CHAPITRE XV
TRUTH IS A MATTER OF PERSPECTIVE
TRUTH IS A MATTER OF PERSPECTIVE
(La vérité est une question de perspective)
***
EDWARD POV
[48/ Express – Christina Aguilera Burlesque Soundtrack]
NB : Impossible de la faire fonctionner sur la playlist pour des pbl de copyright, je vous conseil d'aller l'écouter sur Deezer.
J'enchaînais les services, encore un soir ordinaire au Can-Can. Des strass, des paillettes, des plumes et beaucoup, beaucoup de monde. Ici la clientèle était régulière et fidèle. Les numéros s'enchaînaient sur scène, les filles étaient toutes plus jolies chaque soir. De belles formes, des tenues toujours plus somptueuses, des coiffures toujours plus hautes et ce maquillage, voyant certes, mais très loin d'être vulgaire.
Ici pas de striptease, les filles arrivaient déplumées avant d'entrer sur scène mais ensuite, impossible aux éventuels pervers d'en voir plus et les deux gorilles aux pieds de la scène y veillaient. Les mots clés ici : rêve et fantasme. L'imagination devait faire le reste et rares étaient les clients qui s'en plaignaient, ils n'avaient pas intérêts. Les hommes venaient apprécier les formes avantageuses des danseuses et leurs femmes venaient imaginer être à leur place.
Ces filles maîtrisaient le chant et la danse et les musiciens de l'orchestre derrière elles n'avaient rien d'amateurs. Tous les éléments du cabaret étaient réunis, les commandes affluaient et les pourboires aussi pour mon plus grand bonheur. Certes le travail était épuisant mais l'ambiance n'avait pas d'égal. Même si je n'avais jamais été adepte du burlesque, une fois un pied à l'intérieur on ne pouvait s'empêcher d'être pris d'une sorte de frénésie.
Le Can-Can n'avait rien de l'image glauque que j'avais pu imaginer avant d'y travailler au contraire, dans son registre, il était élégant.
Je servais en salle, je passais derrière le bar, je nettoyais les tables, parfois même on m'appelait en régie pour réparer un projecteur défectueux, en gros j'étais un peu devenu l'homme à tout faire. J'étais le petit nouveau qui devait faire ses preuves et je n'avais pas l'habitude de refuser les défis.
Je passai derrière le bar pour filer un coup de main quand les lumières s'éteignaient. Les applaudissements fusaient de toute part et un projecteur venaient se figer au centre de la scène. James, le barman, que tout le monde appelait Jimmy, me donnait un coup de coude dans un rire laissant entrevoir son excitation et je sourirai simplement en essuyant mon verre.
[49/ Factory Girl – The Pretty Reckless]
La batterie commençait, suivie d'un riff de guitare et la foule était déjà en délire, ainsi que Jimmy. Taylor faisaient son entrée, et qui ici n'aimait pas Taylor? Certains ne venaient chaque soir que pour la seule et l'unique chanson qu'elle interprétait. Ce rock heavy et cette voix éraillée bien loin du style du club faisait aussi des émules et rien que pour ça, le boss faisait une petite entorse au style de sa boîte. Il faut dire que la tenue de l'interprète y faisait beaucoup même si je ne comprenais pas comment autant d'hommes pouvaient apprécier une silhouette aussi linéaire. Taylor était une de ces chanteuses égratignée par la vie. Rien qu'en la voyant on devinait sa rage et cette façon de s'habiller n'était qu'une provocation de plus. En contrepartie, une fois le rideau tombé, s'était une personne très douce et assez discrète avec qui j'avais eu quelques occasions de discuter. Toujours est-il, qu'avec ces long cheveux blonds, son maquillage noir corbeau et ses bas-résilles, elle s'était faite un nom ici au Can-Can et les autres filles l'appréciaient également.
Quand le morceau s'amplifiait, cette fois toute la scène était éclairé et la salle s'illuminait de nouveau également déchainant encore plus la frénésie des clients. Les danseuses venaient rejoindre Taylor pour effectuer une chorégraphie dont elles seules avaient le secret, juste derrière. Taylor baladait son public et ça, c'était aussi bon pour nous en salle. Parfois, Taylor montait jusqu'au bar et ces benêts la suivaient sans sourciller alors que ce cinéma n'était rien d'autre que stratégique au final. Une fois au bar, moi et Jimmy les poussions à la consommation et une fois la première vague de commande enclenchée, la miss retournait sous les projecteurs.
Les danseuses s'occupaient du reste et si certains avaient résisté à l'appât Taylor, ils n'y échapperaient pas deux fois. Le pire c'était que cela marchait à chaque fois et moi, j'encaissais les pourboires. Rien de mal à ça, ils étaient faibles, ils payaient et moi je gagnais ma vie.
Je repassai en salle quand le cabaret reprenait possession des lieux, Jimmy me lançait mon plateau que j'attrapai au vol. Si vous vouliez garder votre travail en ces lieux un seul point d'ordre : ne jamais s'arrêter avant que le rideau tombe. C'était la première chose que j'avais apprise et, sans me venter, en 15 jours j'avais fait d'énormes progrès. Je me donnais à fond chaque soir en espérant que cela paierait bientôt.
Quand le ciel perdait de sa noirceur, le bar se vidait et le calme revenait. J'avais pris l'habitude de finir de nettoyer avant tout le monde pour avoir une petite demi-heure à moi. Alors je m'asseyais à une table et commençais à écrire. Je n'avais plus écrit depuis des mois mais avec l'arrêt de la fac et tous ces changements qui avaient surgit dans ma vie ces derniers temps, j'en avais soudainement éprouvé le besoin. Alors pendant quelques minutes avant de pouvoir rentrer chez moi, je noircissais les pages de mon vieux carnet et le plus épatant, c'était que je n'avais pas besoin de chercher mes mots. Ils étaient comme encrés en moi, ne demandant qu'à sortir.
Cette nuit là pourtant, un détail me sortait de ma transe. Une feuille pliée en quatre, découpée dans un magasine, qui venait de glisser du carnet. Je souriais avant de la déplier.
-Joli. C'est pour moi? Me soufflait Erica, l'une des danseuses, par dessus mon épaule.
-Je ne suis pas certain que ton mari apprécierait que je t'offre ce genre de bijoux. Riais-je.
-Oh tu sais, Ernando ne veux que mon bonheur après tout et tu sais ce qu'on dit « Diamonds Are the Girl's Best Friend ».
-Malheureusement pour celui-ci, il faudrait une loupe pour le voir. Soupirai-je.
-Ne sois pas si défaitiste, chaque chose en son temps. Je suis certaine qu'il plaira à ton amie. La fameuse Bella, quand est-ce que tu nous la présente au fait?
-Bientôt j'espère. Lui souris-je.
-T'es toujours aussi secret ?
-Je vous la présenterai. Promis.
-Ya intérêt moussaillon. Je veux connaître celle qui a la chance de faire pâlir toutes ces gourgandines qui vendraient leur âme pour s'approcher du bel Edward. Lançait-elle dans un clin d'œil.
Je me contentai de lui sourire en reportant mon attention sur le bijoux.
-Allez j'y vais, j'ai un énergumène de trois mois à nourrir moi !
Erica me faisait un signe avant de quitter le club. Ensuite il ne restait plus que moi et John dans le bar.
-Cullen sort de là, va retrouver ta vie ! M'ordonna-t-il
-Je finis à 5 heures.
-Et bien on dira qu'il est 5 heures ! Tu as bien bossé ce soir.
Il prenait quelques billets dans la caisse avant de s'approcher de moi.
-Tiens, un petit extra pour te prouver ma gratitude.
-Merci. Répondis-je simplement en prenant les deux billets de cents dollars que mon nouveau patron me tendait.
-Je te vois après demain. Profite de ton jour de repos.
-Vous inquiétez pas. Souris-je en ramassant mes affaires.
En sortant du bar je vérifiais ma montre, 4 heures 15 du matin. Avec un peu de chance j'allais pouvoir dormir une ou deux heures auprès de Bella avant qu'elle n'aille en cours et cette idée me donna la force de courir. Plus de métro à cette heure là et les taxis se faisaient rares, courir était encore la solution la plus rapide d'aller retrouver celle qui faisait battre mon cœur et que je ne voyais que trop peu ces derniers temps.
Cette situation ne pouvait plus durer et Bella commençait sérieusement à douter de toutes mes excuses. Elle avait même eu peur que je la trompe. Quelle idée ! Cette perspective me retournait l'estomac rien qu'en y pensant. J'avais eu un mal de chien à lui faire entendre raison ce soir là. Mais il était clair maintenant qu'elle savait que je lui cachait quelque chose. Il était temps de tout lui avouer.
J'allais faire ça bien. D'abord un petit peu de champagne, le collier avec ce minuscule petit diamant, puis un diner et au moment propice, j'allais tout lui avouer. Demain soir serait le grand soir et même si je jouais mon avenir avec elle sur ce mensonge qui prenait trop d'ampleur, c'était la bonne chose à faire. Ce mensonge qui à la base avait été construit pour la protéger m'avait englobé et dévoré tout entier.
De nombreuses fois j'avais voulu lui dire la vérité mais il y avait toujours quelque chose ou un élément extérieur qui m'en avait empêché. Aujourd'hui je ne pouvais plus reculer. J'espérais simplement qu'elle me laisserait m'expliquer, il fallait la jouer finement.
***
Trois quart d'heure plus tard j'arrivai dans mon appartement. Rapidement je posai mes affaires et retirai mes chaussures dans l'entrée. Tout en marchant jusqu'à ma chambre dans laquelle je distinguai déjà les formes de cette femme qui m'attendait, je retirai ma chemise et mon jean en les laissant trainer dans le couloir.
Doucement je me glissai sous les couvertures pour passer mon bras autour du corps endormie de Bella. Je respirai l'odeur de ses cheveux et immédiatement cela m'apaisait.
- Hum … Souffla Bella en se réveillant à moitié. Edward?
- Je suis là. Chuchotai-je.
- Quel heure il est?
- 5 heures.
Elle bougonnait des mots incompréhensibles avant de se tourner vers moi pour déposer un baiser sur mes lèvres.
-Tu sens la bière et la cigarette.
-Pardon. M'excusai-je.
-T'as fais la fête toute la nuit ou quoi?
-Les inventaires sont terminés. On a fêté ça.
-Combien de soir encore tu vas me laisser seule dans ce lit immense?
-C'était la dernière fois, je te le promet.
-La dernière?
-La dernière. Souris-je.
-Il faut fêter ça. Lançait Bella sarcastique.
-Justement, demain soir je t'invite à diner. C'est moi qui cuisine. Depuis le temps que je te dois un diner !
-C'est vrai ça?
-J'ai jamais été aussi sérieux.
-J'espère. Parce que je me sens un peu seule ces derniers temps.
-Je sais mon amour.
Alors je passai au dessus d'elle.
-Tu me manques aussi.
Bella passait sa main dans mes cheveux encore toute endormie et j'en profitais pour l'embrasser. Qu'est-ce qu'il était bon de pouvoir faire ça après une dure « journée » de travail. Le soulagement était tellement grand que je me perdais complètement dans cet échange, remontant maintenant la cuisse de Bella autour de ma hanche. Ma main glissa doucement le long de sa jambe, jusqu'à son genoux, puis jusqu'à sa cuisse pour s'arrêter au dessus de sa fesse. Immédiatement la manifestation physique de mon engouement me trahissait. Bella souriait sur mes lèvres.
-Tu vois pas que j'étais entrain de dormir?
Je délaissai sa bouche pour m'attaquer à son cou.
-Hum... Tu as encore sommeil?
-Pas vraiment, mais je ne sais pas si tu mérites ce genre de faveur de ma part.
-J'essaie justement de me faire pardonner de t'avoir laisser trop souvent seule cette semaine. Seule et insatisfaite.
-Ne t'inquiète pas pour ça, sourit-elle en me regardant droit dans les yeux, je me suis satisfaite comme j'ai pu.
Je bloquai un instant sur cette idée.
-Quel affront. Et c'était comment?
-Tu sais, dit-elle en haussant les épaules, au final le résultat est le même.
Piqué au vif, je ramenai vivement son bassin contre le mien en lui arrachant un râle de surprise.
-Taie-toi et embrasse-moi. Ordonnais-je la voix rauque alors que son rire sadique mourrait sur ma langue.
Alors Bella se détendait sous mes caresses que je voulais sûres et appliquées malgré la fatigue qui tiraillait mes muscles. Je couvrais chaque parcelle de sa peau satiné, remontant petit à petit sa chemise de nuit jusqu'à son nombril. Quand ma main passait sur la dentelle de sa culotte je la sentis frissonner de plaisir et ce constat ne fit qu'accentuer mes ardeurs. J'étais déjà au bord de l'implosion à cause de tous ces jours de privations forcées. Quand je sentis ses petites mains se poser sur mes fesses j'essayais de me concentrer pour ne pas brûler les étapes. Si elle mettait en doute ma capacité à la satisfaire plus qu'elle ne pouvait le faire elle-même, elle allait être servie.
Doucement, sans jamais interrompre ces baisers voluptueux que nous échangions, bercés par nos rires coquins, ma main voyageait sur son corps. De sa poitrine que je massais doucement, à son ventre plat que je couvrais de ma paume et qui lui donnait la chaire de poule. Quand je m'arrêtai à l'élastique de sa culotte, Bella gémissait d'impatience. Elle s'agrippait d'avantage à moi montrant son impatiente en me griffant les épaules et le dos, mordillant mon oreille. Moi je riais doucement.
-A quoi tu joues ? Souffla-t-elle.
-Tu n'as pas été sage.
-C'est moi qui n'ai pas été sage ?!
-Je vais te faire regretter ces paroles de tout à l'heure.
-Quoi ? Parce qu'il aurait fallu que je t'attende en plus ? Lançait-elle avec arrogance.
Pour toute réponse, je passais la main entre l'intérieur de sa cuisse et son sous-vêtement, retrouvant ainsi avec délectation sa peau fine et si sensible. Bella lâcha un gémissement insistant et je commençais à la caresser doucement sur l'endroit le plus sensible de sa féminité. Elle retombait en arrière sur l'oreiller, les yeux clos pour goûter le plus de sensations possibles.
-Alors, c'est pas mieux quand c'est moi qui m'en occupe. Chuchotai-je à son oreille.
-Je sais le faire aussi. Riait-elle en se pliant contre ma main.
Alors j'entrais doucement un doigt en elle, puis en autre, avant de commencer des va et vient réguliers sans jamais cesser ces petits cercles que je traçai sur son bouton de plaisir. Ses gémissements ne laissaient aucun doute sur le plaisir qu'elle en retirait, mais elle ne voulait toujours pas l'admettre.
-Et maintenant ? Soufflai-je, tremblant.
-J'ai connu mieux. Mentit-elle.
-Têtue avec ça ! Lançai-je
Alors je passais sous les draps pour placer ma tête entre ses cuisses et gouter au velouté de son excitation. Dès que ma langue la trouvait, Bella arqua le dos en gémissant. Ma langue la massait, la goûtait, aspirant doucement cette peau humide et fragile que je sentais frémir sous mes lèvres.
-Oh mon dieu... L'entendis-je déglutir, m'encourageant encore plus.
Je joignais mes doigts à ma parade et réglais mes gestes au rythme de sa respiration. Sa main agrippa mes cheveux sous le drap et Bella se courba encore plus pour m'inciter à aller plus loin, toujours plus loin. Je la savais proche de la fin. Je souriais entre ses cuisses, arrêtant tout mouvement.
-Qu'est-ce que tu fais ? Grogna-t-elle alors que je remontai à la surface.
-Alors ? Souris-je, l'air de rien.
-T'as gagné ! Soupira-t-elle vaincue.
-C'est un bon début. Minaudai-je. Quelle est ma récompense ?
Bella hésita avant de parler mais le feux que je lu alors dans ses yeux me laissa sans voix et d'un seul coup, je n'avais plus envie de jouer.
-Prend-moi maintenant. Souffla-t-elle en plaçant ses cuisses autour de mes hanches.
Alors je glissai sa culotte sur le côté, ne la lâchant pas des yeux, quand elle baissait mon caleçon. Nos deux sexes se touchèrent enfin et nous frémissions tous les deux. Je ne me fis pas prier plus longtemps et la pénétrais de toute ma longueur, nous arrachant le même gémissement. Tenant fermement ses fesses entre mes mains nous commencions à bouger ensemble dans le même but, se faire du bien. Jamais nous ne perdions le contact visuel et je pouvais admirer le plaisir grandir en elle, à l'instar du mien. J'oubliai tout, la fatigue, le stress, je ne voyais et ne ressentais que Bella et cette sensation d'aller et venir en elle, toujours aussi sublime.
A sa demande, j'accélérai le mouvement et instinctivement, je la relevai pour qu'elle se retrouve assise sur mes cuisses. C'était trop bon. Je soulevai ses hanches en rythme et Bella bougeait d'avant en arrière sur moi, les joues roses et les yeux noirs. Le bruit de nos peaux claquants l'une sur l'autre rythmait notre danse érotique et ses seins dansaient devant mes yeux. J'en attrapai un entre mes lèvres pour le lécher doucement.
-Edward … Maintenant. Réussit-elle à articuler.
Alors j'attrapai ses fesses et accélérai encore alors que sa voix s'élevait dans la pièce.
-Maintenant. Répéta-t-elle.
Je fermai les yeux et posai mon front sur sa poitrine. Bella donna un dernier coup de bassin sur moi et nous libéra tous les deux.
-Oui. Souffla-t-elle au creux de mon oreille alors que je me déversai par à-coups en elle. Oui... Oh oui.
-Bella… Gémis-je en me calmant doucement contre son épaule, entouré dans l'étau protecteur de ses bras.
Nous ne bougions plus jusqu'à ce que nos respirations se calment. Dehors les premières lueurs du jours apparaissaient.
***
Au petit matin, c'est à dire à peu près deux heures après que nous nous soyons endormis, je recevais un message de John me demandant de l'aider à venir nettoyer le bar encore une heure ou deux malgré le fait que cela soit mon jour de congés. Bella finissait les cours à 18h00 aujourd'hui et j'avais largement le temps d'aller aider John et de revenir ici pour préparer notre petite soirée « révélations ».
Penché au dessus d'elle, j'observai son ventre se soulever et se rabaisser régulièrement. Les yeux clos, le visage détendu, les cheveux en éventail sur l'oreiller et la main près du visage, Bella ne pouvait être plus belle. Quand doucement je déposai un baiser sur ses lèvres, elle se réveillait quelque peu.
-Désolé je ne voulais pas te réveiller.
-Ça devient une habitude. Soufflait-elle avec un petit sourire sans pour autant ouvrir les yeux.
-Je dois aller faire un tour rapide au boulot. Chuchotai-je.
-Quoi encore?! Grimaçait-elle avant que je ne l'embrasse pour la faire taire.
-Juste une ou deux heures. Je serais revenu bien avant toi.
-Tu peux me dire quand est-ce que tu vas en cours avec ton travail de fou?
-Bella, il est encore trop tôt dans la journée pour parler de tout ça.
-Ce genre de réponse t'arrange beaucoup en ce moment.
Je l'embrassai à nouveau, mais cette parade fonctionnait de moins en moins.
-Hey, dors d'accord… Je te promet que ce soir tu comprendras tout.
-Qu'est-ce que tu me caches?
-Même endormie tu es curieuse.
-C'est toi qui fait tout pour que je le sois. Je ne suis pas stupide. Dit-elle en me regardant enfin.
-J'ai jamais dis ça.
-Ce soir hum... Soufflait-elle.
-Ce soir. Répétais-je.
-Aller sauve-toi. Lançait-elle en roulant sur le côté. J'ai encore une petite demie heure de sommeil devant moi.
Je l'embrassai sur la tempe en réajustant les couvertures sur elle et prenais mon sac pour partir. Au passage je croisai Jasper à peine réveillé qui me faisait un vague signe de main et je décollai pour une journée qui s'annonçait déjà chargée.
***
Une heure plus tard j'arrivai au bar après un rapide détour chez le bijoutier. Je saluai le vigile à l'entrée et passai immédiatement derrière le comptoir où John faisait les comptes.
-Une urgence?
-J'ai besoin de toi pour tenir la boutique quelques heures pendant que je vais chez le comptable. Le carreau du premier étage a été cassé hier soir et le lave-vaisselle fuit. Occupe-t-en.
-Et avec quelles compétences au juste?
-Improvise l'artiste ! Me sourit-il en me donnant une tape dans le dos.
-Sympa merci.
John ne relevait pas le sarcasme dans ma voix.
-Au fait, Taylor doit passer prendre son chèque, il est dans la caisse.
-D'accord.
Il partait et je restais seul avec Erica qui passait le balai
-Et moi qui croyais qu'on avait tout fini hier soir. Soupirais-je.
-Les yeux de la nuit ne voient pas la même chose le jour. Me répondait-elle simplement.
-Comment tu tiens le rythme? J'ai à peine dormi cette nuit.
-La caféine mon grand, la caféine !
-Viens voir une minute. Lui lançais-je en sortant un petit écrin de mon sac. Tu crois que ça va lui plaire?
Erica arrêtait un instant de travailler pour venir admirer cette petite chaine en or sur laquelle reposait un minuscule solitaire.
-Il est magnifique. Me sourit-elle.
-Et minuscule...
-Recommence pas ! Elle va adorer j'en suis certaine. Tu vas lui donner quand?
-Ce soir. Souris-je en reprenant le bijoux.
-Alors occupe-toi vite de ce lave-vaisselle pour être sur de pouvoir t'échapper avant le retour de John.
-C'est une idée, cela-dit je ne sais vraiment pas comment on répare ça.
-Une rustine, un nouveau tuyau et le tour est joué ! Tu as tout dans la réserve.
-Comment tu sais tout ça toi?
-J'ai un mari qui, comme toi, « ne sais vraiment pas comment on répare ça » alors système D !
Elle me souriait avant de reprendre le travail et j'allai en réserve pour commencer le mien.
***
BELLA POV
J'allais partir en cours quand on frappait à la porte. En regardant l'heure j'hésitai à ouvrir avant que je ne me souvienne qu'il n'y avait qu'une seule porte de sortie ici et qu'obligatoirement j'allais devoir ouvrir la porte pour partir. Dépitée, j'enfilai rapidement mes chaussures et allai ouvrir.
Nez à nez avec mon visiteur, je restai sans voix. Elle aussi d'ailleurs. Pourquoi les choses devaient-elles toujours être si compliquées? Et pourquoi Diable ce genre de situations embarrassantes devaient-elles se produire à chaque fois quand on est pressée !?
-Julia ! Lançais-je en essayant de ne pas laisser transparaitre mon malaise.
-Bella ! Lançait-elle sur le même ton.
Puis un silence s'en suivait.
-Bien, au moins on connait nos prénoms. Fis-je remarquer en baissant les yeux, gênée.
-On est ridicules.
-Je trouve aussi. Souris-je en la regardant à nouveau.
-Edward est là?
-Non mais il ne devrait pas tarder.
-C'est pas grave, je venais juste lui apporter …
-Ses cours? La coupais-je, comme une évidence.
-Ses quoi? Répétait-elle surprise.
-Tu lui prends bien ses cours depuis deux semaines non?
-Heu… Balbutia Julia comme si elle cherchait ses mots. Je viens juste lui rapporter un livre d'éco qu'il avait oublié chez moi.
-D'accord. Dis-je simplement en prenant le livre.
-Donc il a reprit les cours?
-Reprit ? Répétais-je surprise.
Julia changeait immédiatement de visage.
-Oh … Oublie ça, j'ai dû mal comprendre. Je te laisse …
Alors qu'elle s'éloignait, j'avançai dans le couloir.
-Julia ! L'appelais-je.
Elle stoppait ses pas et se retournait lentement vers moi.
-Qu'est-ce qui se passe?
Julia soupirait, baissait les yeux un instant et revenait vers moi.
-Je suis pas censée t'en parler.
-Maintenant c'est un peu tard. Répondis-je un peu sèchement.
-Tu n'as pas cours?
-Ça attendra. Dis-moi ce que tu sais et que j'ignore. C'est Edward qui t'a dit de ne rien me dire?
-Et si on entrait? Demandait-elle gentiment.
Alors je me poussai de l'entrée et la laissai gagner le salon. Julia prenait place sur le canapé quand moi je restai debout, les bras croisés, figée devant elle.
-C'est pas aussi grave que ce que tu as l'air d'imaginer. Tenta-t-elle pour me rassurer.
-Ça je te le dirai quand tu m'auras tout raconté.
-Je pense qu'il veut le faire lui-même Bella. Ajoutait-elle doucement
-Maintenant ça ne dépend plus de lui. Répondis-je, plus sévèrement.
Julia hésitait encore quelques seconde mais devant ma détermination, elle capitulait:
-Tu te souviens la dernière fois où l'on s'est croisée toi et moi?
Comment oublier ce jour? J'espérais simplement qu'à la fin de cette histoire, je n'allais pas le regretter.
-Oui.
-Si j'étais venu voir Edward c'était parce que je venais d'apprendre qu'il n'avait pas eu une assez bonne note en économie pour passer ce semestre.
-Comment tu l'as su?
-Oh c'est vrai, soupira-t-elle, je pense que c'était encore à l'époque où vous étiez en froid tous les deux. Je l'avais aidé à réviser.
-Tu es au courant de tous les détails de ma relation avec lui ou quoi? Lançais-je un peu sèchement.
-Non, Bella, je t'assure que non mais il était mal à l'époque et il m'en a vaguement parlé c'est tout. Se justifiait-elle.
-Vaguement. Répétais-je en me passant la main dans les cheveux, en essayant de me détendre un peu. Continue.
-Donc il a eu un « B » au lieu du « A » qui lui avait été demandé.
-Il est recalé en économie, c'est ça son grand secret? Il prend des cours du soir ou quoi?
-Pas vraiment … Ajoutait-elle confuse.
-Alors quoi? Demandais-je, impatiente.
-Bella, c'est pas à moi de t'expliquer tout ça. Tu devrais parler avec Edward.
Julia se levait et ramassait son sac.
-C'était il y a trois semaines Julia, il a eu largement le temps de m'en parler je pense.
-Il ne voulait certainement pas t'inquiéter.
-Trop tard. Dis-le moi s'il-te-plait.
A mis chemin entre le salon et la porte, Julia me faisait face.
-Il a arrêté la fac.
-Quoi?! M'exclamai-je sans y croire.
-Pour lui ça ne valait plus le coup de continuer.
Je restai bouche bée.
-Il bosse dans ce bar sur les quais, le « Can-Can ».
-Parce qu'en plus il a un nouveau travail?!
-C'est tout ce que je sais.
Je ne savais vraiment plus quoi penser et cela devait se voir sur mon visage.
-Bella, va le voir. Me conseillait-elle avant de partir. Je suis sûre qu'il a une bonne raison de ne t'avoir rien dit.
Ensuite Julia quittait l'appartement et, après la stupeur passée, je faisais la même chose. Il fallait que je constate la vérité par moi-même.
***
EDWARD POV
J'avais quasiment fini, ce maudit lave-vaisselle ne fuyait plus (merci au mètre de ruban adhésif que j'avais entouré autour du tuyau), le carreau avait été remplacé à l'étage, il ne me restait plus qu'à finir de remplir le bar et j'allais pouvoir jouir de mon jour de repos.
Taylor poussait la porte, perchée sur ces bottes à talon-aiguilles, amenant dans ses pas l'air frais matinal. Elle saluait Erica avant de venir jusqu'au bar.
-John t'as laissé une enveloppe pour moi?
-Oui, attends une seconde.
J'ouvrai le tiroir-caisse pour lui tendre son enveloppe.
-Merci. Oh et tu pourras rendre ses clés à Jimmy?
-Laisse-les derrières le bar. Je lui laisserai un mot.
-Tu ne travailles pas ce soir? Me demandait-elle.
-Et non. Souris-je.
-Il a un rendez-vous galant. Lançait Erica.
-Bah j'espère que toi au moins tu ne glisses pas ton trousseau de clé dans le sac de cette pauvre fille en espérant qu'elle s'en servirait pour passer la nuit chez toi ! Lançait Taylor, dépitée.
-Non sérieusement, Jimmy? L'interrogeai-je en grimaçant.
-Qui d'autre? Me lançait la jeune chanteuse.
Au bout d'une seconde à se dévisager, nous partions tous les deux en éclats de rire, si bien que je n'entendis pas la porte du bar s'ouvrir.
-Je peux vous aider? Demandait poliment Erica.
-Non.
En entendant cette voix j'arrêtai immédiatement de rire.
[50/ Red-Pieces]
NB : Impossible de la faire fonctionner sur la playlist pour des pbl de copyright,je vous conseil d'aller l'écouter sur Deezer.
-Non, c'est bon merci. J'ai vu tout ce que je devais voir. Crachait Bella en me dévisageant.
-Bella … Soufflai-je, la gorge serrée.
Mais elle tournait déjà les talons et sortait dans la rue.
-Bella !
Je sautai par dessus le comptoir et m'élançai à la poursuite. Elle marchait vite et droit devant elle, mais je n'eus aucun mal à la rattraper. Je l'attrapai par le bras pour la forcer à s'arrêter, mais Bella se dégageait vivement.
-Lâche-moi ! Hurla-t-elle furieuse.
Je levais les mains pour lui montrer que je n'allais pas essayer de la retenir mais quand je lus toute cette rage dans ses yeux, aucun mot ne me vint.
-Julia est passée ! Commença-t-elle rageuse. Elle te ramenait ton livre d'économie. Livre dont bien sûr tu n'as plus besoin parce que tu ne vas plus en cours depuis trois semaines !
-Elle n'aurait pas dû te le dire. Répondis-je calmement.
-Oh pardon ! Monsieur aurait préféré continuer à me mentir peut-être?!
-J'allais te le dire ! Me défendis-je avec un ton plus soutenu cette fois.
-Quand?!
-Ce soir figure-toi!
-Comment je peux savoir que tu ne me mens pas encore une fois?
-Tu ne peux pas. Tu dois simplement me faire confiance. Répondis-je calmement.
-Oh non, je pense que le moment est vraiment très mal choisi pour me parler de confiance Edward. TRES MAL CHOISI !
-Calme-toi et laisse-moi t'expliquer !
-J'allais te laisser t'expliquer Edward, je te jure. Mais quand je suis entrée dans ce bar, alors que je m'attendais à te voir faire un travail misérable et dur, tu riais avec cette pouffe blonde en bas-résille ! Hurlait Bella, hors d'elle.
-Oh je t'en prie ! Ça n'a rien à voir !
-Pourquoi me le cacher dans ce cas si ne n'est pour les pouffiasses qui bossent là-dedans !?
-ça n'a rien à voir avec ça ! Répliquai-je en sentant également la colère monter en moi.
-Alors quoi?!
-Si je ne t'ai rien dit jusqu'ici c'est que je ne voulais pas que ton regard change sur moi !!
Les voitures et les passants défilaient autour de nous mais c'était comme si nous ne les voyons plus.
-Quoi? Répétait-elle surprise, sans pour autant perdre de sa hargne.
-Tu es tellement accrochée à cet avenir que tu défends bec et ongles avec tes deux licences que j'avais peur que tu me prennes pour un looser.
-Mais excuse-moi de vouloir m'assurer un avenir pendant que tu détruis le tiens !
-Tu vois ! Qui t'as dis que je le détruisais?! Et puis sait-tu seulement ce que tu veux Bella? Un jour tu vas vouloir faire une grande carrière et le lendemain tu serais prête à tout plaquer pour partir à l'autre bout du monde !
-Mais de quoi tu parles?! Quand est-ce que je t'ai laissé penser ça?! Ça fait plaisir de savoir ce que tu penses de moi merci !
-J'ai parlé à Jacob !
-Quoi? Mais qu'est-ce que Jake a à voir là dedans !?
-Je lui ai parlé dans l'ascenseur quand on y est resté bloqué à Port Angeles ! Il m'a dit que tu voulais partir.
-Si tu continues à me mentir c'est sur que ça serait la solution !
-Mais je ne t'ai pas mentis ! Je cherchais juste un moyen de te le dire sans que tu me juges !
-Je ne t'ai jamais jugé contrairement à ce que tu fais en ce moment !
-Ah oui? Et tu resterais avec moi si je te disais que je n'ai aucun plan, un travail précaire et que ça me convenait très bien?!
Bella ne répondit pas tout de suite. Son regard se baladait à droite, puis à gauche ou encore sur ses pieds, mais quand elle me voyait à nouveau, je savais que quelque chose avait changé. Elle était calme. Calme mais … Blessée. Ce spectacle me tordit l'estomac. J'en perdais ma colère, j'en perdais l'envie de respirer.
-Si tu penses ça c'est que tu ne comprends rien à ce que je peux ressentir pour toi. Finit-elle la gorge serrée.
-Comment je le saurais? Tu refuses de me le dire. Lui répondis-je sombrement.
Ma réponse sembla la blesser d'avantage et déjà je m'en voulais d'avoir dit la vérité.
-Et maintenant on sait pourquoi... Crachait-elle.
Après ça, Bella partait. Lentement, ses jambes la portant à peine et moi, je ne faisais rien pour l'en empêcher. J'aurai voulu faire quelque chose, mais quoi? J'avais l'impression d'être dans une impasse. Je reculai en la regardant s'éloigner dans la direction opposée et tout ce que je pouvais faire c'était m'éloigner d'elle à mon tour.
***
BELLA POV
Je marchai sans savoir où aller. Je n'avais envie d'aller nulle part. Tous les endroits que je fréquentais ces derniers temps me rappelaient Edward et les moments que j'avais passé avec lui. Je ne pleurai même pas alors que je savais que cela m'aurait sûrement soulagé mais j'étais trop épuisée pour ne serait-ce que me laisser aller à quelque émotion que se soit.
Cette image qu'il avait de moi après tous les moments que nous avions vécu me faisait mal. Étais-je cette fille butée et sans cœur qui serait prête à le laisser tomber alors que par le passé, le seul qui était parti c'était lui. Me reprocher ensuite d'avoir du mal à poser les bons mots sur ce qu'il me faisait ressentir était injuste, même pire, c'était hypocrite. Si j'avais du mal à dire ces mots c'était que, contrairement à lui, j'avais passé des années à les combattre et cela ne faisait que quelques semaines que je les acceptais à nouveau. Je me faisais l'effet d'un yoyo humain.
Jusqu'ici j'avais toujours cru qu'Edward me comprenait mais au contraire, il avait tout compris de travers. Aujourd'hui c'était lui la personne qui n'avait pas confiance en elle et qui avait peur de l'abandon. Je commençais à comprendre que dans une relation aussi intense que celle que je partageais depuis des années avec Edward, on ne fait que vivre dans la peur. La peur que l'autre nous repousse et ne nous accepte pas tel que l'on est.
C'est pour cela que l'on se croit dans l'obligation de changer et de s'adapter, de cacher certaines choses trop personnelles ou trop futiles de peur que le regard que porte l'autre sur nous n'en soit terni. Parce qu'au final, que l'on soit superficielle ou que la beauté intérieure nous attire, ce regard, celui de l'être aimé, ce jugement tant redouté compte plus que tout au monde.
Mais alors que je continuais ma route à travers les rues de Seattle que le ciel maintenant couvert commençait à s'obscurcir, je me demandai si cela excusait le mensonge ? Protéger cette vision idyllique d'une personne des travers humains pas toujours très purs, peut-il tout excuser? Et au quel cas, cette sensation de trahison serait-elle humaine ou trop excessive? Au final je me demandai simplement comment pouvions nous en tant qu'être humain, construire une relation honnête avec quelqu'un quand nous ne connaissions pas nous même?
Qui dans ce monde, scientifiques, politiciens, psychologues ou simples citoyens lambda peut se venter de comprendre avec exactitude la nature humaine? Et sur ces bases, la confiance n'était-elle pas illusoire?
***
EDWARD POV
En début d'après-midi je poussai le petit portillon en fer forgé qui délimitait la rue de la maison de mon frère et m'avançai lentement dans l'allée pour rejoindre la porte. Zooka qui dormait dans le raie de jardin venait à ma rencontre, frétillant et heureux de me voir. Machinalement je lui caressai la tête et le chien me suivait jusqu'à l'entrée.
Je frappai quelques coups discrets à la porte qui s'ouvrit sur ma sœur quelques secondes plus tard. Les mains enfoncées dans les poches de mon blouson, je ne disais rien et en découvrant l'expression de mon visage, Alice se doutait immédiatement de quelque chose.
-Tu es seule?
-Emmett et Rosalie sont au travail et Jazz' est en cours. Répondait-elle simplement.
-Ça te dit une petite balade?
-Je prend mon manteau.
Alice laissait la porte ouverte en partant récupérer ses affaires et j'attrapai la laisse du chien dans l'entrée. Zooka s'asseyait en essayant d'être sage mais sa queue bougeant frénétiquement et les petits couinements qui émanaient de lui, trahissaient son excitation. Me baissant à son niveau, j'accrochai la laisse à son collier et entourai la longe autour de ma main. Ma sœur revenait, elle refermait la porte en silence et nous partions.
Pendant quelques mètres nous ne parlions pas, notre allure était rythmée par les arrêts fréquents du chien qui reniflait tout ce qui lui passait sous la truffe. On pouvait sentir le printemps arriver. Les plantes et les arbres bourgeonnaient, les feuilles qui il y a encore une semaine jonchaient les trottoirs avaient quasiment disparues et les oiseaux commençaient à chanter à nouveau.
Mais ce silence paisible ne fut que de courte durée et je remerciai Alice d'engager la conversation qui allait suivre.
-Alors, commença-t-elle en regardant le paysage résidentiel autour de nous, tu vas te décider à m'expliquer ce qui ne va pas?
-Bella et moi nous nous sommes disputés.
-Ça je m'en serai douté. Qui a engagé les hostilités?
-Moi je suppose.
-Qu'est-ce qui s'est passé?
-J'ai déconné.
-C'est rattrapable?
-Ça j'en suis pas sûr.
-Tu l'as trompée? Demandait Alice l'air de rien.
-Quoi? Non ! Me défendis-je, horrifié par cette idée.
-Donc c'est rattrapable. En déduisait-elle.
-J'en suis pas certain. Soupirais-je en surveillant Zooka du coin de l'œil.
-Si tu commençais par m'expliquer la situation. Me souriait ma sœur.
J'hésitai. Par où commencer?
-Je ne peux pas te conseiller dans le cas contraire.
-Tout a commencé il y a trois semaines.
-C'est pas à peu près à cette période que toi et Bella vous vous êtes mis ensemble? Fit remarqué Alice.
-Si.
-Hum… Continu.
-J'ai été recalé à mon examen d'économie.
-Oh, souffla-t-elle déçue, tu avais pourtant travaillé dur pour l'avoir.
-Pas assez apparemment. Soupirais-je. Dans tous les cas, cette note a scellé mon année.
-Je vois …
-Donc au lieu de continuer à bosser dans le vent, j'ai tout arrêté.
Alice s'arrêtait net pour me faire face.
-T'as arrêté les cours?!
-J'ai jamais eu les moyens de jeter l'argent par les fenêtres.
-Mais si c'était un problème financier, tu aurais dû me demander, à moi ou même aux parents!
-Tu sais que je n'aime pas faire ça.
-Mais il y a quand même des cas d'urgence. C'est de ton avenir que l'on parle Edward?!
-Mais vous raisonnez tous de la même manière ! M'emportai-je en m'éloignant machinalement de quelques pas. Parce que je ne vais plus à la fac, je n'ai forcément plus d'avenir. C'est pour ça que je n'ai rien dit à personne, parce que vous ne voyez pas plus loin que les conventions que cette vie étriquée vous impose !
Ma réaction ne désarçonna pas Alice pour autant, mais par la suite elle parlait plus calmement ce qui eu le don de me calmer à mon tour.
-Ne viens pas me parler à moi de conventions petit-frère. Rappelles-toi que je me suis enfuie de mon précèdent emploi.
-Ce que je veux dire, commençais-je en me rapprochant d'elle, c'est que personne ne s'est jamais demandé si cette vie me convenait. Pour la première fois de ma vie Alice, je pense être en accord avec un choix que j'ai fait.
-A ne pas rentrer dans le moule tu finiras en marginal.
-C'est un risque à prendre pour n'avoir aucun regret.
-Mais c'est aussi pour ce genre de chose que je t'admire Edward. La question est : quelle est la prochaine étape?
-J'en sais rien encore, mais je trouverai.
Après ça nous reprenions notre balade.
-Donc Bella n'était pas au courant avant aujourd'hui?
-Non, ni ça ni le fait que j'ai changé de boulot.
Ma sœur digérait l'information sans pour autant m'interrompre.
-Je travail le soir dans un bar sur les quais.
-Il n'y a jamais eu d'inventaire hum? En déduisait-elle.
Je faisais non de la tête.
-Pourquoi tu ne lui a pas dit avant?
-Je voulais le faire mais plus j'attendais, plus je m'enfonçais dans mes excuses vaseuses et plus ça devenait difficile de tout avouer.
-Tu devais savoir qu'un jour ça allait t'exploser au visage.
-Le pire dans tout ça, lançais-je dans un rire amère, c'est que j'avais prévu de tout lui avouer ce soir au dîner.
-Le karma mon cher, le karma.
-Ce putain de karma. Crachais-je entre mes dents en shootant dans un caillou qui allait cogner contre un tronc d'arbre.
Immédiatement alerté par le bruit de cette petite chute, Zooka allait farfouiller dans les hautes herbes et le chiendent.
-Comment elle a réagi ?
-Mal, elle est arrivée ce matin au club et elle est partit sans un mot. Je l'ai rattrapée mais elle était trop en colère pour m'écouter et moi je me sentais trop mal pour être rationnel.
-C'est le propre de toute dispute.
-Ensuite elle est partie et je ne l'ai laissé faire.
-Tu as bien fait. Je pense qu'elle a besoin d'un peu de temps pour digérer tout ça.
-J'aurai dû la retenir.
-Je ne pense pas.
-Et si elle partait Alice? Si elle retournait à Forks? Je ne pourrai pas me le pardonner.
-Ça serait un peu excessif comme réaction.
-Ça ne serait pas la première fois.
-Elle avait 15 ans Edward, et toi t'étais un crétin. De l'eau est passée sous les ponts depuis ! Il va bien falloir un jour, aussi bien toi que Bella, vous laissiez tout ça de côté !
-Qu'est-ce que je dois faire Alice? Je ne sais même pas où elle est.
Ma sœur me faisait face et m'agrippait par les épaules.
-Tu vas faire comme si ce petit incident ne c'était pas passé.
-Comment ?
-Tu vas aller faire les courses comme prévu, rentrer chez toi et tout préparer comme prévu et moi je vais essayé de lui téléphoner.
-Son téléphone est éteint.
-Peut-être pas pour moi. Me sourit-elle.
Je méditai un instant cette distinction.
-Merci Alice.
-Hum… C'est normal ! Lançait-elle en me prenant par le bras quand nous retournions vers la maison. Il faut bien que quelqu'un veille sur toi et tes virages vitaux drastiques !
-« Virages vitaux drastiques », répétais-je en souriant, original !
-Oui je trouve aussi ! Riait-elle.
***
La porte de mon appartement s'ouvrait devant moi et je reprenais mes clés dans la serrure avant d'entrer, les bras chargés d'un gros sac en papier rempli de nourriture. Tout en m'enfermant à l'intérieur, je retirai mes chaussures avec mes pieds.
J'allai poser les courses dans la cuisine mais m'arrêtai en plein milieu du salon. Un moment j'arrêtai de respirer et même si je n'avais pas besoin de vérifier de mes yeux la force qui m'avait poussé à m'arrêter, je n'osai y croire. Lentement je posai mon sac de courses sur le comptoir de la cuisine et faisais volte-face vers le canapé.
[51/ Colorblind – Counting Crows]
Bella était là, assise le dos vouté, les mains croisées sur les genoux et les yeux braqués sur moi. Je ne su pas quelle réaction adopter : le soulagement ou l'appréhension? Alors j'enfonçai mes mains dans mon jean et m'adossai au comptoir pour la dévisager aussi.
Un silence pesant remplissait l'appartement où l'air commençait à manquer. Chacun attendait que l'autre fasse le premier pas et même si je savais que je devais le faire, je ne savais pas comment m'y prendre ni quel serait la réaction de Bella par la suite. Mais quand la suffocation pénible de l'attente commençait à me monter au cerveau, j'avançais vers elle.
D'abord un pas, puis un autre, Bella suivant avec précision mon déplacement. Encore un pas pour que je me retrouve finalement à la surplomber, elle levant timidement ses grands yeux chocolats jusqu'aux mien. Là j'attendais. Une réaction, peut-être violente ? Mais encore une fois rien ne vint et ce silence continuait à me rendre fou. Alors lentement je me baissai, me retrouvant à genoux devant elle. Mes mains vinrent se poser sur ses genoux et cette image, ce geste, cette sensation de chaleur sous ma paume, je la gardai en moi. Parfois les choses les plus insignifiantes restent gravées en nous sans que l'on sache vraiment pourquoi.
Quand je revenais à elle le regard suppliant, Bella passait sa main derrière ma nuque. Sa main était gelée mais ce n'est pas ce qui me frappait le plus. Elle venait de faire le deuxième pas. Doucement je me laissais guider par sa main dans ma nuque et vint poser ma tête sur ses genoux en respirant profondément. Bella posa ses deux mains dans mes cheveux qu'elle embrassait ensuite.
Nous ne parlions toujours pas mais cette fois, et même si des questions restaient en suspends, ça n'était plus aussi douloureux.
-Qu'est-ce qu'on fait maintenant? Chuchotai-je.
-J'en sais rien. Répondait-elle de ma même façon.
Alors je prenais ses mains dans les miennes et la regardai à nouveau.
-J'ai peur. Avouai-je.
Bella ne répondait rien.
-J'ai peur que tu t'en ailles. Continuai-je.
-Il faut que tu me fasses confiance. Finissait-elle par dire, la voix étouffée.
-Il faut que tu me fasses confiance. Dis-je à mon tour.
-Pourquoi c'est si difficile?
-Parce qu'on a peur tous les deux.
-Ça finira par nous détruire.
-Je suis du même avis. Répondis-je sérieusement, en serrant d'avantage ses mains.
Un silence s'en suivait avant que Bella ne reprenne la parole.
-Jamais je ne te prendrai pour un looser mais il faut que tu arrêtes de vouloir à tout prix me protéger de ce que tu es.
-Tu sais qui je suis.
-Vraiment? Alors pourquoi me cacher des choses aussi importantes?
-Je ne voulais pas que ton regard sur moi ne change.
-Est-ce que j'ai l'air de te regarder différemment maintenant?
Alors je l'observai attentivement.
-Non.
-J'étais en colère tout à l'heure.
-Je sais. Soufflais-je en me rapprochant d'avantage de son visage.
-J'étais en colère parce que pour moi, si tu m'avais rien dit c'était parce que je n'étais pas assez importante à tes yeux pour que tu veuilles partager ça avec moi.
-Bella, tu sais à quel point tu comptes pour moi.
-J'en ai douté, justement à cause de ça.
-Ça n'était pas ce que je voulais.
-Je sais. Soupira-t-elle. Mais ça n'était pas non plus la bonne solution.
A genoux, j'entrai dans l'étau serré de ses jambes pour me sentir toujours plus proche d'elle et évacuer cette peur qui m'avait tiraillé toute la journée.
-Mais … Commençait-elle timidement.
-Mais quoi? Chuchotai-je près de ses lèvres, ma main glissant sur sa joue.
-Mais je sais maintenant que tu doutes toi aussi.
Sans trop en comprendre la raison, ma gorge se nouait. Je passai la main dans ses cheveux, fébrile, le front contre le sien, fermant les yeux. Je fermai les yeux en essayant de garder le contrôle de moi-même. Mais il aurait été facile de se laisser emporter par l'émotion. Bella quant à elle semblait imperturbable. Puis elle continuait.
-Tu doutes d'une chose dont tu ne devrais pas douter et ça, c'est de ma faute.
-Bella… Commençais-je à bout de force.
-Edward je…
-Ne te sens pas obligé de me le dire...
Mais encore une fois elle me coupait.
-Je t'aime. Souffla-t-elle lentement.
Puis mon cœur s'arrêtait. Je ne su pas dire si j'étais soulagé, heureux ou tout simplement délivré. C'était un peu tout ça à la fois je pense. Je ramenai ses lèvres contre les miennes et l'embrassai enfin, insufflant toute ma peur et cette délivrance dans ce baiser qu'elle me rendait avec la même ferveur.
Nous nous levions ensemble sans interrompre notre baiser et ses jambes flanchaient. Aussi je passais un bras autour d'elle pour la soutenir. Tout son corps tremblait comme si elle était épuisée aussi bien physiquement que mentalement et à vrai dire, j'étais dans le même état. Nos langues s'entrelaçaient, nos mains parcouraient inlassablement le corps de l'autre comme s'il pouvait s'échapper à tout moment.
Aujourd'hui j'avais l'impression d'avoir évité le pire. Comme si quelqu'un là haut avait volontairement tiré un peu trop fort sur la corde de mon destin pour me voir flancher un peu avant de me remettre sur le droit chemin. Quelle que soit cette entité, en admettant qu'elle existait vraiment, je remerciai sa clémence. La récompense pour avoir passé ce test ne pouvait être plus agréable.
Je soulevai le petit corps de Bella qui s'entourait autour de moi et un instant je la regardais, ses cheveux retombant autour de son visage. Elle me regardait également comme si elle découvrait mon visage pour la première fois et j'éprouvai alors une étrange sensation de peine. Celle qui venait du fait que je savais maintenant que j'avais joué avec le feux toutes ces semaines et que j'aurai pu perdre la chose la plus importante de ma vie dans l'affaire. Aussi pour chasser cette éventualité de mon esprit, je passai ma main dans ses cheveux et capturai de nouveau sa bouche.
Je nous portai ensuite jusqu'à ma chambre …
***
Quand nous refaisions surface, il faisait déjà nuit. Bella se dirigeait immédiatement vers le frigo, ma chemise sur le dos et je me contentai de suivre ses mouvements avec un sourire béat sur le visage.
-Hum, ça avait l'air bon ce que tu avais prévu à dîner. Lançait-elle en sortant deux bières du réfrigérateur pour m'en tendre une.
-Je peux toujours cuisiner.
Elle avalait une rapide gorgée avant de grimacer.
-Maintenant?
-Pourquoi pas?
-Il est un peu 23h30. Sourit-elle en venant se blottir dans mes bras.
Je l'accueillais sans peine.
-En plus je crois qu'Alice et Jazz' sont passés par là avant nous. Ajoutait Bella.
-Quoi?!
-Tous les paquets sont ouverts.
-Sérieusement? Notre petit dîner romantique est devenu le leur?! Lançai-je déçu.
-Oui mais …
Bella se hissait alors sur la pointe des pieds pour capter à nouveau mon regard.
-Nous on a fait autre chose de plus romantique encore... Soufflait-elle sur mes lèvres.
-Y'a des fois où c'était pas très romantique quand même. Fis-je remarquer avec un sourire mesquin. Tu te rappelles quand je t'ai…
-Tais-toi un peu ! Riait-elle en plaquant sa main sur ma bouche avant de m'embrasser.
Après ce baiser, je la berçai contre moi et Bella se laissait aller sans mal dans mes bras quand ma guitare, posée au coin du salon, m'interpellait. Je reculai doucement et saisissais son visage.
-J'aimerai te faire écouter quelque chose.
-Quoi?
-Va t'habiller.
-On sort?
-L'acoustique sera meilleure. Souris-je. Fais moi confiance.
D'abord méfiante, Bella finissait par accepter sans poser plus de question. En l'attendant j'allais récupérer ma guitare que je posai sur mon épaule. Cette sensation me fit plaisir, je n'avais plus joué depuis trop longtemps.
***
Vingt minutes plus tard, nous arrivions à Spadina et Bella fut surprise que j'ai insisté pour la faire venir ici à une heure si tardive. Sans un mot, je la prenais par la main en souriant pour la rassurer. Nous arrivons à mon endroit préféré du quai, celui où il y a encore pas si longtemps, je venais seul pour me protéger des tumultes de la vie. Aujourd'hui je n'étais plus seul, aujourd'hui nous étions deux.
Assis par terre, Bella à mes côtés, je sortais mon instrument.
-Tu vas te décider à me dire ce que l'on est venu faire ici ? Demandait-elle amusée par autant de mystère.
-J'aime Spadina.
-Ça je sais. Mais pourquoi maintenant ?
J'accordai patiemment ma guitare avant de lui répondre, tout aussi évasif.
-Il y a quelques semaines, j'ai écris un morceau et j'ai réalisé que je n'ai jamais eu l'occasion de te le faire écouter.
Levant les yeux de l'instrument, je la regardai avant de continuer :
-Pourtant tu es la première concernée.
-Pourquoi cet honneur ?
-Parce que je l'ai écrit en pensant à toi. Répondis-je simplement.
Elle haussait les sourcils.
-T'es sérieux ?
-J'ai l'air de plaisanter ?
Bella ne disait plus rien, fixant intensément la guitare dans mes mains.
-Tu trouves ça bizarre? Demandai-je anxieux.
-Non, rassure-toi c'est … Adorable.
-Mais ?
-C'est juste que personne ne m'avait jamais écrit de chanson avant.
-Ne t'emballe pas, ce n'est qu'une mélodie. Souris-je. Je ne chante pas de belle poésie.
-Et je t'en remercie. Riait-elle. La poésie, très peu pour moi.
-Pourquoi ? Tu m'aimerai pas que je te dise : « Pâle étoile du soir, messagère lointaine, Dont le front sort brillant des voiles du couchant, De ton palais d'azur, au sein du firmament, Que regardes-tu dans la plaine ? »
-Berk, Musset… Tu connais ce poème ? Lançait Bella en grimaçant.
-Hey, j'ai pas arrêté les cours depuis si longtemps que ça quand même! M'indignai-je.
Malgré tout, elle restait sceptique.
-Bon ok, je connais que le premier couplet ! Avouai-je en lui donnant un léger coup de coude dans la tête pour éloigner son regard moqueur de moi.
Bella partait en éclat de rire.
-Si tu continues tu ne l'entendras pas cette chanson mademoiselle !
Mais cette menace ne sembla pas la perturber plus que ça.
-Bon ok tu l'auras voulu !
Je faisais mine de ranger ma guitare dans son étui.
-D'accord ! D'accord ! Pardonne-moi, je ne rirais plus promis ! Lançait-elle en arrêtant mon geste.
Elle embrassait délicatement ma joue comme une petite fille qui aurait voulu se faire pardonner.
-Joues-la moi.
Vaincu et surtout, n'ayant jamais eu de réelle intention de ne pas lui faire entendre la mélodie, je commençais à jouer.
[36. Don C Holloway – Bella's lullaby Cover]
Même si je ne l'avais joué qu'une seule nuit, la mélodie me revint sans difficulté et j'entamais lentement cette progression crescendo qui m'avait temps torturée il y a presque un mois maintenant.
Pendant toute la mélodie je n'osais la regarder de peur que son visage n'exprime pas l'émotion qui était la mienne. Car moi, j'étais toujours en extase devant ces notes, tout comme je l'étais devant Bella. Il n'y avait rien de plus stressant que de sentir son regard posé sur moi pendant que je jouais. Surtout cette mélodie.
Pour moi elle décrivait tout l'amour que je portais à Bella. Elle le sublimait même. C'était grâce à cette mélodie que j'avais compris que je ne pouvais plus imaginer ma vie sans Bella.
Finalement en attaquant le dernier couplet, j'osais détourner les yeux de mes cordes pour la regarder. Ses yeux étaient brillants et elle ne bougeait plus, elle ne respirait presque plus, comme pour ne pas gâcher le son provenant de mon instrument.
Quand je faisais glisser mes doigts de la corde la plus haute à celle la plus basse, lentement, pour les quatre notes finales du morceau, Bella relâchait tout l'air contenu dans ses poumons et regardait ailleurs un instant.
-T'as détesté ? Grimaçais-je, ne voyant pas plus de réaction de sa part.
-Détestée ?! Répétait-elle confuse.
-Je sais pas… Je n'arrive pas à lire sur ton visage.
-Hum… On va essayer autre chose dans ce cas. Souffla-t-elle près de mon visage.
Alors elle m'embrassait fougueusement, faisant fit des quelques personnes qui marchaient encore sur les quais. J'en lâchais ma guitare, tellement ce baiser me désarçonnait. Quand Bella relâchait mes lèvres, je mis une seconde à resituer l'endroit où nous étions. Elle avait l'air ravie de son effet.
-C'était magnifique. Merci. Ajoutait-elle.
-Je vois ça. Souris-je. Je suis content qu'elle te plaise.
J'allais l'embrasser à mon tour quand une voix nous interrompait.
-Et bien, c'était une bien jolie musique et une très jolie jeune fille également.
Quand je levais les yeux pour voir d'où provenait cette interruption, je découvrais le visage de ce vieil homme qui habitait vraisemblablement les lieux depuis des années. Je l'y avais toujours vu. Il avait un petit abri de fortune avec un matelas dans un recoin creusé dans le mur de la station.
-Bonsoir comment allez-vous? Demandai-je poliment.
-Très bien merci.
-Je vous présente Bella. Bella voici monsieur Salvatore.
-Enchanté mademoiselle. Lui sourit le vieil homme légèrement édenté sur le bord.
-Également. Répondait poliment Bella, bien qu'un peu surprise par mes fréquentations acoustiques.
-Il y a bien longtemps que je ne t'avais plus vu ici Edward.
-Je sais, j'ai été occupé ces derniers temps. Désolé, les gens n'ont pas été généreux ce soir.
-Oh, t'en fais pas pour ça p'tit. Ta musique me suffit amplement.
Puis le vieux Salvatore s'adressait à Bella.
-J'en vois des apprentis musiciens dans mon petit jardin privé, commença-t-il en désignant la station, mais ce jeune là il a du talent.
-Je m'en rend compte. Lui souriait Bella.
-Gardez-le ! Ajoutait-il.
-C'était dans mes plans je vous jure. Lui assurait-elle.
-Parfait ! Bien, bonne soirée à vous les jeunes.
Il s'adressait ensuite à moi.
-Au plaisir de vous réentendre rapidement Edward.
-J'y manquerai pas.
Il nous saluait une dernière fois avant de s'éloigner.
-Il est ici depuis longtemps? Me demandait Bella, visiblement concernée.
-Depuis plus longtemps que moi en tout cas. Je crois qu'il n'a plus de famille.
-C'est triste.
-J'avais l'habitude de lui donner les pièces que certaine personne me donnaient.
-Tu n'aime vraiment pas que l'on te donne de l'argent …
-Il en a plus besoin que moi. Répondis-je en haussant les épaules. Quelques dollars ne changeraient pas ma vie et lui peux s'acheter un repas avec.
Elle se contentait de me sourire.
-Quoi?
-Tu es quelqu'un de bien Edward Cullen.
-On se rattrape comment on peut.
-Mais tu as une trop piètre estime de toi-même.
-Depuis aujourd'hui, quand tu m'as dit que tu m'aimais, j'avoue que ça va mieux.
-Viens-là.
Puis elle m'embrassait à nouveau avant que nous décidions de rentrer à l'appartement.
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Comme vous avez pu le voir, les publications sont moins régulières en ce moment. J'ai beaucoup de travail (et oui j'ai aussi un vrai travail ! lol) en ce moment et moins de temps pour écrire. Je m'en excuse mais ne vous inquiètez pas, je finirai Seattle Breakdown ! Je me donne simplement 15 jours maintenant entre chaque publication. C'est pour moi mais aussi pour ma béta. Merci de votre compréhension.
On rentre dans le podium final, il ne reste que trois chapitres et je vais essayer de préparer quelques surprises pour le final ! En espèrant que tout le monde sera au rendez-vous !
Ginie