CHAPITRE XIV
HAPPY ANNIVERSARY
HAPPY ANNIVERSARY
(Joyeux anniversaire)
***
BELLA POV
[43/ I Dare You To Move -Switchfoot ]
En sortant de la voiture je réajustai mon blouson. Même si les températures avaient tendance à se radoucir en ce moment, Port Angeles restait une ville portuaire et avec l'humidité arrivait la fraicheur. Pendant que les trois garçons sortaient nos bagages du coffre, Alice, Rosalie et moi découvrions notre hôtel : Le Red Lion. Situé au bord de l'eau, sur une plage de galets noirs, devant un chaîne montagneuse encore enneigée sur les sommets, le cadre ne pouvait être plus idyllique pour fêter un anniversaire de mariage.
En l'occurrence ici, et pendant tout un weekend, nous allions célébrer les 25 ans de mariage d'Esmée et Carlisle Cullen. Les parents de mon petit-ami. Même si je connaissais déjà Carlisle, aujourd'hui les « présentations » seraient plus officielles. Je n'avait jamais été dans cette position avant. Je n'avais jamais considéré Billy Black comme un beau-père potentiel, j'avais grandis avec lui et sortir avec son fils s'était fait naturellement. Je n'avais jamais ressenti la pression de se faire accepter dans une famille, ni même par une mère : Esmée. Cette fois les choses étaient vraiment différentes. Je voulais vraiment qu'ils m'apprécient et même si j'avais tout le monde, encore plus Edward, de mon côté, je ne pouvais m'empêcher de ressentir une certaine appréhension.
-Rosalie, attrape-ton chien avant qu'il ne court dans l'eau ! Grommelait Emmett chargé de bagages avant d'entrer à l'intérieur, suivi de Jasper et Edward.
Rose et moi échangions un regard entendu et elle attira Zooka à elle.
-Allez viens mon gros.
Elle s'avançait à son tour vers la réception et vu que j'hésitai toujours, Alice plaçait sa main dans mon dos en signe d'encouragement.
Quand nous arrivions dans le hall de la réception, l'atmosphère chaleureuse et cosy de l'hôtel m'englobait immédiatement. Les gens des petites villes ont toujours ce sens du partage et cette chaleur contagieuse. Bien que le Red Lion n'avait rien du faste et de la richesse du château Marmont de Los Angeles, celui-ci n'avait rien à lui envier.
En face du comptoir, une cheminée en pierre diffusait sa chaleur dans toute la pièce avec ce bruit crépitant de bois enflammé et cette odeur significative. Des clients étaient assis tranquillement dans le petit salon aménagé à cet effet, lisant leur journal ou buvant un thé pour certain. Les tapisseries et les tableaux donnaient des airs de noblesse au décor sans pour autant paraître désuets. Un lustre géant en cristal était suspendu dans ce hall très haut de plafond, à hauteur d'une mezzanine en bois circulaire, surplombant le tout et donnant sur les chambres du premier étage.
Pour finir, à gauche du comptoir un peu plus loin, deux ascenseurs somptueux bordés de dorures avec ses portes en chêne clair, déversaient inlassablement les trois étages de l'hôtel.
Tout était si calme ici et pourtant l'hôtel semblait plein à en juger par le nombre incroyable de visages que j'avais croisé en étant ici depuis à peine dix minutes.
Les garçons récupéraient les clés de nos chambres, puis l'homme derrière le comptoir décrochait son téléphone.
-On a la derrière chambre disponible avec vue sur la montagne. M'annonçait fièrement Edward en arrivant vers moi. J'ai battu Emmett à pierre, papier, ciseau pour ça.
-Je suis tellement impressionnée par tous ces risques que tu prends pour me combler mon chéri. Lançai-je en me moquant légèrement.
-C'est ça!, moque toi de moi. Sourit-il en me prenant par la taille. Tu feras moins la fière quand Rose se rendra compte qu'elle n'a pas de balcon.
Je grimaçai de sa mise en garde et la réaction de Rose ne se fit pas attendre très longtemps.
-Quoi?! S'exclamait cette derrière en faisant écho aux aboiements de son chien. Tu as perdu notre chambre au Chifoumi ?! Mais quel idiot !
-Mais ma puce … Tentait Emmett. Cette chambre sera très bien aussi je t'assure.
-Oh mais j'en doute pas, seulement tu peux dire au revoir à nos câlins nocturnes.
-Quoi mais pourquoi?!
-A toi de voir, si tu y arrives avec un chien de cinquante kilos qui te regarde activer tes petites fesses avec des yeux de merlan-frit !
-Oh c'est pas vrai … Réalisait Emmett, dégoûté.
-Le balcon c'était pour lui pas à cause d'un caprice de bonne-femme !
Edward et moi essayons de ne pas rire et Emmett arrivait rapidement vers nous.
-S'il-te-plait frérot, tu me dois une revanche. Suppliait Emmett.
-Tu as déjà eu ta revanche et tu as perdu Emmett. Riait Edward.
-S'il-te-plait. Je t'en prie !
-Ça vous entrainera pour quand vous aurez des enfants ! Continuait Edward impassible.
-C'est ça, achève moi pendant que t'y es !
-Alice et Jazz' ont un balcon. Lançai-je simplement.
-Chuttt !! Me sifflait Alice derrière moi.
-Désolée... Soufflai-je confuse alors qu'Emmett se ruait déjà vers Jasper.
La clochette de l'ascenseur se fit entendre, attirant mon attention, et celui-ci s'ouvrit sur le couple le plus élégant que je n'avais jamais vu. C'était bien eux : Esmée et Carlisle Cullen, venant à notre rencontre. D'instinct, tout mon corps se raidissait. Edward eu un petit sourire sans même baisser les yeux vers moi et me prit la main, comme pour m'empêcher de me cacher derrière lui.
Rosalie et Alice furent les premières à aller les accueillir. Puis vint le tour de Jasper et Emmett qui se joignaient à ce petit groupe. Serrant une derrière fois ma main, Edward s'avança vers ses parents, moi dans ses pas. J'arrivais au milieu de ces embrassades de famille, une famille depuis si longtemps séparée qui se réunissait dans un but très précis. Si Edward ne m'avait pas volontairement poussé vers l'avant, j'aurais pensé ne pas avoir ma place ici dans ce beau tableau de famille.
Puis Esmée Cullen, après avoir embrassé son fils, posait enfin les yeux sur moi et un sourire illumina ses traits immédiatement. Moi je restais figée. C'était une femme magnifique, pas étonnant que ses enfants soient si séduisants. Les traits fins de son visage me rappelaient ceux d'Alice, sa bouche ourlée et ce large sourire était sans hésitation l'héritage d'Emmett, quant à ces grands yeux verts… Je levais les yeux vers Edward et admirais encore une fois cette similitude rassurante. Comment ne pas se sentir à l'aise auprès d'une femme qui portait sur elle tous les trais familiers des gens que vous aimiez ?
Alors Esmée tendait les bras vers moi en souriant et je n'hésitais pas à entrer dans son étreinte maternelle. Plus encore que sa beauté, son parfum me frappait. Elle sentait incroyablement bon. Une odeur chaude et fruité, celle d'une mère.
-Bella, comme je suis heureuse de te rencontrer enfin. Me souriait Esmée en se reculant, gardant ses deux mains sur mes épaules pour me regarder.
-Ravie également. Répondis-je poliment.
-Tu sais que tu es la première petite-amie qu'Edward nous présente.
-Maman... Soufflât-il confus.
-Quoi? C'est vrai non?
Je souriais en découvrant le visage dépité de mon petit-ami.
-Je commençais à désespérer. Ajoutait Esmée à mon attention, dans un clin d'œil complice.
Je pouffais de rire.
-Allez ça suffit ! Souriait son fils. On va monter dans notre chambre avant de dîner.
-Bella. Souriait ensuite Carlisle en me saluant.
-Heureuse de vous revoir Docteur Cullen.
-Tu n'arrives toujours pas à m'appeler Carlisle hum? Plaisantait-il.
-Pardon, répondis-je un peu gênée, Carlisle.
-Quelle surprise de te retrouver ici.
-Crois-moi papa, Lançait Emmett en passant, nous avons été les plus surpris.
-Ils nous ont fait patienter des mois ces deux là ! Ajoutait Alice.
-C'est bon, c'est finit le bizutage. Lançait Edward, volant à mon secours.
-Je suis heureux que tu l'ais choisi. Me confiait Carlisle.
-Hey ! S'indigna mon petit-ami. Pourquoi ça ne serait pas moi qui l'ais choisie?
-S'il-te-plait. Répondait sa mère. On connait tous ton foutu caractère !
-Il est parfait. Riais-je en l'entourant dans mes bras pour le réconforter alors que tout le monde se moquait de lui.
-Un peu de sollicitude, soupira-t-il, vive la famille !
Toute la famille, moi y compris, éclata de rire. Edward et moi nous éloignons vers les chambres.
-On dînera dans la véranda à 20 heures, nous informait Esmée, Carlisle a réservé une table.
-Nous y serons ! Répondait Edward avant de m'attirer dans l'ascenseur.
-Attendez ! Retenez l'ascenseur criait Emmett.
Bazooka s'engouffrait dans la cabine suivit d'Emmett chargé de bagages. Il appuyait comme un malade sur les boutons.
-Du calme, ça le fera pas avancer plus vite ! Lançai-je, surprise par son attitude.
-Tu comprend pas, j'ai volé les clefs à Alice !
-Quoi?! S'exclamait Edward.
-Allez, ferme-toi. Ferme-toi. Commandait son frère à l'ascenseur en appuyant frénétiquement sur les boutons.
Alice arrivait comme une furie vers l'ascenseur. Edward et moi nous terrions au fond de la cabine, Bazooka en tête.
-Emmett Cullen, sort d'ici tout de suite ! Rends-moi ces clés où je te jure que … Hurlait-elle avant que les deux portes ne se referment sous son nez.
***
[44/ Into The Wild soundtrack – Salvation Mountain]
Le dîner se déroula à merveille. Tous attablés, je pouvais observer les liens de cette famille si particulière se ressouder après ces longs mois de séparation. Aujourd'hui aucun nuage ne pouvait ternir leurs retrouvailles, maintenant qu'Alice était sortie d'affaire tout était parfait. C'était une famille ordinaire qui allait bientôt célébrer leurs patriarches, ceux sans qui nous ne serions pas là aujourd'hui.
Tout le monde riait, mangeait et buvait en se racontant leur vie et ces moments que certains avaient pu manquer. J'étais heureuse d'avoir été acceptée si facilement dans ce groupe, sans même avoir essayé. C'était les Cullen, accueillants et charitables. Une famille comme on n'en voit peu. De celle que l'on met en scène dans les films ou que l'on découvre dans les livres. Le genre de famille qui vous fait rêver. Tous beaux, riches et heureux. Sans divorces, sans problèmes et inébranlables. Graviter dans la sphère Cullen avait quelque chose de vivifiant. J'espérais ne jamais avoir à les quitter.
Alors que je riais, comme tous les autres, aux dernières frasques d'Emmett et sous le regard réprobateur d'Alice qui n'avait toujours pas digéré l'histoire de la chambre, Edward me prenait la main sous la table. Nos regards se croisèrent et je pouvais lire une lueur nouvelle dans ses yeux : De la fierté. Oui, il était fier que je sois là à ses côtés et que j'apprécie tout autant que lui ce moment avec les siens. Cette idée eu le don de m'émouvoir, jamais personne n'avait autant souhaité m'intégrer dans sa vie avant lui. Cela se lisait sur son visage et dans son comportement, comme s'il ne comprenait toujours pas, malgré le nombreuses fois où nous en avions parlé, comment il avait réussi à me récupérer.
Je savais que quoi que je fasse pour lui prouver le contraire et peut-être encore pour longtemps, Edward culpabiliserait pour ce qu'il avait pu me faire subir par le passé. Moi j'essayais au contraire de m'en détacher le plus possible. Cet Edward avec moi ce soir était à mille lieux de celui qui, une autre nuit, m'avait abandonné. Serai-je un jour capable de l'oublier à mon tour? En tout cas, j'étais sur la bonne voie.
A la fin du dîner, quand tout le monde regagna sa chambre, lui et moi restions un moment sous la véranda à regarder le ciel étoilé et ces montagnes lointaines. Ici nous avions l'impression d'être couper du monde. Loin de tout. Edward entourait mes hanches et je posais ma tête sur son épaule. Un moment, nous ne disions rien.
-A quoi tu penses? Souffla-t-il à mon oreille et embrassant ma tempe au passage.
-Je pensais à… Pas grand chose en fait. Souris-je. J'appréciais simplement le moment.
-Tu veux aller te coucher? Demanda-t-il doucement.
-Dans une minute.
Alors nous recommencions à observer le paysage en silence.
-Tu as vraiment une famille formidable. Soufflai-je.
-C'est la tienne aussi à présent.
Je souriais à cette idée.
-Allez-viens. Dit-il en m'entrainant par la main. On a une grosse journée demain.
Après nous être préparés à dormir, nous entrions dans ce lit géant et nous endormions sans plus de formalité. Apaisés. Ensemble.
***
En fin de matinée, j'arrivais dans la salle de réception. Les hommes s'étaient levés plus tôt que nous pour aider à préparer la salle. Tous les amis des Cullen seraient bientôt là et à en juger par le nombre de tables dressées devant moi, ils attendaient au moins une centaine de personnes. Il y avait du personnel hôtelier et un traiteur spécialement embauché pour l'occasion.
La salle était magnifique, elle donnait directement sur le lac que l'on pouvait voir grâce aux grandes baies vitrées qui composaient la façade de l'hôtel. Les décorations, des rideaux aux plantes, du service à vaisselle aux rubans qui ornaient les chaises, étaient dans les tons pastels, violet et rose pale, donnant un ensemble très raffiné. Au centre de la salle trônait un gâteau énorme à plusieurs étages comme un gâteau de mariage sur lequel reposait deux petites figurines représentant Carlisle et Esmée. Plus loin, sur une scène, jouait un orchestre assez moderne. Pour une fois, je me surprenais à penser que ce genre d'orchestre ne faisait pas toujours bal populaire, ils pouvaient-être élégants également.
Edward me remarquait du fond de la salle et venait à ma rencontre.
-Et bien, on peut dire que tes parents font les choses en grand !
-De qui crois-tu qu'Alice tient sa démesure? Me répondait-il en admirant son travail.
-C'est magnifique.
-Je te retourne le compliment. Cette robe te va à merveille.
-Oh, ça. Souriais-je en me regardant. C'est la robe qu'Alice m'a acheté à Los Angeles dans ce magasin hors de prix.
-Elle a bien fait d'insister, disait-il en me prenant dans ses bras, on dirait une femme mondaine.
-C'est pas moi du tout. Lançai-je en regardant cette robe crème et ces escarpins noirs que je portais.
-Je t'aime comme ça aussi, même si j'adore tes petits jeans serrés. Lançait Edward en plongeant dans mon cou.
-On dirait que ce déguisement te fait de l'effet. Riais-je.
-Tu me fais toujours de l'effet.
-Oui et bien du calme. Répondis-je en reculant pour le forcer à me regarder. Je sais qu'hier soir et les quelques nuits d'avant on s'est endormis comme des masses mais …
-Depuis Los Angeles on a rien fait. C'était il y a une semaine Bella, alors je commence à craquer, surtout quand tu es aussi jolie. Minauda-t-il en essayant de m'embrasser.
Je l'arrêtai d'un doigt sur la bouche.
-Oui et bien ce n'est pas moi qui rentre tous les soirs à pas d'heure ! C'est quoi ces horaires que tu as? Quel café reste ouvert jusqu'à 4 heures du matin d'abord?!
-Je te l'ai dit, c'est à cause des inventaires annuels. Répondait Edward plus sérieusement.
-Oui et bien tant que tu feras ces inventaires là, tu ne pourras plus faire ces inventaires ci ! Souriais-je en me désignant de la tête aux pieds.
-Je suis sûr que ça peu s'arranger. Souffla Edward me ramenant vers lui. On a encore un peu de temps avant l'arrivé des invités.
-Humm... Non, tu m'as trop délaissée ces derniers temps, le taquinai-je, je vais te le faire payer.
-Tu es dure, mais je suis sûre que je peux te faire changer d'avis.
-Ah tu crois ça? Souris-je.
Alors il approchait lentement son visage du mien pour m'embrasser mais juste quand j'allais effleurer ses lèvres …
-Ah vous-êtes là les enfants? Lança Carlisle, arrivant vers nous.
Je faisais immédiatement un pas en arrière.
-Les premiers invités arrivent, allez au bar avant que ces vautours ne se jettent sur toutes la nourriture.
-D'accord. Répondis-je poliment.
Alors nous suivions Carlisle jusqu'au buffet quand les invités entraient dans la salle de réception.
-Tu ne paie rien pour attendre jeune fille. Souffla-t-il au dessus de mon épaule.
-Chutt ! Lançais-je en sentant le rouge me monter aux joues ce qui eu le don de faire rire Edward.
Arrivés devant un buffet rempli de petits fours tous aussi appétissants les uns que les autres et de coupes de champagne, je me frottai déjà les mains pour savoir par quoi j'allais commencer.
-Regardez moi cette petite gourmande. Se moqua Edward.
-Hey, je suis une fille ! Toutes les filles sont gourmandes.
-Ah bon? S'étonna-t-il.
-Celles qui t'ont dit le contraire t'ont menti mon pote !
Il riait encore et j'en profitai pour interpeller l'un des barmans.
-S'il-vous-plait? Je pourrais avoir une coupe de champagne?
Et quand il se retournait, mon cœur s'arrêtait. Immédiatement, en découvrant ce visage, Edward retrouvait instantanément son sérieux.
-Jake … Soufflai-je.
Lui n'avait pas l'air surpris de nous trouver ici. Il me servait ma coupe et me la tendait, les trais tirés.
-Qu'est-ce que tu fais là?
Je pouvais aussi sentir Edward tendu derrière moi.
-J'avais besoin d'un extra, les Cullen m'ont embauché pour la soirée.
-Depuis quand tu fais le service?
-Depuis que je n'ai pas le choix Bella.
Il faisait le tour de la table et ramassait une caisse de bouteilles.
-Ne t'inquiète pas, je ne gâcherai pas votre petite fête, me dit Jacob assez froidement.
Puis il levait les yeux vers Edward qui ne bougeait plus. L'angoisse me serrait la gorge. Les retrouver tous les deux, face à face, sachant ce que Jake pensait d'Edward, me faisait froid dans le dos.
-C'est juste un travail. Dit-il en contractant la mâchoire, regardant Edward droit dans les yeux avant de s'éloigner à reculons.
Quand Jacob fut suffisamment éloigné je recommençais à respirer normalement. Edward pris une coupe de champagne et regarda un moment les bulles pétiller dans son verre avant de le porter à ses lèvres.
-ça va? Soufflai-je timidement.
-Ne t'inquiète pas Bella, tout va bien se passer. Jacob est quelqu'un d'intelligent.
-Je sais mais, tu ne dois pas être très heureux qu'il soit là.
-Je pense que c'est lui qui est le plus mal à l'aise des deux.
-Edward, commençai-je en l'enlaçant, tu sais qu'il te déteste j'ai peur que la situation dégénère. S'il te cherche, ne rentre pas dans son jeu d'accord.
-Encore une fois, Edward englobait mon visage dans ses mains, Jacob Black est quelqu'un d'intelligent, il ne me provoquera pas et je ne ferai rien pour qu'il le fasse. Cette salle est immense et bientôt elle sera criblée de monde. Il y a peu de chance pour que je croise de nouveau Jacob. Quant à son opinion sur moi, si les choses étaient inversées, et elles l'ont été, je n'en penserai pas moins de lui alors ne t'en fais pas pour ça.
-Il ne peux pas comprendre.
-Qui l'en blâmerait?
Mais je n'étais toujours pas convaincue, regardant la porte de service par laquelle Jacob était sorti.
-Bella, on va passer une excellente journée et une très bonne soirée. Tout se passera bien.
-Comment tu peux le savoir?
-Il le faut. C'est toi qui me l'a appris tu te souviens?
Alors je me dressais sur la pointe des pieds et l'embrassai doucement.
-Allez viens, la cérémonie va commencer. Me dit-il en m'entrainant vers les chaises où nous allions rejoindre le reste de la famille.
[45. Coldplay - The Escapist (Across The Universe)]
Tous les invités ainsi que les membres du clan Cullen, bien plus vaste que ce que j'avais pu imaginer jusqu'ici, étaient assis en deux rangées de chaises disciplinées, une à gauche l'autre à droite, de chaque côté d'une allée centrale dont le sol était recouvert de pétales de roses clairs. Au bout de l'allée, un autel lui aussi décoré de diverses fleurs exotiques dont les couleurs s'accordaient parfaitement au reste de la salle.
Eleazar, un homme très élégant apparemment cousin éloigné de Carlisle se plaçait au centre de l'autel acclamé par sa femme et ses trois magnifiques filles dans les premiers rangs. Edward me chuchotait leurs noms histoire que je ne sois pas trop perdue plus tard durant la réception : Carmen la mère et Kate, Tanya et Irina ses trois filles.
Puis se fut au tour d'Esmé et Carlisle de faire leur apparition et nous applaudissions tous, leurs trois enfants plus fort encore que les autres. Alice versait même sa petite larme en découvrant sa mère, vêtue d'une robe mauve assortie à ses talons et à la fleur qu'elle portait dans les cheveux. Elle venait de la gauche, Carlisle lui arriva de droite dans un costume trois pièces splendide. Puis les violonistes de l'orchestre commencèrent une mélodie aux accents irlandais et Eleazar prenait la parole.
-Aujourd'hui, devant notre grande famille...
Encore une fois la famille se manifestait joyeusement.
-Et nos chers amis... Continuait-il dans un sourire.
Les amis essayèrent à leur tour de surpasser l'enthousiasme de la famille. Si bien que quelques clients curieux passèrent leur tête par la porte pour voir ce qu'il se passait dans notre salle.
-Nous célébrons l'un des couples les plus vieux du tout notre clan : Esmée et Carlisle Cullen.
Tout le monde applaudissait et Eleazar eut bien du mal à faire régner le silence à nouveau.
-Ceux ici qui me connaissent bien savent que je ne suis pas un adepte des grands discours.
Quelques rires étouffés se firent entendre.
-Aussi quand Carlisle m'a proposé de mener cette cérémonie je me suis d'abord demandé comment j'allais faire pour ne pas tout fiche par terre !
Le docteur et lui échangèrent un regard complice.
-Mais si je suis là aujourd'hui, devant vous, c'est qu'il m'a fait confiance et je l'en remercie. Lui et sa magnifique épouse qui ont décidé aujourd'hui de renouveler leurs vœux.
Il faisait une pause avant de reprendre.
-Je me rappelle encore le jour où Carlisle alors jeune médecin dans un hôpital qui n'existe plus aujourd'hui, c'est pour dire combien il a vieilli (il lui faisait un clin d'œil) a vu Esmée pour la première fois. Elle a été admise dans son service à cause d'une grippe carabinée et je peux vous dire que sur le moment elle n'avait rien de très sexy !
Esmée lui frappait l'épaule en riant.
-Carlisle m'a tout de suite dit : « J'épouserai cette femme », et Diable six mois après c'était fait !
Tout le monde applaudissait encore une fois.
-Bien, commençons. Carlisle. Lui sourit-il.
Alors Carlisle Cullen s'avançait vers sa femme et lui prenait les mains. A leur façon de se regarder je pouvais dire qu'ils étaient plus amoureux que jamais. Rien n'avait pu ternir leur relation au fil des années. Ce genre d'histoire était plus qu'utopique pour moi mais en les regardant j'eus envie d'y croire. Je lisais sur le visage d'Edward toute la fierté et la joie qu'il éprouvait en ce moment à l'instar de son frère et sa sœur et je su que lui y croyait déjà. Ils avaient tous été élevé ainsi.
Alors qu'ils venaient de finir d'échanger leurs vœux, se promettant une nouvelle fois un amour éternel, Emmett tendait une boite à son père qui l'offrit à Esmée. Celle-ci l'ouvrait soigneusement et en sortit un bracelet très particulier.
-Qu'est-ce que c'est ? Chuchotai-je à Edward.
-L'emblème de notre famille. Le lion incarne le courage, la main représente le sentiment d'allégeance, la sincérité et la justice. Le trèfle symbolise la perpétuité et le chevron évoque la protection.
-Vous en avez tous un?
Il hochait la tête.
-J'ai un bracelet comme Emmett et Jasper, Alice et Rose le portent en collier. Mes parents l'ont en chevalière. Aujourd'hui, Esmée l'aura aussi au poignet.
-Je n'avais jamais remarqué ce détail.
-Nous les portons que pour les grandes occasions, une sorte de tradition familiale. Peut-être qu'un jour tu en aura un aussi. Finit-il dans un clin d'œil.
-Tu vas un peu vite là. Souris-je.
-Tu fais déjà partie de la famille Bella, me sourit-il, ce n'est pas une demande en mariage.
-Hum, soufflai-je, une fois que l'on entre dans la famille Cullen, il est impossible d'en sortir c'est ça? Souris-je.
-Personne n'en a jamais éprouvé le besoin c'est tout.
Je soupirai d'aise en regardant encore une fois autour de moi.
-Je comprend pourquoi.
Edward m'embrassait juste avant que tout le monde de se lève en jetant des pétales de fleur sur le couple de la journée. Ensuite la fête commençait, nous délaissions nos chaises que le personnel disposait de nouveau autour des tables et la piste de danse fut dégagée. Bien sûr Esmée et Carlisle ouvraient le bal, suivis de près par Rose et Emmett, même Jasper n'y coupait pas entrainé de force par Alice et comme je le comprenais.
J'espérais me faire toute petite, postée près de ma table mais Edward en avait décidé autrement. Il me tirait jusqu'à lui et ne me lâchait plus jusqu'à ce qui nous arrivions au centre de la piste.
-Tu es cruel. Boudai-je en m'accrochant à ses épaules pour essayer de suivre le rythme.
-Ne soit pas têtue. C'est comme dans les mariages on est obligé de danser au moins une fois.
-Tu as intérêt à bien me tenir, je serai capable d'aller valser sur le buffet.
-Ne t'inquiète pas.
Alors Edward resserrait son emprise autour de ma taille et j'en eu le souffle coupé une fraction de seconde.
-Je ne te lâche pas. Souffla-t-il en posant son front contre le mien.
[46. Kings Of Leon – Pickup Truck]
Alors nous commencions à bouger lentement l'un contre l'autre, assez doucement pour que je puisse suivre sans trop de difficultés cependant. Une fois l'appréhension passée, je devais admettre que danser dans les bras d'Edward n'était pas si désagréable. Parfois, son souffle venait chatouiller mes oreilles et je fermais les yeux étouffant mon rire contre son épaule, alors en réponse son rire scintillait à mon oreille.
J'aimais être aussi proche de lui. A vrai dire depuis notre retour de Los Angeles nous n'avions pas eu un seul moment à nous. Edward avait travaillé quasiment tous les soirs à cause de ces inventaires interminables au Seattle's Best et quand il rentrait je dormais généralement. La journée j'allais en cours et le pauvre était tellement fatigué qu'il n'avait pas mis les pieds à la fac de la semaine, ce qui d'ailleurs commençait franchement à m'inquiéter.
A chaque fois que j'avais essayé d'aborder le sujet il m'avait dit que Julia lui prêtait ses notes et que, de ce fait, je n'avais pas à m'inquiéter pour ça. Ensuite généralement il m'embrassait et je perdais toute volonté. Oui, Edward avait un effet anesthésiant sur tout mon corps et à chaque fois qu'il m'effleurait je planais. Ça l'arrangeait bien parfois quand mes questions le dérangeaient. Même si j'en étais consciente, je jouais le jeux sachant le plaisir que je pouvais en tirer par la suite. Tous les couples se manipulent mutuellement c'est bien connu !
A la simple idée de ces moments d'intimités que nous partagions et dont je n'avais plus goûté l'extase depuis huit jours maintenant, je frissonnai. Instinctivement, je m'agrippai à Edward caressant sa nuque et embrassant son cou. Pourquoi fallait-il qu'il sente aussi bon tout d'un coup?!
-Tu as froid? Me demandait-il.
-Non pourquoi? Répondis-je en ne lâchant pas mon exploration de son cou.
-Tu trembles.
-C'est vrai? Répondis-je innocemment en suçant doucement le lobe de son oreille au passage. D'où ces frissons peuvent-ils bien provenir? Ajoutais-je dans un petit rire.
Un instant, Edward ne dit rien continuant à me faire danser.
-Oh Mademoiselle Swan vous êtes diabolique. Riait-il.
-Ne me dis pas que tu n'en as pas envie ?
Alors je sentais ses mains descendre lentement dans mon dos pour s'arrêter sur mes fesses qu'il caressait délicatement.
-Ça répond à ta question?
Je reculai un peu pour le regarder.
-Je ne pense pas que quelqu'un s'apercevra de notre absence s'il on s'absente quelques minutes.
-Quoi maintenant? S'étonna-t-il.
-Tu préfères attendre ce soir? Minaudai-je. Dans plusieurs heures, peut-être à l'aube quand nous serrons tous les deux épuisés par cette magnifique fête?
Edward sembla réfléchir une seconde.
-T'as raison viens.
Je riais quand il m'attirait furieusement vers la sortie.
Nous nous dirigions en riant vers les ascenseurs pour rejoindre notre chambre en essayant de ne croiser aucun invité sur notre route. Arrivé devant les portes, un couple de retraités plutôt guindés nous fusilla du regard nous obligeant ainsi à reprendre notre sérieux. Les portes s'ouvrirent et la femme nous lança un regard suspicieux.
-Vous n'avez qu'à prendre celui-ci. Lui répondit Edward charmeur, on prendra le suivant.
Après nous avoir toisé une seconde fois, les retraités se décidèrent enfin à rentrer dans la cabine et quand les portes se refermaient, nous explosions de rire. Puis l'ascenseur revenait vers nous et Edward me poussa à l'intérieur avec empressement. A peine les portes refermées, je le poussais contre les parois de la cabine pour l'embrasser furieusement et il répondait à mon appel sans se faire prier. Mes lèvres goutaient avidement les siennes et quand sa langue vint taquiner la mienne, ses mains me maintenant fermement contre lui, je perdais pieds.
Je reculai essoufflée pour lui enlever sa veste qui tomba sur le sol, pour ensuite attraper sa cravate, capturant ses lèvres au passage. Je défaisais le nœud de sa cravate quand Edward m'arrêtait en riant.
-Quoi? Ici? Dans l'ascenseur.
-Pas le temps d'arriver en haut. Lançai-je simplement en appuyant sur le bouton stop de la machine.
-Et bien, je ne pensais pas t'avoir autant délaissée.
-Crois-le. Souris-je.
-Viens par ici. Souffla-t-il en m'attrapant pour échanger nos places alors que je me retrouvais à mon tour coincée contre les parois de l'ascenseur.
Déjà Edward plongeait dans mon cou et je relevai la tête pour lui laisser plus d'accès. Sa main descendit lentement le long de ma cuisse pour remonter ma jambe autour de sa taille et il m'embrassait à nouveau. Dans la manœuvre je perdais un de mes talons mais je n'y prêtais que peu d'attention. D'une main je maintenais ses lèvres contre les miennes, de l'autre je déboutonnais sa chemise pendant que lui remontait ma jupe au niveau de ma taille.
-Si tu savais à quel point j'ai envie de toi. Me dit-il en reprenant son souffle une seconde.
J'ouvrais enfin sa chemise, la tirant de son pantalon et embrassais habilement son torse, le griffant légèrement au passage comme je savais qu'il aimait. Edward gémissait quand mes mains s'arrêtaient sur sa ceinture.
-Comme je le disais, on a pas de temps à perdre. Souris-je, les joues rosies d'excitation.
Alors il me soulevait complètement du sol et j'enroulais mes jambes autour de sa taille, tout en détachant sa ceinture. Je sentais alors ses doigts jouer avec l'élastique de ma culotte et déjà je suffoquais. Je faisais glisser son pantalon autour de ses chevilles et plongeais ma main dans son caleçon pour le masser. Edward faillit lâcher prise autour de moi au contact de ma main et je riais, fière de l'effet que je produisais sur lui.
-Tu ne paies rien pour attendre. Me dit-il le regard brûlant, écartant déjà ma culotte sur le côté.
Je m'apprêtai à me laisser envahir par le plaisir quand un détail me revenait en mémoire.
-Attend. Soufflai-je déjà à bout de souffle. T'as un préservatif?
-Quoi? T'as pas pris ta pilule?! Me lança-t-il paniqué.
-J'ai fini la plaquette hier soir.
Je pu lire la déception sur le visage d'Edward qui me laissa glisser contre lui pour ensuite remettre son pantalon.
-ça va? Demandai-je penaude.
Il levait son index pour reprendre son souffle avant de parler.
-Donne-moi une seconde. Dit-il en se laissant glisser par terre.
Je me baissais à son visage et lui attrapais le menton.
-J'en ai dans mon sac idiot!
-Et ton sac il est?
-Dans la salle. Grimaçai-je.
-Logique. Souffla-t-il en levant les yeux au ciel.
-Je vais aller le chercher, tu m'attends ici bien sagement ! Lançai-je en me rhabillant correctement.
-Quoi? Mais Bella, tu vas pas me laisser dans l'ascenseur! Lança-t-il en se relevant. Je t'attend là haut.
-Oh non je t'en pris !
Je me jetais à son cou.
-C'était si … excitant. Ajoutai-je en me mordant les lèvres. Je reviens tout de suite … Je te le promet.
-Tu auras ma perte. Me sourit-il en m'embrassant.
Alors je débloquais l'ascenseur qui redescendit. Quand les portes s'ouvraient à nouveau sur la réception, je sortais enfilant ma deuxième chaussure. Edward reboutonnait sa chemise et me regardant m'éloigner.
-Deux minutes. Lançai-je avant que les portes ne se referme sur lui.
-T'as intérêt !
Alors je m'élançai rapidement vers la salle de réception à la recherche de mon sac à main. Arrivée sur place j'essayais d'agir le plus naturellement possible parmi les nombreux invités. Certains me saluaient même si je n'avais aucune idée de qui ils étaient et je répondais poliment tout en continuant à me rapprocher de mon but : notre table plus loin devant.
Sur ma chaise, mon sac à main. Lentement je m'approchai de mon but, souriant et faisant des courbettes comme si de rien n'était. Je n'avais plus que quelques pas avant d'atteindre le Graal quand …
-Bah t'es là toi ! Lançait Alice dans mon dos.
Je sursautais et faisais volte-face vers elle.
-Alice !
-Bella il faut que tu m'aides !
-Maintenant?!
-Jasper m'a complètement fait flipper.
-Alice je … Tentai-je pour m'échapper.
-Il m'a parlé de mariage tu te rends compte?!
-C'est rien, c'est la cérémonie qui lui est monté à la tête. Répondis-je sans conviction en regardant la sortie au loin.
-Tu crois?!
-Mais oui Alice! Lançai-je en l'attrapant par les épaules pour l'écarter de ma route.
J'attrapais rapidement mon sac et m'éloignais déjà victorieuse vers la sortie.
-Et si c'était plus que ça?! S'exclama-t-elle en me rattrapant par le bras.
Alors elle débitait un flot incroyable de paroles en moins d'une seconde et je n'eus d'autre choix que de l'écouter.
***
EDWARD POV
Enfin les portes s'ouvraient de nouveau.
-Te voilà enfin ! Soufflai-je soulagé avant de reconnaitre la personne derrière les portes.
Ma tête dû exprimer ma déception car mon interlocuteur lu en moi comme dans un livre.
-Tu attendais quelqu'un d'autre?
Jacob Black entrait dans la cabine en retirant son nœud papillon l'air exténué. J'essayais de rester naturel.
Quel étage? Demandai-je.
Troisième.
J'appuyai sur le bouton, les portes se refermaient sur nous, nous enfermant ainsi dans un espace bien trop petit et pour la première fois de ma vie j'expérimentais la claustrophobie. Lentement la cabine s'élevait et Jacob et moi regardions les étages défiler sur le cadran, dans la même posture rigide et mal à l'aise. Droits comme des piquets, les mains enfoncées dans les poches.
Alors que je croyais que ma délivrance allait être proche et que j'allais enfin pouvoir respirer le « 2 » sur le cadran clignota bizarrement. L'éclairage de l'ascenseur perdit plusieurs fois de son intensité et nous n'avancions plus.
-Qu'est-ce qui se passe? S'inquiéta Jacob.
-J'en sais rien. Répondis-je en essayant d'actionner à nouveau les boutons sans succès.
-Arrête d'insister comme ça tu vas le bloquer encore plus ! S'énervait-il.
-Si tu veux mon avis, il est déjà bloqué ! Répondis-je avec un peu plus d'intensité, le fusillant du regard.
-C'est pas vrai, soupirait celui-ci, je dois reprendre le travail dans 20 minutes !
-Tu crois que j'ai envie de rester ici ?!
Jacob et moi nous toisions une seconde puis je décidais de me détourner et actionnais l'alarme de la cabine.
-Ils vont nous sortir de là. Lançai-je plus calmement.
-« Réception? », disait une voix dans l'interphone.
-Bonjour, nous sommes coincés dans l'ascenseur entre le deuxième et le troisième étage.
-« Mon dieu » balbutiait la jeune femme à l'autre bout « je … je vais essayer de contacter la compagnie de dépannage ».
-Essayer? Répétai-je inquiet.
-« C'est que je n'ai jamais été confrontée à cette situation, je ne travaille ici que depuis une semaine ».
-Appelez-les c'est tout ! C'est pas compliqué! Insistait Jacob, que je poussais de l'interphone.
-Écoutez, commençai-je calmement pour ne pas l'affoler encore plus, c'est simple vous les appelez, on sort de là et on glissera un mot pour vous à votre patron. Ça vous va?
-« Oui, oui, je vais leur téléphoner. Je … Ne bougez pas ! »
-Y'a pas de risque. Soufflait Jacob en serrant les dents.
-Merci. Répondis-je à la jeune femme en dévisageant mon compagnon de cellule.
-Quoi?! Me demandait-il soudainement.
-T'es toujours aussi patient avec les gens? La pauvre était paniquée.
-C'est ça joue les sauveurs... Souffla-t-il entre ses dents.
-Quoi? Demandai-je croyant avoir mal entendu.
-Rien, je constate juste que ça te plait de jouer l'homme dévoué et compréhensif mais te connaissant, ça me fait bien rire.
-Me connaissant? Désolé de casser ton petit délire mais tu es loin de me connaître. Lui répondis-je l'air sombre.
-J'en sais assez. Souffla-t-il en fixant le plafond.
J'allais répliquer mais l'interphone se faisait entendre à nouveau.
-« Allo? … Messieurs, vous êtes là? ».
-Oui, oui nous sommes toujours là. Répondis-je.
-« Ils ne peuvent pas se déplacer avant deux heures. »
-Deux heures?! Répétai-je.
-C'est pas vrai … Lâchait Jacob en plaquant ses mains sur les parois de l'ascenseur pour essayer d'ouvrir les portes.
-« Ils vont faire au plus vite. »
-Bien, merci. Répondis-je contraint et forcé.
-Je vais pas me laisser faire par une saleté de machine ! Lançait Jacob en écartant les deux portes de métal.
-Et une fois que tu les auras ouvertes, tu vas faire quoi? Sauter?! Lâchais-je légèrement agacé.
-C'est toujours une meilleure option que de rester coincé ici avec toi.
-C'est stupide. Soufflai-je en me laissant glisser sur le sol.
-Stupide? Répétait-il.
Jacob eut un rire amère.
-Il y a beaucoup de chose que je pourrais qualifier de stupide en ce moment.
Je décidai de ne pas relever et posai mes bras en appui sur mes genoux, fixant un point imaginaire.
-Comme par exemple le fait qu'un type comme toi arrive encore à profiter de personnes plus faibles pour son plaisir personnel ! Continuait celui-ci.
-Attend de quoi tu parles là?
-Ne fais pas l'innocent, tu sais très bien de quoi et surtout de QUI je parle.
Je me remettais sur mes pieds pour lui faire face.
-Je ne sais pas ce que tu essais d'insinuer par là Jacob mais je ne profite des faiblesses de personne, quant au plaisir, il est partagé !
-Après tout ce que tu lui as fait subir, tu as le culot de rester dans sa vie. Cracha-t-il à mon visage, la mâchoire serrée.
-Ne juge pas quelque chose que tu ne connais pas. Lançai-je sur le même ton.
-Justement, je pense la connaître légèrement mieux que toi. Rétorquait Jacob.
-Tu crois vraiment? Alors comment ça se fait qu'elle n'a jamais vraiment été heureuse et épanouie avec toi?!
Jacob Black m'attrapait alors par la veste pour me plaquer contre le tableau de contrôle de l'ascenseur. Je me dégageai rapidement en le repoussant violemment mais j'eus le temps de lire toute la peine, plus que la colère, qui baignait son regard. Juste à cause de ce regard et sans me l'expliquer, je n'attisai pas plus cet échange.
-Alors qu'est-ce que t'attend?! Hurlait-il. Viens. Bâts-toi !
-Et après quoi? Soufflai-je en ajustant simplement mes vêtements déformés par sa poigne.
-Quoi?! Demandait Jacob, déjà en position défensive.
-Et après? Répétai-je. On joue les catcheurs dans deux mètres carrés, on se fait deux ou trois coquards et après ? Tu te sentiras mieux?
-Je pense que te mettre mon poing dans la tête ne me ferait pas de mal. Répondait-il hargneux.
-Tu crois ça? Si tu fais ça, tu deviens le « méchant » de l'histoire et ça ne te la ramènera certainement pas.
Je m'asseyais de nouveau et, du coin de l'œil, je pouvais voir Jacob desserrer les poings. Quelques secondes plus tard, il s'asseyait à son tour, en face de moi et pendant quelques instants nous ne parlions plus, évitant soigneusement de croiser le regard de l'autre.
-Je ne comprend vraiment pas pourquoi elle est revenue vers toi. Dit-il, levant les yeux au ciel, l'air lasse.
-Moi non plus. Soufflai-je simplement après un instant.
***
BELLA POV
Rose s'était jointe à nous, m'aidant ainsi à calmer la crise d'angoisse irrationnelle d'Alice. Je lui tendais discrètement ma coupe de champagne, tout en caressant le dos de mon amie qui se lamentait toujours. Rosalie ne remplissait que très modérément mon verre, connaissant mes mésaventures avec l'alcool. Voilà maintenant plus d'une heure qu'Edward m'attendait et je doutais fort qu'il soit encore dans cet ascenseur. Trop tard pour mon petit caprice personnel.
-Vous comprenez, après tout ce qui s'est passé cette année pour moi, je ne sais pas si je suis prête à m'engager autant et si vite.
-Alice, Jazz' ne t'a encore rien dit. Tu fais une psychose là ! Lui fis-je remarquer.
-Je sais, mais maintenant tout me paraît plus réel et accessible. Il faut que je trouve quelque chose à faire de ma vie !
-Donc pour résumer, ça n'a rien à voir avec Jasper. Lançait Rose.
-Mais si ! Insistait Alice avant de se reprendre. Ou pas. J'en sais rien ! Soupirait-elle alors que je faisais signe à Rose de remplir le verre d'Alice au maximum.
-Tu trouveras quoi faire de ta vie Alice, s'il y a bien quelqu'un qui peut retomber sur ses pattes c'est bien toi. Lui assurai-je.
-Comment tu peux savoir ça?
-Parce que je commence à te connaître. Lui souris-je.
Alors elle soupirait et posait sa tête sur mes épaules pour que je lui caresse doucement les cheveux.
-Vous êtes gentilles.
-Mais non, nous sommes simplement là. Corrigeait Rosalie en lui caressant la joue.
-Pendant que vous faites du babysitting avec moi, vos hommes vous attendent.
-T'inquiète pas pour ça. Emmett est collé au buffet depuis toute à l'heure et apparemment cette serveuse, que je prévois d'étriper à la fin de la fête, lui a tapé dans l'œil.
Alice éclata de rire face à la remarque de Rosalie, un rire un peu trop expansif qui nous surprit moi et Rosalie. Mais avant qu'on ne puisse se joindre à elle, Alice versait une petite larme.
-Alice? Interrogeai-je. Ça va?
-Oh, je suis désolée, je ne sais pas ce que j'ai en ce moment.
-Je ne te connaissais pas si émotive ! Riais-je en lui tendant un mouchoir.
-Ça doit être la fatigue.
-C'est normal après les épreuves que tu as vécu ces derniers temps. Lui assurait Rosalie. Mais Alice, aujourd'hui est un jour de fête, on devrait en profiter.
-T'as raison. Reniflait celle-ci. Où est Edward? Me demandait-elle. Ça fait un moment qu'on ne l'a pas vu.
-C'est vrai ça? Feignais-je en sentant mes joues rougir. Je devrais peut-être partir à sa recherche.
« Une porte de sortie? », pensai-je.
-Hey je crois qu'il y a un problème avec les ascenseurs ! Lança Jasper en arrivant vers nous.
-Jasper ! S'exclamait Alice en lui sautant au cou.
-Un problème? Demandai-je, concernée.
Jazz' accueillait Alice dans ses bras sans se poser de question avant de me répondre.
-Carlisle a été appelé par la réception, il semblerait que deux des invités soient coincés à l'intérieur.
-Qu'est-ce qui se passe? Demandait Emmett en arrivant avec une assiette de petits fours dans les mains.
-En tout cas, nous, nous sommes tous là. Faisait remarquer Rosalie.
-Sauf Edward... Soufflai-je mal à l'aise.
-Sauf Edward. Répétait Rose. Mais qu'est-ce qu'il aurait été faire dans l'ascenseur?
-Oh mon dieu... Soupirai-je en me passant les mains sur le visage. Il va me tuer.
-Toi ? Quoi il … Commençait Jasper avant de comprendre. Oh … Tu l'y aurais poussé peut-être ...
Comme si j'avais l'intention de répondre franchement à cette question qui, en plus, n'attendait aucune réponse au vue de son sourire mesquin. Tous les autres souriaient discrètement alors que moi j'avais déjà des bouffées de chaleur.
-Houu la vilaine. Me titillait Emmett que je fusillais du regard.
-Toi la ferme ! Me défendait sa femme. Va plutôt voir ta serveuse !
-Quoi?! Quelle serveuse?! Elle?! Mais non ma Rosie, tu sais bien qu'il n'y a que toi qui brille à mes yeux.
-Bah voyons ! Rétorquait celle-ci.
-En parlant de serveur … Soufflai-je, la boule au ventre.
-Quoi? Ne me dis pas qu'il y en a un qui t'a tapé dans l'œil à toi aussi?! S'étonnait Alice.
-Elle ne m'a pas tapé dans l'œil ! Se justifiait Emmett encore une fois.
-Où est Jacob?! Lançai-je en balayant la salle du regard.
-Jacob? Répétait Jasper.
-Les Cullen l'ont engagé pour faire le service. Répondis-je en le cherchant toujours désespérément dans la pièce.
-Ouf tu es au courant alors, soupirait Emmett entre deux bouchées, parce que je l'ai vu tout à l'heure et je trouvais ça légèrement gênant comme situation, alors j'ai rien dit mais …
-Emmett la ferme ! Lançais-je à mon tour, appuyée visuellement par Rosalie. Où est-ce que tu l'as vu?!
-Oh, t'inquiète il prenait l'ascenseur avec Edward. Répondait-il l'air de rien.
-Que … Quoi?!
-Hou, je sens que la suite va être animé. Ricanait Alice.
-C'est pas vrai ! Lançai-je en m'élançant vers les ascenseurs, suivis par tout le clan Cullen et, également, les petits fours d'Emmett qui lui n'était pas plus affolé et même très amusé.
Quand nous arrivions sur place, Carlisle était entrain de se faire lécher les bottes par le réceptionniste qui lui présentait ses excuses. Un homme bedonnant en cotte bleue arrivait avec sa caisse à outils pour essayer de réparer l'ascenseur. Je le prenais littéralement d'assaut.
-Combien de temps ça va prendre?!
-On se calme mademoiselle, ça prendra le temps que cela prendra !
-Je vous demande pardon?! Demandai-je, agacée.
-C'est mon jour de congés et je suis en pleine digestion alors pas la peine de monter sur vos grands chevaux avec moi !
-Et moi je vous assure que je vais vous faire digérer dans l'autre sens si vous ne vous dépêchez pas ! Vous n'avez pas envie de savoir ce qu'il se passe là-dedans je vous assure !
L'homme eut une drôle de réaction après ça. J'aurai cru qu'il me rirait au nez mais au contraire, il commençait à travailler. Je n'avais jamais été aussi menaçante de ma vie et j'en aurais été fière si je n'avais pas été aussi stressée.
***
EDWARD POV
En regardant ma montre, je me rendais compte que nous n'avions pas parler depuis plus de 20 minutes. Des bruits sourds nous parvenaient d'au-dessus, sûrement étaient-ils entrain d'opérer là haut pour nous sortir de là.
-Comment va-t-elle? Demanda-t-il soudainement.
Je fus surpris que Jacob m'adresse encore la parole. Je ne le regardais pas, préférant rester centré sur moi-même en toute circonstance.
-Bien. Elle va bien. Répondis-je sans trop m'étendre.
Il ne parlait pas tout de suite après ça.
-Comment … Quand elle te l'a dit …
Voir tous les efforts que Jacob faisait pour pouvoir s'adresser à moi calmement me fit froid dans le dos. Il connaissait toute une version de l'histoire dont je n'avais aucune idée et ça ne fit qu'accroitre cette culpabilité que j'avais envers Bella.
-Quand tu as su ce que tu avais fait, comment tu as réagi?
-Mal.
-Et elle?
-Elle, elle est partie. Elle a voulu couper les ponts avec moi et je n'ai pu que la comprendre.
Quand il remarqua que je répondais sincèrement à ses questions, Jacob sembla se calmer et il continua à me poser les questions qui le torturaient et dont, pour la plupart, je n'avais pas de réponses.
-Pourquoi elle-est revenue dans ce cas?
-Parce que je l'ai supplié. Répondis-je sincèrement. Je lui ai prouvé que j'avais changé et que j'étais maintenant quelqu'un de meilleur.
-Pour ma part, je pense que certaines choses sont inexcusables. Surtout quand on a été témoin, comme je l'ai été, du mal qu'une personne a pu ressentir.
-Ton point de vue se défend aussi, mais nous ne pouvions plus être séparés.
-Pourquoi?
-Parce que je l'aimais et qu'il m'a fallu cinq ans pour m'en rendre compte. Je pense que c'était pareil pour elle.
-L'amour n'excuse pas tout.
-C'est vrai, mais je pense que si ça n'était pas par amour pour elle, tu m'aurais déjà frappé. Alors ne viens pas jouer les insensibles devant moi Jacob. Cet amour que tu portes à Bella, c'est la seule chose que l'on a en commun toi et moi.
Cette fois, il choisissait de ne pas répondre. Comme si cet évidence l'écœurait profondément.
-Elle ne te fera jamais vraiment confiance, tu en es conscient? Soufflait-il en me regardant fixement.
Je me contentai de le regarder.
-Bella est une rêveuse dans un sens, si tu la déçois encore une fois, elle s'enfermera dans son monde, cette bulle qu'elle s'est construite pour se protéger de toi et elle t'écartera de sa vie pour ne pas avoir à revivre la même chose qu'il y a quelques années. Elle rêve d'une vie sans attaches, sans conventions, elle aimerait être libre c'est pour ça que l'idée d'engagement lui est inconcevable.
Jacob marquait un temps d'arrêt pour observer mes réactions. Même si je savais que ces mots étaient délibérément choisis pour me blesser, je ne pouvais en ignorer la justesse. C'était comme s'il mettait des mots sur mes plus grandes peurs.
-A cause de toi il y a cinq ans, elle s'est promise de ne plus jamais être dépendante de personne. C'est comme un besoin vital de se dire qu'elle pourra toujours se suffire à elle-même. Que tu ais changé ou pas ne changera rien à cette peur qui l'anime. Celle dont tu es l'origine. Elle préférera tout abandonner que d'être abandonnée.
Encore une fois, que répondre à cela?
-Jamais je ne lui referai subir ce genre de chose. J'ai appris de mes erreurs.
-Et pourtant, je suis certains que tu as toujours, au fond de toi, un doute sur la sincérité de ses sentiments. Comme si tu ne les méritais pas. Je le sais pour l'avoir vécu.
Je n'ajoutai rien alors il continuait.
-Bella ne se laissera jamais entièrement aller dans une relation. Elle finira par partir, voir le monde et ses merveilles. Ces 7 merveilles qu'elle veut voir au moins une fois dans sa vie. Elle a toujours voulu voyager. Ou alors, elle s'acharnera au travail pour ne plus penser.
-Ça ne se passera pas comme ça. Je ferais ce qu'il faut pour. Me défendis-je.
-Peut-être pendant quelques années, mais après? Le jour où tu verras les choses comme moi et que tu voudras l'épouser et fonder une famille avec elle. Tu feras quoi?
-On est loin d'en être là. Je ne pense pas à tout ça.
-Si c'est vrai, c'est que tu es prêt à la laisser partir un jour alors.
-Non. Mais il y a d'autre façon de partager la vie de quelqu'un que par le mariage et les enfants.
-Rien n'est définitif sans ça.
-C'est ça ton problème Jacob. Tu as toujours cherché le définitif sans jamais apprécier le moment présent.
-Crois-moi, au bout de quelques années, on s'en lasse du moment présent.
-Pas moi. Répondis-je sèchement. Pas nous.
-On verra. Répondit-il simplement.
J'allais répliquer mais la cabine s'agita et enfin, l'ascenseur se mit à descendre. Nous nous levions en même temps, pressés de s'échapper de cette atmosphère pesante qui commençait à nous tuer tous les deux.
Les portes s'ouvraient et je découvrais toute ma famille devant moi, Bella en tête. Elle se jetait immédiatement dans mes bras et je l'accueilli sans mal mais quand Jacob sortait derrière moi, elle se détachait par pudeur et baissa les yeux. Jacob se força à ne pas la regarder, je pouvais le sentir.
-Monsieur, dit-il en s'adressant à mon père, je me remet au travail immédiatement.
-Ne t'inquiète pas pour ça Jacob, lui assurait Carlisle, prend quelques minutes pour respirer. On s'en sort très bien là-bas.
-Merci. Souffla-t-il simplement avant de s'éloigner de nous.
Bella fit un pas dans sa direction comme pour le rattraper mais se ravisa, sûrement à cause de moi. Je savais qu'elle culpabilisait encore de l'avoir fait souffrir, je le lisais dans ses yeux.
-Vas-y. Vas lui parler. Lui dis-je en me forçant à sourire.
-Tu es sûr? Demandait-elle gênée.
-Certains. Lui assurai-je.
Alors elle se hissait sur la pointe des pieds pour m'embrasser délicatement et je la regardais s'éloigner. Par la suite, tout le monde se dispersait et je regagnai la fête.
[47/ Since I told you it's Over -Stereophonics ]
Malheureusement pour moi, même si mon visage souriait, intérieurement je doutais. Cette conversation partagée avec Jacob résonnait encore en moi. La voix éraillée mais pourtant mélodieuse de Kelly Jones, typique de tous ces chanteurs Britanniques, envoutait la salle et les couples commencèrent à se former autour de moi pendant que, lentement et sans convictions, je retournai à notre table.
Je me faisais l'effet d'un zombie. Ces deux dernières heures avaient été surréalistes. J'étais passé de l'état d'euphorie quand Bella m'avait poussé dans cet ascenseur à celui du doute après ma discussion avec son ex. Comment les choses pouvaient-elles changer si vite? Pourquoi prenais-je pour acquis les divagations d'un ex petit-ami jaloux? Sûrement parce qu'une part de vrai se cachait dans tout ça.
Alors que je regardai ma mère et mon père danser lentement sur cette chanson, entouré de tous leurs amis et leur famille, j'essayai de m'imaginer avec Bella dans 25 ans au même endroit. L'image qui m'apparaissait alors était certes idyllique, mais quelque chose clochait. Malgré tout, m'imaginer avec elle pendant 25 ans et plus encore n'avait rien d'effrayant au contraire. J'avais choisi ma vie aujourd'hui et c'était elle. Mais à vrai dire, toutes ces conventions, même si elles saillaient à merveille à Esmée et Carlisle, ne nous ressemblaient pas.
Si effectivement Bella, la femme que j'aimais et que je voulais garder près de moi pour le restant de mes jours, était une rêveuse prêt à tout plaquer pour partir au bout du monde, je le serais aussi. Du moment que j'avais ma guitare, une feuille de papier pour écrire et elle à mes côtés, je ne demandai rien d'autre. Ni mariage, ni enfants, juste nous et le reste du monde. « Us against the world » disent certaines chansons, cette phrase résonnait plus fort en moi aujourd'hui. Pourquoi se plier à ces règles préétablies par la société capitaliste dans laquelle nous vivons? La recherche du bonheur est d'abord personnelle, elle ne réside pas dans l'appartenance à un groupe où, au final, nous ne sommes tous que des moutons. Peut importe le travail, les études et tout le reste tant que votre solution vous permet de vivre comme vous l'entendez. Pourquoi ces paroles sonnaient-elles si anarchiques face au monde?
Ce que je ne comprenais pas, c'était pourquoi Bella? Elle travaillait si dur pour réussir ses études et s'assurer un avenir. C'était l'une des choses les plus importante pour elle, son avenir. Tout plaquer ne collait pas du tout à cette philosophie. Au final, peut-être était-elle aussi perdue que moi. Peut-être cherchions-nous encore elle et moi la clé du bonheur. Une chose était certaine, il n'y aurait pas de bonheur si nous n'étions pas deux.
Nous étions jeunes et si je remarquais que la société actuelle voulait nous caser dans de petites boites bien étiquetées le plus tôt possible, nous n'étions pas obligés de rentrer dans le moule. Pourquoi se prendre la tête avec des questions existentielles, en se demandant même si nous sommes normaux, quand la vie que l'on essaye de mener nous convient ? Et pourquoi devrai-je me sentir presque coupable, même menacé, de ne pas avoir la même vision du monde que Jacob Black? N'était-ce pas pour ça précisément que Bella m'avait choisi?
J'en était là dans ma réflexion quand Bella passait la porte de la salle. Nos regards se croisèrent et je savais qu'elle était mal à l'aise de m'avoir laissé pour partir parler à Jacob Black, ainsi que pour tout l'épisode de l'ascenseur. Seulement moi, à cet instant précis, j'étais seulement heureux de la retrouver. Toutes ces questions s'évaporèrent en un instant quand je me levais pour aller la rejoindre. Arrivé à son niveau, je passais mon bras dernière elle pour la ramener doucement vers moi. Lentement elle appréhendait ma chaleur autour d'elle et levait les yeux vers moi. Je me contentai de lui sourire.
-Edward, je suis vraiment dés... Commença-t-elle.
Alors je l'embrassais doucement, lui coupant la parole et quand je reculai Bella avait l'air légèrement étourdie.
-C'était pour quoi ça? Sourit-elle alors que je commençai à bouger lentement sur la musique avec elle.
-Simplement parce que tu es là et que j'ai besoin de toi.
Ensuite elle souriait et posais sa tête sur mon épaule, se laissant bercer contre moi. Je fermais les yeux, respirant l'odeur de son parfum, me laissant aller également.
-Edward? Souffla-t-elle.
-Plus tard … Répondis-je simplement. Pour le moment, danse avec moi.
Après ça nous ne parlions plus. Après ça nous étions simplement nous, entouré de tous les autres, ensemble et peut importait le reste.
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Finalement, l'attente n'aura pas été si longue (Merci Wam).
Comme je l'annonçais la semaine derrière dans les réponses aux reviews, Seattle Breakdown aura 18 chapitres ! Je pense avoir choisi une fin originale par rapport aux fics qu'on a l'habitude de lire et j'espère qu'elle vous plaiera !
Merci encore pour vos encouragements, et pour moi et pour ma Béta ;)
Ginie
J'ai pas pu résisté, je suis venue lire ici aussi LOL!!
RépondreSupprimerChapitre vraiment excelle, hâte de lire la suite..
Bisous.
Est-ce que Jake aurait accentué les doutes d'Edward quand à son avenir avec Bella?
RépondreSupprimerMerci à ta Bêta, Ginie (et à toi aussi) dont s'ignoré l'existence.
Magnifique chapitre. Vivement la suite!!!
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