CHAPITRE XI
SEARCH FOR FORGIVENESS
(A la recherche du pardon)
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SEARCH FOR FORGIVENESS
(A la recherche du pardon)
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POV BELLA
J'étais de retour à Forks pour le weekend mais en réalité, j'avais l'impression d'avoir fait un bon en arrière, un bon de cinq ans. Le fait d'avoir tout confessé à Edward n'avait en rien soulagé mes craintes et ma honte. C'était pire, j'étais redevenue celle qui avait fuit Forks. J'étais de nouveau « Bella la Lunette ». Ressasser tous ses souvenirs n'avait eu pour seul effet que celui de me replonger dedans. Je revivais mon calvaire : l'abandon, la trahison, toutes ces sensations depuis trop longtemps enfouies en moi qui maintenant se livraient une bataille sans merci pour reprendre le contrôle de moi-même. Moi j'étais seulement épuisée. De nouveau assise dans mon vieux fauteuil en osier, devant ma fenêtre, regardant la neige tomber.
Mes cheveux retombaient lourdement devant mon visage et je portai ce vieux survêtement depuis deux jours, cachant mes mains dans les manches. Les genoux repliés contre ma poitrine, j'avais bon espoir qu'ainsi mon cœur ne s'échapperait pas de ma cage thoracique cette fois. Mon portable était éteint, je ne supportai plus de l'entendre sonner et de lire toujours le même prénom sur l'écran : Edward. Rien de tout ça ne m'aidait à retrouver celle que j'étais avant de tout lui avouer. Peu importe ce qu'il avait à me dire, je ne pourrai plus jamais le regarder en face sans lire dans ses yeux cette culpabilité qui me renvoyait à cette fameuse nuit. Qui me renvoyait à la honte de celle que j'avais été. Si horrible et mal habile qu'il avait préféré quitter cette chambre avant mon réveil.
Nous étions déjà dimanche et je n'avais pas bougé d'ici depuis vendredi soir où Charlie m'avait accueilli en larme. Alors j'avais dû tout lui raconter à lui aussi et il n'y avait rien de plus humiliant que raconter la façon dont vous avez perdu votre virginité à votre père, même si celui-ci était compréhensif. Charlie avait toujours pensé que Jacob avait été le premier. Mon père n'avait émis aucun jugement, il m'avait seulement gardé dans ses bras en regardant un match de foot jusqu'à ce que mes larmes s'effacent et que je m'endorme, la tête sur ses genoux, sa main caressant doucement mes cheveux. Maintenant que ce secret était sorti de moi et que tout le monde pouvait le voir, je me sentais comme mise à nue, sans défense. Quand on garde quelque chose pendant si longtemps, il est dur de le laisser s'échapper.
Jacob ne savait pas que j'étais à Forks et Charlie avait été assez compréhensif pour ne pas le lui dire. Je ne pouvais pas le gérer maintenant. Il aurait tout de suite vu en moi celle qu'il avait sauvé cinq ans plus tôt et il m'aurait demandé : « Pourquoi maintenant? Que s'est-il passé à Seattle? » et j'aurai dû lui avouer la vérité sur la véritable identité d'Edward. Je ne pouvais pas raconter cette histoire une troisième fois. Cela me vidait de toute énergie à chaque fois. Alors au lieu de ça, au lieu d'affronter l'inévitable, je restai assise devant cette fenêtre en attendant que ça passe. J'aurai voulu dormir pendant des années et qu'à mon réveil, rien de tout ça ne se soit passé. Je voulais que ma vie ne se soit jamais produite et surtout, je voulais oublier l'ami et l'amant qu'Edward Cullen avait été.
Je voulais oublier ses caresses et son souffle à mon oreille. Je voulais oublier ces sensations qu'il avait alors provoqué chez moi et que malheureusement, il provoquait toujours. J'avais toujours été faible face à lui et je le serai toujours et ça, peu importe la distance que je mettrais entre nous. Pourquoi toutes mes émotions se livraient toujours la même bataille? Pourquoi ne pouvais-je pas simplement apprécier d'en ressentir une seule à la fois?
***
POV EDWARD
Je tombai une fois de plus sur la messagerie de Bella et raccrochai en essayant de ne pas pulvériser mon téléphone contre le mur. J'avais essayé de lui téléphoner au moins une centaine de fois depuis qu'elle avait quitté mon appartement il y a quelques jours, mais elle n'avait jamais répondu. J'avais même été jusqu'à sa chambre sur le campus, sans succès. Je commençai à devenir dingue, il fallait que je lui parle, que je m'excuse à nouveau ou simplement qu'elle me crie dessus mais l'ignorance était pire que tout. L'ignorance c'était l'absence et cette fin que je ne voulais surtout pas. Pas comme ça.
En y réfléchissant, Bella et moi étions de vraies montagnes russes. La semaine dernière c'était moi qui ignorais ses appels, aujourd'hui c'était elle. Toute cette histoire m'épuisait certainement autant qu'elle mais maintenant que je connaissais la vérité, c'était à moi de tout faire pour rattraper les erreurs de cet adolescent débile que j'étais il y a cinq ans. Je voulais prouver à Bella que oui, les gens changent. J'avais changé et je ferrais tout ce qui était en mon pouvoir pour être quelqu'un digne de sa confiance. Pour ça il faudrait déjà que j'arrive à avoir un semblant de contact avec elle.
Je faisais les cents pas dans l'appartement quand Rosalie me trouvait. Elle était chargée d'un gros carton poussiéreux qu'elle portait sur le côté et son visage en disait long sur ce qu'elle pensait de moi en me trouvant dans cet état. Elle se stoppait entre moi et l'entrée avec un air dégouté.
- Heu … Excuse-moi, lança-t-elle, tu connais cette belle invention qu'est la douche?!
Je me regardai un instant. Dans mon vieux pantalon avec ce t-shirt délavé et difforme. Quand à cette masse mousseuse qui me servait de cheveux, je n'y pensai même pas …
- J'ai eu d'autres préoccupations comme tu peux le voir.
- D'autres préoccupations hum …
Elle posait son carton par terre et allait s'assoir sur le canapé en soupirant.
- Comme quoi?
- Comme Bella qui ne me répond pas au téléphone. Soufflai-je en reposant le combiné avant d'aller rejoindre Rosalie. J'ai même essayé d'aller chez elle mais il n'y a personne.
- C'est normal, elle est à Forks.
- Quoi?! Elle est repartie ?! M'affolai-je.
- Du calme! Elle y est seulement pour le weekend. Qu'est-ce qui t'arrive? La dernière fois que j'ai vérifié c'était encore toi qui l'évitais.
- Ça c'était avant qu'elle m'explique quel abruti j'étais au lycée. Soupirai-je en m'enfonçant dans le canapé.
- Oh, ça y est elle te l'a dit. Grimaçait Rosalie à côté de moi.
- Comment ça « elle te l'a dit »? Demandai-je méfiant. Comment tu … Tu étais au courant? M'emportai-je.
- Bah … ça dépend … Qu'est-ce que je suis censée savoir?
- Rose. Insistai-je en la fusillant du regard.
- Je savais juste que vous aviez passé la nuit ensemble à ma soirée de fin d'année ! Se justifia-t-elle en levant les mains.
- Quoi?! Pourquoi tu ne m'as rien dit ?!
- Hey ! C'était pas mon rôle d'accord et puis je pensai que tu étais au courant je te signale ! Moi quand je fricote avec quelqu'un en général, je m'en souviens. Essai pas de me rejeter la faute d'accord !
- Mais comment tu as su?
- Je l'avais vu quitter la maison le lendemain. Je vous avais vu monter à l'étage aussi ! Edward, comment t'as pu oublier une chose pareille?!
- Tu crois vraiment que ça n'est pas la question que je me pose depuis des jours et des jours? Répliquai-je l'air sombre.
En voyant mon air abattu, Rosalie se calma un peu.
- Tu étais vraiment ivre alors?
- Il faut croire. Soupirai-je.
Elle s'enfonçait également dans le canapé et nous fixions le plafond.
- J'imagine ce qu'elle doit ressentir. Garder ça pour elle tout ce temps.
- Tu es d'une énorme aide merci. Crachai-je entre mes dents avant de me passer les mains sur le visage.
- Tu n'as vraiment aucuns souvenirs de cette soirée?
- Aucuns, j'essaie pourtant... mais plus j'essaie et moins cette histoire n'a de sens. Tu me connais Rose, je ne suis pas de ces types là.
- On a tous bien changé depuis le lycée.
- Va le faire comprendre à Bella. Répondis-je désespérément.
Rosalie me caressait doucement l'épaule en signe de compassion et quand je tournais la tête pour lui sourire, le carton à ses pieds m'interpellait.
- Qu'est-ce qu'il y a dans la boîte?
- Oh ça … J'ai fais du vide dans le grenier et j'ai pensé que tu aimerai avoir certaines de ces photos.
- Des photos? C'est un carton remplie de photos?!
- L'air du numérique … Souffla Rose. Tu veux voir?
Je regardai de nouveau le carton.
- Je me souviens que tu avais toujours ton appareil avec toi au lycée. Tu voulais être photographe.
- Je sais … Mais tout ce que je photographiais c'était les beuveries que j'organisais chez moi avec la moitié du lycée ! Souriait-elle. Vive l'art !
- Rose …
Je me redressai pour la dévisager.
- Qu'est-ce qu'il y a? S'inquiétait-elle.
- Tu crois que tu aurais pris des photos à cette soirée?
- C'est possible, comme tu l'as dit, j'avais toujours mon appareil avec moi.
Je me jetais sur la boîte comme si ma vie en dépendait.
- Hey doucement ! Riait-elle. C'est un carton, pas une machine à remonter le temps !
Assis sur le parquet, j'attrapai déjà un tas de photos.
- Si j'arrive à trouver une photo de cette soirée là peut-être que ça me reviendra. Je déteste ne pas savoir alors que je l'ai vécu.
- Mais il doit y avoir 500 photos là dedans. On est même pas sûr qu'il y en ai de cette soirée.
- Alors aide-moi Rose, ça ira plus vite.
- Mais on m'attend! J'ai une réunion téléphonique dans une heure.
- Un dimanche?!
- Comment tu crois que j'arrive à nourrir Emmett et Bazooka?! Rétorquait-elle, les mains sur les hanches. C'est pas avec les ballons de foot de ton frère en tout cas !
En voyant mon air désespéré, elle ne finissait pas sa phrase.
- Ok, soupira-t-elle, laisse-moi me décommander. Tu m'en dois une, et une belle, Cullen !
Quand Rose était en colère contre moi, elle m'appelait toujours par mon nom de famille.
- Merci. Répondis-je sincèrement.
Après avoir téléphoné à son bureau, Rosalie s'asseyait par terre en face de moi et commençait à examiner les centaines de photos que nous avions devant nous.
Au fil des heures le tas s'amoindrissait mais toujours aucun indice concernant ce fameux soir où, sans le savoir, j'avais saboté ma propre vie. Rosalie et moi nous replongions presque sans s'y attendre dans notre adolescence. C'est avec plaisir que je remarquai que rien n'avait changé : nous étions toujours aussi soudés qu'il y a cinq ans. C'était très rare de conserver une telle alchimie et surtout cette proximité après le passage à la vie adulte.
Même si je savais que j'avais été un idiot fini à cette époque, j'étais pris d'une certaine nostalgie en revoyant ces photos. Tout était plus simple alors.
- Oh mon dieu, s'exclamait Rosalie en riant, regarde la tête d'Emmett sur celle-ci.
Elle me la tendait pour que je l'examine.
- On dirait qu'il se prend pour le roi du monde ! Finit-elle.
- C'est pas toujours le cas? Fis-je remarquer en lui rendant la photo.
- Non maintenant je lui botte le train. Lança-t-elle fièrement.
- En parlant de bottes, commençai-je en attrapant une photo, tu avais une vocation de drag-queen à l'époque? Me moquai-je en lui tendant ce cliché d'elle, perchée sur au moins 15 cm de talons en sky rouge.
- Fais moi voir ça !
Elle grimaçait en découvrant son image.
- Oh … C'était vraiment hideux.
Je souriais en examinant un nouveau tas de photos.
- J'en reviens pas qu'ils me laissaient entrer au lycée habillée comme ça ! C'est décidée, si un jour ton frère et moi avons des enfants, je ne veux pas de fille !
Rosalie attendait sûrement que j'agrémente la conversation, mais mon cœur venait de s'arrêter.
- Edward? Ça va? S'inquiétait-elle.
- Rose, soufflai-je, j'ai trouvé.
- La photo?
Je me levai, cette photo dans les mains, comme si ça allait m'aider d'avantage à me souvenir dans cette position.
- C'est Bella …
- Fait voir ! Lança-t-elle en se levant à son tour pour regarder la photo par dessus mon épaule. Où ça?
- Là, sur la chaise longue, derrière toi et Emmett. Regarde.
- Oui, je vous vois. Elle est en orange.
- Tu nous vois? Répétai-je.
- Regarde idiot ! Répliqua Rose en me donnant un coup derrière la tête. Assis derrière Bella, c'est toi.
- Le mec tout maigre là? Grimaçai-je.
- Mais enfin ouvre les yeux bon sang ! Bien sûr que c'est toi ! Tu l'enlaces.
Je regardai de plus près en essayant de me souvenir de ce crétin que je ne reconnaissais même plus aujourd'hui. J'avais été ce mec. J'étais ce mec... Difficile à croire, il était si proche de Bella sur cette photo et elle lui souriait. Elle avait l'air tellement heureuse dans ses bras, dans mes bras. Dire que quelques heures plus tard j'allais lui arracher ce sourire.
J'aurai voulu entrer dans cette photo pour casser la gueule à ce jeune fou et emporter Bella avec moi, loin, très loin de … Moi-même. Ma gorge se serrait. J'aurai aimer me souvenir de cet instant où j'avais eu la chance de pouvoir poser mes mains sur elle ainsi.
- Bella a changé. Souffla Rosalie, alors que je me souvenais subitement de sa présence derrière moi.
Depuis que j'avais trouvé cette photo, le temps s'était arrêté pour moi. Je méditai la remarque de ma belle sœur en examinant la jeune Bella, avec ses cheveux ondulés plus courts qu'aujourd'hui, sa petit jupe en jean et son chemisier orange. Certes ses traits avaient muris mais elle restait la même. Toujours les mêmes fossettes quand elle souriait, toujours cette lueur dans ce regard chocolat, toujours cette aura qui l'entourait sans même qu'elle ne s'en rende compte. Toujours aussi magnifique. C'était déjà la fille de qui j'étais tombé amoureux.
- Pas tant que ça … Rosalie, c'est Bella. C'était déjà elle. Rien n'a changé. Elle n'a pas changé, je suis le seul à avoir changé ! Lançai-je alors que la vérité m'apparaissait, violente et assassine comme un boulet de canon.
- Ce qui veux dire? Demanda-t-elle complètement perdue.
Après cette révélation l'adrénaline courrait dans mes veines me donnait de nouveau la force de me battre pour cette nouvelle conviction.
- Ce qui veux dire que si elle m'a aimé à l'époque, tel que j'étais, elle peut encore m'aimer aujourd'hui.
Je me ruai sur le téléphone.
- Il faut que je lui téléphone !
- Même si je rêverai d'être là pour te voir te débattre avec tout ça, mon travail ici est terminé. Je vais te laisser un peu d'intimité.
Mon attention se reportait vers elle un instant.
- Merci. Soufflai-je.
Rosalie venait simplement embrasser ma joue en souriant avant de partir. Après son départ, je revenais au combiné de téléphone dans la paume de ma main. C'était comme si mon avenir ce jouait sur ce coup de fil. Doucement je pressai le bouton « BIS » et entendis le numéro se composer dans mon oreille alors que je faisais déjà les cents pas dans l'appartement. Le soleil se couchait déjà à travers la fenêtre mais s'il le fallait, je resterai toute la nuit au téléphone. Il fallait qu'elle sache, il fallait qu'elle l'entende.
***
POV BELLA
[33/ The End – Kings Of Leon]
Mes bagages étaient prêts et mon lit était refait au carré. Assise au bout de mon lit, j'attendais simplement l'heure de partir à la gare. Le soleil se couchait derrière mes rideaux, donnant une chaude couleur orangée à la pièce. C'était tout ce que je voyais, le changement cyclique de la couleur des murs en réaction à la course immuable du temps qui défilait sous mes yeux, sans que ça ait le moindre impact sur ma vie.
Je rallumai mon téléphone portable pour constater que ma messagerie était sur le point d'exploser. J'activai le haut-parleur et posais le téléphone à côté de moi pour écouter les derniers messages en date, impossible de tous les entendre, c'était déjà un exploit que j'écoute ceux-là. Ils avaient été enregistrés quelques minutes plus tôt. Avant même que je n'entende sa voix, je savais déjà de qui ils provenaient.
Les mains croisées, les coudes en appuis sur mes genoux, je fixai un point imaginaire sur le sol et attendant d'entendre ces mots qui, sans doute, n'arrangeraient en rien mon état.
Et Edward commençait à parler :
- Bella, je sais que tu ne veux pas entendre parler de moi mais cette fois je ne m'excuserai pas. Je pense que si tu écoutes ce message, tu as déjà entendu les précédents et si je n'ai toujours aucun signe de vie de ta part, c'est que mes excuses ne servent à rien. Tu as sûrement raison … Toutes les excuses du monde ne serviront à rien, elles ne changeront pas le passé.
Pour une fois, nous étions d'accord.
- Je ne pourrai jamais revenir en arrière et frapper cet abruti que j'ai pu être. Pourtant crois-moi, si je pouvais je le ferais. Mais Bella, je sais maintenant que tu n'es pas celle qui a changé. A l'époque, quoi que tu en dises, tu étais déjà la même.
Incroyable ! Pour me dire une telle aberration, Edward ne me connaissait vraiment pas.
- Tu étais déjà cette femme incroyablement belle, douce, sincère et qui a cette vision du monde qui me fait rêver. Tu étais déjà celle que j'aime il y a cinq ans.
Ces mots dans sa bouche me brûlèrent tout comme la première fois sur le campus. Ils étaient à la fois doux et si durs à entendre. Pourquoi fallait-il qu'il m'aime aujourd'hui et non il y a cinq ans? Non, à l'époque il avait préféré piétiner mes sentiments. Maintenant ces mots étaient injustes et ils faisaient mal. Si comme il le prétendait, je n'avais pas changé, alors pourquoi ne m'avait-il pas aimer avant?
- Seulement, continuait-il, à cette époque j'étais le pire des idiots. J'étais égoïste et je n'envisageai aucun avenir pour moi. Je vivais au jour le jour sans me préoccuper du mal que je pouvais faire autour de moi. Je ne le voyais même pas … Je ne cherche pas à me justifier mais il faut que tu comprennes cet état d'esprit. La notion de « conséquence » m'était inconnue. A cette époque, je prenais la vie comme une vaste phrase, une fête géante dans laquelle je m'enivrai chaque soir pour ne pas avoir à admettre le fait que j'étais vide à l'intérieur.
« Nouveau message, aujourd'hui à 19h05 », m'informait ma messagerie vocale en coupant les paroles dans lesquelles je plongeai malgré moi.
- Stupide machine... Pestait Edward.
Je me surprise à sourire.
- Personne ne m'empêchera de te dire tout ça, ils n'ont qu'à créer des messages plus longs. Ça serait plus simple si tu me répondais tu sais …
Cette triste constatation me ramenait à la réalité. Je ne pouvais plus lui parler comme avant. Pas après tout ça. J'avais déjà du mal à me regarder dans un miroir alors me voir à travers lui, c'était au dessus de mes forces.
- Ce soir là et les jours d'avant, Bella tu as réveillé cette humanité en moi et si je t'ai embrassé ou si je t'ai fait l'amour... Je n'en reviens toujours pas que toi et moi nous … Si tu savais combien de fois j'ai rêvé d'être avec toi, comme ça … Bref, ça n'était pas dû à l'alcool.
Première nouvelle? Comment peut-il essayer de me faire croire ça?
- Non, l'alcool m'enlevait justement ces œillères que j'avais sur les yeux et ce soir là, je t'ai vu toi ! Je t'ai aimé. J'avais déjà vu ce que je vois en toi aujourd'hui. Constamment. Cette beauté, cet… espoir.
Edward soupirait comme s'il lui était difficile de poursuivre.
- Si j'ai fui le lendemain, c'était sûrement dû au fait que justement … Ces œillères étaient revenues et j'ai paniqué. Je ne voulais rien ressentir à cette époque car je ne savais pas gérer les choses.
J'essayai de chasser ces images qui luttaient pour s'afficher dans mon esprit à nouveau.
- Mais il faut que tu comprennes que maintenant c'est différent ! Oui, les gens peuvent changer. Je sais que tu as du mal à le croire mais c'est vrai, en tout cas pour moi. Toi tu n'as jamais eu à changer, tu étais déjà parfaite, trop parfaite pour nous tous en réalité. On était juste trop stupides pour s'en rendre compte et ce que tu prenais pour une tare ou une différence, était en fait ta plus belle qualité.
Malgré toutes mes réticences je ne pouvais m'empêcher d'être émue en entendant tout ça. J'aurai voulu que plus aucun de ses mots ne puissent m'atteindre mais en réalité, depuis cinq ans, seul les siens me touchaient. Que se soit en bien ou en mal. Edward Cullen avait toujours eu cette emprise sur moi depuis que je m'étais donnée à lui. Depuis que j'avais ressenti cette symbiose que jamais plus je n'avais effleuré par la suite, avec personne d'autre. Ce jour où son corps a appelé le mien et qu'il m'a apprit la vie.
Un long frisson me parcourait quand je revoyais l'image de ses mains posées sur moi. Ces flash s'estompèrent quand, laissant un troisième message, Edward me parlait à nouveau à travers mon portable.
- Je sais que tu dois sûrement me prendre pour un idiot fini de te dire tout ça, surtout sur ta messagerie, mais je le pense. Il fallait que tu l'entendes parce que Bella, si à l'époque tu as trouvé quelque chose à aimer dans cet idiot, je pense mériter une seconde chance aujourd'hui parce que je sais que j'ai beaucoup plus de chose à t'offrir maintenant. Et si tu as laissé celui que j'étais te toucher ainsi, je sais que tu pourras me laisser recommencer. Je sais que tu le pourras. Tout n'est pas perdu. Laisse-moi seulement une chance de te le prouver. S'il-te-plait.
Maintenant je luttai contre cette partie de moi qui voulait lui accorder cette chance. Tout paraissait si simple dans sa bouche … J'aurai tellement aimé que ça le soit. Mais dans la vie, on sait ce que l'on perd mais on ne sait pas ce que l'on retrouve.
- Je sais que tu es chez ton père. Je sais aussi que tu reviens demain à Seattle, tu ne raterai pas tes cours à cause de moi, ton avenir représente bien trop à tes yeux. Je passerai demain matin chez toi. S'il-te-plait, j'ai juste besoin de parler face à face de tout ça ... Si après tu ne changes toujours pas d'avis, je te laisserai tranquille. Je te le promet.
Ensuite, il raccrochait et je restai tétanisée sur mon lit en pensant à la perspective de le voir demain. Par la suite et jusqu'à mon départ pour la gare, je réécoutai encore et encore ces trois derniers messages.
***
J'arrivai sur le campus vers minuit. J'avais mis plus de temps à rentrer qu'en temps normal, ayant soigneusement évité la station Spadina. La perspective qu'Edward allait frapper à ma porte le lendemain matin était déjà assez stressante comme ça et d'un autre côté, j'étais impatiente. Complètement flippé, mais impatiente. La nuit allait être longue.
Même une fois dans mon lit, les yeux fermés, j'entendais encore sa voix dans ma tête. Celle qui me suppliait de lui laisser une seconde chance. Celle-ci qui me disait qu'il viendrait chez moi au lever du soleil.
J'essayai pourtant de ne plus y penser pour trouver le sommeil mais c'était impossible. Je tournai et virai entre mes draps jusqu'à ce que je me momifie à l'intérieur, enroulée à ne plus pouvoir respirer. A bout de nerf je me débattais frénétiquement pour me libérer et parvenais enfin à pousser ce drap comme s'il m'avait brulé la peau. Essoufflée et énervée, je fixai le plafond en essayant de me calmer mais ma respiration se faisait de plus en plus irrégulière.
Exaspérée je décidai de me lever et de défaire ma valise. Bien sûr, cela ne m'occupa qu'une vingtaine de minutes. Je passai donc le reste de la nuit, assise sur mon lit, à lire un livre de j'avais probablement lu dix fois déjà.
Je somnolai finalement vers quatre heure du matin, pour me lever trois heures plus tard. Ma tête faisait peur à voir, j'aurai pu caler des allumettes dans mes cernes noires pour me forcer à garder les yeux ouverts.
J'étais sur le point de partir en cours quand on frappait à ma porte. Je me figeai dans la pièce. J'en avais presque oublier ce moment. A mesure que j'avançai jusqu'à la porte, mon rythme cardiaque s'accélérait. Quand j'actionnai la poignée, j'arrêtai de respirer. J'allai me retrouver face à face avec Edward pour la première fois depuis qu'il m'avait aidé dans les couloirs de l'université. Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. Quelle expression allait afficher son visage? La peine, la colère, la joie …
Impossible de le savoir. Je tirai la porte vers moi et …
- Jake … Soufflai-je, mon cœur manquant un battement.
Lui était tendu et son regard était sombre.
- Tu as l'air déçue. Me dit-il simplement avant d'entrer.
- Qu'est-ce que tu fais ici? Demandai-je doucement en refermant la porte.
- C'est tout ce que tu trouves à me dire? Cracha-t-il en regardant machinalement les livres éparpillés sur mon bureau.
Je ne su pas quoi répondre à ça.
- Ton weekend à Forks s'est bien passé? Me demanda-t-il en me faisant face.
- Comment est-ce que tu …
- Charlie. Me coupa-t-il. Je l'ai croisé hier soir. Il rentrait de la gare.
- Oh. Soufflai-je, honteuse.
- Pourquoi? Bella, pourquoi tu ne m'as pas dit que tu étais chez ton père? Qu'est-ce que j'ai fait?
- Rien du tout ! Lui assurai-je en faisant un pas vers lui.
Lui reculai d'un pas m'arrêtant dans mon élan.
- Jacob, ça n'avait rien à voir avec toi.
- Alors ça a à voir avec qui? Demanda-t-il l'air sombre.
Je l'observai un instant avant de répondre.
- Moi. Seulement moi. Répondis-je sur le même ton. J'avais besoin d'un peu de temps pour réfléchir.
Un rire amer le secouait.
- Je commence à en avoir assez de tout ça.
Jacob ne dit rien pendant quelques secondes.
- Bella, je ne comprends pas ce que tu attends de moi. J'ai toujours été patient avec toi. J'ai toujours essayé de te rassurer et de ne pas brûler les étapes mais ...
- Tu crois que tu ne brûles pas les étapes en me parlant de mariage et d'enfants?!
- Mais c'est pas vrai ! Tu es encore là-dessus?! Je t'ai expliqué que même si c'était de cette façon que je voyais mon avenir, je ne te forcerai jamais à faire quelque chose dont tu n'as pas envie !
Le ton était entrain de monter entre nous et je sentais déjà la dispute arriver.
- Je n'ai pas le temps de parler de ça maintenant. Je dois aller en cours.
- Quoi? J'ai roulé toute la nuit pour arriver jusqu'ici ! Tu t'en rend compte?!
- Oui et bien personne ne te l'a demandé. Lui lançai-je froidement.
Ma réponse le pétrifia sur place et je pouvais lire la colère dans ses yeux. Cette colère que je n'avais pas le courage d'assumer. Je détournai volontairement le regard pour ramasser mes affaires et partir.
- Je finis à 16h. Fais comme chez toi. Lui dis-je, le regard fuyant.
Quand je refermai la porte, je m'adossai un instant dessus pour reprendre mon souffle. Je savais que fuir cette conversation ne serait pas la solution et qu'à mon retour, nous allions reprendre là où l'on s'était arrêté. Cela serai même certainement pire maintenant.
Je rassemblai le peu de courage qu'il me restait pour avancer et partir en cours. Sans trop savoir pourquoi, je regardais à ma droite et manquais la crise cardiaque pour la deuxième fois de la journée. Edward se tenait là, à quelques mètres de moi, visiblement mortifié. Il n'était pas difficile de deviner qu'il m'avait vu entrer dans ma chambre avec Jacob quelques minutes plus tôt.
Déjà il faisait demi-tour.
- Edward ! Tentai-je, mes pieds voulant me porter jusqu'à lui.
Mais déjà il tournait au coin du couloir et j'entendais l'ascenseur se refermer. J'aurai voulu hurler. Pourquoi devais-je toujours tout gâcher? C'était naturel chez moi, je provoquait des catastrophes par le simple fait de respirer. C'était pathétique. J'hésitai un instant à re-rentrer dans ma chambre pour essayer de faire les choses correctement pour une fois, mais je n'en eu pas la force. Encore moins l'envie.
J'inspirai profondément et me dirigeai vers ma sortie en trainant misérablement mon sac derrière moi.
-Comme pour évacuer la rage et la frustration que je ressentais à cet instant, je donnai un violent coup de poing dans un des murs du couloir. C'était comme si ma main était partie toute seule. Bien sûr le mur n'avait rien. Moi, j'avais senti tous mes os craquer sous l'impact, la douleur se répercutant déjà jusqu'à mon coude. Je mordais l'intérieur de ma joue pour ne pas hurler. Ma main était maintenant toute rouge et je savais déjà qu'elle enflerait. J'étais vraiment trop fragile. Même quand je jouais les dures, je finissais par me blesser. Comment Diable pouvais-je faire autant de ravages autour de moi dans ce cas?
Ma vie n'était qu'une lamentable farce.
Évidement j'eus un mal fou à me concentrer sur mes cours après ça, mais au moins ça me faisait un endroit où rester. Comme un bunker qui empêchait mes problèmes de passer. Il me suffisait de rester assise là, de prendre des notes et de suivre attentivement les déplacements du professeur. Le parfait camouflage. Je regrettai soudainement ma capuche …
Je pouvais imaginer sans trop de difficulté à quel point, Jacob, tout comme Edward, pouvaient m'en vouloir. Je me demandai encore comment ma soirée allait tourner. Dans tous les cas, je savais déjà qu'elle ne serait pas des plus agréables.
J'avais retardé le plus possible le moment de rentrer chez moi ce soir là, mais quand le soleil avait commencer à disparaître, j'avais su. J'avais su que ce moment tant redouté et longtemps évité, était venu.
Je poussai lentement la porte de ma chambre en me préparant au choc de l'accueil glacial et, qui plus est mérité, que me réservait sûrement Jacob. Quand j'entrai je le trouvai allongé sur mon lit avec mon Ipod dans les oreilles.
Je posai lentement mes affaires sur le sol et Jacob branchait simplement l'appareil sur les enceintes. « Sittin'On the Dock of the bay » envahissait la pièce, apportant avec elle de vieux souvenirs.
[34. Sittin'On the Dock of the Bay – Otis Redding]
- Tu te souviens de cette chanson? Sourit Jake, tout aussi nostalgique que moi.
- Bien sûr. Soufflai-je en me calant contre la porte.
Nous regardions tous deux la station d'écoute qui diffusait la musique.
- Je t'ai fait danser sur cette chanson. Continuait-il. Pour tes 18 ans chez ta mère.
- C'est la seule fois où tu m'as fait danser. Souris-je.
- C'est aussi sur cette chanson que tu m'as laissé t'embrasser pour la première fois. Lança-t-il soudainement plus sérieux.
Mon sourire s'effaçait également.
- Je sais. Je m'en souviens.
- On était bien à cette époque. Qu'est-ce qui a changé?
- Nous je pense, on a grandi.
- Ça ne semblait pas si flagrant jusqu'à il y a six mois.
- Parfois les choses changent plus vite que ce qu'on croit. Répondis-je timidement.
Jacob se laissa glisser sur le sol, repliant ses genoux à lui, la tête en appui contre le mur comme s'il lui était physiquement impossible de la tenir tout seul. Cette image me retourna l'estomac.
- Tu crois qu'il y a quelque chose à faire pour ralentir ce processus?
- Honnêtement, je ne pense pas que se soit possible Jake. On arrête pas le temps qui passe.
- On peut toujours espérer.
Je m'asseyais aussi sur le sol, dans la même posture que lui mais sur le côté opposé de la chambre. Nous restions silencieux quelques minutes, tous les deux perdus dans nos souvenirs, envahis par la musique. C'était notre seul réconfort sur le moment. Jacob et moi savions tous les deux que quelque chose était entrain de se passer. Quelque chose d'irrémédiable. Malgré toute ces années passées ensemble, sans compter notre enfance, c'était la première fois que lui et moi avions du mal à nous parler. Par où commencer? Dans quel but? Quelle serait l'issue de cette conversation? Heureusement que je pouvais me concentrer sur la parole et la voix d'Otis Redding pour me distraire, sinon l'angoisse m'aurait tué. Finalement, Jacob reprenait la parole en premier.
- Tu sais, j'étais sérieux en parlant de notre avenir...
Je reposai les yeux sur lui et l'écoutai attentivement. J'aurai aimé le prendre dans mes bras mais, bizarrement, quelque chose me disait que je n'en avais plus le droit.
- Quand je pense au futur, quelque soit le scénario, tu es toujours dedans Bella. Dit-il avec un sourire nostalgique, fixant un point imaginaire dans la pièce. Je vois, nos enfants : un garçon fort comme son papa et un petite fille têtue comme sa maman. Je vois ma famille évoluer autour de toi et t'adopter officiellement. Je nous vois dans notre maison à la réserve, une maison que je retaperai le weekend. Tout est paisible, calme.
Il reposait les yeux sur moi.
- On est heureux.
- Dans ta bouche ça à l'air beau.
- Mais?
- Mais quand tu me dépeins tout ça, j'ai simplement l'impression que tu me racontes une histoire, comme un conte de fée. Je ne m'imagine pas vivre cette vie.
- Peut-être que ça finirait par te plaire si tu essayais.
J'hésitai avant de répondre.
- Est-ce qu'une seule fois depuis qu'on est gamin, je t'ai laissé sous entendre que je voulais être femme au foyer?
- Jamais je n'ai dit que tu ne devais pas travailler.
- Je veux voyager aussi.
- On voyagera tous ensemble.
- Jake ! Lançai-je pour arrêter ce délire qui m'oppressait.
Je me levais et faisait quelques pas dans la pièce.
- Je sais que je ne veux pas cette vie. J'y arriverai certainement, j'en suis capable mais je veux plus.
- Bella …
- Je sais ce que tu vas me dire. Tu vas me dire qu'on a le temps pour penser à tout ça mais … Moi quand je vois mon futur, rien n'est aussi clair. Je vois des aventures, des découvertes, je vois mon indépendance, je me vois me surpasser … J'en sais rien, je … avant même de penser à fonder une famille, si ça m'arrive un jour, j'aimerai voir les sept merveilles du monde, j'aimerai partir seule à l'autre bout du monde avec mon sac à dos, quelque part où personne ne me connait, peut-être apprendre le mandarin ou même fonder une multinationale qui résoudrait le problème du trou de la couche d'ozone …
Je m'arrêtai essoufflée. Quand je retrouvai ma petite chambre et les yeux de Jake posés sur moi, j'avais l'impression de m'être violemment écrasée sur Terre. Mon imagination m'avait transportée dans cette euphorie et la redescende fut douloureuse.
- Qui raconte des histoires là? Me sourit tristement Jacob en se levant à son tour.
- Chacun ses contes de fées. Admis-je. Je veux simplement dire qu'à notre âge, tout est encore possible. Du moins, c'est ce que j'ose espérer sinon la vie serait vraiment triste.
- On peut faire des compromis tu sais.
Je soupirai et m'éloignais de quelques pas.
- Jacob … Je crois que …
Ma bouche refusait de me laisser parler.
- Que quoi? Insista-t-il.
Je détournai les yeux.
- Bella … Tu dois le dire. A voix haute …
Quand je le voyais à nouveau, Jacob avalait difficilement sa salive et tout son corps était tendu comme s'il se préparait déjà à un choc violent. Je senti des larmes de culpabilité et de tristesse me monter aux yeux. Je me détestais pour avoir à le faire souffrir ainsi, chose que je m'étais toujours refusée de faire. Surtout pas à Jacob. Personne ne méritait ça.
- Je crois que … Je ne t'aime plus comme je t'aimais hier.
J'essuyai rapidement la larme qui m'échappait. Je n'étais pas censée être celle qui pleurait. J'étais la méchante de l'histoire, je n'avais pas le droit d'en souffrir.
- Bella, on sait bien toi et moi que ça ne date pas d'hier. Lança-t-il en accusant le coup.
Ensuite il faisait quelque pas dans la chambre, se détournant de moi.
- Je me suis volontairement voilé la face, me dit-il en me regardant à nouveau. Je ne voulais pas admettre que tu t'éloignais de moi parce que ça me faisait trop mal mais, au fond de moi, je le savais. J'attendais simplement que tu me le dises, que tu l'admettes aussi. Ces six derniers mois, j'ai vécu dans la peur de ce moment …
- Je suis tellement désolée … Chuchotai-je, la mort dans l'âme.
- Ne le sois pas, aujourd'hui tu fais enfin ce qu'il faut … Tu me libères, même si ça fait mal.
- J'ai mal aussi. Avouai-je.
- Tu te rendras vite compte que tu culpabilises plus que tu ne souffres.
- C'est faux, tu restes l'une des personnes les plus importante dans ma vie.
- Il n'en reste pas moins vrai que je t'ai toujours aimé plus que tu ne m'as aimé.
- Je ne saurais le dire.
- C'est pourtant vrai. Me lança-t-il amèrement.
Après ça, aucun de nous ne parla. Je me trainai jusqu'à mon lit en ayant l'impression de marcher à côté de mon propre corps et je pouvais dire que Jake était dans le même état, si ce n'est pire. Il vint s'assoir à côté de moi, les yeux dans le vide et sans le regarder, je lui prenais simplement la main.
- J'ai peur. Avoua-t-il. Je suis terrifié.
- Moi aussi. Lui assurai-je. Je ne sais pas du tout à quoi va ressembler ma vie à présent. Tu as toujours été mon pilier. Ma bouée de sauvetage, sans toi, je n'ai plus aucuns repères.
Un autre moment de silence s'en suivit.
- On va s'en sortir. Il le faut.
- Je sais. Soufflai-je.
- Il y a quand même une chose que je comprend pas … Et, je t'en prie, sois honnête.
Je relevai les yeux vers lui.
- Quel a été l'élément déclencheur qui t'as fait prendre conscience de tout ça?
Encore une fois, je devait surpasser ce moment. Cette révélation que je m'étais acharnée à dissimuler. Mais comme s'il avait déjà deviné, Jacob m'avait demandé d'être honnête. Si je lui devais au moins une chose, c'était bien ça.
- Je suppose que c'était … L'accident.
Un rire sombre lui échappait et Jacob récupérait doucement sa main.
- C'était lui. Tu peux le dire. C'était Edward Cullen.
Je n'osai même plus le regarder.
- Qu'est-ce qu'il a que je n'ai pas? Après tous les efforts que j'ai fait, pendant des années, pour que tu ais assez confiance en moi pour m'aimer comme je t'aime, qu'est-ce qu'il a bien pu dire ou faire, que je n'ai pas fait?
- Ça n'a rien à voir avec ce que tu as fait ou pas, tu n'étais juste pas …
Je fermai les yeux en prononçant ces derniers mots.
- Le premier.
- Le premier à quoi? Demanda Jake sans comprendre.
Alors, pour toute réponse, je me contentai de la regarder et il lu à travers moi. Au fur et à mesure que les secondes passaient, le visage de Jacob changeait. Il passait de l'incompréhension, à la révélation et pour finir, au dégoût. D'un bon il se levait pour s'éloigner de moi et je ne pouvais qu'attendre que sa réaction s'abatte sur moi. Je savais déjà que s'il y avait une chose que Jake ne me pardonnerai jamais, c'était bien ça.
[35/ A Fine Frenzy – Almost Lover]
- Tu plaisantes j'espère? Dis-moi que c'est une blague parce que là je nage en plein cauchemar ! Lança-t-il sévèrement en me fusillant du regard.
Je ne trouvais plus mes mots. J'aurai voulu me justifier, mais rien ne semblait suffisant face à Jacob.
- Bella, c'est pas vrai ! C'est lui? Edward est le salaud qui s'est servi de toi il y a cinq ans?!
- Oui. Répondis-je la voix presque éteinte.
- C'est pas vrai, j'y crois pas … Je vais me réveiller. C'est …
Jacob marchait nerveusement à travers la pièce, attrapant ses cheveux dans ses mains, comme s'il cherchait une solution miracle pour ne pas avoir à faire face à cette triste vérité.
- Jacob calme-toi.
- Que je me calme?! Cria-t-il en revenant rapidement vers moi. Que je me calme?!
Je sursautai que il haussait la voix.
- Tu te rends compte que tu me quittes pour le mec dont je t'ai protégée pendant cinq ans?!
- Je sais ! Répondis-je sur le même ton. Tu crois que ça été facile de l'admettre pour moi?! Crois-moi Jacob, je me suis longtemps dégoutée à cause de ça !
- Encore heureux ! Comment tu peux être aussi stupide Bella ?! Souviens-toi dans quel état tu étais après cette fameuse nuit. Tu as pleuré 8 heures d'affilée, dans mes bras, et tu as déménagé ensuite ! Je sais que quelque chose en toi a changé pour toujours après ça, comment peux-tu lui pardonner?! Comment puis-je être celui qui reste sur le carreau malgré tout? Tu ne te rends pas compte de l'erreur que tu es en train de faire, je ne serais plus là pour te ramasser quand il te jettera à nouveau !
- Il ne le fera pas ! Tentai-je.
- Ouais, j'imagine qu'il t'avait aussi dit pas mal de conneries avant de te sauter ! Cracha-t-il à mon visage.
Je ne senti même pas ma main partir mais elle alla s'écraser tout droit sur le visage de Jake qui tourna simplement le visage. J'étais horrifié d'avoir fait ça. Jake contracta la mâchoire avant de me voir à nouveau. Je sentais toute la rage qu'il retenait en lui à présent.
- Il est au courant? Demanda-t-il plus calme, non pas que ça soit plus rassurant.
- Depuis une semaine. Répondis-je, comme un automate.
- Tu as …
Il soupirait comme si ces mots le dégoûtait.
- Est-ce que vous avez …
- Non. Répondis-je rapidement. Jacob non.
- Tu prévois de le faire?
La stupidité de sa question m'agaça prodigieusement.
- Oui, je vais courir lui sauter dessus dès que tu auras quitté cette chambre Jacob. Il doit certainement m'attendre d'ailleurs. Lançai-je sarcastique.
Il soupira et détourna les yeux.
- Autre chose? Lançai-je sur le même ton.
- Non, c'est tout.
- Bien, tu ferais mieux de partir dans ce cas. J'aimerai pas me mettre en retard !
- Arrête, c'est bon j'ai compris... Souffla-t-il avant de retomber sur le sol.
Quand il enfonça sa tête dans ses genoux, mon amertume s'évanouit et j'allais le rejoindre.
- Et maintenant qu'est-ce qu'on fait? Souffla-t-il, en relevant difficilement les yeux vers moi.
Un coup d'œil au réveil m'informait qu'il était déjà deux heures du matin.
- Je suis fatiguée …
- Je dormirai dans ma voiture cette nuit.
- Jacob … Ne sois pas bête, on peut encore dormir ensemble. Il fait un froid de canard dehors et tu n'as pas de chauffage dans ta voiture.
Il sembla réfléchir un instant.
- Je dormirais par terre.
- Comme tu veux. Répondis-je simplement.
Puis nous ne nous adressions plus la parole. Je lui donnais un oreiller et une couverture, Jacob s'installait par terre. Nous étions tous les deux tellement épuisés, si bien physiquement que mentalement, que nous ne sentions même plus la peine. Nous étions simplement … Sur pilote automatique.
Je tombai à la minute où la lumière s'éteignait. En revanche, j'étais debout très tôt le lendemain matin. J'allais prendre ma douche en prenant soin de ne pas réveiller Jacob et m'habillait tout aussi rapidement. Il fallait que je sorte d'ici. Avant de partir, en regardant Jacob profondément endormi, j'hésitai à lui laisser un mot. Mais je ne trouvais rien à dire.
Il avait l'air paisible endormi comme ça. C'était l'image que je voulais garder de lui. Je voulais oublier la nuit dernière. Oublier cette souffrance dans ses yeux.
Lentement je sortais de la chambre, réajustant mon blouson dans le couloir pour me préparer aux températures glaciales du mois de février. Mon corps se réveillait petit à petit de cette transe dans laquelle il avait été plongée jusqu'ici.
Pour la première fois depuis six mois, je savais quoi faire ...
***
La veille, 18h00 ...
POV EDWARD
C'était le ciel commençant à prendre des couleurs orangées qui me fît me rendre conscience que j'avais passé la journée sur le toit, ma guitare pour seule compagnie.
Depuis que j'avais aperçu Bella ce matin, sans pouvoir l'atteindre, je m'étais enfermé dans cette espèce de sphère protectrice qui ne pouvait perdurer qu'ici. Surplombant la ville, sans personne, je pouvais enfin respirer. Mais la paix avait été de courte durée. Cette mélodie, celle que j'avais désespérément essayé de retranscrire sur ma guitare toute la journée, ne quittait pas mon esprit. Je l'entendais aussi clairement que si je l'avais écouté, mais impossible de la jouer.
C'était une mélodie douce, mélancolique mais aussi pleine d'espoir. Pourtant, elle était en totale opposition avec les émotions qui se bousculaient à l'intérieur de moi. Mais cette mélodie mystérieuse avait un pouvoir hypnotique sur moi depuis plusieurs heures maintenant. C'était comme si je l'avais toujours connue, comme si elle sommeillait en moi jusqu'ici et qu'elle avait voulu se manifester spécialement aujourd'hui, hurlant sa présence dans ma tête. La jouer était alors la seule façon pour moi de l'exorciser. Mais il me manquait des accords.
J'avais l'introduction, lente et annonciatrice d'un changement radicale. Des notes claires, comme une comptine ou une sorte de berceuse enchanteresse. Puis le rythme s'accélérait et la magie opérait, la mélodie me transportait. Du moins, elle était censée transporter mes oreilles comme elle le faisait dans mon esprit mais pour le moment, la petite berceuse restait incomplète.
J'avais l'impression que jamais je n'allais être capable de redescendre de ce toit sans avoir achevé cette chanson. Malheureusement pour moi, je n'avais jamais été doué pour composer, ou alors seulement des morceaux très simples, rien à voir avec celui que j'avais en tête. Littéralement en tête, comme un bourdonnement incessant ne vous laissant d'autres choix que celui de l'entendre. Je jouais les morceaux des autres à la perfection mais dès que ça touchait à mes créations, tout prenait une dimension si personnelle que je n'étais pas près à la faire partager, ni aux passants, ni à moi-même. J'avais peur de laisser ces symphonies et ces rythmes sortir de moi. C'était comme si, une fois dehors, aux vues de tous, ils ne m'appartiendraient plus.
Mais cette fois c'était différent, cette fois il fallait que je la laisse s'échapper sous peine de devenir fou. Il fallait que je trouve ces accords pour en définir le sens. C'était comme chercher à résoudre une énigme dont la réponse changerait ma vie pour toujours.
Mais je n'allais pas y arriver seul, je le savais maintenant. J'avais besoin d'aide. J'avais besoin d'un autre musicien, quelqu'un de plus habile que moi et qui comprendrait ce que je ressentais.
Je ne connaissais qu'une personne capable de ça.
- « Rejoins-moi sur le toit, j'ai besoin d'aide »? ça pour un message énigmatique, s'en est un ! Me Lançait Jasper en arrivant jusqu'à moi. Qu'est-ce qui se passe? T'es en manque de bière?
- Plutôt d'inspiration.
- Oh, c'est sérieux alors pour que tu fasses appel à moi.
Je me levais avec ma guitare pour aller à sa rencontre.
- T'as une sale tête. Fit remarquer mon colocataire, ce que je préférai ignorer.
- J'ai fredonné cette chanson toute la journée, mais impossible de trouver toutes les notes.
- Là tu m'intéresses. Lançait Jazz, un petit sourire étirant ses lèvres. Continues.
- Il faut que tu m'aides à finir le morceau. J'ai l'intro mais le reste est flou. Pourtant je l'entend Jazz'. Aussi clairement que je t'entend.
- Humm … Syndrome de la barrière mentale, je vois …
- Répète?
- Barrière mentale, quelque chose retiens ta créativité. Libère ton esprit.
Je retournai m'assoir en grimaçant.
- C'est pas une réplique de Matrix ça?
- Bon, tu veux que je t'aide ou pas? S'impatientait-il.
Jasper était tout de suite plus sérieux quand il s'agissait de musique.
- Pardon. Soupirai-je. Oui, j'ai besoin de ton aide.
- Parce que je suis meilleur que toi? Sourit-il.
- Jasper …
- Pardon, je me suis laissé emporter. C'est l'émotion, c'est la première fois que tu me demandes de l'aide pour une compo.
- Alors par quoi on commence?
- Déjà dis-toi bien que ça ne va pas se faire en un clin d'œil, on va surement passer la nuit dessus et encore, ça ne sera pas parfait.
- C'est pas un problème, lui assurai-je, je ne pourrai pas fermer l'œil avant de l'avoir finie de toute façon.
- Ok, réfléchit Jasper, voilà par quoi on va commencer … Tu vas me raconter une histoire vraie, par exemple quelque chose qui te soit arrivé et …
- Oublie l'histoire, je ne peux penser à aucune histoire, ma vie est trop pourrie ! Le coupai-je en m'enfonçant dans mon siège.
Jasper dissimula tant bien que mal son petit sourire victorieux en baissant la tête. Comme s'il avait déjà atteint son but.
- C'est à dire? Me demanda-t-il pour m'inciter à poursuivre.
- Parce que, soupirai-je en me passant nerveusement la main dans les cheveux, elle me déteste et … Je le mérite.
- Alice m'a tout raconté. M'avouait Jasper en s'adossant au mur de la cage d'escaliers.
- Le contraire m'aurait étonné. Soufflai-je en fixant le sol en béton armé sous nos pieds. Je ferai mieux de vous parler tous les deux en même temps, ça t'éviterai de faire semblant de m'écouter. Vous êtes tellement …
- Mignons? Sourit Jasper.
- Agaçants ! Rétorquai-je.
- Donc, c'est Bella. Éluda t-il.
- Quoi « c'est Bella »? Répétai-je.
- Qui te bloque. C'est cette histoire qui t'empêche de te concentrer sur les notes manquantes de ta mélodie.
- La technique aussi.
- Ça c'est secondaire crois-moi. Le mental c'est le plus important. Il faut que tu te poses les bonnes questions.
- Ça a l'air facile à t'entendre.
- Je ne suis pas là pour te faciliter la vie. Je suis là pour sortir ce morceau de ta tête.
- C'est vrai. Admis-je.
- Alors? Ces questions …
- Je ne sais même pas par où commencer. J'ai tellement de questions sans réponse depuis qu'elle est entrée dans ma vie.
- En voilà une, qu'est-ce que tu aurais fait? Me demanda-t-il.
- Qu'est-ce que j'aurai fait? Répétai-je.
- Qu'est-ce que tu aurais fait? Pas aujourd'hui, mais avant … A l'époque du lycée … Qu'est-ce que tu aurais fait pour arranger ça?
Et là, le trou noir.
- Justement j'en sais rien.
- Moi je sais. Tu lui aurais dit que tu étais désolé.
- Les excuses ne suffisent pas pour justifier ça Jasper.
- Je sais, mais ça fait toujours du bien de les entendre. Et autrement que par téléphone …
- Mais j'ai essayé de la voir. Jacob était là. J'ai rien pu faire, je les ai simplement regarder s'enfermer chez elle ensemble.
- C'est toujours plus pratique pour discuter que dans un couloir, tu ne penses pas? Toi aussi tu te fais toujours des films.
- Ils sont ensemble Jasper.
- Ah oui? C'est pour ça que Bella ne lui a pas dit qu'elle était à Forks ce weekend ?
Je relevai immédiatement la tête vers lui.
- Quoi? Comment tu sais?
- A ton avis …
- Alice … Soufflai-je avec un léger sourire. Tu crois que ça signifie quelque chose?
- J'en sais rien, je suis musicien. Je ne fais pas dans le courrier du cœur.
- T'as raison. Souris-je plus soulagé maintenant.
- Donc, maintenant qu'on a ciblé le problème, revenons aux origines. Essayes de te souvenir du jour où tu as trouvé les tous premiers accords.
- J'en sais rien. Soupirai-je.
- Essaies de te souvenir Ed, c'est important. En trouvant les origines de la mélodie, tu pourras la faire évoluer.
J'essayai de me concentrer en fixant les cordes de ma guitare comme si la réponse allait y être inscrite.
- Souviens-toi de l'émotion que tu as ressenti en jouant ces notes pour la première fois. Avant même de savoir ce qu'elles allaient devenir. Chuchotait Jasper en se rapprochant de moi.
- J'imagine que la première fois c'était à Spadina...
- Quand?
Alors je fermai les yeux et me revoyais assis par terre dans la station de métro. Les gens autour de moi qui défilaient, les papiers jonchant le sol, circulant aux rythmes effrénés des pas martelant le béton. Tout ça en noir et blanc dans ma tête …
Puis d'un seul coup, de la couleur …
De la chaleur également...
Et …
« - Excuse-moi. Est-ce que tu sais quand passe le prochain bus pour la citée scolaire ?
J’avais levé les yeux vers elle et en oubliai de jouer. Sa voix était douce mais très peu assurée, comme si elle était atteinte d’une timidité maladive. Pour la première fois je pouvais vraiment la voir. Elle avait les yeux chocolats les plus profonds qu’il m’avait été donné de voir. Je m’y étais noyé instantanément.
- J’aime beaucoup ce que tu fais.
- C’est gentil mais je ne joue pas pour de l’argent. Lui avais-je poliment répondu.
Je recommençais alors à pincer lentement les cordes de mon instrument... Je m’en souviendrai toujours. J’ai suivi cette fille…»
J’avais levé les yeux vers elle et en oubliai de jouer. Sa voix était douce mais très peu assurée, comme si elle était atteinte d’une timidité maladive. Pour la première fois je pouvais vraiment la voir. Elle avait les yeux chocolats les plus profonds qu’il m’avait été donné de voir. Je m’y étais noyé instantanément.
- J’aime beaucoup ce que tu fais.
- C’est gentil mais je ne joue pas pour de l’argent. Lui avais-je poliment répondu.
Je recommençais alors à pincer lentement les cordes de mon instrument... Je m’en souviendrai toujours. J’ai suivi cette fille…»
Quand le flash prenait fin, que les murs froids de Spadina s'effaçaient devant mes yeux et que je retrouvai le toit de mon immeuble, tout devint clair.
- C'était la première fois que Bella et moi avons parlé à Spadina. Avant l'accident. Lançai-je à Jasper comme s'il allait m'expliquer tout ça de façon rationnelle.
- Intéressant, sourit-il, donc Bella est à la fois ta source d'inspiration et celle qui t'empêche de créer.
- Qu'est-ce que ça veux dire?
- A toi de me le dire maestro.
Je me concentrai à nouveau sur la signification de tout ça.
- C'est elle … Soufflai-je.
- Mais encore? Sourit mon colocataire.
- Cette mélodie, c'est elle. C'est Bella.
- Alléluia ! S'exclama Jasper. Tu es vraiment long à la détente des fois.
- Tu le savais?!
- Chaque mélodie est une femme … Première leçon mon p'tit !
- Pourquoi tu me l'as pas dit?!
- Il n'y avait que toi pour retirer tes œillères mon pote.
Je me sentais soulagé d'avoir enfin réalisé tout ça. Maintenant j'allais pouvoir aller de l'avant.
- Et maintenant? Lui demandai-je.
- Maintenant? On va pouvoir avancer ! Sourit-il en mettant sa main sur mon épaule.
***
[36/ Dan C Holloway - Bella's Lullaby Guitar (cover)]
Alors Jasper et moi redescendions à l'appartement. Il faisait nuit à présent. Lui s'asseyait par terre avec sa guitare, moi je choisissais le rebord de la fenêtre. Les rares fois où Jasper Whitlock était concentré ainsi c'était quand il jouait. Quand il faisait vibrer les cordes de sa guitare, il dégageait alors ce charisme et cette force qui imposait le respect. Mon respect notamment. Même si je jouais bien, je n'avais pas le même niveau que lui et c'est pour ça, et selon lui, « au nom de notre amitié » qu'il passait la nuit à travailler sur cette mélodie avec moi.
C'était un échange, on en discutait, il me proposait des enchainements et je les accordaient avec le morceau qui tournait en boucle dans ma tête. Petit à petit, nous transformions une œuvre inachevée en cette symphonie puissante qui semblait me rendre plus fort. A mesure que les notes se précisaient, le visage de Bella m'apparaissait plus clairement. J'écrivais ce morceau pour elle.
Comme le disait Otto Klemperer « La musique est infinie. Elle est le langage de l'âme ». Shakespeare disait également « La musique est l'aliment de l'amour ». Toutes ces citations qui ne signifiaient rien pour moi il y a encore une heure, révélaient tout leur sens maintenant que ces vérités m'étaient apparues.
Le premier mouvement que nous mettions en place, jouant seulement sur les deux dernières cordes, annonçait déjà cette grâce que je voyais en Bella et cette simplicité qui la caractérisait. Puis quand je continuais à jouer la mélodie principale, Jasper la reprenait une gamme plus basse, donnant ainsi une profondeur particulière au morceau, annonciatrice de tonalités plus ambitieuses encore. Cette sérénité nous englobait, nous n'avions plus besoin de nous parler pour nous entendre à présent. Je ne suis pas certain que Jasper était conscient du cadeau qu'il me faisait en m'aidant cette nuit. Il m'aidait à peindre cette image de Bella. Il m'aidait simplement à définir mes sentiments envers elle et de les révéler dans leur forme la plus pure.
Ensuite, toujours sur les cordes aiguë, j'accélérai la cadence et mes doigts évoluaient en alternant entre les accords. Cette sonorité représentait alors le mystère que Bella Swan était à mes yeux. Elle le serait peut-être toujours.
Puis enfin, le morceau que je jouais se calait parfaitement à celui que j'entendais et là tout devenait simple, presque inné. Je ne pensais plus à la symphonie ni aux notes, mes doigts avaient imprimé les émotions qui m'envahissaient et se contentaient de les retranscrire. Jasper me suivait sans émettre aucun jugement, travaillant toujours sur cette profondeur. Je quittai ce monde. J'avais l'impression que chacune des notes dessinait Bella. Je la voyais aussi clairement que si mes mains avaient parcourues ses formes et que je la modelai moi-même vibrante et étincelante à l'image de la mélodie qui remplissait la pièce.
A mesure que la nuit s'effaçait à la faveur du jour, cette mélodie maintenant éteinte dans mon esprit n'avait plus aucun secret pour moi. J'aurai pu la jouer les yeux fermés. Je n'avais même pas vu le temps passer.
***
- ça faisait longtemps qu'on avait pas fait ce genre de nuit toi et moi. Fit remarquer Jasper en s'étirant. Quelle heure il est?
- Pas loin de 6 heures.
- On joue depuis 12 heures...
- On dirait bien. Merci de m'avoir aider.
- Pas de problème, lança-t-il en se dégourdissant les jambes. Les amis c'est fait pour ça. Petit Déj?
- Je meurs de faim.
- N'en dis pas plus !
Il se dirigeait vers la cuisine pour nous préparer du café quand moi je rangeais nos guitares dans leurs étuis respectifs. J'aillai sûrement passer la journée à dormir avant de réfléchir à la façon dont j'allais enfin arranger les choses avec Bella.
Alors que j'allais rejoindre Jasper, et sans même me retourner, je sentais une présence dans mon dos. Tous mes sens étaient en alerte et un long frisson me parcouru. Je savais déjà pertinemment qui se trouvait à ma porte. C'était viscérale et étrangement électrisant.
- Déjà debout? Lançai-je avant de me retourner lentement vers Bella.
Elle ne fut même pas surprise de voir que je savais déjà qu'elle était là.
- J'arrivai pas à dormir. Me dit-elle simplement.
Nous nous regardions un moment en silence. Droit dans les yeux. Comme si nous savions déjà … Que les choses étaient sur le point de changer pour toujours.
- Qu'est-ce qui se passe? Demandai-je enfin.
- J'ai eu tes messages. Me dit-elle en faisant quelques pas pour entrer plus en avant.
- Oh …
Je ne pouvais plus détacher mes yeux d'elle. Elle avait l'air si … Sûre d'elle. Jasper se raclait la gorge à côté de nous et je me rappelais soudainement de sa présence. Il avait sa veste à la main.
- Finalement je crois que je vais aller prendre mon petit déjeuner avec Alice …
- Bien sûr c'était une excuse pour nous laisser seul et je l'en remerciai.
- D'accord. Souris-je.
- Je vous laisse. A plus tard.
En passant devant Bella, il lui sourit et l'embrassa rapidement sur le front. Elle lui rendait le même sourire et Jasper s'éclipsa très vite. Nous étions seul à seule à présent et la tension était palpable.
- Alors … Lançai-je doucement pour l'inciter à parler.
Bella soupirait longuement en se passant la main dans les cheveux et mit quelque seconde avant de réussir à me regarder à nouveau.
Quelque chose était bien en train de se produire …
- Je ne veux plus être dans le déni à présent. M'annonça-t-elle, déterminée.
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Vidéo Bonus
***
Hum hum, mais quelle conversation va se dérouler ensuite?! Quel suspens ! Réponse la semaine prochaine !
Je l'annonçais la semaine dernière je crois, il y aura bien une pause dans la publication de minimum deux semaines (maxi 3, mais je vais essayer de faire deux) après la publication du chapitre 12.
Deux raisons à cela, la premières les fêtes de fins d'années, je pense qu'on a tous autre chose à faire à cette période. Deuxièmement, j'aimerai reprendre un peu d'avance dans l'écriture. Je tourne actuellement avec deux semaines d'avance mais parfois, je me sent un peu prise de court. Vu que je n'ai pas envie d'écrire avec la pression (comme je le faisais sur Beautiful Disaster, pour laquelle je n'avais pas d'avance - je tournais à un chapitre par semaine), je me permet de reprendre un peu l'avantage.
Je m'excuse par avance de la gêne occasionnée et j'espère ne pas perdre des lecteurs en route.
Malgré tout, je pense que vous serez très satisfait du chapitre 12 sur lequel je vous dirais momentanément au revoir.
Argh, non! Comment peux -tu t'arrêter à ce moment là?
RépondreSupprimerBella n'est plus avec Jacob (enfin!?), le pauvre quand même! Et qu'est-ce qu'elle va lui dire à Edward? Le prochain chapitre sera spécialement que du blabla ou il y aura un peu d'action aussi?
Vivement la semaine prochaine!!!
ACTION ;)
RépondreSupprimercoucou ginielee une premiere pour moi je t'ecris un commentaire !!!!!!!!
RépondreSupprimerje t'ai connu avec beautiful disaster et j'ai adoré cette fic et maintenant je continue avec seattle breakdown que j'adore encore plus !!!! j'attends avec impatience le samedi pour pouvoir te lire en écoutant la playlist qui nous mets tellement dans l'ambiance
voila c'est tout ce que j'avais a dire mais je voulais le die !!!!!
bonne continuation et a samedi prochain !!!!!!
bisous