mardi 1 mars 2011

Chapitre XVII : Lucky Star (Bonne étoile)


Chapitre XVII

LUCKY STAR

(Bonne étoile)

***

BELLA POV

Fin mai, en pleine période d'examens, je me retrouvais embarquée dans l'enfer des centres commerciaux en compagnie de Rosalie et de mon bourreau slash « futur mère » Alice Cullen. J'avais pourtant tout tenté pour y échapper mais il n'y avait pas eu d'échappatoire possible. Alice avait insisté pour que nous l'accompagnions dans le plus grand centre commercial de la Région : le Bellevue, à une heure de route de Seattle.

La mission du jour, acheter des vêtements de grossesse et de multiples accessoires pour le futur bébé. Enceinte depuis à peine 3 mois, Alice nous menait déjà la vie dure. Elle s'était évertuée à tout organiser, faisant la liste des différentes choses qui devaient être prêtes dans les 7 mois à venir. Pour moi, pas de quoi s'affoler, pour elle le timing était déjà serré.

En regardant Rosalie je remarquai que, comparée à moi, elle n'avait aucun mal à suivre Alice dans ses délires prénatals choisissant avec elle plusieurs petits ensembles pour le bébé, regardant les différents landaus ou autre hochets sans problèmes. Je me faisais l'effet d'une extra-terrestre tout droit arrivée de la planète Mars. Pour moi ce monde coloré, cet univers pastel tout cosy avec ce fond sonore digne du plus bel épisode des Télétubbies me donnait l'impression de suffoquer. J'essayai de ne rien laisser paraître cependant mais quand on me demandait mon avis, mon manque cruel de fibre maternelle ne passait pas inaperçu.

- Je cherche un mobile pour accrocher au dessus du berceau. Demandait Alice à la première vendeuse qui passait.
- Bien sûr mademoiselle, c'est le troisième rayon sur votre gauche.
- Il y a plusieurs articles?
- Évidemment, nous avons toute la gamme du mobile à 50 $ jusqu'à 400 $ pour celui qui est relié au matelas et qui surveille la respiration et le rythme cardiaque du bébé.
- Pas besoin de mettre 400 $ dans un mobile, soufflai-je en laissant glisser mes mains sur ces minis-camisoles de force que l'on mettait aux bébés. Demande à Emmett qu'il t'en fasse un avec des cannettes de bières. Lançai-je comme une blague.

Je riais toute seule à ma blague. Reposant la peluche de monstre que j'avais prise au hasard dans un rayon, je me retournai vers mes amies pour chercher leurs sourires. Malheureusement, je trouvai trois paires d'yeux consternés qui me dévisageaient comme si j'avais proposé de tuer le bébé dans un rituel sataniste. Seule Rosalie se retenait de rire, non pas pour ma blague tombée à l'eau mais pour la tête que j'étais entrain de faire. La vendeuse me regarda d'un air dédaigneux, priant certainement pour que je ne sois pas la future mère et Alice secouait lentement la tête l'air désespéré avant de continuer ses emplettes en m'ignorant. Je soupirai devant ma stupidité et Rosalie me passait le bras sur les épaules en riant.

- C'est pas drôle Rose, qu'est-ce que je fais là? J'y comprend rien à tout ça !
- Tu ne veux rien y comprendre nuance.
- Ça m'angoisse tout ça. Avouai-je.
- Parce que tu n'es pas prête pour avoir un enfant. Ça viendra. Dis-toi que c'est Alice qui va en avoir un, pas toi.
- Je sais, soupirai-je, je suis ridicule.
- Tu es jeune.
- Alice l'est aussi.
- Parfois certaine personnes sont prêtes plus rapidement que d'autre, il n'y a rien d'anormal là dedans.

Nous faisions quelques pas en silence, retrouvant Alice en pleine négociation de mobile quand je demandai :

- Pourquoi vous n'avez pas d'enfants avec Emmett?
- A vrai dire on n'y a jamais vraiment songé. Nos carrières respectives nous prennent beaucoup de temps à tous les deux, entre les deux boutiques et mon emploi du temps de malade …
Je méditai sa réponse, croyant le sujet clos quand Rose ajoutait :
- Mais si je peux t'avouer quelque chose, ça m'a fait bizarre de savoir que Lily était enceinte.
- Bizarre?
- Tu sais bien, souffla-t-elle pensive, on s'imagine toujours qu'on a le temps, qu'on sera jeune toute la vie... Mais quand quelqu'un que l'on a materné est enceinte avant soi, ça fait bizarre. C'est comme si d'un seul coup … J'y songeais plus sérieusement.
- Tu crois que les choses changeront quand vous aurez toutes les deux vos enfants? Lançai-je dans un moue boudeuse.
Rosalie se mettait à rire et m'embrassait dans les cheveux.
- Mais non, ne t'inquiètes pas comme ça ! Rien ne changera, nos soirées seront justes un peu plus bruyantes, voir odorantes parfois.
- Tu me rassures. Répondis-je en esquissant un sourire. Je veux pas que ça change moi. J'aime les choses comme elles sont en ce moment.
- De plus, j'ai pour le moment un grand gamin de 26 ans à la maison, donc rassure-toi c'est pas pour tout de suite.
- A quel point du me trouve nulle de m'inquiéter pour ça?
- Encore une fois Bella, tu n'es pas nulle. Tu es jeune. Le jour où tu penseras réellement au futur, on en reparlera.
- Mais je pense au futur.
- Et qu'est-ce que tu y vois? Me demandait-elle gentiment.
Je réfléchissais un instant.
- Edward.
Rose me souriait et se détachant de moi pour aller rejoindre Alice.
- Pour l'instant c'est tout ce qui compte. Me dit-elle en reculant, les mains dans les poches.

J'arrêtai de marcher une seconde, regardant Rosalie se joindre aux négociations plus loin, un poids en moins sur l'estomac. J'étais jeune, j'aurais sûrement le déclic plus tard qui sais. Les femmes faisaient des enfants de plus en plus tard de nos jours à ce qu'il paraitrait. D'aussi loin que je me souvienne, je n'avais jamais vraiment aimé pouponner, préférant les livres de coloriages aux poupées que ma mère s'évertuait à m'acheter. Finalement peut-être qu'il n'y avait rien d'anormal chez moi comme me l'assurait Rosalie. Peut-être simplement que j'avais d'autres choses à vivre avant de penser à tout ça. Ainsi rassurée, je rejoignais mes amies faisant fi des regards assassins que la vendeuse me lançait. Alice me souriait et me montrait discrètement le modèle sur lequel elle s'était arrêtée.

Une fois dehors, nous nous arrêtions pour prendre un café (déca pour Alice) et j'appréciai la chaleur du soleil sur ma peau. Les beaux jours revenaient et je n'avais plus très envie de rentrer réviser d'un seul coup.

- Je vais être grosse cette été. Boudait Alice.
- Ça va Alice, ça ne se verra pas beaucoup.
- Justement, j'aurai juste le petit bidon. Les gens ne se diront pas « elle est enceinte » mais « elle a du bide ». Quelle horreur achevez-moi !
- Fallait y penser avant au lieu de fricoter à Port-Angeles. Fis-je remarquer en prenant une gorgée de café.
- Dois-je te rappeler pour quelle raison Edward s'est retrouvé coincé dans un ascenseur ce weekend là? Me contrat-elle.
Sentant mes joues s'empourprer, je me noyai dans ma tasse de café.
- Ouais, alors entre toi et moi ma belle, qui est la plus perverse? Jubilait-elle.
- Humm, qu'il est bon ce café ! Lançai-je en la regardant droit dans les yeux. J'adore… La caféine… Humm c'est tellement délicieux.
Elle fixait son déca en grimaçant.
- Ça va un partout, la balle au centre. Soupirait Alice et repoussant sa tasse le plus loin possible.
- En parlant de perversité, enchaînait Rose, ça va mieux les hormones? Demandait-elle.
- Nausée matinale? Demandai-je.
- J'aurai préféré. Souffla Alice.
Et comme elle n'enchainait pas, Rose m'expliquait.
- Figure-toi que depuis quelques semaines, madame ne contrôle plus sa libido. Se moquait-elle.
Je pouffais de rire dans ma tasse.
- C'est pas drôle ! J'ai toujours envie ! A n'importe quelle heure et n'importe où!
- C'est Jazz' qui doit être content.
- Même pas ! S'indignait Alice. Il est toujours fatigué !
- Pas étonnant, tu le réveilles en pleine nuit et nous aussi par la même occasion. Vous voulez pas aller chez lui un peu?
- On peut pas, c'est déjà un baisodrome avec ces deux là. Fit-elle en me désignant.
- Hey ! M'insurgeai-je. C'est pas de ma faute si les murs sont en papier.
- T'as une chambre à l'université il me semble.

Je grimaçais à l'idée de retourner dormir dans ce placard pour étudiant modèle, mais célibataire. A vrai dire que n'y avait plus dormi depuis des semaines n'y retournant que pour prendre des vêtements où des livres pour les cours.

- De toute façon l'année se terminent, je dois la rendre dans un mois. Me justifiai-je.
- On va trouver quelque chose. Continuait Alice en ignorant mon excuse bidon.
- Vous cherchez un appartement?
- Il va bien falloir avec l'arrivée du bébé. On ne va pas continuer à squatter la chambre d'ami de Rosalie.
- Même si tu sais qu'à part tes agitations nocturnes, ça ne nous dérange pas.
- Je sais mais c'est dans l'ordre des choses.
- Edward est au courant? Demandais-je soudainement. Parce que je ne pense pas qu'il puisse continuer à vivre là bas si Jasper s'en va.
- Je sais bien, souffla Alice gênée. Jazz' doit lui en parler dans la semaine. On fera tout pour qu'il ai le temps de se retourner lui aussi ne t'inquiète pas.
- Je sais. Souris-je.

Alors qu'elles continuaient à parler, j'eus un pincement au cœur en réalisant que moi aussi j'allais devoir quitter cet appartement qui n'était même pas officiellement le mien. J'avais vécu tellement de choses là bas. Mon couple s'était littéralement construit dans cette petite chambre bruyante et mal isolée que j'occupais avec Edward. Cet appartement était maintenant rempli de souvenirs, bons comme mauvais, mais ils étaient là quand même. Notre premier chinois, notre première fois, notre première dispute et toutes ces choses que je revivais en regardant l'appartement. C'était stupide de voir à quel point on pouvait s'attacher à quatre murs.

- Un bébé et un nouvel appartement, lançait Rosalie quand je me reconnectai à la conversation. Quelle est la prochaine étape ?
- Laisse-moi déjà finir ces deux là, on verra après.
- C'est vrai que ça fait pas mal de choses à gérer en même temps. Admis-je.
- Je sais, mais c'est tellement différent de tout ce que j'ai pu vivre jusqu'ici. Il y a encore six mois j'étais en cavale et je me cachais de mes anciens patrons et regardez-moi aujourd'hui !
Rosalie et moi méditions sa réponse avec une certaine admiration.
- La vie est pleine de surprises. Finissait-elle pensive.
- Et vous ? Vous allez faire quoi cet été ? Me demandait Rosalie.
- J'en sais trop rien. Répondis-je. On n'en a pas encore discuté. J'espère déjà ne pas être au rattrapage.
- Avec tout le boulot que tu fournis ça m'étonnerai.
- On sait jamais.
- Tu t'es décidée pour l'année prochaine ? Histoire ou littérature finalement ?
- Je pense littérature si tout va bien.
- T'as raison, acquiesçait Rosalie, l'histoire c'est bien mais c'est passé.
- Par définition oui Rose. Souris-je.
- Joue pas les intellos avec moi Swan, tu vois très bien ce que j'ai voulu dire.
Je riais quand Alice frappait dans ses mains en s'excitant toute seule.
- Je viens d'avoir une super idée ! S'exclamait-elle.
- C'est bien Alice, respire ! Me moquai-je, appuyée par Rosalie.
- Oh taisez-vous bandes de gourdes ! S'indignait Alice.
- Pardon, c'est quoi cette idée brillante ?
- Et si on partait tous ensemble cet été ?
- Tous les six tu veux dire? Demandai-je surprise.
- A moins que tu veuilles qu'on demande également à Julia et Jacob?
- Toi tu veux ma mort. Répondis-je légèrement acerbe.
- Mais oui tous les six ! Oh, dites oui les filles. Suppliait-elle. Avant que je ne puisse plus prendre l'avion.
- Je ne suis pas certaine qu'Edward aura des vacances et si je suis au rattrapage…

Mais déjà Alice devenait toute rouge comme une enfant capricieuse qui arrêterait de respirer jusqu'à se qu'on lui donne raison.

- Ok, ok Alice on verra avec eux. Me rattrapai-je sous le regard insistant de Rosalie.
- Bah tu vois, lançait-elle satisfaite, c'est pas si compliqué !

***
EDWARD POV

La sonnerie du téléphone me réveillait. En ouvrant un œil, je me rendais compte qu'il était déjà 12h00. Étant rentré à 4 heure du matin, j'estimai que j'avais encore le droit à une ou deux heures de sommeil. Mais non, le monde était contre moi ce matin. Je décidai d'ignorer cette sonnerie stridente qui voulait absolument me tirer de mon lit mais évidemment, j'avais oublié de mettre en route le répondeur. Peu importe, ils rappelleront. Je me roulai en boule dans ma couette mais cet emmerdeur au bout de la ligne avait apparemment décidé de ne pas lâcher prise. Au bout de la quinzième sonnerie, à bout de nerf, je me levai pour aller décrocher.

Dans le couloir, à peine réveillé, je me prenais le pied dans les Converses de Bella et manquai de tomber. Je passais trop de temps avec elle, sa non-coordination commençait à déteindre sur moi. Malgré tout, cette idée m'arrachait un sourire. Un exploit vu l'agacement que ce foutu téléphone provoquait chez moi.

- Allo? Répondis-je l'air sombre, en décrochant.
- Bonjour, Cabinet notarial Myler & Associés. J'aurai aimé parler avec Monsieur Edward Cullen s'il vous plait.

Je me frottai encore les yeux quand cette femme s'annonçait. Je mis un instant avant d'assimiler son charabia. «  Cabinet notarial » ?? Une boule se formait dans mon estomac … J'avais pourtant payé tous les loyers.

- Allo? Monsieur?
- Oui, je suis là … C'est moi. Edward Cullen. Répondis-je légèrement méfiant.
- Bonjour, il faut que nous convenions d'un rendez-vous au sujet de votre succession.
- Ma quoi? Répétai-je.
- Votre succession.
- Il doit y avoir une erreur… Personne dans mon entourage ne m'a légué quoique se soit.
- Pourtant j'ai testament devant les yeux stipulant que la somme de 100 000 $ vous revient.
- 100 000 $ ?! Répétai-je, ma respiration se bloquant d'un seul coup.
- Moins les frais de notaire et les taxes, ce qui fait exactement 60 000 $.

Il fallait que je m'assoie. Je cherchai de la main le fauteuil derrière moi et tombai littéralement dessus, prenant ma tête dans ma main.

- Mais … Qui ? Réussi-je à articuler.
- Monsieur Jonathan Mac Fealler. Décédé hier à 75 ans.
- Je ne connais pas cet homme.
- Apparemment, lui vous connaissait.
- Comment ?
- Aucune idée. Il décrit une vie assez marginale dans son testament. Il avait fait fortune en inventant le bout de plastique au bout des lacets de chaussures et s'était coupé du monde ensuite. A priori, il passait ses journées dans le métro.
- Le métro ? Répétai-je en fronçant les sourcils.
- Apparemment, il vous voyait régulièrement jouer à la station Spadina d'après ce qui est écrit ici, vous avez du talent et vous lui donniez l'argent récolté de votre musique.

Et d'un seul coup ça me frappait. L'image de cet homme que j'avais pris pour un clochard pendant tout ce temps, celui à qui j'essayai de donner les quelques pièces que je récoltai, celui qui malgré sa pauvreté apparente avait toujours eu l'air plus intéressé par la musique que par les gens qui auraient voulu lui venir en aide. Il avait toute la panoplie pourtant, c'était à s'y méprendre : Les vêtements rapiécés, l'odeur de renfermé et d'humidité qui allait avec, la barbe et la nuque longues et le petit abris fait de cartons en dessous du quai. Même le nom qu'il utilisait faisait parti de son personnage.

En réalité ce fin mélomane était un homme en marge de la société, probablement sans ou avec très peu de famille, qui avait choisi cette vie de solitude plutôt que les richesses dont il disposait. Peut-être pensait-il ne pas les mériter. Je pouvais parfaitement m'identifier à lui. Ce type de raisonnement aurait pu être le mien et Dieu seul sait ou j'en serais aujourd'hui si je n'avais pas été si bien entouré. Mais pourquoi m'avoir choisi moi ? Un inconnu qui lui avait vaguement parlé deux ou trois fois. Cette somme d'argent sortie de nulle part me mettait mal à l'aise. Peut-être que Jonathan Mac Fealler, que j'appelais jusqu'ici « Salvatore », avait vu des similitudes entre nous ? Même dans ce cas là, ça ne valait pas 60 000 $.

- Monsieur Mac Fealler serra enterré demain à 10h00 au Calvary Catholic Cemetery, continuait-elle imperturbable, nous pourrions nous voir après demain à 14h30 si cela vous convient.

Tout ça était à la fois bien trop réel et trop surréaliste pour que je m'y fasse. En réalité, je le comprenais rien à ce qui était entrain de se passer.

- Monsieur?
- Oui, me forçai-je à répondre. 14H30 parfait.
- Très bien. Bonne journée à vous. Dit-elle avant de raccrocher sans me laisser le temps de répondre.
- Bonne journée. Répondis-je dans le vide et sans conviction aucune.

« - J'en vois des apprentis musiciens dans mon petit jardin privé, mais ce jeune là il a du talent. », la voix de ce vieil homme raisonnait encore dans ma mémoire.

« Son jardin privé », Pensai-je. Alphonse Karr avait un jour dit : « Quelle étrange chose que la propriété, dont les hommes sont si envieux ! Quand je n'avais rien à moi, j'avais les forêts et les prairies, la mer et le ciel ; depuis que j'ai acheté cette maison et ce jardin, je n'ai plus que cette maison et ce jardin. » et c'était sûrement pour cette raison que le vieux Salvatore, ou Mac Fealler avait fait le choix de renoncer à cette richesse matérielle. Il avait choisi les forêts et les prairies, la mer et le ciel, il avait choisi sa liberté.

J'admirai ce choix. Mais alors si j'acceptai cette donation, que cela faisait-il de moi ? Était-ce ma maison et mon jardin?

- Déjà réveillé ? S'étonnait Bella en entrant dans l'appartement.
Je levai les yeux vers elle et sa voix me sortait lentement de mon introspection.
- Tu ne peux même pas imaginer le calvaire qu'Alice nous a fait vivre. Soupirait-elle en retirant sa veste et ses chaussures.

J'essayai de paraître réactif, peut-être aurai-je dû répondre mais à vrai dire, j'avais du mal à me reconnecter à la réalité.

- Ta sœur est un enfer ambulant quand il s'agit d'acheter ! Me souriait Bella en venant s'assoir à côté de moi sur le canapé.

Je ne savais toujours pas quoi dire et mon silence ne tarda pas à alarmer Bella. Elle tourna d'abord la tête vers moi pour me regarder dans les yeux. Son front se plissa quand elle m'observait attentivement avant de poser la question inévitable :

- Edward, est-ce que ça va? Qu'est-ce qui se passe?

Ce qui se passe? Je réfléchissais un instant. Qu'est-ce qui se passait au juste ? Ma vie venait juste de prendre un tournant radical à cause d'un simple coup de fil.

Machinalement, et surtout pour rompre l'atmosphère pesante qui régnait dans l'appartement, j'allumai la télévision sur la première chaine musicale que je trouvai.

[ 55. James Morrison ft. Nelly Furtado - Broken Strings (Cover)]

- Je viens d'hériter de 60 000 $. Répondis-je de but en blanc.

Je vis la mâchoire de Bella tomber puis elle ouvrait et fermait la bouche comme pour parler mais aucun son n'en sortait.

- Attend … Quoi ?
- Je viens d'hériter de 60 000 $, répétai-je en me levant, enfin ça c'est sans les frais de notaire et les taxes parce qu'en réalité c'était 100 000 $.
Bella paraissait encore plus hébétée.
- Mais hérité de qui ?
- Tu te souviens du vieil homme que l'on a croisé dans le métro il y quelques temps ?
- Le sans abri ?
- Visiblement pas tant que ça. C'était apparemment un marginal plein aux as qui avait choisi cette drôle de vie.
- Mais …

Elle semblait ingurgiter toutes ces informations pour pouvoir y donner un sens. Moi je faisais les cents pas devant Bella qui suivait mes déplacements du regard. Alors elle venait me rejoindre, arrêtant ma course frénétique par la même occasion.

- Pourquoi toi?
- C'est ce que je me demande aussi.
- Il n'avait pas de famille?
- J'en sais rien faut croire que non. L'enterrement est demain, c'est la seule solution que j'ai pour rencontrer ses proches.
- Qu'est-ce que tu vas faire?
- A ton avis …
Bella allait intervenir mais je ne lui en laissais pas l'occasion.
- Je ne veux pas de cet argent, il n'est pas à moi.
- Quoi ? Lançait Bella en fronçant les sourcils pendant que je recommençai à marcher à travers la pièce.
- Pourquoi est-ce que j'accepterai ?
- Si cet homme t'a légué de l'argent c'est qu'il le voulait non ?
- Peut importe.

Elle me rejoignait, m'empêchant d'avancer encore une fois en me retenant par les épaules afin de capter toute mon attention.

- Edward, je connais ton avis quand il s'agit de l'argent et je le respecte mais dans ce cas précis, c'est ridicule. C'est pas comme si tu avais demandé à ce que l'on te le donne.
- Je n'ai pas besoin de cet argent.
- Qui n'a pas besoin de 60 000 $ enfin ?! Lançait-elle en me libérant.
- Mais qu'est-ce que j'en ferai ?!
- Mais j'en sais rien, peut-être trouver un autre travail plus convenable.
- Mais j'aime mon travail !
- Quand je dis convenable, je parlais d'un travail qui ne t'accaparerait pas la moitié de la nuit. Un travail qui nous permettrait de dormir ensemble un peu plus souvent.

Je voyais dans ses yeux qu'elle avait retenu cet argument bien trop longtemps déjà et que ça lui pesait. Je n'ajoutai donc rien en m'avançant jusqu'à elle pour la prendre contre moi. Ses mains se posèrent délicatement sur mes avant bras et un instant, elle n'osait pas me regarder. Quand je retrouvai ses prunelles chocolat, Bella soupirait comme si elle se préparait à m'annoncer quelque chose de désagréable.

- Écoutes, crois-moi quand je te dis que tu auras besoin de cet argent.
- Comment ça ?
Bella hésitait encore une fois.
- Je n'étais pas censée t'en parler mais Jasper et Alice vont emménager ensemble.
- Ici ? Grimaçai-je.
- Non, répondit-elle doucement, dans un nouvel appartement.
- Oh... Soufflai-je en réalisant ce que cela impliquait pour moi. J'imagine qu'il fallait s'y attendre...
Je prenais une seconde pour penser à tous les aspects à prendre en compte.
- Je vais devoir déménager. Lançai-je simplement d'un signe de main.
- Pas si tu acceptes cet héritage.
- Bella, ce n'est qu'un appartement après tout.
- Mais j'adore cet appartement. Longtemps, il a été mon refuge et c'est là que tout à commencé entre nous. Bouda-t-elle de la façon la plus adorable qui soit.
J'aillai la serrer contre moi à nouveau.
- L'important c'est qu'on soit ensemble non ? Peut importe où. Souris-je.
- T'as toujours des réponses toutes faites comme celle-ci ?
- Tu me rends romantique faut croire. Répondis-je avec mon sourire le plus charmeur.
- N'essaie pas de m'amadouer Cullen. J'étais sérieuse pour cet argent. Je pense que tu devrais prendre le temps d'y réfléchir. Personne ne t'a dit de tout dépenser d'un coup et de devenir un abruti matérialiste. Tu pourrais le mettre de côté pour plus tard parce que, que tu le veuilles ou non, il y aura toujours un plus tard.
- J'en sais rien. Dis-je, haussant les épaules. Je peux aussi bien sortir de chez moi et me faire écraser par un bus.
Je recevais un gros coup de poing sur l'épaule.
- Aïe ! Lançai-je en me frottant l'épaule.
- Ne plaisantes pas avec ça. Dit-elle sérieusement.
- C'était un exemple.
- Et bien trouves-en un autre. Même si tu ne le vois pas, ou que tu ne veux pas le voir, tu as un avenir brillant devant toi.
- Comment tu peux le savoir?
- Je le sais c'est tout. T'as juste besoin qu'on t'ouvre les yeux. Tu as un potentiel énorme et tu ne t'en rend même pas compte.
- On parle toujours des 60 000 $ là? Demandai-je surpris qu'elle prenne tout ça tant à cœur.
- Réfléchis-y, c'est tout ce que je te demande. Parfois il faut revoir ses principes.
- Depuis quand es-tu devenu si mature ? Souris-je.
- Je l'ai toujours été, je suis une femme. Répondit-elle fièrement.
C'était tellement adorable que je ne pu m'empêcher de l'embrasser.
- J'irai à l'enterrement, repris-je plus sérieusement, on verra bien ce que je trouve là bas.
- Merci. Soufflait-elle.
- Je vais prendre une douche.

***
BELLA POV

Edward allait dans la salle de bain et j'en profitai pour ranger un peu l'appartement. Prenant la corbeille à linge, j'allai ramasser les vêtements qui trainaient par terre dans la chambre, évidement la plupart étaient ceux d'Edward. Les hommes étaient tous les mêmes. J'avais l'impression de me retrouver propulsé chez Charlie. Il fallait toujours qu'ils attendent la dernière minute pour faire leur lessive. Je rassemblai également quelques vêtements à moi, la plupart étant encore dans ma chambre universitaire, et en passant devant la chambre de Jasper, je faisais de même pour lui. Si je m'occupais d'un homme, je pouvais m'en occuper d'un deuxième.

Après avoir séparé le blanc des couleurs (ce qui apparemment était une première), je versai une dose de lessive et mettais la machine en route. Machinalement, je vérifiai le courrier posé sur le comptoir, comme si j'habitais officiellement cet appartement. Deux lettres adressées à Edward retenaient mon attention. Elles provenaient toutes les deux de maisons d'éditions locales. Après un rapide coup d'œil dans le couloir pour vérifier qu'Edward était toujours sous la douche, je m'empressai de les ouvrir.

Malheureusement elles commençaient toutes les deux par la fameuse phrase : « Malgré tout l'intérêt que nous portons à votre manuscrit, j'ai le regret de vous informer ... », je les jetai immédiatement à la poubelle, ni vu ni connu ne perdant pas espoir qu'un jour quelqu'un lui donnerait sa chance, à ceci près qu'il veuille bien la saisir.

Après ça, j'entrepris de faire la vaisselle et je passai le balai quand Edward réapparaissait.

- Mon dieu, je te laisse cinq minutes et on dirait qu'une tornade est passée dans l'appartement !
- La tornade du rangement et de la propreté peut être. Souris-je en m'essuyant les mains. Tu étendras la machine quand elle sera terminée.
- Oui madame. Répondit-il de façon théâtrale.
- Je vais aller réviser à la BU. Je serai là ce soir.

Je l'embrassai rapidement avant de partir pour une après-midi de révision intensive.

***

Trois heures plus tard, alors que j'étais plongée dans la renaissance Italienne, jouant machinalement avec mon crayon sur la pile de livres ouverts à côté de moi, je recevais un message pour le moins énigmatique :

« - 1596 Lake Washington blvd. 20 minutes - A - ».

En y réfléchissant, vu l'expéditeur, ça ne pouvait être qu'énigmatique. Si je comprenais bien ce que ma sois disant amie me demandait de faire (encore une fois pendant mon temps de révision !), c'était de traverser la moitié de la ville en métro en 20 minutes, sans raison particulière. Je soupirai en tapant ma réponse :

« Impossible, à la bibliothèque. Révisions ».

Je reposai mon portable en essayant de me reconcentrer mais à peine trois secondes plus tard, il vibrait bruyamment contre le bois massif de la table. Un étudiant à côté de moi me regardait de travers et je me contentai de lui faire un sourire désolé en récupérant discrètement mon téléphone :

« Je sais, urgent. Rose t'attend dehors »

- Quoi ?! Mais comment…! M'exclamai-je à voix haute en recevant une pluie de « chuuutt » en retour.

Penaude, je rangeai rapidement mes affaires pour rejoindre Rosalie qui était apparemment miraculeusement entrain de m'attendre à l'extérieur.

- Comment est-ce que vous m'avez trouvé ?! Lançai-je à Rosalie qui attendait les bras croisés contre sa voiture.
- Elle a appelé Edward avant.
- Traitre ! Crachai-je entre mes dents à l'intention de mon petit-ami.
- Monte ! Me fit-elle en m'ouvrant la portière passager. Apparemment ça ne peux pas attendre.
- Tu travailles pas toi ? Demandai-je en obéissant.
- Je t'ai dit que ça ne pouvait pas attendre !
- Et tu la crois sur parole ?! Souris-je.
- C'est toujours mieux que je rester derrière un bureau. Je rattraperai mon retard demain !

Je soupirai en sachant très bien que moi, je ne pourrai pas rattraper mon retard aussi facilement. Ça avait intérêt à être vraiment important.

- C'est l'avantage d'avoir un poste à responsabilité ! Me disait-elle dans un clin d'œil, avant de démarrer.

Un quart d'heure plus tard nous approchions des rives du Lac Washington pour nous engager sur le boulevard. En cherchant une place pour se garer, nous croisions la voiture de Jasper postée devant un des immeubles résidentiels aux façades rouges. Nous remontions la rue à pied par la suite et nous arrêtions comme convenu au 1596.

C'était un immeuble de cinq étages, apparemment récent et entouré de verdure. Le boulevard était étonnamment calme et au loin, nous pouvions entendre des enfants rire dans le parc de l'autre côté du trottoir.

- On est en bas. Disait Rose au téléphone.
Je restai silencieuse pendant que Rose patientait au téléphone.
- Elle veux qu'on monte. M'informait Rosalie en raccrochant.
- Qu'on monte ? Répétai-je, dubitative.

Elle se contentait de hocher les épaules avant de marcher vers l'entrée de bâtiment, moi dans ses pas.

- Y'a un code. Soufflai-je, comme devant un obstacle infranchissable.

Alors je vis Rosalie composer rapidement le code qu'Alice avait du lui donner au téléphone et la porte s'ouvrait dans un bourdonnement significatif. On pouvait dire rien qu'au hall d'entrée que les appartements de la résidence étaient beaux, luxueux et neuf. On se serait cru dans les couloirs d'un hôtel. De toute façon, ça n'était pas n'importe quel résident de Seattle qui pouvait se payer une vue sur le Lac.

«Typique d'Alice», pensai-je alors que nous montions dans l'ascenseur jusqu'au troisième étage.

A peine sortis de la cabine, Alice nous accueillait avec un grand sourire aux lèvres, nous entrainant sans plus attendre dans l'un des appartements dans lequel la voix d'Eddie Floyd résonnait.

[56. California Girl – Eddie Floyd]

« California Girl », pensai-je. En regardant mon amie dans ce nouvel espace, je devinai que notre California Girl et ses problèmes était bien loin à présent. Je souriai à cette idée, la laissant avancer dans la pièce avant de la rejoindre.

Dès que j'entrai, mon regard fut happé par les deux baies vitrées géantes qui ornaient la plus grande façade de l'appartement, avec vue sur le Washington's Lake bien évidement ! Je commençai à comprendre ce que nous faisions ici et je ne pu m'empêcher de me sentir légèrement coupable vis à vis d'Edward.

- Qu'est-ce que tu as fait à tes cheveux?! S'exclamait soudainement Rosalie en dévisageant Alice.
- Je les ai coupé tout à l'heure? Vous n'aimez pas? Je trouve que ça fait plus femme ! Répondait-elle fièrement.

Alors seulement je remarquai la nouvelle coupe de cheveux d'Alice. Un petit carré plongeant qui englobait délicatement son visage. Ça lui donnait un petit côté « Working Girl » Chic !

- Moi j'aime bien ! Mais sérieusement Alice, on t'a quitté ya quatre heures. Jamais tu te repose ! T'es qui Supergirl?!
- T'en doutait encore? Rétorquait-elle à mon attention dans un clin d'œil.
- Oui, c'est joli. Ajoutait Rose dubitative. Ça change.
- Je ne m'attendais pas à ce que tu comprenne de toute façon, tu n'as jamais pu couper tes cheveux... Boucles d'or. Ajoutait Alice pour titiller Rose.
- C'est faux ! J'ai déjà coupé mes cheveux !
- Ah oui et c'était quand?
Rosalie faisait mine de réfléchir un instant.
- Quand j'avais 5 ans, un garçon m'avait mis du chewing-gum dans les cheveux. Boudait-elle en caressant sa chevelure comme si elle s'attendait à y trouver les traces du fameux chewing-gum.
Alice un moi échangions un regard sceptique.
- Bref, passons ! Alors, lançait Alice à la fois anxieuse et impatiente, qu'est-ce que vous en pensez ?

Je suivais Rose alors que nous nous avancions dans le salon baigné de lumière et sa cuisine américaine tout équipée.

- Joli. Disait simplement Rose.
- Mais ? Demandait Alice en grimaçant.
- Je sais pas, enchaînai-je, si tu précisais déjà le fond de ta pensée Lil'.
- Oh, ne faites pas les innocentes ! Soupirait Alice avant qu'un sourire malicieux n'apparaisse sur son visage.
Rosalie et moi échangions un regard entendu.
- J'ai craqué ! Nous annonçait-elle en sautillant littéralement sur place. J'ai signé le bail ce matin.
- On était avec toi ce matin. Lui rappelai-je en haussant un sourcil.
- Mais juste après ! Je suis passée en voiture après le coiffeur, j'ai vu le panneau à louer et j'ai craqué !
- Whooa, souffla Rose en s'avançant un peu plus dans la pièce principale, regardant à droite et à gauche, c'est magnifique. Jazz' en dit quoi ?
- Oh, il n'a rien vu encore ! Répondit-elle comme s'il s'agissait d'une simple formalité.
Nous ouvrions des yeux ronds toutes les deux.
- Quoi ?! Comment ferait-il pour ne pas aimer cet appartement ?! Et puis c'est moi qui porte le fœtus, c'est moi qui décide ! Se défendit Alice.
Toujours aussi stupéfaites, nous n'enchainions pas d'avantage.
- Oh arrêtez de faire cette tête, il est au courant quand même. Il doit venir après ses révisions pour visiter.
- Ah parce que lui, tu l'as laissé réviser tranquille ! Grondai-je.
- Vous vous deviez de voir ça !
- Avant le père de ton enfant Alice ? Sourit Rose, les mains sur les hanches. Tu sais que j'ai quitté le bureau pour ça !
- Comme si c'était la première fois ! Rétorquait l'intéressée.
- Allez les filles ne jouez pas les rabat-joies !
Elle nous attrapait par les mains pour nous entrainer avec elle.
- Regardez, il y a une chambre ici et là (elle ouvrait une seconde porte dans la foulée) ça sera la chambre du bébé et on a la salle de bain là bas (Alice nous trainait de l'autre côté de l'appartement sans nous laisser un moment de répit) avec douche et baignoire et là se sont les toilettes. Attendez avant de critiquer, vous n'avez pas encore vu la terrasse !
- Alice Stop ! Lançait Rosalie en récupérant sa main (et la mienne par la même occasion).

Coupée dans son élan enthousiaste, Alice nous faisait face essoufflée et penaude attendant qu'une pluie de réprimandes s'abattent sur elle. Au lieu de ça, Rose et moi échangions un regard complice avant de nous jeter, bras ouverts, sur Alice qui lâcha un grand soupir de soulagement.

- Je suis contente que ça vous plaise. Souffla-t-elle. Vous êtes les bienvenues, vous le savez. Je veux que mon appartement soit le nouveau lieu de rencontre de notre petit groupe.
- Hey pousse pas le bouchon, se braquait Rose, le lieu de rencontre c'est chez moi ! Ca va pas changer.
- Oui mais moi j'ai la vue sur le Lac ! Rétorquait Alice de façon claquante quand Rose ouvrait grand la bouche.
- Ouais et bah rassure-toi quand ton petit chieur de gamin fera ses dents, ils se réfugieront tous chez moi ! Na ! Siffla Rose alors que cette fois se fut au tour d'Alice de gober les mouches.
- Jalouse ! Accusait-elle à son tour.

Elles se fixèrent toutes les deux quelques secondes d'un air de défi avant de se tomber dans les bras à nouveau. J'observai ce spectacle attendrissant en silence quand leur deux paires d'yeux se braquaient sur moi.

- Quoi? Demandai-je sur la défensive.
- Je sais pas, tu es un peu trop silencieuse tout d'un coup. Me répondait Alice, méfiante.
- Nan, c'est juste que… Laissez tomber ! Je suis contente pour vous. Souris-je.
- Bella… Insista Rose.

J'essayai d'écourter la conversation mais leurs regards inquisiteurs posés sur moi m'obligeaient à parler.

- C'est juste que, ce matin tu nous annonçais que vous alliez chercher un appartement et quatre heures après, tu en a un et… ça ne laisse pas beaucoup de temps à Edward pour trouver une solution c'est tout.
- Ne t'inquiète pas pour lui. Jasper est justement entrain d'amener la chose le plus délicatement possible pour lui, au moment même où je te parle ! Je suis sûre que ça va bien se passer. Jazz' sait parler à Edward !


***
EDWARD POV

Affalés sur notre canapé, Jazz' et moi dégustions notre quatrième bière de l'après-midi en silence. Je sentais déjà les effets bénéfiques de l'alcool couler dans mes veines, calmant toute l'anxiété que j'aurai pu ressentir à l'heure actuelle sans l'aide de ce délicieux breuvage.

- Promet-moi que même quand tu seras papa et que tu vivras dans ce chic appartement avec ma sœur, tu trouveras encore du temps pour des sessions bières avec ton pote barman fauché et dépressif.
- Tu rigoles ou quoi ?! Tu seras ma planche de salut ! Rétorquait Jazz'. Un gamin, une femme et un appartement en moins de 6 mois, sans toi je n'y arriverais pas !
- Comment tu as fait pour devenir plus responsable que moi tout d'un coup ?
- Je sais, soupirait Jasper, je comprend pas moi non plus. Ta sœur est une vraie tornade blanche !
- Tu es heureux au moins ? Demandai-je sérieusement.
- Le plus heureux des hommes. Me répondit-il sincèrement. Même si ça me fout une trouille bleue.

Pour toute réponse, je trinquai avec mon ami, nos deux bouteilles s'entrechoquant. Une gorgée plus tard, Emmett déboulait dans l'appartement, bousculé par Zooka qui se ruait sur nous.

- C'est quoi cette grande nouvelle ?! J'ai fais aussi vite que j'ai pu mais je devais d'abord passer à la maison pour sortir ce monstre pour éviter qu'il nous mange le canapé entre une fois.
- Alice et moi on s'installe ensemble. Lançait fièrement Jasper pendant que je caressais le chien, secouant sa grosse tête dans tous les sens.
- Quoi chez moi ?! Demandait mon frère presque effrayé.
- Alice vient de louer un appartement sur Washington's Lake. L'informai-je en délaissant Zooka pour ma bière.
Alors je vis l'expression d'Emmett passer de la stupeur à la satisfaction extrême.
- Washington's Lake ? Interrogeait-il, Jazz' approuvant avec un grand sourire. La classe ! Balançait Emmett en frappant dans la main de mon futur ex colocataire.

Puis le regard de mon frère se portait sur les bouteilles de bières vides posées sur la table basse à côté de nos pieds.

- Hey, j'ai du retard ! S'indignait Emmett en retirant sa veste pour ensuite desserrer sa cravate. Vous en êtes à combien ?
- Quatre.
- Bientôt cinq. Répondis-je en finissant ma bouteille d'une traite.
- Alors tu vas vivre avec ma petite sœur hum?
- Tu vas encore m'étrangler ou on peux avoir une vraie conversation ?
- Je ne vais pas t'étrangler ! S'indignait Emmett en levant les yeux au ciel.
Jazz' souriait fièrement en buvant une autre gorgée quand Emmett ajoutait :
- Je ne vais quand même pas priver mon futur neveux de son père !

Un sourire étirait mon visage. Voir ces deux là se chamailler pour la même femme me faisait plaisir. Lily était vraiment bien entourée aujourd'hui. Je m'étais toujours senti responsable d'elle, peut-être parce que vous avions vécu 9 mois ensemble dans le ventre de ma mère. Mais aujourd'hui, je savais qu'elle était entre de bonne mains. Je n'en revenais toujours pas de tout le chemin qu'elle avait parcouru en si peu de temps. Je me souvenais encore de l'expression de son visage il y a quelques mois quand j'avais ouvert la porte de mon appartement pour la trouver sur le canapé. J'avais vu cette ombre dans ses yeux, celle de toutes les épreuves qu'elle avait fuit pour venir se réfugier à Seattle. Celle dont elle avait mit longtemps à me parler.

Penser qu'aujourd'hui Alice était dans une relation stable, qu'elle était sur le point d'emménager dans un nouvel appartement et qui plus est, qu'elle était enceinte de mon meilleur ami était ahurissant.

Je ne pouvais m'empêcher de faire la même comparaison sur ma vie. Il y a encore quelques mois j'étais encore étudiant à la fac. Je suivais ce chemin qui certes ne me plaisait pas énormément mais j'avais toujours un chemin à arpenter. Aujourd'hui il y avait tellement de voies devant moi que je n'en voyais aucune précisément. Je n'étais plus étudiant. Qu'étais-je ? Un barman ? Non, mais un homme dans le brouillard et sans réelle perspective d'évolution qui allait bientôt devoir quitter cet appartement qu'il aimait tant. Les gens autour de moi évoluaient, peut-être étais-je entrain de stagner finalement. A trop chercher ma liberté, n'étais-je pas entrain de me couper du monde ? Ce discours peut paraître sinistre au premier abord mais tout le paradoxe de cette situation était qu'elle me plaisait. J'avais volontairement choisi de me perdre dans l'immensité de la vie, mais à quelle prix ? J'avais maintenant peur de faire le mauvais choix en refusant cet héritage.

Puis les paroles de Bella me revenaient en mémoire « que tu le veuilles ou non, il y aura toujours un plus tard. ». Aussi plaisants qu'étaient les choix que j'avais fait, combien de temps encore seraient-ils sans conséquences ?

***

La journée suivante, quand le soleil commençait à émerger derrière mes stores, je me levais en prenant soins de ne pas réveiller Bella, profondément endormie à côté de moi. John m'avait laissé partir plus tôt hier soir en raison du rendez-vous très particulier que j'avais ce matin. Je prenais mon temps sous la douche pour une fois, comme pour reculer l'échéance. Pourquoi cet événement me perturbait-il à ce point? Je l'ignorais. Je ne connaissais pourtant pas plus que ça cet homme. Mais le fait qu'il m'ait choisi moi, au lieu de léguer son argent à sa famille donnait à tout ça une autre dimension. Comme s'il avait un message caché derrière tout ça. Je me souvenais de l'histoire du jardin de Karr «depuis que j'ai acheté cette maison et ce jardin, je n'ai plus que cette maison et ce jardin.» et encore une fois, je ne savais pas quelle allait être ma décision.

Lentement je coupai l'eau, restant plus que nécessaire dans la cabine humide de la douche. Ma main trouvai la fraîcheur de la porte coulissante et je regardai mes doigts laisser des traces verticales à travers la buée. En allant à cet enterrement, je pensai trouver les réponses qui me manquaient et alors peut-être trouverai-je des réponses plus personnelles encore. Je voulais comprendre.

J'avais opté pour une chemise blanche sur un costume noir, sans cravate. Je voulais être bien habillé pour rendre hommage à monsieur Salvatore, ou quelque-soit son véritable nom.

A 10h10, je me garai devant le grand portail de fer forgé du Calvary Catholic Cemetery et m'avançai lentement dans ces allées de pierres tombales fleuries. J'espérais simplement ne pas faire tâche devant la famille du défunt. Après tout qui étais-je pour m'incruster dans une famille, dans un moment pareil ?

« Dans ce genre d'endroit, le temps semble s'arrêter, comme suspendu ». Pensai-je « C'est toujours calme et serein malgré les raisons souvent tragiques qui nous poussent à y venir. »

Pourtant quand j'arrivai sur les lieux, ma surprise fut de taille. Mis à part le prêtre, j'étais seul devant le cercueil bientôt enterré de monsieur Jonathan Mac Fealler. Le prêtre était tout aussi perdu que moi visiblement car il ne tarda pas à me demander si nous devions commencer la cérémonie. D'abord hésitant, je regardai autour de moi dans l'espoir de voir un proche arriver à la dernière minute, mais personne ne vint, alors le prêtre commença et, les bras croisés devant moi, je rendais un dernier hommage à mon bienfaiteur.

***

Quand je poussai la porte de mon appartement dans la soirée, la lumière était tamisée. Quelques chandelles étaient allumées sur la table basse et la table était mise. Une douce musique me parvenait et l'odeur qui émanait de la cuisine était plus qu'appétissante. Bella arrivait avec deux assiettes chaudes dans les mains qu'elle posait délicatement sur la table, avant de me regarder presque gênée.

- C'est en quel honneur tout ça ? Souris-je en posant ma veste.

Bella s'approchait pour me tendre un verre de vin rouge et m'embrassait délicatement avant de me prendre par la main pour m'entrainer sur le sofa.

- Je sais que ta journée n'a pas du être facile, alors je voulais faire quelque chose.
- Tu n'aurais pas dû.

J'humai avec envie le plat qu'elle nous avait concocté avant de prendre une gorgée de vin.

- Qu'est-ce que c'est ?
- Du bœuf Bourguignon, c'est une recette française.
- Hum, plat français, vin français. Tu me gâtes trop. Lui souris-je en l'embrassant sur le front. Merci.
- Alors ? Demandait-elle doucement. Comme c'était ?

Mes yeux se perdaient sur ses jambes et je posais ma main sur son genou en cherchant mes mots.

- Étrange. Finis-je par dire.

Bella n'ajoutait rien, attendant que je parle. Elle avait toujours su écouter avec attention sans intervention inutile.

- Il n'y avait personne. Personne à part moi, un parfait étranger, et le prêtre.
- Personne ? Et sa famille ?
- Je ne suis pas sûr qu'il en avait finalement.
- C'est triste de finir comme ça.
- Je trouve aussi. Acquiesçai-je en prenant une autre gorgée de vin. Triste et injuste. Soupirai-je en m'adossant finalement au dossier du canapé, ma main caressant toujours la jambe de Bella. Ce simple geste m'apportait du réconfort. Il avait quelque chose d'obsédant ce soir.
- Qu'est-ce que tu as décidé ? Demandait Bella au bout d'un instant.
Mon regard virait jusqu'à la cuisine, derrière le comptoir.
- Comment tu fais pour cuisiner et toujours laisser la cuisine plus propre qu'au départ ?
- Edward… Souffla-t-elle sérieusement.
- Je sais pas. Répondis-je honnêtement en haussant les épaules. Je n'ai pas la moindre idée de ce que je déciderai demain dans le bureau de ce notaire et à vrai dire pour le moment, j'ai juste envie de penser à autre chose. J'ai besoin d'une distraction, tout ça est trop réel.
- Qu'est-ce que je peux faire ?

Alors je glissai ma main sur sa joue, repoussant ses cheveux en arrière pour ramener son visage vers moi. Bella se laissait embrasser doucement, suavement, je prenais mon temps pour apprécier chaque parcelle de ses lèvres chaudes et douces. Tout ce dont j'avais besoin à présent c'était de ressentir tout l'amour qu'elle me portait. Voir un homme mourir seul faisait froid dans le dos.

Je l'attirai alors jusqu'à moi sans rompre notre baiser, de façon à ce qu'elle se retrouve assise sur mes cuisses. J'englobai son visage de mes mains, voulant la sentir au plus prêt, serrant son dos jusqu'à la courbure de ses reins comme si elle allait m'échapper et me laisser seul. Bella ne protestait pas et se laissait faire comme une poupée de chiffon entre mes mains.

Nous faisions l'amour ici, sur ce canapé, à la lueur des chandelles et une fois l'extase atteint, je ne la lâchais pas pour autant. Encore tremblant, je l'enfermai dans l'étreinte de mes bras, mon front reposant sur sa clavicule pendant qu'elle me caressait lentement les cheveux. Je me laissais aller et fermais les yeux pour ne plus penser à rien d'autre qu'à ce moment de sérénité contre elle. J'avais de la chance de pouvoir me reposer sur quelqu'un, de toutes les façons possibles.

A la lecture du testament le lendemain, Bella avait insisté pour m'accompagner et pendant toute la lecture de la notaire, elle n'avait pas lâché ma main. Et alors que j'écoutais les dernières volonté de cet homme, une phrase me revint en mémoire :

« Nos actes ne sont éphémères qu'en apparence. Leurs répercussions se prolongent parfois pendant des siècles. La vie du présent tisse celle de l'avenir ».

- Monsieur Mac Fealler conclut ainsi, disait la voix de la notaire me ramenant à la réalité de ce bureau, j'ai vu de nombreuses choses dans ma vie. J'ai vu ce que l'argent peut faire chez un homme, j'ai vu ma famille tiraillée par l'appât du gain et perdre de vue les choses importantes de la vie aussi j'ai choisi de ne pas leur donner raison et ils sont tous parti. Il y a dans ce monde des gens bien qui mériteraient qu'on les aide à réaliser leurs rêves et à ouvrir les yeux sur les dons qu'ils possèdent. Aussi je lègue la somme de 100 000 $ à ce jeune homme qui, plus que l'argent, a choisi la musique. Un homme plus sage que moi a un jour dit : « La musique donne une âme à nos cœurs et des ailes à la pensée ». C'est cela que j'ai vu en lui et c'est pour cela qu'il mérite toute ma gratitude. Puisse-t-il en faire bon usage.

Après cela, un silence pesant s'abattit entre ces murs. Quand la notaire me tendait un stylo pour que j'appose ma signature et accepte l'héritage par la même occasion, j'hésitai encore. Bella serra d'avantage ma main pour me donner le courage de faire un choix et je saisissais le stylo.

Je choisissais finalement de signer acceptant cette aide venue de nulle-part, acceptant un avenir légèrement moins étriqué. Acceptant, un chemin à arpenter sur lequel je serai libre d'avancer.

***

[57. Ray Lamontagne - Within You]

Bella et moi étions allongé dans mon lit, nus l'un contre l'autre, profitant de l'apaisement d'après.

Nous avions passé la journée à aider Jasper avec ses cartons, faisant plusieurs aller et retour entre ici et son nouvel appartement. Appartement magnifique au passage, que j'avais eu le plaisir de visiter avec la Royal Air Alice et son enthousiasme plus que débordant. J'avais des courbatures partout à force d'avoir déplacé les meubles, plusieurs fois de suite dans tout l'appartement, pour satisfaire les envies « designistique » de ma chère sœur. Je savais Jazz' et Emmett dans le même état cela-dit. D'ici une semaine tout serait en place et Jasper et Alice emménageraient ensemble pour de bon. Pour le moment et malgré l'heure tardive, j'entendais encore la guitare de mon colocataire retentir dans une douce mélodie à travers la cloison. Cette présence allait me manquer.

Pour ma part, j'avais décidé de rester encore quelques mois dans cet appartement avant de chercher sérieusement quelque chose de plus abordable. Une fois l'année de Bella terminée et ses examens passés, nous allions déménager sa petite chambre étudiante. Elle rendrait ses clés et passerait l'été ici avec moi en attendant la rentrer.

Nous n'avions jamais officiellement abordé le sujet de vivre ensemble même si, dans la pratique, elle vivait déjà chez moi. Mais je crois qu'à ce stade de notre relation nous avions encore besoin de savoir qu'en cas de besoin soudain, chacun avait encore un refuge à lui, une bulle personnelle, un jardin secret. C'était peut-être stupide mais toute personne a besoin parfois d'une issue de secours et si cela nous convenait, peut importait le jugement des puristes de l'union amoureuse. Cette étape viendrait quand elle viendrait, rien d'alarmant là dedans.

- Je n'arrive toujours pas à croire qu'Alice et Jasper vont avoir un bébé. Soufflait Bella sur mon torse, stoppant mes réflexions philosophiques.
- Je sais, souris-je. Je me rappelle encore du temps où j'aurai tué Jasper pour avoir ne serait-ce qu'embrasser Alice.
- Tu étais un vrai tyran ! Riait Bella.
- C'était ma petite sœur. Me défendis-je.
- Pour la dernière fois, vous êtes jumeaux et regarde où elle en est aujourd'hui. C'est plutôt a elle de te donner des leçons de vie !
- Pourquoi ça?
- Tu as vu la vitesse à laquelle elle est devenue adulte ?
- Tu ne nous penses pas assez matures pour être considérés comme adultes ? Demandai-je surpris.
- Non, c'est pas ce que je voulais dire. C'est que nous on est loin d'en être là et j'admire Alice pour cette évolution si soudaine et définitive.
- Et c'est mal que nous n'en soyons pas là ?
- Non au contraire. Je ne pense pas pouvoir assumer ce genre de petite vie bien rangée avec un appartement, un bébé en route…
- Un chien et un break familial... Ajoutai-je.
Bella levait les yeux vers moi.
- Je trouve ça génial chez les autres cette stabilité, c'est un repère, une sorte de constante, mais si tu me demandais de choisir une vie, celle-ci me donnerai des boutons.
- J'aurai l'impression d'étouffer. Réalisai-je au même moment.
- Je ne sais pas où j'en serai à ce niveau dans quelques années mais pour le moment, le mariage, les enfants tout ça est si loin de moi. Je ne sais même pas ce que je veux faire de ma vie.
- Tout ça est si loin de nous. Précisai-je en passant ma main sur sa joue. Je suis du même avis Bella, tu n'as pas à t'inquièter pour ça. Ça n'est pas parce qu'Alice et moi sommes jumeaux et que nous nous ressemblons sur beaucoup de points, que je désire la même chose.
- T'es sûr ? Demandait-elle doucement. Parce qu'on m'a déjà reproché mon manque d'engagement par le passé et je t'aime trop pour faire les mêmes erreurs.
- Bella, soufflai-je en rapprochant mon visage du sien, bien sûr qu'un jour probablement dans un milliards d'années, je voudrai toutes ces choses mais pour le moment tout ce qui m'importe c'est d'être avec toi. Je ne vois pas plus loin que ce que je vais faire la semaine prochaine alors, des enfants, un job… « Métro, boulot, dodo » très peu pour moi. La seule constante dans ma vie c'est toi, tu m'entends. Et si ça doit rester ainsi pour les cinq, voir dix prochaines années, ça me va. Tant que tu restes à mes côtés, je n'ai besoin de rien d'autre.

Bella m'écoutait attentivement, buvant mes paroles et c'était l'effet recherché. Je voulais absolument qu'elle assimile ce que je lui disais car c'était la chose la plus importante de notre relation. Nous allions créer notre propre conformité et tant qu'elle nous convenait, peut importe le reste du monde.

- Quant à ton « manque d'engagement», mimai-je avec mes doigts, le fait que tu m'aies gardé dans ton cœur pendant cinq ans avant que je te retrouve vaux toutes les promesses d'amour éternelle du monde. Tu n'as pas à t'en faire pour ça avec moi. Je t'aime trop pour faire cette erreur.

Elle se levait sur son coude pour m'embrasser. Ses yeux brillaient comme si mon petit discours l'avait profondément touché. Cette image je savais déjà quelle resterait gravée en moi pour toujours.

- Pourquoi les gens se sentent-ils toujours obligés d'avancer sans arrêt ? Disait Bella en retrouvant sa place sur mon torse. J'aimerai pouvoir prendre le temps de respirer sans me sentir coupable ou sans avoir l'impression de perdre un temps précieux.
- C'est le monde dans lequel nous vivons. Il va toujours à 200 à l'heure.
- Plus jeune je croyais que la vingtaine était faite pour s'amuser et faire n'importe quoi. Une fois dans la trentaine, on pouvait commencer à être un adulte responsable et voir plus loin. Je pensais que comme ça, je ne me réveillerai pas à 40 en pleine crise, cherchant à tout prix ma jeunesse perdue.
- C'est tout à fait possible.
- La vingtaine passe trop vite !
- Bella, tu vas avoir 22 ans. Riais-je.
- Je sais, mais qu'est-ce que j'ai fait de cette première année à part bosser comme une dingue sur mes deux licences ?!
- Il est une heure du matin, c'est pas un peu tard pour une crise existentielle ? Plaisantai-je.
- Je suis sérieuse. Me sourit-elle en croisant de nouveau mon regard. Cet été on devrait faire quelque chose de fou !
- Fou à quel point ? Demandai-je, son idée piquant mon imagination.
- Je sais pas, lançait-elle rêveuse en se retournant sur le dos comme si le plafond de ma chambre était une fenêtre sur l'irréel, un voyage peut-être. On partirait tout l'été, juste toi et moi, avant de reprendre les cours. Dans l'hypothèse où je passe mes examens sans problèmes bien sûr.
- Où voudrais tu aller ? Chuchotai-je à son oreille, calant mon visage dans son cou.
- L'Égypte ? La Chine ? L'Italie… Peut importe du moment que c'est loin des États-Unis.
- Je t'emmènerai où tu veux...
- Je veux aller partout. Il y a trop de chose à voir dans ce monde.
- Toute cette curiosité dans un si petit corps. Soufflai-je en la faisant rire.
- A quoi ça sert d'avoir un monde si c'est pour ne pas le découvrir.
- Je comprend mieux pourquoi tu adores Indiana Jones. Plaisantai-je.
- J'ai juste envie de décompresser cet été. Cette année, on a vécu pas mal de drames.
- On a eu de bons moment aussi. Fis-je remarquer.
- De très bons moments oui. Souffla Bella avant de m'embrasser délicatement. Si on m'avait dit un jour que nous serions ensemble aujourd'hui, je ne l'aurai jamais cru.
- La vie est à la fois cruelle et pleine de surprises.
- C'est là tout l'intérêt je suppose. Ajoutait Bella, à peine audible maintenant.

Puis sa respiration commençait à ralentir. Lentement Bella sombra dans le sommeil, le sourire aux lèvres, me décrivant encore quelques temps ce voyage idyllique que l'on pourrait faire tous les deux. Ces belles images me bercèrent également à la seule différence que moi, je ne dormais pas.

Quand son sommeil devenait plus profond, je me levai doucement, pour enfiler un pantalon. En quittant ma chambre, je saisissai mon ordinateur portable au passage, refermai la porte de la chambre et traversai doucement le couloir. Seule la lumière tamisée de la cuisine m'éclairait ensuite. L'horloge du four indiquait déjà 2h45 du matin.

Une tasse de café chaud à ma gauche, je tapai les mots suivants sur Google :

« Sept merveilles du monde ».

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Plus qu'un chapitre les amies ! Snif, j'ai aussi du mal à les laisser partir ! Vos pronostiques pour la fin? Quoiqu'il arrive, je publierai également un petit épilogue après le final qui sera accompagné de quelques bonus visuels  ;) - Alors restez fidèle au blog !

Bisous ! A très vite !

Ginie






















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