait. C'était la pire des sensations au monde.
Je réalisais alors la sombre vérité et j'eus du mal à rester debout. Cette histoire avait eu beaucoup plus de répercutions que le simple fait du rejet de Bella à mon égard. Les répercutions avaient bel et bien été là depuis le départ. Depuis le début ...
- C'est pour ça que tu es partie si vite le jour de l'accident pas vrai? Ça n'avait rien à voir avec ces gars. Réalisai-je, l'air sombre.
Bella baissait les yeux.
- Tu m'avais reconnu et tu t'es enfuie. Avoue-le. Tu ne voulais rien à voir à faire avec moi dès le départ …
J'étais écœuré.
- Tu ne sais pas ce que ça a été pour moi il y a 5 ans... Ce que j'ai enduré. Souffla-t-elle sans me voir.
Il fallait que je m'assoie, mes jambes tremblaient mais j'étais incapable de bouger un seul muscle. Elle n'avait jamais voulu que l'on se revoit. J'avais forcé les choses. Tout ça, tout ce que nous avions vécu ces derniers mois n'était que pure illusion. Rien de tout ça n'était réel. J'avais forcé le destin.
- Explique-moi alors, j'ai le droit de savoir Bella … Dis-moi, je t'en supplie. Qu'est-ce que je t'ai fait pour ne pas avoir le droit à une seconde chance. Pour que tu préfères me laisser inconscient dans une ruelle … Qu'est-ce que j'ai fait ?!
- Tu as tout oublié. Voilà ce que tu as fait … Toi, tu as eu le choix de tout oublier.
***
POV Bella
Juin 2005 – Maison des Hale.
Edward et moi arrivions chez Rosalie vers 20h30, il y avait déjà énormément de monde. Je n'étais pas à l'aise dans ce genre de rassemblement, d'ailleurs c'était la première fois que j'y participais. Le fait d'être aux côtés d'Edward était très rassurant. J'étais fière d'être là avec lui. J'avais même fait un effort vestimentaire qui aux yeux de tous passeraient sûrement inaperçu. Je portais un chemisier de couleur orange et une petite jupe en jean, finit le noir.
Ce soir j'étais juste Bella. Edward lui l'avait remarqué, c'était l'essentiel. Il m'avait dit que j'étais très jolie dans la voiture, depuis mon cœur papillonnait dans ma poitrine.
Rien ne viendrait gâcher cette soirée...
Au départ les personnes qui venaient saluer Edward ne me remarquaient même pas et moi j'avais tendance à m'écarter. Seulement lui ne me laissait pas m'éloigner, il me rattrapait régulièrement par la main pour que je revienne près de lui et ça malgré mes résistances. Ensuite il me présentait à ses amis et je fus surprise de voir qu'ils n'étaient pas si diaboliques que ça. Beaucoup mirent un moment à faire le rapprochement entre celle qu'ils avaient devant les yeux et celle du lycée. Plus de lunettes, plus de capuche derrière laquelle se cacher, les réactions furent plutôt positives. Je me détendais légèrement.
On nous proposait plusieurs verres. Je les refusais, je ne buvais jamais d'alcool. Edward les acceptait lui.
Quand nous arrivions vers sa famille, je me raidissais à la vue de Rosalie mais encore une fois, une main fermement refermée autour de la mienne m'empêchait de m'échapper. Je surprenais même un petit sourire moqueur au coin de ses lèvres quand il devinait mon malaise. Sadique !
Alice me reconnue immédiatement et vint me prendre dans ses bras en me félicitant pour ma tenue. Une première ! Nous restions un moment à discuter toutes les deux et Edward arrêtait enfin de me surveiller. Il savait qu'avec sa sœur j'étais entre de bonnes mains. Je gardai quand même un œil sur lui pour vérifier qu'il était toujours là, pas très loin.
La bonne humeur d'Alice était contagieuse, au bout de quelques minutes j'étais à l'aise. Il était facile de parler avec elle, c'était comme si nous avions toujours été amies, comme si nous nous connaissions depuis longtemps. Jasper se joignit à nous et j'eus l'occasion de faire sa connaissance également. Il était certes discret, mais il avait l'air gentil.
Quand Emmett et Rosalie vinrent vers nous, je me figeai. Elle me regardait comme une intruse, cherchant à tout prix la faille de ma soi-disant décontraction. C'est au moment où je commençai à suffoquer sous le poids de son regard inquisiteur que je sentis deux bras m'enlacer doucement. D'abord j'arrêtai de respirer. Edward venait de s'assoir derrière moi sur la chaise longue, ses deux jambes autour des miennes. Ses mains étaient simplement posées sur mes hanches mais les sensations qui déchainaient alors mon corps étaient indescriptibles. Une pure décharge d'adrénaline. De la joie, de la chaleur. Une vague de chaleur.
Pendant qu'Emmett faisait rire notre petit cercle avec ses blagues de gros bourru, je croisai timidement le regard d'Edward. Nos nez se frôlaient presque. J'étais comme subjuguée par son visage, si parfait et son regard si intense. Jamais personne avant lui ne m'avait regarder comme il le faisait.
- Tu vois, tout se passe bien.
Son haleine était légèrement alcoolisée.
- Ne bois pas trop, tu dois me raccompagner en vie je te signale.
- Juste quelques bières. Je ne suis pas fou au point de conduire ivre pour ramener la fille du Chef Swan.
Je riais.
- Elle ne veux pas de moi ici. Dis-je en désignant discrètement Rosalie.
- Ignore Rosalie, elle ne fait pas confiance aux nouveaux visages. Je te protège, comme promis. Sourit-il.
- Merci. Soufflai-je en sentant la pression de sa main se resserrer légèrement autour de moi.
- Je suis content que tu ais accepté de venir.
- Je suis heureuse d'être ici, avec toi.
Je ne savais toujours pas comment ces réponses aussi sincères réussissaient à passer la barrière de mes lèvres. Je me découvrais un tout nouveau courage ce soir. C'était agréable de ne plus avoir peur d'être moi-même.
Edward et moi échangions un long regard. J'étais entrain de fondre devant tant d'intensité. Plus rien n'existait autour.
D'un seul coup je me retrouvais trempé jusqu'au os. Nous sautions sur nos pieds en nous demandant d'où provenait toute cette eau, trop fraîche pour une pluie d'été. Je me retournai pour voir Emmett s'esclaffer avec un tuyau d'arrosage dans les mains. Un autre tour d'horizon m'informait que tout le monde était mouillé. Les arrosages automatiques du jardin avaient été déclenchés et il n'était pas dur de deviner de qui provenait l'idée. Edward était déjà entrain de chahuter avec son grand-frère. La musique se déchaînait et Emmett criait :
- BATAILLE D'EAU !
Les deux frères trinquèrent ensemble avant de finir une autre bière.
Avant que je n'ai eu le temps d'analyser la situation, j'étais emportée dans la foule au centre du jardin. Tout le monde jouait et riait, s'arrosant les uns les autres. Je fus bien forcée d'admettre que cette idée avait du bon et prenais part aux festivités. Ce débordement de joie était libérateur.
Je levais les yeux au ciel, les bras tendus, le sourire aux lèvres et commençai à tournoyer sur moi-même, appréciant la douceur de l'eau sur mon visage. A cet instant Edward revenait vers moi et me soulevait du sol pour me faire tourner d'avantage. Prise d'un fou rire, je perdais tout mes repères, toutes mes inhibitions. J'étais bien.
Alors j'allais prendre le tuyau à Emmett pour tremper Edward. Sous l'effet de l'eau, nos vêtements nous collaient à la peau. J'admirai les formes de son torse parfait sans même en rougir. Qui était cette femme sûre d'elle qu'il faisait naître en moi ? En tout cas, j'aimais être cette fille.
Edward se défendit contre mon attaque en saisissant le tuyau pour le retourner contre moi. Mais je ne lâchai pas prise, si bien que nous nous retrouvions l'un contre l'autre, serrant ce tuyau qui n'était bientôt plus notre centre d'intérêt principal.
Un courant électrique sembla nous traverser tous les deux en même temps et il se passa ce que jamais je n'aurais cru possible. Je sentis les lèvres d'Edward Cullen sur les miennes. J'arrêtai de respirer. J'avais chaud, très chaud. Il balança le tuyau par terre et m'entoura dans ses bras, approfondissant ce baiser. C'était la première fois que l'on m'embrassait et je savais que je n'avais aucun point de comparaison, mais je savais également que ce baiser était au-dessus de la moyenne. Comment aurait-il pu en être autrement? C'était lui.
Mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine. Je me laissai guider par Edward. C'était si bon, si tendre – ma main finissait par s'accrocher à la base de ses cheveux et je me hissais sur la pointe des pieds pour en recevoir d'avantage si c'était possible – la tête me tournait. J'étais tout simplement euphorique. Quand sa langue demandait l'accès à ma bouche, je lui accordais sans hésiter et quelle sensation ! Cette chaleur et cette douceur sur la mienne. Jamais je n'aurais cru ressentir un jour une telle passion. Les goûtes d'eau semblaient fondent sur nous, je ne les sentais plus.
Je ne sentais que lui, sa bouche brûlante et ses caresses divines ...
***
POV Edward
POV Edward
2010 …
- Je t'ai embrassé … Soufflai-je, désemparé.
- Je me sens pas bien …
Bella grimaçait comme si ce souvenir lui donnait la nausée.
- On s'est embrassé. Répétai-je.
- C'était une erreur ! C'était juste un béguin passager !
Je me passais les mains sur le visage en rejetant tout l'air de mes poumons. C'était de pire en pire. J'avais eu la chance de toucher ses lèvres, de cette façon (la façon que j'avais toujours espéré) et n'en avait plus aucun souvenir. Quel abruti pouvait oublier une chose pareille?! La réponse était : moi. Le sol semblait se dérober sous mes pieds à cet instant.
- J'étais naïve, je n'avais que 16 ans … C'était la première fois pour moi et je t'aimais et … Je … Je ne voulais pas que ça s'arrête.
Elle parlait tellement vite. « Je t'aimais », ces mots si doux résonnaient comme une sentence dans ma tête. Elle était affolée. Ce spectacle me brisait le cœur.
Je ne m'étais jamais sentie aussi bien et après on est rentré dans cette chambre et … Je n'avais que 16 ans, je ne pouvais pas savoir que tout ne se passerait pas comme dans les contes de fée !
« - Oh mon Dieu non … Pas ça … Je n'ai pas pu oublier ça ... »
Je me levais d'un bon et me retenais à la fenêtre pour ne pas tomber. J'avais des hauts le cœur et des sueurs froides. Je sombrais à mesure que la réalité m'était révélée.
- Attend une seconde … Soufflai-je, tremblant.
J'avalai difficilement ma salive. J'eus le temps d'analyser le visage décomposé de douleur de Bella alors que la triste réalité s'imposait à moi. Des flash, des bribes de souvenir ...
J'aurais aimé ne jamais connaître la vérité.
Alors que Bella continuait à parler, honteuse et tellement triste, j'eus l'impression que ma vie s'arrêtait.
***
Juin 2005 – Maison des Hale.
[31/ Remember Me Score Marcelo Zarvos - I Know You Can Hear Me]
Je rentrai la première dans la chambre sombre. Je grelotai n'étant pas certaine de savoir si c'était à cause du froid ou de la présence d'Edward juste derrière moi. Je m'avançai dans la pièce et il allumait la lumière dans mon dos, refermant la porte au passage. Les bruits de la soirée en bas nous parvenaient encore un peu à l'étage.
- Attend, je vais te chercher une serviette. Tu es gelée.
Je le regardais se mouvoir dans la pièce et prendre une serviette dans la salle de bain contiguë à la chambre.
- C'est la chambre de Rosalie?
- Non, juste une chambre d'ami, me sourit-il en mettant la serviette sur mes épaules, je dors ici parfois.
- Je préfère. C'est un peu comme si c'était ta chambre alors. C'est bien.
En réalisant ce que je venais de dire, je sentie le rouge me monter aux joues et détournai les yeux.
- J'aime quand tu rougies comme ça. Me disait Edward en me remontant doucement le visage d'un doigt sous le menton. C'est adorable.
- C'est pas prêt de s'arranger si tu continues à me dire des choses comme ça.
Son sourire s'effaça doucement et son regard reprit cette intense couleur alors que pour la deuxième fois de la soirée, la deuxième fois de ma vie, je recevais un baiser.
- Pourquoi tu fais ça? Soufflai-je sur ses lèvres, les yeux encore clos.
- Parce que j'en ai envie. Répondit-il sur le même ton.
- Pourquoi?
- Pourquoi quoi?
Il recula légèrement pour m'observer.
- Pourquoi moi?
- Je ne sais pas comment tu te perçois, mais je te trouve très attirante.
- C'est ridicule.
- Tu es ridicule oui.
- Tu sais ce que je veux dire … Regarde-toi, je ne fais pas le poids.
- Bella...
Il soupirait doucement puis un sourire timide se dessinait sur son visage. Edward ne me regardait pas en prenant la parole, comme perdu dans ses pensées. Moi je l'observai attentivement, prête à boire ses paroles.
- Tu as les yeux les plus intenses qu'il m'ai été donné de croiser. Tu as un charme fou et tu ne t'en rend même pas compte.
Je retrouvais enfin la chaleur de son regard posé sur moi.
- Tes lèvres sont si douces, son pouce caressa doucement ma bouche et je frissonnai encore, tes cheveux sont soyeux …
Il passa la main dans mes cheveux comme fasciné par son geste alors que je fermai les yeux pour en apprécier la douceur.
- Tu es tellement différente des autres … C'est ce que j'aime le plus chez toi.
N'y tenant plus, je me hissais sur la pointe des pieds pour capturer ses lèvres. Nous échangions un autre baiser passionné dans lequel je me perdais totalement. J'avais tant rêvé de ce moment. Je ne voulais plus que ça s'arrête.
- On devrait peut-être rejoindre les autres. Souffla Edward sur mes lèvres.
Il semblait avoir du mal à parler.
- Je veux rester ici avec toi.
- Je ne suis pas sûr que ça soit une très bonne idée.
- Pourquoi?
- Parce que tu m'attires trop et que je ne voudrais pas que tu penses que je t'ai amené ici ce soir pour ça.
- Je ne penserai jamais ça de toi. J'ai confiance en toi Edward.
Nous nous regardions intensément, luttant tous les deux contre la raison qui nous hurlait de quitter cette pièce. Ma main glissa dans la sienne et, presque instinctivement, je reculai vers le lit en l'entrainant avec moi.
Je m'asseyais la première, le suppliant du regard de ne pas partir maintenant. Après quelques instants d'hésitation, Edward vint s'assoir à côté de moi. Je ne savais pas vraiment comment m'y prendre alors je commençais par défaire doucement les boutons de mon chemisier, sans jamais le quitter des yeux. Edward me regardait faire, sans jamais intervenir. Le doute se lisait dans son regard. Moi j'avais peur et j'étais surexcitée en même temps. Jamais je n'avais fait preuve d'une telle audace. Une fois mon chemisier ouvert, je ne bougeais plus, attendant sa réaction.
Ses mains glissèrent doucement sur mes épaules pour faire tomber le vêtement en arrière, avant de descendre sur mes bras. Le contact de ses mains sur moi m'électrisa.
- Tu es sûre?
Je fis oui de la tête.
Alors lentement, Edward me fit basculer en arrière sur le lit, s'allongeant délicatement sur moi. Un instant sa main vint caresser mon visage et finit dans mes cheveux.
- Si tu veux que j'arrête, tu n'as qu'à me le dire.
J'acquiesçais à nouveau.
- Tu as peur?
- Non. Soufflai-je.
- Moi j'ai peur.
- Pourquoi?
- Je ne veux pas te faire mal.
- Je ne sais pas si je vais être à la hauteur. Avouais-je.
Edward me sourit et son nez vint caresser le mien.
- Si on prend soin l'un de l'autre tout ira bien. Souffla-t-il au creux de mon oreille.
Puis tout s'enchaina rapidement. Nos vêtements s'envolèrent, nos baisers devinrent plus saccadés, la température augmenta autour de nous. Un long moment, alors que nous étions nus, l'un sur l'autre, Edward me regarda comme pour vérifier que je voulais toujours aller jusqu'au bout. Je n'avais jamais senti d'homme sur moi avant ce soir, c'était très intimidant mais tellement sensuel. Il était doux et patient, il était tout ce dont j'avais besoin. Non, je n'avais pas peur. Pas avec lui.
Doucement je le sentis entrer en moi. Sa main maintenue ma cuisse contre sa hanche, mon corps se souleva alors que je lâchais un petit gémissement de douleur. Il ne bougea pas d'avantage en me couvrant de baiser. Quand mon corps fût habitué à cette nouvelle sensation, Edward s'avança encore un peu plus loin en moi. Cette fois la douleur fut plus supportable. A chaque nouvelle avancée, il me laissait le temps de m'habituer à lui. Nous échangions beaucoup de caresses, ses lèvres ne quittaient pas les miennes.
Je me rendais compte que nous étions trempés de sueur tous les deux. Ces images étaient les plus érotiques qu'il m'avait été donné de voir. La sueur perlant sur son épaule musclé, sa bouche s'approchant de ma poitrine, sa langue dans mon cou. C'était donc ça le plaisir. Avec toujours la même lenteur, Edward commença à se mouvoir plus facilement en moi. Une fois complètement à l'aise, je remontai les cuisses autour de lui, découvrant de toutes nouvelles sensations.
Le désir, cette chose brulante à l'intérieur de moi qui s'enflammait toujours un peu plus à chacun des passages d'Edward dont les gémissements couvraient les miens. Ce feu que je sentis remonter le long de mon ventre. Sans jamais l'avoir expérimenté avant, je savais que le désir allait bientôt laisser place au plaisir intense de ce qu'ils appelaient « l'orgasme ».
Tout mon corps se mit à trembler. Je fermai les yeux, enfonçant mes ongles des les épaules d'Edward qui me serrait d'avantage contre lui.
C'était le plaisir, du pur plaisir … et c'était avec lui.
***
POV Edward
2010 …
- Ta première fois … Chuchotai-je.
Ma voix ne sortait plus. Je m'éteignais. Bella détourna les yeux.
- On s'est endormis. Continuait-elle. Le lendemain tu n'étais plus là.
***
POV Bella
POV Bella
Juin 2005 – Maison des Hale.
[32/ Remember Me Score Marcelo Zarvos - Morning Montage]
Quand j'ouvrai les yeux ce matin là, le jour se levait à peine. J'avais encore l'impression d'avoir rêvé cette nuit, comme si j'étais dans du coton. Mes cheveux avaient séchés sur l'oreiller et ne représentait plus maintenant, qu'une masse indisciplinée et emmêlée. Je me frottai les yeux en moment avant de réaliser que j'étais bien réveillée.
Les images de la nuit précédente, leurs douceur … Tout était encore bien présent dans mon esprit et tout ce que je voulais c'était les garder avec moi le plus longtemps possible. J'étais bien.
Mais quand je tendais le bras sur la gauche du lit, je n'effleurai que l'absence et le vide. Comme si cette révélation ne pouvait être vraie, je tournai lentement le visage vers cet oreiller froid à côté de moi. Cette vision confirmait malheureusement mes craintes. J'étais bel et bien seule dans ce lit qui ne me semblait plus aussi féérique d'un seul coup. Je perdais automatiquement ce sourire avec lequel je m'étais éveillée il y a quelques minutes.
Mon bien être venait de m'être arraché, laissant un trou noir dans mon cœur en échange. Maintenant je me sentais sale et inutile, comme un vulgaire objet usagé. Ma gorge se serra, les larmes me montaient aux yeux. Je ne comprenais pas comment tout ça pouvait m'arriver à moi? L'avais-je cherché, ou pire encore, mérité ?
Je me redressai, mon sang tambourinant dans mes tempes à mesure que les larmes coulaient sur mes joues. Je tenais le drap sur ma poitrine, le seul bouclier que j'avais contre le monde extérieur. Celui qui me semblait si noir d'un seul coup.
Péniblement je ramassai mes vêtements éparpillés sur le sol et m'habillai avec un certain dégoût. Ses vêtements ne représentaient qu'un symbole de plus de ma déchéance. Un symbole de plus du peu de respect que j'avais pour moi en cet instant.
Je descendais les escaliers avec mes chaussures à la main pour sortir de cette maison maudite. Tout le monde dormait encore, certains sur le sol. Il y avait des verres partout et le carrelage collait à cause de tout l'alcool répandu à sa surface. C'était un vrai carnage. J'étais témoin de la dépravation des jeunes de mon âge, celle que j'avais toujours évité et dont maintenant je faisais partie. Je m'étais toujours protégée d'un tel cliché pourtant la nuit dernière, j'étais devenue ce cliché. Tout ça pour ne plus être différente une fois dans ma vie. Aujourd'hui, je me sentais encore plus éloignée d'eux qu'avant finalement.
Je sortais dans la cour devant la maison, encore boueuse de nos exploits de la veille avec l'arrosage automatique. Je ne pensais même pas à remettre mes chaussures même si les graviers me faisaient mal, s'enfonçant dans ma peau à chacun de mes pas. J'avais froid, c'est tout ce que je savais. Très froid.
Quand je voulais pousser le portail, celui-ci me résistait et au lieu de trouver une solution pragmatique pour l'ouvrir, je me mettais à frapper dessus. D'abord doucement, puis plus violemment. La tranquillité de l'extérieur fut bientôt troublée par des bruits de tôle insupportables. Je n'avais même plus conscience qu'ils venaient de moi. Mes larmes redoublèrent d'intensité mais je ne les sentais plus.
- Hey ! Hey ! Stop ! Criait une voix féminine derrière moi.
Je sursautai et stoppai tout mouvement.
- Si tu veux partir, tu n'as qu'à demander mais arrête de démolir ma maison ! S'énerva Rosalie en arrivant avec les clés. T'es malade ou quoi?!
Je n'eus aucune réaction, me contentant de fixer mes pieds.
- Hey ! Miss Muette, tu m'écoutes?!
Quand Rosalie posait sa main sur mon épaule, je reculai violemment.
- Est-ce que ça va? Me demanda-t-elle inquiète face à cette réaction un peu excessive de ma part.
- Où …
Ce premier mot de la journée me brûla la gorge. Je faisais un effort pour parler plus fort et enfin regarder Rosalie dans les yeux.
- Où est Edward?
Elle ne répondit pas tout de suite, comme si elle se méfiait de moi.
- Partit il y a déjà quelques heures... Il prenait un avion ce matin.
- Un avion? Soufflai-je.
- Lui, Alice et Jasper partent tout l'été en Californie pour les vacances.
Je ne répondais pas. Je n'avais plus rien à dire. Rosalie n'ajoutait rien non plus et m'ouvrait simplement le portail pour qu'enfin, je puisse disparaître.
***
Vous connaissez maintenant le grand secret de Seattle Breakdown. Ce chapitre est un chapitre charnière dans l'histoire, une sorte de virage à 360°. C'était le premier que j'ai écris, ce qui était à la base un n'OS assez abstrait c'est ensuite transformé en l'histoire que vous connaissez depuis maintenant 10 semaines.
POV Edward
2010 …
- Par la suite j'ai compris que tu avais bu plus que quelques bières au cours de cette soirée. Tu t'es sûrement réveillé à mes côtés, sans trop savoir comment tu étais arrivé là et tu t'es enfui.
- C'est inexcusable … Soufflai-je la voix tremblante.
- On ne s'est pas revu de tout l'été. Après ça au lycée, tout le monde a parlé de toi et de Tanya « la nouvelle » qui venait d'Australie.
- Tanya …
Je ne me souvenais même plus d'elle.
- Rencontrée pendant l'été. J'ai tenu une semaine après la rentrée avant de retourner à Phoenix.
Je levai les yeux vers Bella. Elle me racontait tout ça avec un tel détachement, une telle froideur, que la regarder était comme se prendre une balle dans la tête.
- Bella je …
Je me levai pour aller vers elle mais elle me stoppa d'un geste de la main et recula, m'immobilisant sur place.
- Je suis tellement désolé, soufflai-je, à bout de souffle. Je m'en veux tellement si tu savais...
- Le mal est fait. Je vis avec ce secret depuis 5 ans. Il fait partie de moi. Donc tu comprends bien que de te voir avec elle l'autre soir. La belle petite blondinette... Ça m'a rappelé de très mauvais souvenirs. Ça m'a rappelé le jour où, grâce à toi je me suis sentie humiliée et sale. Joyeux réveil n'est-ce pas ? ... Voilà pourquoi je ne te fais pas confiance Edward. Plus jamais. Dire que j'ai bien failli tomber dans le panneau encore une fois. Ricana-t-elle cachant mal les tremblements de sa voix.
Cette remarque me retourna l'estomac et je resserrai d'avantage l'emprise de ma main sur le rebord de la fenêtre.
- Il doit bien y avoir quelque chose que je puisse faire pour arranger les choses.
- Tu peux remonter le temps? Me demanda-t-elle rapidement.
Je baissai les yeux, désemparé.
- Tu aurais nié le fait que nous ayons couché ensemble à l'époque. C'était génial ! Lança-t-elle sarcastique.
- Tu es plutôt dure pour quelqu'un qui ne m'en a jamais parlé ! Me défendis-je maladroitement.
- Il n'y avait plus rien à dire ! Tu m'as pris ma virginité, tu es parti. Fin de l'histoire. Conclut-elle d'un ton ferme et sans appel.
Elle paraissait si lointaine à présent. Immergée dans ces souvenirs et leur souffrance. Bella ramassait doucement son sac pour le mettre sur son épaule. Ces flashs et ses impressions étranges que j'avais depuis le départ s'intensifièrent. Bien sûr je n'avais toujours aucun souvenir des évènements que Bella décrivait, mais celui que j'étais à l'époque me revint en mémoire.
- A cette époque, commençais-je sans oser la regarder, j'étais différent. Je me foutais de tout et j'avais peur de rater ma vie. Je sais que ça n'excuse en rien mon comportement mais ça prouve que les gens peuvent changer. La preuve, aujourd'hui je sais ce que je veux et c'est toi et que jamais je ne recommencerai. Avant, je ne savais pas qui j'étais.
Je prenais quelques secondes pour mettre les mots justes sur ce que je ressentais.
- Tout le monde ne peut pas être aussi intelligente, talentueuse et magnifique que toi.
Quand je relevai la tête, j'avais juste le temps de voir la porte de mon appartement se claquer violemment. Je tombai en arrière sur le canapé, mes jambes n'ayant plus la force de me soutenir à présent.
Cette fois, elle était partie pour de bon et j'étais le pire des cons.
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Vidéo Bonus
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Vous connaissez maintenant le grand secret de Seattle Breakdown. Ce chapitre est un chapitre charnière dans l'histoire, une sorte de virage à 360°. C'était le premier que j'ai écris, ce qui était à la base un n'OS assez abstrait c'est ensuite transformé en l'histoire que vous connaissez depuis maintenant 10 semaines.
Ce chapitre me tenait VRAIMENT VRAIMENT à cœur et j'espère qu'il ne vous a pas déçu. Personnellement, 6 mois après l'écriture, il me donne toujours des frissons !
Toujours est-il que les choses vont maintenant aller progressivement mieux entre eux.
On est d'accord qu'ils ne peuvent pas tomber plus bas de toute façon !
Et comme tous les chapitres qui me tiennent à cœur, mais celui-ci particulièrement : UNE VIDEO !
Merci encore à toute.
Ginie
Wow, wow, wow!!! Magnifique chapitre!!!
RépondreSupprimerOn connait enfin le secret de Bella. Il est trop triste. J'aurai cru qu'elle avait eu une relation avec un prof ou autre mais de la avec Edward... j'en suis encore toute retournée.
J'ai trop hâte de connaitre la suite, de savoir coment leur relation va évoluer (et si Bella est encore avec Jake).
Vivement la semaine prochaine!
BOn alors je prends deux minutes pour te laisser un commantaire. Je viens de lire les deux chapitres (pas le temps avant trop de boulot avec les vacances qui approchent) C'est WAOUHHHH je l'attendais pas à ça! Comment a-t-il pu oublier tout cela. On comprends mieux Bella et son insécurité. Ce qu'elle a vécu est plutôt rude. De plus Edward a-t-il vraiment changer, c'est vrai quoi il fait vraiment petit c.. d'homme de cro magnon qui veut se rassurer avec blondinette.... Non je suis rude mais bon il le mérite non???? ;D Bon j'attends la suite avec impatience surtout maintenant qu'on connait le secret de Bella. Vivement la semaine prochaine et vivement qu'ils se trouvent nos deux malheureux!!!
RépondreSupprimerCoucou !
RépondreSupprimerje suis très heureuse de te retrouver sur cette nouvelle fiction!
J'ai dévoré tout ces chapitres d'une traite ... mais ce dernier me laisse avec tout un tas d'émotions énormes et indescriptibles !
Comment ??? C'est la plus grande question ... comment a t'il pu oublier tout ça ??? Je ne peux pas comprendre! Comment tant de souvenirs se sont effacés de sa mémoire, tant de moment si important pour elle et peut être pour lui...
Je suis passée par tout pleins de ressentis, j'ai pleuré malgré moi lol, j'ai été en colère contre cet abruti, et j'ai eu mal au cœur pour Bella ... vraiment vraiment mal ...
Ceci étant dis, ce chapitre est magnifique, tu n'as vraiment pas besoin d'en douter !
Rare sont les fictions qui m'accrochent ces dernier mois, surtout depuis que je lis les fics américaines qui regorgent de grand talents, mais la tienne me touche énormément et ce n'est pas une surprise pour moi !
J'ai très très hâte d'être au prochain chapitre, a vrai dire j'ai du mal a patienter lol !!
Allez zou je vais te laisser cette même review sur FF mais perso je préfère te lire sur ton blog c'est beaucoup plus agréable :)
Bisous Gaelle allias Bostondirty ;)